Ce n’est pas sa première fois au Canada, mais ça sera sa première fois à Montréal. Mo’Kalamity, la reggae woman la plus connue de France sera de passage dans notre métropole le 15 juillet prochain pour nous présenter son plus récent opus Shine, conçu entre Paris, New York et Kingston. En effet, cette artiste originaire du Cap Vert et basée à Paris depuis l’âge de 6 ans est une fan de reggae depuis ses débuts, a décidé d’autoproduire tous ces albums pour être libre d’exprimer sa créativité selon ses termes. Notre journaliste Sandra Gasana s’est entretenue avec elle en direct de Paris, alors qu’elle se prépare à venir avec tous ses musiciens pour un concert exceptionnel.

PANM360: Bienvenue Mo’Kalamity! Et Bienvenue à Montréal dans quelques jours.

Mo’Kalamity : Merci à vous. On a hâte.

PANM360 : Ce n’est pas votre premier séjour au Canada ?

Mo’Kalamity : Ce n’est pas le premier, mais ça sera le premier à Montréal.

PANM360 : Avant de plonger dans l’entrevue, parlez-nous un peu de votre nom. D’où vient Mo’Kalamity ?

Mo’Kalamity : Il y a plusieurs significations. Je m’appelle tout d’abord Monica. Il y a un jeu de mots avec le début et la fin de mon prénom. Ensuite, il y a un peu cette idée de la femme dans le monde occidental qui est entourée d’hommes et qui dit toujours ce qu’elle pense mais avec une fleur dans la bouche. Et ensuite, dans un autre degré, c’est quelque chose qui est relié à la spiritualité, lorsqu’on parle de calamité, je tourne ça en espérant être une bonne calamité pour l’humanité.

PANM360 : Vous avez commencé comme choriste, puis vous avez créé le groupe The Wizards. Comment toutes ces expériences vous ont forgé pour préparer votre carrière solo ?

Mo’Kalamity : J’ai très peu chanté en tant que choriste, j’ai participé à différents groupes, mais très vite j’ai décidé de créer mon propre groupe parce que je commençais à avoir mes propres chansons, mes propres idées, et tout. Cette créativité commençait à naitre. J’ai très vite décidé de rassembler mes amis, les musiciens qui étaient autour de moi pour donner vie à ces premières compositions. Voilà comment a débuté l’aventure.

PANM360 : Comment le reggae est entré dans votre vie ?

Mo’Kalamity : J’ai toujours entendu du reggae, que ce soit chez moi, en famille et ensuite plus tard, lorsque j’ai davantage compris le message universel de cette musique, du combat qu’on relatait dans beaucoup de chansons. Cette rythmique m’appelle énormément. En fait, le reggae mélange le gospel, le jazz, le blues, toutes ces musiques dans lesquelles je pouvais m’exprimer dans l’adolescence. Dans le reggae, je retrouve tout ça, cette rythmique bien spécifique.

PANM360 : Le monde du reggae est dominé par les hommes. Quand vous avez commencé, c’était encore plus le cas. Aujourd’hui, 25 ans plus tard, comment voyez-vous la place des femmes dans le monde du reggae ?

Mo’Kalamity : On voit peut-être une petite évolution qui est reliée à tous ces nouveaux médias, que ce soit youtube, instagram, et qui amène aussi une autre visibilité à tout ce qu’on peut faire. Mais c’est vrai que malgré tout ça, s’il y a une comparaison à faire, on est toujours aussi peu nombreuses à tenir sur la durée. Je pense à Queen Omega, à des chanteuses comme Etana, qui sont là depuis de nombreuses années. Y a encore beaucoup de travail à faire, et encore plus aujourd’hui, il faut encore plus montrer et partager notre créativité.

PANM360 : Vous avez mentionné Queen Omega qui était là l’année dernière pour les Nuits d’Afrique. On a été très gâtés. Sinon, vous, depuis le début, vous avez fait le choix de vous autoproduire, de pas forcément travailler avec de grands labels. Pourquoi ce choix de l’autoproduction dès le début ?

Mo’Kalamity : Je pense que dès le début, ça s’est imposé à moi, du fait que j’avais envie de partager ma musique, d’être sur scène. Et en fait, l’autoproduction s’est imposée parce que j’avais pas forcément les contacts ou l’énergie nécessaire pour aller démarcher tous ces grands labels. Mais au final, j’ai très vite compris aussi que c’était une chance aussi parce que ça me permettait d’être assez libre dans ce que je pouvais proposer, et de pas me limiter, de pas avoir de barrières.

PANM360 : Quel a été votre processus créatif pour ce dernier album Shine, par rapport aux autres albums dans le passé ? Est-ce qu’il y a eu un changement dans le processus de création ?

Mo’Kalamity : Oui, tout à fait. Sur le précédent, One Love Vibration, c’était mon premier voyage en Jamaïque. Je suis partie à la rencontre de Sly Dunbar et de Robbie Shakespeare. C’était ma première rencontre avec la Jamaïque et ensuite, juste après le confinement, j’ai décidé de partir à New York pour un peu changer d’air, et découvrir cette ville, avoir d’autres énergies. Et il s’est avéré que j’ai rencontré différents musiciens, d’autres musiciens, de grands musiciens, dont Sidney Mills qui faisait partie du groupe Steel Pulse, des pionniers du reggae qui habitaient à New York. J’ai enregistré une partie de l’album Shine là-bas. J’avais cette envie aussi de retourner à Kingston, et de retrouver les musiciens avec lesquels j’avais fait l’opus One Love Vibration, donc je suis partie en Jamaïque pour enregistrer de nouveau. Donc, ça a été un pont entre Paris, New York et Kingston.

PANM360 : Cet album est donc international dans sa production. Qui sont les musiciens qui vont vous accompagner ici à Montréal le 15 juillet ?

Mo’Kalamity : Le 15 juillet, je serai entourée de mes musiciens, certains qui m’accompagnent depuis de nombreuses années, dont Yann Cléry à la flûte, Kael à la guitare rythmique, Simon à la batterie, Muctaru Wurie, de Sierra-Leone, un grand arrangeur sera aussi avec nous au clavier, et notre ingénieur du son. C’est vraiment une chance de voyager avec tous mes musiciens, de coller au plus près de l’album.

PANM360 : À quoi doit-on s’attendre pour le 15 juillet ? Comment les festivaliers doivent se préparer ?

Mo’Kalamity : Ils doivent être préparés d’une manière tranquille, venez vous relâcher, vous relaxer, venez vibrer avec nous, j’espère que ça sera un moment exceptionnel de partage et d’échanges.

PANM360 : Vous allez faire plusieurs morceaux de Shine j’imagine, mais aussi des anciens albums ?

Mo’Kalamity : Oui, c’est ça. Quelques morceaux de mes précédents albums, et exclusivement aussi Shine.

PANM360 : Ce que je ne savais pas et que j’ai découvert, c’est que vous veniez du Cap Vert. Quelle est la place du Cap Vert aujourd’hui dans votre musique, dans votre carrière ? Avez-vous un lien fort avec ce pays ?

Mo’Kalamity : Oui, tout à fait. Je n’y vais pas aussi souvent que ça malheureusement, mais en fait, le Cap Vert, je le porte en moi. Dans ma manière de m’exprimer, la manière dont j’aborde la musique. Je suis partie avec mes racines et aussi au travers de mes textes, de toute cette recherche d’identité, l’Afrique et le Cap Vert font vraiment partie de moi.

