Le vendredi 11 juillet, le Festival Nuits d’Afrique recevra un rappeur Sud-Africain bien établi dans son pays: Stogie T, de son vrai nom Tumi Molekane. Il s’agira de sa deuxième visite à Montréal, sa première en tant qu’artiste solo. Stogie T n’a pas la langue dans sa poche, il a des tonnes de choses à raconter sur sa vie, sa carrière et l’Afrique du Sud, un pays dont le destin reste compliqué, malgré la fin du régime raciste d’Apartheid, il y a 31 ans. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre un rappeur de ce pays. Notre collaborateur Michel Labrecque s’est entretenu avec lui de tous ces différents aspects. Attachez vos tuques! Ou vos casquettes!

PANM360: Stogie T, racontez-nous un peu votre histoire, vous êtes né en Tanzanie, vous avez grandi en Afrique du Sud et, depuis plus de vingt ans, vous faites du rap!

Stogie T: Vous avez tout dit, je n’ai plus rien à ajouter (rires). Je suis né en Tanzanie de parents sud-africains en exil. J’ai peut-être été conçu en Russie, alors que mes parents y séjournaient pour de l’entraînement militaire. Mais je n’ai aucun lien familial avec la Tanzanie, j’y ai vécu jusqu’à l’âge de 12 ans, puis nous sommes rentrés dans notre pays.

PANM360: Donc, vos parents étaient des militants anti-Apartheid? Est-ce que cela vous a marqué?

Stogie T: Tout à fait, mon père était un pasteur devenu soldat de l’ANC (African National Congress, aujourd’hui le parti au pouvoir). Mais il est décédé quand j’avais un an. Mais ma mère était très impliquée dans la lutte, jusqu’au bout. Il y avait toujours cette idée de la « terre promise » et qu’il fallait que je me trouve un but. Tout ceci m’a cadré jusqu’à aujourd’hui. Il fallait juste que je trouve ma façon d’agir.

Si je me compare à une paire de lunettes, cette idée de mission était la monture, le hip hop ma lentille, puis, trouver ma propre voix a représenté me débarrasser des lunettes (rires) et découvrir ma propre vision.

PANM360: En Afrique du Sud , vous avez vécu à Soweto, l’immense quartier noir en banlieue de Johannesburg. Comment la musique et le rap sont arrivés dans votre vie?

Stogie T: Principalement en parcourant les rues, en jouant au basket et en discutant avec des membres de ma famille. Quand j’écoutais du rap, étant jeune, j’avais envie d’aller plus loin. Quand un rappeur mentionne Miles Davis, j’ai eu envie de l’entendre, quand ça parlait de AK-47, j’ai eu envie d’en savoir plus (rires), mais mon registre musical s’agrandissait, tout en restant centré sur le rap.

Et comme je n’étais pas bon en sport, ni à la planche a skate, le hip hop m’a permis de m’élever dans l’échelle sociale de l’adolescence pleine de testostérone. Petit à petit, je me suis affranchi des influences rap américaines pour raconter des histoires de ma communauté et mon pays.

PANM360: En 2004, vous créez un groupe qui s’appelle Tumi and the Volume, qui va devenir célèbre en Afrique du Sud et va tourner un peu partout sur la planète. C’est une aventure qui a duré près d’une décennie.

Stogie T: Nous représentions alors ce que les gens appelaient la « nouvelle Afrique du Sud »; un guitariste blanc du Mozambique, un juif blanc, un noir qui rappe  sur Nelson Mandela (premier président noir post Apartheid), c’était un vent de fraîcheur. Nos tournées internationales m’ont aussi permis de partager la scène avec des grands comme Salif Keita, Manu Dibango. Ça ouvre les oreilles et ça vous fait admirer les grands musiciens africains.

Par contre, il y a un obstacle que nous avons eu du mal à traverser. À l’étranger, un groupe sud-africain doit toujours porter un message politique. Pour moi, c’est devenu une cage. Parce que je suis Sud-africain, je ne peux pas écrire une chanson sur les fleurs ou les papillons! La politique c’est important mais il n’y a pas que ça dans la vie.

PANM360: En 2012, Tumi and the Volume s’est dissous et en 2015, le premier album de Stogie T est paru.

Stogie T: La séparation s’est faite amicalement et nous sommes toujours amis. Par la suite, j’ai découvert que je souffrais de « cyniscose », la maladie des cyniques que je me suis auto-diagnostiqué (rires). Parce que le projet de libération de l’Afrique du Sud s’est transformé en tragédie comique. La plupart des politiciens que nous admirions quand nous étions jeunes se sont avérés corrompus, se sont ridiculisés. Nous croyions que la magie de Mandela allait faire de cette nation arc-en-ciel un endroit immunisé contre l’imbécilité. Mais au final, nous sommes aussi attirés par le gain et pleins de m…(merde) que les humains d’ailleurs.

PANM360: Donc, Stogie T est un peu revenu au texte politique. Votre dernier EP, paru récemment, s’intitule Lasours, qui est un titre en français: la source.

Stogie T: Oui, j’ai réalisé cet album avec un musicien de l’Ile de la Réunion, Aleksand Saya, qui vient de cet endroit qui s’appelle Lasours. C’est un incroyable musicien et réalisateur qui mélange la musique maloya, un style de l’île, à l’électronique. J’ai adoré travailler avec lui.

PANM360: En plus de cette dernière offrande, vous avez réalisé quatre albums. En quoi Lasours est-il différent?

Stogie T: Je parle de la violence en Afrique du Sud, une chanson est dédiée à un jeune rappeur qui a été assassiné, ça parle aussi de l’Île de la Réunion, un département français pas si loin de l’Afrique du Sud. Il ne faut pas que les gens oublient leurs racines, même quand ils vont étudier à Paris. On entend aussi Ntsika, un grand chanteur sud-africain qui fait partie d’un groupe acapella célèbre.

PANM360: Qu’allons-nous entendre lors de votre concert du 11 juillet au Balattou?

Stogie T: Vous allez entendre un mélange de hip-hop, de musique africaine, de jazz et de soul. Avec une formidable chanteuse qui s’appelle Bonj, à qui, franchement, je sers surtout d’accompagnateur (rires). Je ne crois pas que personne nous ressemble, pour le meilleur et pour le pire (rires). 

Mon groupe et moi sommes déjà à Montréal, il y a tellement de choses à faire, j’espère que mon groupe sera encore fonctionnel le 11.

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La Chiva Gantiva, groupe belgo-colombien, mêle rythmes traditionnels colombiens, rock, hip-hop et électro dans un cocktail explosif. Né à Bruxelles, il s’est taillé une réputation internationale avec une énergie scénique incomparable et un son unique. Le groupe, qui en est à son quatrième album, est dans la programmation du Festival Nuits d’Afrique et se produira au Club Balattou le 8 juillet 2025, jour de lancement du festival. Rafael Espinel s’est entretenu avec notre collaborateur Michel Labrecque pour PAN M 360.

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Thundercat est sans doute LA star de la basse jazz dans le monde du nujazz, mais cette notoriété est aussi due à ses associations avec Kendrick Lamar et ses amis jazzmen, dont Kamasi Washington. Parallèlement, il existe d’autres bassistes de la même génération qui font moins de bruit médiatique et qui jouent tout aussi bien. C’est le cas de Derrick Hodge, bassiste virtuose afro-américain invité au Studio TD le 1er juillet. Beaucoup l’ont connu aux côtés de Robert Glasper dans les années zéro, et les amateurs de jazz et de groove ne l’ont pas perdu de vue. En power trio (basse, batterie et claviers), Derrick Hodge a livré au public du concert gratuit une solide prestation, inspirée par un important album paru sur le label Blue Note : Color of Noize, qui fait l’objet de cette conversation avec cet excellent musicien.

