En plus d’assurer la direction artistique du Festival international de Landaudière, soit le plus important festival de musique classique au Canada, Renaud Loranger est Vice-Président Artistes et Répertoire du label européen Pentatone, c’est-à-dire qu’il chapeaute le recrutement et le développement discographique de grands musiciens de la planète classique, on pense notamment aux maestros Vladimir Jurowski, René Jacobs et Esa-Pekka Salonen, aux chanteurs.euses Piotr Beczala, Lisette Oropesa, Javier Camarena et Magdalena Kožená, aux pianistes Pierre-Laurent Aimard et Francesco Piemontesi, on en passe évidemment. Depuis novembre 2018, Renaud Loranger est directeur artistique de Lanaudière, soit à Joliette, sa ville natale où il séjourne chaque été depuis. Musicologue et historien de l’art, il est parmi les professionnels les plus aguerris et les plus raffinés pour mener à bien de telles missions. Écoutez-le exprimer sa passion pour sa nouvelle programmation lanaudoise et nous faire part de ses meilleures prises! Alain Brunet a mené cette interview pour PAN M 360.

BILLETS ET INFOS

Cette interview consacrée à la programmation du Festival de Lanaudière s’inscrit dans le cadre d’un partenariat de contenus PAN M 360 avec La Vitrine, soit le plus important site web consacré quotidiennement aux sorties culturelles à travers le Québec.

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À peine âgé d’une vingtaine d’années, le super batteur Kojo Melché Roney possède déjà une grande expérience. Musicien professionnel depuis l’enfance, il a grandi dans un environnement familial très favorable, étant le fils du saxophoniste Antoine Roney et le neveu du regretté trompettiste Wallace Roney et de la regrettée pianiste Geri Allen. Aujourd’hui chef d’orchestre, Kojo s’est produit vendredi sur la scène du Pub Molson en trio avec son père et le bassiste Jeremiah Kal’ab. On a pu assister à des power duos (père-fils) et power trios pas piqués des vers, le tout basé sur l’énergie d’un trio acoustique inspiré par le jazz électrique et les formes libres des années 60 et 70. Et voici l’interview vidéo de PAN M 360 !

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Peter Evans, 43 ans, fait incontestablement partie de l’élite des trompettistes de cette époque. Ses compétences phénoménales, ses réalisations et ses innovations techniques sont reconnues par les musiciens, les musicologues, les connaisseurs…. mais pas par un large public de jazz qui doit le connaître maintenant !

Invité à se produire avec son groupe au FIJM le 26 juin, il a offert un formidable double set gratuit sur la scène du Molson Pub avec ses coéquipiers – Joel Ross au vibraphone, Nick Jozwiak à la basse et le grand Calvin Weston ( à la batterie en tant qu’invité spécial. PAN M 360 a pu le rencontrer après les tests de son.

Sa biographie nous apprend qu’il est diplômé du Conservatoire de musique d’Oberlin (Ohio) et qu’il a également étudié à l’école d’éducation préparatoire du Conservatoire de musique de la Nouvelle-Angleterre. Il a dirigé un quintette avec Ron Stabinsky, Sam Pluta, Tom Blancarte et Jim Black, le Zebulon Trio avec John Hebert et Kassa Overall, et a été membre du groupe Mostly Other People Do the Killing. Il a travaillé notamment avec Peter Brötzmann, Mary Halvorson, Okkyung Lee, Evan Parker, Matana Roberts, Tyshawn Sorey (son batteur régulier), Dave Taylor, Weasel Walter et John Zorn.

PAN M 360 : Peter Evans, c’est un plaisir de vous rencontrer à Montréal !

Peter Evans : C’est un plaisir !

PAN M 360 : Votre jeu de trompette exceptionnel n’est pas seulement le fruit d’une approche classique, il y a des choses qui ont été accomplies pendant et après votre formation musicale. Vous avez définitivement trouvé votre voie, grâce à la virtuosité et à l’innovation. De nombreux aficionados applaudissent également vos techniques dites étendues.

Peter Evans : Je pense que c’est un peu un malentendu, cette idée de techniques étendues. L’idée que l’on étudie un instrument et que l’on atteint un certain niveau de maîtrise, ou que l’on y arrive et que l’on va au-delà, ce n’est pas exactement comme ça que ça fonctionne. Je pense donc que pour moi, l’attrait initial vers ces « techniques étendues », une expression que je n’utilise pas,’est plutôt une façon de décrire une façon normale de jouer d’un instrument.

PAN M 360 : L’expression peut être un cliché, oui.

Peter Evans : Cette expression est un fourre-tout, mais cela traduit aussi une certaine attitude à l’égard d’un instrument, à savoir qu’il y a, entre guillemets, une façon normale d’en jouer et des façons plus étendues d’en jouer.

PAN M 360: Et in sait que certaines personnes ne jouent que des techniques étendues et ne maîtrisent pas la mécanique de leur instrument.

Peter Evans: J’ai considéré l’exploration de différents sons comme une extension de la palette sonore de l’instrument. Il comprend donc tout et j’y ajoute quelque chose. Et puis, c’est peut-être plus une façon de penser la musique électronique que de combiner des sons. Pour moi, toutes les différentes façons d’aborder l’instrument sont fondamentalement liées. Tout découle de la technique de base de la trompette. Pour moi, toutes les différentes façons d’aborder l’instrument sont fondamentalement liées. Et ce qui m’a poussé à faire certaines de ces choses au départ, ce sont deux courants différents.

PAN M 360 : Quels sont ces flux ?

