Nous essayons tous de donner un sens à ce monde qui devient de plus en plus tordu et confus. La viedevient presque une réaction plutôt qu’une planification, et les artistes écrivent des chansons à ce sujet depuis qu’ils savent marcher.

Une chanson de Ducks Ltd., en ce sens, semble généralement lumineuse et pleine de vie, avec un élan constant, comme si elle terminait ou surmontait une course ou un obstacle, mais les paroles parlent neuf fois sur dix des faiblesses des relations humaines ou de l’effondrement pur et simple de la société.

C’est probablement ce qui est le plus présent sur le dernier album de Ducks, Harm’s Way qui aura un spectacle de lancement de l’album ce samedi 10 février dans le cadre du Taverne Tour. Nous avons discuté avec McGreevy avant le concert pour en savoir davantage sur son processus artistique et sur Harm’s Way.

PAN M 360 : Une chanson de Ducks Ltd. est toujours accompagnée d’un élan. Particulièrement sur Harm’s Way. J’ai toujours envie de courir quand je l’écoute…

Tom McGreevy : Haha oui, merci. J’ai vraiment l’impression que nous avons toujours l’impulsion innée de rendre la chanson légèrement plus rapide. C’est toujours comme ça que ça se passe. Le processus d’édition des paroles est également assez long. J’ai tendance à écrire les paroles un peu plus lentement, mais lorsqu’il s’agit de les jouer avec Evan, nous les accélérons toujours de 5 bpm ou quelque chose comme ça dans la démo. Historiquement, je pense qu’il n’y a eu que deux ou trois cas où nous avons dû ralentir une chanson des Ducks.

PAN M 360 : Et même si cet album pousse un peu plus loin le son jangle pop des Ducks, j’ai l’impression que vous êtes l’un des seuls groupes où je peux prendre une chanson et la placer n’importe où dans votre répertoire et elle colle, presque comme si elles avaient été écrites au même moment ou au même endroit.

Tom McGreevy: C’est intéressant et j’ai déjà entendu cela. Mais la vérité, c’est que la plupart d’entre elles commencent dans ma chambre, puis nous les emmenons en studio. Pour cet album, certaines ont été écrites pendant que nous étions en tournée. Je pense que je trouve personnellement que lorsque je travaille dans mon domaine, qui est plus solitaire, il m’arrive souvent de travailler sur une chose pendant très longtemps. Cela peut durer huit ou neuf mois. Ça se présente sous forme de morceaux, qui finissent par s’assembler et se fondre comme je le souhaite. Parfois, il faut savoir s’éloigner et attendre la révélation. J’écris rarement une chanson en une seule fois. En général, je laisse le deuxième couplet en suspens pendant un certain temps.

PAN M 360 : En partant de là, j’ai l’impression que le processus de travail en studio doit être assez méthodique et pas très spontané ?

Tom McGreevy: Oui, nous sommes très méticuleux et il y a très peu de spontanéité. Notre approche est vraiment rigoureuse, mais de temps en temps, je suis coincé, mais je dois faire quelque chose en studio. Il s’agit alors d’une merde de dernière minute et nous devons faire avec ce que j’ai. Avant, c’était inquiétant, mais maintenant, je pense que nous sommes plus confiants. Bien sûr, il y a toujours une phrase que je déteste ou qui m’agace. C’est une lutte mortelle dont je ne fais que constater l’existence.

PAN M 360: La musique est très entraînante. Mais si vous lisez les paroles, elles sont plutôt sombres. Le monde se noie, c’est un peu cynique. Considérez-vous avoir une vision sombre du monde ?

Tom McGreevy: J’essaie de rester optimiste, mais je pense que la réalité y résiste (rires). Cela vient toujours du fait que j’essaie de traiter ces réalités difficiles. Je pense donc que c’est en partie pour cette raison qu’elle se manifeste de cette manière. En même temps, je pense que si je suis honnête, c’est un reflet assez précis de ma vision du monde la plupart du temps.

PAN M 360 : Il y a quelque chose à cela dans le genre jangle pop ; des paroles déprimantes et une musique enjouée….

Tom McGreevy: Je pense que c’est juste dans la musique pop, dans l’histoire plus large de la musique commerciale en tant que média. Pensez à quelqu’un comme Smokey Robinson avec « The Tracks of My Tears ». C’est une chanson à la sonorité plutôt claire. Je pense que cette juxtaposition est au cœur de l’attrait d’une grande partie de la musique. Et je pense que c’est parfois moins présent dans notre époque, mais je pense que c’est intéressant pour moi. Beaucoup de nos influences sont la musique de guitare du Royaume-Uni et de la Nouvelle-Zélande dans les années 1980, et c’est quelque chose dont j’étais conscient, mais je pense que ce n’est qu’un élément parmi d’autres dans le médium.

PAN M 360 : Vous avez vraiment pu tourner ces chansons, les tester sur la route en quelque sorte. Comment cela a-t-il influencé le processus d’enregistrement de Harm’s Way ?

Tom McGreevy: Je pense que cela nous a appris comment les chansons fonctionnent. Pas seulement en concert, mais à un niveau élémentaire. Historiquement, nous écrivions la chanson, nous écrivions les parties, et nous ne les jouions jamais jusqu’à ce que nous devions les apprendre pour le concert. Je pense que ce qui était différent avec cette chanson, c’est que nous l’avons beaucoup jouée et que nous en avons parlé tout au long du concert. Je pense que nous avons mieux compris comment fonctionne une chanson de Ducks et ce que fait une chanson de Ducks. Donc quand nous avons fait cet album, c’était beaucoup, presque plus facile à faire parce que nous savions de manière innée ce qui se passait et nous n’avions pas besoin d’y réfléchir autant. C’était beaucoup moins un carrefour dans le processus de composition. Nous nous sommes simplement dit : « Eh bien, il est évident que cela va se passer comme ça. »

PAN M 360 : Je voulais vous poser une question spécifique sur la chanson « Train Full of Gasoline. » C’est peut-être mon morceau préféré. C’est peut-être mon morceau préféré. Elle me rappelle beaucoup The Cure, mais aussi la métaphore de cet énorme train d’essence qui représente une relation volatile… une métaphore tellement géniale.

Tom McGreevy: Merci. Il s’agit en partie de la catastrophe ferroviaire de Lac-Mégantic et ce qui m’a frappé après avoir lu sur le sujet et appris sur le nettoyage de la communauté, c’est qu’il n’y a pas eu une seule erreur centrale qui a causé cette catastrophe. Il s’agit d’une série de petites défaillances qui se sont ajoutées les unes aux autres. Et j’ai trouvé que c’était une métaphore assez convaincante. La description de la plupart des folies humaines est celle de ces petites choses qui s’accumulent et qui ne sont pas observées ni prises en compte. Ce thème revient sans cesse dans la musique des Ducks.

Photo by: Colin Medley

Ducks Ltd. joue au Taverne Tour avec The Wesleys, et Dresser au Quai Des Brumes le 10 février

Soprano de renommée internationale, grande spécialiste du répertoire lyrique moderne, la Canadienne Barbara Hannigan est aussi maestra. Cheffe aujourd’hui respectée, cette chanteuse d’exception a mis au point une singulière direction d’orchestre qui n’exclut pas sa pratique artistique originelle, cette fois au service de Francis Poulenc et Richard Strauss. Plus précisément, elle chantera et dirigera La voix humaine, du compositeur Francis Poulenc et du librettiste (et auteur célèbre) Jean Cocteau. Auparavant, elle dirigera uneœuvre de 26 minutes du compositeur post-romantique Richard Strauss. Jointe à Paris en visio-conférence,Barbara Hannigan traite des enjeux complexes de sa double tâche envisagée avec l’OSM et des œuvres au programme des mercredi 21 et jeudi 22 février prochains.

ARTISTES

Orchestre symphonique de Montréal

Barbara Hannigan, cheffe et soprano 

Barbara Hannigan, Denis Gueguin, Clemens Malinowski, mise en scène et vidéo

Clemens Malinowski, caméras en direct

OEUVRES

R. Strauss, Métamorphoses, TrV 290 (26 min)

PoulencLa voix humaine, tragédie lyrique, FP 171 (40 min / Texte de Jean Cocteau)

Avec mise en scène et projections

Concert sans entracte

crédit photo: Marco Borggreve tirée de la page FB de Barbara Hannigan

Pour infos, c’est ICI

Depuis qu’il s’est fait connaître au sein de la formation art-noise Pussy Galore en 1984 jusqu’aux HITmakers en passant, entre autres, par Boss Hog, Heavy Trash (avec Matt Verta-Ray et les Sadies), quelques tours de pistes avec RL Burnside et surtout les fameux Blues Explosion, Jon Spencer a connu plusieurs incarnations sans jamais vraiment s’écarter de ce son de guitare unique et de cette façon typique de chanter et de s’imposer sur scène. Le blues, le garage, le punk, la soul et le noise assimilés, broyés et recrachés avec une classe à part et énormément de style. 