PANM360 : J’ai entendu une chanson en portugais dans l’album Shine, « Mundo ». Est-ce que c’est quelque chose que vous faites beaucoup que de chanter en portugais, ou c’est moins naturel ?

Mo’Kalamity : Je le fais moins, mais ça me vient de plus en plus. Je suis arrivée en France à l’âge de 6 ans, le portugais reste quand même ma langue maternelle même si je ne l’ai pas pratiqué pendant très longtemps. Et forcément, il y a quelque chose d’évident mais j’aime bien que ça arrive comme ça, que je n’aie pas à y penser.

PANM360 : C’est plutôt l’anglais qui vous vient d’abord, lorsque vous chantez le reggae ?

Mo’Kalamity : Oui, je pense que c’est vraiment ce qui m’attire dans l’anglais, c’est la sonorité et cette possibilité de travailler l’instrument de la voix différemment avec cette langue. Je crois que c’est ça qui m’appelle le plus. Le français reste une très belle langue, on peut exprimer différentes choses, différentes couches, mais l’anglais sonne beaucoup plus. Et puis toute cette culture du reggae vient aussi au travers de l’anglais.

PANM360 : En tout cas, vous le faites très bien. Vous avez une voix unique qu’on reconnait parmi plusieurs et on a hâte de l’entendre à Montréal dans quelques jours. Merci encore pour votre temps et on se dit à très bientôt à Montréal.

Mo’Kalamity : Merci à vous, hâte de vous retrouver dans quelques jours. Au revoir! One Love!

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KillaBeatMaker mène une carrière internationale depuis une vingtaine d’années et a même été nommé aux Grammy Awards. Né, élevé et basé à Medellin, en Colombie, il combine ses outils de DJ/producteur aux percussions et flûtes traditionnelles. Il chante également et fait du beatbox tout en adoptant une posture très critique face au capitalisme sauvage et en exprimant un intérêt éditorial marqué pour la protection de la biodiversité menacée de la Colombie. En tant que DJ/producteur, KillaBeatMaker fusionne la cumbia, la champeta, l’afro-house, les afrobeats, l’amapiano et d’autres rythmes africains réinjectés dans la musique colombienne. Juste avant son premier concert aux Nuits d’Afrique de Montréal (Le Ministère, 9 juillet), il s’est entretenu avec Alain Brunet pour PAN M 360.

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Du 8 au 20 juillet 2025, Montréal accueille les 39e Nuits d’Afrique, soit plus de 700 artistes venus d’une trentaine de pays du monde entier où vivent les Africains et leurs afro-descendants de la Caraïbe, de l’Amérique latine ou de toutes les contrées de l’immigration. Voici venir 13 jours de concerts en salle et six 6 jours de programmation gratuite en extérieur dans le Quartier des spectacles. La Brésilienne Flavia Coehlo, le Nigérian Femi Kuti, l’Ivoirien Meiway, l’Algérien Labess et le Martiniquais Blaiz Fayah sont parmi les têtes d’affiche de cet événement incontournable de la culture montréalaise. Pour PAN M 360, Alain Brunet a interviewé Sépopo Galley, programmatrice aux Nuits d’Afrique qui a parcouru le monde pour nous ramener les pépites de cette 39e programmation.

Cette interview consacrée à la programmation des Nuits d’Afrique s’inscrit également dans le cadre d’un partenariat de contenus PAN M 360 avec La Vitrine, soit le plus important site web consacré quotidiennement aux sorties culturelles à travers le Québec.

Pour accéder au référencement des Nuits d’Afrique sur La Vitrine , c’est ici!

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La chanteuse Climène Zarkan, d’origine syro-libanaise et le guitariste Baptiste Ferrandis, dont les souches sont plus européennes, avaient amorcé leur relation musicale en fondant un duo guitare-voix. Leur prit l’envie de réinterpréter des titres du chanteur alepin Sabri Mdallal (1918-2006). Un groupe fut constitué, des albums furent enregistrés, des concerts furent donnés. Sarab explore un univers où, tour à tour, le jazz électrique contemporain, musiques traditionnelles ou populaires du Levant et le rock quasi métal s’entrelardent, en témoignent les albums Sarab (2019), Arwāh Hurra – Âmes libres (2021), Awalebese Tape (2023) et un tout nouvel enregistrement prévu cette année. Pour une première fois à Montréal, Sarab nous offre son jazz-rock arabo-caucasien, assurément transculturel. Dans le contexte des Nuits d’Afrique 2025, Alain Brunet a voulu en savoir plus long sur Sarab à l’approche du concert prévu le mardi 8 juillet au Ministère.

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Camille Thurman, chanteuse et saxophoniste ténor, s’est produite sur la scène du Pub Molson avec son mari Darrell Green à la batterie ainsi qu’avec d’excellents sidemen. C’était du jazz « classique », un dernier soir de FIJM 2025.

Des versions de grands morceaux de jazz, Atlantis de McCoy Tyner Atlantis, au standard pop classique Close to You de Burt Bacharach , Camille Turman a montré ses fabuleux talents au ténor, un son puissant et chaud, une profonde connaissance harmonique, une excellente articulation. Et sa voix ! Magnifique contralto, goût très sûr, phrases pulpeuses et élégantes. Manifestement, les dieux du jazz sont de son côté.

C’est pourquoi, tout amateur de jazz fréquentant PAN M 360 doit connaître Camille Thurman, trésor caché… à Montréal. Pas pour longtemps !

Virtuose du saxophone et sublime chanteuse, cette surdouée de Queens, NYC, est profondément ancrée dans la tradition du jazz. Ni plus ni moins, elle est à devenir l’une des principales créatrices et interprètes du jazz dans ses formes les plus classiques. Aujourd’hui professeur adjoint l’école de musique Schulich de l’université McGill, elle poursuit une double carrière d’interprète et d’éducatrice.

Montréal est choyée de pouvoir compter sur une artiste de ce niveau, il suffit de regarder ses prix et honneurs après s’être régalé de ses sons : entre autres, nominée aux NAACP Image Awards pour le meilleur album de jazz, récipiendaire du SOUTH Arts Creative Jazz Road Artistic Residency, nominée au Downbeat Magazine’s Critics Poll pour le titre de Rising Star Tenor Saxophonist and Vocalist et Rising New Artist (2023, 2022, 2021 & 2020), deux fois lauréate du ASCAP Herb Alpert Young Jazz Composers Award.

Côté plafond de verre, Camille Thurman a été carrément la première femme à partir en tournée, à enregistrer et à se produire à plein temps au niveau international avec le célèbre Jazz at Lincoln Center Orchestra en tant que saxophoniste remplaçante (saison 2018-2020).

On veut lui parler !

 

PAN M 360 : Camille, vous vivez actuellement à Montréal où vous enseignez à l’université McGill. Mais pour les mélomanes, il est sans doute plus important de savoir que vous êtes une grande soliste au saxophone ténor et aussi une chanteuse hors-pair. Votre talent vous a conduit parmi les meilleurs, par exemple le Jazz at the Lincoln Center Orchestra, avec Wynton (Marsalis). Je ne citerai pas toutes vos réalisations, mais Montréal doit savoir que vous y vivez et que vous vous produisez en tant que leader le dernier soir du Festival de jazz de Montréal 2025. Qu’est-ce qui vous a amené à vous installer à Montréal et comment ?

