Les partys de cuisine constituent une tradition en soi chez les Québécois de toutes souches. Eli Levison, alias DJ Oonga que l’on connaît aussi pour la coordination de la direction artistique de l’événement Mundial Montréal, a professionnalisé les partys de cuisine de son propre appartement jouxtant le parc Jeanne-Mance, mémorables fêtes privées qui se sont transformés progressivement en Sauce Piquante Sound System.

Sous l’impulstion de DJ Oonga, ce plateau d’artistes à géométrie variable se déploie ce samedi au Ministère, soit de 22h jusqu’à 3h du matin dominical. Toute une fête en perspective !

Toutes les épices de Sauce Piquante Sound System se trouvent dans cette cuisine globale ! On y cuisine ska, rumba, calypso, funk, hip-hop et même punk. DJ Oonga sera entouré des chanteurs et rappeurs KC et Gioco, sans compter les instrumentistes, guitaristes, percussionnistes et autres voix motivées. Et ça se passe en français, en espagnol, en anglais et en portugais… Babel Montréal ne s’est jamais si bien portée!

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L’ensemble montréalais novateur Collectif9 sera au Festival de Lanaudière le 12 juillet pour un concert basé sur le principe du folklore. Bien sûr, connaissant cet orchestre à cordes qui ne fait rien comme les autres, on peut déjà s’attendre à des visions loufoques, surprenantes et peut-être même iconoclastes des clichés et stéréotypes qu’il impose. Le groove, le beat, le rythme, risquent aussi d’être de la partie, de manière audacieuse bien sûr, car Collectif9 est un groupe de musique savante, certes, mais de son temps. Au programme : Nicole Lizée, brillante créatrice d’univers éclectiques allant du grand art à la culture pop. Et aussi : John Zorn, l’inclassable, Vijay Iyer, un génie du jazz contemporain, et bien d’autres. Pour en savoir plus, lisez notre entretien avec Andrea Stewart et Thibaut Bertin-Maghit de Collectif9.

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Secret bien gardé? Daby Touré est devenu Montréalais il y a quelques années et y amorce aujourd’hui un nouveau cycle de sa vie publique. Auteur, compositeur et interprète atypique de l’Afrique car il y intègre tout plein d’éléments de folk, rock ou pop de création à l’occidentale, l’artiste avait connu un départ canon lorsque repéré par Peter Gabriel et pris en charge sous son étiquette Real World pour ainsi tourner avec le célébrissime artiste britannique.

Deux décennies plus tard, le parcours de Daby Touré fut un peu plus confidentiel qu’annoncé. De sa Mauritanie natale et du Sénégal dont sa célèbre famille paternelle est issue (père et oncles du fameux groupe Touré Kunda), Daby Touré n’a cessé de transhumer sur cette Terre et ainsi devenir un authentique citoyen du monde. Après l’Afrique de l’Ouest où il retourne régulièrement, il a vécu à Paris pour ensuite s’établir à Montréal. On lui doit les albums Diam (2004), Stereo Spirit (2007), Lang(u)age (2012), Amonafi (2015).

Daby Touré n’a pas enregistré d’album depuis 10 ans mais affirme avoir tout plein de chansons neuves dans sa besace. Il reprend du service en ce 11 juillet aux Nuits d’Afrique qui lui ont réservé le Théâtre Fairmount pour son retour professionnel. Semble-t-il qu’il a complètement réarrangé ses classiques et nous offrira quelques inédites de son nouveau répertoire. Avant quoi il raconte à Alain Brunet les tenants et aboutissants de son nouveau cycle montréalais qui le mènera possiblement sur les scènes du monde.

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Las Karamba est un groupe féminin de Barcelone, formé majoritairement d’immigrantes d’Amérique Latine.

Deux Vénézuéliennes, deux Cubaines, une Argentine et une Catalane. Après deux albums, Las Karamba sera aux Nuits d’Afrique pour la première fois le 20 juillet, à la Scène TD du Quartier des Spectacles, à 20h15. C’est gratuit. Michel Labrecque s’est entretenu, en espagnol, avec deux membres de ce groupe festif et militant à la fois. Natacha Arizu, Argentine et claviériste et Ayvin Bruno Vénézuélienne et chanteuse, répondent à ses questions.

PANM360 : Racontez moi la genèse de ce groupe féminin, comment Las Karamba s’est-il formé ?

Ayvin Bruno : Je peux dire que je suis l’initiatrice, nous étions en 2018. À Barcelone, il y a toute une scène musicale ouverte, qui permet des jam sessions, où beaucoup de gens issus de nombreux pays peuvent se rencontrer. C’est dans ce contexte que nous avons formé ce groupe féminin, pour raconter nos histoires de migration, de l’Amérique latine à l’Europe. Nous nous sommes rapidement rendu compte que nous vivions beaucoup de choses en commun même si nous venions de pays différents. En 2021, Camino Asi, notre premier disque est paru et en 2024, notre second, Te lo Digo Cantando, sera en grande partie ce que nous allons vous présenter à Montréal.

PANM360 : Il me semble que le dénominateur musical entre vous six, c’est l’amour pour la musique cubaine : salsa, rumba, son, etc. Je me trompe ?

Natacha Arizu : Non, bien que je sois Argentine, j’ai grandi en écoutant beaucoup de musique cubaine et c’est pareil pour les autres. Le groupe compte aussi deux musiciennes cubaines. C’est donc notre base musicale, mais, après, chacune apporte un peu la couleur de son pays et son expérience personnelle.

Ayvin Bruno : Mais nous avons toutes cette affinité avec le son cubain. C’est une musique dansante, qui est reconnue au niveau international. Et ça nous unit.
PANM360 : C’est une musique dansante, mais vous voulez aussi faire réfléchir. Qu’est-ce que vous voulez raconter dans vos chansons ?

