Du 19 au 22 juin 2025, le festival Montréal Baroque investit le Vieux-Montréal (et un peu le Quartier des Spectacles) afin de plonger les mélomanes et les curieux dans des expériences mémorables. Musiques au lever du Soleil, jams baroques gratuits dans un café ouvert tard, les Quatre saisons ‘’autrement’’, harmonie musiques et bons vins féminins, grands concerts, concerts intimes, parades, costumes, danses, etc., tout cela et plus encore est au menu. J’en parle avec le sympathique co-Directeur artistique et général du festival, Vincent Lauzer.

DÉTAILS ET BILLETS POUR LE FESTIVAL MONTRÉAL BAROQUE

Que passerait-il si Mary Travers dit La Bolduc, auteure populaire du Québec de la Grande Dépression et Lionel Daunais, chanteur lyrique et compositeur se rencontraient? Que retiendraient-ils musicalement l’un de l’autre, quelles seraient leurs influences ? C’est sur la trame de cette rencontre fictive, mais pas nécessairement improbable, que se construit le spectacle Lionel et Mary, une production de la compagnie Rigoletta co-fondée par la pianiste Laurence Lambert-Chan et la mezzo-soprano Charlotte Gagnon à laquelle s’ajoute le baryton Pierre Rancourt. Incarnant respectivement les rôles de Mademoiselle Colombe, pianiste, de La Bolduc et de Lionel Daunais, ce trio de musiciens-comédiens propose dans un mélange d’humour, de rythme et de finesse un spectacle joyeux et entraînant, destiné autant aux jeunes comme aux moins jeunes avec ses turluttes et ses refrains pétillants !

Pour parler de cette production, mais aussi de l’importance de la médiation culturelle, Alexandre Villemaire s’es entretenu avec Pierre Rancourt.

Lionel et Mary

Charlotte Gagnon, mezzo-soprano (Mary Bolduc)
Pierre Rancourt
,   baryton (Lionel Daunais)

Laurence Lambert-Chan, piano (Mlle Colombe)


Mise en scène : Alain Gauthier

Scénographie : Olivia Pia Audet

Costumes : Leilah Dufour Forget

Direction technique et conception d’éclairages : Étienne Mongrain

Textes : Pascal Blanchet 

Arrangements : Amélie Fortin

Chorégraphie : Noëlle-Émilie Desbiens

Consultant en podorythmie : Marton Maderspach

Photographie : Martin Girard

Une idée originale de Rigoletta

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Les férus de rap québécois francophone respectent au plus haut point Connaisseur Ticaso, un des plus éloquents MCs du nord-est montréalais. Autrefois un authentique bad boy, il ne l’est plus pour des raisons pragmatiques, mais reste le même libre penseur de la rue. Représentatif de la mouvance afrodescendante des quartiers Saint-Michel, Pie-IX et Montréal Nord, Ticaso mène une deuxième vie artistique depuis le début de cette décennie et récolte les fruits de sa longévité en imposant le respect pour son éloquence et la singularité de son rap. Un rap qu’il ne définit pas comme keb mais plutôt comme « franco-américain » – ce qui n’a rien à voir avec ce terme qui définissait jadis les Québécois francophones émigrés aux USA à la fin du 19e siècle. À voir et écouter impérativement ce samedi 14 juin, 19h, sur la scène Spotify.

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Si vous êtes fan ou hyperfan de l’expression francophone en chanson, rock, soul, R&B, hip-hop, pop ou hyperpop, visionnez cette interview de Camille Guitton, une des trois gestionnaires à la programmation des Francos de Montréal aux côtés de Mathieu Rousseau et Maurin Auxémery. En amont des Francos, Alain Brunet lui a posé les question essentielles à un bon survol de cette programmation 2025.

VISIONNEZ L’INTERVIEW !

TOUTE LA PROGRAMMATION ICI

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Le 14 juin aura lieu le seul concert du Festival Classica 2025 sur l’île de Montréal : les Carmina Burana de Carl Orff. Ça se passera à l’église Saint-Jean-Baptiste (DÉTAILS ET BILLETS ICI). Toujours un grand favori du public, ce morceau choral imposant sera décliné dans une version pour deux pianos et percussions, mais bien sûr avec un choeur musclé, celui de la Société philharmonique du Nouveau Monde, soit quelque 150 chanteurs et chanteuses. Pas de grand orchestre donc, mais de nouvelles couleurs, de nouvelles textures qui offrent un autre éclairage sur les textes. Avec le concours des solistes Alexandre Sylvestre, Ania Hejnar et Jeffrey Carl, l’œuvre inépuisable de Orff retentira certainement avec puissance. J’en ai parlé avec le directeur artistique Michel Brousseau.