PAN M 360 : Parlons donc des travaux récents. Bien sûr. Comment se passe le travail récent ? Comment s’est déroulé l’aspect production, l’aspect composition, et comment cela se traduit-il sur scène aujourd’hui ?

Derrick Hodge : Oui, je suis content que vous posiez la question. Color of Noize, c’est parti d’une idée. C’était avant COVID et pendant COVID, il y avait beaucoup de discussions. Je pensais que les gens avaient du temps libre.

PAN M 360 : Oui. Tout le monde composait beaucoup à l’époque.

Derrick Hodge : Oui, oui, et je lis et vois beaucoup de descriptions de moi-même et de la façon dont j’ai été prescrit et défini, et j’ai juste remarqué la diversité de ces descriptions. Oui, il y a une diversité et ce que les gens disent, et combien il est rare que je prenne le temps d’y penser moi-même et combien peu j’ai vraiment, même après avoir vu cela, combien je me suis soucié de cela. Je me disais simplement que j’étais moi-même. C’est ainsi que j’ai commencé à prendre certains de ces mots et à me rendre compte qu’il s’agissait peut-être d’une émotion en soi. Et c’est ce que Color of Noize représente.

C’est comme si je voyais des gens dire quelque chose de gentil à mon sujet, alors qu’ils ont aussi dit des choses négatives sur d’autres, et sans même le savoir, j’ai respecté ce son dont ils parlaient. En fait, je suis le produit de toutes ces choses. Je suis un creuset. Et j’essaie vraiment de le permettre.

PAN M 360 : C’est aussi une réflexion sur le bruit en tant que concept.

Derrick Hodge : Oui. Qu’est-ce que le bruit ? Qu’est-ce que la couleur ? Qu’est-ce qui est beau ? Qu’est-ce qui est harmonieux ? Notre perception est en constante évolution.

PAN M 360 : Color of Noise, c’est donc accepter le son là où il se produit, et être ici et maintenant, dans l’instant.

Derrick Hodge : C’est de cela qu’il s’agit.

PAN M 360 : Ce que vous avez réalisé, nous le savons, nous pouvons le commenter et nous pouvons avoir différentes versions, comme vous le dites, différentes perceptions, différentes émotions réagissant à votre métier, à votre travail et à une certaine performance que vous avez présentée devant nous.

Derrick Hodge : Et c’est une chose magnifique parce que c’est une chose très humaine. C’est une chose réelle, vous savez, donc l’acceptation, c’était une question d’acceptation, d’accepter cela et d’en trouver la beauté. Et l’opportunité qui se présentait à moi était mon prochain disque Blue Note avec Don Was – également président de Blue Note Records. Je voulais qu’il le produise avec moi. Je voulais qu’il parle de Color of Noize et qu’il documente vraiment cette expérience.

PAN M 360 : Le processus de cet album sorti en 2020 a été singulier, n’est-ce pas ?

Derrick Hodge : Les gens ne se rendent pas compte qu’ils écoutent les premières prises de tout l’album. Nous avons enregistré l’ensemble de l’album en 18 heures environ. Il s’agissait surtout pour moi d’expliquer cette idée, de jouer les thèmes sur lesquels j’avais travaillé, puis de voir où nous en étions avec les partitions et tous les musiciens de l’album. L’album met en scène Jahari Stampley et Michael Aaberg au clavier, Mike Mitchell et Justin Tyson à la batterie, et DJ Jahi Sundance aux platines. Je jouais moi-même de la basse, des touches, de la guitare et du chant. Ils ont tous pris ça et se le sont approprié d’une manière que je n’aurais pas pu contrôler si je l’avais fait moi-même. C’était comme si, non, il fallait que ce soit ça. Il s’agissait de lâcher prise.

PAN M 360 : Oui, vous les laissez jouer. C’est ce qui a conduit à l’expansion de Color of Noize.

Derrick Hodge : Oui, et je pense à d’autres projets, et cette idée de Color of Noise, l’amour de soi, l’acceptation, c’était déjà dans mon esprit quand je travaillais dessus il y a des années. Si je ne rencontre pas un seul musicien symphonique, ils honorent la musique de cette manière parce que j’ai essayé de prendre soin d’eux comme si chaque moment avait une signification.

PAN M 360 : Pouvons-nous mettre le doigt sur certaines couleurs qui sont plus proéminentes, je dirais ? Je n’essaie pas de décrire l’ensemble, mais quelques sources d’inspiration.

Derrick Hodge : Je dirais que c’est vraiment ça. Color of Noise, c’est vraiment ce que vous en retirez quand vous l’écoutez, et je suis tout à fait d’accord avec la façon dont on le définit. Les gens qui le jouent, par exemple, comme je l’ai dit, lorsque nous l’avons enregistré, ils n’avaient aucune idée préconçue. Nous nous sommes simplement assurés que tout était prêt. Le batteur qui est arrivé n’était même pas au courant.

PAN M 360 : Ils ne savaient pas qu’ils allaient jouer sur deux batteries.

Derrick Hodge : Ils ne savaient pas. Il s’agissait donc d’une véritable acceptation.

PAN M 360 : Vous avez fait la mise en place, et ils se sont lancés.

Derrick Hodge : Ils se sont jetés à l’eau. Et ce que les gens entendent, c’est vraiment qu’ils l’ont pris et qu’ils l’ont adopté. Mais c’est aussi une direction artistique.

PAN M 360 : Oui. Vous les laissez libres, mais vous avez préparé les sessions.

Derrick Hodge : L’orientation consiste donc à leur montrer la genèse de l’idée, la période à laquelle elle est née. Je les laissais entendre, oh, cette idée, c’est le thème sur lequel j’ai travaillé dans ma PM. Je les laissais entendre cela, sans même leur dire comment j’aimerais que le résultat final soit avec eux.

Je les ai simplement laissés entendre cela, et ils avaient la partition. Et ce qui nous a permis d’aboutir, c’est vraiment la façon dont ils ont intégré cela dans leur objectif. Ils réagissaient en fait les uns aux autres.

Et au fur et à mesure que les morceaux avançaient, au fur et à mesure que nous les terminions, nous appelions simplement la fin au fur et à mesure que nous y arrivions. Mais c’est ce qui fait la beauté de la chose, et c’est ce qui a permis au son de Color of Noise d’exister. Dès que quelqu’un pense pouvoir le définir entièrement, il peut être capable de définir la version du disque, mais c’est totalement différent des orchestres qui parcourent le pays en ce moment.

C’est totalement différent du quatuor à cordes que je fais.

PAN M 360 : Oui, vous pouvez avoir différentes versions des mêmes compositions dans différentes tailles, différentes instrumentations, différentes orchestrations.

Kendrick Hodge : C’est vrai, c’est vrai, c’est vrai. Mais la même racine. En quelque sorte. Je veux dire que lorsque vous voyez la performance, le début de Color of Noise était une certaine musique, mais cela varie vraiment.

La base peut donc être ma composition, ou même un orchestre, mais aussi d’autres sons, d’autres choses, d’autres compositions pour lesquelles je mets ma casquette d’arrangeur et je m’inscris dans ce cadre. Il s’agit en fait de se dire, d’accord, vous savez quoi ? Vraiment, si nous plaçons ces mêmes personnes dans différentes situations avec moi, voyons où nous en sommes.

PAN M 360 : Présentons l’organisation de cette visite.

