À PAN M 360, nous nous sommes entretenus avec Kiva Stimac, directrice artistique et cofondatrice des Suoni Per Il Popolo, il y a un quart de siècle. En ce mois de juin, nous célébrons cette 25ème édition avec joie et gratitude, car cet événement reste très riche, année après année. Kiva, son équipe et toute une communauté d’artistes locaux et internationaux ont contribué à cette programmation 25e anniversaire qui se déroulera jusqu’au 30 juin. À l’approche de l’affluence créative, mettons-nous à la page de cette sélection avec de nombreuses recommandations de Kiva.

PAN M 360 : Tout d’abord, félicitations pour cet énorme accomplissement !

Kiva Stimac : Merci. C’est très apprécié.

PAN M 360 : Et nous supposons que vous vouliez célébrer ce 25e anniversaire à votre manière, car vous êtes la directricw artistique depuis quelques années. Vous portez sur vos épaules ce grand événement, et cette fois-ci, je suppose qu’il y a des apports spéciaux !

Kiva Stimac : Oui et non. Je considère également qu’il s’agit d’un effort communautaire. Une partie de mon travail consiste à rassembler toutes les personnes qui sont passées par la Casa Del Polpolo, la Sala Rossa , les Suoni au fil des ans. Il s’agit vraiment d’un développement de la communauté artistique, pas seulement ici à Montréal, nous parlons aussi d’une communauté mondiale d’expérimentateurs, d’astucieux et de gens qui essaient de semer la zizanie et de secouer les choses, donc je ne vois pas cela comme si j’étais seul à le faire. Cela ne serait pas possible sans le popolo !

PAN M 360 : Oui, bien sûr, c’est un travail communautaire, mais vous êtes au sommet de cette petite pyramide. Vous collaborez avec une grande communauté. Il s’agit en quelque sorte d’un petit réseau international, mais il s’agit tout de même d’un réseau international. Vous l’avez construit au fil des ans, et maintenant cette communauté internationale est là, et il y a aussi la communauté locale. Comment avez-vous construit cette édition ?

Kiva Stimac : Je pense avoir vraiment essayé de faire participer toutes les voix qui ont été présentes au fil des ans, ainsi que les nouvelles voix qui émergent, parce que chaque année, une nouvelle génération de personnes arrive, et il est très important pour moi d’avoir ces jeunes voix et les voix plus âgées, et même les enfants qui donnent leur récital. L’année dernière, l’un des enfants du récital a joué du piano avec sa tête. Que des enfants de 10 ans soient enthousiastes est tout aussi important que Malcolm Goldstein, qui a joué récemment et qui a presque 90 ans ! J’aime donc que toute cette communauté intergénérationnelle se réunisse.

PAN M 360 : Tout à fait d’accord avec toi, Kiva ! Nous partageons les mêmes valeurs à PAN M 360. Si vous évitez les personnes âgées, et aussi les plus jeunes, ce n’est pas une bonne idée pour une expérience d’écoute musicale profonde. Dans votre cas, vous n’évitez personne et ça marche !

Kiva Stimac: Well, j’ai bon espoir que ça marche de nouveau cette année. Mais chaque fois, je deviens nerveuse et inquiète que personne ne vienne!

PAN M 360 : Essayons donc de mettre en évidence, au cours de ce mois, certains des principaux éléments de votre programme.

Kiva Stimac : J’ai vraiment cherché à faire des choses dans les lieux où nous avons commencé, mais aussi à l’extérieur et dans les rues. Je n’ai pas obtenu de subvention pour un grand projet en plein air, mais plusieurs projets en plein air sont prévus cette année. L’un d’entre eux aura lieu le samedi 14 au Parc La Fontaine, au Théâtre de Verdure reconstruit. Nous aurons une sélection de vedettes avec le Sam Shalabi Septet, un nouveau projet formidable aux voix multiples, qui aborde l’œuvre solo de Sam sous un angle plus large. Le Black Ox Orchestra, Erika Angell et Matana Roberts seront également de la partie. Pour Sony, cela représente une grande partie de l’esprit créatif de notre festival, et c’est un plaisir pour tout le monde de venir le voir.

Un autre spectacle à l’extérieur s’appelle le Pony Show et il aura lieu au parc Lahaie le 20 juin. Il s’agit du petit parc situé en face de l’église, à l’angle de Saint-Laurent et de Saint-Joseph. Il s’agira d’une course de chevaux en pantomime. Deux personnes se déguiseront en chevaux et il y aura une course autour du parc. Et puis il y aura des groupes : Hélène Barbier, Scooter J et Psychic Armor. Ce sera plus dans le monde du pop rock, très accessible et amusant. Oui, je l’attends avec impatience.