Le 13 juin prochain, à l’occasion du Festival Classica, la harpiste Valérie Milot présentera en primeur Nebulae, un concert intimiste qui propose une réflexion philosophique sur l’existence à travers une exploration astronomique. Dans cette entrevue avec Judith Hamel, l’artiste nous ouvre les portes sur la genèse de son projet. 

PAN M 360 : Le concert Nebulae est présenté comme une réflexion philosophique sur l’existence à travers une exploration des phénomènes astronomiques. D’où vient l’inspiration de faire une production sur ce thème ? 

Valérie Milot : Pour moi, la science et la musique ne sont pas si loin. J’ai toujours eu un intérêt envers les avancées scientifiques, et s’il y a un monde où elles sont absolument fascinantes, c’est bien en astronomie! Les images qui nous sont fournies par les télescopes spatiaux modernes sont d’une beauté à couper le souffle. Cet émerveillement où on peut se laisser à rêver est aussi accessible en musique.

Il est également toujours important pour moi d’offrir une trame narrative dans mes productions, et ici, j’ai voulu offrir une réflexion basée sur ce qui nous a été légué par Carl Sagan et Hubert Reeves, de grands scientifiques, mais aussi d’admirables vulgarisateurs dont les réflexions sont intemporelles.

PAN M 360 : Sans tout nous révéler, comment va s’exprimer ce thème au fil du concert?

Valérie Milot : Il s’agit d’un concert de harpe bien sûr, mais où les textes ont une importance primordiale et nous invitent à réfléchir à travers les intermèdes musicaux. Un décor constitué de divers éléments lumineux nous expose les beautés de l’espace.

C’est un spectacle où les gens sont invités à découvrir ou redécouvrir des notions liées à l’astronomie et l’évolution, réfléchir, mais rire avec moi, aussi!

PAN M 360 : Les œuvres jouées sont très variées, allant de Gluck à Arvo Pärt en passant par Denis Gougeon (avec plusieurs de vos propres arrangements). Y a-t-il des œuvres que vous avez particulièrement hâte de présenter au public? 

Valérie Milot : Absolument, surtout les œuvres qui ont été écrites expressément pour Nebulæ, soit, Au cœur de l’étoile du compositeur québécois Denis Gougeon, et Lux d’Amélie Fortin. Ces deux compositeurs sont de grands amis, et leurs pièces ont été comme tissées sur la trame narrative du spectacle.

PAN M 360 : Qu’est-ce que la harpe vous permet d’explorer et d’exprimer dans ce programme en particulier ? 

Valérie Milot : La harpe est mon acolyte depuis maintenant 30 ans. J’ai une relation très personnelle avec elle, voire fusionnelle. Elle accompagne mes réflexions, et elle se positionne aussi comme un témoin de l’évolution humaine. Avec nos tout petits 300 000 ans d’histoire, nous, les humains, nous avons encore beaucoup à apprendre de notre univers. 

La harpe dont je joue aujourd’hui expose nos aptitudes à développer des outils complexes pour nous exprimer et explorer notre univers. De l’arc musical rudimentaire de quelques cordes à l’instrument complexe à 47 cordes et 7 pédales dont je joue ; c’est là que s’exprime tout le génie humain. Une forme d’intelligence qui peut nous mener vers de merveilleuses odyssées, mais aussi conduire à notre perte.

PAN M 360 : Le 13 juin sera la première de cette nouvelle production avec laquelle vous entamez une tournée. Y a-t-il des lieux ou des contextes auxquels vous avez particulièrement hâte de présenter ce concert ?

Valérie Milot : Je suis infiniment reconnaissante que le Festival Classica et son directeur Marc Boucher me donnent la chance, encore une fois, de présenter une de mes productions en primeur. Suite à cette représentation, nous ferons les derniers ajustements avant d’amorcer une tournée d’une vingtaine de dates pour la saison 2025-26. Nous espérons pouvoir tourner ce spectacle pour environ trois ans.

