Si vous êtes fan ou hyperfan de l’expression francophone en chanson, rock, soul, R&B, hip-hop, pop ou hyperpop, visionnez cette interview de Camille Guitton, une des trois gestionnaires à la programmation des Francos de Montréal aux côtés de Mathieu Rousseau et Maurin Auxémery. En amont des Francos, Alain Brunet lui a posé les question essentielles à un bon survol de cette programmation 2025.
Le 14 juin aura lieu le seul concert du Festival Classica 2025 sur l’île de Montréal : les Carmina Burana de Carl Orff. Ça se passera à l’église Saint-Jean-Baptiste (DÉTAILS ET BILLETS ICI). Toujours un grand favori du public, ce morceau choral imposant sera décliné dans une version pour deux pianos et percussions, mais bien sûr avec un choeur musclé, celui de la Société philharmonique du Nouveau Monde, soit quelque 150 chanteurs et chanteuses. Pas de grand orchestre donc, mais de nouvelles couleurs, de nouvelles textures qui offrent un autre éclairage sur les textes. Avec le concours des solistes Alexandre Sylvestre, Ania Hejnar et Jeffrey Carl, l’œuvre inépuisable de Orff retentira certainement avec puissance. J’en ai parlé avec le directeur artistique Michel Brousseau.
Le 13 juin prochain, à l’occasion du Festival Classica, la harpiste Valérie Milot présentera en primeur Nebulae, un concert intimiste qui propose une réflexion philosophique sur l’existence à travers une exploration astronomique. Dans cette entrevue avec Judith Hamel, l’artiste nous ouvre les portes sur la genèse de son projet.
PAN M 360 : Le concert Nebulae est présenté comme une réflexion philosophique sur l’existence à travers une exploration des phénomènes astronomiques. D’où vient l’inspiration de faire une production sur ce thème ?
Valérie Milot : Pour moi, la science et la musique ne sont pas si loin. J’ai toujours eu un intérêt envers les avancées scientifiques, et s’il y a un monde où elles sont absolument fascinantes, c’est bien en astronomie! Les images qui nous sont fournies par les télescopes spatiaux modernes sont d’une beauté à couper le souffle. Cet émerveillement où on peut se laisser à rêver est aussi accessible en musique.
Il est également toujours important pour moi d’offrir une trame narrative dans mes productions, et ici, j’ai voulu offrir une réflexion basée sur ce qui nous a été légué par Carl Sagan et Hubert Reeves, de grands scientifiques, mais aussi d’admirables vulgarisateurs dont les réflexions sont intemporelles.
PAN M 360 : Sans tout nous révéler, comment va s’exprimer ce thème au fil du concert?
Valérie Milot : Il s’agit d’un concert de harpe bien sûr, mais où les textes ont une importance primordiale et nous invitent à réfléchir à travers les intermèdes musicaux. Un décor constitué de divers éléments lumineux nous expose les beautés de l’espace.
C’est un spectacle où les gens sont invités à découvrir ou redécouvrir des notions liées à l’astronomie et l’évolution, réfléchir, mais rire avec moi, aussi!
PAN M 360 : Les œuvres jouées sont très variées, allant de Gluck à Arvo Pärt en passant par Denis Gougeon (avec plusieurs de vos propres arrangements). Y a-t-il des œuvres que vous avez particulièrement hâte de présenter au public?
Valérie Milot : Absolument, surtout les œuvres qui ont été écrites expressément pour Nebulæ, soit, Au cœur de l’étoile du compositeur québécois Denis Gougeon, et Lux d’Amélie Fortin. Ces deux compositeurs sont de grands amis, et leurs pièces ont été comme tissées sur la trame narrative du spectacle.
PAN M 360 : Qu’est-ce que la harpe vous permet d’explorer et d’exprimer dans ce programme en particulier ?
Valérie Milot : La harpe est mon acolyte depuis maintenant 30 ans. J’ai une relation très personnelle avec elle, voire fusionnelle. Elle accompagne mes réflexions, et elle se positionne aussi comme un témoin de l’évolution humaine. Avec nos tout petits 300 000 ans d’histoire, nous, les humains, nous avons encore beaucoup à apprendre de notre univers.
La harpe dont je joue aujourd’hui expose nos aptitudes à développer des outils complexes pour nous exprimer et explorer notre univers. De l’arc musical rudimentaire de quelques cordes à l’instrument complexe à 47 cordes et 7 pédales dont je joue ; c’est là que s’exprime tout le génie humain. Une forme d’intelligence qui peut nous mener vers de merveilleuses odyssées, mais aussi conduire à notre perte.
PAN M 360 : Le 13 juin sera la première de cette nouvelle production avec laquelle vous entamez une tournée. Y a-t-il des lieux ou des contextes auxquels vous avez particulièrement hâte de présenter ce concert ?
Valérie Milot : Je suis infiniment reconnaissante que le Festival Classica et son directeur Marc Boucher me donnent la chance, encore une fois, de présenter une de mes productions en primeur. Suite à cette représentation, nous ferons les derniers ajustements avant d’amorcer une tournée d’une vingtaine de dates pour la saison 2025-26. Nous espérons pouvoir tourner ce spectacle pour environ trois ans.
Chaque représentation est unique ; et chaque ville visitée me permet de rencontrer des personnes extraordinaires.
Un jalon important sera la rentrée montréalaise le 7 octobre, à la Salle Bourgie, qui fera aussi office de lancement d’album.
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Connu pour ses hymnes emo-rap et rock, GreenWoodz a récemment dévoilé Malgré la tempête, son deuxième album en carrière, marquant une transition assumée vers un folk-pop teinté à la fois de new country et de rap. Un pari réussi pour l’artiste de 25 ans, qui brille par l’authenticité de ses textes, la sincérité de sa démarche et la cohérence de son projet.
Que ce soit sur 20e avenue, où il aborde la consommation, ou sur Désolé pour ça, qui traite d’une rupture amoureuse difficile, Tommy Boisvert se présente comme un véritable livre ouvert. Les gens se reconnaissent dans les hauts et les bas de sa vie; la tempête dont parle GreenWoodz est une réalité commune à plusieurs, sans doute ce qui rend sa musique aussi accessible. Écouter ses chansons, c’est un peu comme retrouver un vieil ami qui nous joue ses dernières créations autour d’un feu.
Une chose est certaine : l’art du refrain est l’un des outils les plus précieux du natif de Mandeville, petit village de Lanaudière. La formule est simple, mais efficace, donnant vie à des morceaux accrocheurs portés par la guitare, comme Hôtel Saint-Charles.
Vocalement, l’artiste de 7ième Ciel se montre plus posé et mélodique qu’à l’habitude. Cette maturité acquise s’agence à merveille aux productions délicates et minimalistes. « J’ai choisi de m’écouter et de faire la musique que j’avais envie de faire », nous a-t-il confié.
De passage aux Francos le vendredi 13 juin, GreenWoodz défendra Malgré la tempête pour la toute première fois sur scène au Studio TD. Pour acheter vos billets, c’est juste ici.
Quelques jours après la parution de l’album, Pan M 360 a jasé de son processus créatif, son changement artistique, ses influences et bien plus encore.
PAN M 360 : Il y a un peu plus d’une semaine, vous lanciez Malgré la tempête, votre deuxième album en carrière. Quel sentiment vous habite présentement?
GREENWOODZ : Je suis agréablement surpris de la bonne réaction du public concernant l’album, surtout que j’ai entrepris un changement de direction avec ce projet. C’est plus folk et pop que ce que je faisais avant. De voir que les gens sont au rendez-vous quand même, c’est vraiment le fun. Présentement, je suis crinqué pour commencer à monter mon spectacle et défendre mon nouvel album sur scène. J’adore travailler et faire de la musique, donc je vais plancher sur mon prochain projet très bientôt.
PAN M 360 : Parlez-moi d’où vous venez et des origines de votre passion pour la musique.
GREENWOODZ : Je viens de Mandeville, un petit village en région dans Lanaudière. J’ai toujours été attiré par la musique. Quand j’étais jeune, je suivais des cours de danse. Disons simplement que je n’étais pas très bon!
J’ai commencé à consommer à un très jeune âge. Pendant mon adolescence, la musique a été un bon échappatoire pour moi. De fil en aiguille, j’ai découvert le rap, puis l’emo-rap. Je me suis rapidement identifié à ça. C’est là que j’ai commencé à créer et à sortir différents projets.
PAN M 360 : En se fiant à vos textes, vous semblez avoir un passé chargé et mouvementé. Est-ce le cas?
GREENWOODZ : Je n’ai pas la prétention de dire que j’ai vécu une vie difficile, mais disons que j’ai fait des choix de vie assez atypiques. Souvent, je dis que j’ai l’impression d’avoir vécu déjà plusieurs vies. J’ai été dans tellement de milieux différents au cours de ma vie. Je pense que ça se ressent dans mes chansons; ça permet aux gens qui ont vécu ce genre de réalité de connecter avec ma musique.
PAN M 360 : Ce vécu que vous racontez dans vos chansons, est-il chose du passé ou cela reflète-t-il votre quotidien?
GREENWOODZ : La grosse consommation, comme lorsque j’étais jeune, a quitté ma vie depuis déjà un petit moment. J’ai toujours eu des tendances dépressives, c’est quelque chose qui me suit encore. C’est un peu mon combat de tous les jours. Je te dirais que oui et non : ce que je raconte dans ma musique, ça me suit toujours.
