À l’écoute du plus récent album d’Andrew Bird, Inside Problems, je me suis souvenu de Blood on The Tracks, album phare de Dylan sorti en 1975. Pas nécessairement parce qu’ils se ressemblent beaucoup, mais parce que les deux albums représentent un jalon exceptionnel dans la carrière de chacun de ces artistes. Leurs créateurs s’y montrent dans ce qu’ils ont de plus intime, d’accessible et d’introspectif. De manière assez révélatrice, des autoportraits stylisés figurent sur les pochettes des deux albums.
Alors que l’introspection de Dylan était motivée par la fin d’une longue relation, l’autoréflexion de Bird est plus existentielle. La première pièce, Underlands, proclame hardiment que « les étoiles ne te doivent rien », donnant ainsi le ton à une grande partie de ce qui va suivre. Bird nous présente ici un recueil de onze chansons unies par un malaise existentiel sous-jacent, qui est exploré avec grâce sur fond de pop de chambre.
Enregistré en direct avec un groupe de quatre musiciens, cet album sonne juste, avec ses arrangements intelligents et sobres qui mettent en valeur les prodigieux talents d’auteur et de compositeur d’Andrew Bird. Certains éléments de la production rappellent les années 1970; il est passionnant d’entendre Bird revisiter cette palette plus soul et jazzy, comme il l’a fait dans My Finest Work Yet. L’affinité de Bird pour la musique classique est plus évidente que jamais : un motif de Beethoven est intelligemment utilisé dans Atomized. En fait, le jeu de violon de Bird est l’une des grandes forces de ce disque, notamment sur Eight, et son utilisation est suffisamment nuancée pour qu’il semble toujours indispensable, lorsqu’il est mis à l’avant.
Même s’il n’offre rien de particulièrement remarquable, Inside Problems est un disque important pour Andrew Bird. En artiste chevronné, Bird se détend dans un groove qui coule tout simplement et ce disque est un ajout précieux à sa discographie. Pourtant, j’aurais espéré quelque chose d’un peu plus cohérent, la présentation des chansons aurait pu être plus soignée et au service d’un récit musical plus large. Néanmoins, pour ceux qui ne sont pas familiers avec le reste de l’œuvre de Bird – il fait de la musique depuis 1996 –, ce disque est une excellente incursion dans son univers. Lorsque Blood on the Tracks est sorti pour la première fois, l’accueil a été tiède, mais il a rapidement été considéré comme l’un des chefs-d’œuvre de Dylan. J’espère que l’on pourra, un jour, en dire autant d’Inside Problems.