Camille Thurman : Eh bien, pendant la pandémie, je venais de quitter le Jazz at Lincoln Center Orchestra et j’ai décidé de me remettre à jouer à plein temps avec mon projet, Camille Thurman and the Darrell Green Quartet, parce que je l’avais mis en veilleuse pendant deux ans. Nous nous produisions et faisions des tournées, et j’ai eu l’occasion de poser ma candidature à un poste de professeur ici.

Ensuite, j’ai enseigné à l’université du Colorado du Nord et ma meilleure amie m’a encouragée. Elle m’a dit, tu sais, tu devrais postuler pour ce poste. Je lui ai répondu que je ne savais pas, que je travaillais ici à New York et que nous étions en tournée. Si près de New York. Et elle m’a dit, eh bien, essayez, si ça marche, ça marche, si ça ne marche pas, ça ne marche pas.

À l’époque, mon mari, Darrell Green, postulait pour un poste de professeur à Vienne. Nous étions donc tous les deux à la croisée des chemins : s’il obtenait le poste de professeur à Vienne, je l’accompagnerais. Et si j’obtenais Montréal, nous verrions ce qui se passerait. Et bien sûr, tout s’est passé comme prévu. J’ai passé l’entretien.

Puis ils m’ont dit : « D’accord, pouvez-vous revenir pour un autre entretien ? J’ai répondu par l’affirmative. Nous avons ensuite organisé une session de cours en direct et, deux semaines plus tard, ils m’ont dit qu’ils seraient ravis de vous accueillir, ainsi que votre mari.

PAN M 360 : C’est l’affaire rêvée !

Camille Thurman : Oui! Nous avons tous les deux été sous le choc, parce que ce n’est pas souvent que deux musiciens qui tournent dans le monde entier trouvent ce genre d’emploi. Et tout près de votre ville natale. Oui, près de chez nous, nous venons enseigner dans une université de classe mondiale au Canada et, surtout, partager ce que nous aimons et ce que nous faisons professionnellement. Oui, et bien sûr, le corps professoral était aussi incroyable, alors nous nous sommes dit, d’accord, tentons notre chance. Et nous avons fini par nous dire que nous allions vivre à Montréal à temps partiel et à New York à temps partiel, parce que notre entreprise est toujours basée à New York. Et c’est ce que nous avons fait : des tournées, des spectacles, de l’enseignement.

PAN M 360 : Et comme la connexion entre Montréal et New York est forte, c’est une situation idéale ! Vous savez que beaucoup de Montréalais vont plus souvent à New York qu’à Toronto, surtout pour la musique dans notre cas.

Camille Thurman : Oh, oui, les étudiants de Montréal nous l’ont dit. Chaque fois que nous allions au Winter Jazzfest à New York, les étudiants nous disaient, hey, nous avons partagé une voiture, sept d’entre nous partagent une chambre d’hôtel, nous allons tous vous voir!

PAN M 360 : Et si vous observez l’architecture de Montréal, elle ressemble souvent à celle de Brooklyn ou Queens.

Camille Thurman : Oui, c’est tellement vrai.

PAN M 360 : Les deux sont des villes de la côte est qui ont connu la révolution industrielle. Boston, Montréal et New York sont liées historiquement en ce sens. Notre parc du Mont-Royal a été conçu par Frederick Olmsted, qui a réalisé le Central Park et le Prospect Park à New York.

Camille Thurman : C’est exact. C’est vrai. Et aussi l’histoire du jazz.

Je veux dire, Oscar Peterson!

PAN M 360 : Oui OP absolument! Donc tu es impliquée, aussi, avec ton mari, vous êtes tous les deux des chefs d’orchestre, des artistes dans la même activité ! C’est aussi une combinaison parfaite entre la vie professionnelle et la vie privée, car vous pouvez voyager ensemble, vous enseignez ensemble dans la même école, alors comment peut-on espérer mieux !

Camille Thurman : Oui, nous créons ensemble. J’ai beaucoup de chance d’avoir rencontré Darrell Green et d’avoir pu travailler avec lui. C’est un batteur phénoménal. Oui, et bien sûr, un éducateur incroyable. Travailler avec lui et collaborer à nos projets a été une véritable bénédiction.

Nous avons tous les deux notre propre expérience, mais en réunissant tout cela, c’est un vrai plaisir de pouvoir tourner et jouer la musique que nous composons et écrivons ensemble, puis d’enseigner à deux aux étudiants, qui regardent. Nous pouvons être en tournée le week-end quelque part, puis arriver en classe à 10 heures le mardi matin et dire, ok, la classe, parlons de quelques changements d’accords aujourd’hui, et les enfants disent, ok, nous vous avons vu sur Instagram, vous êtes dans tel et tel endroit, comment se passe ce concert ? Mais parlons-en, et vous êtes comme, non, non, non, occupons-nous de la leçon.

PAN M 360 : On peut faire les deux, mais il est toujours très intéressant pour les étudiants d’avoir un personnage comme le vôtre pour servir de modèle en même temps, donc ils sont évidemment intéressés par vos performances. Et je suppose qu’ils transcrivent vos solos haha !

Camille Thurman : C’est une telle joie, je veux dire, nous parlons des étudiants tout le temps quand nous terminons les cours, et nous pensons toujours, ok, eh bien, et si nous faisions ceci, ou si nous faisions cela ? C’est donc magnifique de voir qu’il y a un lien entre nous. Ils nous observent et nous essayons de nous assurer que nous leur donnons le meilleur de nous-mêmes lorsque nous sommes avec eux.

PAN M 360 : Quelle est votre perception de Montréal après quelques mois de vie ici ?

Camille Thurman : Lorsque je suis arrivée ici, j’ai eu l’impression d’être en Europe, mais avec une ambiance nord-américaine. Vous n’avez plus besoin de faire six heures d’avion, c’est tout près de NY ! Et les gens ont été merveilleux. Les étudiants avec lesquels nous avons travaillé à McGill ont été fantastiques. Et puis il y a aussi le fait que la scène est tout simplement dynamique. Des professeurs formidables aussi – John Hollenbeck, Joe Sullivan, Kevin Dean, Jean-Michel Pilc, Ranee Lee…

PAN M 360 : Cool, cool. Parlons maintenant de la musique que vous jouez cet été. Pouvez-vous décrire le groupe et le répertoire que vous interprétez ?

Camille Thurman : Bien sûr. Nous venons de terminer une tournée qui dure depuis une semaine et demie. Nous avons commencé à New York au Dizzy’s Club Coca-Cola, nous avons fini dans le Wisconsin, puis à Chicago, et nous venons de terminer à Cincinnati, et Montréal est la dernière étape. Ouais, ça a été une semaine et demie géniale à jouer et à rencontrer des gens. Le groupe, je suis fier de le dire, est l’un des chats les plus féroces, en fait, ce sont tous des musiciens féroces. Il y a Paul Beaudry à la basse, un bassiste phénoménal qui est aussi un chef d’orchestre à part entière. Nous avons également un jeune pianiste talentueux de Philadelphie, Jordan Williams. Nous avons aussi un jeune lion merveilleux à la trompette, Wallace Roney Jr, fils de Wallace Roney et de Geri Allen. Et puis, bien sûr, nous avons Darrell Green à la batterie, et votre serviteure à la voix et au saxophone.

PAN M 360 : Et le répertoire que vous présentez actuellement ?

Camille Thurman : Nous venons de sortir un album intitulé Confluence Vol.1 Alhambra. Nous allons jouer quelques morceaux de ce projet, ainsi que d’autres morceaux de différents projets sur lesquels nous avons travaillé – nous avons travaillé sur un projet qui présente la musique de Burt Bacharach que nous avons en quelque sorte réimaginée et réarrangée d’une toute nouvelle manière, et jusqu’à présent, le public a aimé.

