Errante est son dixième album studio. Adriana Calcanhotto chante depuis 30 ans. Elle réussit depuis toujours à conjuguer la popularité avec la recherche esthétique et poétique. Beaucoup moins connue sous nos latitudes que les Caetano Veloso et Gilberto Gil de la génération précédente, Adriana Calcanhotto est vénérée dans son pays. Sa contribution est tout à fait originale.
Adriana Calcanhotto est d’abord et avant tout une femme à la guitare qui raconte des histoires. Elle sait parfaitement jouer avec la sonorité de la langue portugaise – d’ailleurs, elle donne des cours d’écriture de chanson à l’Université de Coïmbra au Portugal.
À chaque album, la dame arrive à transformer son habillage musical. Sur Errante, la section de cuivres, les percussions, les guitares et les claviers, magnifient ces chansons avec des arrangements surprenants.
Tous les genres brésiliens se fusionnent ou se juxtaposent: samba, bossa nova, maxixe, funk, rock ou même des impulsions de jazz expérimental sur la dernière pièce, Nômade. Mais tout cela se tient parfaitement.
Avec Marisa Monte, que nous pourrons voir bientôt au Festival de Jazz de Montréal, et Ana Carolina, Adriana Calcanhotto incarne une génération de Brésiliennes plus autonomes et indépendantes que leurs prédécesseures.
Elle est aussi une militante LGBTQ, ce qui n’est pas toujours évident dans un pays comme le Brésil.
Aujourd’hui dans la cinquantaine, Adriana Calcanhotto garde le contact avec les générations suivantes. En 2019, avec Nada Ficou No Lugar, elle invitait des jeunes artistes brésiliens à réinterpréter ses chansons. Intéressant dialogue musical.
Errante nous amène dans le monde intérieur de madame Calcanhotto, qui est très riche de réflexions sur l’humain et le Brésil. On ne s’ennuie pas une seconde même si on ne comprend pas la langue.