Ce dimanche, au Centre multifonctionnel de Saint-Lambert sera présentée la pièce La chèvre de Monsieur Séguin, à mi-chemin entre l’opéra et le théâtre. Signataire du livret et de la musique, Patrick Mathieu nous livre ici sa vision d’un opéra destiné au jeune public. Avec lucidité et une touche d’ironie, il nous montre que le regard d’un enfant ne pose pas de jugements, si ce n’est que les constructions acquises par la société qui l’entoure.
PAN M 360 : Pourquoi avoir choisi d’adapter La chèvre de Monsieur Séguin en opéra-théâtre pour enfants ?
Patrick Mathieu : Ça dépend où se trouve l’emphase dans votre question…Pourquoi cette histoire? Pourquoi un opéra? Ou pourquoi pour enfants? Pourquoi un opéra? La réponse évidente est que je suis musicien. La seule raison pour laquelle je signe les textes de la plupart de nos productions est que l’écriture d’un livret d’opéra nécessite des compétences musicales que fort peu d’écrivains possèdent.
Pourquoi un opéra pour enfants? La première chose à souligner est que ce sont les adultes, pas les enfants, qui ont des préjugés contre l’opéra, la plupart du temps sans aucun fondement. À la base, un opéra, c’est un film de Disney : une histoire et des « tounes », ou à vrai dire le contraire. Un Disney est en opéra où l’histoire a pris le dessus sur la musique. Maintenant je peux très bien comprendre qu’une personne n’ayant jamais été exposée à la musique « classique » et/ou au théâtre puisse être assez désarçonnée en assistant à un premier grand opéra, surtout si elle ne comprend rien de ce qui s’y raconte. C’est dommage. Pour elles. Elles ont été privées de quelque chose de fantastique et ça me paraît déjà une raison plus que suffisante pour ne pas faire la même chose à ses propres enfants.
Maintenant, est-ce que c’est essentiel d’aimer l’opéra? L’essentiel, ça reste manger, avoir un toit, être en santé… pas l’opéra, une série télé ou une partie de hockey. Ce qui est par contre vital est que les enfants découvrent le plaisir d’une culture qui ne soit pas que du divertissement, qu’ils apprennent à penser autrement, par eux-mêmes. Une société sans culture et complètement autoréférentielle porte des Trump au pouvoir. Bon, il y a aussi des sociétés hyper éduquées et cultivées qui ont soutenu Hitler, mais ça, c’est un autre débat.
PAN M 360 : La fin de l’histoire originale est plutôt tragique, comment avez-vous fait pour adapter cette fin sombre pour un jeune public?
Patrick Mathieu : Le conte de Daudet est très court et il y a une adaptation et une invention incluant des personnages et des épisodes farfelus qui sont nécessaires, sinon le spectacle aurait duré 5 minutes! Cependant, tout ce qui est dans le texte original se retrouve dans notre version, y compris la fin. Maintenant, cette fin est-elle tragique? Ce qui m’a toujours intéressé dans cette fable est qu’elle est amorale. Elle décrit la vie, pas un film américain. Le loup mange la chèvre parce que c’est ce que font les loups. S’il ne la bouffe pas, c’est lui qui crève de faim. Pour moi le point central du conte, ce n’est pas la mort de la chèvre, c’est le fait qu’elle résiste au loup toute la nuit en sachant qu’elle n’en réchappera pas. C’est l’héroïsme de la condition humaine : faire de notre mieux en sachant que ça ne finit jamais bien. Donc oui, l’histoire est profondément tragique, mais c’est un tragique philosophique.
Ceci dit, ce n’est que la fin du spectacle qui est dramatique et tout « l’art » consiste à mener le public de la comédie au drame. Les enfants aiment le drame autant que n’importe qui, à la condition évidente que sa représentation respecte leur sensibilité. C’est le vieux principe artistique : c’est moins ce qui est dit qui importe que la manière que c’est dit. Ce qui est certain, c’est qu’après des centaines de représentations, si on avait fait une fin réaliste, il y aurait une sérieuse pénurie de sopranos et les prisons seraient remplies de barytons obèses.
PAN M 360 : Vous revenez du Brésil et du Mexique où vous avez présenté cette pièce, comment ces publics d’ailleurs ont-ils pu influencer votre perception de l’œuvre?
Patrick Mathieu : Ça fait un bon bout de temps que nous sommes revenus!
Je ne sais pas dans quelle mesure un public étranger, à vrai dire n’importe quel public, peut influencer ma perception d’une œuvre, qu’elle soit mienne ou pas. Comme directeur ayant à vendre des billets et des spectacles peut-être, mais certainement pas comme musicien.
Est-ce que le spectacle est perçu différemment par des publics étrangers? En ce qui concerne la forme du spectacle, non. Ce qui change dans le cas particulier de La chèvre est la manière dont les enfants extériorisent ce qu’ils ont ressenti face au tragique. Ça dépend évidemment de chaque enfant, mais en général, ça me paraît beaucoup plus lié à la classe sociale qu’au pays. Il y a plus de différence entre un enfant d’Outremont et un de Montréal-Nord qu’entre un enfant mexicain ou brésilien de classe sociale équivalente et un enfant québécois. La seule différence culturelle notable est la réaction viscérale et physique à la musique chez les peuples qui dansent. C’est vrai en Amérique latine, ça le serait tout autant en Afrique. Les francophones et les anglophones sont les seules cultures où les publics sont incapables de taper des mains sur les bons temps d’une chanson pop!
PAN M 360 : L’œuvre s’adresse à des jeunes de 4 à 12 ans, comment réussissez-vous à engager ces différents groupes d’âge ?
Patrick Mathieu : La démarche ne me paraît pas différente de lorsque je compose « pour adultes ». J’écris ce que je veux entendre qui n’existe pas encore. La seule particularité dans les opéras jeunes publics est que j’écris ce que j’aurais voulu entendre en tant qu’enfant. Évidemment je ne le savais pas quand j’étais enfant. Comme tout le monde, j’imaginais finir au Forum, pas en musique! Je l’aurais peut-être réalisé plus vite.
Je pense que le charme du spectacle, ce qui explique peut-être aussi son succès, est que les adultes ont fait un sérieux travail d’adultes à se rappeler ce que c’est être enfant.
La seule chose possible pour engager un public d’enfants est de lui donner un bon spectacle. S’il aime, tu vas le savoir autant que s’il n’aime pas ça!
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Entre agriculture et culture, il y a forcément un lien à rétablir en cette époque où ce lien intrinsèque dans les sociétés traditionnelles a été rompu depuis belle lurette. Sur la Rive-Sud de Montréal, des artistes et des agriculteurs ont songé à restaurer ce lien et même à en faire un art de vivre. À la barre du pôle artistique de ce projet, le violoniste virtuose Emmanuel Vukovich et ses partenaires agriculteurs de la ferme Cadet Roussel ont mis sur pied une programmation de concerts présentés à la ferme, dans une salle parfaitement aménagée pour mener à bien cette initiative. En pleine campagne de sociofinancement, le Festival Concerts de Saint-Grégoire se déploie une première fois cet été, après la présentation de moult événement « agri-culturels ». Emmanuel Vukovich en explique ici la programmation et raconte cette aventure holistique.
PAN M 360 : Quels sont les artistes impliqués dans cette série de concerts ?
Emmanuel Vukovich: La première saison de Festival Concerts de Saint-Grégoire réunit un groupe remarquable d’artistes du Québec, du Canada et du monde entier, choisis non seulement pour leur excellence artistique, mais aussi pour la cohérence de leur démarche avec les thèmes fondamentaux du festival que sont la terre, la communauté et le dialogue culturel.
Tambuco – Cet ensemble de percussions mexicain de renommée mondiale, quatre fois nominé aux Grammy Awards et figurant sur la bande originale de James Bond : Spectre, se produira dans le cadre de notre festival d’échanges interculturels latino-américains. Leur présence rend hommage aux profondes contributions culturelles des travailleurs agricoles latino-américains au Québec, tout en offrant une voix artistique riche sur le plan sonore et pertinente à l’échelle mondiale.
Gabriela Ortiz – Compositrice mexicaine lauréate d’un Grammy Award en 2024, Ortiz représente une voix contemporaine puissante dans le domaine de la musique latino-américaine. Ses œuvres de chambre apportent urgence et profondeur au dialogue interculturel qui est au cœur du programme du mois d’août du festival.
Chloé Sainte-Marie – Célèbre chanteuse, actrice, et militante québécoise, Sainte-Marie apporte une présence puissante au festival grâce à son dévouement de longue date aux communautés autochtones et rurales. Sa voix incarne les dimensions émotionnelles et sociales de la mission principale du festival.
Layale Chaker – Violoniste et compositrice libano-américaine, l’œuvre de Mme Chaker mêle les traditions classiques à l’improvisation moyen-orientale. Sa participation témoigne de l’ouverture du festival à l’expression transculturelle et aux perspectives diasporiques.
Kinan Azmeh – Clarinetist syrien-américaine connue comme soliste, compositeur et improvisateur, la fascinante fusion de traditions musicales multiples de M Azmeh reflète l’esprit de dialogue créatif que le festival cherche à nourrir.
Aldo Mazza – Percussionniste cubano-italien établi à Montréal et fondateur de KoSA Music, M Mazza apporte des décennies d’expérience en matière de liens entre la musique, l’éducation et la justice sociale. Sa participation reflète l’engagement du festival en faveur de l’excellence musicale ancrée dans l’engagement civique.
Dominic Desautels – est l’un des instrumentistes à vent les plus recherchés au Canada et mène une carrière florissante en tant que soliste, chambriste, clarinettiste d’orchestre et pédagogue.
Jean-Philippe Sylvestre – En 2008, Jean-Philippe Sylvestre a reçu le prestigieux Prix Virginia Parker, la plus haute distinction décernée par le Conseil des Arts du Canada.
Chef John Winter Russell – Fondateur et propriétaire du célèbre restaurant Candide de Montréal.