Chaque représentation est unique ; et chaque ville visitée me permet de rencontrer des personnes extraordinaires.

Un jalon important sera la rentrée montréalaise le 7 octobre, à la Salle Bourgie, qui fera aussi office de lancement d’album. 

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Connu pour ses hymnes emo-rap et rock, GreenWoodz a récemment dévoilé Malgré la tempête, son deuxième album en carrière, marquant une transition assumée vers un folk-pop teinté à la fois de new country et de rap. Un pari réussi pour l’artiste de 25 ans, qui brille par l’authenticité de ses textes, la sincérité de sa démarche et la cohérence de son projet.

Que ce soit sur 20e avenue, où il aborde la consommation, ou sur Désolé pour ça, qui traite d’une rupture amoureuse difficile, Tommy Boisvert se présente comme un véritable livre ouvert. Les gens se reconnaissent dans les hauts et les bas de sa vie; la tempête dont parle GreenWoodz est une réalité commune à plusieurs, sans doute ce qui rend sa musique aussi accessible. Écouter ses chansons, c’est un peu comme retrouver un vieil ami qui nous joue ses dernières créations autour d’un feu.

Une chose est certaine : l’art du refrain est l’un des outils les plus précieux du natif de Mandeville, petit village de Lanaudière. La formule est simple, mais efficace, donnant vie à des morceaux accrocheurs portés par la guitare, comme Hôtel Saint-Charles.

Vocalement, l’artiste de 7ième Ciel se montre plus posé et mélodique qu’à l’habitude. Cette maturité acquise s’agence à merveille aux productions délicates et minimalistes. « J’ai choisi de m’écouter et de faire la musique que j’avais envie de faire », nous a-t-il confié.

De passage aux Francos le vendredi 13 juin, GreenWoodz défendra Malgré la tempête pour la toute première fois sur scène au Studio TD. Pour acheter vos billets, c’est juste ici.

Quelques jours après la parution de l’album, Pan M 360 a jasé de son processus créatif, son changement artistique, ses influences et bien plus encore.

PAN M 360 : Il y a un peu plus d’une semaine, vous lanciez Malgré la tempête, votre deuxième album en carrière. Quel sentiment vous habite présentement?

GREENWOODZ : Je suis agréablement surpris de la bonne réaction du public concernant l’album, surtout que j’ai entrepris un changement de direction avec ce projet. C’est plus folk et pop que ce que je faisais avant. De voir que les gens sont au rendez-vous quand même, c’est vraiment le fun.
Présentement, je suis crinqué pour commencer à monter mon spectacle et défendre mon nouvel album sur scène. J’adore travailler et faire de la musique, donc je vais plancher sur mon prochain projet très bientôt.

PAN M 360 : Parlez-moi d’où vous venez et des origines de votre passion pour la musique.

GREENWOODZ : Je viens de Mandeville, un petit village en région dans Lanaudière. J’ai toujours été attiré par la musique. Quand j’étais jeune, je suivais des cours de danse. Disons simplement que je n’étais pas très bon!

J’ai commencé à consommer à un très jeune âge. Pendant mon adolescence, la musique a été un bon échappatoire pour moi. De fil en aiguille, j’ai découvert le rap, puis l’emo-rap. Je me suis rapidement identifié à ça. C’est là que j’ai commencé à créer et à sortir différents projets.

PAN M 360 : En se fiant à vos textes, vous semblez avoir un passé chargé et mouvementé. Est-ce le cas?

GREENWOODZ : Je n’ai pas la prétention de dire que j’ai vécu une vie difficile, mais disons que j’ai fait des choix de vie assez atypiques. Souvent, je dis que j’ai l’impression d’avoir vécu déjà plusieurs vies. J’ai été dans tellement de milieux différents au cours de ma vie. Je pense que ça se ressent dans mes chansons; ça permet aux gens qui ont vécu ce genre de réalité de connecter avec ma musique.

PAN M 360 : Ce vécu que vous racontez dans vos chansons, est-il chose du passé ou cela reflète-t-il votre quotidien?