Kendrick Hodge : Oui, ce soir, ce sera, c’est amusant, c’est le trio. Mason Guidry, qui est l’un de mes musiciens préférés, un batteur incroyable, je l’ai connu toute sa vie. Son père m’a fait participer à ma première session d’enregistrement, je crois à l’âge de 13 ou 14 ans. La boucle est bouclée maintenant que son fils et moi jouons ensemble. Il est un orchestre à lui tout seul. Et Bigyuki (Masayuki Hirano), qui est l’un de mes musiciens préférés, créatif, libre penseur, créatif. Je ne veux même pas dire que c’est un claviériste, c’est un orchestre sonore. À nous trois, nous entamons cette danse. Je réagis à l’énergie du public. Cela peut être dès le premier battement de mains. S’il s’agit de quelque chose de différent, je vois.

PAN M 360 : Vous pouvez changer.

Derrick Hodge : Oui, c’est un changement total. C’est donc très axé sur Color of Noise, où je leur donne un aperçu de mon processus de création de l’album et de leur réaction. C’est la situation du groupe. Je lance des thèmes et j’en fais des variations.

PAN M 360 : Excellent ! C’est donc une version power trio cette fois-ci.

Derrick Hodge: Absolutely. Yeah, and every time it’s different innately because they’re reacting based on how their day went.

PAN M 360: Do you have some favorite achievements during that cycle? In what kind of version or performance? 

Derrick Hodge : Vous savez, je n’en suis pas encore là. Ce n’est pas important. Là où il y a un favori, c’est que je l’ai vraiment aimé parce que certaines parties me rappellent l’élément de douceur. Je l’ai vraiment aimé parce que certaines parties me rappellent un élément doux de tout cela. Comme, oh ouais, c’était un moment. La façon dont j’ai composé ce disque en succession. Je n’ai donc pas séparé les choses au point de préférer certaines parties de l’émission. J’aime tout, mec !

Photo: Emmanuel Novak-Bélanger

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Après avoir ébloui le public et les critiques en 2023 au Festival de Lanaudière, avec un Orfeo magistral de Monteverdi, le chef Leonardo Garcia Alarcon et sa Capella Mediterranea sont de retour en 2025, le 6 juillet à l’Amphithéâtre. Cette fois, c’est Le Couronnement de Popée, ultime opéra de Monteverdi, qui sera interprété avec sensiblement les mêmes solistes, mais un orchestre plus économe. J’ai parlé de cela avec le chef, et aussi d’un deuxième concert qu’il donnera le 8 juillet, intitulé Monteverdi et les sept péchés capitaux. En trois questions/réponses, plongez dans l’univers monteverdien, avant d’être imprégnés de sa musique.

PanM360 : Orfeo est un opéra révolutionnaire, que Monteverdi a créé dans la force de l’âge, à 40 ans. Le Couronnement de Poppée date de l’année précédent sa mort à 76 ans en 1643. Quelles différences entre les deux mondes musicaux?

Leonardo Garcia Alarcon : Beaucoup de choses ont changé. En 1642, nous sommes passé 1637, qui a vu la création du premier opéra public à Venise. Monteverdi écrit donc pour des gens généralement plus jeunes et plus diversifiés. On y amène son chien, on y parle, on rit, c’est presque un cirque! Monteverdi adopte un style plus direct, et a recours à des usages à la mode, comme le travestissement, et il introduit des histoires d’amour parallèles, plus légères, qu’on appelle ‘’satellites amoureux’’. La comédie y tient également une place certaine, car Monteverdi s’adapte au style populaire de la commedia dell’arte. 

Tout le contraire de l’Orfeo, écrit pour la Cour de Mantoue, qui est un opéra presque sacré, dans lequel les personnages sont associés aux fondements éthiques de l’humanité, aux questions de vie et de mort. On s’y demande comment résoudre le passage d’un état à l’autre, et on y entend que la réponse est la musique (même si en fin de compte, ça échoue). En réalité,nous sommes encore dans un monde de la Renaissance. Poppée emmène le public ailleurs. Pour la première fois dans l’opéra, on y voit et entend des personnages historiques, qui ont vraiment existé, pas des dieux ou des mythes. Les forces ‘’divines’’ s’y trouvent encore (la Vertu, la Fortune et l’Amour, qui se chamaille sur laquelle a le plus d’influence sur les humains), mais les rôles centraux demeurent tenus par des personnes historiques, Néron, Poppée, Sénèque, etc. 

Le contexte social est aussi différent. L’opéra suscite la méfiance, voire l’hostilité du pape. Ce dernier a d’ailleurs annulé l’institution à Rome. Mais Venise garde jalousement une indépendance affirmée, et se permet donc de tenir tête. Poppée est donc un grand pas pour l’opéra. Finalement, l’opéra est désormais un business. On doit vendre des billets, et on doit garder les coûts de production dans une palette minimale pour pouvoir être rentable! C’est pourquoi on ne peut se permettre un orchestre énorme comme dans Orfeo. À la même époque, le compositeur Francesco Cavalli écrit des opéras qui le ruinent, tellement les coûts de production surpassent les revenus. Il est obligé de marier une dame riche, qui lui sert de mécène!

PanM360 : Parlons de l’orchestration de Poppée. Elle pose problème. Nouis avons des manuscrits de la main de copistes, mais pour des représentations différentes, et avec des différentes notables. La partition utilisées lors de la création est disparue. Nikolaus Harnoncourt a largement étudié le sujet et légué une vision de la chose, par exemple. Mais celle-ci demeure très personnelle. Vous avez donc dû faire des choix. Lesquels et pourquoi?

Leonardo Garcia Alarcon : Harnoncourt prend clairement le parti d’une construction à la Orfeo, avec un grand orchestre. C’est aussi la nature de l’un des manuscrits qui nous sont parvenus, et qui correspond à une partition possédée par Cavalli (le compositeur mentionné plus tôt). C’est une version somptueuses de l’écriture, probablement utilisée pour des représentations à Naples. Ironiquement, cette version contribuera à la naissance et l’épanouissement ultérieur de l’opéra dit ‘’napolitain’’. Pour ma part, j’ai choisi de me rapprocher de l’original, celui de la création, qui n’est pas disponible, mais dont on peut déduire les contours. Ceux-ci nous informent sur un orchestre relativement réduit. Pour les raisons économiques citées tout à l’heure. À cela j’ai ajouté quelques couleurs qui ne sont pas étrangères à Monteverdi, quand on sait quel pouvoir de suggestion il donnait à divers instruments dans la transmission d’affects précis. On peut donc présumer un orchestre très réduit, avec deux violons, un luth (ou deux) et un clavecin, auquel mon choix personnel ajoute des cornets, des flûtes, une harpe. Il me semble que ça correspond à la fois à une situation historique très précise et un idéal expressif argumenté. 

PanM360 : Ça c’est le 6 juillet à 16h à l’Amphithéâtre. Le 8 juillet, à l’église de Saint-Jacques, vous donnerez Monteverdi et les sept péchés capitaux. Qu’est-ce que c’est, et pourquoi le faire?

Leonardo Garcia Alarcon : L’idée de ce programme m’est venue alors que j’accomplissais une longue période de résidence au Théâtre Malibran à Venise. Un endroit superbe, ou l’on est entouré d’œuvres d’art magnifiques, et beaucoup portant sur le thème des péchés capitaux. J’ai fait le lien avec l’époque de la composition du Couronnement de Poppée, pendant laquelle Monteverdi a également écrit La selva morale e spirituale. La selva est comme une antithèse de Poppée. Elle est morale et se veut vertueuse, alors que Poppée est l’opposé. Sachant que les Sept péchés capitaux sont une création papale du 13e siècle (italienne donc), je me suis dit que ce serait fascinant de creuser tout le répertoire lyrique, sacré et populaire de Monteverdi afin d’y extraire les parties qui illustrent chacun de ces aspects, puis en faire un programme cohérent. Et puis, il y a quelque chose de fascinant dans ces défauts honnis, encore plus que dans les vertus ‘’souhaitables’’. Elles invitent au drame et aux émotions puissantes. Tout comme aujourd’hui, on connaît bien plus l’Enfer de Dante que son Paradis, qui ne nous intéresse plus du tout. 

