La première chanson des Arctic Monkeys que j’ai entendue était Who the Fuck Are Arctic Monkeys, sur le microalbum du même nom. C’était violent, grossier et terriblement accrocheur. On y percevait l’influence des Strokes et des Buzzcocks, que les Arctic Monkees rajeunissaient à des fins d’écoute à très haut volume. Je n’ai jamais vraiment compris toutes les expressions et les subtilités britanniques des paroles. Or, cela m’avait aguillé vers des musiques et même des films plus actuels, en provenance de la Grande-Bretagne. Le groupe a ensuite eu de plus en plus de succès à l’étranger, toutefois, puis a fini par remplacer son style indie-alt-rock menaçant par un rock crooner-lounge, avec l’album Tranquility Base Hotel & Casino. Mon adoration s’est alors mutée en désamour.
Tranquility a été l’un des albums les plus polarisants de ma carrière de journaliste musical. Certains l’ont adoré, d’autres l’ont détesté. J’étais plutôt indifférent, après l’avoir écouté une fois et ne pas m’être souvenu d’un seul aspect à évoquer. Pour moi, c’était comme si l’album existait dans un univers parallèle où la musique n’existe que dans les ascenseurs.
Cela nous amène à leur plus récent album, The Car, toujours dans ce style rock-lounge que le leader Alex Turner a un jour adopté. Dans l’ensemble, The Car est plus réfléchi et cohérent que l’aléatoire Tranquility, mais toujours aussi peu mémorable. Il n’y a vraiment rien d’édifiant dans les chansons. Puis, ce personnage de chanteur de ballades – que Turner ne fait plus semblant de jouer, mais qu’il incarne complètement désormais – semble parfois forcé. Je ne suis pas sûr qu’il puisse le rendre convaincant, peu importe la quantité de falsettos qu’il émet. Grosso modo, ce lyrisme s’avère plutôt mince, cette esthétique et cet esprit souffrent de fadeur.
Quelques éléments instrumentaux sont stimulants, comme les arrangements de cordes et fréquences basses au synthé de Sculptures of Anything Goes. Ou encore l’orgue sur Jet Skis on the Moat, mais c’est vraiment trop peu parce qu’encore une fois, on n’y gagne rien. Ou si on y gagne quelque chose, je ne l’ai pas entendu. On y arrive presque avec Body Paint est sa presque explosion glam-rock à la ELO, à mi-parcours, mais ça finit par une ligne de guitare prévisible avec quelques fluctuations. Big Ideas et la conclusion de Hello You ont quelque chose d’ésotérique, avec l’interaction guitare et cordes, mais encore là je n’ai pas pigé vraiment.
The Car n’est malheureusement pas à la hauteur des autres albums d’Arctic Monkeys. Ce qui importe peu, car ce groupe a changé et veut manifestement faire des bandes originales de films de James Bond. Ces garçons ne sont pas bêtes; ils ont eu trop de succès et s’ennuient, ils cherchent d’autres façons de faire de la musique. Je m’attends à ce qu’ils optent pour un autre genre d’ici quelques années, tout en gagnant… et en perdant des fans.