Et l’une des autres activités en plein air que nous allons organiser s’appelle la Marche funèbre pour les lieux disparus. Nous nous retrouverons donc au parc Jeanne-Mance, et avec un groupe de musiciens et d’activistes, nous marcherons à travers le quartier à différents arrêts, en jouant de la musique, en célébrant, et en nous arrêtant là où se trouvaient les lieux disparus dans le quartier, pour finir à Produit Rien, une petite galerie dans Mile X, où il y aura une installation sonore par un artiste palestinien et deux artistes locaux appelée Screaming Out Walls, et ensuite une exposition de photographies intitulée Six Tits in a Twelve Pack. Tout est gratuit !

PAN M 360 : Il s’agit donc d’un engagement important de la part de votre organisation, car vous devez le financer sans argent public.

Kiva Stimac : Oui, nous n’avons pas obtenu de subvention pour l’ensemble du projet, mais la communauté s’est vraiment rassemblée autour de ce projet et nous le faisons tous ensemble. Je pense qu’il est important de souligner qu’à une époque où les financements publics sont rares et recherchés par un grand nombre de personnes, nous revenons parfois à nos racines bricoleuses. Tout n’est qu’une photocopie en noir et blanc, il n’y a plus de programmes sophistiqués. Il s’agit de réduire l’échelle pour que la musique et l’art soient les éléments principaux.

PAN M 360 : L’art ne meurt donc jamais à cause de cela. Si nous ne nous adaptons pas à des domaines plus difficiles, nous mourrons. Et nous avons besoin de la créativité et des arts pour aller de l’avant en ces temps difficiles, c’est certain.

Kiva Stimac : Exactement.

PAN M 360 : Maintenant, si nous allons dans vos lieux traditionnels, Sala, Casa, Sotterenea, etc. Plein de programmes pleins d’artistes !

Kiva Stimac : Oui, j’ai fait beaucoup d’efforts cette année pour organiser les événements d’une soirée de manière à ce qu’il n’y ait pas nécessairement de chevauchement des genres, mais que l’on puisse entrer dans chaque lieu et être époustouflé par quelque chose d’intéressant, sans qu’il y ait nécessairement de concurrence entre les lieux. Il y a donc un courant qui traverse toute cette musique, c’est certain, mais en même temps, elle vient d’endroits très différents, car nous avons tous des expériences très différentes et nous exprimons notre créativité de bien des manières différentes. Et c’est cette beauté de l’expérimentation et de la réflexion que chacun de ces artistes apporte à son travail et le défi qu’il lance à travers sa créativité qui sont très importants pour ce festival.

PAN M 360 : Nous devons maintenant mettre le doigt sur quelques événements très intéressants. Je sais que ce sont tous vos bébés d’une certaine manière, il est difficile de sélectionner les principaux, mais essayons.

Kiva Stimac : Le 19 juin, nous organisons une première soirée à Casa, notre plus petite salle : Watch That Ends The Night Records présente Quinton Barnes + Jason Doell & Naomi McCarroll-Butler + Liam Cole + Alex ‘Bad Baby’ Lukashevsky. Il s’agit d’un nouveau label de Kingston qui présente le nouvel ensemble de Quentin Barnes, qui fusionne le hip-hop, le free jazz et la musique électronique. C’est aussi une vitrine pour l’ensemble du label, donc il y aura un tas d’autres personnes. C’est donc une soirée à ne pas manquer. Le même soir, nous présentons Cabaret Noir, une grande production théâtrale qui s’est déroulée au Théâtre de Quat’Sous, dont nous reprenons la musique. Ce spectacle a connu un énorme succès et aborde vraiment l’expérience des Noirs au Québec et en Amérique du Nord.

PAN M 360 : Vous êtes très enthousiaste au sujet du programme du 21 juin : Lesbians on Ecstasy + Rough Spells + THS

Kiva Stimac : C’est déjà pratiquement complet ! Lesbians on Ecstasy sortent de leur retraite depuis 10 ans. C’était un groupe très important au début des années 2000 et cette soirée va être fantastique. Ils seront rejoints par Rough Spells de Toronto, un groupe de métal queer, et HRT, l’un de mes groupes préférés de Montréal, qui s’intéresse vraiment à la question queer et apporte une présence très forte sur la piste de danse.

PAN M 360 : La musique improvisée d’avant-garde et le free jazz ont toujours existé. Ce qui est encore important au Suoni cette année.

Kiva Stimac : Oui, le 22 juin, nous avons une soirée de jazz canadien bien remplie avec The Secret Lives of Colour de François Houle. Gerry Hemingway, Myra Melford, Joelle Léandre, Gordon Grdina, toute une série de personnages qui interprètent la pièce de François Houle, The Secret Lives of Colour, seront rejoints par Brass Knuckle Sandwich, un duo composé de deux virtuoses, Nicole Rampersaud et Marilyn Lerner. L’autre set sera la première partie de la soirée : Open Thread, le quartet de Peggy Lee accompagné d’un grand nombre de personnes. La soirée s’annonce donc bien remplie !