GREENWOODZ : La grosse consommation, comme lorsque j’étais jeune, a quitté ma vie depuis déjà un petit moment. J’ai toujours eu des tendances dépressives, c’est quelque chose qui me suit encore. C’est un peu mon combat de tous les jours. Je te dirais que oui et non : ce que je raconte dans ma musique, ça me suit toujours.

PAN M 360 : Que signifie Malgré la tempête, le titre de votre nouveau projet?

GREENWOODZ : Malgré la tempête, ça veut dire que la tempête est en quelque sorte permanente dans la vie. J’ai réalisé que dans la vie, tu ne tombes jamais dans une zone où c’est le bonheur absolu et que tout va bien. Malgré la tempête, c’est un peu accepter les choses que l’on ne peut pas modifier et se concentrer sur ce qui est modifiable.

PAN M 360 : Vous avez parlé plus tôt d’un changement de direction pour ce deuxième album. Comment décririez-vous les sonorités de Malgré la tempête? Est-ce votre son pour le futur?

GREENWOODZ : C’est très hybride; on y retrouve du rap, du folk, du country, du rock et de la pop. Mon but, c’était de trouver un son qui m’est propre. Avec cet album-là, j’ai choisi qu’à partir de maintenant, je m’écoutais et j’allais faire la musique que j’avais envie de faire. J’ai décidé d’arrêter de plaire à un narratif où je suis censé faire un certain style de musique. 20e Avenue est un morceau qui a permis de définir la direction de l’album.

PAN M 360 : Diriez-vous que vos inspirations ont changé pour la création de ce deuxième album?

GREENWOODZ : Mes inspirations ont changé, c’est certain. Pendant la création de TPL, j’étais grandement influencé par la scène punk-rock, grunge et emo-rap. Pour Malgré la tempête, j’ai reconnecté avec le folk québécois qui jouait chez nous toute ma vie. Je parle ici des Cowboys Fringants, des Colocs, de Plume Latraverse ou même de Bernard Adamus. J’ai aussi plongé dans la scène new country et folk moderne américaine comme Morgan Wallen, Zach Bryan, Shaboozey, Noah Kahan et autres.

PAN M 360 : Il s’agissait de la deuxième fois que vous passiez à travers le processus de création d’un album. Quelle est la plus grande différence entre la conception de Malgré la tempête et TPL? Aussi, quel a été le meilleur moment de cette récente création?

GREENWOODZ : TPL était le premier album que je publiais, donc c’est certain qu’à ce moment-là, je n’étais pas habitué à œuvrer de manière professionnelle. Malgré la tempête a été beaucoup plus simple à faire; c’est un album qui s’est fait tout seul. Le plus beau moment de la création, c’est lorsque mon équipe et moi avons loué un chalet à Charlevoix. C’est là que nous avons confectionné la grande majorité du projet. Nous y sommes restés pendant une semaine; ç’a été une semaine déterminante pour cet opus.

PAN M 360 : La chanson Crash est l’un des morceaux les plus authentiques de votre plus récent projet. Racontez-moi l’histoire derrière la création de ce titre.

GREENWOODZ : Pendant la création de Malgré la tempête, j’ai vécu une relation. Je n’avais pas été en couple depuis mon premier amour, et ça datait de quatre ans. Crash, ç’a été la réalisation de tous les patterns que mon ancienne relation m’avait laissés et comment cela affectait mon quotidien. Ça m’a permis de comprendre comment cela pouvait me nuire et quoi travailler dans le futur.

PAN M 360 : À plusieurs moments dans l’album, on peut entendre des extraits sonores de fête et de dialogues entre amis. Pourquoi était-ce important pour vous de garnir votre album avec ce genre d’échantillons?

GREENWOODZ : Dans la dernière année, j’ai beaucoup reconnecté avec le village où j’ai grandi. Avant ça, j’étais un peu dans une tornade à travers mes relations et la musique. Je m’étais un peu éloigné de ceux qui étaient à mes côtés dans mes débuts. Comme l’album aborde beaucoup cette thématique, je trouvais ça intéressant de mettre des petits clins d’œil à mes amis dans le projet. Ça provient de vidéos de soirées avec mes boys que j’envoyais à mon réalisateur.

PAN M 360 : Dans le cadre des Francos, ce vendredi 13 juin, vous lancerez votre album au Studio TD. À quoi doit-on s’attendre pour cette soirée?