PAN M 360 : En ce qui concerne votre voix, vous avez grandi en tant qu’excellente élève et vous avez finalement découvert que vous étiez également chanteuse.

Camille Thurman : C’est drôle, parce que j’ai eu un parcours intéressant dans la découverte de ma voix, et en fait, j’ai gardé le secret sur le fait que je chantais. Quand j’étais beaucoup plus jeune et que j’ai commencé à jouer du saxophone, j’ai tout de suite su qu’en tant que jeune femme jouant du saxophone ténor, les gens vous regardaient et vous disaient, oh, vous ne jouez pas de ce truc-là.

À 13 ou 14 ans, je me suis dit que je n’allais jamais dire que j’étais chanteur, parce qu’ils supposent toujours que c’est le cas. Je vais juste essayer d’être le meilleur possible au saxophone. Ce n’est que dans la vingtaine que mon mentor, Antoine Roney, m’a encouragé à chanter professionnellement, en me disant que certains des plus grands musiciens du monde étaient à la fois chanteurs et instrumentistes – Shirley Horne, Nat King Cole, Louis Jordan… C’est alors que le déclic s’est produit.

Je me suis demandée ce que je faisais. Je suis assis sur un magnifique cadeau que Dieu m’a offert. Il s’agit de deux dons. Et Antoine m’a vraiment aidée, en tant que mentor, à façonner et à modeler la vision que je voulais avoir en tant que vocaliste et instrumentiste. Et cela m’a ouvert l’esprit. Il y a des choses que, vocalement, je pense maintenant pouvoir explorer plus librement parce que je joue du saxophone et vice versa. Il y a des choses que je comprends et explore plus librement en tant que saxophoniste grâce à mes connaissances en tant que chanteuse.

PAN M 360 : En tant que ténor, avez-vous eu des modèles ?

Camille Thurman : Oh, oui. Antoine Roney. George Coleman, j’adore. Et puis, bien sûr, Joe Henderson, John Coltrane, Dexter Gordon.

PAN M 360 : Oui. La lignée. Et vous êtes vous-même dans cette tradition.

Camille Thurman : Merci. Oui, c’est vrai.

PAN M 360 : Vous avez une sorte d’approche, je ne dirais pas classique du jazz, mais vous êtes très, très proche de la tradition. Vous êtes dans cette lignée. Votre contribution n’est pas évidente à première vue, mais lorsque nous allons en profondeur, nous nous retrouvons dans la peau d’un musicien classique. Tous les grands musiciens ont leur propre voix, mais il faut écouter très attentivement pour la découvrir : lorsqu’elle est enracinée dans la tradition du jazz.

Camille Thurman : Oui. Je crois que lorsque les gens vous inspirent, il y a des éléments qui représentent ce que vous êtes en tant qu’artiste à part entière. En ce qui me concerne, j’ai grandi en écoutant et en m’inspirant de tant d’artistes. Et encore une fois, le fait de jouer et de chanter a créé ce son unique. Oui, c’est vrai.

PAN M 360 : À propos de votre formation. Combien de temps consacrez-vous à votre voix et à votre saxophone ?

Camille Thurman : Je ne fais pas ce calcul. Je veux dire, je pense qu’il s’agit simplement de penser constamment à la musique. Il ne s’agit donc pas de se dire, d’accord, je vais mettre de côté 10 heures d’entraînement. Que vous soyez en voyage ou en train de marcher, vous êtes toujours en train de réfléchir et de travailler.

PAN M 360 : Essayez-vous de trouver un équilibre entre votre voix et votre jeu de ténor ?

Camille Thurman : Je les vois comme une seule entité, et la voix est un instrument en soi.

PAN M 360 : Cela vous donne une perspective unique dans l’approche du son, de l’harmonie, de la mélodie, du phrasé, et je pense simplement qu’il s’agit d’un instrument à part entière.

Camille Thurman : C’est vrai.

PAN M 360 : Et la meilleure façon d’aborder un instrument mélodique est de penser à la voix.

Camille Thurman : C’est exact. C’est la base de toute musique. La voix est le tout premier instrument et elle l’est toujours.

Photo: Emmanuel Novak Bélanger

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L’environnement est un enjeu important pour ce collectif originaire de la République démocratique du Congo qui se produira lors de la 39ème édition du Festival Nuits d’Afrique. En effet, ils transforment des objets en métal, en bois ou encore en plastique pour confectionner leurs instruments et ainsi, créer de nouveaux sons jamais entendus auparavant. Notre journaliste Michel Labrecque les a rencontrés pour PAN M 360 et a même eu droit à une surprise en fin d’entrevue.

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La harpe de Lara Somogyi et le piano de Jean-Michel Blais ont dialogué dans le désert californien, plus précisément à Joshua Tree où vit la musicienne avec son mari Cyrus Reynolds. Jean-Michel y avait été invité en tant qu’ami et… une fois sur place, pianiste et harpiste ont improvisé quelques heures ensemble, et nous voilà à plus de 35 millions d’écoutes de cette improvisation devenue album sur la recommandation du partenaire de production composition et conjoint de Lara. Pour les mélomanes du Québec, la réputation de Jean-Michel Blais n’est plus à faire mais on connaît moins le profil biographique de sa collègue américaine et francophile comme vous pourrez l’observer dans cette interview d’Alain Brunet. En plus de son travail de compositrice et d’interprète, Lara est également une harpiste de studio très sollicitée aux USA, tant pour le monde audio que pour le cinéma et la télévision. Ses participations sont éloquentes, citons ici le London Symphony Orchestra, Rufus Wainwright, Bonobo, Terence Blanchard ou même Hans Zimmer. De Jean-Michel Blais et Lara Somogyi, l’album Desert est sorti à la fin de cet hiver et sa version sur scène sera présentée pour une toute première fois au Gesù, ce samedi 5 juillet, dans le contexte du Festival International de Jazz de Montréal.

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« Elle a découvert très tôt que la véritable essence de la musique n’est pas seulement ce que l’on entend, mais aussi ce que l’on ressent. Sa mission est de préserver l’âme de la musique », peut-on lire dans sa biographie. Alexis Lombre, 28 ans, est une artiste soul/jazz émergente originaire de Chicago. Animée par une profonde spiritualité qui module son art depuis le South Side de sa ville natale, elle a tourné avec Jon Batiste, Terrace Martin, Terri Lyne Carrington, Ledisi, Lizz Wright, STOUT, Keyon Harrold, Georgia Anne Muldrow, Marcus Miller, Nicole Mitchell, Jamila Woods, DJ D-Nice et le Miles Davis Electric Band. Elle a reçu le prix inaugural 2022 New Music Next Jazz Legacy Award et le prix 2023 Luminarts Award. Elle jouait à Montréal le 3 juillet au Pub Molson. Avec son trio, elle proposait un mélange substantiel de soul/R&B/gospel/jazz, des compositions originales et des références au passé, dont une solide version de Caravan de Duke Ellington ou de Jesus Children of America de Stevie Wonder.

Alors ? La recherche de nouveaux artistes de jazz à PAN M 360 nous a conduit à Alexis Lombre ! Voici notre conversation.

PAN M 360 : Merci beaucoup Alexis d’avoir accepté cette interview. L’un des principaux programmateurs de ce festival montréalais m’a suggéré de découvrir votre métier il y a quelques semaines. Ce que j’ai fait !