DÉTAILS POUR LE COURONNEMENT DE POPPÉE, LE 6 JUILLET AU FESTIVAL DE LANAUDIÈRE

DÉTAILS POUR MONTEVERDI ET LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX, LE 8 JUILLET AU FESTIVAL DE LANAUDIÈRE

Artistes 

Sophie Junker, soprano (Poppea) 

Nicolò Balducci, contre-ténor (Nerone) 

Mariana Flores, soprano (Ottavia, Virtú) 

Christopher Lowrey, contre-ténor (Ottone) 

Edward Grint, baryton-basse (Seneca) 

Samuel Boden, ténor (Arnalta, Nutrice, Damigella, Famigliare I) 

Lucía Martín Cartón, soprano (Fortuna, Drusilla) 

Juliette Mey, mezzo-soprano (Amore, Valletto) 

Valerio Contaldo, ténor (Lucano, Soldato I, Famigliare II, Tribuno) 

Riccardo Romeo, ténor (Liberto, Soldato II, Tribuno) 

Yannis François, baryton-basse (Mercurio, Littore, Famigliare III) 

Cappella Mediterranea 

Leonardo García Alarcón, direction

Désormais, lorsque vous entendrez « soul mandingo », vous penserez à Tyrane Mondeny, cette artiste polyvalente originaire de Côte d’Ivoire, qui en est à sa troisième visite dans la métropole. Elle a commencé avec la danse, joue différents types de tambours et chante en solo ou avec des collectifs de femmes artistes. Après une première visite dans le cadre du Festival afropolitain nomade en juin 2024, elle est revenue jouer au Club Balattou en novembre de la même année et voici qu’elle figure dans la programmation du Festival Nuits d’Afrique cette année, sur une scène extérieure cette fois-ci. Notre journaliste Sandra Gasana lui a parlé en direct d’Abidjan pour PAN M 360.

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Native de Québec, Gabriella Olivo propose un son planant, au confluent des traditions latines et de la modernité. Valsant avec aisance entre le français, l’anglais et l’espagnol, la jeune artiste impressionne par la délicatesse de sa voix et la sincérité de son art.

Forte de l’excellent A todos mis amores, son deuxième microalbum, la Québécoise est montée vendredi dernier sur la plus grande scène du Festival de Jazz de Montréal. Résultat : elle a livré une performance enveloppante, tout en douceur. Révélation de l’année Radio-Canada en 2025-2026, Gabriella est en pleine ascension sur la scène musicale québécoise. Fort à parier que son prochain album, attendu vers la fin de 2026, viendra la propulser encore plus loin.



Issue de l’union d’une mère mexicaine et d’un père québécois, elle façonne une musique hybride, profondément personnelle. « Je marie des sons traditionnels comme les guitares classiques avec des rythmes de cumbia ou de reggaeton. Je suis influencée par le indie rock, le folk et l’électro-indie », nous confie-t-elle.

Enregistré en majeure partie à Mexico City, A todos mis amores nous plonge au cœur de la ville natale de sa mère. Confectionnés en collaboration avec les frères Mijares, les arrangements de percussions, de guitares et de synthés hypnotisent. A todos mis amores se savoure du début à la fin, et on en redemande.

PAN M 360 : Salut! Vous êtes l’une des six Révélations Radio-Canada cette saison. Qu’est-ce que cet honneur représente pour vous?

GABRIELLA OLIVO : Je me sens vraiment choyée et touchée d’avoir été sélectionnée parmi autant d’artistes talentueux. Pour moi, c’est une belle reconnaissance qui apaise un peu le syndrome de l’imposteur que je ressens parfois comme artiste. En ce moment, j’écris mon tout premier album, alors ça me donne un bon coup de pouce et une tape dans le dos pour continuer.

PAN M 360 : Pour ceux qui commencent à vous découvrir, comment est née votre passion pour la musique?

GABRIELLA OLIVO : Ma relation avec la musique a commencé très tôt. J’ai commencé à prendre des cours de piano à 7 ans et je n’ai jamais vraiment arrêté. J’ai aussi joué de la trompette et du saxophone au secondaire; j’étais en jazz vocal et dans une chorale, Les Petits Chanteurs de Charlesbourg. La musique a toujours fait partie de moi, mais ça s’est intensifié quand je suis arrivée à Montréal. Avant, c’était un passe-temps. Pendant la pandémie, j’ai pris le temps d’écrire et de produire mes propres chansons.

PAN M 360 : Avec deux EPs à votre actif et un album en préparation, comment décririez-vous votre univers musical?

GABRIELLA OLIVO : C’est un mélange de plusieurs genres. Je marie des sons traditionnels comme les guitares classiques avec des rythmes de cumbia ou de reggaeton. Au cégep, j’ai eu un éveil musical très influencé par le indie rock, le folk et l’électro-indie. Mon groupe préféré, depuis longtemps, c’est Beach House — j’adore ces textures-là et les synthés. J’aime mélanger tout ça : la modernité, les effets numériques et analogiques, l’autotune… Bref, c’est un heureux mélange de textures, de genres et aussi de langues, car j’alterne entre le français, l’anglais et l’espagnol.

PAN M 360 : Justement, vous naviguez entre trois langues dans vos chansons. Qu’est-ce que cela vous permet d’exprimer?

GABRIELLA OLIVO : L’espagnol a une richesse romantique dans son lyrisme. Le français, c’est très pur. Quand j’écris, ça me vient naturellement, je ne réfléchis pas trop. C’est organique, et chaque langue vient appuyer l’émotion propre à chaque morceau.

PAN M 360 : Vous avez mentionné dans une entrevue que, même si votre mère est d’origine mexicaine, votre intérêt pour la musique latine est venu de vous-même. Qu’est-ce qui vous attire dans ces sonorités?

GABRIELLA OLIVO : J’ai souvent voyagé au Mexique ces dernières années, donc j’en ai entendu énormément. Les mariachis, ça vient vraiment me chercher… les boléros aussi. Ce sont des sonorités qui m’animent profondément et que j’adore. C’est moi qui suis allée puiser dans ces influences, d’une manière très instinctive.

PAN M 360 : Votre plus récent projet, A todos mis amores, est un superbe EP de six titres paru en octobre dernier. Dans quel univers souhaitez-vous transporter vos auditeurs?

GABRIELLA OLIVO : C’est un univers mélancolique, nostalgique, rêveur et planant. Comme tu dis, j’aime faire voyager les gens avec ma musique. Je suis très axée sur les arrangements musicaux, plus que sur les textes — c’est ce qui vient en premier, et ça a toujours été comme ça. Ça reste vrai pour mon premier album, même si je prends davantage soin de mes paroles aujourd’hui.

PAN M 360 : Vous avez enregistré la majorité de cet EP à Mexico City, la ville natale de votre mère. Comment ce voyage se reflète-t-il dans le projet?

GABRIELLA OLIVO : Je trouve qu’on sent vraiment l’énergie de Mexico City, mais dans une version actuelle. J’ai travaillé avec un producteur assez connu là-bas, Santiago Mijares, et son frère Patricio. Ce sont deux musiciens, compositeurs et auteurs hyper talentueux. On ressent la vibe de la ville dans les instruments, surtout que la majorité d’entre eux ont été joués par Santiago. Je dirais que c’est ça l’empreinte du voyage — sauf pour la pièce Tonterías, enregistrée à Montréal avec Léo Leblanc.

PAN M 360 : Vous avez aussi joué quelques instruments sur cet EP, non?

