Pour son dernier concert de sa saison 2024-2025, l’Orchestre symphonique de Laval invite le public a une soirée de découvertes avec, dans ce programme essentiellement composé de musique romantique allemande la première symphonie de Johannes Brahms et deux œuvres qui sont peut interprétés: l’Ouverture Genoveva de Robert Schumann et le Concerto pour violoncelle de la compositrice française Marie Jaëll. Dirigé par le jeune chef Andrei Feher, l’OSL accueillera pour interpréter cette page de musique par Bryan Cheng, violoncelliste canadien qui s’est imposé comme l’un des jeunes artistes les plus captivants de la scène musicale classique. Alexandre Villemaire de PAN M 360 a pu s’entretenir avec lui avant le concert pour parler répertoire, interprétation et projets futurs.

PAN M 360 : Vous allez interpréter dans ce concert avec l’Orchestre symphonique de Laval, le Concerto pour violoncelle en fa majeur de Marie Jaëll, une compositrice française de la fin du XIXe siècle dont l’œuvre est peu connue ou jouée. Est-ce que cette œuvre a été une découverte pour vous et pourquoi?

Bryan Cheng : Oui, cela a été une véritable découverte. Je ne connaissais pas le concerto pour violoncelle de Marie Jaëll, ni même sa musique en général, avant ce projet, et j’ai été frappé par la grande qualité lyrique de sa voix. C’est aussi rafraîchissant de jouer un concerto historique pour violoncelle composé par une compositrice, car elles ont été largement sous-représentées au fil des siècles. C’est un véritable joyau caché du répertoire, avec quelque chose de profondément captivant à offrir.

PAN M 360 : Parlez-nous un peu de ce concerto. Comment est-il construit et quelles en sont les particularités au niveau de l’interprétation?

Bryan Cheng : Le concerto est en trois mouvements et suit une structure assez classique, mais il se distingue par une grande personnalité. Le premier mouvement a une intensité dramatique, avec des élans amples et des surprises harmoniques. Le deuxième est très lyrique, profondément introspectif – il évoque presque une scène d’opéra. Le dernier mouvement est à la fois exubérant et virtuose. L’interprétation du concerto demande de la finesse technique et aussi une réelle sensibilité émotionnelle. Ce n’est pas un concerto de démonstration : on a besoin d’une honnêteté et une richesse de couleurs.

PAN M 360 : Le programme du concert fait une belle part à  la musique allemande avec, en plus du Concerto, l’Ouverture Genoveva de Schumann et la Symphonie no 1 de Brahms. De quelle manière le langage musical de Jaëll s’insère-t-il en complémentarité avec les deux autres œuvres du programme?

Bryan Cheng : Jaëll partage avec Schumann et Brahms une profondeur d’expression et une architecture solide. On sent dans son langage une affinité avec l’école germanique, mais enrichie d’une finesse harmonique qui évoque le raffinement français. Elle établit en quelque sorte un pont entre ces deux traditions. Son concerto, placé entre Schumann et Brahms, permet de percevoir à la fois les résonances communes et la singularité de sa voix.

PAN M 360 : Vous jouez sur un violoncelle Stradivarius « Bonjour » de 1696, prêté généreusement par la Banque d’instruments de musique du Conseil des Arts du Canada. Quelle relation entretenez-vous avec cet instrument?

Bryan Cheng : C’est un immense privilège de jouer sur ce violoncelle. Le « Bonjour » possède une voix puissante et d’une subtilité remarquable. Il a un caractère bien affirmé, mais il est aussi très réactif — on a vraiment l’impression de dialoguer avec un partenaire musical à part entière. Après sept années passées à jouer avec lui, une véritable complicité s’est installée. Cet instrument a façonné non seulement mon son, mais aussi ma manière de penser la musique.

PAN M 360 : La nature de l’instrument influence-t-elle votre manière d’interpréter les œuvres ou la façon dont vous les aborder?

Bryan Cheng : Oui, absolument. Chaque instrument vous pousse à repenser certains passages, à explorer de nouvelles couleurs, de nouvelles articulations. Avec le « Bonjour », je me surprends à écouter plus attentivement les voix intérieures, à rechercher des phrasés plus souples, une résonance plus profonde. Ce n’est pas un instrument qui se contente de reproduire ce qu’on lui demande : il nous pousse à aller plus loin.

PAN M 360 : Vous jouissez d’une carrière prolifique qui a commencé très jeune. Carnegie Hall à 14 ans, débuts à l’Elbphilharmonie à 20 ans avec la Deutsche Kammerphilharmonie Bremen, en plus de plusieurs distinctions et nominations, dont le Prix Yves Paternot, et deux nominations aux JUNOS. Quels sont les défis de démarrer une carrière quand on est encore adolescent ou jeune adulte et qu’est-ce qui vous anime aujourd’hui dans la poursuite de votre carrière et de ce que vous voulez partager avec le public?

Bryan Cheng : Commencer jeune peut être à la fois exaltant et exigeant. On grandit en tant que personne en même temps qu’on évolue comme musicien, et trouver un équilibre n’est pas toujours simple. Je suis reconnaissant envers les mentors et les expériences qui m’ont permis de rester ancré. Aujourd’hui, ce qui me motive, c’est la connexion : à travers la musique, avec le public, avec les compositeurs d’hier et d’aujourd’hui. Je veux que chaque concert soit une rencontre vivante, un moment partagé de découverte.

PAN M 360 : Quels sont les prochains projets qui vous attendent?

Bryan Cheng : Cette année et la saison à venir s’annoncent riches en moments forts, avec plusieurs débuts très attendus aux côtés d’orchestres et de musiciens exceptionnels, dans des salles parmi les plus prestigieuses du monde. Je ferai notamment mes débuts avec le Chamber Orchestra of Europe sous la direction de Sir András Schiff, au Carnegie Hall avec le pianiste Kirill Gerstein, au Concertgebouw d’Amsterdam avec l’Orchestre Philharmonique Janaček d’Ostrava, ainsi qu’avec la NDR Radiophilharmonie de Hanovre et le Musikkollegium Winterthur.

Au Canada, je me réjouis de jouer pour la première fois avec l’Orchestre symphonique de Québec et de retrouver l’Orchestre du Centre national des Arts à Ottawa pour la création mondiale d’une œuvre pour violoncelle et orchestre du compositeur canadien Samy Moussa.

Par ailleurs, je serai le musicien en résidence de Cecilia Concerts à Halifax pour la saison 2025-2026, où je proposerai trois programmes très variés en compagnie de certains de mes collaborateurs internationaux les plus proches.

Je poursuis toujours le développement de nouveaux projets et nouvelles collaborations, par exemple des enregistrements mettant en lumière des œuvres peu jouées — comme le concerto de Jaëll. Ce qui me passionne, c’est de continuer à bâtir des passerelles entre le répertoire familier et celui qui reste encore à découvrir.

crédit photo : Andrej Grilc

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Première participation au Stéréo Africa Festival, il est l’une des têtes d’affiche cette année et est connu pour ses concerts endiablés. Impossible de rester assis lorsque cet artiste pluridisciplinaire monte sur scène. Issu d’une famille d’artistes, la musique entre tôt dans sa vie et n’en sortira plus. Guitariste et chanteur, il manie les deux parfaitement. Il sera accompagné d’un full band composé de musiciens tout aussi talentueux que lui, dont certains ont participé aux soirées Jazz Up du festival quelques jours plus tôt. Notre journaliste Sandra Gasana l’a rencontré à quelques heures de son spectacle tant attendu à la Maison de la Culture Douta Seck.

Crédit photo et vidéographie: Cheikh Oumar Diallo

En 2017, Blair Thomson avait arrangé un premier programme symphonique avec le groupe montréalais Half Moon Run et l’OSM. Blair Thomson avait déjà arrangé pour (notamment) Michel Rivard et La Symphonie rapaillée, l’expérience avec HMR avait plus que concluante, le public et la critique s’étaient régalés. Printemps 2025, un second chapitre symphonique s’écrit peu après la sortie de l’EP Another Woman. Blair Thomson a raffiné le discours orchestral, encore plus en phase avec le célèbre band pop. Il y aura des tubes, il y aura des voix harmonisées, il y aura Devon Portielje, Conner Molander et Dylan Phillips, et il y aura l’OSM sous la direction d’Adam Johnson! L’architecte de tout ça nous en explique la construction avec PAN M 360. Alain Brunet a interviewé Blair Thomson avant qu’il se rende à la répétition générale, précédant le cycle Half Moon Run de 3 jours à la Maison symhonique.

BILLETS ET INFOS

Voilà un band californien jouissant d’un culte juste assez gros pour réjouir les mélomanes qui convergeront ce week-end au Festival international de musique actuelle de Victoriaville.

Sleepytime Gorilla Museum a suscité de l’intérêt auprès des fans de musique actuelle, après quoi une dizaine d’années de silence avant cette reconstitution. 

Le groupe a réémergé avec Of the Last Human Being , un album hybride chaudement accueilli par sa base. L’expérience SGM implique une furieuse exécution en temps réel, offerte par artistes débridés qui chantent et jouent aussi de multiples instruments, qu’ils soient consacrés ou inventés. 

On dit de SGM qu’il malaxe dans son bol le métal, le rock progressif, la musique classique/moderne/contemporaine et plus encore, le tout décliné dans une théâtralité contagieuse! 

Alors parlons au guitariste, flûtiste et chanteur Nils Frykdahl, question de nous préparer au concert du samedi 17 mai à Victoriaville.