Ayvin Bruno : Vous savez, dans l’ensemble, la musique latine est écrite dans une perspective masculine, voire patriarcale. Parce que la grande majorité des compositeurs étaient des hommes. Nos chansons racontent notre version de l’histoire. Ça raconte nos luttes, notre quotidien, notre vie de mère, nos anxiétés, aussi la perspective de nos mères ou de nos ancêtres. Je crois que c’est une nécessité sociale de faire cela.

Également, nous avons écrit une chanson en catalan, puisque nous habitons Barcelone et que c’est la langue de la majorité. Mais, à part une Catalane qui est avec nous, nous racontons notre perspective de migrantes, venues ici pour apprivoiser une nouvelle société et lui offrir le meilleur de nous. Et maintenant, nous avons la possibilité de raconter nos histoires à l’échelle internationale en tournant à l’étranger.

PANM360 : Vous êtes Latino-Américaines, pourquoi avez-vous choisi d’immigrer en Espagne plutôt qu’aux États-Unis, comme le font tellement de gens ?

Natacha Arizu : Pour ma part, j’étais attirée par les similarités culturelles, la langue commune. Pour moi, les États-Unis ne représentaient pas forcément un idéal. L’Argentine est largement peuplée d’immigrants européens. Et ce qui se passe aux États-Unis en ce moment renforce mon choix.

Ayvin Bruno : De mon côté, j’ai un passeport italien depuis l’âge de 9 ans, grâce à ma grand-mère. C’était beaucoup plus facile de venir en Europe. C’est pourquoi ma sœur, qui fait aussi partie de Las Karamba et moi sommes ici depuis bientôt 20 ans. J’ai beaucoup d’amis vénézuéliens qui vivent aux États-Unis et leur situation se complique beaucoup actuellement avec la nouvelle administration. Je suis très contente de mon choix.

PANM360 : Et en ce moment, l’économie espagnole va plutôt bien et le pays semble très content d’accueillir des immigrants de langue et de culture commune. Revenons à la musique: qu’allez vous nous présenter à Montréal ?

Natacha Arizu : Ce seront à 100% des compositions originales. Vous allez pouvoir danser tout en réfléchissant. C’est un mélange de choses. 

Ayvin Bruno : Vous allez aussi ressentir notre complicité, notre solidarité, que nous vivons à fond puisque nous sommes constamment ensembles dans le cadre de cette tournée. Notre première en Amérique du Nord. 

PANM360 : A très vite à Montréal, sur la Scène TD, le 20 juillet !

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Il s’agira d’une première montréalaise et canadienne pour Blaiz Fayah, cet artiste viendra nous faire vibrer sur le shatta, le dancehall martiniquais, mais également le reggae et ses autres dérivés. Pour l’occasion, il viendra accompagné de ses deux danseuses et de ses musiciens pour une soirée festive puisqu’il compte bien mettre le feu. Avec la sortie de son album Shatta Ting cette année, sa notoriété n’est plus à prouver, surtout en Amérique latine, mais c’est au tour du Canada de découvrir cet homme qui enchaine les succès. Notre journaliste Sandra Gasana l’a rejoint à Paris en visioconférence pour PANM360.

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De retour au Festival de Lanaudière pour une première fois depuis 2019, l’illustre violoniste Christian Tetzlaff s’attaque à l’un des sommets de la littérature pour violon seul : l’intégrale des Sonates et Partitas pour violon seul de JS Bach, BWV 1001-1006. Il faut reconnaître que cette prestation offerte par ce fantastique violoniste allemand est en soi un défi physique et intellectuel que peu de solistes de concert acceptent de relever.

Nous avons donc hâte d’assister à ce rendez-vous avec Bach et Christian Tetzlaff dans l’intimité d’une des plus belles églises de Lanaudière, dans le charmant village de Saint-Alphonse-de-Rodriguez, soit ce jeudi 10 juillet, 19h30.

À quelques minutes d’un vol de l’Allemagne vers le Québec, Alain Brunet a pu joindre le célèbre violoniste et discuter de l’interprétation de Bach.

PAN M 360 : Christian Tetzlaff, vous allez vous produire dans une église située dans le très joli village de Saint-Alphonse-de-Rodriguez dans la région de Lanaudière. Vous jouerez ce que vous avez enregistré en 2017 pour Ondine, l’intégrale des sonates et partitas pour violon de JS Bach. Bien sûr, vous avez joué ces pièces de nombreuses fois avant et après cet enregistrement sous étiquette Ondine. Long voyage !

Christian Tetzlaff : Oui. J’ai joué ces pièces pendant plus de 40 ans et je les ai jouées comme un cycle complet pendant 20 ans. C’est la chose la plus belle et la plus gratifiante parce que Bach a une histoire continue dans les six pièces, un voyage dans les ténèbres profondes dans la Partita en chaconne en ré mineur, puis une sorte de sentiment de résurrection dans les pièces en do majeur et en mi majeur, et pour suivre toute cette pensée, c’est comme une gigantesque symphonie de Bruckner qui passe par toutes sortes d’émotions et de sentiments physiques qu’un être humain peut avoir. C’est donc très gratifiant. Oui, mais lorsque vous jouez l’intégralité des Sonates et des Partitas de Bach, comme vous le dites, c’est un long voyage.

PAN M 360 : Il s’agit probablement d’un processus continu en tant qu’interprète de JS Bach, au cours de votre propre vie.

Christian Tetzlaff : Oui, c’est un compagnon fidèle, je dois le dire.

PAN M 360 : Et comment voyez-vous l’évolution de votre jeu à travers ces morceaux ?

Christian Tetzlaff: Eh bien, comme pour la plupart des choses, je pense que plus on vieillit, plus on devient simple et direct si on se laisse aller à l’émotion. Je pense donc que ce que je joue maintenant est plus direct, plus facile à suivre pour le public et plus ouvertement émotionnel, en sachant de quoi parle le compositeur et en essayant de trouver des sons qui le transmettent joliment. Et tout, oui, est naïf et facile, les morceaux dansants sont plus dansants et les morceaux sombres sont plus sombres. C’est mon sentiment sur l’évolution de la musique au fil des décennies.