Le même soir, Meztizx , un groupe basé à Amsterdam, viendra et jouera un jazz électronique aux influences plus latines. Ce sera donc une soirée très relaxante où nous pourrons tous nous déhancher – Mestizx + Mas Aya + Stefan Christoff & Daniela Solís.

PAN M 360 : Vous réalisez également une bande sonore en direct, le 24 à la Sala Rosa.

Kiva Stimac : Le film s’intitule A Page of Madness. C’est un film muet japonais des années 1920. Le projet d’Anju Singh, The Nausea, en est la partition en direct. Ce sera donc très intense et très beau – le programme s’intitule The Nausea : A Page of Madness + Ritual Purification.

PAN M 360 : Hotel2Tango est également impliqué dans ce programme :

Kiva Stimac : Les 23 et 24, il y aura une session en direct à laquelle vous pourrez assister et qui sera enregistrée. Il s’agira de tous les musiciens individuels qui joueront en solo et qui seront enregistrés. Il s’agit donc d’un enregistrement en direct avec un public et ce groupe libanais que nous emmenons, qui jouera à la Sala Rosa le 21 en tant que groupe complet appelé Sanam. Il s’agit d’un nouveau groupe sur Constellation Records, qui jouera avec Radwan Ghazi Moumneh. Les 23 et 24, ce seront également de très belles soirées.

Et puis Bobby Sanchez et Big Sissy jouent à la Sotterenea le 24. Bobby Sanchez est un rappeur hip-hop, queer, trans, indigène de New York. Et Big Sissy est une icône locale, un dragueur et un auteur-compositeur-interprète. Ce sera donc une soirée extraordinaire, très politique.

Également le 24, Farida Amadou débarque de Belgique. Elle est ma bassiste préférée en ce moment. Elle est incroyable et cette chance que nous avons de la voir émerger est très spéciale.  

PAN M 360 : D’accord, continuons avec les nouvelles propositions. Il y a donc d’autres excellents programmes à présenter.

Kiva Stimac : Oui. Notre dernière, eh bien, notre dernière grande soirée aura lieu le 28, le samedi, et nous accueillerons tout un tas d’artistes différents le même soir. Michigan Wolf Eyes et l’artiste autochtone Raven Chacon, lauréat du prix Pulitzer et génie extraordinaire, viendront jouer dans les différents univers du rock et de l’expérimentation. Je n’ai aucune idée de ce qu’ils vont faire ensemble, mais je suis sûre que ce sera époustouflant.

PAN M 360 : Suoni devait les présenter l’année dernière avec le grand Anthony Braxton. Mais il y a eu une mortalité dans la famille de Wolf Eyes et le programme a été reporté. Et maintenant, les yeux de loup reviennent, mais pas avec M. Braxton.

Kiva Stimac : Non. M. Braxton, je ne pense pas qu’il joue encore de la musique devant public. Il a atteint un certain âge où cela n’arrivera probablement plus. Mais ce n’est pas à moi de le dire.

Cartel Madras, un duo de sœurs hip-hop de l’ouest de l’Alberta, sera aussi de la partie ce même soir. Et ils amènent Indian Giver de Toronto, un groupe indigène de métal. Cette soirée va être incroyable!

Ce soir-là, tout le bâtiment vibrera d’une telle énergie. De l’autre côté de la rue, à la Casa, il y aura toute une série de personnages de Constellation Records, adjacents à T. Gowdy + Steve Bates & Elizabeth Anka Vajagic + Mat Ball & Ky Brooks + Nennen. Ce sera donc une belle soirée post-rock et post-classique.

Notre dernière grande soirée aura lieu le 30, lundi, dans une église, l’Église Sacré-Cœur-de-Jésus. Il s’agira d’un spectacle d’orgue, donc d’un orgue d’ambiance. Ce sera une très belle fin de festival, lente et douce. Un groupe appelé Beast jouera également de l’orgue. Elle sera accompagnée par quelqu’un qui jouera de la vielle à roue, un instrument à cordes et à archet muni d’une roue qui produit un son magnifique et ronflant.

PAN M 360 : Cool ! Nous avons donc une meilleure idée de ce qui se passe ce mois-ci au Suoni Per Il Popolo. Merci beaucoup pour cette présentation qui est un (gros) fragment de l’ensemble du programme de la 25ème édition !

Kiva Stimac : C’est un plaisir !

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Le 6 juin, l’auteur-compositeur Pierre Flynn se produira dans le cadre du Festival Classica accompagné d’un quatuor à cordes à l’Église catholique de Saint-Lambert. Ce vieux routier de la chanson francophone, ex-membre du groupe rock Octobre, discute avec Michel Labrecque de cette mouture particulière pour célébrer ses cinquante ans de carrière.