Chef Mariana Martin – Fondatrice du restaurant Alma et de la Boulangerie Carlotta, Mme Martin renforce l’intégration par le festival de l’agriculture, de la culture et de l’hospitalité en tant qu’expressions interconnectées de l’attention portée à la communauté.
Parcival Project Ensemble – Ce collectif (que je dirige), constitue le cœur artistique du festival. La première mondiale de Parzival & Feirefiz – un nouveau conte de Graal pour la diversité, en collaboration avec Tambuco, illustre la mission du festival, qui est de favoriser le renouveau et la réconciliation par le biais des arts.
Ensemble, ces artistes incarnent les valeurs du Festival Concerts de Saint-Grégoire : l’excellence artistique, l’inclusion culturelle, la sensibilisation à l’environnement et la conviction que la musique peut être un pont vivant entre les gens, les lieux et les traditions.
PAN M : D’où vient l’inspiration pour « Agri-Culture » ?
Emmanuel Vukovich: L’inspiration pour ce projet découle de la quête de toute une vie pour réconcilier les contrastes apparents, pour construire des ponts entre des mondes qui sont souvent considérés comme déconnectés. Au cœur de ce projet se trouve une quête personnelle et artistique : réunir la musique et l’agriculture, la science et l’art, l’humanité et la nature. À l’instar de Bach, Goethe et Bartók, des artistes qui considéraient la recherche scientifique et la création artistique comme également vitales, je pense que l’acte créatif est plus puissant lorsqu’il s’appuie sur de multiples façons de penser et d’être.
Agri-Culture : Concerts de Saint-Grégoire est une réponse à une époque marquée par les clivages – entre les individus, entre les communautés et entre les humains et la terre. Elle est fondée sur la conviction que la musique et l’agriculture, comme le corps et l’esprit, soutiennent des parties différentes mais également essentielles de notre humanité. Comme l’a écrit Shakespeare, « si la musique est la nourriture de l’amour, jouez » ; ce lien caché entre la nourriture artistique et agricole est au cœur de la vision du festival.
Situé sur la Ferme Cadet Roussel, pionnière en agriculture biologique et biodynamique, au pied du Mont-Saint-Grégoire, le festival cultive des liens profonds entre l’artistique et agricole, en résonance avec les rythmes de la terre. Enraciné dans des traditions d’excellence agri-culturelle, Agri-Culture est un espace de renouveau et de réconciliation où la musique, la terre et les gens s’unissent pour construire des communautés résilientes. C’est aussi un catalyseur pour la vitalité économique locale et de la conscience écologique globale, offrant une nouvelle façon de s’engager avec la terre et avec les autres par la créativité, l’hospitalité et la présence partagée.
PAN M 360 : D’où vient ton engagement à la ferme Cadet-Roussel et sa propension à l’« Agri-Culture » ?
Emmanuel Vukovich: Mon lien avec la Ferme Cadet Roussel remonte à plus de vingt ans. J’y suis arrivé pour la première fois en 2004, alors que j’étudiais la musique ainsi que l’environnement et les études agricoles à l’Université McGill. Ce qui a commencé comme un été formateur à travailler sur la ferme s’est rapidement transformé en une amitié et une collaboration de longue date avec Anne Roussel et Arnaud Mayet, les cofondateurs de la ferme. Au fil des ans, nous avons adopté une vision commune : les sphères artistiques et agricoles – souvent considérées comme non liées – peuvent en fait se compléter et se renforcer l’une l’autre.
L’idée d’intégrer des concerts aux activités de la ferme a mûri au fil du temps et s’est cristallisée pendant la pandémie. Lorsque tous les rassemblements culturels ont été interrompus et les espaces musicaux fermés, les fermes comme Cadet Roussel ont continué à fonctionner comme des services essentiels. Ce moment a rendu visible ce que j’avais depuis longtemps perçu de manière intuitive : la musique et l’agriculture nous soutiennent de manière parallèle et profondément complémentaire. C’est alors que l’idée d’un festival – un dialogue vivant entre l’art et la terre – a véritablement pris racine.
Tirant parti de mes expériences à la Churchtown Dairy Farm de New York (un projet de la famille Rockefeller) et de ma participation à la codirection de Symphony in the Barn en Ontario, j’ai eu envie d’imaginer un festival où la musique de calibre international pourrait se dérouler non pas dans un cadre isolé, mais au rythme des cycles de la terre. Située au pied du Mont-Saint-Grégoire, la Ferme Cadet Roussel – avec ses pratiques biodynamiques pionnières – offrait le cadre idéal.
Les Concerts de Saint-Grégoire ne consistent pas seulement à donner des concerts dans un contexte rural. Il s’agit de cultiver l’interconnexion profonde, souvent cachée, entre la vie culturelle et la vie écologique. Le projet invite le public à s’engager simultanément avec la musique et la terre, et vise à encourager une communauté artistique internationale qui est à la fois enracinée dans ce lieu et consciente de sa responsabilité écologique et sociale à l’échelle mondiale.
À une époque de polarisation croissante, où les filtres des médias sociaux ont fracturé notre sens de l’espace et de l’objectif partagés, ce festival aspire à être un pont. À travers la musique, l’agriculture et l’hospitalité, nous espérons créer un espace de dialogue inclusif et socialement engagé – un espace qui reconnecte les gens non seulement les uns aux autres, mais aussi à la terre qui nous nourrit tous.
PAN M 360 : Quel est le modèle d’affaires en lien avec les valeurs de votre communauté ?
Emmanuel Vukovich: Le modèle d’affaires des Concerts de Saint-Grégoire est ancré dans les mêmes principes qui guident l’approche écologique et communautaire de la Ferme Cadet Russel, la ferme qui accueille le festival. Cette ferme biodynamique pionnière fonctionne selon le modèle de l’agriculture soutenue par la communauté (ASC) : les membres s’engagent à soutenir la ferme tout au long de la saison de production et reçoivent en retour une part hebdomadaire de produits biologiques frais, selon leurs besoins.
Plutôt que de fonctionner comme une transaction commerciale classique entre producteur et consommateur, ce modèle crée une relation de responsabilité partagée. La communauté aide à soutenir la ferme, et la ferme, à son tour, nourrit la communauté, non seulement avec de la nourriture, mais aussi avec un sentiment d’appartenance, de continuité et d’attention à la terre.
Les Concerts de Saint-Grégoire appliquent cette même philosophie aux arts. Au lieu de proposer des événements culturels isolés et ponctuels, le festival est conçu comme une expérience saisonnière qui se développe en harmonie avec lesrythmes agricoles de la ferme. Il intègre la musique et les rassemblements publics tout au long de l’année, créant ainsi des occasions pour la communauté de se réunir, tout comme elle le fait pour célébrer les plantations du printemps ou les grandes récoltes des légumes d’automne.
En ce sens, le festival n’est pas un ajout externe à la ferme, c’est une extension naturelle de sa mission. Il transforme l’expérience culturelle en quelque chose de participatif et d’ancré localement. En proposant des concerts, des soirées culinaires et des événements interculturels qui reflètent les valeurs de la coopération, de la durabilité et de l’entraide, le festival devient un autre moyen pour les gens de se connecter, non seulement à la terre, mais aussi les uns aux autres.
En fin de compte, le modèle reflète une vision plus vaste de la durabilité culturelle, où la vie artistique est nourrie et soutenue de la même manière que l’agriculture écologique : par des relations à long terme, un objectif commun et un profond respect pour les systèmes vivants – humains et naturels – qui nous soutiennent.
PAN M 360 : Quel est votre historique de production de concerts ?
Emmanuel Vukovich: Entre 2001 et 2003, j’ai été co-directeur artistique de Symphony in the Barn, un festival international de musique d’été organisé à Glencolton Farms, une ferme laitière biodynamique en l’Ontario, où j’ai également eu le privilège de diriger l’orchestre du festival en tant que violon solo, sous la direction artistique d’Ernst Dunshirn, directeur de l’Orchestre philharmonique et de la chorale de l’Opéra de Vienne.
Entre 2007 et 2009, alors que je vivais et travaillais à la ferme Cadet Roussel, j’ai produit une série de récitals de violon solo dans plusieurs fermes communautaires au Québec, en Ontario et dans l’État de New York. En collaboration avec un producteur de Radio Canada, j’ai enregistré et produit une vidéo documentaire de ces concerts intitulée Bach à la ferme. Ce projet a été repris pendant la pandémie pour la série CBC Digital Originals du Conseil des Arts du Canada. En 2019, la Grande Salle Agri-Culturelle de la Ferme Cadet Roussel a été officiellement inaugurée avec un concert interprété par les bénéficiaires de la Banque d’instruments du Conseil des Arts du Canada.
Entre 2017-21, j’ai été invité à jouer et à assurer la direction artistique d’une Odyssée Bach à la Chapelle Historique du Bon Pasteur de Montréal, et j’ai répété le cycle intégrale des Sonates et Partitas pour violon seul de Bach à l’église St Andrew & St Paul pendant la pandémie (saison 2020-21).
Le Projet Parcival a donné ses premiers concerts en 2011 et a été enregistré comme organisme à but non lucratif en 2012, recevant le statut d’organisme de bienfaisance en 2017 après une tournée internationale de concerts au Chili, en Argentine et au Brésil en 2014.
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PAN M 360 : Vous avez construit une salle. Quelles sont les caractéristiques de cette salle? Capacité d’accueil, etc. ?
Emmanuel Vukovich: La Grande Salle Agri-Culturelle de la Ferme Cadet Roussel est l’ancien grenier de la grange où l’on entreposait traditionnellement le foin pour les vaches pendant l’hiver. Elle a été officiellement inaugurée en tant que salle de spectacle en août 2019 et rénovée pendant la pandémie avec du bois provenant d’arbres cultivés et coupés à la ferme. Il s’agit d’une salle de concert artisanale fabriquée localement, et l’acoustique de l’espace témoigne de cette qualité unique qui peut accueillir environ 80 à 100 spectateurs. Isolé, chauffé et climatisé, l’espace abrite un piano à queue permanent Boston-Steinway.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui vous a incités à présenter une saison complète des Concerts de Saint-Grégoire ?