Alexis Lombre : Merci !

PAN M 360 : Et c’est peut-être le début d’une longue relation avec Montréal.

Alexis Lombre: I hope so,  yeah.

PAN M 360 : Vous venez de Chicago, vous jouez du piano et vous chantez. Vous composez également votre propre musique et jouez avec d’autres groupes comme Marcus Miller.

Alexis Lombre: Yeah, I was even here with Marcus Miller in 2022 at the Montreal Jazz Fest. 

PAN M 360 : Cette fois, vous venez avec votre propre groupe et vos propres compositions. Parlons donc de l’évolution de votre métier, de votre identité en tant que claviériste, compositeur et aussi auteur-compositeur-interprète.

Alexis Lombre : Oui, mes pianistes préférés sont Gene Harris et Bobby Timmons.

PAN M 360: Oh!

Alexis Lombre : Les gars du funk et bien sûr, Oscar Peterson de Montréal. Évidemment j’adore Herbie (Hancock) qui vient de ma ville. Et bien sûr, j’adore Herbie (Hancock) qui vient de Chicago. C’est drôle parce que j’ai l’impression que Herbie, mon amour pour Herbie m’a suivi tout au long de ma vie d’une manière intéressante. J’aimais Herbie parce qu’il avait cette énergie soul-jazz. Mais ensuite, avec Headhunters, il s’est orienté vers un style plus fusion. Au début de ma carrière, j’aimais le Herbie Hancock pur et dur. Puis, en vieillissant, et au fur et à mesure que ses disques progressaient, j’ai aimé ses disques plus fusionnels. Et Herbie était aussi un habitant du sud de Chicago, comme moi.

PAN M 360 : Vous êtes du quartier sud ?

Alexis Lombre: Yes, sir.

PAN M 360 : Chicago dispose d’une nouvelle scène musicale d’une grande beauté. Dans le domaine du hip-hop, il y a Saba, par exemple.

Alexis Lombre : Oui, il est génial. J’avais deux ans de moins que Vic Mensa et Chance the Rapper. Je me souviens d’avoir grandi et de les avoir observés, d’avoir vu comment ils écrivaient de la musique, comment ils en produisaient et comment ils se mettaient au diapason.

PAN M 360 : Dans le jazz, il y a Makaya McRaven, Marquis Hill ou Junior Paul.

Alexis Lombre : Ce sont tous mes grands frères !

PAN M 360 : Vous jouez donc parfois avec eux à Chicago, je suppose.

Alexis Lombre : Oui, en fait nous allons tous jouer bientôt (en août) au We Out Here Fest au Royaume-Uni. Nous rendons hommage au défunt producteur Charles Stepney.

PAN M 360 : Habitez-vous toujours à Chicago ?

Alexis Lombre : Non, je suis maintenant basé à Los Angeles. Je voulais juste voir quelque chose de nouveau, vous savez ? Je suis jeune, je n’ai pas d’enfants et je ne suis pas marié, donc je peux être n’importe où.

PAN M 360 : Essayons d’identifier d’autres influences de votre métier, pour être plus précis.

Alexis Lombre : Bien sûr ! Vous savez, je suis inspiré par de nombreux artistes. Je me souviens quand Solange a sorti A Seat at the Table. Don’t Touch My Hair était ma chanson. J’aime aussi beaucoup Erykah Badu. Elle m’a vraiment inspiré en tant qu’auteur-compositeur. Il y a aussi D’Angelo, vous savez, et Thundercat. Et Thundercat. Et la nu soul, les trucs expérimentaux comme Flying Lotus ou Georgia Anne Muldrow. Et Kendrick Lamar, pour ne pas l’oublier.

PAN M 360 : Quelle est votre façon de jouer et de créer ?

Alexis Lombre : Je suis vraiment un compositeur, un arrangeur, un producteur. Je produis tout ce que je fais. Autoproduit, indépendant. Et, oui, je pense qu’une grande partie de ma musique couvre mon voyage spirituel, comme Come Find Me, qui parle de, vous savez, trouver la lumière intérieure. Et de trouver Dieu en moi.

PAN M 360 : Votre famille avait-elle une culture gospel ?

Alexis Lombre : C’est drôle, la première fois que j’ai ressenti l’Esprit Saint, c’était dans un club de jazz.

PAN M 360: Really?

Alexis Lombre : Je n’ai pas grandi dans une église, mais j’ai eu des expériences où j’ai ressenti l’Esprit Saint dans les clubs de jazz du sud de Chicago. Mon expérience est donc un peu plus unique. Je suis probablement l’un des seuls musiciens noirs américains à ne pas avoir grandi à l’église, mais cela se ressent dans mon son. J’aimais dormir le dimanche matin, mais je n’en avais pas envie. Je ne suis pas du matin, c’est tout. C’est aussi simple que ça.

PAN M 360 : Cela correspond bien à votre profession.

Alexis Lombre : Oui, exactement. Je suis vraiment un oiseau de nuit et quelqu’un de très sensible et, vous savez, très… J’adore écrire des chansons. J’écris des chansons depuis l’âge de 10 ans. La plupart des chansons de mon premier album, South Side Sounds, ont été écrites au lycée !

Photo: Benoit Rousseau

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Le vendredi 11 juillet, le Festival Nuits d’Afrique recevra un rappeur Sud-Africain bien établi dans son pays: Stogie T, de son vrai nom Tumi Molekane. Il s’agira de sa deuxième visite à Montréal, sa première en tant qu’artiste solo. Stogie T n’a pas la langue dans sa poche, il a des tonnes de choses à raconter sur sa vie, sa carrière et l’Afrique du Sud, un pays dont le destin reste compliqué, malgré la fin du régime raciste d’Apartheid, il y a 31 ans. Ce n’est pas tous les jours qu’on rencontre un rappeur de ce pays. Notre collaborateur Michel Labrecque s’est entretenu avec lui de tous ces différents aspects. Attachez vos tuques! Ou vos casquettes!

PANM360: Stogie T, racontez-nous un peu votre histoire, vous êtes né en Tanzanie, vous avez grandi en Afrique du Sud et, depuis plus de vingt ans, vous faites du rap!

Stogie T: Vous avez tout dit, je n’ai plus rien à ajouter (rires). Je suis né en Tanzanie de parents sud-africains en exil. J’ai peut-être été conçu en Russie, alors que mes parents y séjournaient pour de l’entraînement militaire. Mais je n’ai aucun lien familial avec la Tanzanie, j’y ai vécu jusqu’à l’âge de 12 ans, puis nous sommes rentrés dans notre pays.

PANM360: Donc, vos parents étaient des militants anti-Apartheid? Est-ce que cela vous a marqué?

Stogie T: Tout à fait, mon père était un pasteur devenu soldat de l’ANC (African National Congress, aujourd’hui le parti au pouvoir). Mais il est décédé quand j’avais un an. Mais ma mère était très impliquée dans la lutte, jusqu’au bout. Il y avait toujours cette idée de la « terre promise » et qu’il fallait que je me trouve un but. Tout ceci m’a cadré jusqu’à aujourd’hui. Il fallait juste que je trouve ma façon d’agir.

Si je me compare à une paire de lunettes, cette idée de mission était la monture, le hip hop ma lentille, puis, trouver ma propre voix a représenté me débarrasser des lunettes (rires) et découvrir ma propre vision.