PAN M 360 : Que signifie Malgré la tempête, le titre de votre nouveau projet?
GREENWOODZ :Malgré la tempête, ça veut dire que la tempête est en quelque sorte permanente dans la vie. J’ai réalisé que dans la vie, tu ne tombes jamais dans une zone où c’est le bonheur absolu et que tout va bien. Malgré la tempête, c’est un peu accepter les choses que l’on ne peut pas modifier et se concentrer sur ce qui est modifiable.
PAN M 360 : Vous avez parlé plus tôt d’un changement de direction pour ce deuxième album. Comment décririez-vous les sonorités de Malgré la tempête? Est-ce votre son pour le futur?
GREENWOODZ : C’est très hybride; on y retrouve du rap, du folk, du country, du rock et de la pop. Mon but, c’était de trouver un son qui m’est propre. Avec cet album-là, j’ai choisi qu’à partir de maintenant, je m’écoutais et j’allais faire la musique que j’avais envie de faire. J’ai décidé d’arrêter de plaire à un narratif où je suis censé faire un certain style de musique. 20e Avenue est un morceau qui a permis de définir la direction de l’album.
PAN M 360 : Diriez-vous que vos inspirations ont changé pour la création de ce deuxième album?
GREENWOODZ : Mes inspirations ont changé, c’est certain. Pendant la création de TPL, j’étais grandement influencé par la scène punk-rock, grunge et emo-rap. Pour Malgré la tempête, j’ai reconnecté avec le folk québécois qui jouait chez nous toute ma vie. Je parle ici des Cowboys Fringants, des Colocs, de Plume Latraverse ou même de Bernard Adamus. J’ai aussi plongé dans la scène new country et folk moderne américaine comme Morgan Wallen, Zach Bryan, Shaboozey, Noah Kahan et autres.
PAN M 360 : Il s’agissait de la deuxième fois que vous passiez à travers le processus de création d’un album. Quelle est la plus grande différence entre la conception de Malgré la tempête et TPL? Aussi, quel a été le meilleur moment de cette récente création?
GREENWOODZ :TPL était le premier album que je publiais, donc c’est certain qu’à ce moment-là, je n’étais pas habitué à œuvrer de manière professionnelle. Malgré la tempête a été beaucoup plus simple à faire; c’est un album qui s’est fait tout seul. Le plus beau moment de la création, c’est lorsque mon équipe et moi avons loué un chalet à Charlevoix. C’est là que nous avons confectionné la grande majorité du projet. Nous y sommes restés pendant une semaine; ç’a été une semaine déterminante pour cet opus.
PAN M 360 : La chanson Crash est l’un des morceaux les plus authentiques de votre plus récent projet. Racontez-moi l’histoire derrière la création de ce titre.
GREENWOODZ : Pendant la création de Malgré la tempête, j’ai vécu une relation. Je n’avais pas été en couple depuis mon premier amour, et ça datait de quatre ans. Crash, ç’a été la réalisation de tous les patterns que mon ancienne relation m’avait laissés et comment cela affectait mon quotidien. Ça m’a permis de comprendre comment cela pouvait me nuire et quoi travailler dans le futur.
PAN M 360 : À plusieurs moments dans l’album, on peut entendre des extraits sonores de fête et de dialogues entre amis. Pourquoi était-ce important pour vous de garnir votre album avec ce genre d’échantillons?
GREENWOODZ : Dans la dernière année, j’ai beaucoup reconnecté avec le village où j’ai grandi. Avant ça, j’étais un peu dans une tornade à travers mes relations et la musique. Je m’étais un peu éloigné de ceux qui étaient à mes côtés dans mes débuts. Comme l’album aborde beaucoup cette thématique, je trouvais ça intéressant de mettre des petits clins d’œil à mes amis dans le projet. Ça provient de vidéos de soirées avec mes boys que j’envoyais à mon réalisateur.
PAN M 360 : Dans le cadre des Francos, ce vendredi 13 juin, vous lancerez votre album au Studio TD. À quoi doit-on s’attendre pour cette soirée?
GREENWOODZ : Le style de Malgré la tempête est différent de mes anciens projets, mais mon show va garder la même énergie qu’avant. C’est un album plus folk, plus pop et plus doux, mais ça va être un méchant party pareil. Ça va être mon plus gros spectacle à vie, et j’ai une grande liste d’invités pour l’occasion. Je peux déjà dire qu’il y aura les rappeurs Rymz et Shreez.
Crédit photo: Disques 7ième Ciel
À l’approche des Francos et de la saison des festivals, Tire le coyote accorde cette interview vidéo à Alain Brunet pour PAN M 360. Il y est question de la matière de ses deux nouveaux albums: Dynastie, rendu public en octobre 2024 et Ventouse, un album plus folk et plus engagé en raison de la conjoncture explosive que le monde connaît actuellement à l’heure des prédateurs – pour reprendre le titre de l’excellent et court essai de Giuliano Da Empoli. Cet engagement chansonnier a d’ailleurs valu des menaces et insultes à Benoît Pinette (de son vrai nom) de la part de trolls québécois d’extrême-droite. On parle de son, de mots, d’engagement. Tire le coyote et son groupe se produiront au Gesù, le jeudi 19 juin, 19h.
Comment transmettre les sentiments liés au deuil périnatal en musique? En effet, c’est un sujet qui est plus que sensible, encore tabou à bien des égards pour n’importe qui, aussi bien intentionné soit-il. Avec sa création Mers intérieures, la soprano Marianne Lambert aborde cette thématique avec humanité, empathie. Ancrée dans sa propre expérience, elle se rend vulnérable et ouvre son cœur et ses émotions au public qui emplissait la moitié de la salle Jean-Louis Millette du Théâtre de la Ville à Longueuil. Une audience à la fois curieuse, et qui, pour plusieurs de ses membres, a été tout aussi touchée personnellement par la teneur du propos.
Pour raconter son histoire, et par la même occasion, l’histoire de tant d’autres mères qui ont vécu ce deuil, Lambert ainsi que ses deux acolytes musiciennes, Janie Caron au piano et Chloé Dominguez au violoncelle, puisent dans le répertoire instrumental et vocal essentiellement français et allemand des XIXe et XXe siècles pour broder une histoire musicale qui traverse les différentes étapes deuil, de la peine à l’isolement pour finir par l’acceptation. En plus de l’interprétation des différentes mélodies par Marianne Lambert, des projections vidéo sur des toiles blanches et une mise en scène signée Isabeau Proulx-Lemire venaient habiller le plateau. C’est entre autres par ces projections que la symbolique de l’eau qui jalonne le concert se manifeste. L’eau sert de toile de fond pour explorer la douleur, la guérison, la renaissance et la transformation. Les plus marquantes et intéressantes étaient celles où Marianne Lambert est mise en scène dans des cadres naturels léché et lumineux, que ce soit en forêt, déposant une gerbe de fleurs sur une tombe imaginaire ou encore cette impressionnante prise de vue sous-marine qui peuvent symboliser à la fois, le fait de se faire emporter, de perdre sa vie, mais aussi la renaissance quand on émerge après le deuil. Bien qu’utiles pour aider le public à comprendre les paroles des pièces, les surtitres blancs se perdaient parfois dans les images projetées sur les toiles. C’est un élément didactique qui serait à peaufiner, pour comprendre le sens des mots.
Musicalement, le programme enchaîne de manière équilibrée œuvres purement instrumentales (Spiegel im Spiegel d’Arvo Pärt; Rivière du Nord d’Amélie Fortin) et œuvres vocales. On navigue donc entre différents styles, allant du minimalisme au romantisme tardif et au modernisme. Parmi les moments les plus poignants de ce concert, l’interprétation des mélodies de Gustav Mahler a été particulièrement touchante, notamment « Ich bin der Welt abhanden gekommen », extrait du cycle Rückert-Lieder et que l’on peut traduire par « Je me suis retirée du monde ». Quand on connait l’histoire personnelle de Gustav Mahler et de sa femme Alma, qui eut aussi ont eu à vivre avec la perte d’un enfant, on ne peut qu’être saisie par cette sensibilité de la poésie allemande du XIXe siècle qui trouve écho aujourd’hui avec étonnante précision. Très beau moment aussi, l’interprétation de la pièce traditionnelle The Last Rose of Summer par Benjamin Britten où pendant que la ligne vocale demeure, les instruments tressent un accompagnement contrastant, ce qui confère à la mélodie folklorique une apparence de déphasage. La mélodie, porteuse à la fois de mélancolie et d’espoir, prend alors une dimension qui la rend encore plus complexe.
Hormis les quelques petits ajustements techniques comme un meilleur agencement des projections de textes, Mers intérieures est un concert et un projet artistique qui laisse une trace dans la tête et dans le cœur. Fruit d’un cheminement personnel, voire même spirituel, face à la perte de deux Marianne Lambert offre un témoignage musical percutant et sensible dont le message mériterait tout à fait d’être adapté sous une forme de médiation musicale et de tournée à travers le Québec pour que tombe le tabou et la honte associée au deuil périnatal. Il est l’exemple que la musique peut communiquer et guérir et il rappelle que, malgré la perte, une mère ne cesse jamais d’être une mère.
crédit photo: Annie Bigras – Agence BigJaw
Mathieu Constance est un incontournable chez Multicolore qui assure la tenue du Piknic Électronik et aussi chez Courage qui en construit la programmation. Chaque mois de l’été 2025, il nous confie ses musts et impressions des récents accomplissements au Piknic. Suivez le pro!