Aujourd’hui, un an à peine après son passage au Ritz avec les HITmakers, le toujours très charismatique Spencer vient présenter un nouveau projet sous son propre nom, en compagnie de deux jeunes musicien/nes qui veulent en découdre. Avec cette nouvelle entité, le new-yorkais revisite avec confiance une partie de son répertoire, se concentrant principalement sur sa prolifique période Blues Explosion, et quelques nouveaux titres en bonus. 

PAN M 360 est allé à sa rencontre, le jour de son anniversaire, juste avant cette mini tournée qui le mènera notamment à Québec, Ottawa et Montréal, dans le cadre de la septième édition du Taverne Tour.

PAN M 360 : Tu as connu plusieurs incarnations depuis Pussy Galore, parle-nous un peu de cette nouvelle entité. 

Jon Spencer : Les deux musiciens avec lesquels je joue actuellement, Spider Bowman et Kendall Wind, sont tous les deux excellents. Nous avons fait une très belle tournée en novembre et décembre dernier, donc je suis très confiant. Je pense que nous serons capables d’y arriver et de donner de bons concerts. Nous venons de passer les cinq derniers jours à travailler sur de nouveaux morceaux, que j’espère jouer lors de nos concerts au cours de la semaine prochaine. Et lorsque nous aurons terminé cette tournée, nous prévoyons d’entrer en studio.

PAN M 360 : Tu as donc fait appel à la section rythmique des Bobby Lees…

Jon Spencer : C’est exact. Je crois que la première fois que je les ai rencontrés, c’était alors qu’ils faisaient la première partie de Boss Hog à Hudson, dans l’État de New York, il y a peut-être quatre ou cinq ans. Ensuite, j’ai produit un album pour les Bobby Lees il y a quelques années (Skin Suit, 2023), et j’ai appris à mieux connaître Kendall et Spider, plus connu sous le nom de Macky. L’été dernier, on m’a proposé de faire la première partie de Samantha Fish et de Jesse Dayton. Samantha et Jesse ont enregistré un disque (Death Wish Blues, 2022) que j’ai produit. Je ne travaillais pas beaucoup pendant cette période ; les HITmakers étaient en quelque sorte sur la glace parce que Sam Coomes était très occupé avec Quasi. J’avais donc très envie de jouer et de travailler. C’est pourquoi j’ai accepté de faire la première partie de la tournée Death Wish Blues de Samantha et Jesse. J’ai alors réfléchi au type de groupe que j’allais mettre en place pour cette tournée. J’aime beaucoup Kendall, j’adore sa façon de jouer sur l’album Death Wish Blues. Car il faut savoir qu’une partie de mon travail de producteur consistait à monter un groupe pour les sessions de Death Wish et j’ai opté pour Kendall comme bassiste étant donné que j’avais déjà travaillé avec elle en studio lorsque j’avais produit les Bobby Lees. Kendall est une excellente musicienne, elle est aussi très rapide à comprendre. C’est une super bassiste. Je lui ai donc demandé si elle souhaitait jouer avec moi sur ces dates de tournée. Et il m’a semblé évident d’embarquer Macky, son partenaire batteur des Bobby Lees. Comme les Bobby Lees sont en hiatus, Macky et Kendall étaient prêts à relever le défi, et je suis très heureux qu’ils aient accepté de jouer avec moi. Pour l’instant, ce nouveau projet est sous mon propre nom. J’essaie de trouver un nom de groupe, parce que ce serait bien d’avoir un meilleur nom que juste le mien. Mais pour le moment, ce ne sont que des concerts de Jon Spencer. Nous sommes donc un power trio en quelque sorte. 

PAN M 360 : Si j’ai bien compris, tu as surtout revisité certaines de tes anciennes chansons dans le cadre de ce nouveau projet?

Jon Spencer : Avec ce nouveau groupe, je pense qu’il s’agit plutôt de revisiter certains de mes plus grands succès. L’objectif principal de ce nouveau projet est le Blues Explosion. La plupart des morceaux sont des chansons de Blues Explosion, mais nous jouons aussi des chansons de HITmakers et de Pussy Galore. Et puis c’est un vrai plaisir, une vraie joie, de jouer avec Kendall et Macky. Kendall a dû relever le défi intéressant d’interpréter les parties de guitare de Judah Bauer (guitariste de Blues Explosion) sur une basse électrique, et elle a vraiment fait un travail fantastique. Les choses se sont vraiment mises en place et nous essayons maintenant d’écrire de nouvelles chansons.

PAN M 360 : Comment as-tu sélectionné les chansons? Le choix a-t-il été difficile? 

Jon Spencer : Eh bien, tu sais, je pense que la plupart des chansons que j’ai choisies l’ont été parce que je voulais les jouer, je les ai choisies pour des raisons très égoïstes. Mais il y a des chansons que j’ai choisies parce que je me suis dit que c’était ce que les gens aimeraient entendre. Et il y a deux ou trois chansons que je voulais essayer, mais elles ne se sont pas bien traduites, donc nous ne les avons pas faites.

PAN M 360 : Avez-vous réarrangé les chansons ou avez-vous essayé de vous en tenir le plus possible aux versions originales?

Jon Spencer : Un peu des deux. Les choses ont été réarrangées. Les choses changent de toute façon avec l’ajout d’une basse électrique traditionnelle. Ce n’est ni le Blues Explosion, ni Pussy Galore, ni les HITmakers. Aucun de ces groupes n’avait de basse électrique.

PAN M 360 : Est-ce que ça t’a manqué de jouer ces vieilles chansons?

Jon Spencer : Peut-être que oui… Je n’en étais pas conscient. C’était un processus un peu étrange pour moi, tu sais, de réapprendre ce matériel, parce que je suppose que j’ai légèrement changé ma façon de jouer de la guitare et ma façon de chanter. Parfois, j’ai dû chercher des vidéos des concerts du Blues Explosion et essayer de comprendre comment les choses étaient jouées ; essayer de me souvenir de ce que je faisais à la guitare. En plus de cela, il faut aussi essayer d’enseigner les chansons à une bassiste qui essaie d’interpréter certaines parties de guitare électrique… Et aussi à un batteur, pour qu’il comprenne les détails de ce que Russell Simins faisait à la batterie. Et il ne s’agit pas seulement de ce que Russell jouait exactement, mais aussi d’une grande partie de son intensité. Russell est un batteur extrêmement intense. 

PAN M 360 : Il était donc hors de question de faire revenir Russell et Judah à bord?

Jon Spencer : Il y a des raisons très concrètes pour lesquelles le Blues Explosion ne joue plus. Non, ce n’est pas vraiment possible. Il y a des raisons pour lesquelles le groupe s’est arrêté. Nous sommes toujours amis, mais… ça ne pouvait malheureusement pas continuer.

PAN M 360 : Tu as parlé de nouvelles chansons que vous jouerez lors de cette tournée. Peux-tu m’en dire un peu plus sur ce nouveau matériel? 

Jon Spencer : Je suppose qu’il est plus proche du Blues Explosion que des HITmakers ou de Pussy Galore, mais j’espère qu’en fin de compte ces nouvelles compositions auront leur propre identité. Tu sais, je suis très enthousiaste quant à la façon dont ce matériel sonnera et évoluera sur scène. Jusqu’à présent, le son et le feeling sont très bons. Mais je pense que les chansons mûrissent et se développent vraiment lorsqu’elles sont jouées dans un club. J’attends donc avec impatience la série de concerts de cette semaine, qui me permettra de découvrir ces chansons. Mais j’aimerais penser que ce nouveau matériel utilise les forces de ce nouveau groupe, tu sais, spécifiquement les forces de Kendall et Macky, et que le nouveau matériel sur lequel nous travaillons est conçu pour ce trio. Je dois cependant faire une remarque, si tu me le permet. Avec le Blues Explosion, nous écrivions ensemble, nous nous réunissions tous les trois, moi, Judah et Russell, et nous faisions des jams, nous jouions simplement. C’est comme ça qu’on écrivait les chansons. C’était un travail de collaboration. Mais avec ce nouveau groupe, j’ai écrit des chansons, et c’est ce que je faisais aussi avec les HITmakers, j’écrivais des chansons tout seul. Cela peut changer, mais c’est comme ça que ça marche jusqu’à présent… Quoi qu’il en soit, nous ferons de notre mieux sur scène. Même si nous faisons un peu peur aux gens et que nous dérangeons le public de puristes du blues, tu sais les gens qui disent « ce n’est pas du blues, c’est juste du punk rock! », ce que je prends comme un compliment, il y a toujours eu des gens qui me disaient chaque soir « Holy shit! Où as-tu trouvé ces gens Cette bassiste est incroyable! Ce batteur est dingue! » Ce sont tous deux d’excellents musiciens et des stars nées. C’est tellement agréable de jouer avec eux. Alors oui, je pense que ce sera un bon concert!