Peter Evans : Le premier était la musique classique contemporaine européenne, de Ligeti à Xenakis et Lachenmann. Je jouais donc la musique de chambre de tous ces compositeurs et je me suis habitué à cette idée. Pas tant pour la trompette, pas tant à cause des parties de trompette, mais simplement en étant dans cet environnement, vous voyez ? Alors que je m’intéressais à ce genre de choses, de manière totalement indépendante, j’ai découvert le monde du free jazz et de la musique improvisée. J’ai ainsi découvert des saxophonistes post-Coltrane comme Albert Ayler et Pharoah Sanders. Ensuite, je me suis intéressé à des artistes comme Evan Parker et John Butcher, à toute la scène d’improvisation britannique et européenne, à Willem Breuker. C’était à l’âge de 19 ou 20 ans, j’étais vraiment excité.

Cela m’a en quelque sorte donné la liberté et l’autorisation d’explorer par moi-même et à développer un… À l’époque, ce que je percevais de ces autres artistes plus âgés, c’était que les gens développaient leur propre vocabulaire. C’était un peu comme la recherche scientifique; vous ne voulez pas que vos recherches chevauchent celles de quelqu’un d’autre.

Ainsi, même au début des années 2000, il y avait un certain nombre de trompettistes très intéressants que je ne connaissais pas vraiment jusqu’à ce que je déménage à New York. Et même des gens à Berlin, comme Axel Dörner ou Franz Hautzinger en Autriche, Nate Woolley, etc. Ce qui est intéressant, c’est que nous ne sommes pas tous du même âge ou de la même génération, nous avons parfois 15 ans d’écart.

Axel a fait des choses pendant longtemps, mais je pense que ce que j’ai remarqué, c’est que chacun faisait son propre truc. Aucun d’entre nous ne faisait la même chose. Et même lorsque je pense à des musiciens que j’ai rencontrés plus tard, comme Ambrose Akinmusire, qui n’use pas de techniques étendues, mais qui a une attitude exploratoire avec l’instrument. Oui, et je pense que ce qui est intéressant avec la trompette, c’est que contrairement à beaucoup d’autres instruments, l’interface est tellement personnelle qu’il est très difficile de copier les gens, même si on le voulait.

Et donc je pense que le fait d’explorer différentes techniques était plus une fenêtre sur une attitude plus générale envers le son et envers l’instrument comme ayant une capacité orchestrale ou électronique à être malléable et à s’adapter à différentes situations, ce qui est la façon dont je le vois maintenant. Par exemple, dans ce groupe avec qui je tourne actuellement, je ne pense pas vraiment à la technique étendue.

J’utilise ce que j’ai pour me fondre et contraster avec les autres instruments. Il n’y a pas de plan à ce sujet. Cela se produit.

PAN M 360 : Oui. Oui, c’est vrai. De même, si l’on considère l’évolution d’un instrument acoustique en 2025, on constate que l’approche texturale a des limites avec les instruments traditionnels, alors que si l’on pense à l’électronique, l’approche texturale est infinie. Et maintenant, si nous pensons électroniquement, l’approche texturale est infinie. Mais… Même les instruments acoustiques ont été beaucoup explorés et il y a toujours quelque chose à trouver qui n’a pas été trouvé. Alors quels sont vos outils pour élargir vos possibilités texturales et sonores ? L’électronique ?

Peter Evans : En fait, je n’utilise pas tellement l’électronique. Des pédales d’effets ? Pas vraiment. Pas de pédales ? Non. Les explorations du timbre, pour moi, sont simplement issues du travail avec l’instrument et du travail avec le microphone. Oui, c’est plus une attitude et une façon de voir le son. J’utilise le micro et le système de sonorisation et c’est toujours une conversation avec les gars du son parce qu’ils ne comprennent pas forcément ce que je fais.

Oui, c’est plus comme, vous savez, parfois je pense… Oui, les gens ne comprennent pas nécessairement cette approche, cette approche dont vous parlez pour un instrument acoustique. Vous voyez ? Mais, oui, dans mon cas, c’est en travaillant avec un micro et un système de sonorisation, des caissons de basse, que j’ai acquis une grande partie de mes connaissances.

PAN M 360 : Oui, la relation entre le micro et le système de sonorisation est une sorte de point d’aboutissement, de progrès pour l’approche texturale.

Peter Evans : Oui, pour moi, absolument. D’accord, je comprends. Le micro est donc un instrument pour vous, tout comme la table de mixage. Oui, exactement. D’accord, c’est cool. Et aussi, vous savez, vous êtes l’un des rares à avoir atteint ce genre de… pas étendu, je n’utiliserai pas ce terme, mais, vous savez, ces nouveaux territoires, je dirais.Oui, exactement. D’accord, c’est cool. Et aussi, vous savez, vous êtes l’un des rares à avoir atteint ce genre de… pas étendu, je n’utiliserai pas ce terme, mais, vous savez, ces nouveaux territoires, je dirais.

PAN M 360 : Pouvez-vous préciser certaines étapes de votre propre évolution, quand cela s’est produit ?

Peter Evans : Oui, je veux dire que lorsque j’ai commencé à donner des concerts en solo, c’était en partie pour me mettre au défi de voir si je pouvais maintenir une ligne musicale avec les choses que je… Alors que je commençais à le faire, j’essayais en même temps d’explorer activement ces différentes techniques, ces différents sons. Lorsque j’ai déménagé à New York en 2003, c’était… Les cinq premières années que j’ai passées là-bas, c’est là que j’ai appris, vous savez, j’ai joué dans beaucoup de situations différentes. J’ai donc été obligé d’apprendre à jouer avec un micro et à adapter ce sur quoi je travaillais à un contexte plus pratique, comme celui d’un concert. Je pense donc que cela a été pour moi une période de réelle croissance. Et en fait, en me forçant à jouer autant…

Je me souviens d’une tournée au Canada. Il y a un batteur de Calgary qui s’appelle Chris Dadge. Nous nous sommes rencontrés sur MySpace en 2007 et il avait organisé une tournée où j’ai partagé l’affiche avec lui. Je pense donc que cela a été pour moi une période de réelle croissance. Et en fait, en me forçant à jouer autant… Je me souviens d’une tournée au Canada. Il y a un batteur de Calgary qui s’appelle Chris Dadge et qui a un label. Nous nous sommes rencontrés sur MySpace en 2007 et il a organisé une tournée pour moi où j’ai partagé l’affiche avec lui.