PAN M 360 : Comment avez-vous vécu les premières semaines du Piknic 2025?
Mathieu Constance: C’est un début de saison un peu hors norme pour nous, du moins depuis que je travaille chez Multicolore. On a eu de la pluie et du temps qui ressemblait plus à Igloofest que Piknic au cours des dernières semaines… Malgré tout ça, on a eu de super belles premières avec Enrico, Marlon Hoffstadt et STRYV!
PAN M 360 : Quels ont été selon toi les sets marquants de mai et du 1er juin?Mathieu Constance: Boys Noize – Marlon Hoffstadt – Sally C – Bambii
PAN M 360 : Peux-tu identifier et décrire brièvement tes must du Piknic pour les 4 week-ends qui suivent, soit jusqu’au 30 juin? Un ou deux par semaine STP.
Mathieu Constance: 5h et demie de curation et de showcase par DJ Tennis avec Life & Death ce dimanche. C’est à ne pas manquer! Les premières super attendues de Mochakk et Black Coffee également (BC a été notre 2e plus rapide sold out dans l’histoire du festival!). Mention spéciale à un spécial St-Jean Baptiste, plus que party avec la première tête d’affiche de Nico de Andrea, et le collectif Laylit qui mettra le feu à notre nouveau B stage.Voilà!
Ce dimanche, au Théâtre de La Ville de Longueuil, la soprano Marianne Lambert présentera sa nouvelle production, Mers intérieures.
À travers une ribambelle de pièces et accompagné d’images traitées immersives, le concert explore différentes facettes du deuil périnatal.
PAN M 360 : Le concert s’intitule Mers intérieures. Que représentent pour vous ces « mers intérieures » ?
Marianne Lambert : Les mers intérieures symbolisent mes étapes de guérison dans le processus de deuil périnatal. L’eau est un élément central de cette histoire, car elle fait naître, nourrit, mais peut aussi détruire. Pourtant, elle a aussi le pouvoir de nettoyer, guérir et purifier.
PAN M 360 : On entendra dans ce concert des œuvres de Debussy, Wolf, Górecki, Ayotte, Ravel, Mahler et Weill. Comment avez-vous sélectionné ces œuvres, et qu’est-ce qui vous a guidé dans cette sélection ?
Marianne Lambert : D’abord le Górecki a été fait lorsque nous avons fait des extraits avec l’Orchestre symphonique de Drummondville. Malgré mon amour pour cette pièce, elle est difficilement transposable au piano et au violoncelle.
Pour ce qui est des choix des pièces, je me suis principalement basée sur la poésie et étonnamment, en changeant la perspective, plusieurs pièces s’apprêtaient au sujet. En fait, j’avais le problème inverse qui était de faire des choix déchirants.
PAN M 360 : La pièce Reste, que vous avez commandée à la compositrice Maggie Ayotte, aborde le deuil périnatal, un sujet encore très peu abordé dans notre société. Pouvez-vous nous parler du processus qui a mené à la création de cette œuvre?
Marianne Lambert : Je cherchais une compositrice qui saurait transposer une étape difficile qui était de laisser le petit corps de mon enfant. C’est après une écoute de la pièce Entre la veille et le sommeil par Maggie Ayotte joué par le formidable Duo Fortin-Poirier que tout de suite j’ai eu un coup de foudre pour son écriture et sa sensibilité. Dans la vie, il n’y a pas d’adon. Lorsque je l’ai contactée, elle était sur le point d’accoucher de ses jumeaux. Malgré tout, elle n’a su refuser ma commande. Sa couleur maternelle est un atout pour ce concert.
PAN M 360 : Dans le traitement du deuil périnatal, pensez-vous que les arts, particulièrement la musique, ont un potentiel particulier?
Marianne Lambert : Absolument! On sait combien les arts sous toutes ses formes sont un média important pour vivre des émotions, réfléchir et guérir. On parle trop peu du deuil périnatal malgré que beaucoup de famille le vive. Je crois sincèrement que ce concert sera un moyen de résonner ensemble et de briser la solitude.
PAN M 360 : Le concert intègre également une composante multimédia. Comment cette dimension visuelle s’est-elle développée, et comment dialogue-t-elle avec la musique?
Marianne Lambert : En septembre dernier, nous avons pris 4 jours de tournage, dont une nuit sous l’eau. Sans faire de jeux de mots, j’avais envie que le public plonge dans mon univers et oublie l’espace du temps. Les magnifiques images ont été traitées avec le génie d’Isabeau Proulx-Lemire et d’Emmanuel Grangé. Ils ont su transposer mon histoire dans la métaphore avec poésie et d’une grande humanité. Le visuel prendra une grande place. Tellement qu’à certains moments, moi et les musiciennes (Janie Caron au piano et Chloé Dominguez au violoncelle) serons la trame. Pour moi, c’était la meilleure façon de laisser un plus grand impact dans la douceur et la bienveillance.
Ce dimanche, au Centre multifonctionnel de Saint-Lambert sera présentée la pièce La chèvre de Monsieur Séguin, à mi-chemin entre l’opéra et le théâtre. Signataire du livret et de la musique, Patrick Mathieu nous livre ici sa vision d’un opéra destiné au jeune public. Avec lucidité et une touche d’ironie, il nous montre que le regard d’un enfant ne pose pas de jugements, si ce n’est que les constructions acquises par la société qui l’entoure.
PAN M 360 : Pourquoi avoir choisi d’adapter La chèvre de Monsieur Séguin en opéra-théâtre pour enfants ?
Patrick Mathieu : Ça dépend où se trouve l’emphase dans votre question…Pourquoi cette histoire? Pourquoi un opéra? Ou pourquoi pour enfants? Pourquoi un opéra? La réponse évidente est que je suis musicien. La seule raison pour laquelle je signe les textes de la plupart de nos productions est que l’écriture d’un livret d’opéra nécessite des compétences musicales que fort peu d’écrivains possèdent.
Pourquoi un opéra pour enfants? La première chose à souligner est que ce sont les adultes, pas les enfants, qui ont des préjugés contre l’opéra, la plupart du temps sans aucun fondement. À la base, un opéra, c’est un film de Disney : une histoire et des « tounes », ou à vrai dire le contraire. Un Disney est en opéra où l’histoire a pris le dessus sur la musique. Maintenant je peux très bien comprendre qu’une personne n’ayant jamais été exposée à la musique « classique » et/ou au théâtre puisse être assez désarçonnée en assistant à un premier grand opéra, surtout si elle ne comprend rien de ce qui s’y raconte. C’est dommage. Pour elles. Elles ont été privées de quelque chose de fantastique et ça me paraît déjà une raison plus que suffisante pour ne pas faire la même chose à ses propres enfants.
Maintenant, est-ce que c’est essentiel d’aimer l’opéra? L’essentiel, ça reste manger, avoir un toit, être en santé… pas l’opéra, une série télé ou une partie de hockey. Ce qui est par contre vital est que les enfants découvrent le plaisir d’une culture qui ne soit pas que du divertissement, qu’ils apprennent à penser autrement, par eux-mêmes. Une société sans culture et complètement autoréférentielle porte des Trump au pouvoir. Bon, il y a aussi des sociétés hyper éduquées et cultivées qui ont soutenu Hitler, mais ça, c’est un autre débat.
PAN M 360 : La fin de l’histoire originale est plutôt tragique, comment avez-vous fait pour adapter cette fin sombre pour un jeune public?
Patrick Mathieu : Le conte de Daudet est très court et il y a une adaptation et une invention incluant des personnages et des épisodes farfelus qui sont nécessaires, sinon le spectacle aurait duré 5 minutes! Cependant, tout ce qui est dans le texte original se retrouve dans notre version, y compris la fin. Maintenant, cette fin est-elle tragique? Ce qui m’a toujours intéressé dans cette fable est qu’elle est amorale. Elle décrit la vie, pas un film américain. Le loup mange la chèvre parce que c’est ce que font les loups. S’il ne la bouffe pas, c’est lui qui crève de faim. Pour moi le point central du conte, ce n’est pas la mort de la chèvre, c’est le fait qu’elle résiste au loup toute la nuit en sachant qu’elle n’en réchappera pas. C’est l’héroïsme de la condition humaine : faire de notre mieux en sachant que ça ne finit jamais bien. Donc oui, l’histoire est profondément tragique, mais c’est un tragique philosophique.
Ceci dit, ce n’est que la fin du spectacle qui est dramatique et tout « l’art » consiste à mener le public de la comédie au drame. Les enfants aiment le drame autant que n’importe qui, à la condition évidente que sa représentation respecte leur sensibilité. C’est le vieux principe artistique : c’est moins ce qui est dit qui importe que la manière que c’est dit. Ce qui est certain, c’est qu’après des centaines de représentations, si on avait fait une fin réaliste, il y aurait une sérieuse pénurie de sopranos et les prisons seraient remplies de barytons obèses.