Crédit photo : Whit Lane

John Spencer se produira dans le cadre du Taverne Tour avec Population II le 9 février à La Tulipe. BILLETS ET INFOS ICI!

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Le duo à 4 mains des pianistes Rosemarie Duval-Laplante et Jean-Michel Dubé a été constitué en 2017. Ce n’est pas la seule carte de ce tandem de jeunes diplômés du Conservatoire de musique de Québec, aussi un couple dans la vie, mais il semble que ce soit la carte qui les fera d’abord connaître. Leur complicité évidente, leur enthousiasme débordant au début de leur carrière sur scène et dans la vie, leur ouverture d’esprit et leur vision du répertoire pianistique sont autant de facteurs contagieux. Dans le contexte de cette interview audiovisuelle, ils nous invitent à partager des musiques modernes de la belle époque, avec des œuvres de Maurice Ravel, George Gershwin et Gabriel Fauré. Au cœur de la période impressionniste, aux sources harmoniques du jazz moderne.

À voir et écouter ce mercredi midi à la Salle Claude-Léveillée de la Place des Arts

PROGRAMME:

Maurice RAVEL, Ma mère l’oye, M.60 
George GERSHWIN, 3 préludes, IGG 25, arr. Gregory Stone 
I.  Allegro ben ritmato e deciso
II. Andante con moto e poco rubato
III. Agitato

George GERSHWIN, Rhapsodie in blue, IGG 15, arr. Gregory Stone 
Gabriel FAURÉ, Pavane, op.50, arr. A. Benfeld 
George GERSHWIN, Porgy and Bess, IGG 13, arr. Guy Campion
Summertime
I got rhythm

Réputé pour ses collaborations importantes avec Robert Plant, Tinariwen, Rachid Taha et Juldeh Camara, l’éminent guitariste anglais Justin Adams a pris le temps de nous parler de son dernier projet avec l’artiste folk italien Mauro Durante. Justin et Mauro jouent au Club Balattou le 9 février à 21h00

PAN M 360 : Salut Justin, merci d’être à l’écoute. Est-ce que je t’ai croisé à Londres ?

Justin Adams : En fait, je vis dans une ville à environ deux heures de Londres. Je suis londonien d’origine, mais je suis devenu un peu un homme de la campagne.

PAN M 360 : Je vois. Vous allez donc bientôt commencer votre tournée avec Mauro. Quel est exactement ce petit circuit que vous faites ?

Justin Adams : Vous savez, c’est vraiment nous qui plongeons nos orteils dans un océan. Nous tournons en Europe depuis quelques années. Et nous venons de faire deux concerts aux États-Unis, mais nous n’avons jamais joué au Canada auparavant, du moins pas avec ce duo. C’est très excitant. Et même si nous avons fait des choses avec des gens connus, nous ne sommes pas nécessairement nous-mêmes particulièrement connus. La question est donc : est-ce que quelqu’un va venir voir les spectacles ?

PAN M 360 : Quand j’ai vu que tu jouais, j’étais plutôt content. J’ai entendu parler de toi grâce au show TinyDesk x globalFest, et en tant que guitariste moi-même, j’aime beaucoup ce que tu fais. C’est très cool d’entendre les différents styles de guitare se réunir dans votre jeu. J’ai vu que vous aviez une formation diplomatique, et je peux voir comment cela a pu influencer votre musicalité dès votre plus jeune âge.

Justin Adams : Eh bien, c’est une très belle chose à dire. Je veux dire, je suppose que je suis une sorte de guitariste pour qui ce n’est pas vraiment une question de guitare. Je m’intéresse davantage à la vision globale de la musique et à la façon dont j’entends la musique en tant que fan de musique. Et je suppose que, vous savez, ma propre histoire particulière en matière d’écoute de musique a grandi avec mes parents aux États-Unis dans les années 60.

C’était l’époque des Beatles, mais aussi, vous savez, de Joan Baez et tout ça. C’était donc très réel. Et j’avais des frères et sœurs aînés et j’ai aussi ressenti cet énorme changement générationnel, et le rôle que la musique a joué dans tout cela. Ensuite, quand j’étais enfant, je me suis habitué à entendre de la musique arabe, et comme je ne parlais pas arabe, on s’habitue vraiment à écouter l’émotion de la musique et à vraiment écouter les rythmes et les couleurs du son. J’aime l’idée arabe de ce qu’ils appellent Tarab, l’enchantement que procure la musique, la catharsis. Et j’ai pu expérimenter ça à mon retour au Royaume-Uni, mais d’une manière totalement différente, maintenant c’était du punk. The Clash, the Pistol, Patti Smith, télévision. J’ai vu tous ces groupes, tu sais. Ce qui était agréable, c’était la connexion avec le Reggae. J’ai donc vu Bob Marley et Burning Spear and Culture et Black Uhuru. Nous allions au Carnaval de Londres et écoutions les sound system. Mon Dieu. Ouais. Juste incroyable.

Alors quand je regarde la guitare, je vois les liens entre l’Afrique, le monde arabe, vous savez, l’Inde, le Pakistan, en passant par l’Europe jusqu’aux États-Unis et au Canada. J’ai l’impression de pouvoir voir l’histoire de cet instrument au fur et à mesure qu’il voyage d’un endroit à l’autre.

PAN M 360 : Avec ce projet en particulier, vous aventurez-vous sur un nouveau terrain, en sortant de votre zone de confort ?

Justin Adams : D’une certaine manière, il y a toujours une continuité, vous savez, parce que vous essayez en quelque sorte de trouver votre voix et les choses qui vous intéressent. Et plus je regarde en arrière, je me dis, eh bien, c’est toujours la même chose, les mêmes vieilles choses qui m’intéressent. Et pourtant, c’est complètement nouveau. Je n’avais jamais joué en duo auparavant. Et quand nous avons commencé à travailler ensemble, nous n’en avions aucune idée, nous pensions que nous aurions peut-être besoin d’un bassiste, d’un batteur ou d’un chanteur. Nous avons commencé à jouer ensemble et nous avons commencé à réaliser qu’en réalité, c’était quelque chose de très différent quand il y avait seulement deux personnes qui jouaient ensemble.

Une personne se verrouille avec une autre. Il y a quelque chose de vraiment cool et spécial là-dedans. Donc quand nous faisons des disques, nous n’avons aucun élément supplémentaire, vous savez, c’est comme si nous jouions tous les deux. C’est donc une nouveauté. Et je suis vraiment intéressé par la quantité d’espace dont vous disposez et la puissance du son d’une guitare lorsque vous n’avez pas de basse, de clavier ou de batterie avec. La guitare est un instrument au son énorme, la guitare électrique, vous savez, surtout si vous descendez votre corde de mi grave en ré ou en do. Parfois, sur les enregistrements que je fais, je me dis, wow, est-ce qu’on a mis un moog là-dessus ? Juste la corde inférieure de ma Les Paul. Et c’est parce que tu n’as rien d’autre dedans. Il y a tellement d’espace. C’est nouveau. Et puis, je ne connaissais pas grand-chose à la musique traditionnelle du sud de l’Italie avant de démarrer ce projet.

Cela m’intéressait en raison de sa nature percussive et de l’idée que c’est une musique curative qui peut être utilisée pour la transe, et je me disais wow, ils ont ça en Europe ? Vous savez, je sais que je pourrais vous donner des exemples de percussions, de transe et de guérison au Brésil, à Cuba, mais pas tellement en Europe. Et je me suis dit ok, cool, voici une tradition du sud de l’Europe qui est clairement liée à l’Afrique du Nord.

PAN M 360 : Et comment avez-vous rencontré Mauro ?