PAN M 360 :  Pierre Flynn, la dernière fois qu’on s’est parlé, c’était au tout début de votre spectacle Sur ma route, à l’automne 2023. Nous voici maintenant un an et demi plus tard pour discuter de cette mouture particulière avec quatuor à cordes que vous allez présenter dans le cadre du Festival Classica.

Pierre Flynn : Le spectacle solo Sur ma route se poursuit toujours, à mon grand étonnement. Mais, l’an dernier, Nicolas Houle, responsable de la programmation pour le Palais Montcalm de Québec m’a proposé de faire une version plus élaborée de ce spectacle. 

Nous avons exploré plusieurs avenues, y compris l’orchestre symphonique, mais ça s’est révélé trop onéreux. J’ai contre proposé l’Idée du quatuor à cordes, que j’avais déjà expérimenté à une reprise lors d’un événement musical à Toronto. 

Nicolas a accepté l’idée et ça a donné 50 ans en cavale, présenté en mars 2024. J’ai donc dû transformer le spectacle et moi même j’ai osé, bien que je sois un illettré musical, exécuter quelques arrangements pour cordes.

PAN M 360 : Par la suite, cet événement a été représenté aux Francofolies 2024. Ce concert à Saint-Lambert le 6 juin sera la troisième représentation. Pouvez-vous nous rappeler qui d’autre a contribué aux arrangements?

Pierre Flynn : La première chanson du concert est Le Vent se lève du groupe Octobre et c’est le musicien Richard Grégoire qui avait fait un arrangement quasi symphonique en 1977, nous nous sommes largement inspirés de cette version pour le quatuor à cordes. 

Chaque chanson à un peu sa propre histoire, certaines comme Étoile Étoile, Duparquet ou Croire comportaient déjà des parties de cordes. Philippe Breau, Vincent Legault, Boris Petrowski et Anthony Rozankovic ont contribué. Moi, j’ai arrangé La Maudite Machine d’Octobre entre autres. 

PAN M 360 : Ah ça, ça pique ma curiosité! 

Pierre Flynn : Et malgré les nombreux arrangements, je pense que le concert a une cohérence. 

PAN M 360 :  Et comment le quatuor à cordes transforme la couleur de vos chansons?

Pierre Flynn : Les cordes (violon, alto, violoncelle) ne sont pas là pour faire de la coloration. Elles ont un apport émotif très intéressant. J’apprécie vraiment la fébrilité, l’immédiateté, les vibrations de ces quatre musiciens qu’on ne sent pas forcément dans un plus grand orchestre symphonique. J’adore ça.

PAN M 360 :  Pour ceux qui ne pourraient pas être présents à Saint-Lambert, y aura-t-il d’autres occasions?

Pierre Flynn : Cet été, nous serons à Petite Vallée en Gaspésie le 29 juin, mais c’est complet, et au Festif de Baie St-Paul, le 19 juillet. Il reste encore quelques spectacles solos cet automne et la page de commémoration de mes cinquante ans de carrière va vraisemblablement se fermer. 

PAN M 360 :  Pour terminer Pierre, y aura-t-il un autre album de compositions originales?

Pierre Flynn : J’ai la réputation d’être l’auteur-compositeur le plus lent du Québec. Mais je travaille sur des pièces. Je ne veux pas trop m’avancer, mais j’ai encore de l’exploration et des découvertes à faire. Je ne crois pas que l’aventure soit terminée. Il n’est pas impossible non plus qu’un album live avec le quatuor à cordes soit réalisé.  

PAN M 360 : Pierre Flynn, merci et bon concert!

Le Festival Classica a fait fort, très fort même, pour son édition 2025 : il a demandé à Marie-Nicole Lemieux de prendre le rôle de Carmen dans une production complète, ce qui constitue une première au Canada! Ailleurs, Marie-Nicole a dit à sa famille : ‘’si vous voulez me voir dans Carmen, c’est là que ça se passe!’’ C’est pourtant un personnage qu’elle maîtrise depuis 2017 sur les scènes européennes! 