PAN M 360:  Récemment, Sleepytime Gorilla Museum a repris du service après un long hiatus. Un album l’année dernière, de nouveaux concerts, de nouveaux projets… Pourquoi avez-vous reformé le collectif ?

Nils Frykdahl : Le long hiatus était un accident. Nous étions toujours sur le point de nous occuper de nos affaires inachevées, mais les diverses exigences de la vie… familles, aînés, enfants… nous ont conduits sur des côtes opposées et dans trois régions différentes de la Californie du Nord. La finalisation de l’album et du film nous a naturellement amenés à notre support préféré : la scène.

PAN M 360 : Prog, metal, grindcore, funk, jazz, musique classique contemporaine, art rock… Comment les genres et sous-genres musicaux ont-ils évolué au sein de ce grand groupe ?

Nils Frykdahl : Nous écoutons et apprécions toutes sortes de musique et tout cela nous traverse et émerge différemment d’une chanson à l’autre, chacun d’entre nous écrivant et aucun d’entre nous ne filtrant par genre.

PAN M 360 : Soyons plus précis : avant de les intégrer dans votre langage, quelles formes prenez-vous au métal ? Du prog ? Du funk ? Du jazz ? D’autres influences ?

Nils Frykdahl : L’application des principes de la polyrythmie africaine à la musique heavy a certainement été l’un des gestes fondateurs du groupe.Après avoir été initié à la polyrythmie par CK Ladzepko, pour qui elle doit être ressentie dans le corps, « elle doit sortir en dansant », et après avoir ressenti la coexistence de 2, 3 et 4, il était tout à fait naturel d’essayer d’étendre les nombres… 5 et 3 cohabitant si joyeusement dans Sleep is Wrong. Un geste sonore contrastant, que l’on retrouve dans certains classiques modernes, le free jazz et le métal extrême, est l’écrasement du rythme : trop rapide ou chaotique pour être vraiment ressenti comme une pulsation ou un motif. Il ne s’agit donc pas de rock&roll, mais de musique de médiation, principalement à des fins religieuses.

PAN M 360 : Comment êtes-vous perçus par les fans de chacun de ces genres ?

Nils Frykdahl : Il est certain que certains nous considèrent comme des monstres ou des travestis, mais il y a des gens ouverts d’esprit dans tous ces genres qui sont prêts à célébrer ce monde incroyable avec nous.

PAN M 360 : Vous adressez-vous principalement à un public intéressé par les formes de musique d’avant-garde ?

Nils Frykdahl : Non. Nous attirons des amateurs de sensations fortes de tous âges, dont certains n’écoutent pas, de leur propre aveu, de musique lourde ou d’avant-garde en général.Nous sommes toujours ravis d’amener des auditeurs improbables à la beauté de ces formes.

PAN M 360 : Comment attirez-vous les autres, le cas échéant ?

Nils Frykdahl : Il semble que les frontières entre les genres soient moins restrictives que jamais, les artistes et le public se déplaçant librement à travers le monde et les siècles.Le festival Big Ears de Knoxville (Tennessee), qui nous a accueillis l’année dernière, en est un excellent exemple.

PAN M 360 : L’écriture de vos œuvres est précise et rigoureuse, tout comme l’exécution.Pouvez-vous décrire la chaîne créative, de la composition à l’enregistrement et à la représentation publique ?

Nils Frykdahl : Les chansons commencent d’abord avec l’un d’entre nous, mais elles sont ensuite soumises à un processus intensif de répétitions, chaque musicien façonnant sa partie. Ce remaniement n’est jamais entièrement terminé, même après l’enregistrement, car l’affinage se poursuit pendant chaque répétition, que nous venons de terminer pendant quatre jours ici, dans le vieux Community Hall en bois de Woods Hole MA. Tout sera légèrement nouveau.

PAN M 360 : Êtes-vous adepte du collage hyperactif, comme l’était Zappa tout au long de sa carrière, ou Zorn à certains moments ?

Nils Frykdahl: Non. Nos chansons restent jalousement distinctes les unes des autres, parlant souvent de choses totalement disparates ou évoquant des émotions très spécifiques.

PAN M 360 : Votre intérêt pour le texte est important. Vous ne prévoyez pas de formes de chansons « normales » ; le texte et le chant (ou le growl) sont des matériaux parmi d’autres. Pourquoi intégrer le texte et les voix dans cette musique ? Quels sont les thèmes ou les approches littéraires qui les motivent ? Nous savons que vous vous êtes intéressé au dadaïsme.

Nils Frykdahl : Notre intérêt pour Dada réside dans son catalyseur en tant que défi positif à la police de la rectitude artistique, la séparation entre l’artifice et la sincérité, le sens et le non-sens, le théâtre et l’authenticité.L’interprétation de Dada comme nihilisme ne m’intéresse pas, c’est trop facile. Bien sûr, la vie peut être interprétée comme dépourvue de sens.Ouvre les yeux, salamandre.

La plupart des chansons commencent par des impulsions verbales qui façonnent le flux de la musique, mais parfois c’est l’inverse.

PAN M 360 : On vous a décrit comme un collectif.Comment maintenez-vous la cohésion et la motivation d’un tel collectif ?

Nils Frykdahl : Le plaisir que nous éprouvons à écouter les contributions souvent surprenantes des uns et des autres fait partie de ce qui nous a attirés les uns vers les autres, il y a tant d’années, car nous voulions travailler avec des gens que nous ne pouvions pas deviner. La cohésion est aujourd’hui maintenue par l’effort de nombreux voyages, mais c’est en soi quelque chose que beaucoup d’entre nous aiment.

PAN M 360 : Comment décririez-vous le processus de création des œuvres, les compositions, l’espace réservé à l’improvisation, l’appropriation du matériel par les interprètes et l’exécution ?

Nils Frykdahl : L’improvisation n’est généralement inscrite dans la musique que de manière assez limitée, mais le chaos inévitable du spectacle vivant permet de voir ce qui se passe lorsque nous sommes pris par surprise.

PAN M 360 : Quelle est la dynamique du leadership et de l’investissement personnel au sein du collectif ?

Nils Frykdahl : Nous contribuons tous selon nos inclinations. Certains sont plus enclins à préparer le petit-déjeuner, d’autres le dîner, d’autres encore les sauces…Cela inclut notre équipe :John Karr au son, Wind Beaver au merch, à la conduite et à la connaissance de la plupart des choses, et, nouveauté pour cette édition, Lyndsey aux lumières (bien qu’un passeport tardif puisse l’empêcher d’aller au Canada, hélas).

PAN M 360 : Comment maintenir une telle compagnie en 2025 ? Au quotidien, à moyen ou long terme ?

Nils Frykdahl : Par à-coups, et à l’aide de nouvelles machines de communication à longue distance.

PAN M 360 : Est-ce votre premier concert au Québec ?

Nils Frykdahl : Non. Nous avons déjà joué à Montréal au moins une ou deux fois, et beaucoup d’entre nous y étaient aussi dans le cadre d’autres projets.En fait, la chanson Greenless Wreath sur « In Glorious Times » a été commencée et en grande partie écrite sur le Mont Royal lors d’une promenade dans le vent changeant d’une superbe journée d’automne-hiver.

PAN M 360 : Quels sont vos projets pour l’avenir ?

Nils Frykdahl : Élever nos voix dans des chants de louange ! Chez vous !

PERSONNEL DE SGM

Sleepytime Gorilla Museum:

Nils Frykdahl – guitare, flûte, voix

Carla Kihlstedt – violon, guitare percussion, voix

Michael Mellender – guitare, Tangularium, trompette, percussion, voix

Dan Rathbun – basse, dulcimer, percussion, voix

Matthias Bossi – batterie, percussions, voix

BILLETS ET INFOS

Dans la brume phosphorescente d’un rêve qui s’effrite, A Place to Bury Strangers revient à Montréal cette semaine – non pas en tant que groupe, mais comme une transmission d’une fréquence erronée où le shoegaze bruyant se dissout dans l’électricité pure. Leur nouvel album, Synthesizer, est une séance éclairée au néon où les fantômes analogiques luttent avec les démons numériques dans une cathédrale d’amplificateurs explosés. Chaque morceau est une synapse qui s’allume à l’envers, une faille dans le tissu sonore qui recâble votre système nerveux pour en faire un conduit pour leurs berceuses apocalyptiques. La guitare du fondateur du groupe, Oliver Ackermann, hurle comme un satellite mourant et son chant chantonne comme un fantôme pétrifié, mais maintenant, les synthétiseurs s’élèvent, serpents cybernétiques chuchotant et hurlant en code binaire.

La pochette de l’album Synthesizer de A Place to Bury Strangers n’est pas seulement une image, c’est un portail, un circuit imprimé déguisé en tache de Rorschach, vibrant de bruits latents. L’emballage de l’album peut être transformé en un instrument branché directement sur le système nerveux de l’album, une hallucination tactile où l’art se joue de vous. Il ne s’agit pas d’une hyperbole pour l’effet dramatique. Avec son entreprise de pédales, Death By Audio, Ackermann a en effet dessiné le schéma du synthétiseur utilisé sur l’album, au recto et au verso du gatefold de l’album, et avec de bonnes connaissances en soudure, vous pouvez vous aussi créer cette machine à bruit.

Avant leur passage à Montréal cette semaine, nous avons parlé avec Oliver du nouvel album, de la destruction et du fait de jouer chaque concert comme si c’était le dernier au monde, et de son amour pour les nouveaux sons, parfois impossibles à utiliser.