Justin Adams : J’ai été invité à ce festival. Ils ont cette chose incroyable, la nuit de Taranta dans le sud de l’Italie. Son groupe a été à l’origine d’un énorme renouveau dans ce genre de musique folk, qui était en voie de disparition. Ce n’était pas une forme de musique professionnelle, c’était comme si la plupart des paysans la jouaient sur les places des villages, et ils étaient tous âgés de 90 ans et mourants. Et son père, qui était professeur, a commencé à vraiment enregistrer des choses et à faire des enregistrements de vieilles dames chantant des chansons. Ainsi, le père de Mauro était l’un de ces gauchistes des années 1970 qui disaient : non, non, c’est une tradition populaire précieuse, vous savez, une tradition orale. Il a donc commencé à faire des recherches. Et puis c’est devenu un truc très populaire. Donc tu as aimé la première fois que je suis allé là-bas, ils avaient un festival gratuit. Il y avait 100 000 personnes qui dansaient au rythme, vous savez. Les gens rebondissaient dessus, les jeunes, vous savez, ce qui est cool et ils aiment le mélanger avec plus de musique et ils le doublent en quelque sorte et ont des lignes de basse lourdes avec ou autre.

PAN M 360 : Je n’avais jamais entendu parler de Taranta non plus, ça a l’air vraiment fascinant.

Justin Adams : Eh bien, je pense que la légende veut que les femmes soient mordues par une araignée venimeuse et qu’elles en soient assommées. Et cette musique est ce qui vous guérit. Mais il n’y avait pas d’araignées venimeuses. C’est comme une métaphore des difficultés de la vie. La vie est l’araignée, mec. C’était comme si la vie était dure, vous savez, la vie était dure pour ces gens. Cette musique était donc un moyen pour la communauté de remonter le moral de tout le monde.

PAN M 360 : Alors, comment s’est déroulé le processus d’écriture de vos compositions ? Je suis curieux de savoir comment vous avez parcouru toutes ces différentes traditions et styles.

Justin Adams : Si vous voulez jouer de la musique qui a cette sensation de transe hypnotique, l’auditeur en joue un grand rôle. Ce n’est donc pas comme un morceau de musique composé qui existe en dehors de l’auditeur, car ce que vous faites, c’est que vous travaillez tous ensemble sur quelque chose. Cela ressemble un peu plus à la façon dont travaille un DJ, car par exemple, si vous sentez soudainement que le public est avec vous sur un certain groove, vous allez jouer ce groove un peu plus longtemps. Vous pourriez simplement leur en donner un peu plus, vous savez, et ainsi vous pourriez vraiment jouer avec l’unité. Un élément d’improvisation est donc vraiment essentiel.

Pour nous, une chanson serait probablement basée sur un groove, vous savez, un rythme et puis une tonalité ou un mode, vous savez, et puis de cette façon, elle peut changer. Je suis vraiment intéressé par la façon dont les rythmes se connectent, vous savez, où un rythme s’avère être lié à un autre rythme. C’est fascinant quand, si je peux jouer quelque chose qui ressemble à un riff répétitif du nord du Mississippi, mais qui se verrouille vraiment avec le Taranta. Et il y a une raison à cela parce que toutes ces choses sont toutes basées sur la tension entre trois et quatre, la syncope.

PAN M 360 : Je suppose qu’après 12 temps, tout s’arrange de toute façon. Merci beaucoup d’avoir pris le temps Justin, j’attends avec impatience le spectacle !

Alors que la durée des jours recommencent à peine à augmenter graduellement, le Taverne Tour revient du 8 au 10 février 2024 avec une nouvelle édition qui s’annonce haute en couleur pour célébrer la vie nocturne du Plateau Mont Royal. Pour illuminer le cœur de notre hiver et satisfaire les oreilles curieuses, le festival présente plus de 70 artistes locaux et internationaux, allant du rock, à l’électro, en passant par le hip-hop, le country, la folk, le punk ou le post-punk. En partenariat avec PAN M 360, l’artiste montréalaise Laurence-Anne se produira à L’Esco le 8 février, avant de s’envoler vers le Mexique pour une tournée de cinq dates à la fin du mois.

Prenant la forme d’un alliage dream/art/synthpop laissant déborder au passage des influences coldwave et expérimentales, son dernier album Oniromancie, sortie sur Bonsound à l’automne dernier,  retrace le cheminement d’une artiste qui a longuement contemplé les mirages de la nuit. Grande fan de David Lynch et des Cocteau Twins, sa musique crée des nappes sonores oniriques et généreuses afin de guider ses auditeurs à travers des passages étroits et ainsi protéger leur cœurs des apparitions qui les hantent. La nuit étant loin d’être toujours clémente, Laurence-Anne s’inspire aussi bien de la douceur de ses rêveries que du côté plus dense et obscur des frayeurs de ses cauchemars paralysants. Dans les profondeurs, la présence angoissante d’une entité fantasmagorique qui essayait de lui parler, s’est finalement avérée bienfaisante.

PAN M 360 s’est entretenu avec Laurence-Anne pour retracer son parcours artistique qui oscille constamment entre le réel et la fiction.

PAN M 360 : Je voudrais d’abord revenir sur les premiers pas de ton cheminement artistique. On connaît tes débuts en tant que finaliste des Francouvertes de 2017 ou à travers ton parcours en tant que choriste pour Klô Pelgag, aux côtés de N NAO et de Lysandre. Ton premier album Première Apparition a atterri en 2019 sur la longue liste du prix Polaris. Quand as-tu commencé à faire de la musique exactement?

Laurence-Anne : J’ai commencé à chanter quand j’étais enfant. J’ai fait mes premiers spectacles de chant aux primaires par passion, sans prendre de cours ou de formation. Durant mon secondaire, j’ai commencé à jouer de la guitare et à composer des chansons. L’affaire est devenue plus sérieuse à Montréal en rencontrant d’autres musiciens. De fil en aiguille, j’ai commencé à faire des arrangements avec mes chansons et à être accompagnée par un groupe. Mais la musique a finalement été toujours présente.

PAN M 360 : Quand as-tu déménagé à Montréal?

Laurence-Anne : Je suis arrivée en 2012. Après mon secondaire, je suis partie faire une année sabbatique au Mexique et je suis ensuite venue étudier au CÉGEP en sciences humaines à Montréal. C’était aussi pour moi l’occasion de rencontrer d’autres personnes qui jouaient de la musique. En déménageant sur le Plateau, j’ai commencé à me tenir au Quai des Brumes et à l’Esco, où j’ai pu rencontrer d’autres musiciens.

PAN M 360 : Tu joues d’ailleurs le 8 février prochain à l’Esco dans le cadre du Taverne Tour. J’imagine que pour toi, c’est comme un peu jouer à la maison


Laurence-Anne : Oui, ça fait longtemps que je n’ai pas joué à l’Esco. C’est un peu là où tout commence. J’ai fait un de mes premiers spectacles à l’ancien Esco, à l’époque où le bar était encore tout petit. J’ai hâte de jouer à la maison. Je vous réserve des surprises.

PAN M 360 : Tes albums Musivision et Oniromancie ont été composés loin de la ville, à la campagne, durant des escapades en chalet. Est ce important pour toi de sortir de la ville pour écrire de la musique?

Laurence-Anne : Oui, ça permet de créer une bulle créative. J’ai besoin de me déconnecter pour pouvoir me concentrer sur la création. Il y a trop de distractions dans la vie quotidienne. Durant l’année, il n’y a pas énormément de moments où je vais me sentir créative. Mais à partir du moment où je vais décider de m’isoler toute seule quelque part avec mes instruments, je peux perdre la notion du temps sans que rien ne puisse me faire sortir de cette bulle créatrice. C’est vraiment dans ces moments là que j’arrive à composer sans limite et à créer un album au complet en une semaine! 

PAN M 360 : Tu es originaire de Kamouraska, une petite municipalité de 700 habitants, située sur la rive sud du fleuve Saint-Laurent. Peux-tu nous parler de l’environnement dans lequel tu as grandi

Laurence-Anne : C’est un coin assez campagnard dans la région du Bas-Saint-Laurent basé sur l’agriculture. Il n’y a pas de grande ville aux alentours, j’ai grandi entouré de champs, à Saint-Pascal de Kamouraska plus précisément. C’est un coin rural qui est un peu plus dans les terres. De chez mes parents, on avait une vue sur le fleuve et sur la Côte-Nord.

PAN M 360 : Tu te considères comme une multi-instrumentiste autodidacte (guitare, percussion, basse, synthétiseur). Tu dis avoir trouvé plus de liberté avec le synthétiseur. Qu’est ce que tu as découvert avec le synthétiseur que tu ne trouvais pas avec les autres instruments?