PAN M 360 : Comment peut-on cerner les éléments de la personnalité du violoniste lorsqu’il joue ces morceaux immortels ? Dans votre cas, identifiez-vous parfois certains éléments de votre personnalité ?

Christian Tetzlaff : J’espère le moins possible. Je crois plutôt que l’idée de l’interprète est de s’immerger dans Bach et sa musique et de la laisser passer à travers lui jusqu’au public. Et plus vous entendez, oh, il fait ceci, il fait cela, et il utilise le vibrato ici et pas là, moins c’est bon. en ce sens, je dois être autant à l’écoute de Bach que le public. C’est mon idéal.

PAN M 360 : Le concept d’interprétation de ces partitas et sonates a également changé au fil des ans.

Christian Tetzlaff : Et certainement pas cette idée que l’on fait quelque chose qui parle ou qui est différent des autres. Aujourd’hui, nous sommes à une époque où nous avons accumulé pendant des décennies des connaissances sur la manière dont les œuvres étaient interprétées, sur ce qu’elles signifiaient à l’époque et sur la façon dont l’ère baroque est perçue. Nous avons intégré tout cela à l’intérieur du système. Vous savez, lorsque j’ai commencé à jouer ces pièces, on ne pouvait pas les écouter correctement parce qu’il n’était question que de violon, d’accords majestueux et de jeu impeccable.

Aujourd’hui, il s’agit de faire de la musique, de danser et de chanter. Il s’agit donc d’un processus magnifique que j’ai vécu au cours de ma propre vie, depuis les années 70. Et il est bon de voir que nous sommes dans la meilleure période, car nous pouvons être libres avec le répertoire, mais sur la base de sa musicalité.

Si vous écoutez les cantates de Bach, vous verrez que pour chaque texte, pour chaque cantate, il utilise des instruments complètement différents, des styles de composition complètement différents, et cette liberté d’expression d’être toujours excessif et d’aller jusqu’à dire quelque chose, c’est quelque chose que nous pouvons transférer aujourd’hui au violon.

PAN M 360 : Depuis l’époque baroque où Bach a composé pour violon seul, comment peut-on voir l’évolution de l’interprétation de ces pièces à travers les périodes, les époques ?

Christian Tetzlaff : C’est assez atroce de voir ce qui a été fait pendant un moment, parce que le violon a été tellement axé sur la superstar et sur la capacité technique et le plus grand son et les données les plus larges, que lorsque vous écoutez les premiers enregistrements que nous avons, ou peut-être pas les premiers jours, il y a quelque chose de bon, mais à partir des années 50, 60 et 70, la musique derrière est méconnaissable pour moi, parce qu’il s’agit de maîtriser des techniques d’archet bizarres, de jouer ces accords, ces quatre accords divisés en deux et et ainsi de suite.

Il avait une telle distance par rapport à ce dont parle cette musique, qui peut aussi être sauvage et peut aussi parfois ne pas être belle, mais profonde et sombre ou joyeuse, que l’idée de maîtriser le violon est complètement à l’opposé de tout cela. Ainsi, lorsque ces pièces ont été interprétées dans les années 50, 60 ou 70, tout ce que j’ai pu entendre est très difficile, parce que tout est si compliqué, et donc essayer de trouver des solutions violonistiques pour quelque chose qui est en fait le contexte, la danse de l’époque.

PAN M 360 : Si je comprends bien, au fil des années et des décennies, les personnes qui maîtrisent ces pièces se sont débarassés des excès techniques pour se rapprocher de l’esprit originel de leur compositeur. C’est ce que vous voulez dire ?

Christian Tetzlaff : Oui, mais originel est un mot difficile à prononcer dans ce contexte, parce qu’on ne sait pas exactement comment Bach faisait jouer ces pièces aux interprètes. Aujourd’hui, on sait beaucoup de choses qui n’existaient pas, et beaucoup pensent que c’est tellement, rétrospectivement, tellement drôle et pas très intelligent de s’en occuper, ce qui rend les choses très difficiles, ces fugues, alors que c’est tellement facile, parce qu’il devait les écrire d’une certaine manière, mais la notation est juste la plus facile, et on joue toujours la ligne mélodique un peu plus longtemps, mais ce que les violonistes ont toujours essayé, c’est de jouer tous les accords complets ou de les briser en deux et deux, ce qui, dans une pièce qui parle toujours de quatre voix indépendantes, la rend inintelligible.

On ne peut pas comprendre la simplicité et la beauté de l’écriture quand le violoniste fait des choses aussi compliquées, et puis avec un vibrato constant, on n’a plus la possibilité de dire :  » Je veux mettre en valeur cette note et je mets un beau vibrato dessus « . Il fut un temps où l’on considérait la musique comme mathématique et carrée, alors qu’il n’y a pas de musique plus vivante, plus humaine, plus parlante que celle de Bach. Il permet une telle liberté d’intégrer les pièces et de les rendre faciles à suivre Tout cela n’existait plus lorsque les musiciens ont commencé à s’en emparer au XXe siècle. Nous vivons donc une époque glorieuse à cet égard.

PAN M 36 : Bie sûr, nous ne nous attendons pas à ce qu’il y ait une reconstitution de l’époque de la conception de ces oeuvres.

Christian Tetzlaff : Par exemple je joue sur un violon moderne, donc le son ne correspond pas, mais ce qu’il veut exprimer, ce qu’il veut exprimer, je pense, est informé de la façon dont il était joué et dont ses cantates étaient jouées. Bach n’est pas tout d’un coup un compositeur différent pour le violon solo lorsqu’on le joue avec un instrument moderne. C’est la même musique, la même grande musique expressive, et nous trouvons maintenant des moyens de la faire vivre d’une manière différente.

PAN M 360: Vous arrive-t-il de la jouer sur un instrument baroque ?

