L’été 2025 à Orford Musique s’annonce encore une fois riche en belles rencontres musicales. Marc-André Hamelin et Charles Richard-Hamelin, Alain Lefèvre, du tango, des piques-niques, pleins de jeunes artistes fascinants, un quatuor en pleine ascension internationale, les rendez-vous passionnants ne manquent pas. J’ai discuté de tout cela avec le directeur artistique d’Orford Musique, Wonny Song.

Cette interview consacrée à la programmation de la saison Orford Musique s’inscrit dans le cadre d’un partenariat de contenus PAN M 360 avec La Vitrine, soit le plus important site web consacré quotidiennement aux sorties culturelles à travers le Québec.

Pour accéder à Orford Musique via La Vitrine, c’est ici!

Publicité panam

 

Le percussionniste montréalais Ziya Tabassian organise, depuis maintenant 11 ans, une série de concerts tous les étés. Jusqu’ici, rien d’étonnant, surtout à Montréal. Mais les siens ont lieu dans son garage! Vous vous rendez au 5226 rue Clark, la porte est ouverte, vous entrez, vous traversez le corridor, la cuisine, la cour arrière et vous arrivez dans un garage aménagé en petite scène avec des chaises et des coussins. Voilà. Dix fois dans l’été, vous y rencontrerez, gratuitement (mais donation volontaire suggérée), des artistes de tous les horizons, de la musique persane au classique médiéval en passant par la Chine, le klezmer, la Mongolie ou l’empire mandingue. J’ai parlé de la programmation de l’édition 2025 avec Ziya Tabassian. 

DÉTAILS DE LA SÉRIE GARAGE CONCERTS 2025 ICI

Ce qu’on apprécie au plus jaut point du pianiste montréalais Matt Herskowitz, c’est sa passion et sa maîtrise équivalentes du jazz moderne et de la musique classique. Ce samedi, 16h, dans le contexte de la saison Orford Musique, il compte interpréter les études sélectionnées de Chopin op. 10 et op. 25, cette fois recomposées à travers des arrangements originaux où s’invite le jazz. Les influences musicales variées incluent le montuno cubain, le boogie-woogie, le tango, le gospel ou le ragtime. Ces réinterprétations/recompositions mènent les mélomanes à revisiter le romantisme de Chopin dans un contexte moderne et jazzy. Le meilleur des deux mondes, explique Matt Herskowitz à Alain Brunet dans cette interview vidéo.

INFOS ET BILLETS ICI

Samedi soir à la Sala Rossa, les Suoni Per Il Popolo accueillent Sanam, groupe inclassable mariant le post rock, le bruitisme, l’ambient, la musique classique arabe et plus encore. Sandy Chamoun (voix), Antonio Elhatt Moussa (basse et électroniques) , Farah Kaddour (bouzouk), Anthony Sayoun (guitares, électronique), Pascal Semerdjian (batterie), Marwan Tohme (guitares) se joindront sur scène à leur ami et collègue musicien Radwan Ghazi Moumneh (Jerusalem in my Heart), avant d’enregistrer de la nouvelle matière à l’Hotel2Tango où réside le label Constellation. La fameuse étiquette sera celle de Sanam pour un album à paraître en septembre prochain. Il est ici question de créer en temps réel sous les missiles israéliens, de poursuivre la démarche tout en résistant à cette épouvantable adversité. Voilà un entretien des plus instructifs pour nous, privilégiés de l’Occident.

Publicité panam

Ponteix, de son vrai nom Mario Lepage, a grandi dans le village francophone de St-Denis en Saskatchewan. Son album le canadien errant, paru en février, raconte son périple personnel de l’Ouest canadien à Montréal, où il vit désormais. Ne vous y trompez pas: Ponteix embrasse des sonorités très modernes, qui rappellent parfois Karkwa. Son dernier album a été co-réalisé par Louis- Jean Cormier. Ponteix sera en concert gratuit aux Francofolies jeudi 19 juin, à 18 heures sur la scène Loto-Quebec. Michel Labrecque s’est entretenu avec Mario Lepage pour PAN M 360.