Le 7 juin, à la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue de Longueuil, la célèbre chanteuse sera donc aux côtés d’une équipe vocale assez impressionnante : Emmanuel Hasler (Don José), Suzanne Taffot (Micaëla), Étienne Dupuis (Escamillo), Catherine St-Arnaud (Frasquita), Florence Bourget (Mercedes), Dominique Côté, Thomas Vinals, Dion Mazerolle et Pierre Rancourt! Si ce n’est pas un line-up cinq étoiles, ça, je ne sais pas ce que c’est. Ajoutons l’orchestre du festival dirigé par Jean-Marie Zeitouni, l’ensemble ArtChoral dirigé par Mathias Maute et une mise en espace d’Isabeau Proulx-Lemire, un habitué. ‘’Mise en espace’’ signifie une sorte d’entre-deux très intéressant, ‘’le meilleur des deux mondes’’ comme le dit Marie-Nicole Lemieux dans l’entrevue ci- jointe. S’il n’y a pas de scène complète comme à l’opéra, il y a tout de même des déplacements et des projections numériques (par Lumifest en cavale). C’est beaucoup plus dynamique qu’une simple prestation concert avec des solistes fixes devant des lutrins. Pour Marie-Nicole, cela permet une relation plus intime et directe avec le chef, car il n’y a pas l’intermédiaire des costumes et des décors, et on peut alors ‘’se concentrer sur les mots’’. Je vous invite à écouter mon entretien avec Marie-Nicole pour en savoir encore plus sur sa vision du personnage de Carmen

« Nous vivons nos vingt premières années, et les vingt années suivantes servent à comprendre les vingt premières ». Voici la phrase entendue par hasard qui a inspiré Flavia Coelho lorsque le temps est venu de travailler sur un nouvel album. Cinq ans après DNA, Ginga fait une sorte de bilan de vie de l’artiste brésilienne qui voulait revenir sur toutes ses premières fois: premier amour, première déception, première indignation, etc. Composé de dix chansons et d’une durée de 40 minutes, il allie plusieurs styles de musique, allant de la samba au reggae en passant par le pagode et le amapiano. Une habituée de Montréal, Flavia Coelho n’en est pas à sa première participation aux Nuits d’Afrique. Elle était déjà dans la programmation sur la grande scène extérieure mais également au Club Balattou. Cette fois-ci, elle arrive avec ses trois musiciens pour enflammer l’Olympia le 9 juillet, dont deux l’accompagnent depuis plusieurs années. Notre journaliste Sandra Gasana l’a jointe par visioconférence en direct de Paris, pour parler de sa prochaine venue dans la métropole.

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Chantant dans son français natal et en anglais, elle nous arrive avec Still, there is the sea , un premier album de 8 chansons où se côtoient des influences de Daughter, d’Agnes Obel et d’Olafur Arnalds et une voix fragile, mystérieuse, pouvant parfois rappeler les inclinations plus mélancoliques de Klô Pelgag. Elle a dévoilé jusqu’à maintenant deux extraits, The sun, the sky et Eau miroir en attendant la sortie le 6 juin.

Native de Montréal, Ambre Ciel est une autrice-compositrice-interprète qui propose une pop néo-classique et ambient avec des touches expérimentales. Ayant grandi au sein d’une famille musicale, elle s’est d’abord intéressée au violon pour revenir ensuite au piano, aux pédales d’effets et aux boucles, et se rendre où elle est maintenant.

On l’a attrapée quelques instants pour lui poser des questions, juste avant qu’elle ne foule les planches du Festival International de Jazz cet été.

PAN M 360 : Qui signe la réalisation de l’album? Pourquoi ce choix?  
Ambre Ciel : Pietro Amato et moi avons co-réalisé l’album ensemble. C’est quelqu’un qui est impliqué dans le projet depuis le début, auquel j’envoie souvent des fragments de chansons ou d’idées. C’est un mentor, un consultant précieux,avec qui j’avais travaillé pour la première fois sur le EP en 2021. Le projet a vraiment évolué, j’ai commencé à écrire en anglais et on est vraiment plus proches de la musique instrumentale. C’est important d’avoir une vision externe, même si j’avais déjà une vision claire de ce que je voulais parce qu’il comprend bien ma vision et on a des influences communes. Ça m’a permis d’acquérir plus d’expérience et d’autonomie. C’est bien aussi de confronter sa vision à celle de quelqu’un d’autre et de l’enrichir, parfois il me mène à revoir la composition d’une chance ou à laisser les musiciens improviser, alors que moi j’ai tendance à écrire tous les arrangements d’avance (rires).

PAN M 360 : C’est un album expansif et rempli de douceur, comment en avez-vous trouvé la direction musicale?

Ambre Ciel : Quand j’ai commencé à composer l’album, c’est vraiment le motif des quatre premiers accords de l’album qui ont été l’élément déclencheur de tout le reste. Je venais de déménager dans un appartement plus tranquille, où je pouvais avoir accès au silence, et cette énergie de tranquillité a été un refuge pour moi qui m’a permis de plonger dans la création. La vision que j’avais, c’est que je voulais beaucoup d’instruments acoustiques et le motif de départ m’inspirait beaucoup alors je n’étais pas certaine à quel point ça allait prendre une direction instrumentale ou pas parce que j’entendais beaucoup de possibilités et à partir du moment où tu ajoutes de la voix, ça happe le focus de l’audition. C’est ce qui a motivé le choix des instruments acoustiques, des cordes.