PAN M 360 : Vous revenez du Brésil et du Mexique où vous avez présenté cette pièce, comment ces publics d’ailleurs ont-ils pu influencer votre perception de l’œuvre?
Patrick Mathieu : Ça fait un bon bout de temps que nous sommes revenus!
Je ne sais pas dans quelle mesure un public étranger, à vrai dire n’importe quel public, peut influencer ma perception d’une œuvre, qu’elle soit mienne ou pas. Comme directeur ayant à vendre des billets et des spectacles peut-être, mais certainement pas comme musicien.
Est-ce que le spectacle est perçu différemment par des publics étrangers? En ce qui concerne la forme du spectacle, non. Ce qui change dans le cas particulier de La chèvre est la manière dont les enfants extériorisent ce qu’ils ont ressenti face au tragique. Ça dépend évidemment de chaque enfant, mais en général, ça me paraît beaucoup plus lié à la classe sociale qu’au pays. Il y a plus de différence entre un enfant d’Outremont et un de Montréal-Nord qu’entre un enfant mexicain ou brésilien de classe sociale équivalente et un enfant québécois. La seule différence culturelle notable est la réaction viscérale et physique à la musique chez les peuples qui dansent. C’est vrai en Amérique latine, ça le serait tout autant en Afrique. Les francophones et les anglophones sont les seules cultures où les publics sont incapables de taper des mains sur les bons temps d’une chanson pop!
PAN M 360 : L’œuvre s’adresse à des jeunes de 4 à 12 ans, comment réussissez-vous à engager ces différents groupes d’âge ?
Patrick Mathieu : La démarche ne me paraît pas différente de lorsque je compose « pour adultes ». J’écris ce que je veux entendre qui n’existe pas encore. La seule particularité dans les opéras jeunes publics est que j’écris ce que j’aurais voulu entendre en tant qu’enfant. Évidemment je ne le savais pas quand j’étais enfant. Comme tout le monde, j’imaginais finir au Forum, pas en musique! Je l’aurais peut-être réalisé plus vite.
Je pense que le charme du spectacle, ce qui explique peut-être aussi son succès, est que les adultes ont fait un sérieux travail d’adultes à se rappeler ce que c’est être enfant.
La seule chose possible pour engager un public d’enfants est de lui donner un bon spectacle. S’il aime, tu vas le savoir autant que s’il n’aime pas ça!
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Entre agriculture et culture, il y a forcément un lien à rétablir en cette époque où ce lien intrinsèque dans les sociétés traditionnelles a été rompu depuis belle lurette. Sur la Rive-Sud de Montréal, des artistes et des agriculteurs ont songé à restaurer ce lien et même à en faire un art de vivre. À la barre du pôle artistique de ce projet, le violoniste virtuose Emmanuel Vukovich et ses partenaires agriculteurs de la ferme Cadet Roussel ont mis sur pied une programmation de concerts présentés à la ferme, dans une salle parfaitement aménagée pour mener à bien cette initiative. En pleine campagne de sociofinancement, le Festival Concerts de Saint-Grégoire se déploie une première fois cet été, après la présentation de moult événement « agri-culturels ». Emmanuel Vukovich en explique ici la programmation et raconte cette aventure holistique.
PAN M 360 : Quels sont les artistes impliqués dans cette série de concerts ?
Emmanuel Vukovich: La première saison de Festival Concerts de Saint-Grégoire réunit un groupe remarquable d’artistes du Québec, du Canada et du monde entier, choisis non seulement pour leur excellence artistique, mais aussi pour la cohérence de leur démarche avec les thèmes fondamentaux du festival que sont la terre, la communauté et le dialogue culturel.
Tambuco – Cet ensemble de percussions mexicain de renommée mondiale, quatre fois nominé aux Grammy Awards et figurant sur la bande originale de James Bond : Spectre, se produira dans le cadre de notre festival d’échanges interculturels latino-américains. Leur présence rend hommage aux profondes contributions culturelles des travailleurs agricoles latino-américains au Québec, tout en offrant une voix artistique riche sur le plan sonore et pertinente à l’échelle mondiale.
Gabriela Ortiz – Compositrice mexicaine lauréate d’un Grammy Award en 2024, Ortiz représente une voix contemporaine puissante dans le domaine de la musique latino-américaine. Ses œuvres de chambre apportent urgence et profondeur au dialogue interculturel qui est au cœur du programme du mois d’août du festival.
Chloé Sainte-Marie – Célèbre chanteuse, actrice, et militante québécoise, Sainte-Marie apporte une présence puissante au festival grâce à son dévouement de longue date aux communautés autochtones et rurales. Sa voix incarne les dimensions émotionnelles et sociales de la mission principale du festival.
Layale Chaker – Violoniste et compositrice libano-américaine, l’œuvre de Mme Chaker mêle les traditions classiques à l’improvisation moyen-orientale. Sa participation témoigne de l’ouverture du festival à l’expression transculturelle et aux perspectives diasporiques.
Kinan Azmeh – Clarinetist syrien-américaine connue comme soliste, compositeur et improvisateur, la fascinante fusion de traditions musicales multiples de M Azmeh reflète l’esprit de dialogue créatif que le festival cherche à nourrir.
Aldo Mazza – Percussionniste cubano-italien établi à Montréal et fondateur de KoSA Music, M Mazza apporte des décennies d’expérience en matière de liens entre la musique, l’éducation et la justice sociale. Sa participation reflète l’engagement du festival en faveur de l’excellence musicale ancrée dans l’engagement civique.
Dominic Desautels – est l’un des instrumentistes à vent les plus recherchés au Canada et mène une carrière florissante en tant que soliste, chambriste, clarinettiste d’orchestre et pédagogue.
Jean-Philippe Sylvestre – En 2008, Jean-Philippe Sylvestre a reçu le prestigieux Prix Virginia Parker, la plus haute distinction décernée par le Conseil des Arts du Canada.
Chef John Winter Russell – Fondateur et propriétaire du célèbre restaurant Candide de Montréal.
Chef Mariana Martin – Fondatrice du restaurant Alma et de la Boulangerie Carlotta, Mme Martin renforce l’intégration par le festival de l’agriculture, de la culture et de l’hospitalité en tant qu’expressions interconnectées de l’attention portée à la communauté.
Parcival Project Ensemble – Ce collectif (que je dirige), constitue le cœur artistique du festival. La première mondiale de Parzival & Feirefiz – un nouveau conte de Graal pour la diversité, en collaboration avec Tambuco, illustre la mission du festival, qui est de favoriser le renouveau et la réconciliation par le biais des arts.
Ensemble, ces artistes incarnent les valeurs du Festival Concerts de Saint-Grégoire : l’excellence artistique, l’inclusion culturelle, la sensibilisation à l’environnement et la conviction que la musique peut être un pont vivant entre les gens, les lieux et les traditions.
PAN M : D’où vient l’inspiration pour « Agri-Culture » ?
Emmanuel Vukovich: L’inspiration pour ce projet découle de la quête de toute une vie pour réconcilier les contrastes apparents, pour construire des ponts entre des mondes qui sont souvent considérés comme déconnectés. Au cœur de ce projet se trouve une quête personnelle et artistique : réunir la musique et l’agriculture, la science et l’art, l’humanité et la nature. À l’instar de Bach, Goethe et Bartók, des artistes qui considéraient la recherche scientifique et la création artistique comme également vitales, je pense que l’acte créatif est plus puissant lorsqu’il s’appuie sur de multiples façons de penser et d’être.
Agri-Culture : Concerts de Saint-Grégoire est une réponse à une époque marquée par les clivages – entre les individus, entre les communautés et entre les humains et la terre. Elle est fondée sur la conviction que la musique et l’agriculture, comme le corps et l’esprit, soutiennent des parties différentes mais également essentielles de notre humanité. Comme l’a écrit Shakespeare, « si la musique est la nourriture de l’amour, jouez » ; ce lien caché entre la nourriture artistique et agricole est au cœur de la vision du festival.
Situé sur la Ferme Cadet Roussel, pionnière en agriculture biologique et biodynamique, au pied du Mont-Saint-Grégoire, le festival cultive des liens profonds entre l’artistique et agricole, en résonance avec les rythmes de la terre. Enraciné dans des traditions d’excellence agri-culturelle, Agri-Culture est un espace de renouveau et de réconciliation où la musique, la terre et les gens s’unissent pour construire des communautés résilientes. C’est aussi un catalyseur pour la vitalité économique locale et de la conscience écologique globale, offrant une nouvelle façon de s’engager avec la terre et avec les autres par la créativité, l’hospitalité et la présence partagée.
PAN M 360 : D’où vient ton engagement à la ferme Cadet-Roussel et sa propension à l’« Agri-Culture » ?
Emmanuel Vukovich: Mon lien avec la Ferme Cadet Roussel remonte à plus de vingt ans. J’y suis arrivé pour la première fois en 2004, alors que j’étudiais la musique ainsi que l’environnement et les études agricoles à l’Université McGill. Ce qui a commencé comme un été formateur à travailler sur la ferme s’est rapidement transformé en une amitié et une collaboration de longue date avec Anne Roussel et Arnaud Mayet, les cofondateurs de la ferme. Au fil des ans, nous avons adopté une vision commune : les sphères artistiques et agricoles – souvent considérées comme non liées – peuvent en fait se compléter et se renforcer l’une l’autre.