Publicité panam

Inspiré par feu le peintre québécois Jacques Hurtubise (1939-2014), Hippie Hourrah a pondu beaucoup de musique depuis 2023: d’abord l’album Exposition individuelle, plus pop et fondé sur la forme chanson, et puis tout qui vient de nous être balancé en juin 2025: l’album instrumental Il y eut un rythme sous étiquette Simone Records dont les musiques contribuent à magnifier les six cycles de la vie créative de ce très grand artiste visuel contemporain. Ces tableaux audiovisuels sont projetés à la Satosphère dans une production immersive de 30 minutes pour dôme 360°. Voilà la fusion ces musiques de Hippie Hourrah et des concepts visuels de l’équipe créative de Normal Studio! Saisir le Chaos est présenté à la Satosphère de la SAT jusqu’au 19 juillet. Pour PAN M 360, Alain Brunet a absorbé toute cette matière et ensuite posé moult questions aux compositeurs du concept: le guitariste Gabriel Lambert et le percussionniste Miles Dupire-Gagnon, tous deux multi-instrumentistes de surcroît.

BILLETS ET INFOS ICI

Guérison est une œuvre de la saxophoniste, compositrice et improvisatrice Joane Hétu (paroles et musique) pour l’Ensemble SuperMusique (ESM) et la Chorale Joker. Cette création est construite en trois mouvements, l’artiste y aborde les thèmes de l’épreuve, de la douleur, de la résilience, la guérison étant l’heureuse conclusion.L’inspiration provient d’un fait bien réel: en avril 2021, la fille de Joane Hétu fut atteinte d’un cancer des seins dont elle dut subir l’ablation, le tout suivi de 18 mois de traitements intensifs avant de se trouver enfin en rémission. Cette épreuve dramatique, vécue par tant de femmes, est l’épicentre de l’œuvre, dont Joane Hétu croit la portée universelle.À quelques jours de sa création sur scène, soit les jeudi 18 et vendredi 19 juin à l’Espace Orange de l’Édifice Wilder,  Joane Hétu nous en apprend davantage sur la construction de l’œuvre et sa corrélation avec cette expérience familiale des plus douloureuses. Alain Brunet lui a posé les questions qui suivent.

PAN M 360: Y a-t-il à ajouter sur ce cycle très éprouvant de ta fille et de votre vie familiale?

Joane Hétu: L’écriture et la réalisation de cette pièce, tout en étant imprégnées par la réalité de cette expérience, étrangement, s’en détachent. Le projet a sa propre vie et devient une œuvre qui a sa propre indépendance.

PAN M 360 : À quel moment as-tu pensé en faire l’évocation musicale?

Joane Hétu: À vrai dire, depuis plus d’une dizaine d’années, je souhaitais réaliser un grand projet réunissant la Chorale Joker et l’Ensemble SuperMusique. Je rêvais d’un opéra. Mais je ne trouvais pas le sujet. Sans sujet, pas d’opéra, pas d’opéra sans sujet.

À partir du diagnostic de ma fille, j’ai commencé à tenir un « journal de bord » à caractère poétique, sans but. Comme ça, les mots venaient et m’apaisaient. Et au bout de six mois, j’ai réalisé que j’avais déjà rassemblé un bon corpus de textes et que je tenais mon sujet pour ce grand projet que je remettais d’année en année.

Pour donner vie à ces thèmes, Guérison offre une expérience sensorielle riche et immersive mêlant récit, musique, poésie et art visuel. La pièce s’ouvre sur l’angoisse des rêves brisés, puis évolue vers un clair-obscur où s’entremêlent acceptation et lutte. L’espoir, d’abord ténu, éclot progressivement jusqu’à la célébration des survivantes, une grande fête musicale clôture l’œuvre. Bien que ces sujets soient graves, la pièce est traversée par un souffle d’espoir. 

