Élève de Dang Thai Son, grand pianiste d’origine vietnamienne et professeur d’exceptionau département de musique de l’Université de Montréal, la jeune Sophia Shuya Liu serait le prochain prodige local à faire le saut sur la scène internationale. Des agents du monde entier intéressés par son potentiel supravirtuoso, c’est dire que ses admirateurs ne tarderont pas à se multiplier exponentiellement sur l’entière planète classique.

Née à Shanghai en 2008, Sophia Shuya Liu a vécu au Japon avec sa famille, puis s’est installée à Montréal où elle a étudié le piano avec Dang Thai Son dès l’âge de 9 ans.

De nombreux prix ont suivi jusqu’à aujourd’hui (elle a actuellement 16 ans) : les premiers prix du Kobe Art Center Piano Competition (Japon), du Hangzhou Competition (Chine), du 18ème Ettlingen International Piano Competition (Allemagne), du Hartford International Chopin Competition et du Philadelphia International Chopin Competition (tous deux aux Etats-Unis).En 2023, elle remporte la Thomas & Evon Cooper Competition for young solists (aux États-Unis), ce qui lui vaut de se produire avec le Cleveland Orchestra et David Robertson, puis le deuxième prix du premier concours international de piano Arturo Benedetti Michelangeli à Brescia, en Italie, avec plusieurs prix spéciaux, dont le prix du public.

Depuis, Sophia Shuya Liu s’est produite sur des scènes prestigieuses en Amérique, en Asie et en Europe. Son premier CD est sorti récemment. En 2025, elle se produira aux festivals Chopin de Varsovie et de Duszniki, au Boston Summer Piano Festival, ainsi qu’au Festival international de la Roque d’Anthéron. Elle vient de faire ses débuts à Paris à la Fondation Louis Vuitton, ainsi qu’à La Folle Journée de Nantes, à Genève, au Festival Piano à Saint-Ursanne.

PAN M 360 : Les spécialistes parlent de vous avec grande admiration. Comment vivez-vous cette pression de l’excellence ?

Sophia Shuya Liu : Je suis très reconnaissante aux gens de m’admirer. Je pense que leur enthousiasme devient une source d’inspiration pour moi et me motive à toujours atteindre de nouveaux sommets.

PAN M 360 : Comment gérez-vous votre émergence ? Comment restez-vous zen dans tout ça ?

Sophia Shuya Liu : En général, je ne me préoccupe pas trop de ce qui se passe autour de moi, surtout dans le contexte de mes concerts. Je me concentre sur jouer et interpréter la musique du mieux que je peux.

PAN M 360 : Comment faites-vous pour vivre toutes ces étapes marquantes pour ce qui adviendra de votre carrière ?

Sophia Shuya Liu : Ces concours m’ont permis d’apprendre, de grandir et d’acquérir de nouvelles expériences. Je pense qu’ils ont été très bénéfiques, mais les prix des concours ne signifient finalement pas grand-chose.

PAN M 360 : Comment trouvez-vous le plaisir de jouer tout en relevant ces défis extraordinaires ?

Sophia Shuya Liu : J’aime la musique. En jouant, je transmets des messages par le biais de ce magnifique langage universel avec lequel les gens peuvent entrer en résonance. Jouer est toujours une grande joie pour moi, et c’est ce que je suis censé faire.

PAN M 360 : Avez-vous des modèles absolus en matière d’interprétation au piano ?

Sophia Shuya Liu : J’ai eu beaucoup de modèles et de musiciens différents que j’admire, et mes goûts changent constamment, si bien que je n’ai pas toujours de réponse définitive. Mais si je dois choisir un musicien en particulier, j’admire beaucoup mon professeur, Dang Thai Son.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui, selon vous, vous distingue de vos pairs, même à votre jeune âge ?

Sophia Shuya Liu : Je pense que j’ai une technique très solide, grâce à d’excellents professeurs qui m’ont enseigné dès mon plus jeune âge, ce dont je suis toujours très reconnaissante. Ayant reçu une telle éducation, j’ai également été fascinée par la profondeur de la musique dès mon plus jeune âge.