Emmanuel Vukovich: La décision de présenter une saison complète des Concerts de Saint-Grégoire est née du désir d’aligner la musique sur les rythmes naturels de la terre. Plutôt que de concentrer l’activité autour d’un seul week-end ou d’une seule date de concert, nous voulions créer un calendrier culturel vivant qui suive le flux saisonnier d’une année agraire – qui reflète les cycles de plantation, de croissance et de récolte au cœur de la vie à la ferme.
Cette vision s’inspire profondément des fêtes agricoles traditionnelles qui marquent les communautés rurales depuis des siècles : célébration des semailles au printemps, de la fenaison au début de l’été et de l’abondance des récoltes à l’automne. Ces rituels aidaient autrefois les communautés à se rassembler dans des moments de partage d’objectifs, de transition et de gratitude. Dans le monde rapide et souvent fragmenté d’aujourd’hui, je pense que revisiter et honorer ces modèles intemporels à travers la musique peut offrir un moyen significatif de se reconnecter aux saisons, à la terre et à l’autre.
En présentant des concerts tout au long de l’année, chacun en résonance avec une période particulière du cycle agricole, nous invitons le public à vivre une expérience culturelle plus enracinée, basée sur le lieu. C’est l’occasion de se rassembler non seulement autour de la création artistique, mais aussi autour des rythmes qui soutiennent la vie : la croissance, le changement, le renouvellement.
Ce faisant, les Concerts de Saint-Grégoire deviennent plus qu’une série de spectacles. Ils deviennent un dialogue saisonnier entre la musique, la terre et la communauté, une façon de rassembler les gens dans la célébration, la réflexion et la présence partagée tout au long de l’année. Ce rythme continu permet également une meilleure intégration à la vie quotidienne de la ferme et une programmation plus inclusive, en collaboration avec des artistes locaux et internationaux.
En fin de compte, la présentation d’une saison complète est un moyen d’enraciner le festival dans la continuité et la connexion vivante – des qualités que nous croyons essentielles non seulement pour la vitalité culturelle, mais aussi pour la construction de communautés plus résilientes et plus attentives.
PAN M 360 : Quelle est l’orientation de votre direction artistique ?
Emmanuel Vukovich: L’excellence artistique, l’échange interculturel et la promotion de l’écologie de la forme artistique. Je me suis beaucoup intéressé à l’héritage de la recherche sur lestraditions orales laissé par Béla Bartók, qui relie l’ethnomusicologie, l’écologie et l’exploration du timbre musical dans la pratique de l’interprétation et la composition de musique nouvelle.
La direction artistique des Concerts de Saint-Grégoire est guidée par trois principes fondamentaux : l’excellence artistique, l’échange et la collaboration interculturel et un engagement profond à faire progresser l’écologie de la forme artistique elle-même.
Pour moi,l’excellence artistique n’est pas simplement une question de virtuosité ou de réputation, mais de profondeur d’expression, d’honnêteté sonore et de capacité de la musique à résonner de manière authentique avec un moment, un lieu et une communauté spécifiques. Je cherche à sélectionner des artistes et des programmes qui portent ce sens de l’intégrité – des interprètes dont le travail découle à la fois de la maîtrise et de la signifiance.
L’engagement en faveur de la collaboration interculturelle est également au cœur de ma vision. Je crois que la musique, dans toute sa puissance, existe dans le dialogue et l’innovation – entre les traditions et les autres cultures. C’est pourquoi le festival invite des artistes de toutes disciplines et de tous horizons culturels à se réunir et à co-créer quelque chose de nouveau, souvent par le biais de collaboration et d’échange. Ces rencontres enrichissent non seulement l’offre artistique, mais reflètent également un engagement social plus large : modéliser le type d’engagement respectueux et dynamique que nous espérons voir dans le monde.
Le troisième axe de ma direction artistique est un intérêt croissant pour l’écologie musicale – au sens littéral et métaphorique – et pour l’avancement de la forme artistique de la musique classique. Inspirée par la recherche de Béla Bartók sur les traditions orales et l’ethnomusicologie, je suis fasciné par la manière dont la musique peut refléter son environnement et interagir avec lui. Ces recherches de Bartók sur les mélodies folkloriques et paysannes d’Europe de l’Est, de Turquie et d’Afrique du Nord nous offrent aujourd’hui un modèle de la manière dont la musique peut être à la fois enracinée dans la tradition tout en offrant de nouvelles possibilités pour l’avenir. De la même manière que l’agriculture écologique fonctionne en relation avec le système vivant de la vie, je vois la collaboration et le leadership musical et artistique comme un système vivant – qui prospère grâce à la diversité, à l’attention et à la régénération.
Grâce aux Concerts de Saint-Grégoire, j’espère cultiver une communauté artistique internationale et une culture où ces valeurs convergent : où les spectacles de classe mondiale se développent en harmonie avec le contexte local ; où l’échange interculturel n’est pas seulement un geste, mais un processus ; et où l’écologie de la musique – en tant que force culturelle, émotionnelle et communautaire – est nourrie au fil du temps.
PAN M 360 : Quels sont vos plans d’avenir?
Emmanuel Vukovich: Mes projets d’avenir sont ancrés dans un engagement à long terme visant à contribuer de manière significative à la poursuite et à l’évolution de la musique classique, non seulement en tant qu’interprète ou curateur, mais aussi en tant que personne profondément engagée dans le façonnement des écosystèmes culturels qui la soutiennent.
Je crois que la musique classique a une pertinence durable, mais sa survie et sa vitalité dépendent de notre capacité à honorer ses traditions tout en élargissant et en définissant continuellement sa pertinence. Mon objectif est de créer des expériences artistiques qui sont à la fois enracinées dans les héritages du passé et ouvertes aux réalités et aux urgences du présent. Il s’agit notamment de repenser comment et où la musique classique est partagée, à qui elle s’adresse et comment elle pourrait évoluer en dialogue avec d’autres traditions musicales et artistiques, d’autres cultures, d’autres disciplines et d’autres modes de vie.
Pour l’avenir, j’ai l’intention de faire des Concerts de Saint-Grégoire un laboratoire vivant pour l’innovation artistique – un lieu où les interprètes, les compositeurs et le public s’engagent dans la musique classique en étant immergés dans la nature, façonnés par la communauté et à l’écoute des rythmes de la terre. Cette vision va au-delà de la salle de concert. Je suis particulièrement inspirée par l’idée que la musique est une forme d’écoute écologique, un moyen d’approfondir notre conscience non seulement du son, mais aussi de notre place dans le monde.
En ce sens, mon futur travail continuera à explorer la manière dont la musique peut refléter les liens entre la vie humaine, le monde naturel et le cosmos. Je m’intéresse aux projets qui intègrent la conscience environnementale, l’intuition scientifique et la recherche spirituelle – chacun informant la manière dont nous composons, interprétons et vivons la musique. Qu’il s’agisse de collaborations interdisciplinaires, de nouvelles commandes ou de performances spécifiques à un site, je vois cela comme une voie vers une forme d’art qui n’est pas seulement préservée, mais continuellement renouvelée.
En fin de compte, mon objectif est de participer à un avenir où la musique classique reste une force vitale – vivante, évolutive et en profonde résonance avec la beauté et la sagesse de l’imagination humaine et du monde naturel qui la soutient.
PAN M 360: : Quelle est l’équipe qui travaille avec vous à la réalisation de ce projet ?
Ferme Cadet Roussel Le Projet Parcival
Latitude 45 Arts
Ensembl’Arts
La Ruche
Donna Williams Noémie Raymond
Boulangerie Carlota
Restaurant Candide
Montreal Museum of Fine Art Consulate du Mexique à Montréal
PAN M 360 : Comment réussissez-vous à financer une saison de concert ?
Emmanuel Vukovich: Bien que notre objectif à long terme soit de construire un modèle de financement inspiré de l’approche coopérative de l’agriculture écologique pratiquée à la Ferme Cadet Roussel, notre première saison est actuellement financée par une structure plus traditionnelle. Cela comprend un mélange de financement public des arts, de dons privés et de subventions de projet ciblées qui soutiennent les honoraires des artistes, les coûts de production et l’infrastructure essentielle.
La pierre angulaire du financement de cette année est notre campagne de financement participatif sur La Ruche, soutenue par une subvention de contrepartie du programme Horizons d’ici du ministère du Tourisme du Québec. Chaque dollar versé par le public est jumelé, mais seulement si nous atteignons notre objectif de 61 876 $ d’ici le 15 juin 2025. Cette campagne n’est pas seulement un outil financier ; elle reflète l’esprit de responsabilité partagée et de participation populaire qui, nous l’espérons, définit l’avenir du festival.
À terme, nous envisageons un modèle qui reflète le système d’agriculture soutenue par la communauté (ASC) utilisé par la Ferme Cadet Roussel, où les membres s’engagent à soutenir toute la saison de croissance et, en retour, sont nourris tout au long de l’année. De la même manière, nous visons à développer un écosystème culturel durable soutenu par une communauté d’auditeurs, de partenaires et de créateurs. Mais pour y parvenir, nous devons d’abord poser les fondations.
Pour l’instant, atteindre notre objectif de crowdfunding est essentiel pour rendre possible cette saison inaugurale. Il s’agit d’une invitation à devenir co-créateur du projet dès le début, en nous aidant à semer les graines d’un festival enraciné dans les rythmes de la terre, le pouvoir de la musique et la force de l’engagement collectif.
PAN M 360 : Quel est votre objectif de socio-financement avec La Ruche ? Emmanuel Vukovich: La campagne de crowdfunding entre le 15 mai et le 15 juin 2025, organisée par la plateforme de crowdfunding québécoise La Ruche avec une subvention de contrepartie du Ministère du Tourisme du Québec – Fonds Horizons d’ici. Un minimum de 61 876 $ doit être recueilli avant le 15 juin pour que les fonds de contrepartie soient accordés.Nous invitons tous ceux qui souhaitent soutenir le projet à faire un don et à acheter des billets pour notre festival avant le 15 juin !