GABRIELLA OLIVO : Oui, j’ai joué certaines guitares et des bouts de synthé. C’était vraiment un travail collaboratif. Moi, j’arrive toujours avec des maquettes déjà bien avancées. Ensuite, avec Santiago, on les a retravaillées. Les lignes et les partitions étaient pas mal déjà écrites.

PAN M 360 : La pièce St-Valentin capte immédiatement l’attention. Quelle est son histoire?

GABRIELLA OLIVO : C’est drôle que tu me parles de celle-là! Je l’ai écrite il y a environ six ans, à une époque où je n’aurais jamais pensé faire carrière en musique. C’était dans un élan créatif, en pleine peine d’amour. Je l’avais enregistrée sur GarageBand, puis elle était restée dans mes archives. Je l’ai fait écouter à Santiago, il a tout de suite adoré, et on l’a retravaillée à la sauce Mexico City.

PAN M 360 : Quels sont les thèmes qui traversent cet EP?

GABRIELLA OLIVO : Dans mes deux derniers EPs, je parle beaucoup de relations amoureuses et amicales. Il y a aussi une chanson sur le deuil. Mais en ce moment, j’écris plus sur la famille, et je tends vers des textes plus engagés, plus ancrés dans l’actualité. Moins de romantisme, disons!

PAN M 360 : Et la suite, elle ressemble à quoi?

GABRIELLA OLIVO : J’ai plusieurs spectacles cet été, je vais beaucoup voyager à travers le Québec, et même au Nouveau-Brunswick. Et entre les spectacles, je travaille sur mon premier album. Si tout se passe bien, il devrait sortir à la fin de l’année 2026.

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Au milieu d’une mer d’artistes de jazz raffinés et de crooners chevronnés au Festival International de Jazz de Montréal cette année, Empanadas Illegales apporte une bouffée d’énergie brute et insurrectionnelle. Avec sa fusion de cumbia, de punk et de protestation politique, le groupe de Vancouver transformera son concert en plein air en un appel à l’action qui fera transpirer et danser. Avant leur performance explosive, nous nous sommes entretenus avec le groupe pour parler de ses racines, de son message et des raisons pour lesquelles faire du bruit – musicalement et socialement – est plus important que jamais. Après la sortie de son nouvel album, Sancocho Trifásico, le groupe a affiné son son et sa voix politique, en reprenant les thèmes de la migration, de l’identité et de la défiance populaire. Nous avons rencontré le groupe pour parler de son nouvel album, de ses racines musicales et de ce que signifie être « illégal » en 2025, avant qu’il ne joue au Jazzfest le 2 juillet.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui a inspiré le titre Sancocho Trifiasco? Y a-t-il une histoire derrière ce nom ?

Daniel Hernandez : Le sancocho est un ragoût traditionnel latino-américain qui contient de nombreux ingrédients et saveurs, et en Colombie, il existe un type particulier appelé Sancocho Trifiásco, qui contient trois sortes de viandes différentes. Notre album y fait référence, car il a été enregistré en trois sessions différentes et contient une myriade de sons et de saveurs, à l’image de la soupe sancocho.

PAN M 360 : Oui, cet album ressemble à un ragoût sonore – chaotique, savoureux et stratifié. Comment avez-vous abordé le mélange de tant de genres (cumbia, psych, etc.) et de textures ?

Daniel Hernandez : Notre objectif est d’honorer nos racines folkloriques latino-américaines, mais aussi d’embrasser tous les nouveaux sons et styles musicaux modernes. Lorsque nous créons notre musique, nous voulons explorer différents sons tout en restant fidèles à nos racines. Ce type d’expérimentation nous a amenés à incorporer des synthés, des effets et des techniques ambiantes dans nos chansons, qui sont généralement guidées par le rythme et le groove. Nous voulons que les gens aient l’impression de danser sur quelque chose de familier, tout en ressentant la surprise de l’expérimentation dans notre son.

PAN M 360 : Il y a la piste vocale d’ouverture Suto Ta Kandá (de las 4 a las 12), pourquoi avez-vous décidé d’ajouter des voix et non pas tout au long de l’album ?

Daniel Hernandez : Suto Ta Kandá marque un tournant pour Empanadas Ilegales, car c’est le premier morceau où les voix occupent une place centrale dans notre musique. Il présente également notre nouveau collaborateur musical, le batteur et producteur Daniel Ruiz, qui fusionne son projet solo Druiz avec les contributions du multi-instrumentiste canadien Myles Bigelow et du Colombien Jerlin Torres Salgado de San Basilio de Palenque. Au cœur de cette chanson se trouve le palenquero, une langue afro-colombienne rare et historiquement importante, dont les racines remontent à la première ville africaine libre des Amériques. Cette chanson est peut-être l’une des toutes premières à être publiée au Canada avec du palenquero, ce qui en fait un moment musical et culturel vraiment unique. Suto Ta Kandá fusionne la musique folklorique colombienne traditionnelle avec des sons expérimentaux, jetant un pont entre le passé et l’avenir tout en amplifiant une langue et un héritage qui méritent d’être reconnus à l’échelle mondiale.

PAN M 360 : Il y a un fort sentiment de célébration et de résistance dans la musique. Quels sont les thèmes que vous avez voulu exprimer avec le plus de passion ?

Daniel Hernandez : Notre objectif est de rappeler à notre public le lien qui nous unit tous à la musique. La musique est inscrite dans notre ADN en tant qu’êtres humains, et lorsque nous partageons une expérience musicale, cela crée une connexion en nous. Notre objectif est de créer une connexion entre notre public et la musique, de danser et de s’amuser tout en laissant tous les soucis s’envoler pour un moment. La musique peut être une source de connexion, de construction de communauté et de liberté. Elle est libératrice et peut nous aider à renforcer nos liens en tant qu’êtres vivants. C’est pourquoi, lorsque nous jouons notre musique, notre objectif est de contribuer à créer un lien humain plus fort entre nous, tout en passant un très bon moment à danser et à apprécier la musique.

PAN M 360 : Comment la nourriture, le folklore et la communauté jouent-ils un rôle dans votre processus de création ? Votre nom à lui seul suggère quelque chose d’à la fois savoureux et radical.

Daniel Hernandez : Nous aimons tous la nourriture dans le groupe et nous y faisons beaucoup référence, haha. Nous utilisons également des contes folkloriques pour les noms de nos chansons et nous utilisons certains de ces noms pour nous rappeler des choses qui sont importantes pour nos cultures et la nourriture est généralement un bon point de départ. Par exemple, les empanadas ont des versions dans tous les pays d’Amérique latine et du monde (pensez aux pérogies ou aux boulettes) et nous pensons qu’il s’agit d’une ressemblance avec les diversités culturelles du monde entier qui devraient être embrassées. Nous sommes tous des empanadas, mais nous avons des garnitures différentes et nous pouvons tous vivre ensemble en harmonie avec nos petites différences.

PAN M 360 : Les empanadas ont-ils été illégaux à un moment donné en Colombie ou est-ce une connerie ?

Daniel Hernandez : Haha, oui. À Bogota, à une époque, les vendeurs ambulants étaient interdits, et certaines personnes ont donc commencé à vendre leurs empanadas dans la rue, et on les appelait les empanadas illégales.

PAN M 360 : Vos concerts doivent être sauvages et immersifs. Quelle est la réaction idéale que vous attendez du public ?

Daniel Hernandez : Notre objectif est de créer un environnement tellement insouciant et joyeux que les gens qui viennent au spectacle oublient tous leurs problèmes et se laissent aller sur la piste de danse, en dansant et en faisant partie de la musique avec nous.

PAN M 360 : Avez-vous collaboré avec d’autres artistes ou collectifs qui ont poussé votre son plus loin ? Quel est le lieu ou le concert le plus étrange que vous ayez jamais joué ?