PAN M 360 : Vous avez votre société de pédales, Death By Audio, depuis presque aussi longtemps que vous faites de la musique avec A Place To Bury Strangers. Vous utilisez certaines de ces pédales et de ces équipements en tournée, alors est-ce que la société a toujours été en phase avec le groupe pour vous ?

Oliver Ackermann: Tout à fait. L’un des aspects les plus intéressants de cette société de pédales et du groupe, c’est qu’elle se concentre sur la recherche de ces sons et de ces bruits en permanence. Et c’est ce qui est si excitant, c’est de chercher ces choses pour découvrir « Oh, comment pouvons-nous les créer ? » et « Comment pouvons-nous en repousser les limites et créer cela d’un point de vue scientifique ? ». Et puis, du point de vue musical, on veut créer ces choses pour créer plus de musique. C’est ainsi que tout reste excitant. Ils se nourrissent l’un l’autre. Même les nouvelles technologies qui sortent constamment, on peut toujours s’enthousiasmer pour ces choses et essayer d’expérimenter. Le rythme de la technologie rend les choses si folles. Si vous vous lassez des circuits analogiques, ou même de la programmation numérique, c’est un tout autre monde qui s’ouvre à vous. J’adore ça.

PAN M 360 : Oui, et votre groupe est connu pour être le plus bruyant de New York et pour avoir ces murs intenses de bruit et de son, mais avez-vous déjà créé quelque chose et êtes-vous arrivé à un point où vous vous êtes dit :  » Peut-être que c’est trop de bruit ou que c’est trop fou ?

Oliver Ackermann : Ça arrive tout le temps ! Il y a des pédales que je n’utiliserai pas, que nous avons créées et que nous vendons chez Death By Audio parce que je me dis que c’est trop fou pour cette partie. Mais c’est aussi basé sur vos préférences personnelles. Je peux toujours voir la valeur de ces choses pour quelqu’un d’autre et ce qu’est leur musique, tu vois ? C’est pour ça qu’on a créé ça, parce qu’on se dit : « Oh, c’est vraiment génial et je pense que le monde devrait avoir ça », mais ça va aussi dans l’autre sens. Je peux créer des choses qui sont peut-être même dangereuses ou qui ne semblent pas très bonnes pour les autres, mais que j’aime et que je peux utiliser.

PAN M 360 : En partant de cela, ce nouvel album, Synthesizer, l’album physique peut être transformé en synthétiseur. Pouvez-vous me dire comment vous avez eu cette idée et comment vous l’avez mise en œuvre ?

Oliver Ackermann : Je crois que c’était il y a une dizaine d’années. Je regardais des circuits imprimés et je me disais que c’était magnifique, comme de l’art. Je me suis alors dit qu’il fallait que ça devienne une pochette d’album un jour. Je n’avais même pas l’idée d’en faire quelque chose de constructible à l’époque. Et puis, nous avons construit tous ces synthétiseurs pour nous-mêmes afin de partir en tournée dans des étuis de guitare ou quelque chose comme ça, pour économiser le poids du coût des vols aériens. Nous avions donc un tas de synthétiseurs bizarres dans des étuis, et c’est alors que le déclic s’est produit : « Et si on pouvait construire un synthé à partir d’un circuit imprimé sur la pochette d’un album ? Et puis j’ai eu l’idée de faire jouer le synthé sur toutes les pistes de l’album. Il est donc possible de construire ce synthé bruyant et fou, et peu de gens ont un projet comme celui-ci qui sonne aussi mal (rires). Je pense que je voulais dépasser les limites de ce genre de choses.

PAN M 360 : Et n’importe qui peut le construire ? Est-ce qu’il faut savoir comment construire des synthétiseurs ?

Oliver Ackermann : C’est vraiment un projet avancé (rires), pour les gens qui aiment faire des soudures méticuleuses, et vous pouvez facilement souder ensemble tellement de choses qui ne devraient pas être connectées. Mais même si vous vous trompez, vous obtenez un synthétiseur personnalisé qui fonctionne un peu ! Je pense que j’ai même converti quelques personnes qui sont venues à Death By Audio de temps en temps et qui ont vu à quel point ce projet était excitant. C’est comme si vous traîniez avec vos amis, vous soudez un tas de choses ensemble pour faire du son et du bruit. Que voulez-vous faire de plus ?

PAN M 360 : Êtes-vous déjà en quelque sorte sur la prochaine chose aussi ? Je veux dire, depuis que l’album est sorti en octobre, êtes-vous déjà sur la trajectoire d’un autre album ou d’un EP ou quelque chose comme ça ?

Oliver Ackermann : Oui, tout à fait. J’ai une feuille de calcul où j’ai écrit ce que je pensais être 45 bonnes chansons ou quelque chose comme ça. Et puis nous avons commencé à réserver des concerts en avion, et nous avons commencé à réserver du temps de studio avec des amis qui sont ingénieurs dans différents endroits. Je pense que nous allons probablement écrire des chansons dans ces différents studios et capturer ces moments.

PAN M 360 : C’est une approche intéressante. Pensez-vous que l’espace ou l’essence de l’espace dans lequel vous décidez d’enregistrer se retrouve dans la chanson ou le disque ?

Oliver Ackermann : Je veux dire que toutes ces choses doivent l’influencer. Les microphones sonnent différemment et ces espaces, c’est ton corps dans ce moment bizarre qui essaie d’improviser et de ne pas se planter, mais peut-être qu’une erreur devient l’élément principal. L’espace dans lequel vous vous trouvez fait partie de cette expérience. Je veux dire, pensez aux samples dans les chansons et au fait qu’ils vous transportent dans un endroit. C’est une signature sonore. C’est comme si vous sentiez l’odeur de la salle de bain de votre grand-mère ou quelque chose du genre, et que vous y retourniez à coup sûr. Je pense que ce genre de choses doit se produire dans ces espaces. Un espace particulier va même créer une certaine magie. C’est ce qui fait l’intérêt de la musique : l’erreur humaine, le type d’espace, la bizarrerie et ces petites subtilités.

PAN M 360 : Que pensez-vous de l’IA dans la musique ? Nous sommes dans une période étrange où des groupes utilisant l’IA composent des chansons complètes.

Oliver Ackermann : Oui, je veux dire que la musique peut être aussi parfaite que l’IA le souhaite ou imparfaite. Je pense que je préfère faire le choix conscient de voir ou d’entendre de vraies personnes faire de la musique. J’ai toujours dit en plaisantant que nous (APTBS) n’avions pas à nous soucier de l’IA parce que notre musique est si terrible. C’est tout simplement ce que nous faisons.

PAN M 360 : Voir l’IA essayer de faire la musique de A Place To Bury Strangers serait assez hilarant.

Oliver Ackermann : Oui, j’ai l’impression qu’elle s’effondrerait et dirait : « Je ne sais pas pourquoi on fait ça maintenant ».

PAN M 360 : Est-ce que tu as toujours une guitare Frankenstein où il y a différentes pièces que tu as recollées après l’avoir cassée en concert ?

Oliver Ackermann : Toutes mes guitares sont comme ça (rires). J’en ai plusieurs, et en tournée, je voyage généralement avec cinq guitares et peut-être trois manches de guitare supplémentaires, et une boîte contenant toutes sortes de pièces détachées. Toutes ces choses sont lentement assemblées et tournent les unes autour des autres. Parfois, c’est un morceau de l’un à l’autre. En gros, il faut fabriquer autant de guitares fonctionnelles que possible chaque soir. Donc, vous savez, ces choses sont recollées.

Et avant que je ne commence à apporter toutes ces choses, je me souviens avoir cassé certaines de mes premières guitares lors de ces tournées. Alors on se démène. Comment puis-je réparer ça ? Certaines de ces guitares ont des morceaux de bois provenant de la forêt près de la salle de concert. Des choses comme ça, collées dedans et d’autres choses. Je pense que le fait de savoir que quand on casse quelque chose, on peut toujours le réparer est une sorte de sentiment cool et libérateur. Parce que je connais la peur d’avoir une guitare et de casser la tête et d’être totalement dévasté et écrasé. Alors ne pas avoir à s’inquiéter de ça, c’est un bon sentiment.

PAN M 360 : Vos concerts sont légendaires pour leur intensité et leurs moments de destruction. La dernière fois que vous êtes venus à Montréal, vous avez en quelque sorte poussé l’ampli dans la foule, et Sandra et John ont pris la batterie au milieu du plancher, et les gens ont jeté des morceaux de batterie… Êtes-vous toujours prêts à affronter ce chaos insensé et incontrôlé ?

Oliver Ackermann : Je veux dire que c’est le but pour moi, si possible. C’est dans ces moments-là que l’on s’amuse le plus en tant qu’interprète, quand les choses dérapent et deviennent un peu incontrôlables. Et c’est vraiment amusant. Je ressens exactement la même chose en tant que spectateur. Ce sont ces spectacles-là. C’est comme voir Monotonics en concert, où le batteur essaie de jouer de la batterie alors que des gens le soutiennent en l’air, etc. Dans tous ces cas, on se dit : « Wow, c’est un moment de folie ».

La musique ne me fait pas seulement sortir de ma zone de confort et tout ça, mais tu te fais aussi bousculer, tu cries et personne ne t’entend ou ils t’entendent, peu importe. Pour moi, ça me sort de la tête et c’est un peu comme si ce que tu voulais vraiment d’une expérience live, c’était de ne pas penser à tes pensées quotidiennes normales, tu sais ; les choses que tu as prévues, si tes vêtements sont propres ou quoi que ce soit qui te passe par la tête. Je suis sûr que c’est la même raison pour laquelle les gens aiment les sports extrêmes et toutes ces choses. C’est comme si, vous savez, vous êtes à ce genre de moment où ça passe ou ça casse.