PAN M 360 : Qu’est-ce que tu avais envie de partager avec le monde par cette première offrande?

Ambre Ciel : Pour moi, la création de cet album-là m’a donné un certain ancrage. Je trouvais que cette musique-là, par rapport à ce qui a précédé dans mon parcours, est plus terre-à-terre avec des formes plus traditionnelles. Il y a une chanson qui est un peu plus expérimentale mais les autres ont toutes des couplets. Ces chansons-là ont été un refuge pour moi, et j’espère qu’elles le seront pour d’autres.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui t’a inspiré lors de la composition des pièces?

Ambre Ciel : Les possibilités d’explorer les différentes avenues à partir d’une même matière. Il y a beaucoup d’albums qui m’ont influencé, comme ceux de Sufjan Stevens où il y a vraiment une synergie entre la musique et les paroles, ou encore Agnes Obel.

PAN M 360 : Les chansons sont reliées par l’eau. Est-ce que c’est un élément avec lequel tu as une forte connexion?
Ambre Ciel : La nature m’inspire vraiment beaucoup, la quiétude qu’on y trouve. L’écriture des paroles pour moi c’est vraiment toujours la musique qui arrive en premier, et j’ai toujours l’impression que j’ai dit ce que j’avais à dire (rires). J’ai toujours été quelqu’un qui n’était pas si douée avec mettre des mots sur les choses que je vis mais quand je me mets à composer au piano, il y a une chanson qui émerge et éventuellement, j’entends une ligne mélodique de voix. J’ai lu beaucoup de poésie récemment et je compose de manière intuitive, alors je me rends compte après qu’il y a un thème récurrent qui émerge, comme celui de l’eau. J’ai une forte connexion avec la nature en général.

PAN M 360 : Est-ce que c’était important pour toi de laisser beaucoup de place aux arrangements, à la musique?

Ambre Ciel : Ce qui était important pour moi, c’était que les éléments importants de l’album, la voix le piano et les cordes, aient suffisamment d’espace. Que la musique puisse respirer. Comme j’ai étudié en violon, je suis très portée vers les mélodies, qu’elles soient pour cordes ou voix.

PAN M 360 : Tu as choisi de t’allier avec l’étiquette Britannique Gondwana Records. Comment est-ce arrivé?
Ambre Ciel : Ça fait plusieurs années que je suis le projet de Hania Rani, ce que je trouve intéressant c’est l’espace entre la chanson avant-pop et l’espace pour la musique instrumentale. Ce que j’ai toujours trouvé intéressant chez Gondwana Records, c’est que ses artistes défient toujours un peu la catégorisation de genre que ce soit Portico Quartet ou Matthew Halsall. J’ai envoyé l’album mixé à Gondwana et c’est justement Matthew qui m’a répondu. Je suis allée les visiter au Royaume-Uni, on a filmé un vidéoclip et ça a vraiment été une belle expérience de rejoindre cette famille-là. Il y avait beaucoup d’influences avec mon identité artistique chez Gondwana et je sentais que je pouvais faire partie de quelque chose de plus grand.

PAN M 360 : Y-a-t-il un lancement Montréalais de prévu pour la sortie de l’album?

Ambre Ciel : Oui il y a un lancement de prévu le 5 juin à l’Oblique, magasin de vinyles. Je vais jouer à 18h et j’aurai la chance d’être accompagnée par une harpiste pour l’occasion. Il n’y a pas de harpe sur l’album mais on a dû adapter pour la formule live vu qu’il n’y a pas d’orchestre.

PAN M 360 : Que te réserve la suite de 2025 après le Festival de Jazz?

Ambre Ciel : Je m’en vais en Résidence à Londres pendant 6 mois, de Juillet à Décembre. Il y aura des shows en Allemagne aussi. Ensuite je vais me plonger dans le deuxième album.

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Le Centre des Musiciens du Monde à Montréal lance dès le jeudi 4 juin, et ce jusqu’au jeudi 17 juillet 2025, sa troisième saison des Musiques sous un arbre. Tout simplement, des concerts gratuits de musiciens et musiciennes venus des quatre coins du monde dans le parc Lahaie, juste en face du centre, coin Saint-Laurent et Saint-Joseph. L’Inde, le Burkina Faso, l’Ukraine, la Georgie, l’Europe de l’est, la Turquie et bien d’autres traditions savantes et folkloriques seront déployées pour le grand bonheur des mélomanes avides de communion universelle et humaniste. J’ai parlé de la programmation avec Frédéric Léotar, directeur général du Centre. 