Daniel Hernandez : Nous avons fait des collaborations très amusantes avec d’autres artistes. Par exemple, une fois pour Halloween, nous avons interprété une chanson des Spice Girls avec nos potes de NADUH. C’était une performance très épicée et amusante et nous avons plaisanté en nous appelant EmapaNADUHs. Hahaha, il se peut que nous y retournions et que nous essayions d’enregistrer la chanson ensemble, nous verrons bien. En ce qui concerne les endroits bizarres où nous avons joué, quelques uns me viennent à l’esprit… Un parking de centre commercial, un ancien entrepôt de banque, sur une scène avec un grand arbre qui pousse au milieu. Nous aimons jouer dans des endroits bizarres et espérons continuer à le faire.

PAN M 360 : Si votre musique était un plat, autre que des empanadas, quel serait-il et pourquoi ?

Daniel Hernandez : Je dois dire qu’un Sancocho serait une bonne option. Plein de saveur, beaucoup d’ingrédients, copieux, rassasiant, délicieux et nourrissant pour le corps et l’esprit.

PAN M 360 : Qu’espérez-vous que quelqu’un qui ne vous a jamais entendu retienne de cet album?

Daniel Hernandez : Nous espérons qu’ils se laisseront entraîner par les mélodies et les grooves et que cela leur donnera envie de venir nous voir en concert et de vivre l’expérience Empanadas Ilegales en personne. Notre musique est conçue pour être écoutée sur la piste de danse.

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Nouvel album de Meggie Lennon, Desire Days vient à peine d’être lancé sous étiquette Mothland que l’autrice, compositrice et interprète bilingue se produit pour une première fois au FIJM, soit ce lundi 30 juin, 23h, scène Club Montréal / Loto-Québec, sans compter la première partie de Cat Empire, ce mercredi 2 juillet, 20h30, au MTelus. La voix feutrée et la dégaine très sensuelle de Meggie Lennon a fait son chemin dans le paysage indie québécois, le nouveau chapitre de sa dream pop pourrait laisser une marque plus profonde vu la maturité acquise et la fraîcheur toujours tangible de cette artiste Montréalaise originaire de Québec. Voilà qui justifie amplement cette conversation vidéo avec Alain Brunet.

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Comme le suggère ce néologisme, qui est aussi le nom d’un quartet de jazz invité au FIJM, il est tout à fait logique : Upendo met le paquet, en effet ! Le quartet de Baltimore est composé de Brandon Woody, trompette et leader, Troy Long, piano, Michael Saunders, contrebasse, Quincy Phillips, batterie.

La fraîcheur du jazz sera bientôt de retour, grâce à des artistes comme ceux-ci qui reprennent le style là où il fut laissé de côté.

Dimanche soir, sur la scène du Pub Molson, deux sets de Brandon Woody et de ses collègues nous ont rappelé les vertus de l’héritage afro-américain. Les fondements culturels de ce jazz noir restent collés à la soul, au R&B et au gospel, tout en explorant de nouvelles voies dans le territoire du jazz d’aujourd’hui pavé par les grands innovateurs des générations précédentes.

Les dissonances et les trajectoires atonales sont ici limitées aux improvisations des solistes (notamment la trompette), le reste étant consonant et très rythmé. Les mélodies des thèmes rassurent les mélomanes peu enclins à l’exploration, et c’est le dosage généralement souhaité par le FIJM : aventureux mais pas trop, fort en émotion, suffisamment contagieux pour relancer la forme.

And that’s exactly why PAN M 360 offers this on-the-spot interview with Brandon Woody.

PAN M 360 : J’ai beaucoup écouté votre musique récemment, en préparant cette interview, et il y a, eh bien, toute l’expérience afro-américaine qui s’y trouve. Il y a le gospel, la soul, le jazz moderne, les nouvelles questions harmoniques, et vous êtes vraiment dans la lignée de votre culture. Vous êtes vraiment en contact avec vos ancêtres, vos parents, vos grands-parents, etc.

Brandon Woody: Oui, je veux dire, je ne pense pas avoir le choix. Quiconque est noir, vous savez… Je ne veux même pas être connecté à la lignée de mes ancêtres. Non, non, ça arrive. J’ai ça dans le sang, vous savez, vous avez dit, le gospel, le jazz, la soul ou le funk. C’est même plus que cela. Je suis inspiré par toutes les musiques qui existent dans le monde.

PAN M 360 : Oui, oui, bien sûr. Oui, honnêtement, c’est difficile à décrire.

Brandon Woody : Je préférerais que vous n’essayiez pas de le décrire. Laissez-le être ce qu’il est.

PAN M 360 : Oui, eh bien… nous devons mettre des mots tout en sachant que les mots ne décrivent pas exactement ce qui se passe. C’est sûr, mais puisque nous parlons musique, il faut des mots n’est-ce pas ?

Brandon Woody : Oui, je comprends. Vous savez, cette musique représente tout pour moi. Chaque fois que nous montons sur scène, je me donne à fond, vous savez. Je joue comme si c’était la dernière fois que je jouais dans ma vie, à chaque fois. Le monde entier inspire cette musique.

PAN M 360 : Parlons de l’évolution de votre son, de la manière dont vous dirigez un orchestre, de la façon dont vous avez développé votre propre métier, votre propre signature.

Brandon Woody : J’ai joué de la batterie à l’âge de cinq ou six ans. Et juste pendant un an, j’étais à l’école primaire, et j’ai fait ce concours de talents, et j’étais nul, et j’ai perdu. Je n’ai pas gagné et j’ai arrêté la batterie après ça. Puis j’ai commencé l’année scolaire suivante, et les deux instruments dont je pouvais jouer étaient le saxophone et la trompette. Je suis tombé amoureux de la trompette. Je pensais que ce serait l’instrument le plus facile parce qu’il n’y avait que trois touches. C’est pourquoi je l’ai choisi. Ouais, et je n’ai pas pu faire une note de trompette avant deux semaines.

PAN M 360 : Et enfin… C’est un instrument très difficile à jouer.

Brandon Woody : Oui, j’ai finalement réussi à en tirer une note, et il m’a laissé l’emmener chez lui, m’a laissé louer l’instrument, et j’en suis tombé amoureux, mec. Je me souviens qu’à un jeune âge, moi, ma mère et mon frère, nous vivions, nous déménagions dans beaucoup d’immeubles différents. Et je me souviens que les habitants de ces immeubles étaient toujours en colère. Ils étaient comme, yo, arrêtez de jouer de la corne. Arrêtez. Tu es trop bruyant. Toutes ces choses. Ma mère s’en sortait très bien parce qu’elle leur disait simplement non. Elle disait simplement, non, ces heures d’entraînement de mon fils sont plus importantes que votre soirée tranquille. J’apprécie vraiment cela.

PAN M 360 : Ta maman t’a protégé et défendu !

Brandon Woody : Oui, elle m’a protégé et a veillé à ce que mon frère et moi, mon grand frère, soyons inscrits à tous les grands programmes musicaux de Baltimore et d’ailleurs.

PAN M 360 : Où as-tu étudié?

Brandon Woody : Il y avait un programme appelé Eubie Blake Jazz Institute. C’est comme ça que j’ai rencontré Craig Austin, l’un de mes OGs. J’ai suivi le programme préparatoire Peabody. Ils ont tout un programme appelé Tuned In Program pour les jeunes, pour les jeunes défavorisés de Baltimore. Ensuite, j’ai fréquenté l’école des arts de Baltimore. J’ai également fréquenté le Brubeck Institute à Stockton, en Californie. Ensuite, je suis allé à la Manhattan School of Music à New York. J’ai abandonné après. Puis je suis revenu à Baltimore en 2018. Et c’est là que j’ai commencé à monter mon groupe.

PAN M 360 : Et comment s’est construit ce groupe ?