Laurence-Anne : J’aime la panoplie de sons, de tons et de textures que tu peux aller chercher avec un synthétiseur. Il n’y a pas de limite finalement. Avec une guitare, tu peux ajouter des pédales d’effets bien sûr, mais ce travail là est plus facile à faire sur un synthétiseur. Quand tu n’as pas de connaissance musicale, c’est peut être plus facile de trouver des accords ou des sons qu’avec une guitare. Le monde des synthétiseurs m’a vraiment aidée à pousser ma créativité plus loin, je sens que je peux plus me laisser aller.

PAN M 360 : Ton processus artistique est basé sur l’écriture automatique. Peux-tu nous expliquer comment tu utilises cette technique un peu particulière

Laurence-Anne : Beaucoup d’artistes appellent ça leur “yogourt” (rire). Dans le sens où, lorsque tu composes une mélodie, il y a des mots qui apparaissent spontanément. Si tu laisses aller ces bribes d’idées en boucle, quelque chose peut commencer à surgir de soi-même. Quand j’écris une chanson, je ne pense pas à un sujet en particulier. C’est en créant ce “yogourt” que je peux comprendre ce dont j’ai envie de parler. Je laisse apparaître le sujet au lieu de le réfléchir.

PAN M 360 : Dans ton processus créatif, tu accordes beaucoup d’importance aux rêves, que tu considères comme une porte d’accès à ton subconscient, tes angoisses, tes désirs ou tes idéaux. L’oniromancie est d’ailleurs un art divinatoire qui consiste à noter ses rêves dans un carnet. Comment as tu commencé cette pratique? 

Laurence-Anne : Les rêves ont toujours été une source d’inspiration pour ma musique. Au départ, j’utilisais ces thématiques là de façon inconsciente. J’ai toujours eu tendance à créer une poésie tournée vers un imaginaire abstrait plutôt qu’une réalité tangible. J’ai toujours aimé cette liberté de créer des paysages qui n’existent pas ou de créer des images qui te sortent de la réalité. A travers mon travail, j’ai remarqué qu’il y avait des thèmes récurrents qui revenaient, comme la nuit, l’espace, le sentiment de quelque chose de plus grand que nous qu’on ne peut pas comprendre. Dans Oniromancie, je me suis beaucoup plus concentrée sur ce que les rêves m’apportaient. C’est un univers indéfinissable où les possibilités sont sans limite. J’aime puiser dans cette source infinie d’inspiration.

PAN M 360 : Au-delà de ton activité artistique, est ce que c’est quelque chose qui te sert dans ta vie privée?

Laurence-Anne : Oui, notamment lorsque j’ai des rêves récurrents. A force de revivre les mêmes situations, j’ai commencé à me poser des questions. Ça m’a amenée à réaliser certaines choses qui se reflétaient dans ma vie et à faire des changements. C’est comme une sorte de grande connexion que tu peux avoir avec toi-même, lorsque tu arrives à avoir cette ouverture d’esprit là. Ça se présente souvent comme des messages sur des choses que tu ne réalises pas. C’est juste devant toi, mais tu n’arrives pas à les assimiler. Avec les rêves, les choses deviennent soudainement plus claires. Je crois que c’est important de les écouter.

PAN M 360 : Tes vidéos permettent de mieux comprendre ton univers onirique. Elles sont absolument merveilleuses et soignées, on te retrouve toujours dans de beaux costumes, dans une ambiance cocoon, un peu comme si on entrait dans ta bulle. Tes pochettes d’albums sont également très soignées. La pochette de Musivision, créée par l’artiste montréalais Aeforia (Alexy Préfontaine), donne l’impression de tomber dans un labyrinthe sans fin. Celle d’Oniromancie, tirée d’une série de l’artiste bulgare Mia Novakova, me rappelle l’atmosphère onirique du film La Belle et le bête de Jean Cocteau. Est ce que c’est important pour toi de développer cet univers visuel là?

Laurence-Anne : Je pense que c’est important d’avoir des visuels qui aillent avec la musique pour la partager sur les réseaux ou sur Youtube. Quand tu fais de la musique dream-pop éthérée, je crois que c’est d’autant plus important. Ça donne une autre dimension à la musique pour permettre au public de s’absorber dans cet univers-là.

PAN M 360 : Dans ta chanson Indigo de l’album Musivision, tu dis qu’il s’agit de ta couleur préférée de l’arc en ciel. Pourquoi

Laurence-Anne : J’adore les palettes de couleurs mauves foncées! Je suis quelqu’un de très nocturne. La couleur indigo me fait penser à la couleur d’un ciel étoilé, quand tu te promènes loin dans la forêt et qu’il n’y a aucune pollution lumineuse. C’est pour moi la couleur de la nuit par excellence.

Laurence-Anne se produira le 8 février prochain à l’Esco dans le cadre du festival Taverne Tour avec Sun Entire.

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Deli Girls est né il y a une dizaine d’années au sein de la scène queer, contre-culture, de gauche et abolitionniste de New York, en pleine effervescence et en plein essor. Le groupe de rave punk bruyant et de hardcore numérique est aujourd’hui composé d’une équipe flexible et tournante de collaborateurs, tous sous l’aile artistique de son fondateur, Dan Orlowski. Faisant partie de la même scène que Dreamcrusher, Machine Girl, ou même Show Me The Body, la musique de Deli Girls est brute et puissante, donnant l’impression d’une bagarre de rue au milieu d’une rave, grâce aux cris et au travail vocal d’Orlowski qui font dresser les cheveux sur la tête. Les paroles vont droit au but, troquant le langage fleuri pour des bombes vocales directes sur le chagrin, la dépression, l’apathie, l’injustice et d’autres sujets sur lesquels il est légitime de crier. Nous avons parlé avec Orlowski des débuts modestes du groupe, de l’activisme et de la nécessité de rester en bonne santé pour pouvoir pousser des cris à couper le souffle, avant le concert des Deli Girls au Taverne Tour.

PAN M 360 : Quelle est la composition actuelle de Deli Girls? Tommi ne fait-elle plus partie du groupe? Est-ce que Hatechild est maintenant un membre essentiel des concerts?

Dan Orlowski : Deli Girls est désormais un conglomérat, une entité flexible. J’ai beaucoup joué et collaboré avec Dani Rev et Hatechild ces deux dernières années. Ils ont tous les deux été les membres principaux pendant cette période, mais je veux rester ouvert. Nous avons récemment joué avec John Bemis à la batterie à Pioneer Works. J’ai envie de faire plus de choses avec une batterie live. Peut-être de la guitare.

PAN M 360 : À l’origine, vous vouliez être peintre, n’est-ce pas? Comment êtes-vous tombé dans la musique?

Dan Orlowski : C’est une sorte de passage classique de l’école d’art au musicien. J’ai commencé à me désintéresser de la scène artistique – les galeries, les murs blancs, les putes de l’art… Le marché de l’art n’est en fait qu’une façade de blanchiment d’argent pour les gens riches, n’est-ce pas? On commence à réaliser que la plupart des gens du monde de l’art sont issus de la classe moyenne supérieure et de l’argent. Des valeurs bourgeoises. La musique est beaucoup plus démocratique lorsqu’elle peut l’être. Une foule. Le relâchement mutuel. L’immédiat, la sueur.

PAN M 360 : Le dernier album éponyme est une pure folie et un arcane queercore. Comment s’est déroulée la collaboration avec autant d’artistes talentueux?

Dan Orlowski : Honnêtement, c’était extrêmement libérateur et inspirant. C’était génial d’entrer dans un flux avec d’autres artistes et leurs processus, et de garder une sensation de fraîcheur à chaque morceau. Il y a beaucoup de possibilités. C’était difficile de tout coordonner moi-même. Nouvelles idées, nouvelles directions pour les idées. Diriger le projet représentait une grande responsabilité, mais cela en valait la peine d’un point de vue créatif. Ce projet m’a permis de m’affirmer et de me réaliser.

PAN M 360 : Et le fait de l’appeler Deli Girls est une sorte de déclaration en soi? Je sais que lorsque les groupes font cela, c’est pour dire :  » Voici notre meilleure et plus brillante concoction de chansons qui font de nous, nous « .

Dan Orlowski : Tu as peut-être compris quelque chose, haha. Je voulais que le titre de cet album ne soit pas une déclaration, tout en édifiant ce que le groupe EST aujourd’hui.