PAN M 360 : Nous vivons une époque où des centaines de milliers de jeunes musiciens veulent laisser leur marque sur cette planète. Où voulez-vous vous trouver ? Qu’est-ce qui vous motive ?

Sophia Shuya Liu : Bien sûr, j’ai aussi le même désir : laisser une trace importante sur cette planète. Et je travaille constamment à la réalisation de cet objectif. J’essaie de développer mes propres interprétations ainsi que les techniques utilisées pour réaliser mes idées, mais je m’efforce de faire en sorte que ces légères différences soient approuvées et reconnues par les experts.

PAN M 360 : Comment voyez-vous vos multiples identités culturelles ?

Sophia Shuya Liu : Chaque culture a sa propre essence, et l’étude des différentes cultures est très bénéfique pour exprimer la musique à travers différentes perspectives.

PAN M 360 : Vous avez choisi de nous faire découvrir la musique de piano des grands compositeurs Tchaïkovski, Liszt et Chopin. Comment justifiez-vous votre choix ?

Sophia Shuya Liu : Tout d’abord, je suis toujours très touchée par la musique de ces compositeurs et j’admire profondément leur capacité à transmettre leurs messages à travers leur propre langage musical. Chaque fois que je joue leur musique, j’ai l’impression que mon esprit et mon âme sont purifiés. Leurs œuvres sont de précieux trésors de l’humanité. Mais bien sûr, j’apprends constamment de nouvelles musiques et je présenterai à l’avenir la musique de nombreux autres compositeurs fascinants.

PAN M 360 : Pouvez-vous nous parler brièvement de votre relation avec ces œuvres ?

Sophia Shuya Liu : Il est difficile d’expliquer mon association avec chacune de ces œuvres. Mais, en général, certaines de ces œuvres sont des transcriptions orchestrales ou d’opéra.

  • La Suite de Casse-Noisette de Tchaïkovski est une transcription de ballet, et l’histoire de Casse-Noisette sert de contexte et d’arrière-plan importants. Dans la suite, de nombreuses pièces sont des danses, et chacune de leurs caractéristiques se démarque. Dans l’ensemble, il s’agit d’une pièce que de nombreuses personnes connaissent et qui est certainement l’une des préférées du public.
  • Les Réminiscences de Norma de Liszt sont une transcription d’opéra. Les thèmes utilisés tout au long de la pièce sont tous très mélodiques et ont un caractère chantant. En même temps, l’œuvre est représentée par une orchestration grandiose. Bien entendu, l’œuvre raconte une histoire significative et est très narrative.
  • Les Variations de Chopin sur « Là ci darem la mano » sont également une transcription d’opéra basée sur le « Don Giovanni » de Mozart. Chopin a utilisé ce duo populaire, chanté par Don Giovanni et Zerlina, comme thème de cette pièce. Le morceau comprend trois parties principales : l’introduction et le thème, les variations qui sont brillantes et attrayantes, et l' »Alla Polacca » (polonaise) qui est la variation finale et la coda. Cette dernière partie contient certains des éléments les plus enchanteurs de cette pièce. Il est important de rappeler que Chopin a écrit cette pièce alors qu’il n’avait que 17 ans !
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Le mardi 25 février aura lieu la création du spectacle musical/multimédia Il teatro rosso, présenté par l’ensemble montréalais No Hay Banda et le Festival Montréal / Nouvelles Musiques. Au coeur de cette démarche intrigante, présentant musique d’avant-garde, vidéo et mise en scène éclatée, le Montréal des années 1920-1930, celui des théâtres et des cinémas d’une époque révolue liée à celle du Red Light et de ces vices et sombres déviances, elles-mêmes camouflées derrière les néons scintillants. Le mystère de ce monde caché, qui a de nos jours une allure de légende, fascine le créateur et directeur musical de l’œuvre, Steven Kazuo Takasugi, et Noam Bierstone, percussionniste et membre fondateur de No Hay Banda. J’ai parlé de ce Théâtre Rouge avec ce dernier.