En effet, Carminda Mac Lorin est « bassiste, chanteuse, rêveuse, engagée et travaille sur un projet solo urbain du monde à l’horizon ». C’est ainsi qu’elle se décrit sur sa page Instagram. Mais dans le cadre du Festival des saveurs interculturelles de Saint-Michel, elle coordonne le Forum Social Mondial des Intersections (FSMI) tout en figurant dans la programmation de la journée de clôture le dimanche 1er juin comme bassiste et chanteuse, accompagnée par le groupe SolidGround. Pour l’occasion, elle nous prépare deux morceaux qui s’intègrent bien à la thématique du forum. Elle a pris le temps d’échanger avec Sandra Gasana pour PAN M 360, entre deux activités du FSMI.

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À la croisée des musiques électroniques, de la performance en direct et des arts visuels, Hakeem Lapointe – sous le nom d’Amselysen – développe une pratique artistique où la texture sonore devient matière à penser, à ressentir, à transformer. Dans le cas qui nous occupe explorer cette fantaisie, soit la quête du parfum idéal d’un tueur en série, rien de moins.

Inspiré par une écoute attentive du monde, le projet puise autant dans la poésie de l’enregistrement terrain que dans les esthétiques déconstruites d’artistes comme celle d’Oneohtrix Point Never, pour ainsi composer des œuvres où la frontière entre composition et environnement se brouille. Artiste et commissaire dans cette édition de EAF x SAT x Tropisme, Amselysen porte plusieurs chapeaux, naviguant entre la scène et la curation avec une approche résolument expérimentale. Chaque performance devient un terrain d’exploration : un espace vivant où les sons captés, transformés, réinterprétés prennent forme dans l’instant.

À l’approche de ce programme pensé comme une expérience immersive et sensorielle (samedi 31 mai à la Société des arts technologiques – SAT) , Amselysen a partagé quelques réflexions sur le parcours artistique, les influences conceptuelles, la relation à la scène, et la vision des musiques hors format. Pour PAN M 360, Félicité Couëlle-Brunet a interviewé Amselysen et réalisé le montage vidéo qui suit.

INFOS ET BILLETS

VERSION COURTE

Le Festival Classica propose une rencontre originale avec le violoncelle, décliné quatre fois et exclusivement au féminin, le mercredi 4 juin à l’église Sainte Famille de Boucherville. Un quatuor de cet instrument donc, mené par les violoncellistes Chloé Dominguez, Justine Lefebvre, Noémie Raymond et Kateryna Bragina. Ceux et celles qui jouent de cet instrument aiment se réunir. À preuve ces nombreux ensembles de 12 violoncelles (je pense à ceux du Philharmonique de Berlin, entre autres) et leurs albums respectifs qui ont souvent atteint les sommets des palmarès classiques. Ici, ce seront quatre des meilleures interprètes québécoises actuelles qui offriront un programme en hommage à l’instrument, mais aussi à quelques compositrices telles Isabella Leonarda, Nadia Boulanger, Hildegarde de Bingen et même Charlotte Cardin! Quelques mâles (on les imagine bienveillants) se mêlent à la liste (Piazzolla, Debussy, Monteverdi…). J’ai parlé de tout cela avec la rayonnante Chloé Dominguez. 

Le choeur LDV Les P’tits Da Vinci, ainsi que l’Orchestre symphonique Joseph-François Perrault ouvriront le bal lors de la 1ère journée du Festival des saveurs interculturelles de Saint-Michel. Également au programme ce soir-là : une table-ronde sur la littérature et une soirée cinéma en plein air. Bref, tout ce qu’il faut pour entamer les festivités du bon pied. Christian Toussaint, chargé de concertation Espace culture de Vivre Saint-Michel en santé, en parle plus en détails avec notre journaliste Sandra Gasana.

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Le 29 mai, à L’Église presbytérienne St. Andrew’s de Saint-Lambert a lieu le concert Ad Lucem réunissant l’altiste Elvira Mishbakova et la pianiste Meagan Milatz. Un projet sur l’espoir en ces temps difficiles et sur la musique comme vecteur d’apaisement dans ce monde chaotique. 

Originaire de Russie et présentement altiste solo à l’Orchestre Métropolitain, Elvira Misbakhova évoque ici avec Judith Hamel de PAN M 360, les coulisses de ce concert, les choix musicaux et le lien qui l’unit à sa partenaire de scène. 

PAN M 360 : Lors de ce concert, vous jouerez en duo avec la pianiste Meagan Milatz avec qui vous avez déjà souvent partagé la scène. Qu’est-ce qui vous unit musicalement? Qu’est-ce qui rend cette collaboration spéciale pour vous?