PANM360: En Afrique du Sud , vous avez vécu à Soweto, l’immense quartier noir en banlieue de Johannesburg. Comment la musique et le rap sont arrivés dans votre vie?

Stogie T: Principalement en parcourant les rues, en jouant au basket et en discutant avec des membres de ma famille. Quand j’écoutais du rap, étant jeune, j’avais envie d’aller plus loin. Quand un rappeur mentionne Miles Davis, j’ai eu envie de l’entendre, quand ça parlait de AK-47, j’ai eu envie d’en savoir plus (rires), mais mon registre musical s’agrandissait, tout en restant centré sur le rap.

Et comme je n’étais pas bon en sport, ni à la planche a skate, le hip hop m’a permis de m’élever dans l’échelle sociale de l’adolescence pleine de testostérone. Petit à petit, je me suis affranchi des influences rap américaines pour raconter des histoires de ma communauté et mon pays.

PANM360: En 2004, vous créez un groupe qui s’appelle Tumi and the Volume, qui va devenir célèbre en Afrique du Sud et va tourner un peu partout sur la planète. C’est une aventure qui a duré près d’une décennie.

Stogie T: Nous représentions alors ce que les gens appelaient la « nouvelle Afrique du Sud »; un guitariste blanc du Mozambique, un juif blanc, un noir qui rappe  sur Nelson Mandela (premier président noir post Apartheid), c’était un vent de fraîcheur. Nos tournées internationales m’ont aussi permis de partager la scène avec des grands comme Salif Keita, Manu Dibango. Ça ouvre les oreilles et ça vous fait admirer les grands musiciens africains.

Par contre, il y a un obstacle que nous avons eu du mal à traverser. À l’étranger, un groupe sud-africain doit toujours porter un message politique. Pour moi, c’est devenu une cage. Parce que je suis Sud-africain, je ne peux pas écrire une chanson sur les fleurs ou les papillons! La politique c’est important mais il n’y a pas que ça dans la vie.

PANM360: En 2012, Tumi and the Volume s’est dissous et en 2015, le premier album de Stogie T est paru.

Stogie T: La séparation s’est faite amicalement et nous sommes toujours amis. Par la suite, j’ai découvert que je souffrais de « cyniscose », la maladie des cyniques que je me suis auto-diagnostiqué (rires). Parce que le projet de libération de l’Afrique du Sud s’est transformé en tragédie comique. La plupart des politiciens que nous admirions quand nous étions jeunes se sont avérés corrompus, se sont ridiculisés. Nous croyions que la magie de Mandela allait faire de cette nation arc-en-ciel un endroit immunisé contre l’imbécilité. Mais au final, nous sommes aussi attirés par le gain et pleins de m…(merde) que les humains d’ailleurs.

PANM360: Donc, Stogie T est un peu revenu au texte politique. Votre dernier EP, paru récemment, s’intitule Lasours, qui est un titre en français: la source.

Stogie T: Oui, j’ai réalisé cet album avec un musicien de l’Ile de la Réunion, Aleksand Saya, qui vient de cet endroit qui s’appelle Lasours. C’est un incroyable musicien et réalisateur qui mélange la musique maloya, un style de l’île, à l’électronique. J’ai adoré travailler avec lui.

PANM360: En plus de cette dernière offrande, vous avez réalisé quatre albums. En quoi Lasours est-il différent?

Stogie T: Je parle de la violence en Afrique du Sud, une chanson est dédiée à un jeune rappeur qui a été assassiné, ça parle aussi de l’Île de la Réunion, un département français pas si loin de l’Afrique du Sud. Il ne faut pas que les gens oublient leurs racines, même quand ils vont étudier à Paris. On entend aussi Ntsika, un grand chanteur sud-africain qui fait partie d’un groupe acapella célèbre.

PANM360: Qu’allons-nous entendre lors de votre concert du 11 juillet au Balattou?

Stogie T: Vous allez entendre un mélange de hip-hop, de musique africaine, de jazz et de soul. Avec une formidable chanteuse qui s’appelle Bonj, à qui, franchement, je sers surtout d’accompagnateur (rires). Je ne crois pas que personne nous ressemble, pour le meilleur et pour le pire (rires). 

Mon groupe et moi sommes déjà à Montréal, il y a tellement de choses à faire, j’espère que mon groupe sera encore fonctionnel le 11.

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La Chiva Gantiva, groupe belgo-colombien, mêle rythmes traditionnels colombiens, rock, hip-hop et électro dans un cocktail explosif. Né à Bruxelles, il s’est taillé une réputation internationale avec une énergie scénique incomparable et un son unique. Le groupe, qui en est à son quatrième album, est dans la programmation du Festival Nuits d’Afrique et se produira au Club Balattou le 8 juillet 2025, jour de lancement du festival. Rafael Espinel s’est entretenu avec notre collaborateur Michel Labrecque pour PAN M 360.

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Thundercat est sans doute LA star de la basse jazz dans le monde du nujazz, mais cette notoriété est aussi due à ses associations avec Kendrick Lamar et ses amis jazzmen, dont Kamasi Washington. Parallèlement, il existe d’autres bassistes de la même génération qui font moins de bruit médiatique et qui jouent tout aussi bien. C’est le cas de Derrick Hodge, bassiste virtuose afro-américain invité au Studio TD le 1er juillet. Beaucoup l’ont connu aux côtés de Robert Glasper dans les années zéro, et les amateurs de jazz et de groove ne l’ont pas perdu de vue. En power trio (basse, batterie et claviers), Derrick Hodge a livré au public du concert gratuit une solide prestation, inspirée par un important album paru sur le label Blue Note : Color of Noize, qui fait l’objet de cette conversation avec cet excellent musicien.

PAN M 360 : Parlons donc des travaux récents. Bien sûr. Comment se passe le travail récent ? Comment s’est déroulé l’aspect production, l’aspect composition, et comment cela se traduit-il sur scène aujourd’hui ?

Derrick Hodge : Oui, je suis content que vous posiez la question. Color of Noize, c’est parti d’une idée. C’était avant COVID et pendant COVID, il y avait beaucoup de discussions. Je pensais que les gens avaient du temps libre.

PAN M 360 : Oui. Tout le monde composait beaucoup à l’époque.

Derrick Hodge : Oui, oui, et je lis et vois beaucoup de descriptions de moi-même et de la façon dont j’ai été prescrit et défini, et j’ai juste remarqué la diversité de ces descriptions. Oui, il y a une diversité et ce que les gens disent, et combien il est rare que je prenne le temps d’y penser moi-même et combien peu j’ai vraiment, même après avoir vu cela, combien je me suis soucié de cela. Je me disais simplement que j’étais moi-même. C’est ainsi que j’ai commencé à prendre certains de ces mots et à me rendre compte qu’il s’agissait peut-être d’une émotion en soi. Et c’est ce que Color of Noize représente.

C’est comme si je voyais des gens dire quelque chose de gentil à mon sujet, alors qu’ils ont aussi dit des choses négatives sur d’autres, et sans même le savoir, j’ai respecté ce son dont ils parlaient. En fait, je suis le produit de toutes ces choses. Je suis un creuset. Et j’essaie vraiment de le permettre.

PAN M 360 : C’est aussi une réflexion sur le bruit en tant que concept.

Derrick Hodge : Oui. Qu’est-ce que le bruit ? Qu’est-ce que la couleur ? Qu’est-ce qui est beau ? Qu’est-ce qui est harmonieux ? Notre perception est en constante évolution.