GREENWOODZ : Le style de Malgré la tempête est différent de mes anciens projets, mais mon show va garder la même énergie qu’avant. C’est un album plus folk, plus pop et plus doux, mais ça va être un méchant party pareil. Ça va être mon plus gros spectacle à vie, et j’ai une grande liste d’invités pour l’occasion. Je peux déjà dire qu’il y aura les rappeurs Rymz et Shreez.

Crédit photo: Disques 7ième Ciel

À l’approche des Francos et de la saison des festivals, Tire le coyote accorde cette interview vidéo à Alain Brunet pour PAN M 360. Il y est question de la matière de ses deux nouveaux albums: Dynastie, rendu public en octobre 2024 et Ventouse, un album plus folk et plus engagé en raison de la conjoncture explosive que le monde connaît actuellement à l’heure des prédateurs – pour reprendre le titre de l’excellent et court essai de Giuliano Da Empoli. Cet engagement chansonnier a d’ailleurs valu des menaces et insultes à Benoît Pinette (de son vrai nom) de la part de trolls québécois d’extrême-droite. On parle de son, de mots, d’engagement. Tire le coyote et son groupe se produiront au Gesù, le jeudi 19 juin, 19h.

AUX FRANCOS LE 19 JUIN, GESÙ, BILLETS ET INFOS ICI

VISIONNEZ LA VIDÉO DE L’INTERVIEW :

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Comment transmettre les sentiments liés au deuil périnatal en musique? En effet, c’est un sujet qui est plus que sensible, encore tabou à bien des égards pour n’importe qui, aussi bien intentionné soit-il. Avec sa création Mers intérieures, la soprano Marianne Lambert aborde cette thématique avec humanité, empathie. Ancrée dans sa propre expérience, elle se rend vulnérable et ouvre son cœur et ses émotions au public qui emplissait la moitié de la salle Jean-Louis Millette du Théâtre de la Ville à Longueuil. Une audience à la fois curieuse, et qui, pour plusieurs de ses membres, a été tout aussi touchée personnellement par la teneur du propos.

Pour raconter son histoire, et par la même occasion, l’histoire de tant d’autres mères qui ont vécu ce deuil, Lambert ainsi que ses deux acolytes musiciennes, Janie Caron au piano et Chloé Dominguez au violoncelle, puisent dans le répertoire instrumental et vocal essentiellement français et allemand des XIXe et XXe siècles pour broder une histoire musicale qui traverse les différentes étapes deuil, de la peine à l’isolement pour finir par l’acceptation. En plus de l’interprétation des différentes mélodies par Marianne Lambert, des projections vidéo sur des toiles blanches et une mise en scène signée Isabeau Proulx-Lemire venaient habiller le plateau. C’est entre autres par ces projections que la symbolique de l’eau qui jalonne le concert se manifeste. L’eau sert de toile de fond pour explorer la douleur, la guérison, la renaissance et la transformation.  Les plus marquantes et intéressantes étaient celles où Marianne Lambert est mise en scène dans des cadres naturels léché et lumineux, que ce soit en forêt, déposant une gerbe de fleurs sur une tombe imaginaire ou encore cette impressionnante prise de vue sous-marine qui peuvent symboliser à la fois, le fait de se faire emporter, de perdre sa vie, mais aussi la renaissance quand on émerge après le deuil. Bien qu’utiles pour aider le public à comprendre les paroles des pièces, les surtitres blancs se perdaient parfois dans les images projetées sur les toiles. C’est un élément didactique qui serait à peaufiner, pour comprendre le sens des mots. 

Musicalement, le programme enchaîne de manière équilibrée œuvres purement instrumentales (Spiegel im Spiegel d’Arvo Pärt; Rivière du Nord d’Amélie Fortin) et œuvres vocales. On navigue donc entre différents styles, allant du minimalisme au romantisme tardif et au modernisme. Parmi les moments les plus poignants de ce concert, l’interprétation des mélodies de Gustav Mahler a été particulièrement touchante, notamment « Ich bin der Welt abhanden gekommen », extrait du cycle Rückert-Lieder et que l’on peut traduire par « Je me suis retirée du monde ». Quand on connait l’histoire personnelle de Gustav Mahler et de sa femme Alma, qui eut aussi ont eu à vivre avec la perte d’un enfant, on ne peut qu’être saisie par cette sensibilité de la poésie allemande du XIXe siècle qui trouve écho aujourd’hui avec étonnante précision. Très beau moment aussi, l’interprétation de la pièce traditionnelle The Last Rose of Summer par Benjamin Britten où pendant que la ligne vocale demeure, les instruments tressent un accompagnement contrastant, ce qui confère à la mélodie folklorique une apparence de déphasage. La mélodie, porteuse à la fois de mélancolie et d’espoir, prend alors une dimension qui la rend encore plus complexe. 