Christian Tetzlaff: Je l’ai fait un peu, mais je trouve que ce qui est fascinant avec Bach, c’est qu’on peut entendre une fugue pour piano jouée par un quatuor de saxophones, et cela sonne tout à fait merveilleusement bien s’ils phrasent et comprennent la musique, et c’est très émouvant.

La musique de Bach se situe au-delà de l’instrumentarium, mais cela signifie toujours que vous devez avoir l’information sur la façon dont elle a été jouée afin d’en tirer le meilleur parti.

PAN M 360 : Je suppose que jouer tous ces morceaux dans le même programme doit également être un grand défi sur le plan physique.

Christian Tetzlaff : Oui, c’est vrai. Mais il y a aussi deux aspects à cela. D’habitude, j’entre dans une sorte de transe si je joue un certain temps et que je communique avec le public, et tout à coup, ces douleurs ou ces défis disparaissent d’une manière merveilleuse.

PAN M 360 : Une sorte d’adrénaline de communion, qui éradique la douleur.

Christian Tetzlaff : Oui !

BILLETS ET INFOS ICI

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Happening gastronomique à l’origine, ce festival annuel de 4 jours présente depuis 2015 une programmation musicale complète, répartie sur deux scènes extérieures sur le Quai de l’Horloge dans le Vieux-Port. Du jeudi 10 au dimanche 13 juillet, le festival Un Goût des Caraïbes y réunit les artisans et artistes de la diaspora caribéenne, c’est-à-dire issus de toutes les îles et de tous ses groupes linguistiques (anglo, franco, latino) transplantés dans la grande région de Montréal. On y met l’accent sur la culture caribéenne dans son ensemble mais avec un fort volet musical essentiellement constitué d’artistes locaux, très souvent en formule DJ assorti de quelques musiciens ou chanteurs lorsque l’occasion s’y prête. On y vise l’inclusion et les liens intergénérationnels, on y attire les résidants des communautés caribéennes de la ville mais aussi (sinon davantage) tous les résidants de MTL, sans compter les touristes venus se balader dans le Vieux-Port. Voilà qui attire l’attention de PAN M 360, qui vous propose cette conversation vidéo entre Alain Brunet et Cezar Brumeanu, directeur artistique et producteur exécutif du festival Un goût des Caraïbes.

Pour accéder à la programmation du festival Un Goût des Caraïbes, c’est ici!

Cette interview consacrée à la programmation du festival Un Goût des Caraïbes et s’inscrit également dans le cadre d’un partenariat de contenus PAN M 360 avec La Vitrine, soit le plus important site web consacré quotidiennement aux sorties culturelles à travers le Québec.

Pour accéder au référencement du festival Un Goût des Caraïbes sur le site de La Vitrine, c’est ici !

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Ce n’est pas sa première fois au Canada, mais ça sera sa première fois à Montréal. Mo’Kalamity, la reggae woman la plus connue de France sera de passage dans notre métropole le 15 juillet prochain pour nous présenter son plus récent opus Shine, conçu entre Paris, New York et Kingston. En effet, cette artiste originaire du Cap Vert et basée à Paris depuis l’âge de 6 ans est une fan de reggae depuis ses débuts, a décidé d’autoproduire tous ces albums pour être libre d’exprimer sa créativité selon ses termes. Notre journaliste Sandra Gasana s’est entretenue avec elle en direct de Paris, alors qu’elle se prépare à venir avec tous ses musiciens pour un concert exceptionnel.

PANM360: Bienvenue Mo’Kalamity! Et Bienvenue à Montréal dans quelques jours.

Mo’Kalamity : Merci à vous. On a hâte.

PANM360 : Ce n’est pas votre premier séjour au Canada ?

Mo’Kalamity : Ce n’est pas le premier, mais ça sera le premier à Montréal.

PANM360 : Avant de plonger dans l’entrevue, parlez-nous un peu de votre nom. D’où vient Mo’Kalamity ?

Mo’Kalamity : Il y a plusieurs significations. Je m’appelle tout d’abord Monica. Il y a un jeu de mots avec le début et la fin de mon prénom. Ensuite, il y a un peu cette idée de la femme dans le monde occidental qui est entourée d’hommes et qui dit toujours ce qu’elle pense mais avec une fleur dans la bouche. Et ensuite, dans un autre degré, c’est quelque chose qui est relié à la spiritualité, lorsqu’on parle de calamité, je tourne ça en espérant être une bonne calamité pour l’humanité.

PANM360 : Vous avez commencé comme choriste, puis vous avez créé le groupe The Wizards. Comment toutes ces expériences vous ont forgé pour préparer votre carrière solo ?

Mo’Kalamity : J’ai très peu chanté en tant que choriste, j’ai participé à différents groupes, mais très vite j’ai décidé de créer mon propre groupe parce que je commençais à avoir mes propres chansons, mes propres idées, et tout. Cette créativité commençait à naitre. J’ai très vite décidé de rassembler mes amis, les musiciens qui étaient autour de moi pour donner vie à ces premières compositions. Voilà comment a débuté l’aventure.

PANM360 : Comment le reggae est entré dans votre vie ?

Mo’Kalamity : J’ai toujours entendu du reggae, que ce soit chez moi, en famille et ensuite plus tard, lorsque j’ai davantage compris le message universel de cette musique, du combat qu’on relatait dans beaucoup de chansons. Cette rythmique m’appelle énormément. En fait, le reggae mélange le gospel, le jazz, le blues, toutes ces musiques dans lesquelles je pouvais m’exprimer dans l’adolescence. Dans le reggae, je retrouve tout ça, cette rythmique bien spécifique.

PANM360 : Le monde du reggae est dominé par les hommes. Quand vous avez commencé, c’était encore plus le cas. Aujourd’hui, 25 ans plus tard, comment voyez-vous la place des femmes dans le monde du reggae ?