À quelques heures de leur ultime performance dans le cadre de la finale de l’édition Voix 2025 du Concours musical international de Montréal, Alexandre Villemaire a pu s’entretenir pour PAN M 360 avec les cinq jeunes finalistes au sortir de leur générale avec l’Orchestre symphonique de Montréal, l’orchestre officiel du CMIM. Une occasion pour parler de leur état d’esprit et de leur programme.
PAN M 360 : Quel est votre état d’esprit actuellement, à quelques heures de votre épreuve finale ?
Yewon Han : Je rêvais de cette scène depuis très longtemps. Ainsi, pour moi, la préparation du concours de ce soir est tout à fait significative et je me sens très honorée d’être ici. Maintenant que je viens de terminer ma générale, je suis très heureuse et j’ai envie de profiter de la compétition d’aujourd’hui.
Julia Muzychenko-Greenhalgh : Honnêtement, j’aimerais vraiment manger quelque chose comme un très bon steak pour me donner des forces! (Rires) Et beaucoup de café, parce que dès le matin, nous avons eu les répétitions, et notre emploi du temps était assez serré avec à chaque jour des répétitions, des concerts. Et maintenant, j’ai l’impression que c’est un grand soulagement. Parce que sur scène, on n’a pas l’impression d’être en compétition. C’est comme un concert, donc pour être honnête, je ne me sens pas du tout nerveuse. Je voulais juste être sur scène, pour partager mes émotions. Donc, je me sens très confiante pour ce soir et j’ai hâte de chanter mon programme.
Theodore Platt : Il s’agit de se concentrer et de se détendre. Je pense que j’essaie de ne pas me mettre trop de pression parce que cela ne fait que créer de la négativité, alors évidemment je sais que c’est, je comprends l’importance et l’énormité de l’occasion, mais je pense que le plus important est que je profite de ce soir et que je me souvienne que la répétition générale de ce matin était très tôt, sans public, sans adrénaline. Il faut donc faire confiance au processus et reconnaître que les choses qui sont à 100 % ce matin ne seront pas nécessairement les mêmes que ce soir.
Fleuranne Brockway : C’est un tel plaisir chaque fois que je chante avec l’OSM. Leur incroyable talent artistique m’inspire. Même si, bien sûr, j’ai hâte à ce soir, pendant la répétition, on se perd un peu dans la musique et dans le processus. Je veux juste apporter cela avec moi ce soir cette énergie pour faire de la musique magnifique.
Junho Hwang : Mon état d’esprit est de croire en moi. C’est une compétition très importante et je ressens beaucoup de pression. J’essaie simplement de profiter de cette étape.
PAN M 360 : Parlez-nous des trois airs que vous allez interpréter et pourquoi les avez-vous choisis?
Yewon Han : Dans mes trois airs, les atmosphères sont très différentes. Pour mon premier air, je chanterai « Chacun le sait » de La Fille du régiment. Le personnage s’appelle Marie. C’est un personnage très enfantin. Dans cet air, elle chante pour remonter le moral des soldats. Ce sera un chant très actif et énergique.
Le deuxième est Una voce poco fa tiré d‘Il barbiere di Siviglia. Le personnage de Rosina est une femme charmante et forte. Dans cet air, Rosina écrit à son amant parce qu’elle souhaite mieux le connaître. Le dernier air est « Ah non credea mirarti » de La sonnambula. Cet aria est chanté par Amina alors qu’elle est en état de somnambulisme et qu’elle revit le chagrin causé par le départ de son amant. Elle se réveille alors, reconnaît qu’il est de retour et exprime sa joie dans la cabaletta « Ah ! non giunge ». Il s’agit d’un aria très dramatique et énergique, mon préféré de ce programme.
Julia Muzychenko-Greenhalgh : Pour ma finale, j’ai vraiment choisi, je dirais, trois de mes airs préférés et trois de mes personnages préférés. Ils sont très différents, mais aussi très similaires. Le premier, c’est Violetta de La Traviata de Verdi. J’aime et j’admire vraiment ce personnage que j’ai eu la chance de jouer dans 13 productions à travers le monde, en Colombie, en France et en Suisse. Ce n’est jamais ennuyeux de la chanter à nouveau parce qu’à chaque fois que je la chante, je m’ouvre à quelque chose de nouveau, tant au niveau du personnage qu’au niveau musical. Donc pour moi, c’est toujours quelque chose d’intéressant parce que je suis sûr que ce soir je vais la découvrir à nouveau ici et apporter des couleurs intéressantes sur scène.
La deuxième est Marfa, tirée de La fiancée du tsar de Rimski-Korsakov. C’était un aria que je rêvais d’interpréter sur scène avec un orchestre. Dans cette partie, elle est devenue folle et insensée parce qu’elle a été empoisonnée. Mais, alors qu’elle meurt, dans son illusion, elle chante la façon dont elle voit sa patrie alors qu’elle est déjà dans un monde différent. J’adore cette musique, si touchante. Le troisième air est celui de Manon de l’opéra de Jules Massenet. Même si c’est un air positif, lorsqu’elle dit que nous célébrerons notre beauté et notre jeunesse, elle doute encore. Pour moi, il est toujours intéressant de découvrir le point de vue de chaque personnage. On ne peut pas être seulement un personnage bon ou mauvais. Dans le bonheur, il y a aussi la tristesse. Même la deuxième fois qu’elle chante « Profitons bien de la jeunesse », il y a déjà beaucoup de doutes dans son propos.
C’est comme si l’on se disait : « Est-il vrai que notre jeune vie doit être toujours positive ? Peut-être devrions-nous aussi ressentir des émotions profondes comme la joie ou la tristesse ? » Je trouve ces deux niveaux d’émotions très intéressants.
Theodore Platt : Mon programme est conçu avant tout pour essayer de créer quelque chose de bien équilibré, tant au niveau linguistique qu’au niveau de l’atmosphère des trois pièces respectives, que le public prendra plaisir à écouter en tant que mini-programme à part entière. Nous commençons donc par « O vin, dissipe la tristesse », extrait de Hamlet d’Ambroise Thomas.
C’est formidable de chanter en français devant ce public, mais je pense aussi que l’orchestre, en quelque sorte, introduit mes trois morceaux avec une sorte en fanfare. Il y a une pompe, et il y a aussi un caractère intrigant à Hamlet et son obsession pour l’alcool, en l’occurrence le vin, qui apaise un peu la douleur. C’est donc un mélange intrigant entre cette sorte d’humeur apparemment joyeuse et exaltée dans l’orchestre, qui, au fond, est en fait un appel à l’aide désespérée.
Nous passons ensuite à « Ich atmet’ einen linden Duft », extrait des Rückert-Lieder de Mahler. Je ne veux pas que ce morceau soit une sorte de paix moyenne jetée aux oubliettes, je voulais qu’il soit vraiment à sa place. C’est une façon pour moi de me remettre à zéro avant ce qui va suivre, car ce sera une pièce finale assez exigeante, mais c’est aussi, un petit bijou.
C’est une œuvre très complexe, où tout est magnifiquement formé et qui oblige le public à s’asseoir et à écouter, ce qui, à mon avis, n’est pas une mauvaise chose. Cela me donne également l’occasion de chanter une fois de plus en allemand, ce que j’adore, et de me diversifier par rapport à l’opéra. Il s’agit d’une réalisation orchestrale de l’un des cycles de chansons les plus importants et les plus appréciés de Mahler. Enfin, nous avons un extrait de l’opéra Pique-Dame de Tchaïkovski, avec l’air de Yeletski, « Ja vas lyublyu ».
J’adore chanter en russe. Je ne le parle plus, je le faisais quand j’étais enfant, car ma mère est russe et a vécu la plus grande partie de sa vie au Royaume-Uni. Mais, je me sens toujours liée à cette langue, quelque part en moi. Tchaïkovski est l’un de mes compositeurs préférés, et dans les bons jours, j’adore le lyrisme de cette pièce chantée avec cet orchestre et l’émotion qu’il permet au chanteur d’exprimer. Je pense qu’il y a là un programme très complet qui peut montrer différentes facettes de l’artiste que je suis, et j’espère que cela se verra.
Fleuranne Brockway : Mes trois morceaux sont « Près des remparts » de Séville de Carmen de Bizet, suivi de « Werther… qui m’aurait dit la place » – la scène des lettres, de Massenet, et après l’aria de Roméo de I Capuletti e Montecchi, qui est une énorme scène avec l’aria et la cabaletta. J’ai choisi ces pièces parce que je pense qu’elles racontent des histoires très différentes. Je dois admettre qu’une grande partie du répertoire que j’ai choisi pour la demi-finale et la finale l’a été parce qu’il s’agit de morceaux que je rêvais de chanter avec un orchestre. C’est égoïste comme ça! (Rires)
J’adore la musique de Carmen, elle me parle vraiment et c’est court et dynamique morceau présenté au début pour me mettre dans l’ambiance et mettre tout le monde dans l’ambiance. Ensuite, dans Werther, il y a cette grande scène où le personnage de Charlotte réfléchit, la veille de Noël, au retour de Werther, qui est une personne très importante dans sa vie. Elle lit ces trois lettres et je trouve que l’émotion et les couleurs qui y sont attachées, qu’elle transmet, sont si puissantes et émouvantes et qu’elles parlent d’une grande partie de l’expérience humaine. Je trouve cela profondément touchant.
J’adore ces vagues orchestrales qui me submergent dans cette belle musique et cette magnifique narration. Pour terminer, j’ai ajouté la scène de Roméo, en commençant par le récitatif, puis nous passons au cantabile. Encore une fois, cette scène montre trois facettes d’une personne, très différentes et beaucoup plus agressives et passives, ce qui, je pense, constitue un beau contraste entre les personnages. Dans cette scène, Roméo se présente devant la cour de ses ennemis. Il n’est pas bien reçu, il les supplie alors du fond du cœur, même si un de leurs fils est mort qu’il peut être remplacé. Sans le savoir, il parle en son nom propre à travers le mariage qu’il veut faire avec leur fille. Lorsqu’il est rejeté, il devient carrément furieux. Je pense que c’est un beau contraste avec la fin de Werther, où elle absorbe et intériorise tout, alors que Roméo est prêt à partir en guerre ! Donc, trois personnages très différents avec des façons de traiter l’existence humaine.