PAN M 360 : La première fois que j’ai entendu Deil Girls, c’était lors d’une manifestation transgenre que je couvrais en 2015 ou 2016 en Alberta. Je suis sûr que vous le savez, mais Deli Girls a été très important pour la communauté queer en termes d’autonomisation et de déclarations contre la rhétorique blessante… Comment vous sentez-vous? Les gens vous le disent-ils?

Dan Orlowski : J’ai la chance de pouvoir dire que les gens me le disent. Je suis très reconnaissant aux activistes qui m’ont intégré dans leur travail ou qui m’ont entouré… il n’y a vraiment aucun endroit où je préférerais être. L’une des meilleures choses que l’on m’ait jamais dites concerne ce groupe d’activistes londoniens appelé Pissed Off Trannies, qui a recueilli de la pisse trans et en a aspergé l’entrée du bâtiment de la santé publique, afin de protester contre la nécessité d’indiquer le sexe sur les cartes d’identité au Royaume-Uni pour pouvoir utiliser les toilettes publiques. Ils ont apparemment créé un risque biologique pour la santé publique et ont dû fermer tout le bâtiment avec les employés du gouvernement à l’intérieur… la police avait apparemment peur qu’on lui jette de la pisse dessus, hahaha. Ils ont utilisé une piste DG sur les images de documentation de cette manifestation, et ils ont été très agréables à fréquenter pendant le concert. C’était emblématique et très inspirant. Ce sont des choses comme ça qui font que le projet en vaut vraiment la peine. Les histoires de ce genre annulent tous les aspects de l’ascension sociale et de la vie d’un musicien.

PAN M 360 : Vos cris sont tellement puissants qu’on a l’impression qu’ils font mal. Avez-vous suivi une formation vocale ou devez-vous échauffer votre voix avant un concert?

Dan Orlowski : Pas d’échauffement ni d’entraînement, si ce n’est d’essayer de développer l’endurance du cri, de rester toujours actif comme un muscle. Je le fais depuis très longtemps. Je fais constamment beaucoup de petites choses pour prendre soin de mon corps et m’assurer que ma gorge est optimale (pas de produits laitiers, de l’exercice, des soins intestinaux, pas de café, pas de tabac… c’est ennuyeux mais réel).

PAN M 360 : Devez-vous vous « mettre dans la peau » pour ainsi dire pour jouer? Comme crier en live, devezvous vous sentir en colère ou vous souvenir de votre processus de pensée lorsque vous avez écrit la chanson?

Dan Orlowski : J’avais l’habitude de me sentir comme ça, mais maintenant je pense que le processus est plus automatique/intuitif. J’ai toujours pensé qu’il y avait une part de jeu d’acteur dans le chant, parce qu’il faut « être là » pour que ce soit authentique. C’est un défi de revenir constamment à l’endroit où je me trouvais lorsque j’ai écrit la chanson pour la première fois.

PAN M 360 : Quels sont les thèmes qui vous reviennent le plus souvent lorsque vous écrivez les paroles de Deli Girls?

Dan Orlowski : Tout ce qui m’exaspère le plus profondément. L’iniquité, l’injustice, tout ce qui me blesse le plus à un moment donné. Parfois le sarcasme, la critique. Plus récemment, le deuil.

PAN M 360 : Je trouve le chant très direct, sans métaphores fleuries, mais en allant droit au but : « This country’s abusive / now we’re all abusers »…

Dan Orlowski : J’essaie d’être aussi économe que possible avec les mots. En général, je n’aime pas les écrits fleuris parce qu’ils sont omniprésents et qu’ils masquent souvent un manque de contenu.

PAN M 360 : J’ai entendu dire par d’autres personnes lors de vos précédents concerts que votre public est l’un des meilleurs pour ce qui est de l’étiquette du moshing, c’est-à-dire s’amuser tout en étant en sécurité et en ne faisant aucune discrimination. Pourquoi pensez-vous que c’est le cas?

Dan Orlowski : Je suis presque sûr que la plupart des gens qui assistent à un concert que nous donnons sont déjà des contestataires. Queer, de gauche, abolitionniste, etc., c’est vraiment le reflet de l’excellente communauté dans laquelle j’ai la chance de me trouver. Nous n’avons jamais eu affaire à des trolls de TikTok ou de 4chan, à des punks skaters, etc. qui pourraient se situer à l’extrémité cis/mâle/edgy du spectre. Ce n’est pas à eux que la musique ou la communauté s’adresse.

PAN M 360 : Revenez sur les premiers concerts des Deli Girls dans des petites salles de bricolage à New York ou dans des bars merdiques… Et maintenant vous avez pu jouer dans des endroits comme Berghain, Primavera, Unsound Fest, est-ce que c’est fou pour vous de voir à quel point vous avez explosé et que vous avez maintenant ces opportunités

Dan Orlowski : C’est… complètement fou, haha. Je suis reconnaissant tous les jours. Mais c’est comme ça que tout le monde commence, n’est-ce pas? Faire du moshing dans un club était un concept tellement sauvage qu’aujourd’hui, c’est devenu une habitude. Il y a beaucoup de choses qui étaient avant-gardistes et qui sont devenues la norme, et je suis reconnaissante pour ces choses (les droits des transgenres comme une évidence au sein de la scène, les discussions sur la responsabilité, la priorité donnée aux BIPOC, l’éthique, la critique de la gentrification, la réduction des risques, pour n’en nommer que quelques-unes). Il faut savoir apprécier les victoires (tout en continuant à se battre pour un monde meilleur), sinon on perd la tête.

PAN M 360 : Avez-vous quelque chose à ajouter?

Dan Orlowski : Palestine libre.

Deli Girls se produira dans le cadre du Taverne Tour le jeudi 8 février avec Slash Need et Alix Fernz au Ministère.
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Nos interviews audiovisuelles sont à leur premiers balbutiements, PAN M 360 compte offrir de plus en plus d’entretiens comme celui que vous vous apprêtez à visionner! Cette fois, notre collaborateur Frédéric Cardin interviewe le compositeur canadien originaire de Malaisie , Zihua Tan, dont l’oeuvre sera créée ce dimanche à la Sala Rossa.

What came before me is going after me’ est une nouvelle œuvre pour quintette amplifié du compositeur Zihua Tan (Malaisie/Canada), écrite pour NO HAY BANDA en 2023. L’œuvre se délecte du potentiel sonore de diverses techniques instrumentales étendues en interaction avec des microphones non conventionnels. Des hydrophones, des géophones et des capteurs électromagnétiques sont utilisés pour capter les bruits résiduels de l’eau, des objets et de l’air – tels que le bourdonnement des champs électromagnétiques et le pétillement des bulles – brouillant et déformant le continuum des sons d’avant-plan et d’arrière-plan. » – texte de No Hay Banda.

what came before me is going after me (création)

Sarah Albu (voix)
Geneviève Liboiron (violon)
Audréanne Filion (violoncelle)
Daniel Áñez (ondes Martenot)
Noam Bierstone (percussions)
Gabriel Dufour-Laperrière (sonorisation)

CE PROGRAMME NO HAY BANDA EST PRÉSENTÉ CE DIMANCHE 4 FÉVRIER, 20H. POUR INFOS C’EST ICI

Ce dimanche 4 février à la Sala Rossa à Montréal, No Hay Banda propose une rencontre avec la violoncelliste canadienne India Gailey. Au programme, la performance de Problematica, le nouvel album de l’artiste indépendante, dans lequel elle joue des compos pour violoncelle/voix/électro de Fjóla Evans, Nicole Lizée, Julia Mermelstein, Andrew Noseworthy, Sarah Rossy, Joseph Glaser et Thanya Iyer. À noter que la première partie du concert sera assurée par la création d’une œuvre du compositeur montréalais Zihua Tan, what came before me is going after me

J’ai parlé avec India Gailey. Voici un résumé de ses propos : 

Pan M 360 : Bonjour India. C’est un plaisir de vous accueillir. Vous êtes originaire de Halifax, et y êtes toujours basés, c’est ça?

India Gailey : Oui. Mais j’ai étudié à McGill plusieurs années…

Pan M 360 : Vous avez tout à fait le profil pour la scène montréalaise…

India Gailey : J’aime beaucoup cette scène ! Je connais plusieurs artistes là-bas, et c’est toujours un immense plaisir de le retrouver.

Pan M 360 : Vous êtes en plein parcours d’une tournée canadienne avec Problematica, que vous présenterez dimanche le 4 février à la Sala Rossa à Montréal (avec un arrêt auparavant à Toronto le 31 janvier et à Guelph le 1er février). Qu’est-ce que Problematica?