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Le 21 février 2025, à la nouvelle salle multimédia de l’Université McGill à Montréal, le festival Montréal / Nouvelles Musiques et l’ensemble Éclat dirigé par Charles-Éric Fontaine présenteront le concert À l’écoute du geste. Musique nouvelle certes, mais dans une perspective qui laisse beaucoup de place à la gestuelle et au mouvement. Il y aura de la danse bien sûr, mais pas que. Les musiciens seront appelés à bouger, et on y présentera la création d’une œuvre pour orchestre et… trois Karlax! Mais, qu’est-ce que le Karlax? J’en parle, entre autres choses, avec le chef Charles-Éric Fontaine.

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Ce jeudi 13 février, l’Orchestre national de jazz de Montréal (ONJM) poursuit sa saison avec une collaboration exceptionnelle : la chanteuse et compositrice Malika Tirolien présente son album HIGHER, réimaginé pour grand ensemble sous la direction du chef d’orchestre et arrangeur Jean-Nicolas Trottier. Sorti en 2021, HIGHER est un voyage sonore envoûtant, fusionnant R&B, soul, hip-hop et jazz dans un style que Malika appelle Highsoul. Inspiré par l’élément de l’air, l’album brille par ses textures aériennes et son énergie lumineuse. Aujourd’hui, cette œuvre prend une toute nouvelle dimension avec l’apport somptueux d’un orchestre. À l’approche du concert, PAN M 360 a rencontré Malika Tirolien pour discuter de cette relecture orchestrale, du processus d’adaptation des morceaux et de l’émotion d’entendre sa musique s’élever à un tout autre niveau.

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PAN M 360 : Malika, ce projet est tellement cool ! HIGHER est sorti il y a quelques années déjà – qu’est-ce que cela fait de le revisiter dans ce nouveau cadre orchestral ?

Malika Tirolien : Oh, absolument. Cela fait un moment que nous n’avons pas joué HIGHER, surtout avec d’autres projets qui sont sortis entre-temps. Mais le ramener sous cette forme orchestrale grandiose lui donne une nouvelle vie. C’est incroyable de l’entendre avec des arrangements plus étoffés, cela rend tout encore plus expansif. J’ai toujours aimé les orchestres, et chaque fois que j’ai la chance de jouer avec un, c’est un moment fort pour moi.

PAN M 360 : Vous avez mentionné le mot « grandiose », ce qui est intéressant car j’ai toujours trouvé HIGHER très luxuriant et cinématographique dans sa production. Avec un orchestre en plus, comment trouvez-vous de l’espace pour toutes ces couches ?

Malika Tirolien : Tout d’abord, merci ! Mon collègue et moi avons coproduit HIGHER, et dès le départ, nous voulions qu’il ait une atmosphère aérienne et expansive. Comme l’album représente l’élément de l’air, nous avons vraiment cherché à créer une ambiance ouverte et flottante. Mais pour la version orchestrale, nous avons dû repenser certaines textures de synthé et en supprimer quelques-unes pour laisser de la place aux cordes et aux cuivres. Il s’agissait de réorganiser les éléments tout en conservant l’essence du son original. En même temps, nous avons ajouté plus de profondeur dans les voix, ce qui a aidé à maintenir l’équilibre.

PAN M 360 : Cela a dû être tout un processus ! Comment s’est déroulée la collaboration avec Jean-Nicolas Trottier pour les arrangements ?

Malika Tirolien : Oh, c’était incroyable. Jean-Nicolas est un arrangeur brillant, et c’était génial de voir son enthousiasme pour ce projet. La première fois que j’ai entendu ses orchestrations, j’ai été bluffée ! Il a vraiment su sublimer la musique sans en perdre l’essence. J’ai hâte de tout rassembler avec le groupe et l’orchestre en répétition – ce sera un moment magique.