Hormis les quelques petits ajustements techniques comme un meilleur agencement des projections de textes, Mers intérieures est un concert et un projet artistique qui laisse une trace dans la tête et dans le cœur. Fruit d’un cheminement personnel, voire même spirituel, face à la perte de deux Marianne Lambert offre un témoignage musical percutant et sensible dont le message mériterait tout à fait d’être adapté sous une forme de médiation musicale et de tournée à travers le Québec pour que tombe le tabou et la honte associée au deuil périnatal. Il est l’exemple que la musique peut communiquer et guérir et il rappelle que, malgré la perte, une mère ne cesse jamais d’être une mère.

crédit photo: Annie Bigras – Agence BigJaw

Mathieu Constance est un incontournable chez Multicolore qui assure la tenue du Piknic Électronik et aussi chez Courage qui en construit la programmation. Chaque mois de l’été 2025, il nous confie ses musts et impressions des récents accomplissements au Piknic. Suivez le pro! 

PAN M 360 : Comment avez-vous vécu les premières semaines du Piknic 2025?

Mathieu Constance: C’est un début de saison un peu hors norme pour nous, du moins depuis que je travaille chez Multicolore. On a eu de la pluie et du temps qui ressemblait plus à Igloofest que Piknic au cours des dernières semaines… Malgré tout ça, on a eu de super belles premières avec Enrico, Marlon Hoffstadt et STRYV!

PAN M 360 : Quels ont été selon toi les sets marquants de mai et du 1er juin?Mathieu Constance: Boys Noize – Marlon Hoffstadt – Sally C – Bambii

PAN M 360 : Peux-tu identifier et décrire brièvement tes must du Piknic pour les 4 week-ends qui suivent, soit jusqu’au 30 juin? Un ou deux par semaine STP.

Mathieu Constance: 5h et demie de curation et de showcase par DJ Tennis avec Life & Death ce dimanche. C’est à ne pas manquer! Les premières super attendues de Mochakk et Black Coffee également (BC a été notre 2e plus rapide sold out dans l’histoire du festival!). Mention spéciale à un spécial St-Jean Baptiste, plus que party avec la première tête d’affiche de Nico de Andrea, et le collectif Laylit qui mettra le feu à notre nouveau B stage.Voilà!

Ce dimanche, au Théâtre de La Ville de Longueuil, la soprano Marianne Lambert présentera sa nouvelle production, Mers intérieures.

À travers une ribambelle de pièces et accompagné d’images traitées immersives, le concert explore différentes facettes du deuil périnatal. 

PAN M 360 : Le concert s’intitule Mers intérieures. Que représentent pour vous ces « mers intérieures » ?

Marianne Lambert : Les mers intérieures symbolisent mes étapes de guérison dans le processus de deuil périnatal. L’eau est un élément central de cette histoire, car elle fait naître, nourrit, mais peut aussi détruire. Pourtant, elle a aussi le pouvoir de nettoyer, guérir et purifier. 

PAN M 360 : On entendra dans ce concert des œuvres de Debussy, Wolf, Górecki, Ayotte, Ravel, Mahler et Weill. Comment avez-vous sélectionné ces œuvres, et qu’est-ce qui vous a guidé dans cette sélection ? 

Marianne Lambert :  D’abord le Górecki a été fait lorsque nous avons fait des extraits avec l’Orchestre symphonique de Drummondville. Malgré mon amour pour cette pièce, elle est difficilement transposable au piano et au violoncelle.

Pour ce qui est des choix des pièces, je me suis principalement basée sur la poésie et étonnamment, en changeant la perspective, plusieurs pièces s’apprêtaient au sujet. En fait, j’avais le problème inverse qui était de faire des choix déchirants.