Mo’Kalamity : On voit peut-être une petite évolution qui est reliée à tous ces nouveaux médias, que ce soit youtube, instagram, et qui amène aussi une autre visibilité à tout ce qu’on peut faire. Mais c’est vrai que malgré tout ça, s’il y a une comparaison à faire, on est toujours aussi peu nombreuses à tenir sur la durée. Je pense à Queen Omega, à des chanteuses comme Etana, qui sont là depuis de nombreuses années. Y a encore beaucoup de travail à faire, et encore plus aujourd’hui, il faut encore plus montrer et partager notre créativité.

PANM360 : Vous avez mentionné Queen Omega qui était là l’année dernière pour les Nuits d’Afrique. On a été très gâtés. Sinon, vous, depuis le début, vous avez fait le choix de vous autoproduire, de pas forcément travailler avec de grands labels. Pourquoi ce choix de l’autoproduction dès le début ?

Mo’Kalamity : Je pense que dès le début, ça s’est imposé à moi, du fait que j’avais envie de partager ma musique, d’être sur scène. Et en fait, l’autoproduction s’est imposée parce que j’avais pas forcément les contacts ou l’énergie nécessaire pour aller démarcher tous ces grands labels. Mais au final, j’ai très vite compris aussi que c’était une chance aussi parce que ça me permettait d’être assez libre dans ce que je pouvais proposer, et de pas me limiter, de pas avoir de barrières.

PANM360 : Quel a été votre processus créatif pour ce dernier album Shine, par rapport aux autres albums dans le passé ? Est-ce qu’il y a eu un changement dans le processus de création ?

Mo’Kalamity : Oui, tout à fait. Sur le précédent, One Love Vibration, c’était mon premier voyage en Jamaïque. Je suis partie à la rencontre de Sly Dunbar et de Robbie Shakespeare. C’était ma première rencontre avec la Jamaïque et ensuite, juste après le confinement, j’ai décidé de partir à New York pour un peu changer d’air, et découvrir cette ville, avoir d’autres énergies. Et il s’est avéré que j’ai rencontré différents musiciens, d’autres musiciens, de grands musiciens, dont Sidney Mills qui faisait partie du groupe Steel Pulse, des pionniers du reggae qui habitaient à New York. J’ai enregistré une partie de l’album Shine là-bas. J’avais cette envie aussi de retourner à Kingston, et de retrouver les musiciens avec lesquels j’avais fait l’opus One Love Vibration, donc je suis partie en Jamaïque pour enregistrer de nouveau. Donc, ça a été un pont entre Paris, New York et Kingston.

PANM360 : Cet album est donc international dans sa production. Qui sont les musiciens qui vont vous accompagner ici à Montréal le 15 juillet ?

Mo’Kalamity : Le 15 juillet, je serai entourée de mes musiciens, certains qui m’accompagnent depuis de nombreuses années, dont Yann Cléry à la flûte, Kael à la guitare rythmique, Simon à la batterie, Muctaru Wurie, de Sierra-Leone, un grand arrangeur sera aussi avec nous au clavier, et notre ingénieur du son. C’est vraiment une chance de voyager avec tous mes musiciens, de coller au plus près de l’album.

PANM360 : À quoi doit-on s’attendre pour le 15 juillet ? Comment les festivaliers doivent se préparer ?

Mo’Kalamity : Ils doivent être préparés d’une manière tranquille, venez vous relâcher, vous relaxer, venez vibrer avec nous, j’espère que ça sera un moment exceptionnel de partage et d’échanges.

PANM360 : Vous allez faire plusieurs morceaux de Shine j’imagine, mais aussi des anciens albums ?

Mo’Kalamity : Oui, c’est ça. Quelques morceaux de mes précédents albums, et exclusivement aussi Shine.

PANM360 : Ce que je ne savais pas et que j’ai découvert, c’est que vous veniez du Cap Vert. Quelle est la place du Cap Vert aujourd’hui dans votre musique, dans votre carrière ? Avez-vous un lien fort avec ce pays ?

Mo’Kalamity : Oui, tout à fait. Je n’y vais pas aussi souvent que ça malheureusement, mais en fait, le Cap Vert, je le porte en moi. Dans ma manière de m’exprimer, la manière dont j’aborde la musique. Je suis partie avec mes racines et aussi au travers de mes textes, de toute cette recherche d’identité, l’Afrique et le Cap Vert font vraiment partie de moi.

PANM360 : J’ai entendu une chanson en portugais dans l’album Shine, « Mundo ». Est-ce que c’est quelque chose que vous faites beaucoup que de chanter en portugais, ou c’est moins naturel ?

Mo’Kalamity : Je le fais moins, mais ça me vient de plus en plus. Je suis arrivée en France à l’âge de 6 ans, le portugais reste quand même ma langue maternelle même si je ne l’ai pas pratiqué pendant très longtemps. Et forcément, il y a quelque chose d’évident mais j’aime bien que ça arrive comme ça, que je n’aie pas à y penser.

PANM360 : C’est plutôt l’anglais qui vous vient d’abord, lorsque vous chantez le reggae ?

Mo’Kalamity : Oui, je pense que c’est vraiment ce qui m’attire dans l’anglais, c’est la sonorité et cette possibilité de travailler l’instrument de la voix différemment avec cette langue. Je crois que c’est ça qui m’appelle le plus. Le français reste une très belle langue, on peut exprimer différentes choses, différentes couches, mais l’anglais sonne beaucoup plus. Et puis toute cette culture du reggae vient aussi au travers de l’anglais.

PANM360 : En tout cas, vous le faites très bien. Vous avez une voix unique qu’on reconnait parmi plusieurs et on a hâte de l’entendre à Montréal dans quelques jours. Merci encore pour votre temps et on se dit à très bientôt à Montréal.

Mo’Kalamity : Merci à vous, hâte de vous retrouver dans quelques jours. Au revoir! One Love!