PAN M 360 : Color of Noise, c’est donc accepter le son là où il se produit, et être ici et maintenant, dans l’instant.

Derrick Hodge : C’est de cela qu’il s’agit.

PAN M 360 : Ce que vous avez réalisé, nous le savons, nous pouvons le commenter et nous pouvons avoir différentes versions, comme vous le dites, différentes perceptions, différentes émotions réagissant à votre métier, à votre travail et à une certaine performance que vous avez présentée devant nous.

Derrick Hodge : Et c’est une chose magnifique parce que c’est une chose très humaine. C’est une chose réelle, vous savez, donc l’acceptation, c’était une question d’acceptation, d’accepter cela et d’en trouver la beauté. Et l’opportunité qui se présentait à moi était mon prochain disque Blue Note avec Don Was – également président de Blue Note Records. Je voulais qu’il le produise avec moi. Je voulais qu’il parle de Color of Noize et qu’il documente vraiment cette expérience.

PAN M 360 : Le processus de cet album sorti en 2020 a été singulier, n’est-ce pas ?

Derrick Hodge : Les gens ne se rendent pas compte qu’ils écoutent les premières prises de tout l’album. Nous avons enregistré l’ensemble de l’album en 18 heures environ. Il s’agissait surtout pour moi d’expliquer cette idée, de jouer les thèmes sur lesquels j’avais travaillé, puis de voir où nous en étions avec les partitions et tous les musiciens de l’album. L’album met en scène Jahari Stampley et Michael Aaberg au clavier, Mike Mitchell et Justin Tyson à la batterie, et DJ Jahi Sundance aux platines. Je jouais moi-même de la basse, des touches, de la guitare et du chant. Ils ont tous pris ça et se le sont approprié d’une manière que je n’aurais pas pu contrôler si je l’avais fait moi-même. C’était comme si, non, il fallait que ce soit ça. Il s’agissait de lâcher prise.

PAN M 360 : Oui, vous les laissez jouer. C’est ce qui a conduit à l’expansion de Color of Noize.

Derrick Hodge : Oui, et je pense à d’autres projets, et cette idée de Color of Noise, l’amour de soi, l’acceptation, c’était déjà dans mon esprit quand je travaillais dessus il y a des années. Si je ne rencontre pas un seul musicien symphonique, ils honorent la musique de cette manière parce que j’ai essayé de prendre soin d’eux comme si chaque moment avait une signification.

PAN M 360 : Pouvons-nous mettre le doigt sur certaines couleurs qui sont plus proéminentes, je dirais ? Je n’essaie pas de décrire l’ensemble, mais quelques sources d’inspiration.

Derrick Hodge : Je dirais que c’est vraiment ça. Color of Noise, c’est vraiment ce que vous en retirez quand vous l’écoutez, et je suis tout à fait d’accord avec la façon dont on le définit. Les gens qui le jouent, par exemple, comme je l’ai dit, lorsque nous l’avons enregistré, ils n’avaient aucune idée préconçue. Nous nous sommes simplement assurés que tout était prêt. Le batteur qui est arrivé n’était même pas au courant.

PAN M 360 : Ils ne savaient pas qu’ils allaient jouer sur deux batteries.

Derrick Hodge : Ils ne savaient pas. Il s’agissait donc d’une véritable acceptation.

PAN M 360 : Vous avez fait la mise en place, et ils se sont lancés.

Derrick Hodge : Ils se sont jetés à l’eau. Et ce que les gens entendent, c’est vraiment qu’ils l’ont pris et qu’ils l’ont adopté. Mais c’est aussi une direction artistique.

PAN M 360 : Oui. Vous les laissez libres, mais vous avez préparé les sessions.

Derrick Hodge : L’orientation consiste donc à leur montrer la genèse de l’idée, la période à laquelle elle est née. Je les laissais entendre, oh, cette idée, c’est le thème sur lequel j’ai travaillé dans ma PM. Je les laissais entendre cela, sans même leur dire comment j’aimerais que le résultat final soit avec eux.

Je les ai simplement laissés entendre cela, et ils avaient la partition. Et ce qui nous a permis d’aboutir, c’est vraiment la façon dont ils ont intégré cela dans leur objectif. Ils réagissaient en fait les uns aux autres.

Et au fur et à mesure que les morceaux avançaient, au fur et à mesure que nous les terminions, nous appelions simplement la fin au fur et à mesure que nous y arrivions. Mais c’est ce qui fait la beauté de la chose, et c’est ce qui a permis au son de Color of Noise d’exister. Dès que quelqu’un pense pouvoir le définir entièrement, il peut être capable de définir la version du disque, mais c’est totalement différent des orchestres qui parcourent le pays en ce moment.

C’est totalement différent du quatuor à cordes que je fais.

PAN M 360 : Oui, vous pouvez avoir différentes versions des mêmes compositions dans différentes tailles, différentes instrumentations, différentes orchestrations.

Kendrick Hodge : C’est vrai, c’est vrai, c’est vrai. Mais la même racine. En quelque sorte. Je veux dire que lorsque vous voyez la performance, le début de Color of Noise était une certaine musique, mais cela varie vraiment.

La base peut donc être ma composition, ou même un orchestre, mais aussi d’autres sons, d’autres choses, d’autres compositions pour lesquelles je mets ma casquette d’arrangeur et je m’inscris dans ce cadre. Il s’agit en fait de se dire, d’accord, vous savez quoi ? Vraiment, si nous plaçons ces mêmes personnes dans différentes situations avec moi, voyons où nous en sommes.

PAN M 360 : Présentons l’organisation de cette visite.

Kendrick Hodge : Oui, ce soir, ce sera, c’est amusant, c’est le trio. Mason Guidry, qui est l’un de mes musiciens préférés, un batteur incroyable, je l’ai connu toute sa vie. Son père m’a fait participer à ma première session d’enregistrement, je crois à l’âge de 13 ou 14 ans. La boucle est bouclée maintenant que son fils et moi jouons ensemble. Il est un orchestre à lui tout seul. Et Bigyuki (Masayuki Hirano), qui est l’un de mes musiciens préférés, créatif, libre penseur, créatif. Je ne veux même pas dire que c’est un claviériste, c’est un orchestre sonore. À nous trois, nous entamons cette danse. Je réagis à l’énergie du public. Cela peut être dès le premier battement de mains. S’il s’agit de quelque chose de différent, je vois.

PAN M 360 : Vous pouvez changer.

Derrick Hodge : Oui, c’est un changement total. C’est donc très axé sur Color of Noise, où je leur donne un aperçu de mon processus de création de l’album et de leur réaction. C’est la situation du groupe. Je lance des thèmes et j’en fais des variations.

PAN M 360 : Excellent ! C’est donc une version power trio cette fois-ci.

Derrick Hodge: Absolutely. Yeah, and every time it’s different innately because they’re reacting based on how their day went.

PAN M 360: Do you have some favorite achievements during that cycle? In what kind of version or performance? 

Derrick Hodge : Vous savez, je n’en suis pas encore là. Ce n’est pas important. Là où il y a un favori, c’est que je l’ai vraiment aimé parce que certaines parties me rappellent l’élément de douceur. Je l’ai vraiment aimé parce que certaines parties me rappellent un élément doux de tout cela. Comme, oh ouais, c’était un moment. La façon dont j’ai composé ce disque en succession. Je n’ai donc pas séparé les choses au point de préférer certaines parties de l’émission. J’aime tout, mec !