Elvira Mishbakova : La joie que nous partageons quand on joue ensemble est immense ! Je pense que si les musicien/e/s ne discutent pas beaucoup pendant leur répétition, c’est très bien, parce que tout se passe dans la conversation musicale, les regards et les écoutes. On se comprend instantanément, nos réflexes, nos réactions, nos commentaires sont toujours en accord ! Quand le travail est basé sur la confiance, l’ouverture d’esprit et la flexibilité musicale, tout va bien.

PAN M 360 : Dans vos notes de programme, vous décrivez ce concert comme une réflexion sur l’espoir en des temps difficiles. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette idée? 

Elvira Mishbakova : J’ai choisi le répertoire qui résonne beaucoup avec l’espoir et les lumières. Quand les gens viennent aux concerts, je crois qu’ils veulent partir avec des impressions différentes, des émotions, une appréciation, peut-être même avec un certain apprentissage, mais aussi ils viennent aux événements, aux concerts pour relaxer, pour se détacher de leur réalité, pour plonger dans un moment de réflexion, peut-être trouver la paix, et le calme… ou simplement ils sont guidés par leur curiosité et leur admiration pour la musique classique et ce magnifique Festival Classica ! Notre idée de ce concert est de partager ces moments de réflexion, les moments de paix et de calme, les moments d’espoir, parce que la musique a ce pouvoir rare ! Elle nous guérit, elle nous unit, elle nous console et elle nous élève vers l’avenir, même dans les moments difficiles.

PAN M 360 : Le programme de ce concert couvre plusieurs siècles et styles très différents, allant du romantisme russe de Glinka à la musique contemporaine de Kelly-Marie Murphy. Qu’est-ce qui relie toutes ces œuvres entre elles?

Elvira Mishbakova : La lumière dans ses différents états. J’ai essayé de trouver le reflet de la lumière dans chaque œuvre. Parfois, la lumière est pure, comme dans le Magnificat de Pigovat, parfois, la lumière est intérieure et sombre, comme dans la pièce de Britten Élégie pour alto seul, ou alors c’est un phare dans l’obscurité, on peut le voir dans la pièce de Arvo Part Fratres, ou simplement, c’est un espoir pour le pardon dans Kol Nidrei de Max Bruch. La lumière est différente, mais elle est toujours là pour nous ! Si le public pouvait imaginer ça ou chercher avec nous leur vision de la lumière dans chaque pièce, ça nous rendrait très heureuses.

PAN M 360 : La pièce Ad Lucem de Kelly-Marie Murphy sera créée en première mondiale. Comment cette œuvre est-elle arrivée à vous?

Elvira Mishbakova : En fait, c’est une première québécoise ! Quand j’ai eu l’idée de ce projet Ad lucem (avec l’enregistrement d’un album),  j’ai tout de suite pensé à faire une commande d’œuvre à une compositrice canadienne, et comme j’admire énormément la musique de Kelly-Marie Murphy, je lui ai proposé d’écrire une pièce pour alto et piano qui s’appellera Ad lucem et elle a accepté avec un grand enthousiasme ! Meagan et moi, nous avons très hâte de la présenter à notre concert au Festival Classica.

PAN M 360 : Pouvez-vous nous présenter un peu plus sur Ad Lucem? Qu’est-ce que le public pourra entendre, ressentir?  

Elvira Mishbakova : Le répertoire est très varié, il y aura des pièces d’époque classique, romantique, post-romantique, moderne et contemporaine, le choix pour tous les goûts ! Le public va entendre les œuvres originales écrites pour alto et piano, mais aussi des arrangements que d’autres altistes ont faits pour élargir notre répertoire.  Il faut dire que l’alto, comme instrument soliste, prend de plus en plus la place devant la scène! Je suis très heureuse de jouer de cet instrument, qui est le plus proche de la voix humaine. Meagan et moi, nous avons très hâte de partager ce concert.  J’espère que les gens vont apprécier ce choix de répertoire, qui est rempli avec des émotions fortes et profondes.

crédit photo : Sasha Onyschenko

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C’est ainsi qu’il a décidé de nommer son plus récent album afro-dancehall paru en 2024 et qu’il continue à défendre encore aujourd’hui. Originaire de Guadeloupe, Aldo Guizmo n’en est pas à sa première participation au Festival des Saveurs interculturelles de Saint-Michel. En effet, il y était l’année dernière, mais cette année, il sera accompagné du groupe SolidGround, avec lequel il a collaboré à plusieurs reprises. Cet artiste d’inspiration afrocaribéenne est également rassembleur culturel, ingénieur en informatique et animateur radio. Un morceau de son récent opus « Touchy » a connu beaucoup de succès alors que les opportunités ne cessent de se multiplier pour ce vocaliste. Il sera sur plusieurs scènes cet été, alors ne manquez pas l’occasion de le voir ce dimanche. Notre journaliste Sandra Gasana l’a interviewé à quelques jours de sa performance tant attendue, alors qu’il sortait d’un studio de répétition.

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