PAN M 360 : Comment peut-on associer des sons à cette trame dramatique? 

Joane Hétu: Je n’ai pas composé en associant des sons à la thématique en tant que telle. Avec le temps, l’idée de l’opéra s’est estompée et a été remplacée par la forme semblable à la Passion selon Saint-Matthieu, à savoir des récitatifs, des grandes chansons, des chorals, et des juxtaposition chansons/chorales. Comme j’avais beaucoup de texte, cette forme me convenait parfaitement. J’avais une histoire à raconter (les récitatifs) et j’avais des moments touchants à évoquer (les chansons /chorales). Donc, dans un premier temps, j’ai réécrit les textes et je les ai attribués aux différentes formes. Ça été une étape assez longue, plusieurs mois pour arriver à la cohérence du livret.

PAN M 360 : De quelle manière as-tu choisi les matériaux pour illustrer l’angoisse, l’acceptation, la lutte, la rédemption et la célébration de la victoire contre l’adversité ? 

Joane Hétu: Je ne suis pas certaine d’avoir consciemment décidé du caractère mélodique de chaque texte. Les mots étaient déjà assez puissants et la musique s’est imposée d’elle-même. C’est difficile à expliquer mais la musique a émergé de l’inconscient.

PAN M 360: : Dans un contexte tonal, les référents existent depuis les débuts de la musique écrite, mais dans un contexte contemporain, comment t’y es-tu prise? 

Joane Hétu: Au départ, je souhaitais travailler dans un contexte d’improvisation avec les participant·es en incluant la gestuelle de direction en musique improvisée que j’utilise, car l’ESM et la Chorale Joker partagent la connaissance de cette gestuelle. Toutefois, je n’ai pas reçu toutes les subventions nécessaires, en fait j’ai reçu très peu de subventions, et j’ai dû modifier mon projet. Travailler en improvisation, ça demande beaucoup de temps et je n’avais pas l’argent pour réaliser ce processus. J’ai donc composé toute la musique à l’avance. Ça sonne comme ma musique, c’est de la musique actuelle écrite.

PAN M 360 : Comment as-tu choisi l’instrumentation et les interprètes?

Joane Hétu: C’est un peu le hasard de la vie. Je suis partie à la base avec les membres de l’ESM et de la Chorale Joker. Toustes sont très occupé.e.s, car les cachets sont si faibles qu’il faut faire beaucoup de projets pour rejoindre les deux bouts. À cause du budget que j’avais, j’ai dû réduire les deux ensembles à 7 à 8 instrumentistes de ESM, (des cordes, des vents et des percussions) et à 8 participants·e.s pour la Chorale Joker. Je savais déjà que j’avais plusieurs chansons, donc j’ai cherché des chanteuses qui m’inspiraient, au total 5 chanteuses et 3 voix d’hommes pour assurer les basses. Ça été un éprouvant casse-tête pour établir les horaires. J’ai fait mes choix selon les disponibilités et en concordance avec mon plan de travail.

PAN M 360 : Quelle est la part de la structure (écriture, consignes, etc.) et la part de l’improvisation dans ce contexte? 

Joane Hétu: Au final, il n’y a presque pas d’improvisation. J’en suis étonnée moi-même. C’est un projet musical unique qui ne ressemble à rien que j’ai déjà composé. Je suis loin de ma zone de confort et en même temps, étonnamment, totalement en harmonie avec le projet. Et comme le projet devenait vraiment écrit, j’ai demandé à Jean Derome s’il voulait faire les arrangements de ces musiques. Et là encore, le projet a pris un tournant. C’est toujours ma musique mais arrangée par Jean Derome, donc il y a le savoir musical de Jean qui s’inscrit dans Guérison. C’est la première fois que Jean travaillait si intensément sur ma musique. 

PAN M 360 : Comment as-tu imaginé la part vocale de l’œuvre ?

Joane Hétu: Au début, ç’a été d’attribuer les chansons à chaque chanteuse. Et on a passé beaucoup de temps à bien structurer et maîtriser les chansons. Tranquillement, le rôle de la Chorale Joker a commencé à s’étoffer et on y ajoute encore des lignes. 