PAN M 360 : En parlant de répétitions, il semble qu’elles aient lieu très près de la date du spectacle. Est-ce ainsi que cela fonctionne habituellement avec un grand ensemble ?

Malika Tirolien : Exactement. Comme il y a beaucoup de musiciens impliqués, nous avons dû répéter séparément – d’abord le groupe, puis l’orchestre. Ce n’est que vers la fin que nous rassemblons tout le monde. C’est un défi logistique, mais cela en vaut la peine pour entendre le résultat final.

PAN M 360 : Entendre vos chansons sous cette forme orchestrale change-t-il la façon dont vous les ressentez ou les interprétez ?

Malika Tirolien : Oh, absolument. Il y a tellement de nouvelles couches et de lignes instrumentales qui n’existaient pas avant. Vocalement, je dois m’adapter – parfois en faisant moins, car l’orchestre remplit des espaces que j’occupais auparavant. Je dois en être consciente pour que mon interprétation s’intègre parfaitement.

PAN M 360 : Y a-t-il un arrangement en particulier qui vous enthousiasme ?

Malika Tirolien : Oui. Prière est une pièce spéciale pour moi. C’est un poème écrit par mon grand-père, et je pense que c’est probablement ma chanson préférée de l’album. L’orchestration de Jean-Nicolas pour ce morceau est absolument magnifique.

PAN M 360 : Si je me souviens bien, Prière a une qualité rythmique presque influencée par le hip-hop, avec un aspect spoken word. Comment cela se traduit-il dans cet arrangement orchestral ?

Malika Tirolien : Alors c’est un morceau très spoken word, mais avec un noyau mélodique fort. Mon guitariste, Philippe Lalli, a composé la musique, et ses choix d’accords mettent vraiment en valeur la puissance du texte. Au début, la musique est en retrait pour laisser les paroles respirer, puis elle prend de l’ampleur avec un grand crescendo, notamment avec la batterie. Voir comment l’orchestre va sublimer cette montée en puissance est vraiment excitant.

PAN M 360 : J’imagine qu’il y aura beaucoup de moments où vous aurez des frissons !

Malika Tirolien : Oh, c’est certain. J’essaie juste de ne pas pleurer pendant les répétitions – ce serait embarrassant ! (rires) Mais oui, cette première répétition avec tout le monde sera un moment très fort pour moi.

PAN M 360 : Au-delà de ce projet, avez-vous d’autres collaborations ou nouvelles musiques en préparation ?

Malika Tirolien : Oui ! En novembre, j’ai sorti un nouveau projet appelé Gen Y Lens avec mon duo Gemini Crab. C’est une collaboration avec Anash, un musicien, producteur et ami incroyable qui jouera également avec moi lors de ce spectacle. C’était une vraie joie de créer avec lui. L’album est ludique et expérimental, et nous jouerons d’ailleurs quelques morceaux avec l’orchestre pour donner au public un avant-goût de notre univers musical.

PAN M 360 : Vous avez donc une année très excitante devant vous. Avant de conclure, je voulais vous demander : vos performances vocales sont toujours si puissantes. Comment vous mettez-vous dans l’état d’esprit idéal avant un concert ?

Malika Tirolien : Merci ! Honnêtement, mon objectif principal est de rester ancrée. Avec un emploi du temps chargé, j’essaie de chanter dès que je peux, mais l’essentiel pour moi est de gérer mon stress. Je me rappelle que ce n’est pas à propos de moi, mais de la musique et de l’amour de l’art. Cette pensée me recentre. Avant un spectacle, je fais beaucoup d’exercices de respiration pour rester calme et connectée à la musique.

PAN M 360 : C’est une belle approche. Nous vous souhaitons un magnifique concert, Malika. Merci beaucoup d’avoir pris le temps de discuter avec nous !

Avant son spectacle à la Sala Rossa dans le cadre du Taverne Tour, nous avons eu le plaisir de nous entretenir avec l’autrice-compositrice-interprète Alexandra Levy, mieux connue sous le nom d’Ada Lea. Profondément ancrée dans la scène montréalaise et ses lieux emblématiques comme la Rockette et le Quai des Brumes, sa musique trouvait naturellement sa place dans ce festival. 