Je me souviens qu’avant cette période, je ne jouais pas un seul morceau en solo. Je jouais plusieurs morceaux. Ainsi, lors de cette tournée, je me suis forcé à la fin à jouer un morceau de 30 ou 40 minutes, non pas sans pause, mais sans interruption dans le flux de la composition.

Ces expériences m’ont donc vraiment aidé à grandir. Ensuite, j’ai traversé des périodes de croissance et d’atrophie, puis de croissance et d’atrophie. Et en ce moment, surtout en ce qui concerne le jeu en solo, je suis à nouveau dans une période de croissance où je travaille à développer des techniques variées. Des techniques qui ne concernent pas vraiment le son. Maintenant, je me concentre sur le rythmes des notes et aussi l’ornementation – notamment la question de diminution, comme dans la musique de la Renaissance, c’est-à-dire l’idée de prendre quelque chose de simple et de le découper en petites unités pour créer une texture plus fine.

Voilà où j’en suis pour l’instant.

La jeune guitariste prodige et innovante américaine Yasmin Williams se produit au Festival International de Jazz de Montréal (FIJM) pour la première fois, sur la scène Rogers, ce vendredi 27 juin. Michel Labrecque s’est entretenu avec Yasmin Williams pour discuter de sa vision de la musique et de la situation politique dans son pays.

Yasmin Williams joue de la guitare comme peu de gens. Il lui arrive de mettre sa guitare à l’horizontale sur ses cuisses et de frapper les cordes de façon percussive; de frotter un archet sur ses cordes; de relier un instrument de percussion africaine, le kalimba, à sa guitare. Elle fait des percussions avec ses pieds. La jeune Afro-Américaine originaire de la région de Washington DC a bouleversé l’univers de la guitare en mélangeant les genres et les façons de jouer.

« Tout cela a commencé avec le jeu Guitar Hero », dit-elle en rigolant. « Mon père l’avait acheté pour mes frères, mais je m’en suis emparé et l’ai gardé dans ma chambre et j’ai fini par battre le jeu». 

Yasmin avait douze ans et n’avait jamais joué de guitare. Elle a imploré ses parents d’en obtenir une. Peu de temps après, elle était propriétaire d’une guitare électrique et elle a commencé à la jouer de façon percussive. Aujourd’hui, Yasmin Williams est surtout reconnue pour son jeu fingerstyle innovant de guitare acoustique.

« Un jour, j’ai entendu Blackbird des Beatles et ça a transformé ma vie » , raconte-t-elle. Elle a alors rangé sa six cordes électrique dans son étui pour un bon moment. Entretemps, elle a fait des études en composition musicale à la New York University. Sa palette de connaissances s’est agrandie et elle a commencé à rêver à une carrière musicale. 

« Je fais de la guitare folk, mais avec beaucoup d’autres influences; on pourrait appeler ça du « folk plus »,dit-elle. 

En 2018, paraît Unwind, son premier album de guitare instrumentale. «  J’étais très puriste, je rejetais l’idée de doubler des pistes sonores, je voulais un album sans artifices, strictement acoustique », dit Yasmin. Cette première offrande nous présente une guitariste dans le prolongement des guitaristes virtuoses des années 70 comme Stephen Grossman, John Renbourn ou Leo Kottke. Mais Yasmin nous fait aussi découvrir ses nouvelles facettes du jeu de guitare, réinventant la façon de toucher des cordes. 

« Je ne connais personne qui joue de façon percussive comme moi, à part un guitariste québécois qui s’appelle Erik Mongrain, que j’ai découvert des années plus tard », raconte Yasmin. Vérification faite, c’est bien le cas. Erik Mongrain a joué à quelques reprises avec une guitare horizontale.

En 2021, arrive Urban Driftwood, un disque où elle se permet des doublages et des musiciens accompagnateurs. « Je me suis donnée plus de liberté, avec un batteur, une violoncelliste et de la kora. Bien qu’instrumental, l’album reflète une année 2020 très troublée dans son pays, avec la pandémie, la mort de George Floyd et le mouvement Black Lives Matter, comme le précise Yasmin Williams sur la pochette. 

« Oui, je suis politisée, dans l’époque que nous traversons ce n’est pas vraiment un choix. J’essaie de concevoir des projets pour promouvoir certaines causes. Je n’aime pas du tout ce qui se passe en ce moment ».

Il est prévu qu’elle se produise en septembre prochain au Kennedy Arts Center de Washington, dont Donald Trump a pris le contrôle récemment. « Beaucoup d’artiste, boycottent, moi j’ai choisi de donner mon concert, par solidarité avec les gens qui y travaillent; mais je vais dire des choses sur scène, qui ne plairont pas à tout le monde. »

En 2025, Yasmin devient plus ambitieuse avec Acadia, un album où elle multiplie les collaborations et les sonorités. On entend de multiples sons de nombreuses guitares, tant électriques qu’acoustiques. C’est un album où les influences jazz transparaissent davantage en plus du folk. «  J’ai vraiment travaillé très très fort sur ces musiques et elle reflète davantage ma personnalité de compositrice ». Elle joue entre autres une guitare électrique à double manche, dont elle tire des sons innovants. 

À 19 heures, ce soir, sur la Scène Rogers, nous aurons droit à un mélange de ces trois albums. «  Ce sera seulement moi, ma guitare et vous, le public, en espérant que le temps soit clément. Je ne fais jamais de liste de chansons à l’avance, donc on verra ».  