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KillaBeatMaker mène une carrière internationale depuis une vingtaine d’années et a même été nommé aux Grammy Awards. Né, élevé et basé à Medellin, en Colombie, il combine ses outils de DJ/producteur aux percussions et flûtes traditionnelles. Il chante également et fait du beatbox tout en adoptant une posture très critique face au capitalisme sauvage et en exprimant un intérêt éditorial marqué pour la protection de la biodiversité menacée de la Colombie. En tant que DJ/producteur, KillaBeatMaker fusionne la cumbia, la champeta, l’afro-house, les afrobeats, l’amapiano et d’autres rythmes africains réinjectés dans la musique colombienne. Juste avant son premier concert aux Nuits d’Afrique de Montréal (Le Ministère, 9 juillet), il s’est entretenu avec Alain Brunet pour PAN M 360.

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Du 8 au 20 juillet 2025, Montréal accueille les 39e Nuits d’Afrique, soit plus de 700 artistes venus d’une trentaine de pays du monde entier où vivent les Africains et leurs afro-descendants de la Caraïbe, de l’Amérique latine ou de toutes les contrées de l’immigration. Voici venir 13 jours de concerts en salle et six 6 jours de programmation gratuite en extérieur dans le Quartier des spectacles. La Brésilienne Flavia Coehlo, le Nigérian Femi Kuti, l’Ivoirien Meiway, l’Algérien Labess et le Martiniquais Blaiz Fayah sont parmi les têtes d’affiche de cet événement incontournable de la culture montréalaise. Pour PAN M 360, Alain Brunet a interviewé Sépopo Galley, programmatrice aux Nuits d’Afrique qui a parcouru le monde pour nous ramener les pépites de cette 39e programmation.

Cette interview consacrée à la programmation des Nuits d’Afrique s’inscrit également dans le cadre d’un partenariat de contenus PAN M 360 avec La Vitrine, soit le plus important site web consacré quotidiennement aux sorties culturelles à travers le Québec.

Pour accéder au référencement des Nuits d’Afrique sur La Vitrine , c’est ici!

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La chanteuse Climène Zarkan, d’origine syro-libanaise et le guitariste Baptiste Ferrandis, dont les souches sont plus européennes, avaient amorcé leur relation musicale en fondant un duo guitare-voix. Leur prit l’envie de réinterpréter des titres du chanteur alepin Sabri Mdallal (1918-2006). Un groupe fut constitué, des albums furent enregistrés, des concerts furent donnés. Sarab explore un univers où, tour à tour, le jazz électrique contemporain, musiques traditionnelles ou populaires du Levant et le rock quasi métal s’entrelardent, en témoignent les albums Sarab (2019), Arwāh Hurra – Âmes libres (2021), Awalebese Tape (2023) et un tout nouvel enregistrement prévu cette année. Pour une première fois à Montréal, Sarab nous offre son jazz-rock arabo-caucasien, assurément transculturel. Dans le contexte des Nuits d’Afrique 2025, Alain Brunet a voulu en savoir plus long sur Sarab à l’approche du concert prévu le mardi 8 juillet au Ministère.

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Camille Thurman, chanteuse et saxophoniste ténor, s’est produite sur la scène du Pub Molson avec son mari Darrell Green à la batterie ainsi qu’avec d’excellents sidemen. C’était du jazz « classique », un dernier soir de FIJM 2025.

Des versions de grands morceaux de jazz, Atlantis de McCoy Tyner Atlantis, au standard pop classique Close to You de Burt Bacharach , Camille Turman a montré ses fabuleux talents au ténor, un son puissant et chaud, une profonde connaissance harmonique, une excellente articulation. Et sa voix ! Magnifique contralto, goût très sûr, phrases pulpeuses et élégantes. Manifestement, les dieux du jazz sont de son côté.

C’est pourquoi, tout amateur de jazz fréquentant PAN M 360 doit connaître Camille Thurman, trésor caché… à Montréal. Pas pour longtemps !

Virtuose du saxophone et sublime chanteuse, cette surdouée de Queens, NYC, est profondément ancrée dans la tradition du jazz. Ni plus ni moins, elle est à devenir l’une des principales créatrices et interprètes du jazz dans ses formes les plus classiques. Aujourd’hui professeur adjoint l’école de musique Schulich de l’université McGill, elle poursuit une double carrière d’interprète et d’éducatrice.

Montréal est choyée de pouvoir compter sur une artiste de ce niveau, il suffit de regarder ses prix et honneurs après s’être régalé de ses sons : entre autres, nominée aux NAACP Image Awards pour le meilleur album de jazz, récipiendaire du SOUTH Arts Creative Jazz Road Artistic Residency, nominée au Downbeat Magazine’s Critics Poll pour le titre de Rising Star Tenor Saxophonist and Vocalist et Rising New Artist (2023, 2022, 2021 & 2020), deux fois lauréate du ASCAP Herb Alpert Young Jazz Composers Award.

Côté plafond de verre, Camille Thurman a été carrément la première femme à partir en tournée, à enregistrer et à se produire à plein temps au niveau international avec le célèbre Jazz at Lincoln Center Orchestra en tant que saxophoniste remplaçante (saison 2018-2020).

On veut lui parler !

 

PAN M 360 : Camille, vous vivez actuellement à Montréal où vous enseignez à l’université McGill. Mais pour les mélomanes, il est sans doute plus important de savoir que vous êtes une grande soliste au saxophone ténor et aussi une chanteuse hors-pair. Votre talent vous a conduit parmi les meilleurs, par exemple le Jazz at the Lincoln Center Orchestra, avec Wynton (Marsalis). Je ne citerai pas toutes vos réalisations, mais Montréal doit savoir que vous y vivez et que vous vous produisez en tant que leader le dernier soir du Festival de jazz de Montréal 2025. Qu’est-ce qui vous a amené à vous installer à Montréal et comment ?