PAN M 360 : Mais vous devez aussi être conscient, au milieu du chaos et parfois de la destruction, que vous, en tant qu’artiste, êtes en sécurité et qu’il en va de même pour le public ?

Oliver Ackermann: Nous ne cassons que les objets que nous apportons. Nous en sommes au moins conscients. Tu sais, j’ai vu d’autres personnes jeter des guitares dans la foule avec une sorte de colère bizarre et vicieuse ou quelque chose comme ça. Et je ne veux pas que quelqu’un soit blessé. Pour moi, l’un des concerts les plus géniaux auquel j’ai assisté était celui des Ramones. C’était une foule de tous âges. Tout le monde dansait le slam avec un grand sourire. Il y avait aussi des enfants et des gens qui se faisaient jeter en l’air partout. Et tu sais, c’est peut-être un souvenir gris dans ma tête, mais pour moi, c’était un moment de joie et d’excitation.

Avec nos spectacles, je n’essaie pas de blesser qui que ce soit ou de créer quelque chose comme ça, mais je pense qu’il y a des moments magnifiques qui peuvent être créés avec des lumières qui changent, qui se déplacent et qui font ces choses, et qui changent les perspectives sur la scène. Je pense que si vous pouvez attraper la guitare de la personne qui joue de la guitare, c’est comme briser la barrière de cet espace sacré de la musique et des choses, ou vous avez la chance de jouer de la batterie avec Sandra ou quelque chose comme ça. Ce genre de moments ou, tu sais, sortir un ampli et tu peux entendre cet ampli au-dessus de ta tête et il bouge et tu le passes à ton pote derrière toi ou quelque chose comme ça, c’est un genre de moment fou qui pourrait se produire.

Cela ne veut pas dire que nous ne nous jetons pas dans ce genre de situations potentiellement foireuses. Je saute tout le temps dans des mosh pits, je me fais pousser, je me fais taper sur la tête, etc. Et d’autres personnes ont une idée différente de ce qu’est le plaisir… ou quelqu’un me saute sur le dos ou, tu sais, essaie de t’arracher quelque chose des mains ou autre. Il faut juste, vous savez, suivre le courant dans ces situations. C’est pour cela que je le fais.

Réplique russe de l’avion supersonique français Concorde, le Tupolev Tu 144 fut surnommé Concordski à l’époque. Une artiste de France en a repris le sobriquet qui donne tout de suite le ton d’une atmosphère rétro-futuriste et légèrement décalée. 

Un premier EP homonyme parut en 2023, Concordski revient cette année avec un deuxième EP électro-inquiétant, intitulé Salon des arts ménagers, qui traduit bien son amour des synthés analogiques et des séquences rythmiques. Six chansons  où la voix de la chanteuse, rappelant parfois Catherine Ringer, se mêle à l’orgue, aux trompettes spatiales et à des synthés un peu glauques sur des trames légèrement dissonantes et toujours bien rythmées.

Avec sa poésie tissant des récits qu’elle veut plausibles, récits au cœur desquels les conflits sont souvent hors de portée, son univers a des relents d’une tragédie grecque modernisée, avec des personnages enchaînés à leurs destins. 

Un tout bien atmosphérique, une plume parfois ironique qui nous emmène dans un hangar où on danse au rythme d’une fin du monde vintage, où l’angoisse chauffe comme les turbines. On a eu la chance de s’entretenir avec l’artiste et de lui poser quelques questions. Plongeon dans son univers bien à elle.

PAN M 360 : Tout d’abord je dois te demander d’où vient le titre Salon des arts ménagers? Est-ce une ironie de l’événement ayant existé?

Concordski:  Franchement oui : il y a de l’ironie là-dedans c’est clair! C’est hyper désuet…et ce qui est désuet est charmant je trouve. Oui c’est en lien avec une espèce de foire de Paris du début du siècle qui présentait des tas d’améliorations pour le quotidien des ménages, pour lesquelles la cible était surtout les femmes. Le derrière de la pochette du disque est une photo que mon père a trouvé de son père à lui à ce salon…et je trouvais la photo trop belle, en plus de correspondre à mon univers un peu vieillot!

PAN M 360 : On entend parfois, notamment dans Azimuth, la pièce instrumentale qui ouvre le EP, des moments de dissonance. Avais-tu le souci d’une recherche atonale?

Concordski:  Ah oui complètement! Alors j’adore ça quand c’est dissonant et ça me fait plaisir quand les gens le remarquent. En plus, il y a aussi des petits glitchs ici et là qui, je trouve, ajoutent à l’aspect inquiétant.

PAN M 360 : Quelles étaient tes inspirations au moment de la création de l’album?

Concordski:  L’influence principale ça a été vraiment les sons de l’instrument que j’ai utilisé, le synthétiseur Prophet 5, à partir duquel tous les sons de l’album sont faits. Après, pour les paroles, c’est souvent inspiré de films que j’ai vus ou de personnes qui ont vraiment existées à qui j’ai voulu rendre hommage, souvent des êtres humains dépassés par leurs destins. 

PAN M 360 : Tu abordes les thèmes de l’omniscience désabusée, d’un personnage masculin stylisé et accidenté, du sourire forcé de Nadia, du rêve américain effiloché : on ressent une certaine désillusion en parcourant l’œuvre. Dirais-tu que celle-ci a été un moteur de création?

Concordski:  Ce sont des thèmes qui m’intéressent beaucoup. Le fait que les êtres humains sont tellement imparfaits et remplis de paradoxe…je trouve que les destins intéressants des gens qui ont eu un impact sur les autres par leurs choix…leur histoire…ont souvent fait face à de grandes désillusions et ça m’intéresse beaucoup. Ça m’attire beaucoup dans le cinéma aussi. Comme je suis une personne assez joyeuse dans la vie, c’est mon côté plus dark hihi!

PAN M 360 : Ton écriture a des teintes un peu morbides, notamment dans la description enfumée de L’incendie et dans le scénario mortel de Crime parfait; aimes-tu créer des ambiances un peu effrayantes?

Concordski: J’en crée..involontairement.  J’en reviens à ce qui moi me fait vibrer : j’adore les films d’horreur. Je pense que c’est vraiment lié au paradoxe qu’on porte tous en nous…le fait d’être une personne plutôt joyeuse mais d’avoir quand même envie de mettre le feu parfois – ça ne veut pas dire qu’on le fait haha! Je n’ai pas envie de raconter des trucs fantastiques. Les films que j’aime c’est des trucs angoissants, qui font bouger des trucs en-dedans. C’est vraiment un intérêt pour le réel.
PAN M 360 : Est-ce que toute la production synth est faite à partir de ton synthétiseur ou bien vous en avez rajouté en studio?

Concordski:  J’ai tout enregistré chez moi avec le Prophet 5 et une boîte à rythmes qui s’appelle la TR707, notamment utilisée beaucoup par Madonna. On a ensuite fait un mix assez ciselé, surtout en appliquant un effet sur les sons pour les refroidir, mais les sons des synthés sont restés très proches de leurs sons originaux.
PAN M 360 : Tu as travaillé avec Cyril Maudelonde à la production et au mix, était-ce quelqu’un avec qui tu étais déjà familière?

Concordski: On avait déjà passé un après-midi ensemble dans le cadre d’une résidence de co-création à Caen dans un studio qui s’appelle Télémac. Et à cette occasion, on s‘était trouvés ensemble pendant 1h à jammer dans le studio et je m’étais rendue compte que c’était quelqu’un de très compétent, premièrement, mais aussi un excellent musicien. J’ai vachement aimé notre contact et, comme je savais qu’il avait déjà fait de l’excellent travail avec d’autres artistes, je lui ai proposé spontanément de collaborer sur mon premier album. Ça me rassurait de pouvoir me reposer sur quelqu’un de connaissant pour pouvoir notamment faire l’enregistrement des voix. Je suis hyper contente du résultat.

PAN M 360 : Tu as une voix qui rappelle un peu, par moments, Catherine Ringer. Les Rita Mitsoukos t’ont-ils influencée musicalement?

Concordski:  Alors forcément oui parce que je les ai écoutés beaucoup! Je les passe souvent quand j’ai le droit de mettre des vinyles dans les soirées hihi! J’ai une de mes amies également qui était très très fan d’eux et qui m’a emmenée plusieurs fois les voir en concert. J’adore la manière de Catherine de ne pas se prendre trop au sérieux quand elle chante…Elle est presque clownesque parfois sur scène… Elle s’amuse beaucoup avec sa voix et je trouve que c’est une excellente technicienne vocale. Pour autant, c’est très flatteur d’y être rapprochée, c’est forcément quelqu’un qui a participé à m’influencer.

PAN M 360 : Des spectacles prévus avec le projet? La suite des choses en 2025?

Concordski: Je vais me promener dans l’Ouest de la France, notamment au Beach Festival le 14 juin! Sinon je m’intéresse de plus en plus à la production pour mon prochain album alors je prépare de nouvelles folies !

Rien ne prédestinait la Montréalaise d’origine marocaine à s’installer à Dakar, au Sénégal. Mais la vie a fait en sorte qu’elle s’y installe d’abord pour un stage professionnalisant avant de bifurquer vers l’art et d’être parmi les fondateurs de ce grand rendez-vous musical du continent. Bien plus que des concerts, ce festival est un mouvement. Il rassemble de jeunes artistes provenant de toutes les régions du pays, des masterclass animés par des professionnels venant d’Afrique du Sud, des sessions Unplugged ou encore la Women Art Academy, dédiée entièrement aux femmes. Notre journaliste Sandra Gasana était sur place pour PAN M 360.