Brandon Woody : Oui, les amis, la famille. Oui, la famille. Je veux dire, nous vivions juste en bas de la rue l’un de l’autre. Nous ne le savions même pas. On s’est mis en relation. J’ai vu Quincy jouer un jour et je me suis dit : « yo, j’ai besoin de son son ». J’ai rencontré Mike. Nous avions un concert mensuel à An Die Music et nous pouvions vraiment être nous-mêmes, expérimenter et faire des erreurs. C’était il y a environ huit ans, donc le son s’est construit naturellement, progressivement avec la même famille.

PAN M 360 : Et cela s’est fait naturellement. Vous ne vous posez pas de questions. C’est ce qui se passe.

Brandon Woody : Oui, oui. Littéralement, avant que vous ne le sachiez, c’est comme, wow, nous avons notre propre son, vous savez, que personne d’autre n’a. C’est comme notre ADN. J’ai la chance d’avoir un groupe de membres qui me soutiennent. Vous savez, tout le monde y met du sien. Oui, mon nom est sur la scène, mais c’est un groupe. C’est un collectif. C’est une famille. Nous y mettons donc tous du nôtre.

PAN M 360 : Et si nous essayons d’être un peu plus précis, qu’est-ce qui le distingue ?

Brandon Woody : Je veux dire, simplement les expériences uniques que nous avons vécues en grandissant dans la même ville. C’est pour cela que nous sommes capables de nous connecter les uns aux autres comme nous le faisons. Mais aussi, je pense que tous les habitants de ma ville, d’une certaine manière, ont l’impression d’être des ambassadeurs, de répandre la positivité. D’une certaine manière, j’ai l’impression d’être une ambassadrice, simplement parce que Baltimore est perçue de manière tellement négative dans le monde entier. Beaucoup de gens parlent de la violence. Et moi, je me dis que je veux être une lumière positive.

Alors quand on est ici ensemble, c’est comme si tous les gens de Baltimore qui quittent la ville voulaient donner une image positive de la ville. Je pense qu’il y a tellement d’excellents artistes ici, mais je pense qu’être nous-mêmes est la chose la plus courageuse que nous puissions faire. Et comme moi qui me présente ici en ce moment, avec les membres de mon groupe.

PAN M 360 : Vous vous inspirez donc de cette expérience quotidienne.

Brandon Woody : Oui, je pense que ce qui m’a libéré, c’est de savoir et de croire que moi et mon groupe, le simple fait de venir, c’est suffisant. C’est littéralement plus que suffisant. Vous voyez ce que je veux dire ?

C’est aussi grand que possible et c’est puissant. Je suis tellement absorbé par la musique elle-même, par l’expérience. Il faut ressentir cette musique. Il faut venir à un concert. Vous devez me serrer la main. Vous savez, vous devez juste venir vous amuser avec nous et bouger et danser parce que je pense qu’en ce moment dans ma vie, je fais tellement d’interviews et de discussions et tout ça. Et je suis comme, mec, vous avez juste besoin de venir nous voir.

PAN M 360 : La réponse ultime consiste à écouter cette musique.

Brandon Woody : Oui. Nous sommes capables d’être aussi honnêtes et vulnérables que possible parce que nous passons tout ce temps à nous développer les uns les autres. Et j’ai l’impression que, lorsque nous voyageons à travers le pays, tout ce que je fais se répercute dans ma ville. J’essaie donc de faire en sorte que ce que nous faisons soit positif. Mais je suis tellement reconnaissant de la façon dont j’ai été élevé. Vous savez, il faut un village pour élever un homme. OK, il faut une communauté. J’ai été bien élevé. Je suis respectueux. Je diffuse l’amour.

PAN M 360 : Toujours à propos de la musique : peut-on parler d’influences très fortes ?

Brandon Woody : Valjohn Harris de Baltimore. Craig Austin de Baltimore. Mark Harris de Baltimore. Quincy Phillips de Baltimore. Gary Thomas de Baltimore. Tim Green de Baltimore. Tim Green de Baltimore. Clarence Ward de Baltimore. Oui, mes plus grandes influences viennent de la ville de Baltimore. Mais j’ai aussi d’autres grandes influences. Je suis très inspiré par Freddie Hubbard, Booker Little, Clifford Brown. Plus récemment, j’ai été très inspiré par tous ces trompettistes: Terence Blanchard, Ambrose Akimusire, Keyon Harrold, Christian Scott.

PAN M 360 : En tant qu’instrumentiste, avez-vous des difficultés à développer votre propre style ?

Brandon Woody : Merde, mec, je dois continuer à m’entraîner tous les jours. C’est difficile. Je dois respirer par le nez et fumer parfois de l’herbe pour me détendre. Alors je sors du lit et je m’échauffe. Ma routine d’échauffement consiste donc à faire dans le chromatisme, travailler ma souplesse, jouer des gammes, améliorer mon articulation. Tout cela doit se produire chaque jour. Si ce n’est pas le cas, je ne peux exercer mon métier.

PAN M 360 : Vous devez maintenir vos compétences à leur meilleur niveau et aussi mettre l’accent sur votre propre évolution.

Brandon Woody : Oui, et il ne s’agit pas seulement de la technique, mais de beaucoup de choses. La technique me permet d’éliminer les limites de mon plan. Si je ne me préoccupe pas de ma technique, je peux jouer ce qui me passe par la tête.

Le 5 juillet 2025 à 16h (notez l’heure hâtive), à Orford Musique, le flûtiste Denis Bluteau (ex-OSM pendant environ 30 ans et professeur à l’université de Montréal) donnera un concert tout indiqué pour un bel après-midi d’été : une rare Sonate pour flûte en si bémol majeur, WoO Anh. 4 et la mieux connue Sérénade pour flûte, violon et alto en ré majeur, op. 25, de Beethoven. Deux œuvres du compositeur réalisées dans son jeune âge. Elles témoignent des débuts ‘’classicistes’’ de Beethoven, cette première période où il était encore inspiré par Haydn. Une musique tout indiquée pour un concert estival. En complément de programme, la grande sonate romantique Undine op. 167 de Carl Reinecke (1824-1910) basée sur un conte féérique, celui d’une nymphe des eaux qui se marie avec un mortel dans le but de lui voler son âme. Le caractère ondoyant et narrativement dramatique de l’œuvre séduira à coup sûr les mélomanes. J’ai parlé de tout cela avec le flûtiste Denis Bluteau, qui sera accompagné pour l’occasion de Julie Triquet au violon, Jutta Puchhammer-Sédillot à l’alto et de Mariane Patenaude au piano. 

Il est 17h à l’Esplanade Tranquille, le soleil plombe, les festivaliers se crèment. Une poignée de passants — un mélange de jeunes familles et de travailleurs tout juste libérés du bureau — forment un attroupement clairsemé. Puis, rafraîchissante, ALICE monte sur scène.

Elle s’installe derrière son Crumar, sourire aux lèvres, n’a qu’une hâte : celle de commencer à jouer. Le pouvoir d’attraction de sa voix incandescente opère instantanément, et la foule ne tarde pas à se garnir. Les curieux restés en marge se laissent entraîner par une danse en ligne, menée avec entrain par ALICE.

Tellement à l’aise, tellement à sa place. Pas mieux pour clôturer les Francos un samedi après-midi.

Ça ne fait que deux ans qu’Alice Tougas St-Jak évolue sous le nom d’ALICE, un projet qu’elle mène de front en signant aussi bien la musique que les paroles. L’assurance qu’elle émane aujourd’hui, elle l’a taillée à même dix ans de collaboration comme chanteuse et accordéoniste au sein du défunt Canaille — un groupe de huit, neuf musiciens où folk et bluegrass se rencontraient dans un joyeux chaos maîtrisé.Elle bifurque maintenant vers un territoire plus intime, sans toutefois renier ses racines ancrées dans le terreau country.