PAN M 360 : La pièce Reste, que vous avez commandée à la compositrice Maggie Ayotte, aborde le deuil périnatal, un sujet encore très peu abordé dans notre société. Pouvez-vous nous parler du processus qui a mené à la création de cette œuvre?

Marianne Lambert :  Je cherchais une compositrice qui saurait transposer une étape difficile qui était de laisser le petit corps de mon enfant. C’est après une écoute de la pièce Entre la veille et le sommeil par Maggie Ayotte joué par le formidable Duo Fortin-Poirier que tout de suite j’ai eu un coup de foudre pour son écriture et sa sensibilité. Dans la vie, il n’y a pas d’adon. Lorsque je l’ai contactée, elle était sur le point d’accoucher de ses jumeaux. Malgré tout, elle n’a su refuser ma commande. Sa couleur maternelle est un atout pour ce concert.

PAN M 360 : Dans le traitement du deuil périnatal, pensez-vous que les arts, particulièrement la musique, ont un potentiel particulier?

Marianne Lambert : Absolument! On sait combien les arts sous toutes ses formes sont un média important pour vivre des émotions, réfléchir et guérir. On parle trop peu du deuil périnatal malgré que beaucoup de famille le vive. Je crois sincèrement que ce concert sera un moyen de résonner ensemble et de briser la solitude.

PAN M 360 : Le concert intègre également une composante multimédia. Comment cette dimension visuelle s’est-elle développée, et comment dialogue-t-elle avec la musique?

Marianne Lambert : En septembre dernier, nous avons pris 4 jours de tournage, dont une nuit sous l’eau. Sans faire de jeux de mots, j’avais envie que le public plonge dans mon univers et oublie l’espace du temps. Les magnifiques images ont été traitées avec le génie d’Isabeau Proulx-Lemire et d’Emmanuel Grangé. Ils ont su transposer mon histoire dans la métaphore avec poésie et d’une grande humanité. Le visuel prendra une grande place. Tellement qu’à certains moments, moi et les musiciennes (Janie Caron au piano et Chloé Dominguez au violoncelle) serons la trame. Pour moi, c’était la meilleure façon de laisser un plus grand impact dans la douceur et la bienveillance.

Ce dimanche, au Centre multifonctionnel de Saint-Lambert sera présentée la pièce La chèvre de Monsieur Séguin, à mi-chemin entre l’opéra et le théâtre. Signataire du livret et de la musique, Patrick Mathieu nous livre ici sa vision d’un opéra destiné au jeune public. Avec lucidité et une touche d’ironie, il nous montre que le regard d’un enfant ne pose pas de jugements, si ce n’est que les constructions acquises par la société qui l’entoure.

PAN M 360 :  Pourquoi avoir choisi d’adapter La chèvre de Monsieur Séguin en opéra-théâtre pour enfants ? 

Patrick Mathieu : Ça dépend où se trouve l’emphase dans votre question…Pourquoi cette histoire? Pourquoi un opéra? Ou pourquoi pour enfants? Pourquoi un opéra? La réponse évidente est que je suis musicien. La seule raison pour laquelle je signe les textes de la plupart de nos productions est que l’écriture d’un livret d’opéra nécessite des compétences musicales que fort peu d’écrivains possèdent.

Pourquoi un opéra pour enfants? La première chose à souligner est que ce sont les adultes, pas les enfants, qui ont des préjugés contre l’opéra, la plupart du temps sans aucun fondement. À la base, un opéra, c’est un film de Disney : une histoire et des « tounes », ou à vrai dire le contraire. Un Disney est en opéra où l’histoire a pris le dessus sur la musique. Maintenant je peux très bien comprendre qu’une personne n’ayant jamais été exposée à la musique « classique » et/ou au théâtre puisse être assez désarçonnée en assistant à un premier grand opéra, surtout si elle ne comprend rien de ce qui s’y raconte. C’est dommage. Pour elles. Elles ont été privées de quelque chose de fantastique et ça me paraît déjà une raison plus que suffisante pour ne pas faire la même chose à ses propres enfants.

Maintenant, est-ce que c’est essentiel d’aimer l’opéra? L’essentiel, ça reste manger, avoir un toit, être en santé… pas l’opéra, une série télé ou une partie de hockey. Ce qui est par contre vital est que les enfants découvrent le plaisir d’une culture qui ne soit pas que du divertissement, qu’ils apprennent à penser autrement, par eux-mêmes. Une société sans culture et complètement autoréférentielle porte des Trump au pouvoir. Bon, il y a aussi des sociétés hyper éduquées et cultivées qui ont soutenu Hitler, mais ça, c’est un autre débat.