Une chose importante à mentionner, c’est que j’ai demandé à Camille Paré-Poirier d’assumer le rôle de narratrice du concert. Elle est une autrice-comédienne dans la trentaine et elle incarne ma fille.

PAN M 360 : De quelle manière le chant choral entre en relation avec la partie instrumentale de l’œuvre ? 

Joane Hétu: Au final, la Chorale Joker est bien présente. Il n’y a aucune pièce strictement instrumentale. 

PAN M 360 : Il est ici question de récit, musique, poésie et art visuel. ? De quelle manière la partie multidisciplinaire est-elle construite?  Qui a écrit le récit? Qui a conçu la partie visuelle? 

Joane Hétu: Comme j’ai dit plus tôt, le récit est écrit principalement par moi et j’ai emprunté quelques phrases et mots à d’autres écrivain·e.s. Finalement, le théâtre a été mis de côté, pas assez d’argent et de temps. C’est un concert de musique avec projection vidéo réalisé par Poli Wilhelm et Andrea Caladeron-Stephens. Un travail pictural colossal qui épouse la trame musicale. 

Pour ce qui est du récit, je tiens à dire que ce ne sont pas les mots de ma fille, c’est ma projection de ce qu’elle a ressenti. C’est un projet qui m’appartient et c’est ce qui rend ma fille à l’aise face à ce projet. Elle me soutient beaucoup dans ce projet, elle est mon totem et mon inspiration. Elle a été tellement puissante dans toute cette tourmente. J’espère vraiment lui rendre hommage.  

PAN M 360: Si j’ai bien compris, tu avais pour objectif de faire une œuvre plus ambitieuse que d’ordinaire. Pourquoi cette œuvre en particulier?  Serait-ce parce qu’elle évoque l’événement personnel le plus marquant de ton existence? Autres motivations? 

Joane Hétu: J’ai le sentiment que j’arrive dans la dernière phase de ma carrière et je souhaitais vraiment faire un grand projet avec la Chorale Joker et l’Ensemble SuperMusique. Ça s’imposait à moi. Effectivement, la thématique m’a tellement marquée qu’elle était toute désignée pour soutenir ce projet. La pièce dure environ 100 minutes. 

Et pour terminer, j’aimerais dire que la réalisation de ce projet n’a pas atténué ma peine. J’ai cru que ça pourrait m’aider, ça m’a aidé oui, mais la peine est encore là. Une création ne peut nous guérir de nos blessures, juste l’atténuer et surtout nous aider à affronter notre destin. J’ai beaucoup pleuré en composant Guérison, et il m’arrive encore parfois de pleurer un peu pendant les répétitions, d’avoir la larme à l’œil comme on dit. Je porte ce projet depuis 4 ans et de réaliser un projet qui colle autant à sa vie, c’est parfois lourd et c’est très exigeant. 

J’ai vraiment hâte de présenter ce concert. Je suis prête. Et me voilà!

INFOS ET BILLETS ICI

Programme

Guérison , 2024 (œuvre en trois mouvements : Elle est née – Point de bascule – Héroïne) 

 – création

Artistes – Michel F Côté s’est retiré du projet pour des raisons personnels, il y a quelques jours.

VERGIL SHARKYA’

(Voix)

DAVID CRONKITE 

(Voix)

SUSANNA HOOD 

(Voix)

KATHY KENNEDY 

(Voix)

ELIZABETH LIMA 

(Voix)

ALEXANDRA TEMPLIER 

(Voix)

FLAVIE DUFOUR 

(Voix)

GEORGES-NICOLAS TREMBLAY 

(Voix)

CAMILLE PARÉ-POIRIER 

(Narration)

JEAN DEROME 

(saxophone, flûtes, voix)

GUIDO DEL FABBRO 

(violon)

AUDRÉANNE FILION 

(violoncelle)