Tant mieux pour nous, ça lui va bien. L’accordéon a fait place au clavier. Le bluegrass, au rock. Elle n’a peut-être pas son permis, mais elle sait driver.Je l’ai rencontrée juste après sa performance, derrière la scène du Pub Brasseur Montréal. Elle venait d’y livrer un set qui a charmé à l’unanimité aux côtés de son ALICE BAND, un quatuor solide, bien en forme, bien coiffé et de bonne humeur. Les yeux encore brillants, elle me dit qu’il lui reste amplement de jus pour répondre à mes questions.

PAN M 360: Est-ce que tu retrouves le même rush — avant, pendant, après le show — qu’à l’époque de Canaille ?

ALICE: L’effervescence sera toujours là. Au début, avec ALICE, c’était comme recommencer à zéro, j’étais pas mal nerveuse. Tantôt, j’étais fébrile, mais dans le meilleur des sens. Juste l’excitation d’être là avec ma gang. La grosse différence qu’à l’époque de Canaille, c’est que maintenant, c’est moi qui porte le show et qui anime. Avant, même si parfois, je leadais, la pression était partagée. 

Je pense vraiment que ça a dû m’aider d’avoir 10 ans de show derrière la cravate. Là, je me sens vraiment sur mon X !

PAN M 360: Tu as décidé de donner ton prénom au projet. Après toutes ces années en groupe,  avais-tu envie de te révéler davantage, de t’afficher plus personnellement ?

ALICE : Oui, c’est ça. J’avais comme un besoin de m’y mettre. J’ai commencé le projet solo lorsque Canaille était encore actif. La fin du groupe m’a permis de consacrer plus de temps là-dessus. C’est mon nom, c’est moi, faut que j’assume ce qui sort de là ! 

Pas que je n’assumais pas ce que je faisais avec Canaille. J’adorais être dans un band, je suis contente d’avoir vécu ça, de rendre service à une chanson même si ce n’est pas la mienne.  Autant que la nostalgie est là, autant que c’est correct que ça soit fini. C’était effréné on fait quelque chose comme 700, 800 shows. Tant qu’à faire autre chose je me suis dit « ok, j’aimerais ça leader » et j’aime composer, même si c’est tellement plus de travail ! Mais tout est plus feelé.

PAN M 360: Avais-tu composé des nouvelles chansons dans le but de sortir ton EP ou ça dormait pendant tes autres projets ?

ALICE: J’ai composé une des tounes pendant Canaille, mais pour la majorité, ça ne dormait pas. Ça m’a pris un peu de temps de trouver ma voie ! Je savais juste que je voulais laisser tomber l’accordéon et faire quelque chose de plus rock. 

PAN M 360: Parlant d’accordéon, je suis tombée sur une de tes biographies qui te décrivait comme une clown-accordéoniste. Qu’est-ce qu’une clown-accordéoniste ?

ALICE: Ah haha oui, j’ai étudié en théâtre. À l’époque, j’avais une amie qui faisait du cirque, alors on a décidé de monter notre propre cirque pour faire de l’animation de rue pendant des festivals de jazz — en France, au Danemark, en Pologne… C’était très théâtral. Roue allemande, acrobaties, diabolo, jonglerie. Moi, j’assumais la partie rigolote, avec l’accordéon et le personnage de clown muet. Je ne me souviens plus exactement de l’année… mais je me rappelle que j’ai eu 21 ans en Pologne !

PAN M 360: Ta fête de 21 ans en Pologne devait être mémorable pour que tu l’utilises comme point de repère pour te situer dans le temps !

ALICE: Oui, je m’en rappellerai toujours ! Ma première tournée et mon premier voyage sans ma mère. Ça m’a préparé pour les tournées de Canaille après. C’était comme forain haha ! La bohème, mais très français on cuisinait nos salades sur le trottoir. De beaux souvenirs.

PAN M 360: Y a-t-il quelque chose que tu te permets aujourd’hui, que tu n’aurais jamais osé plus tôt dans ta carrière ?

ALICE: Avant, je trippais vraiment acoustique. Je ne me permettais pas de faire du rock. J’avais comme un syndrome de l’imposteur… Je me disais : « je ne connais pas assez ça moi ». 

Voyons, j’écoute du rock depuis que j’ai 14 ans, The Mamas & the Papas, les Beatles, les Stones. J’ai toujours trippé sur la musique des années 60, 70. On dirait que ce n’était pas une option peut-être parce que je ne voyais pas beaucoup de femme en faire et ma voix n’est pas particulièrement rock. Je ne chante pas comme Janis Joplin !

Je rock avec mon instrument, avec mon intention. Le rock prend la couleur qu’on veut, c’est très vaste. Maintenant, je me permets de faire ce dont j’ai envie.

PAN M  360: Ton goût pour cette époque-là, il te vient de tes influences musicales ? Est-ce nourri par une forme de nostalgie pour une époque ne que t’as pas connue ?

ALICE: Ça me rappelle ce que j’écoutais pendant mon adolescence. Je ne l’ai pas vécu, mais ma mère, oui ! Il doit bien exister une photo d’elle à Woodstock, en bobette dans un lac. Je la ressens, cette nostalgie-là.  Chez nous, je collectionne les vinyles, la vaisselle, le pyrex et toutes sortes de bébelles rétros dites inutiles, des années 50 à 80. L’ambré, le multicolore… ce sont ces années-là que j’aime !

PAN M 360: Avec ALICE, tu changes un peu de registre. Est-ce que ton public t’a suivie dans ce virage, ou tu reconnectes plutôt avec de nouveaux visages ?

ALICE: Canaille ou pas Canaille, beaucoup de mes amis viennent me voir. Je sais que certains m’ont découverte à travers Canaille et continuent de me suivre, et ça me touche. Ce que je trouve génial, c’est de voir du nouveau monde à chaque fois ! Les Francos, c’est parfait pour ça : tu entends de la musique, c’est l’fun, c’est gratuit. Ça me donne vraiment de l’énergie. Il y a des gens qui me disent : « On a le goût d’être ton amie. »

Et pendant que je joue, je les vois sourire. C’est ça qui me donne le fuel !

photo: Frédérique Ménard-Aubin

En plus d’assurer la direction artistique du Festival international de Landaudière, soit le plus important festival de musique classique au Canada, Renaud Loranger est Vice-Président Artistes et Répertoire du label européen Pentatone, c’est-à-dire qu’il chapeaute le recrutement et le développement discographique de grands musiciens de la planète classique, on pense notamment aux maestros Vladimir Jurowski, René Jacobs et Esa-Pekka Salonen, aux chanteurs.euses Piotr Beczala, Lisette Oropesa, Javier Camarena et Magdalena Kožená, aux pianistes Pierre-Laurent Aimard et Francesco Piemontesi, on en passe évidemment. Depuis novembre 2018, Renaud Loranger est directeur artistique de Lanaudière, soit à Joliette, sa ville natale où il séjourne chaque été depuis. Musicologue et historien de l’art, il est parmi les professionnels les plus aguerris et les plus raffinés pour mener à bien de telles missions. Écoutez-le exprimer sa passion pour sa nouvelle programmation lanaudoise et nous faire part de ses meilleures prises! Alain Brunet a mené cette interview pour PAN M 360.

BILLETS ET INFOS

Cette interview consacrée à la programmation du Festival de Lanaudière s’inscrit dans le cadre d’un partenariat de contenus PAN M 360 avec La Vitrine, soit le plus important site web consacré quotidiennement aux sorties culturelles à travers le Québec.

POUR ACCÉDER AUX INFOS SUR LE FESTIVAL DE LANAUDIÈRE VIA LA VITRINE, C’EST ICI

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