Les principales influences de Yasmin? « Jimi Hendrix, c’est sûr mais avant tout Elizabeth Cotten, une chanteuse folk afro-américaine née à la fin du 19e siècle, très inventive à sa façon. »

La guitariste virtuose a aussi fait des musiques pour des documentaires, dont une au piano. Elle a aussi un projet de groupe plutôt rock et progressif. C’est aussi une fan de musique Gogo, un style funk inventé dans la région de Washington ou elle vit. Et de hip-hop. 

On en entendra sans doute parler encore longtemps. Et pas forcément uniquement avec des guitares. 

Souhaitons une météo clémente pour ce soir. Ce n’est pas forcément assuré.

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Pour sa quarante-septième saison, le Festival international du Domaine Forget invite les mélomanes du Québec à la découverte. Dans ce rendez-vous estival qui s’étale sur presque deux mois du 28 juin au 23 août, ce sont différentes expressions artistiques qui seront présentées, allant de la danse, à la musique classique en passant par le jazz. De Monteverdi à Farrenc, de Vivaldi à Oscar Peterson, la programmation 2025 propose un éventail riche de styles, d’époques et de formats, mettant en lumière des artistes de renom ainsi que les stagiaires de l’Académie du Domaine Forget.

En discussion avec le collaborateur de PAN M 360 Alexandre Villemaire, le directeur artistique du Domaine Forget Mathieu Lussier dresse un portrait de cette programmation et des incontournables à ne pas manquer.

Cette interview consacrée à la programmation de la saison estivale du Domaine Forget s’inscrit dans le cadre d’un partenariat de contenus PAN M 360 avec La Vitrine, soit le plus important site web consacré quotidiennement aux sorties culturelles à travers le Québec.

Pour accéder aux infos du Domaine Forget sur La Vitrine, c’est ici!

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Éminent pianiste de renommée internationale, Ronan O’Hara a joué tant en Europe qu’en Amérique et en Asie, avec des ensembles tels que le London Philharmonic, le Philharmonia Orchestra, le BBC Symphony, le Royal Philharmonic Orchestra, l’English Chamber Orchestra, l’Academy of St Martin-in-the-Fields, le Hallé Orchestra, l’Indianapolis Symphony Orchestra, le Zurich Tonhalle Orchestra, le Netherlands Radio Chamber Orchestra et le Philharmonia Hungarica. Professeur à la Guildhall School of Music and Drama de Londres, pédagogue recherché, c’est dans ce double rôle qu’il sera sur la scène de la salle Gilles-Lefebvre le 28 juin à Orford dans un programme mettant à l’honneur quatre des sonates les plus importantes de Beethoven, faisant écho à la figure musicale qui jalonne cette année l’édition du Festival Orford Musique.

Dans son entretien avec Alexandre Villemaire, Ronan O’Hara nous parle en détail de ce programme, mais aussi de la place qu’occupent les sonates dans le catalogue du compositeur.

Cette entrevue a été réalisée en anglais

LUDWIG VAN BEETHOVEN (1770 – 1827) 

Sonate pour piano no8 « Pathétique », op. 13

  1. Grave — Allegro di molto e con brio
  2. Adagio cantabile
  3. Rondo. Allegro

Sonate pour piano no28, op. 101

  1. Allegretto, ma non troppo
  2. Vivace alla marcia
  3. Adagio, ma non troppo, con affetto
  4. Allegro

Sonate pour piano no17 « La Tempête », op. 31 no2

  1. Largo — Allegro
  2. Adagio
  3. Allegretto

Sonate pour piano no21 « Waldstein », op. 53

  1. Allegro con brio
  2. Introduzione. Adagio molto
  3. Rondo. Allegretto moderato — Prestissimo
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Queenie est son prénom. Il lui a été donné par sa maman qui voyait déjà en elle une « petite reine ». Après une aventure à Star Académie, cette artiste originaire d’Haïti, née au Québec et ayant vécu en Floride nous présente son album éponyme, dans lequel elle chante en français, en anglais et en créole. On y trouve de la pop, du RnB et même un peu de reggae. Elle s’est jointe au label féminin Disques Juliette qui l’accompagne dans cette belle aventure. Notre journaliste Sandra Gasana s’est entretenue avec elle, alors qu’elle s’apprête à vivre une nouvelle aventure dans une série télévisée dans laquelle elle chante.

Modibo Keita a grandi à Montréal, il est tromboniste de formation et joue autant qu’il peut lorsqu’il n’est pas programmateur au Festival international de jazz de Montréal. Depuis la mise en place de la nouvelle direction artistique de l’événement, on voit que le jazz redevient une priorité dans la programmation extérieure, question de relancer l’intérêt et éventuellement de faire passer en salles les artistes les plus fédérateurs. Aussi, l’équipe de programmation a recruté un vrai de vrai musicien de jazz, de surcroît un fin connaisseur de la tradition et de l’apport des nouvelles générationsen la personne de Modibo Keita. Il nous aide ici à débusquer les musts de la programmation, en salle comme à l’extérieur, bien au-delà des évidences aussi mentionnées dans sa nomenclature. Alain Brunet l’a interviewé pour PAN M 360.

BILLETS ET INFOS

Voici la seconde partie de l’interview de PAN M 360 réalisée par Alain Brunet avec le programmateur (et tromboniste) Modibo Keita, la meilleure tête de jazz dans l’équipe de programmation du Festival International de Jazz de Montréal (FIJM) 2025. Il poursuit la nomenclature des meilleures prises du festival parmi les plus ou moins 300 programmes présentés cet été, soit du 26 juin au 5 juillet. Très instructif!

BILLETS ET INFOS

En avril 2024, la carrière de Carbonne a connu un tournant spectaculaire : son morceau Imagine est devenu viral sur les réseaux sociaux, rencontrant un succès monstre qui l’a propulsé au sommet des palmarès et sur les plus grandes scènes de France. Près d’un an plus tard, le natif de Montpellier traversait l’Atlantique pour réchauffer la scène des Francos avec ses hymnes ensoleillés.

