Quel beau disque ! En premier lieu, le couplage est idéal : les deux concertos pour piano de Ravel (chefs d’œuvres incontestables de sa dernière période) auxquels on a greffé les Nuits dans les jardins d’Espagne de Manuel de Falla, une des plus belles œuvres pour piano et orchestre.
Les deux concertos de Ravel portent indiscutablement l’empreinte de la rencontre du compositeur avec George Gershwin et donc, bien entendu, de certaines caractéristiques de la musique de jazz (glissandi, rythmes syncopés etc). Les producteurs de cet enregistrement ont bien compris que les Noches du compositeur espagnol, cette merveilleuse expression d’une rêverie du plein été, était le compagnon par excellence des concertos de Ravel.
Alexandre Tharaud est non seulement un très grand pianiste mais aussi un merveilleux musicien guidé par un monde intérieur riche et multidimensionnel. Rien de flamboyant ni de maniéré dans l’exécution des œuvres au programme. Tout au contraire: son jeu raffiné est mis au service de la musique, loin de toute virtuosité gratuite, malgré les difficultés techniques qui abondent autant dans les Ravel que dans le De Falla.
De son côté, le chef Louis Langrée se révèle un partenaire idéal, en parfaite symbiose avec le jeu
d’Alexandre Tharaud. On peut en dire autant de l’Orchestre national de France qui répond au quart de tour à la direction vive et respectueuse des œuvres du maestro.
Ajoutons enfin que la prise de son de Pierre Monteil est splendide, tour à tour analytique et transparente.
Bref, il s’agit là d’un des plus beaux enregistrements des concertos du maître français depuis les soixante dernières années. Payez-vous donc la traite et sans autre forme de retard !