Camille Thurman : Eh bien, pendant la pandémie, je venais de quitter le Jazz at Lincoln Center Orchestra et j’ai décidé de me remettre à jouer à plein temps avec mon projet, Camille Thurman and the Darrell Green Quartet, parce que je l’avais mis en veilleuse pendant deux ans. Nous nous produisions et faisions des tournées, et j’ai eu l’occasion de poser ma candidature à un poste de professeur ici.

Ensuite, j’ai enseigné à l’université du Colorado du Nord et ma meilleure amie m’a encouragée. Elle m’a dit, tu sais, tu devrais postuler pour ce poste. Je lui ai répondu que je ne savais pas, que je travaillais ici à New York et que nous étions en tournée. Si près de New York. Et elle m’a dit, eh bien, essayez, si ça marche, ça marche, si ça ne marche pas, ça ne marche pas.

À l’époque, mon mari, Darrell Green, postulait pour un poste de professeur à Vienne. Nous étions donc tous les deux à la croisée des chemins : s’il obtenait le poste de professeur à Vienne, je l’accompagnerais. Et si j’obtenais Montréal, nous verrions ce qui se passerait. Et bien sûr, tout s’est passé comme prévu. J’ai passé l’entretien.

Puis ils m’ont dit : « D’accord, pouvez-vous revenir pour un autre entretien ? J’ai répondu par l’affirmative. Nous avons ensuite organisé une session de cours en direct et, deux semaines plus tard, ils m’ont dit qu’ils seraient ravis de vous accueillir, ainsi que votre mari.

PAN M 360 : C’est l’affaire rêvée !

Camille Thurman : Oui! Nous avons tous les deux été sous le choc, parce que ce n’est pas souvent que deux musiciens qui tournent dans le monde entier trouvent ce genre d’emploi. Et tout près de votre ville natale. Oui, près de chez nous, nous venons enseigner dans une université de classe mondiale au Canada et, surtout, partager ce que nous aimons et ce que nous faisons professionnellement. Oui, et bien sûr, le corps professoral était aussi incroyable, alors nous nous sommes dit, d’accord, tentons notre chance. Et nous avons fini par nous dire que nous allions vivre à Montréal à temps partiel et à New York à temps partiel, parce que notre entreprise est toujours basée à New York. Et c’est ce que nous avons fait : des tournées, des spectacles, de l’enseignement.

PAN M 360 : Et comme la connexion entre Montréal et New York est forte, c’est une situation idéale ! Vous savez que beaucoup de Montréalais vont plus souvent à New York qu’à Toronto, surtout pour la musique dans notre cas.

Camille Thurman : Oh, oui, les étudiants de Montréal nous l’ont dit. Chaque fois que nous allions au Winter Jazzfest à New York, les étudiants nous disaient, hey, nous avons partagé une voiture, sept d’entre nous partagent une chambre d’hôtel, nous allons tous vous voir!

PAN M 360 : Et si vous observez l’architecture de Montréal, elle ressemble souvent à celle de Brooklyn ou Queens.

Camille Thurman : Oui, c’est tellement vrai.

PAN M 360 : Les deux sont des villes de la côte est qui ont connu la révolution industrielle. Boston, Montréal et New York sont liées historiquement en ce sens. Notre parc du Mont-Royal a été conçu par Frederick Olmsted, qui a réalisé le Central Park et le Prospect Park à New York.

Camille Thurman : C’est exact. C’est vrai. Et aussi l’histoire du jazz.

Je veux dire, Oscar Peterson!

PAN M 360 : Oui OP absolument! Donc tu es impliquée, aussi, avec ton mari, vous êtes tous les deux des chefs d’orchestre, des artistes dans la même activité ! C’est aussi une combinaison parfaite entre la vie professionnelle et la vie privée, car vous pouvez voyager ensemble, vous enseignez ensemble dans la même école, alors comment peut-on espérer mieux !

Camille Thurman : Oui, nous créons ensemble. J’ai beaucoup de chance d’avoir rencontré Darrell Green et d’avoir pu travailler avec lui. C’est un batteur phénoménal. Oui, et bien sûr, un éducateur incroyable. Travailler avec lui et collaborer à nos projets a été une véritable bénédiction.

Nous avons tous les deux notre propre expérience, mais en réunissant tout cela, c’est un vrai plaisir de pouvoir tourner et jouer la musique que nous composons et écrivons ensemble, puis d’enseigner à deux aux étudiants, qui regardent. Nous pouvons être en tournée le week-end quelque part, puis arriver en classe à 10 heures le mardi matin et dire, ok, la classe, parlons de quelques changements d’accords aujourd’hui, et les enfants disent, ok, nous vous avons vu sur Instagram, vous êtes dans tel et tel endroit, comment se passe ce concert ? Mais parlons-en, et vous êtes comme, non, non, non, occupons-nous de la leçon.

PAN M 360 : On peut faire les deux, mais il est toujours très intéressant pour les étudiants d’avoir un personnage comme le vôtre pour servir de modèle en même temps, donc ils sont évidemment intéressés par vos performances. Et je suppose qu’ils transcrivent vos solos haha !

Camille Thurman : C’est une telle joie, je veux dire, nous parlons des étudiants tout le temps quand nous terminons les cours, et nous pensons toujours, ok, eh bien, et si nous faisions ceci, ou si nous faisions cela ? C’est donc magnifique de voir qu’il y a un lien entre nous. Ils nous observent et nous essayons de nous assurer que nous leur donnons le meilleur de nous-mêmes lorsque nous sommes avec eux.

PAN M 360 : Quelle est votre perception de Montréal après quelques mois de vie ici ?

Camille Thurman : Lorsque je suis arrivée ici, j’ai eu l’impression d’être en Europe, mais avec une ambiance nord-américaine. Vous n’avez plus besoin de faire six heures d’avion, c’est tout près de NY ! Et les gens ont été merveilleux. Les étudiants avec lesquels nous avons travaillé à McGill ont été fantastiques. Et puis il y a aussi le fait que la scène est tout simplement dynamique. Des professeurs formidables aussi – John Hollenbeck, Joe Sullivan, Kevin Dean, Jean-Michel Pilc, Ranee Lee…

PAN M 360 : Cool, cool. Parlons maintenant de la musique que vous jouez cet été. Pouvez-vous décrire le groupe et le répertoire que vous interprétez ?