India Gailey : Il s’agit avant tout d’un album qui sortira bientôt (fin février) sous étiquette People Places Records. Cet album est le résultat d’une série de commandes que j’ai faite à plusieurs compositeurs.trices canadiens.nes : Fjóla Evans, Nicole Lizée, Julia Mermelstein, Andrew Noseworthy, Sarah Rossy, Joseph Glaser, and Thanya Iyer

 

Pan M 360 : Quelle est l’esthétique principale?

India Gailey : Celle qui m’habite généralement dans mes concerts et le choix des œuvres que je joue. On pourrait dire une sorte de post-minimalisme qui floute les frontières entre la pop/rock indie, la musique contemporaine. 

Pan M 360 : d’où vient cet intérêt pour la pratique musicale contemporaine? De ta jeunesse? 

India Gailey : J’ai aimé le violoncelle très tôt, aussitôt que j’y ai touché. Mais je ne me suis pas tout de suite plongée dans la musique ‘’classique’’. J’ai joué d’abord dans des bands indie, mais c’est durant mes études plus poussées que j’ai découvert un monde de possibilités qui m’avait échappé. Et j’ai exploré avec plaisir.

Pan M 360 : Revenons à Problematica. Pourquoi ce titre? Quel ‘’problème’’ y a-t-il?

India Gailey : Aucun (rires)! Techniquement il s’agit, selon le dictionnaire, d’un substitut de taxon, utilisé pour les organismes dont la classification ne peut être déterminée. En plus simple, je suis intéressée par la notion de dualité et surtout du fait d’en sortir et aller plus loin dans l’identité. 

Pan M 360 : Comment cela se traduit dans la musique?

rIndia Gailey : À traves toutes sortes de contrastes et de superpositions entre les voix des partitions. Il y a le violoncelle, bien sûr, mais aussi ma voix (je dois chanter!) et parfois de l’électronique.

Pan M 360 : Jouer le violoncelle et chanter, en même temps! À quel point est-ce plus exigeant?

India Gailey : Oh, c’est très exigeant! Même si l’écriture pour la voix prend en compte mes capacités vocales, je dois tout de même sortir de ma zone de confort ici et là. En plus, je dois doublement me préparer pour chaque concert : le violoncelle et la voix? Je dois faire attention à ne pas trop parler, à protéger ma gorge, etc. C’est inhabituel pour une violoncelliste.

Pan M 360 : Nous vous souhaitons un excellent concert, et nous avons très hâte d’entendre tout cela

India Gailey : Merci! Ce sera un plaisir de revoir Montréal!

Cette année, PAN M 360 vous présente Igloofest sous un nouvel angle : celui des coulisses de l’événement, en mettant en lumière des travailleur.euses de l’ombre. On commence cette courte série d’entrevues avec Stéphanie Cléroux, directrice des services de production chez Multicolore, entreprise mère derrière Igloofest, Piknic Electronik (et d’autres projets bientôt annoncés). 

Montréal est internationalement reconnue comme la ville des festivals. À l’année longue, les événements s’enchaînent. L’hiver, c’est bien évidemment Igloofest qui mène la danse. Depuis seize éditions, bien installé sur le Quai Jacques-Cartier dans le Vieux-Port, Igloofest fait vivre une expérience unique à des milliers de festivaliers, quatre fins de semaine du mois de janvier et février. Une expérience rendue possible grâce au travail de Stéphanie Cléroux et de ses équipes. PAN M 360 vous propose de plonger dans les rouages d’Igloofest en compagnie de la directrice des services de production du festival.

PAN M 360 : Quel est le rôle d’une directrice des services de production au sein d’une organisation comme Multicolore ?

Stéphanie Cléroux : Je suis responsable de monter les équipes de production chez Multicolore, ça comprend autant la technique, l’aménagement, l’accueil des commanditaires aussi qui viennent sur le site, que toute la logistique d’accueil des festivaliers, donc sécurité, animation et personnel d’accueil. On est vraiment 360, du moment où les festivaliers arrivent sur le site et ensuite profitent de l’expérience dans sa totalité. 

Mon rôle c’est principalement de donner des paramètres très clairs aux équipes selon les objectifs fixés pour le développement de l’événement, tout en intégrant aussi les paramètres de nos commanditaires qui viennent bonifier l’expérience sur le site. On est un festival de musique, donc on doit aussi s’assurer qu’on offre vraiment la meilleure expérience pour les festivaliers, tant au niveau de ce qu’ils voient sur scène que des façons dont ils profitent du site. 

PAN M 360 : Souvent, quand on arrive sur un site de festival et qu’on le découvre, avant même d’avoir entendu la musique, le premier élément qui importe c’est l’esthétique, l’ambiance, les décors. Comment tout cela est pensé pour Igloofest ?

Stéphanie Cléroux : En ce qui concerne l’expérience visuelle du festival, on a une signature qui nous distingue avec les conteneurs blancs. On a aussi ce qu’on appelle les toc, là, qui sont les grandes bindos qu’on utilise un peu partout sur le site qui sont illuminés, ça fait partie de l’iconographie d’Igloofest. Puis on a notre marque qui est complètement déjantée avec les Yetis et d’autres personnages qui apparaissent dans l’iconographie du festival. On s’assure de donner une espèce de vibe un peu loufoque à travers nos différentes interventions artistiques.

Cette année, on a beaucoup travaillé les visuels sur la scène principale, qui est plus grande que les années précédentes. On a collaboré avec un VJ invité qui est avec nous sur les 12 soirs de l’événement. C’est un contenu qui se marie bien avec notre image de marque, mais qui est quand même pour la scène principale donc on est moins dans le loufoque pour ça. Mais on est quand même dans une esthétique qui fait du sens pour l’événement. 

PAN M 360 : Qui est en charge de toute l’esthétique sur le site ?

Stéphanie Cléroux : L’équipe créative. C’est elle qui a la responsabilité de créer tous les éléments qu’on doit placer sur le site. Elle doit aussi s’assurer que même si on reçoit un commanditaire dont l’image de marque est complètement différente à la nôtre, qu’on arrive à trouver un mariage entre nos deux entités pour que l’activation vienne faire sens dans notre univers, à la fois pour l’esthétique mais aussi pour les festivaliers. 

Ensuite, on a l’équipe bon aménagement et site, eux leur focus c’est de livrer cet environnement-là, de livrer la vision créative de notre équipe, mais aussi de s’assurer avec l’équipe logistique que ça fait du sens pour les festivaliers. Dans les espaces du site, tout est calculé : la grosseur des entrées, des sorties, les corridors de circulation… On s’assure qu’il n’y ait jamais d’embouteillage. C’est vraiment un travail de collaboration entre l’équipe de création et l’équipe de logistique. 

Puis à travers tout ça, il y a l’équipe qui est technique qui vient s’imbriquer dans tout. Dans nos infrastructures, tout est interrelié. Donc à chaque fois qu’on dépose un conteneur, dedans il y a des câbles, des éléments pour de l’éclairage, tout est vraiment intégré. À travers la technique, on a différentes spécialités comme éclairage, effets spéciaux, vidéo. 

PAN M 360 : Quels sont les défis propres à Igloofest ? On pense en premier lieu aux conditions météorologiques.

Stéphanie Cléroux : Le quai Jacques-Cartier principalement, étant près du. Un micro climat qui se crée dans ce dans ce lieu-là tant qu’on est exposé à tout, du moment où on s’installe jusqu’au moment où on quitte. On va vivre toutes les conditions météo possible. C’est à dire qu’il va pleuvoir, il va neiger, il va grêler, ça va geler, il va y avoir des accumulations d’eau, ça met vraiment à rude épreuve la planification pour livrer l’événement. Ça impacte aussi la sélection d’équipements techniques, il faut absolument aller dans quelque chose qui est un petit peu plus spécialisé, adapté pour les conditions météo dans lesquelles on travaille. Au fil des 16 années du festival il y a des choses qui ont été testées et on sait qu’on ne peut plus aller là. Par exemple, avant il y avait des sculptures sur glace Igloofest, maintenant, avec les changements climatiques c’est plus possible. La météo est un gros défi.

PAN M 360 : La mitigation du bruit à l’extérieur du site du festival est-elle un autre défi ?

