Pays : France Label : Nuclear Blast Genres et styles : black metal / Métal / post-rock / shoegaze Année : 2024

Alcest – Les chants de l’Aurore

· par Laurent Bellemare

Il y a bientôt 20 ans, le jeune groupe français Alcest lançait son EP Le secret, une proposition mettant en symbiose la légèreté et la douceur du shoegaze avec la noirceur et les mélodies stridentes du black métal. Aujourd’hui, le duo maîtrise parfaitement cette esthétique et livre un septième long jeu tout en lumière et nostalgie.

 Maîtriser le clair-obscur, cela signifie aussi être capable d’en sortir pour approfondir les diverses facettes de ce mélange. Sur Écailles de lune (2010), Alcest empruntait beaucoup à l’héritage du black métal dans des morceaux assez progressifs, alors que Shelter (2014) évacuait presque toute trace de musique pesante dans un pastiche à la Slowdive et autres pionniers du shoegaze. En 2016, l’album Kodama a ensuite fait ressurgir les racines black métal du groupe, quoique c’est l’inspiration délibérée de l’œuvre du réalisateur japonais Hayao Miyazaki qui insufflait alors toute sa personnalité à l’album.

 Sur Les chants de l’Aurore, on a du mal à identifier ce qui démarque l’album des autres. Il est certainement plus cohérent et constant que son prédécesseur Spiritual Instinct (2019), mais on ne peut s’empêcher d’y entendre une certaine redondance. C’est potentiellement la sortie la plus symbiotiquement « Alcest » depuis le classique Souvenirs d’un autre monde (2007), mélangeant de façon indiscernable les pôles esthétiques. La comparaison est d’autant plus pertinente que ces deux opus traitent à parts égales de souvenirs. Le retour aux sources dans la musique étant donc de circonstance. Les chants de l’Aurore enchaîne lui aussi des morceaux structurellement simples, construits autour de couplets et refrains accrocheurs qui s’étirent selon des durées variables d’une piste à l’autre. Sorte de rock lourd, mais éthéré d’où émergent d’occasionnels cris tranchants parmi les chants lointains, la musique fait l’économie de développements complexes au profit de variations sur ses thèmes. Les couches de trémolo appuyant les mélodies viennent renforcer un arrière-plan agressif, sans toutefois dénaturer le ton feutré de l’ensemble.

 De façon générale, ce nouvel album se démarque moins parmi la discographie d’Alcest. Sa mélancolie estivale, qui rappelle celle du premier album, pourrait tout aussi bien plaire que décevoir selon le rapport que chaque auditeur a avec le groupe. Chose certaine, Les chants de l’Aurore est un album accrocheur, efficace et mature. Dès la première écoute, les mélodies s’imprègnent à l’esprit et invitent à contempler les vestiges de saisons passées.

Tout le contenu 360

Critique Love… minerais critique dans le sous-sol montréalais

Critique Love… minerais critique dans le sous-sol montréalais

Laurence Hélie – Tendresse et bienveillance

Laurence Hélie – Tendresse et bienveillance

De Zigaz à Charlie Juste

De Zigaz à Charlie Juste

Avant de s’asseoir seule au piano, Ingrid St-Pierre répond

Avant de s’asseoir seule au piano, Ingrid St-Pierre répond

Virginia MacDonald, étoile montante de la clarinette avec l’ONJM

Virginia MacDonald, étoile montante de la clarinette avec l’ONJM

Lionel Belmondo , Yannick Rieu et l’OSL: jazz symphonique autour de Brahms, Ravel et Boulanger

Lionel Belmondo , Yannick Rieu et l’OSL: jazz symphonique autour de Brahms, Ravel et Boulanger

Louise Forestier et Louis Dufort dans le nid de la Vieille corneille

Louise Forestier et Louis Dufort dans le nid de la Vieille corneille

Université de Montréal : une relève placée sous de bonnes étoiles

Université de Montréal : une relève placée sous de bonnes étoiles

Bon Iver – SABLE, fABLE

Bon Iver – SABLE, fABLE

Stéphanie Boulay – Est-ce que quelqu’un me voit? 

Stéphanie Boulay – Est-ce que quelqu’un me voit? 

Magnifiques Héritières

Magnifiques Héritières

Stéphanie Boulay: album guérison, album reconstruction

Stéphanie Boulay: album guérison, album reconstruction

Joni Void veut que vous « regardiez des films expérimentaux dans le club » ou à La Lumière

Joni Void veut que vous « regardiez des films expérimentaux dans le club » ou à La Lumière

Marcus Printup à l’UdeM : sagesse, générosité, musicalité

Marcus Printup à l’UdeM : sagesse, générosité, musicalité

Pascale Picard replonge dans la création

Pascale Picard replonge dans la création

Dean Wareham – That’s The Price of Loving Me

Dean Wareham – That’s The Price of Loving Me

Pro Musica | Lucas Debargue, libre penseur pianistique

Pro Musica | Lucas Debargue, libre penseur pianistique

Éléonore Lagacé – Brûlez-moi vive

Éléonore Lagacé – Brûlez-moi vive

Pascale Picard – Bigger Kids, Bigger Problems

Pascale Picard – Bigger Kids, Bigger Problems

Laurence Hélie a retrouvé son nom

Laurence Hélie a retrouvé son nom

Le Quatuor Molinari et Berio, ce qu’en dit Olga Ranzenhofer

Le Quatuor Molinari et Berio, ce qu’en dit Olga Ranzenhofer

La déesse tunisienne Emel nous présente MRA

La déesse tunisienne Emel nous présente MRA

« I Feel Pretty, Oh So Pretty » avec Thomas Dunford et Arion Orchestre Baroque

« I Feel Pretty, Oh So Pretty » avec Thomas Dunford et Arion Orchestre Baroque

Shreez – ON FRAP II

Shreez – ON FRAP II

Inscrivez-vous à l'infolettre