Âgé de 28 ans, Carbonne, de son vrai nom Pierre Carbonne, propose un savant mélange d’influences méditerranéennes, d’éléments acoustiques et de textures électroniques. Guitare sèche, cajón et batterie sont au rendez-vous dans des titres accrocheurs qui donnent envie de bouger. Amour, chaleur et mélancolie s’entrelacent dans ses textes pour un cocktail solaire et entraînant.

De passage sur la grande scène des Francos la semaine dernière, le chanteur français s’est accordé parfaitement à l’ambiance estivale, transformant le Quartier des spectacles en véritable piste de danse. L’effervescence des Montréalais amassés devant la scène témoignait de l’ampleur de son succès ici : un an après sa sortie, Imagine cumule encore plus de 200 000 écoutes mensuelles au Canada.

Vous avez manqué son passage au Québec? Pas de souci : Carbonne sera de retour en spectacle à Montréal, au Studio TD, le 21 novembre prochain. Pour vos billets, c’est ici.

Avant de reprendre l’avion pour la France, PAN M 360 a jasé avec lui de son séjour québécois, de sa vie depuis le phénomène Imagine, de ses débuts en musique et bien plus encore.

PAN M 360 : Bienvenue au Québec! Votre séjour ici a été très chargé. Comment avez-vous vécu l’expérience?

CARBONNE : Oui, en effet, on est arrivés et on a joué au Festival Franco-Ontarien à Ottawa. Ensuite, on est allés à Montréal, et j’ai fait la première partie du concert de Fredz au MTELUS. Après, j’ai terminé le tout avec ma performance sur la Scène Rogers aux Francos. Ça s’est enchaîné, mais c’était très bien. C’était la première fois que mon équipe et moi venions ici.

PAN M 360 : Quel est votre ressenti par rapport à votre passage ici?

CARBONNE : Franchement, c’était la folie. C’était incroyable. Mon dernier spectacle sur la grande scène des Francos était complètement fou. La foule était très impressionnante. J’ai eu la chance de me balader dans le Quartier des spectacles et j’ai pu essayer quelques restaurants, c’était trop bien. Ce qui m’a régalé au Québec, c’est à quel point les gens sont bienveillants. L’ambiance est géniale et agréable.

PAN M 360 : Lors de votre prestation sur la grande scène des Francos, vous disiez être fier et heureux que votre musique vous ait amené ici. Que représente cet accomplissement pour vous?

CARBONNE : C’est incroyable, ça démontre que notre musique traverse les frontières. Ça permet à mon équipe et moi de venir ici. Grâce à ça, on a vécu une superbe semaine.

PAN M 360 : Pour nos lecteurs qui ne sont pas familiers avec votre parcours : d’où venez-vous? Et votre passion pour la musique, c’est une histoire de famille, n’est-ce pas?

CARBONNE : Je viens de Montpellier, donc du sud de la France. J’ai commencé la musique à l’âge de 4 ou 5 ans. Comme je disais sur la scène des Francos, j’ai commencé par la batterie et mes premiers cours m’ont été enseignés par mon oncle. Maintenant, il est sur scène à la batterie avec mon équipe, c’est incroyable. J’ai joué de cet instrument pendant une dizaine d’années et, en parallèle, j’ai commencé à écrire mes premiers textes. Petit à petit, j’ai sorti mes premières vidéos à 18 et 19 ans. Cela m’a mené à où j’en suis aujourd’hui.

PAN M 360 : Vous l’avez mentionné, vous partagez la scène avec votre oncle. Que représente cela pour vous?

CARBONNE : Ça veut dire que les choses se sont bien faites et que tout prend son sens. Je pense que quand tu fais les choses sincèrement, au bout d’un moment, tout commence à prendre son sens. Mon oncle a déjà fait des tournées au cours de sa vie, c’était logique de l’avoir avec nous.

PAN M 360 : Qu’elles soient méditerranéennes, rap, électro ou hip-hop, vos influences sont multiples. Comment décririez-vous votre son?

CARBONNE : En effet, les influences méditerranéennes sont très présentes et il y a beaucoup d’éléments acoustiques; il y a beaucoup de guitare sèche et de cajón. En même temps, le tout est mélangé à des sonorités plus électroniques. Ça fait un mélange hybride de tout ça. En termes de mélodies, il y a un côté ensoleillé, mais sur fond de mélancolie. J’aime bien les contrastes. Au quotidien, j’écoute beaucoup de styles différents. J’écoute autant du reggae, de l’électro, du rap français et bien plus. C’est le mélange de tout ça qui m’inspire depuis toujours et qui fait ce que Carbonne est aujourd’hui.

PAN M 360 : Il y a un peu plus d’un an, la parution de votre titre Imagine a bouleversé votre vie en connaissant un succès monstre. Quel a été le plus beau moment depuis la sortie de cette pièce?

CARBONNE : Déjà, le fait de venir au Canada pour trois concerts, c’est incroyable. On a fait une soixantaine de dates en Europe depuis la sortie d’Imagine. C’est fou, j’ai eu la chance de jouer en première partie de Bigflo et Oli devant 30 000 personnes. De voir autant de gens chanter le morceau, c’était quelque chose. En tournée, on va à la rencontre du public et on réalise que cette chanson a permis à beaucoup de gens de nous découvrir.

PAN M 360 : Quelques semaines avant Imagine, vous avez sorti un morceau intitulé Tout va changer. Vous avez vraisemblablement un don pour prédire l’avenir! Dans cet ordre d’idée, quel sera le nom de votre prochain titre?

CARBONNE : Franchement, je ne sais pas du tout, je vais me laisser me prononcer à travers ma musique. En tout cas, c’est vrai qu’on a sorti Tout va changer le 4 avril et la vidéo d’Imagine a percé sur les réseaux sociaux le 17 avril. C’est fou!