Crédit photo et vidéographie: Cheikh Oumar Diallo

L’oeuvre de feu Jean-Pierre Ferland, toutes périodes confondues, est interprété ce week-end, par le baryton Marc-Antoine d’Aragon dans une mise en scène de Judith Pelletier. Le chanteur et directeur artistique sera accompagné par 9 musiciens qui exploreront son œuvre, et pas les moindres: le claviériste Alain Leblanc, directeur musical des 30 dernières années de Ferland, l’excellente chanteuse Lynn Jodoin, qui fut choriste de Ferland pendant 20 ans, sans compter Elza d’Aragon, Francis Tétu, Antoine Rochefort, Nadia Monczak, Bojana Milinov, Annie Gadbois et Justine Fournier.​​​ Les réorchestrations d’Alain Leblanc comptent des chefs-d’œuvre oubliés, des classiques des albums Jaune et Soleil, le tout décliné en pot-pourri ou en chansons entières dont les incontournables Je reviens chez nous, Un peu plus loin et Une chance qu’on s’a.

Les représentations ont lieu ce samedi soir à Otterburn Park et dimanche après-midi à la Cinquième Salle de la PdA.

Marc-Antoine explique ici les fondements de ce spectacle hommage.

PAN M 360: Comment en es-tu venu à vouloir chanter le répertoire de JP Ferland, mort il y a exactement un an?

Marc-Antoine d’Aragon : J’écoute la musique de Ferland depuis l’enfance, alors que ma mère écoutait sa musique à tue-tête dans le salon et m’a emmené avec elle le voir en spectacle quelques fois. Quand j’ai commencé à jouer avec mon groupe Bohème il y a 8 ans, c’était une évidence que d’y inclure du Ferland. On faisait à tous nos spectacles les célèbres Une chance qu’on s’a et Un peu plus loin et on commençait à discuter de faire un spectacle complet qui lui serait dédié. Lorsqu’il est décédé l’an passé, ça a propulsé le projet, mais j’avais envie de faire ça avec plus de musiciens. J’ai tout de suite contacté mon amie Lynn Jodoin pour lui proposer de monter ça avec moi et c’était évident qu’on voulait travailler avec Alain Leblanc à la direction musicale, lui qui a été au côté de Ferland pendant plus de 25 ans..

PAN M 360 : Comment as-tu choisi le répertoire? Quelles périodes de Ferland as-tu choisies pour ce récital?

Marc-Antoine d’Aragon : J’adore les années 60 ! Il s’inspirait beaucoup de la tradition des grandes chansons de Brel, Piaf, Aznavour, où l’artiste était accompagné d’un orchestre. On a donc décidé de consacrer la première partie du spectacle à cette période là en revisitant plusieurs succès oubliés. Initialement, le spectacle durait plus de 4h ! On a dû couper plein de belles mélodies et de faire quelques Medley pour avoir une longueur de spectacle décente. En deuxième partie, on a décidé de consacrer 45 minutes aux trois albums emblématiques qui se sont succédés en de 1970 à 1974 : Jaune, Soleil, Les vierges du Québec. Qu’on fera en 3 medley successifs. Et ça allait de soi de refaire quelques pièces de l’album qui l’a relancé en 1995 : Écoute pas ça.

C’est sans conteste un chef d’oeuvre, qui a été mis en musique en bonne partie par Alain Leblanc qui a recréé tous les arrangements pour le spectacle.

PAN M 360 : JP a eu au moins trois grands cycles de création : la période chansonnier / chanson française, la période pop psychédélique (Jaune, Soleil, Les Vierges du Québec) et le folk-pop avec Écoute pas ça, L’amour c’est d’l’ouvrage), etc. Quel son cherches-tu là-dedans?

Marc-Antoine d’Aragon : On est souvent retourné à la base de ces albums pour retrouver le son qui en fait la renommée, tout en cherchant à actualiser certains titres à notre façon. D’ailleurs, Lynn et moi chantons en duo plusieurs titres, donc d’emblée ça procure une nouvelle couleur aux pièces.

PAN M 360 : Tu es allé aux sources de son accompagnement puisque tu travailles avec Alain Leblanc et Lynn Jodoin, piliers du groupe de Ferland pendant le dernier cycle de sa vie profession- nelle. Comment as-tu tissé des liens avec ces artistes, au point de les convaincre de t’accompagner?

Marc-Antoine d’Aragon :Je connais Lynn depuis quelques années alors qu’elle enseigne le chant à ma grande fille Elza. Elle est devenue une amie. Alain m’a entendu chanté sa pièce Une chance qu’on s’a avec mon groupe Bohème et a beaucoup aimé mon interprétation. Ça n’a pas pris beaucoup de temps pour qu’ils acceptent de faire ça avec moi. Je me sens tellement choyé d’être si bien entouré.

PAN M 360 : Tu seras accompagné par des musiciens qui exploreront l’œuvre de JPF, réorchestrée par Alain Leblanc : Elza d’Aragon, Francis Tétu, Antoine Rochefort, Nadia Monczak, Bojana Mili- nov, Annie Gadbois et Justine Fournier. Peux-tu nous justifier sommairement ces embauches et ce que tu cherches à projeter avec eux? As-tu monté ton groupe avec eux ou encore les as-tu simplement embauchés pour ensuite monter ton groupe?

Marc-Antoine d’Aragon : Annie et Antoine sont des proches collaborateurs d’Alain, les autres sont de bons amis avec un talent fou. Mais au delà de leurs capacités techniques, ce sont tous des êtres humains formidables. Alain, Lynn et moi avons discuté du son qu’on voulait donner mais aussi de l’ambiance de travail dans laquelle on désirait travailler. Dans un monde idéal on aurait été 15 sur scène, mais on a dû se restreindre pour limiter les coûts, et garder un show qui puisse se promener en tournée, éventuellement.

PAN M 360 : En tant que chanteur lyrique, comment le baryton que tu es s’adapte-t-il au répertoire populaire sans se dénaturer?

Marc-Antoine d’Aragon : C’est sûr que je ne peux pas renier complètement ma pâte vocale, mais j’apprends humblement à délaisser la grandiloquence, au profit de plus de simplicité. J’essaie de me connecter au texte, pour pratiquement le parler à certains moments. C’est un work in progress ! Je suis un éternel étudiant de la musique, et j’apprends beaucoup au côté de Lynn et Alain.

PAN M 360 : Ta technique vocale fut longtemps mise à profit dans le répertoire populaire… jusqu’à ce que la pop culture la dénigre dans les années 60. Comment redonner à cette forme « opérette » sa crédibilité?

Marc-Antoine d’Aragon : C’est un excellente question qui au coeur de mes préoccupations. J’ai d’ailleurs passé une partie de mon doctorat en chant à réfléchir à cette question. Car, j’aimerais beaucoup que les belles textures vocales que l’on entendait avant les années 70 en musique populaire reviennent. J’écris beaucoup de musique, de chansons, mais je n’ai rien sorti encore, entre autres car j’explore le type de son que je veux leur donner; mes inspirations sont vastes, j’adore le rock, le progressif, le folk et la musique classique.

PAN M 360 : Qu’en est-il de la mise en scène de Judith Pelletier?

Marc-Antoine d’Aragon : Judith m’a donné un coup de main avec la présentation des pièces, avec la conception de l’éclairage, de notre habillement, mais surtout de mon expression, de mon regard et de mon interprétation des pièces. C’est une formidable coach.

PAN M 360 : On a eu vent de Ferland symphonique, te voilà avec ton propre concept, d’autres pour- raient tenter de s’imposer. Comment tirer son épingle du jeu dans cette compétition à venir? Y aura-t-il une suite à ces deux concerts donnés ce week-end?

Marc-Antoined’Aragon : Pour l’instant, on est un peu obligé de mettre sur pause les projets de tournée de mon spectacle en 2026, pendant que leur gros projet part en tournée. Mais ce n’est que partie remise, la musique de Ferland mérite de continuer à vivre longtemps et je reste aux aguets pour saisir des opportunités de présenter sa musique au plus grand nombre !

BILLETS ET INFOS

Voici la seconde partie de l’interview de PAN M 360 réalisée par Alain Brunet avec le programmateur (et tromboniste) Modibo Keita, la meilleure tête de jazz dans l’équipe de programmation du Festival International de Jazz de Montréal (FIJM) 2025. Il poursuit la nomenclature des meilleures prises du festival parmi les plus ou moins 300 programmes présentés cet été, soit du 26 juin au 5 juillet. Très instructif!

BILLETS ET INFOS

Saxophoniste volcanique, chef d’orchestre, compositeur, improvisateur, interprète, Mats Gustafsson est un habitué du FIMAV et des scènes d’avant-garde du Québec. FIRE !, une de ses nombreuses formations, s’est déjà produit en trio, mais pour la première fois avec un orchestre complet. Pour pallier l’impossibilité financière de faire tourner un grand ensemble, FIRE ! Orchestra a mis au point la formule des activités communautaires (AC), en invitant des musiciens des marchés où le groupe se produit. Ainsi, 14 musiciens du Québec et du Canada se rendront à Victoriaville pour répéter en vue du concert prévu le 17 mai. Fondé en 2009 par Mats et Johan Berthling, FIRE ! s’inscrit à la fois dans free jazz, dans le groove, le psychédélisme et aussi l’esprit rock. Gros samedi en perspective! 