Junho Hwang : En tant que chanteur, ce qui me semble le plus important, c’est l’émotion. Et parmi elles, l’amour est la plus importante. Je m’identifie également à ce sentiment et je veux montrer au public une variété d’expressions de l’amour.
La première est tirée de La bohème « Che gelida manina ». Dans cet air, Rodolfo chante pour Mimi. Il lui dit : » Je suis un poète terrible, mais après t’avoir rencontrée, je suis devenu un grand poète. Le deuxième morceau, de Rachmaninov, parle de l’amour dans sa forme la plus simple.
Enfin, l’opéra Les Contes d’Hoffmann « Il était une fois à la cour d’Eisenach » exprime la folie amoureuse à travers trois histoires différentes. C’est une forme d’expression très différente et je veux montrer cette variété d’expression de l’amour.
PAN M 360 : Que souhaitez-vous exprimer et transmettre au public par votre interprétation?
Yewon Han : Je pense que pour la première et la deuxième pièce, je veux qu’ils apprécient l’ambiance et qu’ils entendent un son très léger. Et quand je chante « Ah non credea mirarti », je veux être capable de transmettre la tristesse d’Amina, avec toutes les notes très aiguës et les décorations dynamiques que cela exige.
Julia Muzychenko-Greenhalgh : J’aimerais montrer au public de ce soir la diversité du monde musical pour la voix de soprano lyrique. Ces trois personnages sont très différents et la musique est également très différente, de la musique française à la musique italienne et russe. J’aimerais montrer à quel point la musique peut être variée.
Theodore Platt : J’ai toujours dit que je me sentais d’abord et avant tout, non pas comme un chanteur, mais comme un musicien. Le mot « artiste » est souvent utilisé, parfois de manière un peu prétentieuse, mais je pense qu’il s’agit d’art et celui-ci ne consiste pas seulement à faire de jolis bruits. Il s’agit d’essayer de transmettre quelque chose, d’essayer de faire passer quelque chose, et surtout, d’essayer d’aimer ce que je fais. Ce ne sera pas intéressant pour les autres non plus. Donc oui, je pense que c’est toujours le point de départ pour moi. Je ne pense pas qu’il soit intéressant de faire une liste de magasinage pour chanter tous les grands succès tout le temps. Bien sûr, ils ont leur place, mais je pense qu’il faut toujours trouver un équilibre avec ces choses-là.
Fleuranne Brockway : J’espère que tout le monde pourra y trouver son compte. J’espère connecter avec le public. Dans tout ce que je fais. Je m’efforce évidemment d’atteindre la perfection, même si ce n’est pas possible. Lorsque je raconte des histoires et que je fais de la musique, je cherche avant tout à ressentir et à transmettre des émotions franches par le biais du texte et de la musique. J’essaie de donner un peu de moi-même à chaque représentation. Et même si je vais beaucoup m’amuser ce soir, j’espère que le public trouvera quelque chose qui le touchera, parce que j’ai vraiment l’impression que c’est là le pouvoir de cette forme d’art sans amplification, juste la beauté de la voix humaine et l’orchestre luxuriant que dirige Patrick Summer.
Junho Hwang : J’espère que le public pourra ressentir le sentiment de l’amour que j’ai ressenti dans ma vie au fil de cette performance.
crédit photo : Tam Photography
Domesicle est un grand succès de notre vie nocturne, en voici un autre exemple prévu ce vendredi 6 juin à la Satosphère. Complètement immergé par des visuels à 360°, cet aligement extravagant de 5 heures est à ne pas manquer et se veut le coup d’envoi de la série Domesicle. Après quelques semaines froides, c’est la vague de chaleur que nous attendions tous ! Sans parler de Mutek qui est un pilier de la scène électronique montréalaise et impliqué dans l’affaire, cette soirée met aussi en vedette l’un des organisateurs d’événements les plus prolifiques de Vancouver: Normie Corp, qui s’est manifesté lors de la pandémie.
À l’instar d’autres promoteurs d’événements en ligne comme Club Quarantine qui ont su tirer le meilleur parti d’une situation difficile, Normie Corp attire un public qui ne peut s’empêcher de s’amuser. Pour avoir une idée de l’ampleur de l’événement, j’ai contacté fagofcolour et HNZ qui viennent tout juste d’atterrir à Montréal. Malgré le long vol, le duo derrière Normie Corp ce vendredi a généreusement répondu aux questions sur l’organisation d’événements, le maintien d’une ambiance et la gestion de la célébrité des médias sociaux.
PAN M 360 : Comment se sent-on à Montréal ?
HNZ : Nous étions à Montréal l’année dernière pour Mutek en tant que participants et nous avons été très inspirés par tous les artistes, les organisateurs et le festival lui-même. Le fait de revenir avec 30 degrés et un temps ensoleillé nous donne vraiment envie de découvrir cette ville vibrante encore une fois.
PAN M 360 : Lockdown semble si loin. Avez-vous déjà eu le sentiment, lorsque vous organisiez des événements en ligne, que cela vous mènerait aussi loin ?
fagofcolour : Pour être honnête, non. Parfois, j’ai l’impression de rêver. Par exemple, nous sommes allés à Montréal pour ce concert super cool et quelqu’un nous interviewe ?
HNZ: We couldn’t have gotten this far without the support of people along the way who have shared their skills and who have believed in our work from the beginning
PAN M 360 : Quelle est la raison pour laquelle vous avez créé Normie Corp ?
HNZ : Normie Corporation a été fondée en 2020, en pleine période de confinement d’une pandémie mondiale. Nous sommes nés parce que danser avec nos amis nous manquait. À l’aide d’outils facilement accessibles, nous avons organisé des fêtes en ligne et rassemblé la communauté en toute sécurité lorsque nous devions être séparés.
fagofcolour : Depuis notre création, nous sommes fiers de présenter les goûts et les talents d’artistes bispirituels, queer et/ou trans, noirs, autochtones et de couleur, hommes ou femmes. PAN M 360 : Entre la musique, les lumières, la mode, les thèmes et l’ambiance générale, qu’est-ce qui fait que les événements Normie Corp se distinguent ? fagofcolour: Depuis le début, Normie Corp a présenté des artistes de différents niveaux de compétence et de goût, et nous sommes incroyablement chanceux d’avoir obtenu un public qui peut danser sur n’importe quel genre que nous leur lançons. Tout le monde s’accorde à dire que c’est un endroit où les gens viennent pour être eux-mêmes et simplement danser !
HNZ : La communauté. Dans beaucoup de nos spectacles, les gens viennent soutenir leurs amis, dont beaucoup se produisent pour la première fois. PAN M 360 : Au-delà du simple nombre de supporters et de billets, comment votre fanbase influence-t-elle et façonne-t-elle les événements que vous organisez ? HNZ : Nous sommes toujours inspirés par l’énergie que nos participants apportent. Il peut s’agir de leurs jolies tenues, de leurs commentaires osés sur nos envois, ou du fait qu’ils nous taguent sur les artistes et les tendances à venir. Par exemple, nous avons remarqué un couple de lesbiennes en train de s’embrasser à l’avant de l’une de nos raves et nous nous sommes dit : « Pourquoi ne pas exploiter ce côté sexy et créer une rave saphique ? » C’est ainsi qu’est né We-Haul. PAN M 360 : Comment votre utilisation d’Instagram et des médias sociaux a-t-elle évolué au fil du temps ?
HNZ : D’une certaine manière, nous n’avons pas l’impression que notre stratégie a changé. Cependant, sur le papier, je suppose que techniquement nous avons posté plus de messages ? Il semble que les événements soient plus compétitifs et qu’il soit nécessaire d’affirmer sa présence et même de rappeler au public qu’il se passe quelque chose (encore et encore).
PAN M 360: Vous arrive-t-il de vous éloigner des médias sociaux ?
fagofcolour : Pour être honnête, non. Il est difficile de faire des pauses dans les médias sociaux, surtout si nous avons des spectacles à venir. En dehors de la « promotion de club » dans la vie réelle, les médias sociaux restent notre principal point de contact avec notre public.
HNZ : Je ne suis jamais sur les médias sociaux, je préfère aller à la pêche.
PAN M 360 : fagofcolor, tu as récemment reposté des éditions sauvages de baile funk sur SoundCloud. Est-ce un indice de ce que nous pourrions entendre vendredi?
fagofcolour : Wow, merci d’avoir consulté mon SoundCloud ! Je pense qu’aucun genre n’est interdit tant que le public danse.
PAN M 360 : HNZ, avec un tempo rapide et des échantillons de pitch-up, vos sets de DJ ont une énergie élevée qui donne un sentiment de folie. Je suis curieux de savoir quel type de musique vous écoutez au quotidien pour vous donner ce sentiment ?
HNZ : En tant que DJ mexicain, je suis toujours inspiré par la musique et la culture des clubs latins. Mais au quotidien, j’écoute Shakira et Nelly Furtado parce que j’ai leurs CD dans ma voiture. PAN M 360 : Pour fagofcolor et HNZ : une fois que la musique est en marche et que la fête est lancée, quel est votre objectif principal sur les platines ? fagofcolour : S’amuser et s’assurer que tout le monde s’amuse. HNZ: Se connecter avec le public et maintenir l’énergie.
PAN M 360 : A quoi ressemblerait votre discours de motivation pour quelqu’un qui procrastine l’achat de ses billets pour ce week-end ?
HNZ : Nous sommes en juin. Le soleil est là et Domesicle est de retour au SAT, un lieu emblématique de cette ville animée. 4 DJ, un groupe de musiciens et des visuels à 360° sont prêts à vous faire danser toute la soirée. Pourquoi repoussez-vous l’échéance ? Le temps qu’il fait ? L’énergie ? Ces excuses vous empêchent de vivre le moment de votre vie. Vous en avez besoin et vous l’avez mérité. Rendez-vous ce vendredi à la Satosphère !