PAN M 360 :  La fin de l’histoire originale est plutôt tragique, comment avez-vous fait pour adapter cette fin sombre pour un jeune public?

Patrick Mathieu : Le conte de Daudet est très court et il y a une adaptation et une invention incluant des personnages et des épisodes farfelus qui sont nécessaires, sinon le spectacle aurait duré 5 minutes! Cependant, tout ce qui est dans le texte original se retrouve dans notre version, y compris la fin. Maintenant, cette fin est-elle tragique? Ce qui m’a toujours intéressé dans cette fable est qu’elle est amorale. Elle décrit la vie, pas un film américain. Le loup mange la chèvre parce que c’est ce que font les loups. S’il ne la bouffe pas, c’est lui qui crève de faim. Pour moi le point central du conte, ce n’est pas la mort de la chèvre, c’est le fait qu’elle résiste au loup toute la nuit en sachant qu’elle n’en réchappera pas. C’est l’héroïsme de la condition humaine : faire de notre mieux en sachant que ça ne finit jamais bien. Donc oui, l’histoire est profondément tragique, mais c’est un tragique philosophique.

Ceci dit, ce n’est que la fin du spectacle qui est dramatique et tout « l’art » consiste à mener le public de la comédie au drame. Les enfants aiment le drame autant que n’importe qui, à la condition évidente que sa représentation respecte leur sensibilité. C’est le vieux principe artistique : c’est moins ce qui est dit qui importe que la manière que c’est dit. Ce qui est certain, c’est qu’après des centaines de représentations, si on avait fait une fin réaliste, il y aurait une sérieuse pénurie de sopranos et les prisons seraient remplies de barytons obèses.

PAN M 360 :  Vous revenez du Brésil et du Mexique où vous avez présenté cette pièce, comment ces publics d’ailleurs ont-ils pu influencer votre perception de l’œuvre?

Patrick Mathieu : Ça fait un bon bout de temps que nous sommes revenus! 

Je ne sais pas dans quelle mesure un public étranger, à vrai dire n’importe quel public, peut influencer ma perception d’une œuvre, qu’elle soit mienne ou pas. Comme directeur ayant à vendre des billets et des spectacles peut-être, mais certainement pas comme musicien.

Est-ce que le spectacle est perçu différemment par des publics étrangers? En ce qui concerne la forme du spectacle, non. Ce qui change dans le cas particulier de La chèvre est la manière dont les enfants extériorisent ce qu’ils ont ressenti face au tragique. Ça dépend évidemment de chaque enfant, mais en général, ça me paraît beaucoup plus lié à la classe sociale qu’au pays. Il y a plus de différence entre un enfant d’Outremont et un de Montréal-Nord qu’entre un enfant mexicain ou brésilien de classe sociale équivalente et un enfant québécois. La seule différence culturelle notable est la réaction viscérale et physique à la musique chez les peuples qui dansent. C’est vrai en Amérique latine, ça le serait tout autant en Afrique. Les francophones et les anglophones sont les seules cultures où les publics sont incapables de taper des mains sur les bons temps d’une chanson pop!

PAN M 360 :  L’œuvre s’adresse à des jeunes de 4 à 12 ans, comment réussissez-vous à engager ces différents groupes d’âge ?

Patrick Mathieu : La démarche ne me paraît pas différente de lorsque je compose « pour adultes ». J’écris ce que je veux entendre qui n’existe pas encore. La seule particularité dans les opéras jeunes publics est que j’écris ce que j’aurais voulu entendre en tant qu’enfant. Évidemment je ne le savais pas quand j’étais enfant. Comme tout le monde, j’imaginais finir au Forum, pas en musique! Je l’aurais peut-être réalisé plus vite.

Je pense que le charme du spectacle, ce qui explique peut-être aussi son succès, est que les adultes ont fait un sérieux travail d’adultes à se rappeler ce que c’est être enfant.

La seule chose possible pour engager un public d’enfants est de lui donner un bon spectacle. S’il aime, tu vas le savoir autant que s’il n’aime pas ça!

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