L’idée d’intégrer des concerts aux activités de la ferme a mûri au fil du temps et s’est cristallisée pendant la pandémie. Lorsque tous les rassemblements culturels ont été interrompus et les espaces musicaux fermés, les fermes comme Cadet Roussel ont continué à fonctionner comme des services essentiels. Ce moment a rendu visible ce que j’avais depuis longtemps perçu de manière intuitive : la musique et l’agriculture nous soutiennent de manière parallèle et profondément complémentaire. C’est alors que l’idée d’un festival – un dialogue vivant entre l’art et la terre – a véritablement pris racine.
Tirant parti de mes expériences à la Churchtown Dairy Farm de New York (un projet de la famille Rockefeller) et de ma participation à la codirection de Symphony in the Barn en Ontario, j’ai eu envie d’imaginer un festival où la musique de calibre international pourrait se dérouler non pas dans un cadre isolé, mais au rythme des cycles de la terre. Située au pied du Mont-Saint-Grégoire, la Ferme Cadet Roussel – avec ses pratiques biodynamiques pionnières – offrait le cadre idéal.
Les Concerts de Saint-Grégoire ne consistent pas seulement à donner des concerts dans un contexte rural. Il s’agit de cultiver l’interconnexion profonde, souvent cachée, entre la vie culturelle et la vie écologique. Le projet invite le public à s’engager simultanément avec la musique et la terre, et vise à encourager une communauté artistique internationale qui est à la fois enracinée dans ce lieu et consciente de sa responsabilité écologique et sociale à l’échelle mondiale.
À une époque de polarisation croissante, où les filtres des médias sociaux ont fracturé notre sens de l’espace et de l’objectif partagés, ce festival aspire à être un pont. À travers la musique, l’agriculture et l’hospitalité, nous espérons créer un espace de dialogue inclusif et socialement engagé – un espace qui reconnecte les gens non seulement les uns aux autres, mais aussi à la terre qui nous nourrit tous.
PAN M 360 : Quel est le modèle d’affaires en lien avec les valeurs de votre communauté ?
Emmanuel Vukovich: Le modèle d’affaires des Concerts de Saint-Grégoire est ancré dans les mêmes principes qui guident l’approche écologique et communautaire de la Ferme Cadet Russel, la ferme qui accueille le festival. Cette ferme biodynamique pionnière fonctionne selon le modèle de l’agriculture soutenue par la communauté (ASC) : les membres s’engagent à soutenir la ferme tout au long de la saison de production et reçoivent en retour une part hebdomadaire de produits biologiques frais, selon leurs besoins.
Plutôt que de fonctionner comme une transaction commerciale classique entre producteur et consommateur, ce modèle crée une relation de responsabilité partagée. La communauté aide à soutenir la ferme, et la ferme, à son tour, nourrit la communauté, non seulement avec de la nourriture, mais aussi avec un sentiment d’appartenance, de continuité et d’attention à la terre.
Les Concerts de Saint-Grégoire appliquent cette même philosophie aux arts. Au lieu de proposer des événements culturels isolés et ponctuels, le festival est conçu comme une expérience saisonnière qui se développe en harmonie avec lesrythmes agricoles de la ferme. Il intègre la musique et les rassemblements publics tout au long de l’année, créant ainsi des occasions pour la communauté de se réunir, tout comme elle le fait pour célébrer les plantations du printemps ou les grandes récoltes des légumes d’automne.
En ce sens, le festival n’est pas un ajout externe à la ferme, c’est une extension naturelle de sa mission. Il transforme l’expérience culturelle en quelque chose de participatif et d’ancré localement. En proposant des concerts, des soirées culinaires et des événements interculturels qui reflètent les valeurs de la coopération, de la durabilité et de l’entraide, le festival devient un autre moyen pour les gens de se connecter, non seulement à la terre, mais aussi les uns aux autres.
En fin de compte, le modèle reflète une vision plus vaste de la durabilité culturelle, où la vie artistique est nourrie et soutenue de la même manière que l’agriculture écologique : par des relations à long terme, un objectif commun et un profond respect pour les systèmes vivants – humains et naturels – qui nous soutiennent.
PAN M 360 : Quel est votre historique de production de concerts ?
Emmanuel Vukovich: Entre 2001 et 2003, j’ai été co-directeur artistique de Symphony in the Barn, un festival international de musique d’été organisé à Glencolton Farms, une ferme laitière biodynamique en l’Ontario, où j’ai également eu le privilège de diriger l’orchestre du festival en tant que violon solo, sous la direction artistique d’Ernst Dunshirn, directeur de l’Orchestre philharmonique et de la chorale de l’Opéra de Vienne.
Entre 2007 et 2009, alors que je vivais et travaillais à la ferme Cadet Roussel, j’ai produit une série de récitals de violon solo dans plusieurs fermes communautaires au Québec, en Ontario et dans l’État de New York. En collaboration avec un producteur de Radio Canada, j’ai enregistré et produit une vidéo documentaire de ces concerts intitulée Bach à la ferme. Ce projet a été repris pendant la pandémie pour la série CBC Digital Originals du Conseil des Arts du Canada. En 2019, la Grande Salle Agri-Culturelle de la Ferme Cadet Roussel a été officiellement inaugurée avec un concert interprété par les bénéficiaires de la Banque d’instruments du Conseil des Arts du Canada.
Entre 2017-21, j’ai été invité à jouer et à assurer la direction artistique d’une Odyssée Bach à la Chapelle Historique du Bon Pasteur de Montréal, et j’ai répété le cycle intégrale des Sonates et Partitas pour violon seul de Bach à l’église St Andrew & St Paul pendant la pandémie (saison 2020-21).
Le Projet Parcival a donné ses premiers concerts en 2011 et a été enregistré comme organisme à but non lucratif en 2012, recevant le statut d’organisme de bienfaisance en 2017 après une tournée internationale de concerts au Chili, en Argentine et au Brésil en 2014.
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PAN M 360 : Vous avez construit une salle. Quelles sont les caractéristiques de cette salle? Capacité d’accueil, etc. ?
Emmanuel Vukovich: La Grande Salle Agri-Culturelle de la Ferme Cadet Roussel est l’ancien grenier de la grange où l’on entreposait traditionnellement le foin pour les vaches pendant l’hiver. Elle a été officiellement inaugurée en tant que salle de spectacle en août 2019 et rénovée pendant la pandémie avec du bois provenant d’arbres cultivés et coupés à la ferme. Il s’agit d’une salle de concert artisanale fabriquée localement, et l’acoustique de l’espace témoigne de cette qualité unique qui peut accueillir environ 80 à 100 spectateurs. Isolé, chauffé et climatisé, l’espace abrite un piano à queue permanent Boston-Steinway.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui vous a incités à présenter une saison complète des Concerts de Saint-Grégoire ?
Emmanuel Vukovich: La décision de présenter une saison complète des Concerts de Saint-Grégoire est née du désir d’aligner la musique sur les rythmes naturels de la terre. Plutôt que de concentrer l’activité autour d’un seul week-end ou d’une seule date de concert, nous voulions créer un calendrier culturel vivant qui suive le flux saisonnier d’une année agraire – qui reflète les cycles de plantation, de croissance et de récolte au cœur de la vie à la ferme.
Cette vision s’inspire profondément des fêtes agricoles traditionnelles qui marquent les communautés rurales depuis des siècles : célébration des semailles au printemps, de la fenaison au début de l’été et de l’abondance des récoltes à l’automne. Ces rituels aidaient autrefois les communautés à se rassembler dans des moments de partage d’objectifs, de transition et de gratitude. Dans le monde rapide et souvent fragmenté d’aujourd’hui, je pense que revisiter et honorer ces modèles intemporels à travers la musique peut offrir un moyen significatif de se reconnecter aux saisons, à la terre et à l’autre.
En présentant des concerts tout au long de l’année, chacun en résonance avec une période particulière du cycle agricole, nous invitons le public à vivre une expérience culturelle plus enracinée, basée sur le lieu. C’est l’occasion de se rassembler non seulement autour de la création artistique, mais aussi autour des rythmes qui soutiennent la vie : la croissance, le changement, le renouvellement.
Ce faisant, les Concerts de Saint-Grégoire deviennent plus qu’une série de spectacles. Ils deviennent un dialogue saisonnier entre la musique, la terre et la communauté, une façon de rassembler les gens dans la célébration, la réflexion et la présence partagée tout au long de l’année. Ce rythme continu permet également une meilleure intégration à la vie quotidienne de la ferme et une programmation plus inclusive, en collaboration avec des artistes locaux et internationaux.
En fin de compte, la présentation d’une saison complète est un moyen d’enraciner le festival dans la continuité et la connexion vivante – des qualités que nous croyons essentielles non seulement pour la vitalité culturelle, mais aussi pour la construction de communautés plus résilientes et plus attentives.
PAN M 360 : Quelle est l’orientation de votre direction artistique ?
Emmanuel Vukovich: L’excellence artistique, l’échange interculturel et la promotion de l’écologie de la forme artistique. Je me suis beaucoup intéressé à l’héritage de la recherche sur lestraditions orales laissé par Béla Bartók, qui relie l’ethnomusicologie, l’écologie et l’exploration du timbre musical dans la pratique de l’interprétation et la composition de musique nouvelle.
