Le pianiste français Alexandre Tharaud offre ici une incursion dans l’univers musical des dernières années de Schubert. On y retrouve toutes les grandes qualités du compositeur viennois que Tharaud fait ressortir avec aisance: la verve mélodique, les harmonies chatoyantes, les nuances délicates, les rythmes énergiques et les modulations intriquées.
Ouvrant l’album de façon solennelle, les Quatre impromptus op. 90 sont des indémodables du répertoire pianistique. La première, dans le rythme d’une marche lente, reprend la dynamique, chère à Schubert et typique de l’esprit romantique, de l’éternel voyageur. Au fil du parcours de la pièce, la marche s’étoffe et les dynamiques vacillent entre légèreté et fatalisme pour amener vers la deuxième plage, empreinte de douceur et de virtuosité aérienne avec une ligne pianistique qui se déploie tel un mouvement perpétuel. De dynamique semblable, le troisième impromptu est assurément une des plus belles pages de Schubert avec son ample mélodie hymnique soutenue par une harmonie apaisante. Le cycle se conclut par un Allegretto contrasté et expressif où domine encore un jeu perlé, accompagné par une mélodie chantante dans le médium du piano. Les Six Moments musicaux op. 94 complètent ce diptyque de miniatures pour piano où divers caractères différents et pittoresques s’enchaînent, de la gracieuse et solennelle fanfare du premier en passant par les accents russes du troisième (le plus connu) pour finir par la complainte raffinée et complexe du sixième.
Entre les deux cycles, on retrouve des transcriptions pour piano d’Alexandre Tharaud de quatre mouvements de la musique de scène Rosamunde composée pour la pièce de théâtre d’Helmina von Chézy. À la différence du caractère royal de l’original, la version pour clavier y confère un côté « musique de chambre » plus intimiste.