Camille Thurman : Bien sûr. Nous venons de terminer une tournée qui dure depuis une semaine et demie. Nous avons commencé à New York au Dizzy’s Club Coca-Cola, nous avons fini dans le Wisconsin, puis à Chicago, et nous venons de terminer à Cincinnati, et Montréal est la dernière étape. Ouais, ça a été une semaine et demie géniale à jouer et à rencontrer des gens. Le groupe, je suis fier de le dire, est l’un des chats les plus féroces, en fait, ce sont tous des musiciens féroces. Il y a Paul Beaudry à la basse, un bassiste phénoménal qui est aussi un chef d’orchestre à part entière. Nous avons également un jeune pianiste talentueux de Philadelphie, Jordan Williams. Nous avons aussi un jeune lion merveilleux à la trompette, Wallace Roney Jr, fils de Wallace Roney et de Geri Allen. Et puis, bien sûr, nous avons Darrell Green à la batterie, et votre serviteure à la voix et au saxophone.

PAN M 360 : Et le répertoire que vous présentez actuellement ?

Camille Thurman : Nous venons de sortir un album intitulé Confluence Vol.1 Alhambra. Nous allons jouer quelques morceaux de ce projet, ainsi que d’autres morceaux de différents projets sur lesquels nous avons travaillé – nous avons travaillé sur un projet qui présente la musique de Burt Bacharach que nous avons en quelque sorte réimaginée et réarrangée d’une toute nouvelle manière, et jusqu’à présent, le public a aimé.

PAN M 360 : En ce qui concerne votre voix, vous avez grandi en tant qu’excellente élève et vous avez finalement découvert que vous étiez également chanteuse.

Camille Thurman : C’est drôle, parce que j’ai eu un parcours intéressant dans la découverte de ma voix, et en fait, j’ai gardé le secret sur le fait que je chantais. Quand j’étais beaucoup plus jeune et que j’ai commencé à jouer du saxophone, j’ai tout de suite su qu’en tant que jeune femme jouant du saxophone ténor, les gens vous regardaient et vous disaient, oh, vous ne jouez pas de ce truc-là.

À 13 ou 14 ans, je me suis dit que je n’allais jamais dire que j’étais chanteur, parce qu’ils supposent toujours que c’est le cas. Je vais juste essayer d’être le meilleur possible au saxophone. Ce n’est que dans la vingtaine que mon mentor, Antoine Roney, m’a encouragé à chanter professionnellement, en me disant que certains des plus grands musiciens du monde étaient à la fois chanteurs et instrumentistes – Shirley Horne, Nat King Cole, Louis Jordan… C’est alors que le déclic s’est produit.

Je me suis demandée ce que je faisais. Je suis assis sur un magnifique cadeau que Dieu m’a offert. Il s’agit de deux dons. Et Antoine m’a vraiment aidée, en tant que mentor, à façonner et à modeler la vision que je voulais avoir en tant que vocaliste et instrumentiste. Et cela m’a ouvert l’esprit. Il y a des choses que, vocalement, je pense maintenant pouvoir explorer plus librement parce que je joue du saxophone et vice versa. Il y a des choses que je comprends et explore plus librement en tant que saxophoniste grâce à mes connaissances en tant que chanteuse.

PAN M 360 : En tant que ténor, avez-vous eu des modèles ?

Camille Thurman : Oh, oui. Antoine Roney. George Coleman, j’adore. Et puis, bien sûr, Joe Henderson, John Coltrane, Dexter Gordon.

PAN M 360 : Oui. La lignée. Et vous êtes vous-même dans cette tradition.

Camille Thurman : Merci. Oui, c’est vrai.

PAN M 360 : Vous avez une sorte d’approche, je ne dirais pas classique du jazz, mais vous êtes très, très proche de la tradition. Vous êtes dans cette lignée. Votre contribution n’est pas évidente à première vue, mais lorsque nous allons en profondeur, nous nous retrouvons dans la peau d’un musicien classique. Tous les grands musiciens ont leur propre voix, mais il faut écouter très attentivement pour la découvrir : lorsqu’elle est enracinée dans la tradition du jazz.

Camille Thurman : Oui. Je crois que lorsque les gens vous inspirent, il y a des éléments qui représentent ce que vous êtes en tant qu’artiste à part entière. En ce qui me concerne, j’ai grandi en écoutant et en m’inspirant de tant d’artistes. Et encore une fois, le fait de jouer et de chanter a créé ce son unique. Oui, c’est vrai.

PAN M 360 : À propos de votre formation. Combien de temps consacrez-vous à votre voix et à votre saxophone ?

Camille Thurman : Je ne fais pas ce calcul. Je veux dire, je pense qu’il s’agit simplement de penser constamment à la musique. Il ne s’agit donc pas de se dire, d’accord, je vais mettre de côté 10 heures d’entraînement. Que vous soyez en voyage ou en train de marcher, vous êtes toujours en train de réfléchir et de travailler.

PAN M 360 : Essayez-vous de trouver un équilibre entre votre voix et votre jeu de ténor ?

Camille Thurman : Je les vois comme une seule entité, et la voix est un instrument en soi.

PAN M 360 : Cela vous donne une perspective unique dans l’approche du son, de l’harmonie, de la mélodie, du phrasé, et je pense simplement qu’il s’agit d’un instrument à part entière.

Camille Thurman : C’est vrai.

PAN M 360 : Et la meilleure façon d’aborder un instrument mélodique est de penser à la voix.

Camille Thurman : C’est exact. C’est la base de toute musique. La voix est le tout premier instrument et elle l’est toujours.

Photo: Emmanuel Novak Bélanger

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