La direction artistique des Concerts de Saint-Grégoire est guidée par trois principes fondamentaux : l’excellence artistique, l’échange et la collaboration interculturel et un engagement profond à faire progresser l’écologie de la forme artistique elle-même.
Pour moi,l’excellence artistique n’est pas simplement une question de virtuosité ou de réputation, mais de profondeur d’expression, d’honnêteté sonore et de capacité de la musique à résonner de manière authentique avec un moment, un lieu et une communauté spécifiques. Je cherche à sélectionner des artistes et des programmes qui portent ce sens de l’intégrité – des interprètes dont le travail découle à la fois de la maîtrise et de la signifiance.
L’engagement en faveur de la collaboration interculturelle est également au cœur de ma vision. Je crois que la musique, dans toute sa puissance, existe dans le dialogue et l’innovation – entre les traditions et les autres cultures. C’est pourquoi le festival invite des artistes de toutes disciplines et de tous horizons culturels à se réunir et à co-créer quelque chose de nouveau, souvent par le biais de collaboration et d’échange. Ces rencontres enrichissent non seulement l’offre artistique, mais reflètent également un engagement social plus large : modéliser le type d’engagement respectueux et dynamique que nous espérons voir dans le monde.
Le troisième axe de ma direction artistique est un intérêt croissant pour l’écologie musicale – au sens littéral et métaphorique – et pour l’avancement de la forme artistique de la musique classique. Inspirée par la recherche de Béla Bartók sur les traditions orales et l’ethnomusicologie, je suis fasciné par la manière dont la musique peut refléter son environnement et interagir avec lui. Ces recherches de Bartók sur les mélodies folkloriques et paysannes d’Europe de l’Est, de Turquie et d’Afrique du Nord nous offrent aujourd’hui un modèle de la manière dont la musique peut être à la fois enracinée dans la tradition tout en offrant de nouvelles possibilités pour l’avenir. De la même manière que l’agriculture écologique fonctionne en relation avec le système vivant de la vie, je vois la collaboration et le leadership musical et artistique comme un système vivant – qui prospère grâce à la diversité, à l’attention et à la régénération.
Grâce aux Concerts de Saint-Grégoire, j’espère cultiver une communauté artistique internationale et une culture où ces valeurs convergent : où les spectacles de classe mondiale se développent en harmonie avec le contexte local ; où l’échange interculturel n’est pas seulement un geste, mais un processus ; et où l’écologie de la musique – en tant que force culturelle, émotionnelle et communautaire – est nourrie au fil du temps.
PAN M 360 : Quels sont vos plans d’avenir?
Emmanuel Vukovich: Mes projets d’avenir sont ancrés dans un engagement à long terme visant à contribuer de manière significative à la poursuite et à l’évolution de la musique classique, non seulement en tant qu’interprète ou curateur, mais aussi en tant que personne profondément engagée dans le façonnement des écosystèmes culturels qui la soutiennent.
Je crois que la musique classique a une pertinence durable, mais sa survie et sa vitalité dépendent de notre capacité à honorer ses traditions tout en élargissant et en définissant continuellement sa pertinence. Mon objectif est de créer des expériences artistiques qui sont à la fois enracinées dans les héritages du passé et ouvertes aux réalités et aux urgences du présent. Il s’agit notamment de repenser comment et où la musique classique est partagée, à qui elle s’adresse et comment elle pourrait évoluer en dialogue avec d’autres traditions musicales et artistiques, d’autres cultures, d’autres disciplines et d’autres modes de vie.
Pour l’avenir, j’ai l’intention de faire des Concerts de Saint-Grégoire un laboratoire vivant pour l’innovation artistique – un lieu où les interprètes, les compositeurs et le public s’engagent dans la musique classique en étant immergés dans la nature, façonnés par la communauté et à l’écoute des rythmes de la terre. Cette vision va au-delà de la salle de concert. Je suis particulièrement inspirée par l’idée que la musique est une forme d’écoute écologique, un moyen d’approfondir notre conscience non seulement du son, mais aussi de notre place dans le monde.
En ce sens, mon futur travail continuera à explorer la manière dont la musique peut refléter les liens entre la vie humaine, le monde naturel et le cosmos. Je m’intéresse aux projets qui intègrent la conscience environnementale, l’intuition scientifique et la recherche spirituelle – chacun informant la manière dont nous composons, interprétons et vivons la musique. Qu’il s’agisse de collaborations interdisciplinaires, de nouvelles commandes ou de performances spécifiques à un site, je vois cela comme une voie vers une forme d’art qui n’est pas seulement préservée, mais continuellement renouvelée.
En fin de compte, mon objectif est de participer à un avenir où la musique classique reste une force vitale – vivante, évolutive et en profonde résonance avec la beauté et la sagesse de l’imagination humaine et du monde naturel qui la soutient.
PAN M 360: : Quelle est l’équipe qui travaille avec vous à la réalisation de ce projet ?
Ferme Cadet Roussel Le Projet Parcival
Latitude 45 Arts
Ensembl’Arts
La Ruche
Donna Williams Noémie Raymond
Boulangerie Carlota
Restaurant Candide
Montreal Museum of Fine Art Consulate du Mexique à Montréal
PAN M 360 : Comment réussissez-vous à financer une saison de concert ?
Emmanuel Vukovich: Bien que notre objectif à long terme soit de construire un modèle de financement inspiré de l’approche coopérative de l’agriculture écologique pratiquée à la Ferme Cadet Roussel, notre première saison est actuellement financée par une structure plus traditionnelle. Cela comprend un mélange de financement public des arts, de dons privés et de subventions de projet ciblées qui soutiennent les honoraires des artistes, les coûts de production et l’infrastructure essentielle.
La pierre angulaire du financement de cette année est notre campagne de financement participatif sur La Ruche, soutenue par une subvention de contrepartie du programme Horizons d’ici du ministère du Tourisme du Québec. Chaque dollar versé par le public est jumelé, mais seulement si nous atteignons notre objectif de 61 876 $ d’ici le 15 juin 2025. Cette campagne n’est pas seulement un outil financier ; elle reflète l’esprit de responsabilité partagée et de participation populaire qui, nous l’espérons, définit l’avenir du festival.
À terme, nous envisageons un modèle qui reflète le système d’agriculture soutenue par la communauté (ASC) utilisé par la Ferme Cadet Roussel, où les membres s’engagent à soutenir toute la saison de croissance et, en retour, sont nourris tout au long de l’année. De la même manière, nous visons à développer un écosystème culturel durable soutenu par une communauté d’auditeurs, de partenaires et de créateurs. Mais pour y parvenir, nous devons d’abord poser les fondations.
Pour l’instant, atteindre notre objectif de crowdfunding est essentiel pour rendre possible cette saison inaugurale. Il s’agit d’une invitation à devenir co-créateur du projet dès le début, en nous aidant à semer les graines d’un festival enraciné dans les rythmes de la terre, le pouvoir de la musique et la force de l’engagement collectif.
PAN M 360 : Quel est votre objectif de socio-financement avec La Ruche ? Emmanuel Vukovich: La campagne de crowdfunding entre le 15 mai et le 15 juin 2025, organisée par la plateforme de crowdfunding québécoise La Ruche avec une subvention de contrepartie du Ministère du Tourisme du Québec – Fonds Horizons d’ici. Un minimum de 61 876 $ doit être recueilli avant le 15 juin pour que les fonds de contrepartie soient accordés.Nous invitons tous ceux qui souhaitent soutenir le projet à faire un don et à acheter des billets pour notre festival avant le 15 juin !
À quelques heures de leur ultime performance dans le cadre de la finale de l’édition Voix 2025 du Concours musical international de Montréal, Alexandre Villemaire a pu s’entretenir pour PAN M 360 avec les cinq jeunes finalistes au sortir de leur générale avec l’Orchestre symphonique de Montréal, l’orchestre officiel du CMIM. Une occasion pour parler de leur état d’esprit et de leur programme.
PAN M 360 : Quel est votre état d’esprit actuellement, à quelques heures de votre épreuve finale ?
Yewon Han : Je rêvais de cette scène depuis très longtemps. Ainsi, pour moi, la préparation du concours de ce soir est tout à fait significative et je me sens très honorée d’être ici. Maintenant que je viens de terminer ma générale, je suis très heureuse et j’ai envie de profiter de la compétition d’aujourd’hui.
Julia Muzychenko-Greenhalgh : Honnêtement, j’aimerais vraiment manger quelque chose comme un très bon steak pour me donner des forces! (Rires) Et beaucoup de café, parce que dès le matin, nous avons eu les répétitions, et notre emploi du temps était assez serré avec à chaque jour des répétitions, des concerts. Et maintenant, j’ai l’impression que c’est un grand soulagement. Parce que sur scène, on n’a pas l’impression d’être en compétition. C’est comme un concert, donc pour être honnête, je ne me sens pas du tout nerveuse. Je voulais juste être sur scène, pour partager mes émotions. Donc, je me sens très confiante pour ce soir et j’ai hâte de chanter mon programme.