Après what we say in private (2019) et one hand on the sterling wheel the other sewing a garden (2021), l’artiste a dévoilé en octobre l’EP notes, collection de morceaux restés en marge de son dernier album. Suite à une longue tournée en 2022, Ada Lea s’est recentrée sur l’écriture et la création de son troisième album, attendu cette année. Pour plonger dans la poésie de ses textes et la douceur de sa voix, rendez-vous à la Sala Rossa ce samedi 8 février pour une soirée indie/folk mettant également en vedette Charlotte Cornfield. D’ici-là, voici notre interview avec Ada Lea. 

PAN M 360 : Dans ta chanson come on, baby! be a good girl for the camera, tirée de ton dernier EP notes, tu explores les difficultés de la vie en tournée, mais aussi les attentes imposées aux femmes. Selon toi, quel est aujourd’hui le plus grand défi d’être une femme dans l’industrie musicale ?
Ada Lea : C’est une bonne question. Bien sûr, je ne peux pas parler au nom de toutes les femmes, mais selon mon expérience, je trouve les déplacements physiquement et spirituellement épuisants. Prendre l’avion, conduire, changer de fuseau horaire… tout ça est très éprouvant pour mon corps. Conduire est aussi effrayant. On se sent pas toujours en sécurité, et quand il faut rouler plus de six heures par jour, les risques d’accident augmentent. Plus je vieillis, plus je prends conscience de notre fragilité. Les accidents arrivent. Ma grand-mère a été renversée et tuée par une voiture durant une journée comme les autres ! Et si quelque chose comme ça se produisait en tournée ? Et si j’étais responsable de cette tournée, que j’emmenais mes amis avec moi et que nous mourions tous ? Pour quelques concerts ? Pourquoi ?

Évidemment, c’est une situation quelque peu exagérée, mais au final, partir en tournée exige énormément de travail physique, pour très peu de récompenses et sans véritable sécurité. Les seules récompenses sont les liens humains. Alors si mon but est de partager des moments avec mes amis, pourquoi ne pas simplement aller voir un film ensemble au coin de la rue ? Bien sûr, jouer devant un public, partager un espace et vivre quelque chose ensemble est une expérience exaltante, mais je commence à me demander : à quel prix ?

PAN M 360 : J’ai adoré ta chanson serait-il… ? et je me demandais si ton processus d’écriture diffère entre une chanson en français et une en anglais. Aimes-tu autant écrire dans les deux langues, ou as-tu une préférence ?

Ada Lea : J’adore écrire en français. J’ai coécrit cette chanson avec Liberté-Anne Lymberiou. Elle parle plusieurs langues couramment : anglais, français, grec, espagnol, et une autre qui m’échappe. Elle parle même un peu italien, ce qui est amusant puisque ma mère est italienne. Alors, on se lance dans des discussions absurdes entre nonna et yiayia en mélangeant le grec et l’italien – « Why you no call me no more? » et des choses comme ça. J’imagine l’une de nous nettoyant le trottoir avec un balai pendant que l’autre crie « Bonjour ! » depuis le balcon.

PAN M 360 : J’ai lu qu’un troisième album était prévu pour 2025. En quoi se distingue-t-il de tes précédents projets ?

Ada Lea : Il est  plus pictural. Après 2022, j’ai pris une pause des concerts et je me suis retirée. J’avais besoin de me reconnecter à moi-même. Les arts visuels ont toujours occupé une place importante dans ma vie. Pour cet album, j’ai foncé. J’ai écrit des chansons qui, pour moi, ressemblaient à des peintures. Qui allaient au-delà de tout ce que j’imaginais pouvoir créer en écriture. J’ai eu l’impression que c’était un cadeau de l’univers, et heureusement, j’étais là pour le saisir.

PAN M 360 : Lorsque tu développes un nouveau projet, as-tu une routine d’écriture bien établie, ou laisses-tu plutôt place aux élans spontanés de créativité ?