BERNARD FALAISE 

(guitare électrique)

BARAH HÉON-MORISSETTE 

(percussions)

MICHEL F CÔTÉ  REMPLACÉ PAR PRESTON PEEBE

(batterie, percussions)

STÉPHANE DIAMANTAKIOU 

(contrebasse)

PIERRE-YVES MARTEL 

(synthétiseur, harmonium)

JOANE HÉTU 

(saxophone alto, cheffe)

À quelques jours du concert-lancement de son album Dogue dans le cadre des Francos, nous avons pu nous entretenir avec Ariane Roy.  Avant la soirée du mercredi 18 au Club Soda, on y parle notamment de la pression d’être une artiste solo, d’une tournée en France et du plaisir à composer tout en faisant du yogourt. 

PAN M 360 : Dogue, c’est un album un peu plus sombre, synthétique, différent de medium plaisir. Était-ce une rupture consciente avec l’image un peu plus douce et chaleureuse que projette ton album précédent ?  

Ariane Roy : C’est une bonne question. Est-ce conscient ou pas? Je pense que oui, c’est conscient, j’avais envie d’aller ailleurs. Mais ce n’est pas parce que je renie le passé ou que je veux que les gens me perçoivent autrement. Je pense que quelque chose d’autre m’appelait et j’avais envie qu’on ne me colle pas nécessairement une étiquette dès mon premier album, qu’on ne m’associe pas exclusivement à quelque chose.

PAN M 360 : Dans les paroles de Dogue, on sent aussi une prise de position féministe, comme dans la chanson Tous mes hommages. Dénoncer certains comportements, ça rend plus vulnérable ou est-ce plus  libérateur ?
 

Ariane Roy : C’est vraiment plus libérateur pour moi. Ça laissait une place à la colère, à l’affirmation puis en même temps ça me permettait d’utiliser un ton moqueur, sarcastique. Je pense que ça fait un peu partie de moi: j’ai un humour noir, je suis quand même dans l’ironie, puis j’ai envie que ça se transpose dans ma musique. C’est comme si pour moi, la façon simple d’aborder des sujets plus crus, c’est utiliser  l’autodérision ou la moquerie et m’amuser avec ça. Je sais pas à quel point je me suis posée la question « ok, j’ai envie que ce soit féministe », ça venait naturellement avec la femme que je suis en général je pense. Je me positionne comme très féministe dans la vie. 

PAN M 360 : As-tu une chanson coup de cœur sur ton dernier album ? 

Ariane Roy : Tous mes hommages a été une de mes préférées pendant longtemps. J’aime beaucoup cette chanson-là parce que c’est une chanson que j’aurais vraiment aimé écouter comme public. Je trouve que c’est le fun quand tu arrives à ça, tu te dis « moi si ça sortait, je serais vraiment contente de l’écouter ». Ça correspond vraiment à ce que j’aime, il y a les ruptures de ton, j’aime la ligne de basse. Je trouve que ça vient chercher dans le ventre et je trouve ça entraînant, puis en même temps, je trouve ça tendu comme chanson. Je l’ai composée très rapidement cette toune-là, on dirait qu’elle m’est venue naturellement, alors que d’autres chansons ont été plus difficiles à écrire. Je trouvais aussi qu’elle était très différente de tout ce que j’avais fait avant. Je suis contente d’avoir sorti ça. 

PAN M 360 : Est-ce que t’as un processus de création bien établi ? 

Ariane Roy : Ben je te dirais que c ‘est sûr que des fois c’est plus facile, on le sent, faut comme que t’arrêtes tout. Mettons que t’es en train de faire la vaisselle, c’est quelque chose qui se passe, tu t’en vas pis t’écris. Je pense que quand t’es en création, faut être à l’écoute de ces moments-là, sauf que c’est important pour moi de show up to work chaque jour. C’est-à-dire que chaque jour, je m’assois à mon bureau, je teste des trucs, je vais sur Logic Pro. Il faut tout le temps que j’aie comme une phase exploratoire, même si j’ai pas nécessairement envie d’écrire ou de composer. Il y a une discipline que je dois m’imposer. J’ai besoin d’avoir l’impression qu’ il y a une structure dans mon travail pour sentir que ça sert à quelque chose, sinon j’ai beaucoup trop d’angoisse. Moi je suis facilement distraite, donc il faut que je mette les chances de mon bord. Je suis une bonne élève. 