PAN M 360 : Comment votre équipe et vous avez-vous vécu le fait de voir le nombre de vues grimper de manière phénoménale sur l’extrait d’Imagine publié avant la sortie du morceau? La chanson était-elle complétée lorsque la vidéo est devenue virale?

CARBONNE : Ça fait longtemps qu’on fait de la musique, donc cela ne nous a pas effrayés. Par contre, il fallait rester concentrés et surfer le plus loin possible sur cette vague. C’est pour ça qu’on a directement enchaîné avec une tournée.

Non, je n’avais que le refrain, elle n’était vraiment pas terminée. Ça a été fait très rapidement, dans la précipitation même, mais une bonne précipitation. Le résultat était à la hauteur.

PAN M 360 : Dans votre plus récent EP Par nous-mêmes, Música évoque un moment où vous étiez à la croisée des chemins et remettiez en question votre carrière musicale. Comment est né ce morceau?

CARBONNE : J’ai écrit ce morceau en décembre 2023 et janvier 2024. Ça faisait des années que je sortais de la musique et que j’étais déterminé. À un certain moment, j’ai commencé à me dire : « Bon, c’est bien, tu vis un peu de la musique, mais peut-être qu’il faudrait que tu ailles te trouver un travail plus stable ». Dans cette chanson, je m’adresse à la musique, et 3 ou 4 mois après, il s’est passé ce qu’il s’est passé avec Imagine. Ça démontre qu’il ne faut jamais abandonner et qu’au bout d’un moment, on récolte le fruit de notre travail.

PAN M 360 : Vous avez votre propre structure musicale, appelée PNM Production, et vous avez d’ailleurs sorti la majorité de votre matériel sous cette étiquette. Quelle est l’importance de ce projet pour vous?

CARBONNE : Ça permet de décider vraiment de ce que tu veux faire, d’aller loin dans ton propos et qu’il ne soit pas biaisé. Ça permet aussi de choisir les partenaires avec qui tu travailles. Éventuellement, j’aimerais avoir d’autres artistes sous cette étiquette. Le but, c’est de continuer d’avancer et de faire vivre le tout.

PAN M 360 : Quelle est la prochaine étape pour Carbonne?

CARBONNE : Je suis déjà en train d’œuvrer sur un long et nouveau projet. Nous n’avons pas encore de date de sortie pour le moment, mais c’est en préparation. Restez à l’affût!

Classe de maître le 2 juillet avec le coach vocal Claude Webster. L’audition le 13 juillet, Le Gala d’opéra le 24 juillet. La flûte enchantée de Mozart le 27 juillet. Voilà autant de programme alléchants pour les fans d’art lyrique, Les rendez-vous estivaux fixés par l’Institut canadien d’art vocal (ICAV) le sont depuis 21 ans, voilà une autre occasion de plonger dans ses 4 programmes de juillet. Directeur de l’ICAV et pilote de cette programmation, Marc-Antoine d’Aragon fournit toutes les explications nécessaires à notre préparation au Festival d’art vocal de Montréal.

INFOS ET BILLETS ICI

Avec des racines à Beyrouth et une carrière partagée entre Montréal et New York, Nadim Maghzal est l’une des forces motrices de Laylit, un collectif et une série d’événements mettant en lumière la musique de la région SWANA (Asie du Sud-Ouest et Afrique du Nord) et au-delà. Également connu comme l’une des moitiés du duo Wake Island, Nadim est un producteur, un DJ et un biologiste moléculaire qui consacre désormais son énergie à la musique à plein temps. Nous l’avons rencontré avant son passage au Piknic Électronik, où il jouera aux côtés de Casa Kobrae, Manalou et MNSA, pour parler de son parcours, des origines de la Laylit et du mouvement culturel qui la sous-tend.

PAN M 360: Tout d’abord, comment vous présenteriez-vous ?

Nadim Maghzal : Je suis un artiste originaire du Liban, musicien, producteur et DJ. Je suis maintenant basé à Montréal.

PAN M 360 : Avez-vous toujours été un artiste et un musicien ?

Nadim Maghzal : Mon parcours est un peu complexe. J’ai toujours fait de la musique depuis que je suis jeune, mais lorsque je suis arrivé à Montréal au début des années 2000, j’étudiais la biologie à l’Université McGill. Je suis allée loin, j’ai obtenu un doctorat en biologie moléculaire et j’ai été diplômée en 2013, mais j’ai continué à faire de la recherche et à enseigner. Je suis donc aussi un scientifique, mais la musique a toujours été ma plus grande passion. Avant Laylit, j’étais impliqué dans de nombreux groupes à Montréal, comme des groupes de rock, des groupes punk, de la musique live. Très DIY. Tout s’est fait avec Phil, mon partenaire de Laylit. Nous avons créé Wake Island à Montréal et avons parcouru le monde avec ce projet qui a évolué au fil des ans, passant du rock à la musique électronique et, plus récemment, à la musique expérimentale ambiante. Alors oui, la musique a toujours été au centre de mon univers. Mais j’ai fait d’autres choses dans la vie et j’ai eu beaucoup, beaucoup de chance de pouvoir explorer différentes choses et d’avoir le privilège de pouvoir me concentrer sur la musique ces jours-ci et de travailler dans ce domaine. C’est une bénédiction, honnêtement.

PAN M 360 : L’obtention de votre doctorat a dû prendre une grande partie de votre vie. Comment avez-vous réussi à continuer à faire de la musique ?