À PAN M 360, nous nous sommes entretenus avec Kiva Stimac, directrice artistique et cofondatrice des Suoni Per Il Popolo, il y a un quart de siècle. En ce mois de juin, nous célébrons cette 25ème édition avec joie et gratitude, car cet événement reste très riche, année après année. Kiva, son équipe et toute une communauté d’artistes locaux et internationaux ont contribué à cette programmation 25e anniversaire qui se déroulera jusqu’au 30 juin. À l’approche de l’affluence créative, mettons-nous à la page de cette sélection avec de nombreuses recommandations de Kiva.
PAN M 360 : Tout d’abord, félicitations pour cet énorme accomplissement !
Kiva Stimac : Merci. C’est très apprécié.
PAN M 360 : Et nous supposons que vous vouliez célébrer ce 25e anniversaire à votre manière, car vous êtes la directricw artistique depuis quelques années. Vous portez sur vos épaules ce grand événement, et cette fois-ci, je suppose qu’il y a des apports spéciaux !
Kiva Stimac : Oui et non. Je considère également qu’il s’agit d’un effort communautaire. Une partie de mon travail consiste à rassembler toutes les personnes qui sont passées par la Casa Del Polpolo, la Sala Rossa , les Suoni au fil des ans. Il s’agit vraiment d’un développement de la communauté artistique, pas seulement ici à Montréal, nous parlons aussi d’une communauté mondiale d’expérimentateurs, d’astucieux et de gens qui essaient de semer la zizanie et de secouer les choses, donc je ne vois pas cela comme si j’étais seul à le faire. Cela ne serait pas possible sans le popolo !
PAN M 360 : Oui, bien sûr, c’est un travail communautaire, mais vous êtes au sommet de cette petite pyramide. Vous collaborez avec une grande communauté. Il s’agit en quelque sorte d’un petit réseau international, mais il s’agit tout de même d’un réseau international. Vous l’avez construit au fil des ans, et maintenant cette communauté internationale est là, et il y a aussi la communauté locale. Comment avez-vous construit cette édition ?
Kiva Stimac : Je pense avoir vraiment essayé de faire participer toutes les voix qui ont été présentes au fil des ans, ainsi que les nouvelles voix qui émergent, parce que chaque année, une nouvelle génération de personnes arrive, et il est très important pour moi d’avoir ces jeunes voix et les voix plus âgées, et même les enfants qui donnent leur récital. L’année dernière, l’un des enfants du récital a joué du piano avec sa tête. Que des enfants de 10 ans soient enthousiastes est tout aussi important que Malcolm Goldstein, qui a joué récemment et qui a presque 90 ans ! J’aime donc que toute cette communauté intergénérationnelle se réunisse.
PAN M 360 : Tout à fait d’accord avec toi, Kiva ! Nous partageons les mêmes valeurs à PAN M 360. Si vous évitez les personnes âgées, et aussi les plus jeunes, ce n’est pas une bonne idée pour une expérience d’écoute musicale profonde. Dans votre cas, vous n’évitez personne et ça marche !
Kiva Stimac: Well, j’ai bon espoir que ça marche de nouveau cette année. Mais chaque fois, je deviens nerveuse et inquiète que personne ne vienne!
PAN M 360 : Essayons donc de mettre en évidence, au cours de ce mois, certains des principaux éléments de votre programme.
Kiva Stimac : J’ai vraiment cherché à faire des choses dans les lieux où nous avons commencé, mais aussi à l’extérieur et dans les rues. Je n’ai pas obtenu de subvention pour un grand projet en plein air, mais plusieurs projets en plein air sont prévus cette année. L’un d’entre eux aura lieu le samedi 14 au Parc La Fontaine, au Théâtre de Verdure reconstruit. Nous aurons une sélection de vedettes avec le Sam Shalabi Septet, un nouveau projet formidable aux voix multiples, qui aborde l’œuvre solo de Sam sous un angle plus large. Le Black Ox Orchestra, Erika Angell et Matana Roberts seront également de la partie. Pour Sony, cela représente une grande partie de l’esprit créatif de notre festival, et c’est un plaisir pour tout le monde de venir le voir.
Un autre spectacle à l’extérieur s’appelle le Pony Show et il aura lieu au parc Lahaie le 20 juin. Il s’agit du petit parc situé en face de l’église, à l’angle de Saint-Laurent et de Saint-Joseph. Il s’agira d’une course de chevaux en pantomime. Deux personnes se déguiseront en chevaux et il y aura une course autour du parc. Et puis il y aura des groupes : Hélène Barbier, Scooter J et Psychic Armor. Ce sera plus dans le monde du pop rock, très accessible et amusant. Oui, je l’attends avec impatience.
Et l’une des autres activités en plein air que nous allons organiser s’appelle la Marche funèbre pour les lieux disparus. Nous nous retrouverons donc au parc Jeanne-Mance, et avec un groupe de musiciens et d’activistes, nous marcherons à travers le quartier à différents arrêts, en jouant de la musique, en célébrant, et en nous arrêtant là où se trouvaient les lieux disparus dans le quartier, pour finir à Produit Rien, une petite galerie dans Mile X, où il y aura une installation sonore par un artiste palestinien et deux artistes locaux appelée Screaming Out Walls, et ensuite une exposition de photographies intitulée Six Tits in a Twelve Pack. Tout est gratuit !
PAN M 360 : Il s’agit donc d’un engagement important de la part de votre organisation, car vous devez le financer sans argent public.
Kiva Stimac : Oui, nous n’avons pas obtenu de subvention pour l’ensemble du projet, mais la communauté s’est vraiment rassemblée autour de ce projet et nous le faisons tous ensemble. Je pense qu’il est important de souligner qu’à une époque où les financements publics sont rares et recherchés par un grand nombre de personnes, nous revenons parfois à nos racines bricoleuses. Tout n’est qu’une photocopie en noir et blanc, il n’y a plus de programmes sophistiqués. Il s’agit de réduire l’échelle pour que la musique et l’art soient les éléments principaux.
PAN M 360 : L’art ne meurt donc jamais à cause de cela. Si nous ne nous adaptons pas à des domaines plus difficiles, nous mourrons. Et nous avons besoin de la créativité et des arts pour aller de l’avant en ces temps difficiles, c’est certain.
Kiva Stimac : Exactement.
PAN M 360 : Maintenant, si nous allons dans vos lieux traditionnels, Sala, Casa, Sotterenea, etc. Plein de programmes pleins d’artistes !
Kiva Stimac : Oui, j’ai fait beaucoup d’efforts cette année pour organiser les événements d’une soirée de manière à ce qu’il n’y ait pas nécessairement de chevauchement des genres, mais que l’on puisse entrer dans chaque lieu et être époustouflé par quelque chose d’intéressant, sans qu’il y ait nécessairement de concurrence entre les lieux. Il y a donc un courant qui traverse toute cette musique, c’est certain, mais en même temps, elle vient d’endroits très différents, car nous avons tous des expériences très différentes et nous exprimons notre créativité de bien des manières différentes. Et c’est cette beauté de l’expérimentation et de la réflexion que chacun de ces artistes apporte à son travail et le défi qu’il lance à travers sa créativité qui sont très importants pour ce festival.
PAN M 360 : Nous devons maintenant mettre le doigt sur quelques événements très intéressants. Je sais que ce sont tous vos bébés d’une certaine manière, il est difficile de sélectionner les principaux, mais essayons.
Kiva Stimac : Le 19 juin, nous organisons une première soirée à Casa, notre plus petite salle : Watch That Ends The Night Records présente Quinton Barnes + Jason Doell & Naomi McCarroll-Butler + Liam Cole + Alex ‘Bad Baby’ Lukashevsky. Il s’agit d’un nouveau label de Kingston qui présente le nouvel ensemble de Quentin Barnes, qui fusionne le hip-hop, le free jazz et la musique électronique. C’est aussi une vitrine pour l’ensemble du label, donc il y aura un tas d’autres personnes. C’est donc une soirée à ne pas manquer. Le même soir, nous présentons Cabaret Noir, une grande production théâtrale qui s’est déroulée au Théâtre de Quat’Sous, dont nous reprenons la musique. Ce spectacle a connu un énorme succès et aborde vraiment l’expérience des Noirs au Québec et en Amérique du Nord.
PAN M 360 : Vous êtes très enthousiaste au sujet du programme du 21 juin : Lesbians on Ecstasy + Rough Spells + THS
Kiva Stimac : C’est déjà pratiquement complet ! Lesbians on Ecstasy sortent de leur retraite depuis 10 ans. C’était un groupe très important au début des années 2000 et cette soirée va être fantastique. Ils seront rejoints par Rough Spells de Toronto, un groupe de métal queer, et HRT, l’un de mes groupes préférés de Montréal, qui s’intéresse vraiment à la question queer et apporte une présence très forte sur la piste de danse.
PAN M 360 : La musique improvisée d’avant-garde et le free jazz ont toujours existé. Ce qui est encore important au Suoni cette année.
Kiva Stimac : Oui, le 22 juin, nous avons une soirée de jazz canadien bien remplie avec The Secret Lives of Colour de François Houle. Gerry Hemingway, Myra Melford, Joelle Léandre, Gordon Grdina, toute une série de personnages qui interprètent la pièce de François Houle, The Secret Lives of Colour, seront rejoints par Brass Knuckle Sandwich, un duo composé de deux virtuoses, Nicole Rampersaud et Marilyn Lerner. L’autre set sera la première partie de la soirée : Open Thread, le quartet de Peggy Lee accompagné d’un grand nombre de personnes. La soirée s’annonce donc bien remplie !
Le même soir, Meztizx , un groupe basé à Amsterdam, viendra et jouera un jazz électronique aux influences plus latines. Ce sera donc une soirée très relaxante où nous pourrons tous nous déhancher – Mestizx + Mas Aya + Stefan Christoff & Daniela Solís.
PAN M 360 : Vous réalisez également une bande sonore en direct, le 24 à la Sala Rosa.