PAN M 360 : FIRE ! The Thing, Gush, Swedish Azz, Fake (the facts), Ensemble E, Cosmic Ear et d’autres encore : y a-t-il une hiérarchie dans vos priorités artistiques parmi les groupes auxquels vous participez ?

Mats Gustafsson : Chaque projet a ses propres priorités. Mais avec Fire ! Trio et Fire ! Orchestra, nous considérons ces groupes comme des « working groups », ce qui signifie qu’ils tournent beaucoup et participent à des festivals et à des projets. Swedish Azz and Fake (Facts) est en pause. Le projet est terminé pour l’instant. L’Ensemble E essaiera de réaliser quelques festivals et projets en 2026 et 2027. Cosmic Ear et le prochain Backengrillen (avec les membres fondateurs de Refused) tourneront et travailleront en tant que groupe prioritaire en 2026/27. Je me sens privilégié de pouvoir travailler avec autant de groupes et d’artistes formidables. C’est une possibilité incroyable de pousser la musique plus loin.

PAN M 360 : Vous enregistrez beaucoup, votre page Bandcamp est assez impressionnante ! Est-ce devenu un mode de vie, ou est-ce simplement un état de votre grande énergie en tant que chef de groupe, compositeur et musicien ?

Mats Gustafsson : Mon Bandcamp est géré par Trost et Catalytic et je n’y suis pas vraiment actif. Je n’ai tout simplement pas le temps de m’en occuper. J’aime faire des disques et j’aime les collectionner. J’aime que ma musique soit disponible – donc, oui, Bandcamp est une bonne plateforme pour trouver des choses. J’essaie de ne pas sortir d’albums qui ne sont que des enregistrements publics. Je préfère travailler sur un album dans un vrai studio, avec tout ce que cela implique. En ce moment, il y a tellement de grands projets en cours. Le temps manque. Je fais de mon mieux pour rester sain d’esprit dans ce flux immense de nouveaux projets et d’idées. Il n’y a pas d’autre moyen que d’y mettre tout ce que l’on a. Tout mon dévouement, mon amour et mon énergie doivent aller dans ces projets. Je ne me retiens pas. Si l’énergie n’est pas là, je préfère rester chez moi. Il est important d’enregistrer les projets auxquels vous participez. Il est important d’enregistrer les projets dans lesquels on est impliqué, afin de faire des disques et, à partir de là, d’avoir la possibilité de travailler dans des festivals et des clubs. Pour diffuser la musique. Il ne sert à rien de laisser vos disques sur une étagère quelque part. Vous les apportez pour les vendre ou les donner en tournée. C’est notre responsabilité envers l’auditeur, en tant qu’artistes. J’aime le geste de faire des disques. Faire des albums. De vrais albums avec un ordre des pistes, une couverture, des notes de pochette, une illustration et un design. Je suis totalement allergique aux mécanismes de clics et d’algorithmes d’aujourd’hui. De vrais albums pour de vraies personnes. Les listes de lecture ne sont que des cassettes.

PAN M 360 : Au cours des dernières années, quels ont été vos projets les plus motivants ?

Mats Gustafsson : Chaque projet doit être motivé. Sinon, il vaut mieux rester chez soi. Il n’y a pas de doute. Si je ne me sens pas à 100 % dans un projet, il est mis en attente ou simplement arrêté. Je dois être totalement fidèle à la musique et aux personnes avec lesquelles je travaille. Il n’y a pas d’autre solution. Je dois trouver un équilibre entre les groupes de travail et les projets à long terme (Fire !, GUSH, AALY Trio, etc.), d’une part, et les nouveaux projets et les situations ad hoc, d’autre part. J’ai besoin des deux. L’un alimente l’autre en contenu, en énergie et en inspiration. J’ai eu beaucoup de plaisir à lancer de nouveaux projets ces dernières années. « La semaine dernière, un nouveau projet a vu le jour : La semaine dernière, un nouveau projet a vu le jour : « Action Now« , initié par le grand bassiste norvégien Nicolas Leirtrø, accompagné de Kit Downes à l’orgue et de Veslemøy Narvesen à la batterie. Hilarant. L’année prochaine verra la naissance d’un grand groupe de garage / beat / free jazz, « The Mag-Nuts », avec le grand guitariste norvégien Hedvig Mollestad : « The Mag-Nuts » avec le grand guitariste norvégien Hedvig Mollestad. De nouvelles choses vont continuer à se produire. Les idées ne manquent pas, je peux vous le dire. Il n’y a pas de repos pour les méchants. Mais c’est une période extraordinaire pour la musique créative. Il y a tellement d’excellents jeunes musiciens en ce moment.
PAN M 360 : Votre projet Cosmic Ear lance un album à la fin du mois. Pourriez-vous décrire brièvement ce projet et ses membres ? Comment s’intègre-t-il dans vos autres projets ?

Mats Gustafsson : Ça me va comme un gant ! C’est un vieux rêve de Goran et de moi-même. Créer un petit groupe où nous pourrions jouer ensemble et inclure notre héros et maestro Christer Bothén. Il a fallu quelques années pour prendre la décision…. Et pour trouver la composition parfaite. Nous l’avons maintenant. C’est génial sans batteur et avec seulement des percussions. Cela ouvre la musique et donne beaucoup d’espace aux instruments à cordes de Christer. Nous reprenons des morceaux de l’héritage de Don Cherry et de la musique folklorique du Mali, du Maroc et de la Scandinavie. Nous mélangeons le tout avec de l’électronique en direct et tout le reste. Je suis très enthousiaste à propos de ce groupe !

PAN M 360: Does FIRE! Orchestra, as a trio, tour a lot? Does it operate in creative cycles, with other projects in between?

Mats Gustafsson : Fire ! en tant que trio tourne beaucoup en ce moment. Nous avons un nouvel agent : Swamp booking. Ils sont formidables. Nous sommes plus occupés que jamais. Après une pause de presque 2 ans. La musique est en train d’arriver et nous attendons avec impatience tout ce qui va arriver. En ce moment, nous faisons quatre tournées par an, plus des projets, des résidences et des festivals. Nous n’avons jamais été aussi occupés. Nous avons tous les trois d’autres projets entre-temps, mais nous essayons vraiment de mettre l’accent sur le travail avec le trio et le Fire ! Orchestra. La nouvelle version du Fire ! Orchestra sera composée de 19 membres du groupe et la première de la nouvelle pièce « WORDS » aura lieu en novembre de cette année. Attendez-vous à plus de riffs !

PAN M 40 : FIRE ! compte 18 enregistrements – c’est beaucoup ! Avez-vous des favoris ?

Mats Gustafsson : 18 enregistrements ? Avec le trio, l’orchestre et des projets spéciaux ? C’est impressionnant. C’est beaucoup. Ha ha. Mais nous sommes actifs depuis longtemps. Nous avons commencé en 2009. L’idée est de sortir un album studio tous les 2 ou 3 ans, tant avec le trio qu’avec l’orchestre. Nous pensons que c’est un bon plan. Le prochain est toujours mon préféré. Je ne peux en citer aucun. Je dois dire que je suis très heureux et fier de tout ce que nous avons fait. Diriger un orchestre à cette époque…. Et partir en tournée avec, c’est impossible. Mais nous voulons montrer que l’impossible est encore possible. Nous voulons payer nos membres décemment, c’est pourquoi nous refusons beaucoup d’offres.

Mais d’une manière ou d’une autre, cela fonctionne… et nous sommes toujours debout. C’est vraiment extraordinaire de travailler avec un grand ensemble et nous sommes très heureux de la nouvelle idée des CBA (activités communautaires) où nous travaillons avec des musiciens locaux. Comme à Victoriaville. Tout le monde y gagne. Nous élargissons nos cercles/réseaux – de nouvelles personnes rejoignent la famille Fire ! Orchestra. Et la scène locale se connecte à notre musique. Et en théorie, cela devrait coûter moins cher au diffuseur local. Nous réalisons donc les projets de l’ABC 4 à 5 fois par an et l’activité régulière avec Fire ! Orchestra. Nous venons de terminer la version ECHOES par un concert à Gdansk en Pologne. Et nous avons hâte de jouer des parties d’ECHOES (et quelques nouveaux morceaux) au Canada.Mais d’une manière ou d’une autre, cela fonctionne… et nous sommes toujours debout. C’est vraiment extraordinaire de travailler avec un grand ensemble et nous sommes très heureux de la nouvelle idée des CBA (activités communautaires) où nous travaillons avec des musiciens locaux. Comme à Victoriaville. Tout le monde y gagne. Nous élargissons nos cercles/réseaux – de nouvelles personnes rejoignent la famille Fire ! Orchestra. Et la scène locale se connecte à notre musique. Et en théorie, cela devrait coûter moins cher au diffuseur local. Nous réalisons donc les projets de l’ABC 4 à 5 fois par an et l’activité régulière avec Fire ! Orchestra. Nous venons de terminer la version ECHOES par un concert à Gdansk en Pologne. Et nous avons hâte de jouer des parties d’ECHOES (et quelques nouveaux morceaux) au Canada.
PAN M 360 : Quels ont été les derniers développements dans l’ensemble ?