PAN M 360 : Généralement la musique vient-elle avant les paroles ou plutôt le contraire ?

Ariane Roy : Pour cet album-là, ça a vraiment été la musique qui est venue avant, tandis que medium plaisir, c’était pas mal l’inverse. Moi je fais du yogourt quand je compose des chansons, je chante mes mélodies avec des mots semi-anglophones inventés juste pour me donner une piste, pis ça fait en sorte que ça me mène ailleurs. Après, quand j’écris des textes en français, j’essaie de trouver des phonèmes qui ressemblent à ça ou qui ont un peu le même groove sur la musique, ce qui n’est vraiment pas facile. Des fois ça m’a pris 6 mois à écrire un texte. Je ne regrette pas d’avoir fonctionné comme ça parce que je pense que je n’aurais pas composé cet album si j’avais fonctionné autrement. Mais c’est vrai que ça a été une tâche difficile par moment, mais je pense que c’est instinctif pour moi de fonctionner comme ça.

PAN M 360 : En parlant du côté musicalité, tu as travaillé avec Félix Petit pour cet album. C’était comment de joindre vos deux univers musicaux?

Ariane Roy : Ça a vraiment été le fun parce que j’ai pris le temps de composer chez nous, essayer des trucs, trouver mon son, puis on dirait que quand la vision était un peu plus claire pour moi et que je savais où je m’en allais, ça s’est comme imposé. La personne avec qui je devais travailler, c’est Félix. Je suis très admirative de son travail et de ce qu’il a fait avec des artistes avant, puis je pense que Félix, c’est un gars  brillant mais qui a aussi une sensibilité d’arrangeur. On s’était déjà rencontrés, mais on ne s’était quasiment jamais parlé avant, puis on a tout de suite commencé à faire de la musique. Je suis arrivée avec mes trucs, pis il m’a vraiment donné confiance en ma vision. Il m’a appris à avoir confiance en mes capacités. Ce que j’ai apprécié aussi, c’est qu’il a pas essayé de me dénaturer. Il a un instinct vraiment impressionnant, Félix. Avec lui, c’est des premiers jets, des premières idées qui sont vraiment hot et audacieuses et artistiquement ça a vraiment, vraiment cliqué. 

PAN M 360 : Parlant de collaboration, la semaine passée, LaF a sorti une nouvelle version de leur chanson June avec un de tes couplets. Comment cette collaboration est-elle arrivée?

Ariane Roy : En fait, ce sont eux qui m’ont écrit pour que j’ajoute un verse justement. Leur idée c’était de ressortir June, mais d’une autre façon, on savait pas trop comment encore. Ils étaient comme « explore des affaires », un peu carte blanche, donc moi je leur ai fait un verse. J’ai fait ça chez nous, de mon côté et ils ont trouvé ça nice, donc on s’est rencontrés pour enregistrer ça ensemble. C’était vraiment le fun. Pour vrai, c ‘est vraiment une belle découverte LaF. C’est un groupe que je connaissais, mais pas tant que ça, genre je leur avais jamais vraiment parlé en vrai. Je trouve ces personnes full brillantes, pis full smattes. C’est vraiment le fun de collaborer et je l’aime beaucoup cette chanson-là, fait que je suis contente qu’ils aient pensé à moi pour ça.

PAN M 360 : Et si on parle de collaboration, ça serait quoi ta collaboration de rêve? 

Ariane Roy : Ma collaboration de rêve ça serait avec Saya Gray qui est une artiste torontoise que j’ai full écoutée dans les dernières années. Elle est vraiment inspirante pour moi. Ça arrivera sans doute jamais, vu qu’elle est rendue trop big, mais on sait jamais, je le lance dans l’univers pareil.