Kiva Stimac : Le film s’intitule A Page of Madness. C’est un film muet japonais des années 1920. Le projet d’Anju Singh, The Nausea, en est la partition en direct. Ce sera donc très intense et très beau – le programme s’intitule The Nausea : A Page of Madness + Ritual Purification.
PAN M 360 : Hotel2Tango est également impliqué dans ce programme :
Kiva Stimac : Les 23 et 24, il y aura une session en direct à laquelle vous pourrez assister et qui sera enregistrée. Il s’agira de tous les musiciens individuels qui joueront en solo et qui seront enregistrés. Il s’agit donc d’un enregistrement en direct avec un public et ce groupe libanais que nous emmenons, qui jouera à la Sala Rosa le 21 en tant que groupe complet appelé Sanam. Il s’agit d’un nouveau groupe sur Constellation Records, qui jouera avec Radwan Ghazi Moumneh. Les 23 et 24, ce seront également de très belles soirées.
Et puis Bobby Sanchez et Big Sissy jouent à la Sotterenea le 24. Bobby Sanchez est un rappeur hip-hop, queer, trans, indigène de New York. Et Big Sissy est une icône locale, un dragueur et un auteur-compositeur-interprète. Ce sera donc une soirée extraordinaire, très politique.
Également le 24, Farida Amadou débarque de Belgique. Elle est ma bassiste préférée en ce moment. Elle est incroyable et cette chance que nous avons de la voir émerger est très spéciale.
PAN M 360 : D’accord, continuons avec les nouvelles propositions. Il y a donc d’autres excellents programmes à présenter.
Kiva Stimac : Oui. Notre dernière, eh bien, notre dernière grande soirée aura lieu le 28, le samedi, et nous accueillerons tout un tas d’artistes différents le même soir. Michigan Wolf Eyes et l’artiste autochtone Raven Chacon, lauréat du prix Pulitzer et génie extraordinaire, viendront jouer dans les différents univers du rock et de l’expérimentation. Je n’ai aucune idée de ce qu’ils vont faire ensemble, mais je suis sûre que ce sera époustouflant.
PAN M 360 : Suoni devait les présenter l’année dernière avec le grand Anthony Braxton. Mais il y a eu une mortalité dans la famille de Wolf Eyes et le programme a été reporté. Et maintenant, les yeux de loup reviennent, mais pas avec M. Braxton.
Kiva Stimac : Non. M. Braxton, je ne pense pas qu’il joue encore de la musique devant public. Il a atteint un certain âge où cela n’arrivera probablement plus. Mais ce n’est pas à moi de le dire.
Cartel Madras, un duo de sœurs hip-hop de l’ouest de l’Alberta, sera aussi de la partie ce même soir. Et ils amènent Indian Giver de Toronto, un groupe indigène de métal. Cette soirée va être incroyable!
Ce soir-là, tout le bâtiment vibrera d’une telle énergie. De l’autre côté de la rue, à la Casa, il y aura toute une série de personnages de Constellation Records, adjacents à T. Gowdy + Steve Bates & Elizabeth Anka Vajagic + Mat Ball & Ky Brooks + Nennen. Ce sera donc une belle soirée post-rock et post-classique.
Notre dernière grande soirée aura lieu le 30, lundi, dans une église, l’Église Sacré-Cœur-de-Jésus. Il s’agira d’un spectacle d’orgue, donc d’un orgue d’ambiance. Ce sera une très belle fin de festival, lente et douce. Un groupe appelé Beast jouera également de l’orgue. Elle sera accompagnée par quelqu’un qui jouera de la vielle à roue, un instrument à cordes et à archet muni d’une roue qui produit un son magnifique et ronflant.
PAN M 360 : Cool ! Nous avons donc une meilleure idée de ce qui se passe ce mois-ci au Suoni Per Il Popolo. Merci beaucoup pour cette présentation qui est un (gros) fragment de l’ensemble du programme de la 25ème édition !
Kiva Stimac : C’est un plaisir !
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Le 6 juin, l’auteur-compositeur Pierre Flynn se produira dans le cadre du Festival Classica accompagné d’un quatuor à cordes à l’Église catholique de Saint-Lambert. Ce vieux routier de la chanson francophone, ex-membre du groupe rock Octobre, discute avec Michel Labrecque de cette mouture particulière pour célébrer ses cinquante ans de carrière.
PAN M 360 : Pierre Flynn, la dernière fois qu’on s’est parlé, c’était au tout début de votre spectacle Sur ma route, à l’automne 2023. Nous voici maintenant un an et demi plus tard pour discuter de cette mouture particulière avec quatuor à cordes que vous allez présenter dans le cadre du Festival Classica.
Pierre Flynn : Le spectacle solo Sur ma route se poursuit toujours, à mon grand étonnement. Mais, l’an dernier, Nicolas Houle, responsable de la programmation pour le Palais Montcalm de Québec m’a proposé de faire une version plus élaborée de ce spectacle.
Nous avons exploré plusieurs avenues, y compris l’orchestre symphonique, mais ça s’est révélé trop onéreux. J’ai contre proposé l’Idée du quatuor à cordes, que j’avais déjà expérimenté à une reprise lors d’un événement musical à Toronto.
Nicolas a accepté l’idée et ça a donné 50 ans en cavale, présenté en mars 2024. J’ai donc dû transformer le spectacle et moi même j’ai osé, bien que je sois un illettré musical, exécuter quelques arrangements pour cordes.
PAN M 360 : Par la suite, cet événement a été représenté aux Francofolies 2024. Ce concert à Saint-Lambert le 6 juin sera la troisième représentation. Pouvez-vous nous rappeler qui d’autre a contribué aux arrangements?
Pierre Flynn : La première chanson du concert est Le Vent se lève du groupe Octobre et c’est le musicien Richard Grégoire qui avait fait un arrangement quasi symphonique en 1977, nous nous sommes largement inspirés de cette version pour le quatuor à cordes.
Chaque chanson à un peu sa propre histoire, certaines comme Étoile Étoile, Duparquet ou Croire comportaient déjà des parties de cordes. Philippe Breau, Vincent Legault, Boris Petrowski et Anthony Rozankovic ont contribué. Moi, j’ai arrangé La Maudite Machine d’Octobre entre autres.
PAN M 360 : Ah ça, ça pique ma curiosité!
Pierre Flynn :Et malgré les nombreux arrangements, je pense que le concert a une cohérence.
PAN M 360 : Et comment le quatuor à cordes transforme la couleur de vos chansons?
Pierre Flynn : Les cordes (violon, alto, violoncelle) ne sont pas là pour faire de la coloration. Elles ont un apport émotif très intéressant. J’apprécie vraiment la fébrilité, l’immédiateté, les vibrations de ces quatre musiciens qu’on ne sent pas forcément dans un plus grand orchestre symphonique. J’adore ça.
PAN M 360 : Pour ceux qui ne pourraient pas être présents à Saint-Lambert, y aura-t-il d’autres occasions?
Pierre Flynn :Cet été, nous serons à Petite Vallée en Gaspésie le 29 juin, mais c’est complet, et au Festif de Baie St-Paul, le 19 juillet. Il reste encore quelques spectacles solos cet automne et la page de commémoration de mes cinquante ans de carrière va vraisemblablement se fermer.
PAN M 360 : Pour terminer Pierre, y aura-t-il un autre album de compositions originales?
Pierre Flynn :J’ai la réputation d’être l’auteur-compositeur le plus lent du Québec. Mais je travaille sur des pièces. Je ne veux pas trop m’avancer, mais j’ai encore de l’exploration et des découvertes à faire. Je ne crois pas que l’aventure soit terminée. Il n’est pas impossible non plus qu’un album live avec le quatuor à cordes soit réalisé.
PAN M 360 : Pierre Flynn, merci et bon concert!
Le Festival Classica a fait fort, très fort même, pour son édition 2025 : il a demandé à Marie-Nicole Lemieux de prendre le rôle de Carmen dans une production complète, ce qui constitue une première au Canada! Ailleurs, Marie-Nicole a dit à sa famille : ‘’si vous voulez me voir dans Carmen, c’est là que ça se passe!’’ C’est pourtant un personnage qu’elle maîtrise depuis 2017 sur les scènes européennes!
Le 7 juin, à la cocathédrale Saint-Antoine-de-Padoue de Longueuil, la célèbre chanteuse sera donc aux côtés d’une équipe vocale assez impressionnante : Emmanuel Hasler (Don José), Suzanne Taffot (Micaëla), Étienne Dupuis (Escamillo), Catherine St-Arnaud (Frasquita), Florence Bourget (Mercedes), Dominique Côté, Thomas Vinals, Dion Mazerolle et Pierre Rancourt! Si ce n’est pas un line-up cinq étoiles, ça, je ne sais pas ce que c’est. Ajoutons l’orchestre du festival dirigé par Jean-Marie Zeitouni, l’ensemble ArtChoral dirigé par Mathias Maute et une mise en espace d’Isabeau Proulx-Lemire, un habitué. ‘’Mise en espace’’ signifie une sorte d’entre-deux très intéressant, ‘’le meilleur des deux mondes’’ comme le dit Marie-Nicole Lemieux dans l’entrevue ci- jointe. S’il n’y a pas de scène complète comme à l’opéra, il y a tout de même des déplacements et des projections numériques (par Lumifest en cavale). C’est beaucoup plus dynamique qu’une simple prestation concert avec des solistes fixes devant des lutrins. Pour Marie-Nicole, cela permet une relation plus intime et directe avec le chef, car il n’y a pas l’intermédiaire des costumes et des décors, et on peut alors ‘’se concentrer sur les mots’’. Je vous invite à écouter mon entretien avec Marie-Nicole pour en savoir encore plus sur sa vision du personnage de Carmen.