Mats Gustafsson : Eh bien, l’ajout de nouveaux noms est ce qui l’affecte le plus. Nous écrivons très spécifiquement pour les membres du groupe, comme l’ont fait Duke Ellington et Sun Ra. Nous utilisons les voix individuelles du groupe dans un cadre collectif. Nous avons donc réussi à intégrer dans le groupe quelques personnes ayant participé à des projets CBA antérieurs. C’est ainsi que les choses fonctionnent et devraient fonctionner. L’intégration d’Anna Neubert au violon et d’Emily Wittbrodt au violoncelle nous donne un trio à cordes très cool avec notre propre Anna Lindal au violon. Et la présence de Maria Portugal à la batterie et au chant est tout simplement géniale. Spectaculaire ! La jeune et fantastique Adia Vanheerentals au saxophone ténor et soprano. La spectaculaire Mariam Rezaei aux platines et à l’électronique et, bien sûr, la Canadienne Lina Allemano à la trompette. Nous serons 19 personnes dans ce nouveau line-up. Un mélange de nouveaux noms et d’autres provenant de notre ancien pool d’artistes liés à Fire ! Orchestra. Il y aura des riffs. Il y aura du feu !

PAN M 360 : Comment pouvez-vous décrire brièvement l’évolution formelle du trio ? Quelle est la base de notre travail aujourd’hui ?

Mats Gustafsson : Tout simplement dépouiller. Lorsque nous avons enregistré notre dernier album « Testament » avec Steve Albini à Chicago, nous avons décidé de réduire un peu les instruments et tout le reste. Nous nous concentrons maintenant sur ce que nous pouvons faire avec seulement un sax baryton, une basse électrique et une batterie. Pas d’électronique, pas de claviers, pas d’instruments supplémentaires (enfin, un peu de flûte ne peut pas faire de tort….). Il s’agit d’une musique ouverte aux possibilités infinies. Nous n’avons aucune idée de ce que l’avenir nous réserve. Mais en 2025, c’est à cela que nous travaillons. Au début, il y avait une quantité massive d’instruments supplémentaires et beaucoup de bruit, d’électronique et tout le reste. J’adore ça aussi. Mais pour l’instant, c’est ce que fait Fire !
PAN M 360 : Parlez-nous des atouts spécifiques des membres de votre trio.

Mats Gustafsson : Ils sont tout simplement les MEILLEURS ! En tant que personnes. En tant que musiciens. Compétents, ouverts et plein d’énergie ! Andreas et Johan ont le pouvoir magique de se caler sur le groove de l’autre. C’est comme de la télépathie. Et c’était la même chose depuis le premier jour. Nous nous amusons ensemble. Et nous nous respectons à 100 %. Tout est question de confiance et de respect.
PAN M 360 : Pourquoi avoir proposé cet ensemble spécifique pour vos dates au Québec ?

Mats Gustafsson : Nous voulions vraiment jouer avec Fire ! Orchestra en Amérique du Nord, mais il était impossible de prendre l’avion avec 19 personnes. Et impossible de jouer aux États-Unis pour le moment. Il faudrait que je vende ma collection de disques pour faire venir 19 personnes. Et je ne suis pas encore prêt à m’en séparer. Nous avons donc décidé d’opter pour une version CBA après en avoir discuté avec Scott.

Nous avons eu une discussion très créative avec Scott à propos de l’alignement. Nous avons dû nous en tenir aux 5 membres originaux de Fire ! Orchestra pour des raisons budgétaires. Dans nos projets CBA, nous voyageons généralement avec 5 à 7 personnes et le reste est local. C’était une affaire créative et assez facile. Je connais beaucoup de noms et j’ai déjà joué avec certains d’entre eux. De tous les CBA que nous avons organisés, celui-ci est peut-être le plus excitant. Je ne vous le fais pas dire ! L’alignement a l’air incroyable. Une vraie tuerie. Scott et son équipe ont fait un excellent travail de repérage. Il est lui-même musicien, ce qui nous a facilité la tâche.
PAN M 360 : Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez procédé pour l’élargissement de l’offre ?

Le trio Fire ! était en tournée en Europe en 2011, et après le dernier concert de la tournée, nous nous sommes réunis. Nous avons décidé à 3 heures du matin de réunir tous nos amis musiciens à Stockholm et de jouer de la musique en TRIO. C’est fait. Nous nous sommes rencontrés et avons joué « Exit » à Fylkingen à Stockholm en 2012. 28 musiciens jouant à fond, le sourire aux lèvres. Nous devions continuer. Il n’y a pas de doute. Nous avons fait beaucoup de nouveaux morceaux par la suite, tous avec des effectifs différents. Y compris une réécriture des « Actions for free jazz » de Penderecki, avec la bénédiction des compositeurs. Fire! Orchestra est très vivant et en constante évolution. C’est une nécessité.

PAN M 360 : Comment distribuez-vous les instructions aux musiciens ?

Mats Gustafsson : Il y a un fichier Google Drive – avec des partitions, des fichiers musicaux, des liens, des vidéos, etc. Nous avons un plan approximatif de ce que nous allons jouer. La plupart des morceaux sont tirés de notre dernière version Echoes, mais nous pourrions aussi jouer quelques nouveaux morceaux. Plus quelques formations ouvertes. Des formations ad hoc et des solos. Tout dépend du déroulement des répétitions. Nous pouvons changer beaucoup de choses jusqu’au concert. Certains musiciens nous ont envoyé des courriels pour nous demander des choses spécifiques et nous essayons de répondre à toutes les questions. Tout sera clair lorsque nous nous rencontrerons et répéterons ensemble. C’est la clé de ces quelques jours de travail en commun. Apprendre à se connaître et se familiariser avec le son d’ensemble de cette version. Nous sommes impatients.

PAN M 360 : Comment trouvez-vous l’équlibre entre la composition et l’improvisation dans le contexte d’un grand groupe ? Y a-t-il des parties écrites ?

Mats Gustafsson : Attendez /voyez / écoutez ! Oui, il y a un mélange d’arrangements écrits et de matériaux et mélodies composés. Les riffs de base sont le fondement de toute notre musique. C’est donc un riff que vous entendrez ! Arrangements de cor par Mats Äleklint qui nous rejoint pour ce voyage. Le trombone des durs à cuire. Le plus bruyant et le meilleur qui soit. Je fais aussi beaucoup de conduites, contrôlant et bousculant les formes et les structures. Les conduites peuvent apparaître et apparaîtront à n’importe quel moment de la pièce. Elles indiquent certains arrangements, solos et compositions instantanées. Tout sera différent. Les répétitions seront une chose – et le concert pourrait être quelque chose de complètement différent. Voyons ce qu’il en est. Nous avons 5 à 6 pièces à faire, toutes avec des arrangements et une idée de forme de base. Il y aura beaucoup d’espace pour des ponts ouverts entre ces morceaux. Il y aura aussi des introductions et des extros qui changeront d’un jour à l’autre. Johan et moi communiquons pendant le morceau et serons capables de changer les choses en une fraction de seconde, lorsque cela sera nécessaire.

PAN M 360 : Comment voyez-vous le fait de diriger un si grand ensemble ? Quels sont les défis à relever ?

Mats Gustafsson : Tant que les gens sont attentifs, il n’y a pas de véritables problèmes. Il n’y a que de la joie ! Je travaille avec des signes et des conduites assez simples et, en général, ils ne sont pas vraiment difficiles à suivre. Il n’y a rien de sorcier là-dedans. J’adore diriger – et c’est un tel privilège de le faire avec de grands musiciens. Et cette sélection est spectaculaire ! La joie à l’état pur !

BILLETS + INFOS

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Portée par un répertoire varié, du romantisme au minimalisme américain, la soprano Marianne Lambert explore à travers ces musiques la maternité, les défis, les deuils, la vie. Ces aspects de l’existence sont incarnés par les mers intérieures au sens symbolique, et magnifiés par les œuvres Samuel Barber, Maurice Ravel, Claude Debussy, Benjamin Britten, Gustav Mahler. L’expérience est présentée comme « un concert multimédia tout en intimité ». Marc Boucher résume le concept à Alain Brunet, pour PAN M 360.

BILLETS ET INFOS

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Programme


Claude Debussy   (1862–1918)

Aquarelles

Green


Hugo Wolf
  (1860–1903)

Auf ein altes Bild

Jules Massenet  (1842–1912)

Élégie


Philip Glass
  (1937-    )

Songs from Liquid Days

Changing Opinion


Arvo Pärt
 (1935–    )

Spiegel im Spiegel


Hugo Wolf

Das verlassene Mägdlein 

An den Schlaf


Maggie Ayotte   

Reste

Texte : Isabeau Proulx-Lemire

Samuel Barber  (1910–19881)

Mélodies passagères 

Tombeau dans un parc


Benjamin Britten
  (1913–1976)

The Last Rose of Summer


Gustav Mahler
  (1860–1911)

Rückert-Lieder

Ich bin der Welt abhanden gekommen

Liebst du um Schönheit


Amélie Fortin 

Rivière du Nord

Maurice Ravel  (1875–1937)

Cinq mélodies populaires grecques

La chanson des cueilleuses de lentisques


Leonard Bernstein  (1918–1990) 

A Simple Song


Samuel Barber
  (1910–1981)

Sure on this Shining Night

ARTISTES

Marianne Lambert

Soprano

Chloé Dominguez

Violoncelle

Janie Caron

Piano

Artiste multidisciplinaire (musicienne, artiste de cirque et autrice) Erika Hagen nous était déjà familière via le projet Bleu kérosène, fondé avec son frère et avec lequel elle nous avait présenté deux EP en 2020 et 2021. 