PAN M 360 : Tu lances Dogue à Montréal cette semaine dans le cadre des Francos. Comment se sent-on à quelques jours de donner un spectacle devant un Club Soda complet ? 

Ariane Roy : J’ai vraiment hâte de faire le show et je suis contente qu’on ait eu le temps de le faire plusieurs fois avant aussi. Je suis un peu stressée, mais je suis plus dans l’excitation pour l’instant, il n ‘y a pas encore trop de stress. Ça va me faire du bien je pense d’être en contact avec la foule de Montréal, ça va être le fun ! 

PAN M 360 : Est-ce que tu as un rituel d’avant show ? 

Ariane Roy : On a un bon rituel d’avant show. C’est un peu inspiré d’un rituel qu’on faisait avant le Roy, la Rose et le Lou[p]. On se met en cercle et on fait trois respirations. Après ça, un membre de notre band fait un discours motivateur comme si on allait faire une game de hockey, c’est vraiment un discours d’athlète. Après ça on a un call et c’est « Who let the dogs out » et là, le nombre de « ouh » qu’on fait, c’est le nombre de shows qu’on a déjà fait dans la tournée. Mettons que c’est notre huitième spectacle, on fait huit « ouh ». C’est ben compliqué, mais on fait ça avant tous les shows. 

PAN M 360 : Tu reviens de Paris, j’ai vu que tu as fait un spectacle à la Cigale et tu étais déjà allée faire une petite tournée en France dans le passé. C’est comment de faire des spectacles à l’étranger? 

Ariane Roy : C’est vraiment le fun ! C’est tout le temps un peu intimidant, parce que tu ne connais pas tant la réception des gens là-bas. Je veux dire, moi  j’arrive là en étrangère, en inconnue aussi, mais pour l’instant, la réception est vraiment bonne. Ça a vraiment bien été. Je trouve que c’est le fun d’avoir tout à prouver quand les gens ne me connaissent pas. Moi j’ai comme pas d’attente quand je vais en Europe et je pense que ça m’aide beaucoup à trouver mon plaisir et à trouver ça moins stressant, parce que ça peut être intimidant quand même. Non, j’aime vraiment ça !

PAN M 360 : Finalement, qu’est-ce que ta tournée avec Le Roy, la Rose et le Lou[p] t’a appris ? Es-tu nostalgique de partir en tournée avec une grosse gang ?
Ariane Roy : Honnêtement, je ne me sens pas tant nostalgique, parce que ma tournée en ce moment, je la fais avec l’éclairagiste de Le Roy, la Rose et le Lou[p], alors qu’avant j’avais pas d’éclairagiste, donc on est plus qu’avant. On est quand même huit à partir en tournée, c’est déjà beaucoup. Mais je te dirais que ce que ça m’a appris d’être avec Le Roy, la Rose et le Lou[p], c’est que c’était extraordinaire quand même. Partir en gang en tournée avec des amis, c’est quand même un rêve. Ça prouve que c’est important d’être bien entouré, ça fait une différence. Je te dirais que ça m’a aussi montré que j’ai besoin d’avoir du monde autour de moi quand je pars en tournée, parce que je trouve que ça peut quand même être un métier qui nous fait nous sentir seule à certains moments. Moi ça m’arrive souvent de me sentir seule, parce que c’est beaucoup de pression à porter sur mes épaules. Je pense que quand tu fais le choix d’être un artiste solo, c’est normal, ça fait ça. Veut veut pas, il y a  aussi des moments où on est en entrevue et on est plus seule, donc je les apprécie vraiment les moments où je suis avec mon band et que ça devient comme une famille. On porte ça ensemble quelque part et pour moi c’est très rassurant, donc ça m’a fait du bien d’avoir ça avec Le Roy, la Rose et le Lou[p]. Se confier et vivre ça ensemble, surtout qu’on partageait un show à trois, et non seule, ça change la donne.