Stéphanie Cléroux : Pour nous, c’est vraiment important de s’assurer que on ait une très bonne expérience sonore sur le dancefloor pour nos festivaliers mais qu’on ait le moins d’impact possible sur les résidents du Vieux-Port. On travaille avec Q audio et certains résidents du quartier, deux particulièrement, qu’on visite chaque fois qu’on fait des tests de sons. On s’en va écouter dans leur maison comment ça se passe pour eux et il y a parfois certains ajustements qu’on peut faire directement sur le champ en ajoutant certaines fréquences. On est proactif. Il y a aussi une boîte courriel pour les plaintes. Mais on essaie toujours de s’ajuster le plus possible en temps réel pour s’assurer que tout se passe bien. On a des lectures de de décibels aussi, sur scène, à l’entrée et la sortie du site pour s’assurer qu’on respecte bien les règles qui sont établies par la ville de Montréal.

PAN M 360 : Enfin, la question de la circulation au sein du site me semble importante elle aussi. D’un point de vue de confort du festivalier, mais aussi de sécurité.

Stéphanie Cléroux : Pour la circulation des festivaliers, c’est sûr que c’est quand même spécial d’avoir un grand festival qui peut accueillir plusieurs milliers de personnes sur un quai, duquel on ne peut sortir que d’un seul côté. Donc dans nos plans de mesures d’urgence, c’est vraiment important pour nous d’assurer que les festivaliers puissent sortir du site dans le cas d’un événement qui le nécessiterait. C’est sûr que ça amène beaucoup de contraintes sur l’aménagement, la circulation est quand même un enjeu important au niveau de la gestion des mesures d’urgence. Fait que pour ça on travaille avec le service Incendie de Montréal qui nous accompagnent aussi beaucoup à bien définir les paramètres et s’assurer qu’on respecte toutes les règles en ce sens-là. 

PAN M 360 : Comment le site du festival a-t-il évolué depuis ses débuts ?

Stéphanie Cléroux : Si on retourne à la genèse de cet événement-là, la scène principale était positionnée où cette année on a notre scène secondaire donc c’est le site était très petit. Au fil des éditions, c’est sûr qu’on gagne du terrain. Il faut savoir que sur le Quai Jacques-Cartier, on cohabite avec le Cirque du Soleil qui une année sur deux, vient avec une nouvelle création et installe avant notre arrivée certaines infrastructures de support, ce qui crée quand même une contrainte physique sur le site. Donc pour nous, chaque fois qu’il y a qu’il y a une phase de croissance, il y a aussi une phase de négociation avec cet autre producteur pour voir comment on minimise nos impacts, comment eux peuvent venir s’installer dans le lieu sans qu’on ait d’impact sur leur séquence de montage et sur leur déploiement. On collabore. C’est beaucoup par les phases de croissance qu’on développe le site, qu’on va chercher un petit peu plus de pieds carrés. Dans nos objectifs, c’est sûr qu’on souhaiterait grandir ce site-là, c’est vraiment un objectif qu’on a pour les années à venir. 

PAN M 360 : Quelles sont les grandes tendances et évolutions de l’industrie des festivals de musique ? Comment on fait pour se garder au courant des nouveautés ?

Stéphanie Cléroux : Ce qui se change assez rapidement en fait, ce sont les équipements techniques, je parle autant du son que de la vidéo. C’est surtout les artistes, en fait, qui nous font des requêtes, on voit leurs besoins techniques changer. C’est sûr qu’ils demandent souvent la meilleure qualité, puis une qualité qui est reconnue internationalement parce qu’ils se promènent au Québec, mais parfois ailleurs. C’est par là que je vois que je vois une évolution. Au courant des dernières années, ce qu’on a vu arriver, ce sont des écrans LED. C’est ce qui nous donne beaucoup de luminosité, de définition. On est capable d’aller chercher une finesse dans la qualité du contenu avec ça.

Sinon je te dirais qu’au niveau des processus, on a de meilleurs outils de prédiction, c’est-à-dire qu’on a beaucoup d’outils de dessin technique maintenant. Ils nous donnent des rendus avec lesquels on est capable de voir le show avant qu’il soit produit, donc ça nous permet d’éliminer certains questionnements parce qu’on arrive à aller chercher un détail en dessin technique. On peut faire des vues 3D, même en réalité augmentée, on peut aller jusque-là dans notre prévisibilité.

En tant que festival extérieur on voit aussi une grande évolution au niveau des conditions météorologiques. On l’a vu cet été il y a eu beaucoup de pluie, une alerte tornade, du smog… Ça nous demande d’ajuster beaucoup de paramètres. Quand il s’agit d’un événement extérieur, on doit faire évoluer nos façons de gérer le risque, de gérer les mesures d’urgence parce qu’on est sujet à tout. Igloofest et Piknic sont des événements récurrents qui ont beaucoup de dates. S’il pleut une journée, l’impact est moins grand que s’il pleut une journée sur un festival de deux jours. D’où la question de la gestion du risque. C’est une nouvelle réalité dans laquelle on est.

PAN M 360 : Quel est l’élément de l’expérience Igloofest à ne pas manquer cette année ? 

Stéphanie Cléroux : Cette année, on a travaillé sur deux choses : intégrer un nouveau format de scène, donc on est allé chercher une scène qui est plus grande, qui nous permet aussi plus de choses au niveau de l’accueil des artistes et on est revenu aux sources avec notre scène secondaire. On a démarré dans ce petit espace-là, derrière le Pavillon Jacques-Cartier et on est revenu recréer cette expérience qui est beaucoup plus intime, plus feutrée, tandis qu’à la scène principale on a l’espace pour accueillir le plus de festivaliers possibles. 

Cette année on, parmi les nombreux commanditaires, on a par exemple le Dépanneur Vidéotron qui est un peu notre service à la clientèle qui répond à tous les petits besoins du festivalier Igloofest. Si vous avez froid puis que vous avez un nez qui coule, ils ont des mouchoirs. Si vos lèvres sont gercées parce qu’il fait trop froid, ils ont des baumes à lèvres. Ils sont vraiment aller chercher tous les petits inconforts que le festivalier d’hiver peut avoir et offrir une solution. 

Pour la programmation d’Igloofest 2024, c’est ICI!

Crédit photo : ME Laurin

L’esthétique trans-traditionnelle du compositeur Sandeep Bhagwati et la pièce RASAS (Ritual and Sophisticated Areas of Sound) sont le pôle d’attraction d’un programme de la SMCQ.

Dans la tradition artistique indienne, les rasas constituent un répertoire complet des émotions exprimées dans toutes les manifestations artistiques. Dans son œuvre inspirée par ce concept traditionnel, Sandeep Bhagwati a élaboré 64 sections au sein d’une matrice, qui peuvent être reconfigurées selon différentes combinaisons.

Ainsi, les interprètes de l’œuvre doivent choisir une combinaison, ce qui produit collectivement une interprétation différente de la pièce chaque fois qu’elle est jouée. Autour de cette pièce, la direction artistique de la SMCQ

Le programme sera complété par trois œuvres issues de jeunes compositeurs.trices de la relève: la  Daphné Hejebri (France), Thierry Tidrow  (Canada, Ontario) et Sophie Dupuis (Canada, Nouveau-Brunswick).

Pour mieux saisir le fil conducteur de se programme, Simon Bertrand, compositeur et directeur artistique de la SMCQ, en explique à PAN M 360 les tenants et aboutissants.

POUR INFOS ET BILLETS C’EST ICI

Participant·es

Programme

Du 26 au 28 janvier, soit à compter de vendredi, l’Orchestre symphonique de Laval a eu la brillante idée de mettre de l’avant des programmes construits sur la thématique de l’hiver. Andrei Feher et Jean-Michel Malouf, deux chefs québécois qui gagnent à être connus dans cette interview vidéo, dirigeront des programmes relevés à la Salle André-Mathieu.

Ainsi, un programme Bébé musique dédié au (très) jeune public est prévu ce vendredi à 10h, dirigé par Jean-Michel Malouf.

Un programme intitulé Légendes nordiques et insterstellaires sera excuté ce vendredi, 19h30, sous la gourverne de Jean-Michel Malouf, incluant des œuvres romantiques et post-romantiques de Richard Wagner, Richard Strauss, Johann Strauss II, tous du 19e siècle, auxquels s’ajoutent Howard Shore et John Williams compositeurs de musiques de films très inspirés par les technique de composition romantiques, post-romantiques ou modernes.

Samedi soir, 19h30, des pièces d’Ottorino Respighi, Edvard Grieg et Igor Stravinski seront exécutées par l’OSL sous la direction d’Andrei Fehrer.

Enfin, ce dimanche, 15h, l’OSL a prévu un concert pour toute la famille: les illustrations de Richard Vallerand seront projetées en temps réel, pendant que l’orchestre jouera Les oiseaux de Respighi et le fameux conte de Pierre et le loup de Prokofiev, raconté par Talia Hallmona.

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