Theodore Platt : Il s’agit de se concentrer et de se détendre. Je pense que j’essaie de ne pas me mettre trop de pression parce que cela ne fait que créer de la négativité, alors évidemment je sais que c’est, je comprends l’importance et l’énormité de l’occasion, mais je pense que le plus important est que je profite de ce soir et que je me souvienne que la répétition générale de ce matin était très tôt, sans public, sans adrénaline. Il faut donc faire confiance au processus et reconnaître que les choses qui sont à 100 % ce matin ne seront pas nécessairement les mêmes que ce soir.
Fleuranne Brockway : C’est un tel plaisir chaque fois que je chante avec l’OSM. Leur incroyable talent artistique m’inspire. Même si, bien sûr, j’ai hâte à ce soir, pendant la répétition, on se perd un peu dans la musique et dans le processus. Je veux juste apporter cela avec moi ce soir cette énergie pour faire de la musique magnifique.
Junho Hwang : Mon état d’esprit est de croire en moi. C’est une compétition très importante et je ressens beaucoup de pression. J’essaie simplement de profiter de cette étape.
PAN M 360 : Parlez-nous des trois airs que vous allez interpréter et pourquoi les avez-vous choisis?
Yewon Han : Dans mes trois airs, les atmosphères sont très différentes. Pour mon premier air, je chanterai « Chacun le sait » de La Fille du régiment. Le personnage s’appelle Marie. C’est un personnage très enfantin. Dans cet air, elle chante pour remonter le moral des soldats. Ce sera un chant très actif et énergique.
Le deuxième est Una voce poco fa tiré d‘Il barbiere di Siviglia. Le personnage de Rosina est une femme charmante et forte. Dans cet air, Rosina écrit à son amant parce qu’elle souhaite mieux le connaître. Le dernier air est « Ah non credea mirarti » de La sonnambula. Cet aria est chanté par Amina alors qu’elle est en état de somnambulisme et qu’elle revit le chagrin causé par le départ de son amant. Elle se réveille alors, reconnaît qu’il est de retour et exprime sa joie dans la cabaletta « Ah ! non giunge ». Il s’agit d’un aria très dramatique et énergique, mon préféré de ce programme.
Julia Muzychenko-Greenhalgh : Pour ma finale, j’ai vraiment choisi, je dirais, trois de mes airs préférés et trois de mes personnages préférés. Ils sont très différents, mais aussi très similaires. Le premier, c’est Violetta de La Traviata de Verdi. J’aime et j’admire vraiment ce personnage que j’ai eu la chance de jouer dans 13 productions à travers le monde, en Colombie, en France et en Suisse. Ce n’est jamais ennuyeux de la chanter à nouveau parce qu’à chaque fois que je la chante, je m’ouvre à quelque chose de nouveau, tant au niveau du personnage qu’au niveau musical. Donc pour moi, c’est toujours quelque chose d’intéressant parce que je suis sûr que ce soir je vais la découvrir à nouveau ici et apporter des couleurs intéressantes sur scène.
La deuxième est Marfa, tirée de La fiancée du tsar de Rimski-Korsakov. C’était un aria que je rêvais d’interpréter sur scène avec un orchestre. Dans cette partie, elle est devenue folle et insensée parce qu’elle a été empoisonnée. Mais, alors qu’elle meurt, dans son illusion, elle chante la façon dont elle voit sa patrie alors qu’elle est déjà dans un monde différent. J’adore cette musique, si touchante. Le troisième air est celui de Manon de l’opéra de Jules Massenet. Même si c’est un air positif, lorsqu’elle dit que nous célébrerons notre beauté et notre jeunesse, elle doute encore. Pour moi, il est toujours intéressant de découvrir le point de vue de chaque personnage. On ne peut pas être seulement un personnage bon ou mauvais. Dans le bonheur, il y a aussi la tristesse. Même la deuxième fois qu’elle chante « Profitons bien de la jeunesse », il y a déjà beaucoup de doutes dans son propos.
C’est comme si l’on se disait : « Est-il vrai que notre jeune vie doit être toujours positive ? Peut-être devrions-nous aussi ressentir des émotions profondes comme la joie ou la tristesse ? » Je trouve ces deux niveaux d’émotions très intéressants.
Theodore Platt : Mon programme est conçu avant tout pour essayer de créer quelque chose de bien équilibré, tant au niveau linguistique qu’au niveau de l’atmosphère des trois pièces respectives, que le public prendra plaisir à écouter en tant que mini-programme à part entière. Nous commençons donc par « O vin, dissipe la tristesse », extrait de Hamlet d’Ambroise Thomas.
C’est formidable de chanter en français devant ce public, mais je pense aussi que l’orchestre, en quelque sorte, introduit mes trois morceaux avec une sorte en fanfare. Il y a une pompe, et il y a aussi un caractère intrigant à Hamlet et son obsession pour l’alcool, en l’occurrence le vin, qui apaise un peu la douleur. C’est donc un mélange intrigant entre cette sorte d’humeur apparemment joyeuse et exaltée dans l’orchestre, qui, au fond, est en fait un appel à l’aide désespérée.
Nous passons ensuite à « Ich atmet’ einen linden Duft », extrait des Rückert-Lieder de Mahler. Je ne veux pas que ce morceau soit une sorte de paix moyenne jetée aux oubliettes, je voulais qu’il soit vraiment à sa place. C’est une façon pour moi de me remettre à zéro avant ce qui va suivre, car ce sera une pièce finale assez exigeante, mais c’est aussi, un petit bijou.
C’est une œuvre très complexe, où tout est magnifiquement formé et qui oblige le public à s’asseoir et à écouter, ce qui, à mon avis, n’est pas une mauvaise chose. Cela me donne également l’occasion de chanter une fois de plus en allemand, ce que j’adore, et de me diversifier par rapport à l’opéra. Il s’agit d’une réalisation orchestrale de l’un des cycles de chansons les plus importants et les plus appréciés de Mahler. Enfin, nous avons un extrait de l’opéra Pique-Dame de Tchaïkovski, avec l’air de Yeletski, « Ja vas lyublyu ».
J’adore chanter en russe. Je ne le parle plus, je le faisais quand j’étais enfant, car ma mère est russe et a vécu la plus grande partie de sa vie au Royaume-Uni. Mais, je me sens toujours liée à cette langue, quelque part en moi. Tchaïkovski est l’un de mes compositeurs préférés, et dans les bons jours, j’adore le lyrisme de cette pièce chantée avec cet orchestre et l’émotion qu’il permet au chanteur d’exprimer. Je pense qu’il y a là un programme très complet qui peut montrer différentes facettes de l’artiste que je suis, et j’espère que cela se verra.
Fleuranne Brockway : Mes trois morceaux sont « Près des remparts » de Séville de Carmen de Bizet, suivi de « Werther… qui m’aurait dit la place » – la scène des lettres, de Massenet, et après l’aria de Roméo de I Capuletti e Montecchi, qui est une énorme scène avec l’aria et la cabaletta. J’ai choisi ces pièces parce que je pense qu’elles racontent des histoires très différentes. Je dois admettre qu’une grande partie du répertoire que j’ai choisi pour la demi-finale et la finale l’a été parce qu’il s’agit de morceaux que je rêvais de chanter avec un orchestre. C’est égoïste comme ça! (Rires)
J’adore la musique de Carmen, elle me parle vraiment et c’est court et dynamique morceau présenté au début pour me mettre dans l’ambiance et mettre tout le monde dans l’ambiance. Ensuite, dans Werther, il y a cette grande scène où le personnage de Charlotte réfléchit, la veille de Noël, au retour de Werther, qui est une personne très importante dans sa vie. Elle lit ces trois lettres et je trouve que l’émotion et les couleurs qui y sont attachées, qu’elle transmet, sont si puissantes et émouvantes et qu’elles parlent d’une grande partie de l’expérience humaine. Je trouve cela profondément touchant.
J’adore ces vagues orchestrales qui me submergent dans cette belle musique et cette magnifique narration. Pour terminer, j’ai ajouté la scène de Roméo, en commençant par le récitatif, puis nous passons au cantabile. Encore une fois, cette scène montre trois facettes d’une personne, très différentes et beaucoup plus agressives et passives, ce qui, je pense, constitue un beau contraste entre les personnages. Dans cette scène, Roméo se présente devant la cour de ses ennemis. Il n’est pas bien reçu, il les supplie alors du fond du cœur, même si un de leurs fils est mort qu’il peut être remplacé. Sans le savoir, il parle en son nom propre à travers le mariage qu’il veut faire avec leur fille. Lorsqu’il est rejeté, il devient carrément furieux. Je pense que c’est un beau contraste avec la fin de Werther, où elle absorbe et intériorise tout, alors que Roméo est prêt à partir en guerre ! Donc, trois personnages très différents avec des façons de traiter l’existence humaine.
Junho Hwang : En tant que chanteur, ce qui me semble le plus important, c’est l’émotion. Et parmi elles, l’amour est la plus importante. Je m’identifie également à ce sentiment et je veux montrer au public une variété d’expressions de l’amour.
La première est tirée de La bohème « Che gelida manina ». Dans cet air, Rodolfo chante pour Mimi. Il lui dit : » Je suis un poète terrible, mais après t’avoir rencontrée, je suis devenu un grand poète. Le deuxième morceau, de Rachmaninov, parle de l’amour dans sa forme la plus simple.