Elle revient en 2025 avec un premier album solo, Pouvoirs magiques, un album indie-folk rock aux teintes garage et un peu yé-yé, opus réalisé et arrangé par l’incontournable Dany Placard. Enregistrées à La Shed, l’endroit parfait pour la musicalité brute, les dix chansons nous emmènent dans une folle ride où la naïveté, l’absence de filtre et le ton un peu moqueur nous tiennent compagnie et nous font mettre en perspective la notion de la tendresse, des failles et de la perfection avec une parfaite dose de dérision.

Inspiré par moment des Riot Girrls des années 90, avec une poésie rappelant  Avec pas d’casque et parfois un peu Sara Dufour dans l’aspect joliment abrasif de l’expression, Erika déploie son univers romancé, inspiré de sa propre vie et de celle de ses proches, dans une démarche d’autofiction où le corps, la musique et la parole sont liés. 

Entrevue avec une fille qui a de la suite dans les idées.

PAN M 360 : Comment c’était de travailler ton premier album avec Dany Placard, un incontournable au Québec? 

Erika Hagen : C’était une expérience très fluide! J’ai beaucoup de gratitude pour Dany, c’est un réalisateur généreux et sincère. On avait une vision similaire de la direction de l’album, mais Dany a tellement de naturel dans son interprétation et sa manière d’arranger que j’ai beaucoup appris en le regardant travailler. C’était aussi super validant pour moi de travailler avec quelqu’un qui était comme “heille stress pas, tout est là, on se cassera pas la tête, les tounes marchent, tu sais très bien les jouer et les défendre.”

PAN M 360 : Être sans ton frère pour ce projet musical t’a-t-il permis de prendre certaines libertés, contrairement au projet en duo?

Erika Hagen : Ahh j’aime tellement travailler avec Jer! J’ai beaucoup d’admiration pour l’univers harmonique de mon frère, sa grande rigueur de travail et sa sensibilité musicale. Je pense que partir en solo pour moi était surtout lié au fait que mes envies esthétiques et mes élans de composition actuels fittaient moins dans notre collaboration. C’est certain qu’il y a une liberté plus grande dans un projet solo, mais il y a aussi moins de dialogue entre les idées et de co-résolution de problème. J’aime beaucoup ce que les deux peuvent apporter.

PAN M 360 :  Quels sont les principaux groupes que vous écoutiez, durant la réalisation de l’album?

Erika Hagen : Avec Dany, on a pas tant écouté d’albums en réalisant Pouvoirs magiques, mais j’avais des références et des ancrages stylistiques, notamment : le premier album homonyme de Big Thief,  l’album Somethings I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit de Courtney Barnett ou l’album Eye on the Bat de Palehound. 

PAN M 360 : On sent bien l’inspiration des années 90 dans la direction de l’album. Est-ce la décennie musicale qui t’a forgée ou encore cette teinte s’est-elle développée dans le cadre de la réalisation ? 

Erika Hagen : J’avais déjà cette direction en tête avant de réaliser l’album. Les chansons étaient assez limpides, c’est ça qu’elles voulaient. Elles ont certainement pris de l’ampleur en ce sens en travaillant avec Dany par contre. Il a aidé à concrétiser le côté plus échevelé et slacker de l’album, que j’apprécie beaucoup.

PAN M 360 : Tu es souvent dans une démarche de fiction où tu aimes t’inspirer de ton vécu et de celui de tes proches pour créer une version altérée et romancée de cette réalité. Quelle part de la réalité t’incite-t-elle à en extraire quelque chose et à vouloir le modeler ?

Erika Hagen : Hey c’est une bonne question. J’aime explorer les émotions un peu étranges, les flottements, les ambivalences et les imperfections dans le quotidien. J’aime aussi explorer les détails sensoriels, les textures, la réalité du corps. Je trouve ça riche et souvent très évocateur. Je trouve aussi que c’est souvent là où l’existence est la plus dense. Mettons que j’imagine quelqu’un choisir sa tasse pour boire son café chaque matin, son état à ce moment-là, la lumière qui entre par sa fenêtre – je me retrouve aussi dans ce scénario. C’est un geste créatif relationnel, une exploration des scénographies quotidiennes des autres, qui finalement sont aussi les miennes et vice versa. C’est intime, banal et grand à la fois. C’est juste un exemple, mais ces genres de poésies d’observation sont omniprésentes dans ma démarche.

Les mécanismes de la mémoire aussi me fascinent. La manière dont on se raconte certaines histoires, certains souvenirs, pour s’expliquer les mystères dans nos vies et dans celles des gens qu’on aime. Je ne pense pas me tanner de ces thématiques là un jour, où du moins pas dans un futur proche!
PAN M 360 : On distingue tout de suite la particularité de ta plume, que je trouve très imagée et rafraîchissante, remplie de naïveté sans filtre. As-tu des inspirations particulières?

Erika Hagen : Merci, ça me touche ! Il y a d’innombrables écritures qui m’ont marquée, par influence directe ou de manière plus sporadique et conceptuelle. Littérairement parlant, dans les dernières années, j’ai un coup de cœur immense pour Patrice Desbiens et Michel Garneau. Quand on parle de plume naïve mais profonde, ces deux-là me sautent aux yeux. Je nomme souvent Stéphane Lafleur, parce que c’est un incontournable pour moi et que sa plume a beaucoup informé la mienne. J’aime aussi l’univers de la poète canadienne Sue Goyette, qui a une dextérité poétique et narrative surprenante. C’est une de celles qui m’a incitée à réfléchir à la poésie anglaise autrement, à explorer les liens d’écriture entre mes deux langues, puisque je porte cet héritage familial. Je pense spécifiquement à son recueil Océan, qui m’a en plus été offert par ma grand-maman Anita, très importante dans ma vie. Plusieurs autres auteur.trice.s participent à cultiver ma curiosité pour l’écriture et ses possibles. C’est une ressource infinie, il y a tant à lire, à écouter aussi!

PAN M 360 : La poétesse Marie-Andrée Gill, avec qui tu as collaboré en 2019, a-t-elle laissé une empreinte sur toi et ta manière de voir l’écriture?

Erika Hagen : Oh wow vraiment. Je ne l’ai pas nommée dans la question précédente, mais elle fait partie des auteur.trice.s qui m’ont aidée à préciser mon écriture, surtout quand je commençais à écrire plus intentionnellement il y a une dizaine d’années. Marie-Andrée m’a appris à identifier ce qu’elle appelait le cœur des poèmes. Ça implique de couper dans le bacon et aller au noyau poétique de la patente. Elle m’a appris la valeur de la réécriture. Avant de travailler avec elle, je ne retouchais pas beaucoup mes textes, maintenant oui. J’applique constamment les outils et  je pose le regard qu’elle m’a aidé à aiguiser dans l’écriture de mes chansons. Même si c’était bref comme mentorat, ça a été un moment déterminant dans ma pratique d’écriture.

PAN M 360 :  La Shed est tellement le parfait endroit pour se laisser imprégner par « le côté brut ». Est-ce que le lieu a influencé les chansons et la direction de l’album?

Erika Hagen : La Shed est un lieu qui a beaucoup d’âme. La première fois que je suis entrée là, j’ai eu l’impression que ce studio avait vu naître beaucoup de musique. Je pense que ce lieu, de pair avec l’équipe de réalisation de l’album, m’a rappelé de rester proche de mes chansons, de mes envies et de mes instincts, de ne pas tomber dans une attitude performative. C’est un endroit inspirant qui invite à l’intégrité dans la démarche. Travailler là, avec l’expertise de Dany, m’a permis de garder le cap sur le côté « straight to the point » de la prod. On ne voulait pas surenchérir, les chansons avaient besoin d’être droit au but. C’est des petites histoires, des vignettes du quotidien, on voulait laisser ça parler sans interférence. 

PAN M 360 : Qu’avais-tu envie de partager avec le public à travers cette folle ride de ces 10 chansons?

Erika Hagen : J’avais envie d’offrir un trajet fougueux et introspectif, où la plume naïve et les réflexions existentielles des chansons seraient mises en bouche avec beaucoup de plaisir et de ludisme. Je revendique l’idée qu’on est plusieurs mondes à la fois, que ces mondes-là se parlent entre eux, que l’introspection se marie avec l’irrévérence et que la tendresse est compatible avec le dynamisme. Donc Pouvoirs magiques, pour moi, c’est un album qui embrasse l’errance, qui explore les espaces de négociation entre la plainte et la liberté. Mon rapport avec ces chansons est assez conforme à leur propos, au sens où j’ai ressenti en moi une augmentation d’autonomie et d’agentivité dans le processus de composition et de réalisation. Quand je pense à Pouvoirs magiques, je pense aux vouloirs, dans leurs formes multiples : vouloir exister fort, vouloir comprendre, vouloir se reposer, vouloir trouver l’amitié avec soi-même et les autres, vouloir slacker d’un tour et laisser nos ambivalences respirer un brin.

PAN M 360 : Des spectacles sont-ils à prévoir en 2025 pour cet album? Pour Bleu Kérosène?
Erika Hagen : Oui! On lance Pouvoirs magiques à Québec le 15 mai au Pantoum, et le 11 juin au Quai des Brumes à Montréal. Ensuite on joue à la Grange du Presbytère à Stoneham le 13 juin, et le lendemain (en trio) au Festival de la chanson de Tadoussac. Bleu kérosène , c’est derrière nous, mais j’aimerais vraiment repartir un nouveau projet avec mon frère éventuellàement (Jérémie, si tu lis ces lignes, saches que ben voilà ce serait ben l’fun, ça te tente-tu? )

crédit photo: Steven Grondin

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