Photo: Emmanuel Novak-Bélanger

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Après avoir ébloui le public et les critiques en 2023 au Festival de Lanaudière, avec un Orfeo magistral de Monteverdi, le chef Leonardo Garcia Alarcon et sa Capella Mediterranea sont de retour en 2025, le 6 juillet à l’Amphithéâtre. Cette fois, c’est Le Couronnement de Popée, ultime opéra de Monteverdi, qui sera interprété avec sensiblement les mêmes solistes, mais un orchestre plus économe. J’ai parlé de cela avec le chef, et aussi d’un deuxième concert qu’il donnera le 8 juillet, intitulé Monteverdi et les sept péchés capitaux. En trois questions/réponses, plongez dans l’univers monteverdien, avant d’être imprégnés de sa musique.

PanM360 : Orfeo est un opéra révolutionnaire, que Monteverdi a créé dans la force de l’âge, à 40 ans. Le Couronnement de Poppée date de l’année précédent sa mort à 76 ans en 1643. Quelles différences entre les deux mondes musicaux?

Leonardo Garcia Alarcon : Beaucoup de choses ont changé. En 1642, nous sommes passé 1637, qui a vu la création du premier opéra public à Venise. Monteverdi écrit donc pour des gens généralement plus jeunes et plus diversifiés. On y amène son chien, on y parle, on rit, c’est presque un cirque! Monteverdi adopte un style plus direct, et a recours à des usages à la mode, comme le travestissement, et il introduit des histoires d’amour parallèles, plus légères, qu’on appelle ‘’satellites amoureux’’. La comédie y tient également une place certaine, car Monteverdi s’adapte au style populaire de la commedia dell’arte. 

Tout le contraire de l’Orfeo, écrit pour la Cour de Mantoue, qui est un opéra presque sacré, dans lequel les personnages sont associés aux fondements éthiques de l’humanité, aux questions de vie et de mort. On s’y demande comment résoudre le passage d’un état à l’autre, et on y entend que la réponse est la musique (même si en fin de compte, ça échoue). En réalité,nous sommes encore dans un monde de la Renaissance. Poppée emmène le public ailleurs. Pour la première fois dans l’opéra, on y voit et entend des personnages historiques, qui ont vraiment existé, pas des dieux ou des mythes. Les forces ‘’divines’’ s’y trouvent encore (la Vertu, la Fortune et l’Amour, qui se chamaille sur laquelle a le plus d’influence sur les humains), mais les rôles centraux demeurent tenus par des personnes historiques, Néron, Poppée, Sénèque, etc. 

Le contexte social est aussi différent. L’opéra suscite la méfiance, voire l’hostilité du pape. Ce dernier a d’ailleurs annulé l’institution à Rome. Mais Venise garde jalousement une indépendance affirmée, et se permet donc de tenir tête. Poppée est donc un grand pas pour l’opéra. Finalement, l’opéra est désormais un business. On doit vendre des billets, et on doit garder les coûts de production dans une palette minimale pour pouvoir être rentable! C’est pourquoi on ne peut se permettre un orchestre énorme comme dans Orfeo. À la même époque, le compositeur Francesco Cavalli écrit des opéras qui le ruinent, tellement les coûts de production surpassent les revenus. Il est obligé de marier une dame riche, qui lui sert de mécène!

PanM360 : Parlons de l’orchestration de Poppée. Elle pose problème. Nouis avons des manuscrits de la main de copistes, mais pour des représentations différentes, et avec des différentes notables. La partition utilisées lors de la création est disparue. Nikolaus Harnoncourt a largement étudié le sujet et légué une vision de la chose, par exemple. Mais celle-ci demeure très personnelle. Vous avez donc dû faire des choix. Lesquels et pourquoi?

Leonardo Garcia Alarcon : Harnoncourt prend clairement le parti d’une construction à la Orfeo, avec un grand orchestre. C’est aussi la nature de l’un des manuscrits qui nous sont parvenus, et qui correspond à une partition possédée par Cavalli (le compositeur mentionné plus tôt). C’est une version somptueuses de l’écriture, probablement utilisée pour des représentations à Naples. Ironiquement, cette version contribuera à la naissance et l’épanouissement ultérieur de l’opéra dit ‘’napolitain’’. Pour ma part, j’ai choisi de me rapprocher de l’original, celui de la création, qui n’est pas disponible, mais dont on peut déduire les contours. Ceux-ci nous informent sur un orchestre relativement réduit. Pour les raisons économiques citées tout à l’heure. À cela j’ai ajouté quelques couleurs qui ne sont pas étrangères à Monteverdi, quand on sait quel pouvoir de suggestion il donnait à divers instruments dans la transmission d’affects précis. On peut donc présumer un orchestre très réduit, avec deux violons, un luth (ou deux) et un clavecin, auquel mon choix personnel ajoute des cornets, des flûtes, une harpe. Il me semble que ça correspond à la fois à une situation historique très précise et un idéal expressif argumenté. 

PanM360 : Ça c’est le 6 juillet à 16h à l’Amphithéâtre. Le 8 juillet, à l’église de Saint-Jacques, vous donnerez Monteverdi et les sept péchés capitaux. Qu’est-ce que c’est, et pourquoi le faire?

Leonardo Garcia Alarcon : L’idée de ce programme m’est venue alors que j’accomplissais une longue période de résidence au Théâtre Malibran à Venise. Un endroit superbe, ou l’on est entouré d’œuvres d’art magnifiques, et beaucoup portant sur le thème des péchés capitaux. J’ai fait le lien avec l’époque de la composition du Couronnement de Poppée, pendant laquelle Monteverdi a également écrit La selva morale e spirituale. La selva est comme une antithèse de Poppée. Elle est morale et se veut vertueuse, alors que Poppée est l’opposé. Sachant que les Sept péchés capitaux sont une création papale du 13e siècle (italienne donc), je me suis dit que ce serait fascinant de creuser tout le répertoire lyrique, sacré et populaire de Monteverdi afin d’y extraire les parties qui illustrent chacun de ces aspects, puis en faire un programme cohérent. Et puis, il y a quelque chose de fascinant dans ces défauts honnis, encore plus que dans les vertus ‘’souhaitables’’. Elles invitent au drame et aux émotions puissantes. Tout comme aujourd’hui, on connaît bien plus l’Enfer de Dante que son Paradis, qui ne nous intéresse plus du tout. 

DÉTAILS POUR LE COURONNEMENT DE POPPÉE, LE 6 JUILLET AU FESTIVAL DE LANAUDIÈRE

DÉTAILS POUR MONTEVERDI ET LES SEPT PÉCHÉS CAPITAUX, LE 8 JUILLET AU FESTIVAL DE LANAUDIÈRE

Artistes 

Sophie Junker, soprano (Poppea) 

Nicolò Balducci, contre-ténor (Nerone) 

Mariana Flores, soprano (Ottavia, Virtú) 

Christopher Lowrey, contre-ténor (Ottone) 

Edward Grint, baryton-basse (Seneca) 

Samuel Boden, ténor (Arnalta, Nutrice, Damigella, Famigliare I) 

Lucía Martín Cartón, soprano (Fortuna, Drusilla) 

Juliette Mey, mezzo-soprano (Amore, Valletto) 

Valerio Contaldo, ténor (Lucano, Soldato I, Famigliare II, Tribuno) 

Riccardo Romeo, ténor (Liberto, Soldato II, Tribuno) 

Yannis François, baryton-basse (Mercurio, Littore, Famigliare III) 

Cappella Mediterranea 

Leonardo García Alarcón, direction

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