Nadim Maghzal : Oui, il m’a fallu environ six ans et demi pour le terminer. La meilleure partie a été de poursuivre la musique en parallèle. C’était d’autant plus étonnant que je faisais de nombreux parallèles entre l’art et la science. Un doctorat peut être vraiment frustrant, surtout en science, quand on fait de la recherche dans son laboratoire pendant tout ce temps. Alors, être sur la route, faire des tournées, être créatif, être en studio, c’était toujours une grande évasion et une belle façon de s’inspirer. Une chose inspire l’autre. Et même si cela semble être des choses complètement différentes, bizarrement, pour moi, à l’époque, elles allaient de pair. Autre fait amusant, puisque nous en parlons, le troisième cofondateur de Laylit, Saphe, qui vit à New York, est également sur le point de terminer son doctorat en anthropologie à l’université de Columbia. Je ne sais pas si c’est pertinent, mais c’est juste un fait amusant.

PAN M 360 : Pour que les lecteurs le sachent, lorsqu’il y a un événement Laylit, tout le monde est en sécurité parce qu’il y a deux médecins. Y a-t-il eu un moment où la musique a pris le dessus ?

Nadim Maghzal : Quand j’étais à New York, de 2015 à 2020, j’avais encore un pied dans le monde scientifique. J’enseignais beaucoup pour joindre les deux bouts parce que le simple fait de faire de la musique peut être extrêmement difficile, surtout quand vous êtes indépendant et que vous essayez de faire des projets intéressants. Notre première soirée Laylit a eu lieu en 2018 à Brooklyn dans un tout petit bar, et très vite en 2019, nous avons commencé à voir à quel point ce projet avait du potentiel. Il faisait partie d’un mouvement à New York qui a vraiment explosé en raison de la nécessité pour des espaces comme Laylit d’exister dans le paysage culturel. J’ai réalisé que Laylit allait prendre beaucoup de temps. J’ai arrêté d’enseigner les sciences et j’ai consacré tout mon temps à Laylit et aux autres projets que nous avions, comme la tournée de Wake Island et la production musicale.

Ensuite, il y a eu la pandémie, une période très confuse, bien sûr, parce que les fêtes, les événements en direct et les tournées sont tous physiques. Je me suis donc demandé ce que je devais faire de mon temps et si la musique était morte ou non. Devrais-je retourner aux sciences ? Peut-être que la musique est morte telle que nous la connaissons, qu’elle n’existe plus. Mais en 2021, lorsque les choses se sont ouvertes à nouveau à New York, nous avons été rassurés et agréablement surpris, car les événements étaient fous. Les gens avaient besoin de faire la fête, et depuis, la musique est devenue tout ce que je fais.

PAN M 360 : Comment expliquez-vous le succès de ces événements ? Vous avez parlé d’un mouvement qui se déroule à New York vers 2018. Pouvez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Nadim Maghzal : Lorsque je vivais à New York et que je participais à la vie nocturne en tant que spectateur, il est devenu évident qu’il y avait beaucoup d’espace pour notre peuple (SWANA), notre culture et notre musique, pour simplement exister. Des musiques du monde entier étaient jouées dans les clubs et la diversité était vraiment appréciée. En tant qu’artiste libanais évoluant dans une bulle indie rock à Montréal, j’ai trouvé cela très inspirant. Cela faisait longtemps que je voulais me reconnecter à mes propres racines, et la musique de danse était le moyen idéal pour revisiter et plonger au cœur de ce qui fait de moi ce que je suis, les rythmes, la culture, la langue.

La première fête était très informelle. Nous nous sommes dit : « Hé, organisons une petite fête un mercredi soir et invitons nos amis à venir nous voir ». Nous avons organisé cette soirée dans un bar appelé Mood Ring et nous avons été choqués, c’était plein à craquer. Les gens en redemandaient. À l’époque, on sentait qu’il y avait un besoin dans ce domaine. Notre communauté n’a jamais vraiment eu d’espaces. Pour être clair, il y a toujours eu des événements musicaux, mais la plupart du temps ils restent au sein de la communauté, des mariages, des fêtes en banlieue, mais je n’ai jamais vraiment eu l’impression que la musique arabe était célébrée au cœur de la ville de New York ou de la culture musicale de Montréal. Nous avons réalisé que nous avions une chance d’y arriver et que nous devions y travailler. On devrait y travailler. » C’est ce que nous avons fait, et c’est formidable.

Après le 11 septembre, la culture arabe a été durement touchée. Il a fallu beaucoup de temps à la communauté pour surmonter les préjugés de la société, et nous ne les avons pas encore surmontés, et pour partager la beauté et la diversité de cette culture. C’est ce que nous faisons dans la musique de danse et nous sommes heureux d’y apporter notre petite contribution.

PAN M 360 : Au Liban et au Moyen-Orient, il existe des mouvements musicaux qui s’étendent à de nombreux pays différents. La diversité et la complexité des genres dans la culture SWANA peuvent être difficiles à appréhender. Comment abordez-vous cette question lors de l’élaboration d’une programmation ?

Nadim Maghzal : Lorsque nous nous sommes plongés pour la première fois dans ce projet, nous avons été un peu submergés, en particulier à cause de la diversité que vous avez décrite. Ayant grandi au Liban, et ne serait-ce qu’en écoutant de la pop arabe, les influences sont tellement nombreuses. Ce projet nous a beaucoup appris. C’était un défi de creuser dans le répertoire, de commencer à écouter des choses que nous ne connaissions pas. Essayer de comprendre les aspects sociaux et l’origine des mouvements culturels a été très enrichissant, non seulement du point de vue de la conservation, mais aussi, je crois, pour les membres du public, en ouvrant l’espace à des DJ de toute la région SWANA.

Par exemple, au Piknic, il y a Manalou et Casa Kobrae, respectivement d’Algérie et du Maroc, qui vont tourner avec nous. Ils apportent de la musique et des rythmes originaires de ces régions, des sons avec lesquels je n’ai pas grandi mais qui restent très proches de la musique que je connais, il y a toujours cet aspect de nouveauté qui est vraiment cool.