Du 19 au 22 juin 2025, le festival Montréal Baroque investit le Vieux-Montréal (et un peu le Quartier des Spectacles) afin de plonger les mélomanes et les curieux dans des expériences mémorables. Musiques au lever du Soleil, jams baroques gratuits dans un café ouvert tard, les Quatre saisons ‘’autrement’’, harmonie musiques et bons vins féminins, grands concerts, concerts intimes, parades, costumes, danses, etc., tout cela et plus encore est au menu. J’en parle avec le sympathique co-Directeur artistique et général du festival, Vincent Lauzer.

DÉTAILS ET BILLETS POUR LE FESTIVAL MONTRÉAL BAROQUE

Que passerait-il si Mary Travers dit La Bolduc, auteure populaire du Québec de la Grande Dépression et Lionel Daunais, chanteur lyrique et compositeur se rencontraient? Que retiendraient-ils musicalement l’un de l’autre, quelles seraient leurs influences ? C’est sur la trame de cette rencontre fictive, mais pas nécessairement improbable, que se construit le spectacle Lionel et Mary, une production de la compagnie Rigoletta co-fondée par la pianiste Laurence Lambert-Chan et la mezzo-soprano Charlotte Gagnon à laquelle s’ajoute le baryton Pierre Rancourt. Incarnant respectivement les rôles de Mademoiselle Colombe, pianiste, de La Bolduc et de Lionel Daunais, ce trio de musiciens-comédiens propose dans un mélange d’humour, de rythme et de finesse un spectacle joyeux et entraînant, destiné autant aux jeunes comme aux moins jeunes avec ses turluttes et ses refrains pétillants !

Pour parler de cette production, mais aussi de l’importance de la médiation culturelle, Alexandre Villemaire s’es entretenu avec Pierre Rancourt.

Lionel et Mary

Charlotte Gagnon, mezzo-soprano (Mary Bolduc)
Pierre Rancourt
,   baryton (Lionel Daunais)

Laurence Lambert-Chan, piano (Mlle Colombe)


Mise en scène : Alain Gauthier

Scénographie : Olivia Pia Audet

Costumes : Leilah Dufour Forget

Direction technique et conception d’éclairages : Étienne Mongrain

Textes : Pascal Blanchet 

Arrangements : Amélie Fortin

Chorégraphie : Noëlle-Émilie Desbiens

Consultant en podorythmie : Marton Maderspach

Photographie : Martin Girard

Une idée originale de Rigoletta

Publicité panam

Les férus de rap québécois francophone respectent au plus haut point Connaisseur Ticaso, un des plus éloquents MCs du nord-est montréalais. Autrefois un authentique bad boy, il ne l’est plus pour des raisons pragmatiques, mais reste le même libre penseur de la rue. Représentatif de la mouvance afrodescendante des quartiers Saint-Michel, Pie-IX et Montréal Nord, Ticaso mène une deuxième vie artistique depuis le début de cette décennie et récolte les fruits de sa longévité en imposant le respect pour son éloquence et la singularité de son rap. Un rap qu’il ne définit pas comme keb mais plutôt comme « franco-américain » – ce qui n’a rien à voir avec ce terme qui définissait jadis les Québécois francophones émigrés aux USA à la fin du 19e siècle. À voir et écouter impérativement ce samedi 14 juin, 19h, sur la scène Spotify.

Publicité panam

Si vous êtes fan ou hyperfan de l’expression francophone en chanson, rock, soul, R&B, hip-hop, pop ou hyperpop, visionnez cette interview de Camille Guitton, une des trois gestionnaires à la programmation des Francos de Montréal aux côtés de Mathieu Rousseau et Maurin Auxémery. En amont des Francos, Alain Brunet lui a posé les question essentielles à un bon survol de cette programmation 2025.

VISIONNEZ L’INTERVIEW !

TOUTE LA PROGRAMMATION ICI

Publicité panam

Inscrivez-vous à l'infolettre