« Nous vivons nos vingt premières années, et les vingt années suivantes servent à comprendre les vingt premières ». Voici la phrase entendue par hasard qui a inspiré Flavia Coelho lorsque le temps est venu de travailler sur un nouvel album. Cinq ans après DNA, Ginga fait une sorte de bilan de vie de l’artiste brésilienne qui voulait revenir sur toutes ses premières fois: premier amour, première déception, première indignation, etc. Composé de dix chansons et d’une durée de 40 minutes, il allie plusieurs styles de musique, allant de la samba au reggae en passant par le pagode et le amapiano. Une habituée de Montréal, Flavia Coelho n’en est pas à sa première participation aux Nuits d’Afrique. Elle était déjà dans la programmation sur la grande scène extérieure mais également au Club Balattou. Cette fois-ci, elle arrive avec ses trois musiciens pour enflammer l’Olympia le 9 juillet, dont deux l’accompagnent depuis plusieurs années. Notre journaliste Sandra Gasana l’a jointe par visioconférence en direct de Paris, pour parler de sa prochaine venue dans la métropole.
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Chantant dans son français natal et en anglais, elle nous arrive avec Still, there is the sea , un premier album de 8 chansons où se côtoient des influences de Daughter, d’Agnes Obel et d’Olafur Arnalds et une voix fragile, mystérieuse, pouvant parfois rappeler les inclinations plus mélancoliques de Klô Pelgag. Elle a dévoilé jusqu’à maintenant deux extraits, The sun, the sky et Eau miroir en attendant la sortie le 6 juin.
Native de Montréal, Ambre Ciel est une autrice-compositrice-interprète qui propose une pop néo-classique et ambient avec des touches expérimentales. Ayant grandi au sein d’une famille musicale, elle s’est d’abord intéressée au violon pour revenir ensuite au piano, aux pédales d’effets et aux boucles, et se rendre où elle est maintenant.
On l’a attrapée quelques instants pour lui poser des questions, juste avant qu’elle ne foule les planches du Festival International de Jazz cet été.
PAN M 360 : Qui signe la réalisation de l’album? Pourquoi ce choix? Ambre Ciel : Pietro Amato et moi avons co-réalisé l’album ensemble. C’est quelqu’un qui est impliqué dans le projet depuis le début, auquel j’envoie souvent des fragments de chansons ou d’idées. C’est un mentor, un consultant précieux,avec qui j’avais travaillé pour la première fois sur le EP en 2021. Le projet a vraiment évolué, j’ai commencé à écrire en anglais et on est vraiment plus proches de la musique instrumentale. C’est important d’avoir une vision externe, même si j’avais déjà une vision claire de ce que je voulais parce qu’il comprend bien ma vision et on a des influences communes. Ça m’a permis d’acquérir plus d’expérience et d’autonomie. C’est bien aussi de confronter sa vision à celle de quelqu’un d’autre et de l’enrichir, parfois il me mène à revoir la composition d’une chance ou à laisser les musiciens improviser, alors que moi j’ai tendance à écrire tous les arrangements d’avance (rires).
PAN M 360 : C’est un album expansif et rempli de douceur, comment en avez-vous trouvé la direction musicale?
Ambre Ciel : Quand j’ai commencé à composer l’album, c’est vraiment le motif des quatre premiers accords de l’album qui ont été l’élément déclencheur de tout le reste. Je venais de déménager dans un appartement plus tranquille, où je pouvais avoir accès au silence, et cette énergie de tranquillité a été un refuge pour moi qui m’a permis de plonger dans la création. La vision que j’avais, c’est que je voulais beaucoup d’instruments acoustiques et le motif de départ m’inspirait beaucoup alors je n’étais pas certaine à quel point ça allait prendre une direction instrumentale ou pas parce que j’entendais beaucoup de possibilités et à partir du moment où tu ajoutes de la voix, ça happe le focus de l’audition. C’est ce qui a motivé le choix des instruments acoustiques, des cordes.
PAN M 360 : Qu’est-ce que tu avais envie de partager avec le monde par cette première offrande?
Ambre Ciel : Pour moi, la création de cet album-là m’a donné un certain ancrage. Je trouvais que cette musique-là, par rapport à ce qui a précédé dans mon parcours, est plus terre-à-terre avec des formes plus traditionnelles. Il y a une chanson qui est un peu plus expérimentale mais les autres ont toutes des couplets. Ces chansons-là ont été un refuge pour moi, et j’espère qu’elles le seront pour d’autres.
PAN M 360 : Qu’est-ce qui t’a inspiré lors de la composition des pièces?
Ambre Ciel : Les possibilités d’explorer les différentes avenues à partir d’une même matière. Il y a beaucoup d’albums qui m’ont influencé, comme ceux de Sufjan Stevens où il y a vraiment une synergie entre la musique et les paroles, ou encore Agnes Obel.
PAN M 360 : Les chansons sont reliées par l’eau. Est-ce que c’est un élément avec lequel tu as une forte connexion? Ambre Ciel : La nature m’inspire vraiment beaucoup, la quiétude qu’on y trouve. L’écriture des paroles pour moi c’est vraiment toujours la musique qui arrive en premier, et j’ai toujours l’impression que j’ai dit ce que j’avais à dire (rires). J’ai toujours été quelqu’un qui n’était pas si douée avec mettre des mots sur les choses que je vis mais quand je me mets à composer au piano, il y a une chanson qui émerge et éventuellement, j’entends une ligne mélodique de voix. J’ai lu beaucoup de poésie récemment et je compose de manière intuitive, alors je me rends compte après qu’il y a un thème récurrent qui émerge, comme celui de l’eau. J’ai une forte connexion avec la nature en général.
PAN M 360 : Est-ce que c’était important pour toi de laisser beaucoup de place aux arrangements, à la musique?
Ambre Ciel : Ce qui était important pour moi, c’était que les éléments importants de l’album, la voix le piano et les cordes, aient suffisamment d’espace. Que la musique puisse respirer. Comme j’ai étudié en violon, je suis très portée vers les mélodies, qu’elles soient pour cordes ou voix.
PAN M 360 : Tu as choisi de t’allier avec l’étiquette Britannique Gondwana Records. Comment est-ce arrivé? Ambre Ciel : Ça fait plusieurs années que je suis le projet de Hania Rani, ce que je trouve intéressant c’est l’espace entre la chanson avant-pop et l’espace pour la musique instrumentale. Ce que j’ai toujours trouvé intéressant chez Gondwana Records, c’est que ses artistes défient toujours un peu la catégorisation de genre que ce soit Portico Quartet ou Matthew Halsall. J’ai envoyé l’album mixé à Gondwana et c’est justement Matthew qui m’a répondu. Je suis allée les visiter au Royaume-Uni, on a filmé un vidéoclip et ça a vraiment été une belle expérience de rejoindre cette famille-là. Il y avait beaucoup d’influences avec mon identité artistique chez Gondwana et je sentais que je pouvais faire partie de quelque chose de plus grand.
PAN M 360 : Y-a-t-il un lancement Montréalais de prévu pour la sortie de l’album?
Ambre Ciel : Oui il y a un lancement de prévu le 5 juin à l’Oblique, magasin de vinyles. Je vais jouer à 18h et j’aurai la chance d’être accompagnée par une harpiste pour l’occasion. Il n’y a pas de harpe sur l’album mais on a dû adapter pour la formule live vu qu’il n’y a pas d’orchestre.
PAN M 360 : Que te réserve la suite de 2025 après le Festival de Jazz?
Ambre Ciel : Je m’en vais en Résidence à Londres pendant 6 mois, de Juillet à Décembre. Il y aura des shows en Allemagne aussi. Ensuite je vais me plonger dans le deuxième album.
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Le Centre des Musiciens du Monde à Montréal lance dès le jeudi 4 juin, et ce jusqu’au jeudi 17 juillet 2025, sa troisième saison des Musiques sous un arbre. Tout simplement, des concerts gratuits de musiciens et musiciennes venus des quatre coins du monde dans le parc Lahaie, juste en face du centre, coin Saint-Laurent et Saint-Joseph. L’Inde, le Burkina Faso, l’Ukraine, la Georgie, l’Europe de l’est, la Turquie et bien d’autres traditions savantes et folkloriques seront déployées pour le grand bonheur des mélomanes avides de communion universelle et humaniste. J’ai parlé de la programmation avec Frédéric Léotar, directeur général du Centre.
En effet, Carminda Mac Lorin est « bassiste, chanteuse, rêveuse, engagée et travaille sur un projet solo urbain du monde à l’horizon ». C’est ainsi qu’elle se décrit sur sa page Instagram. Mais dans le cadre du Festival des saveurs interculturelles de Saint-Michel, elle coordonne le Forum Social Mondial des Intersections (FSMI) tout en figurant dans la programmation de la journée de clôture le dimanche 1er juin comme bassiste et chanteuse, accompagnée par le groupe SolidGround. Pour l’occasion, elle nous prépare deux morceaux qui s’intègrent bien à la thématique du forum. Elle a pris le temps d’échanger avec Sandra Gasana pour PAN M 360, entre deux activités du FSMI.
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À la croisée des musiques électroniques, de la performance en direct et des arts visuels, Hakeem Lapointe – sous le nom d’Amselysen – développe une pratique artistique où la texture sonore devient matière à penser, à ressentir, à transformer. Dans le cas qui nous occupe explorer cette fantaisie, soit la quête du parfum idéal d’un tueur en série, rien de moins.
Inspiré par une écoute attentive du monde, le projet puise autant dans la poésie de l’enregistrement terrain que dans les esthétiques déconstruites d’artistes comme celle d’Oneohtrix Point Never, pour ainsi composer des œuvres où la frontière entre composition et environnement se brouille. Artiste et commissaire dans cette édition de EAF x SAT x Tropisme, Amselysen porte plusieurs chapeaux, naviguant entre la scène et la curation avec une approche résolument expérimentale. Chaque performance devient un terrain d’exploration : un espace vivant où les sons captés, transformés, réinterprétés prennent forme dans l’instant.
À l’approche de ce programme pensé comme une expérience immersive et sensorielle (samedi 31 mai à la Société des arts technologiques – SAT) , Amselysen a partagé quelques réflexions sur le parcours artistique, les influences conceptuelles, la relation à la scène, et la vision des musiques hors format. Pour PAN M 360, Félicité Couëlle-Brunet a interviewé Amselysen et réalisé le montage vidéo qui suit.
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