Enfin, l’opéra Les Contes d’Hoffmann « Il était une fois à la cour d’Eisenach » exprime la folie amoureuse à travers trois histoires différentes. C’est une forme d’expression très différente et je veux montrer cette variété d’expression de l’amour.
PAN M 360 : Que souhaitez-vous exprimer et transmettre au public par votre interprétation?
Yewon Han : Je pense que pour la première et la deuxième pièce, je veux qu’ils apprécient l’ambiance et qu’ils entendent un son très léger. Et quand je chante « Ah non credea mirarti », je veux être capable de transmettre la tristesse d’Amina, avec toutes les notes très aiguës et les décorations dynamiques que cela exige.
Julia Muzychenko-Greenhalgh : J’aimerais montrer au public de ce soir la diversité du monde musical pour la voix de soprano lyrique. Ces trois personnages sont très différents et la musique est également très différente, de la musique française à la musique italienne et russe. J’aimerais montrer à quel point la musique peut être variée.
Theodore Platt : J’ai toujours dit que je me sentais d’abord et avant tout, non pas comme un chanteur, mais comme un musicien. Le mot « artiste » est souvent utilisé, parfois de manière un peu prétentieuse, mais je pense qu’il s’agit d’art et celui-ci ne consiste pas seulement à faire de jolis bruits. Il s’agit d’essayer de transmettre quelque chose, d’essayer de faire passer quelque chose, et surtout, d’essayer d’aimer ce que je fais. Ce ne sera pas intéressant pour les autres non plus. Donc oui, je pense que c’est toujours le point de départ pour moi. Je ne pense pas qu’il soit intéressant de faire une liste de magasinage pour chanter tous les grands succès tout le temps. Bien sûr, ils ont leur place, mais je pense qu’il faut toujours trouver un équilibre avec ces choses-là.
Fleuranne Brockway : J’espère que tout le monde pourra y trouver son compte. J’espère connecter avec le public. Dans tout ce que je fais. Je m’efforce évidemment d’atteindre la perfection, même si ce n’est pas possible. Lorsque je raconte des histoires et que je fais de la musique, je cherche avant tout à ressentir et à transmettre des émotions franches par le biais du texte et de la musique. J’essaie de donner un peu de moi-même à chaque représentation. Et même si je vais beaucoup m’amuser ce soir, j’espère que le public trouvera quelque chose qui le touchera, parce que j’ai vraiment l’impression que c’est là le pouvoir de cette forme d’art sans amplification, juste la beauté de la voix humaine et l’orchestre luxuriant que dirige Patrick Summer.
Junho Hwang : J’espère que le public pourra ressentir le sentiment de l’amour que j’ai ressenti dans ma vie au fil de cette performance.
crédit photo : Tam Photography
Domesicle est un grand succès de notre vie nocturne, en voici un autre exemple prévu ce vendredi 6 juin à la Satosphère. Complètement immergé par des visuels à 360°, cet aligement extravagant de 5 heures est à ne pas manquer et se veut le coup d’envoi de la série Domesicle. Après quelques semaines froides, c’est la vague de chaleur que nous attendions tous ! Sans parler de Mutek qui est un pilier de la scène électronique montréalaise et impliqué dans l’affaire, cette soirée met aussi en vedette l’un des organisateurs d’événements les plus prolifiques de Vancouver: Normie Corp, qui s’est manifesté lors de la pandémie.
À l’instar d’autres promoteurs d’événements en ligne comme Club Quarantine qui ont su tirer le meilleur parti d’une situation difficile, Normie Corp attire un public qui ne peut s’empêcher de s’amuser. Pour avoir une idée de l’ampleur de l’événement, j’ai contacté fagofcolour et HNZ qui viennent tout juste d’atterrir à Montréal. Malgré le long vol, le duo derrière Normie Corp ce vendredi a généreusement répondu aux questions sur l’organisation d’événements, le maintien d’une ambiance et la gestion de la célébrité des médias sociaux.
PAN M 360 : Comment se sent-on à Montréal ?
HNZ : Nous étions à Montréal l’année dernière pour Mutek en tant que participants et nous avons été très inspirés par tous les artistes, les organisateurs et le festival lui-même. Le fait de revenir avec 30 degrés et un temps ensoleillé nous donne vraiment envie de découvrir cette ville vibrante encore une fois.
PAN M 360 : Lockdown semble si loin. Avez-vous déjà eu le sentiment, lorsque vous organisiez des événements en ligne, que cela vous mènerait aussi loin ?
fagofcolour : Pour être honnête, non. Parfois, j’ai l’impression de rêver. Par exemple, nous sommes allés à Montréal pour ce concert super cool et quelqu’un nous interviewe ?
HNZ: We couldn’t have gotten this far without the support of people along the way who have shared their skills and who have believed in our work from the beginning
PAN M 360 : Quelle est la raison pour laquelle vous avez créé Normie Corp ?
HNZ : Normie Corporation a été fondée en 2020, en pleine période de confinement d’une pandémie mondiale. Nous sommes nés parce que danser avec nos amis nous manquait. À l’aide d’outils facilement accessibles, nous avons organisé des fêtes en ligne et rassemblé la communauté en toute sécurité lorsque nous devions être séparés.
fagofcolour : Depuis notre création, nous sommes fiers de présenter les goûts et les talents d’artistes bispirituels, queer et/ou trans, noirs, autochtones et de couleur, hommes ou femmes. PAN M 360 : Entre la musique, les lumières, la mode, les thèmes et l’ambiance générale, qu’est-ce qui fait que les événements Normie Corp se distinguent ? fagofcolour: Depuis le début, Normie Corp a présenté des artistes de différents niveaux de compétence et de goût, et nous sommes incroyablement chanceux d’avoir obtenu un public qui peut danser sur n’importe quel genre que nous leur lançons. Tout le monde s’accorde à dire que c’est un endroit où les gens viennent pour être eux-mêmes et simplement danser !
HNZ : La communauté. Dans beaucoup de nos spectacles, les gens viennent soutenir leurs amis, dont beaucoup se produisent pour la première fois. PAN M 360 : Au-delà du simple nombre de supporters et de billets, comment votre fanbase influence-t-elle et façonne-t-elle les événements que vous organisez ? HNZ : Nous sommes toujours inspirés par l’énergie que nos participants apportent. Il peut s’agir de leurs jolies tenues, de leurs commentaires osés sur nos envois, ou du fait qu’ils nous taguent sur les artistes et les tendances à venir. Par exemple, nous avons remarqué un couple de lesbiennes en train de s’embrasser à l’avant de l’une de nos raves et nous nous sommes dit : « Pourquoi ne pas exploiter ce côté sexy et créer une rave saphique ? » C’est ainsi qu’est né We-Haul. PAN M 360 : Comment votre utilisation d’Instagram et des médias sociaux a-t-elle évolué au fil du temps ?
HNZ : D’une certaine manière, nous n’avons pas l’impression que notre stratégie a changé. Cependant, sur le papier, je suppose que techniquement nous avons posté plus de messages ? Il semble que les événements soient plus compétitifs et qu’il soit nécessaire d’affirmer sa présence et même de rappeler au public qu’il se passe quelque chose (encore et encore).
PAN M 360: Vous arrive-t-il de vous éloigner des médias sociaux ?
fagofcolour : Pour être honnête, non. Il est difficile de faire des pauses dans les médias sociaux, surtout si nous avons des spectacles à venir. En dehors de la « promotion de club » dans la vie réelle, les médias sociaux restent notre principal point de contact avec notre public.
HNZ : Je ne suis jamais sur les médias sociaux, je préfère aller à la pêche.
PAN M 360 : fagofcolor, tu as récemment reposté des éditions sauvages de baile funk sur SoundCloud. Est-ce un indice de ce que nous pourrions entendre vendredi?
fagofcolour : Wow, merci d’avoir consulté mon SoundCloud ! Je pense qu’aucun genre n’est interdit tant que le public danse.
PAN M 360 : HNZ, avec un tempo rapide et des échantillons de pitch-up, vos sets de DJ ont une énergie élevée qui donne un sentiment de folie. Je suis curieux de savoir quel type de musique vous écoutez au quotidien pour vous donner ce sentiment ?
HNZ : En tant que DJ mexicain, je suis toujours inspiré par la musique et la culture des clubs latins. Mais au quotidien, j’écoute Shakira et Nelly Furtado parce que j’ai leurs CD dans ma voiture. PAN M 360 : Pour fagofcolor et HNZ : une fois que la musique est en marche et que la fête est lancée, quel est votre objectif principal sur les platines ? fagofcolour : S’amuser et s’assurer que tout le monde s’amuse. HNZ: Se connecter avec le public et maintenir l’énergie.
PAN M 360 : A quoi ressemblerait votre discours de motivation pour quelqu’un qui procrastine l’achat de ses billets pour ce week-end ?
HNZ : Nous sommes en juin. Le soleil est là et Domesicle est de retour au SAT, un lieu emblématique de cette ville animée. 4 DJ, un groupe de musiciens et des visuels à 360° sont prêts à vous faire danser toute la soirée. Pourquoi repoussez-vous l’échéance ? Le temps qu’il fait ? L’énergie ? Ces excuses vous empêchent de vivre le moment de votre vie. Vous en avez besoin et vous l’avez mérité. Rendez-vous ce vendredi à la Satosphère !
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