C’est tellement riche. Nous essayons d’apporter cette diversité de sons au public. Ce n’est pas toujours simple, car certains publics ont une idée préconçue de ce qu’est une fête de la musique arabe, ils s’attendent à entendre des tubes du Top 40. Mais parfois, nous engageons un DJ qui se plonge dans un répertoire plus folklorique, des choses qui n’ont jamais été entendues auparavant. Tant que nous apprenons quelque chose de nouveau, le projet reste intéressant et vivant. Nous sommes ici pour cela, pas seulement pour organiser des événements ou être des promoteurs de soirées.

PAN M 360 : Puisque Laylit couvre des artistes de toute la région sans réduire la musique arabe à un stéréotype, pensez-vous qu’il y ait un fil conducteur dans la région SWANA ?

Nadim Maghzal : Il y a certainement des points communs. Je vais essayer de les décrire en évitant les stéréotypes. Je dirais que la langue est l’élément qui se recoupe le plus, mais même là, la région SWANA présente une grande diversité linguistique. Il y a une langue principale parlée dans de nombreux dialectes, mais il y a aussi l’arménien, le persan, le kurde, le turc, l’amazigh, etc.

Mon point de vue est qu’en général, dans tout ce que j’ai entendu, il y a toujours une générosité dans le son. Qu’il s’agisse d’une chanson d’amour triste ou d’une chanson de fête joyeuse, l’émotion est transmise avec générosité. Il y a moins de retenue. Évidemment, c’est subjectif et ce n’est pas propre à la musique arabe, le jazz peut aussi être généreux, mais contrairement à la techno minimale ou à d’autres musiques plus intellectualisées, la musique arabe a tendance à être plus ouverte sur le plan émotionnel.

Sur le plan rythmique et mélodique, la région partage des structures et des modèles profonds, de la Syrie à l’Égypte en passant par l’Irak. Il y a un langage musical commun, mais ce qui est fascinant, c’est le mélange des influences : musique amazighe, sub-saharienne, blues, africaine… C’est un vrai désordre, mais dans le bon sens du terme. Il y a des éléments unificateurs, mais aussi des différences régionales impressionnantes. C’est ce que nous essayons de mettre en évidence dans nos événements.Sur le plan rythmique et mélodique, la région partage des structures et des modèles profonds, de la Syrie à l’Égypte en passant par l’Irak. Il y a un langage musical commun, mais ce qui est fascinant, c’est le mélange des influences : musique amazighe, sub-saharienne, blues, africaine… C’est un vrai désordre, mais dans le bon sens du terme. Il y a des éléments unificateurs, mais aussi des différences régionales impressionnantes. C’est ce que nous essayons de mettre en évidence dans nos événements.

PAN M 360 : Comment le fait d’être un artiste de la diaspora affecte-t-il votre approche de la musique ?

Nadim Maghzal : C’est la troisième dimension, n’est-ce pas ? Vous prenez toute cette richesse et vous l’ouvrez à la diaspora, et tout ce mélange commence à se produire. Pour ma part, en tant que personne ayant passé la moitié de sa vie au Liban, j’ai beaucoup appris au cours de ce processus. Avec l’âge, il n’est pas plus facile, il devient même plus difficile de savoir qui l’on est, d’où l’on vient. Mais grâce à l’expression artistique, l’hybridation des sons crée des identités uniques pour chaque artiste qui puise dans ses influences.

De plus, en grandissant au Liban, notre musique a toujours été façonnée par la tradition, certes, mais aussi par la musique occidentale. Il en va de même en Égypte et en Syrie. On peut entendre des influences de ballets russes dans des enregistrements des années 1920. En Afrique du Nord, on trouve des disques de reggae arabe. Ce n’est donc pas seulement une question de diaspora, la culture occidentale a fait partie de mon identité musicale très tôt. Nous essayons tous de puiser notre inspiration dans notre enfance, car c’est ce qui résonne le plus.

PAN M 360 : Lorsque vous organisez un événement Laylit, vous avez plus de contrôle, mais à Piknic, vous vous concentrez surtout sur la musique. Comment organisez-vous cet événement ?

Nadim Maghzal : Nous nous adaptons à l’espace dans lequel nous nous produisons. L’accent est toujours mis d’abord et avant tout sur la musique et la programmation. Pour le Piknic, nous proposons simplement un lineup de DJs. Il y aura Manalou, dont j’ai parlé plus tôt, et Casa Kobrae, un DJ marocain de Casablanca qui est maintenant basé à Montréal. L’accent est mis sur les DJs montréalais de la communauté SWANA et sur la mise en lumière de leur expression musicale. Nous espérons avoir un public réceptif et aussi curieux que nous.

PAN M 360 : Dernière question, qu’attendez-vous de cet été ? Qu’est-ce qui vous motive ?

Nadim Maghzal : Lorsque nous avons lancé Laylit, le projet s’est développé si rapidement que nous avons dû concentrer toute notre attention sur les événements organisés à New York et à Montréal. Rapidement, d’autres villes se sont ajoutées et nous avons été tellement occupés que j’ai dû mettre d’autres projets de côté, y compris une grande partie de ce que j’aime dans la musique, la production.

Maintenant que nous avons mis en place un système, nous nous sommes concentrés sur la musique originale en tant que collectif, en ouvrant doucement un label. Nous avons sorti notre première compilation il y a quelques semaines. Ce fut une expérience très enrichissante.

C’est ce qui me motive ces jours-ci, c’est une synthèse de ce que Laylit a été pour moi. Mettre ces sentiments dans des morceaux, encourager d’autres producteurs à faire de même. Pas seulement des DJ sets, mais des morceaux que d’autres peuvent jouer. Saphe, dans notre collectif, dit toujours que la musique voyage plus vite que nous. C’est tellement gratifiant de voir des gens d’Athènes ou de Russie écouter et jouer nos morceaux. Il y a beaucoup de nouvelle musique à venir et nous sommes très enthousiastes à l’idée de la partager.

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