Ada Lea : Moyra Davey dit qu’elle obtient une bonne photo pour cinq rouleaux de pellicule. Je pense que c’est pareil pour l’écriture de chansons et la peinture. J’essaie d’écrire et de peindre autant que possible physiquement. J’aimerais avoir une routine plus rigoureuse.

PAN M 360 : Quelles sont tes plus grandes inspirations musicales en ce moment ?

Ada Lea : Les autres auteurs-compositeurs qui partagent ma méthode. Chaque chanson est un cadeau.

PAN M 360 : Il y a quelques jours, tu as sorti une reprise de Out on the Weekend de Neil Young avec Alex Nicol. Qu’est-ce qui vous a poussé à collaborer ensemble pour cette chanson et comment cette idée de reprise est-elle née ?

Ada Lea : Alex m’a contactée pour me proposer de chanter une chanson ensemble. Je me suis dit que si on passait une journée en studio, autant essayer un classique de Neil Young. C’est l’une de mes préférées de Harvest.

PAN M 360 : Tu es aussi artiste visuelle. Comment parviens-tu à jongler entre ta musique et ta pratique artistique ?

Ada Lea : Si je pouvais, je ne ferais que de la musique et de la peinture toute la journée, tous les jours. C’est un tel plaisir. Il n’y a rien de comparable. Je rêve de mélanger les couleurs et de laisser mon pinceau glisser sur la toile.

Le plus difficile, c’est de jongler entre mes nombreux emplois, mes multiples casquettes. Travailler sur l’art, ça, c’est la partie facile.

PAN M 360 : À quoi peut-on s’attendre pour ton spectacle à la Sala Rossa ?

Ada Lea : Aucune idée. Je suis impatiente de jouer avec mes amis et collaborateurs de longue date, Tasy Hudson et Chris Hauer. Pour la première fois, Chrissy Lawson nous rejoindra. J’ai aussi hâte de voir Charlotte Cornfield. J’ai vécu avec elle à New York, et j’ai joué de la basse dans son groupe pendant quelques années, avant d’écrire mes propres chansons. J’ai beaucoup appris grâce à elle. Sa bassiste, Kate Palumbo, était une de mes idoles quand j’étudiais la musique au cégep.

PAN M 360 : Ressens-tu le trac avant un concert ? Et si oui, comment parviens-tu à le gérer ?

Ada Lea : Je tombe presque toujours malade avant un concert. Parfois c’est la covid, parfois une gastro, parfois la grippe ou une autre maladie. Une fois, j’ai eu une bronchite à cause d’une toux persistante, et j’ai dû passer une radiographie et prendre un inhalateur la veille d’une tournée. Ils pensaient que ma côte était cassée à force de tousser. J’ai tellement peur de tomber malade et de ne pas avoir l’énergie de jouer que j’épuise mon corps. Par exemple, j’ai de la fièvre en ce moment.

PAN M 360 : Que peut-on te souhaiter pour l’année à venir ?

Ada Lea : La tranquillité mondiale. Une bonne santé, de la nourriture, de la musique, de la peinture et de l’amour.

Dans le domaine de la musique de film, le nom d’Ennio Morricone (1928-2020) se passe de présentation.  Sensibilisé à la musique par son père trompettiste, Morricone a composé plus de 500 partitions pour le cinéma, dont plusieurs sont parmi les trames sonores les plus emblématiques de l’histoire cinématographique. Qui n’a pas déjà entendu au moins une fois le thème iconique deLe Bon, la Brute et le Truand ou encore les lignes lyriques d’Il était une fois dans l’Ouest, de Cinéma Paradiso ou de La Mission ? Il était tout à fait normal que son œuvre soit mise de l’avant dans ce nouveau volet de la série L’univers symphonique du cinémade l’Orchestre FILMharmonique dirigé par Francis Choinière. Alexandre Villemaire de PAN M 360 s’est entretenu avec lui à l’aube de cette tournée hommage qui fera escale à Québec le 9 février avant de se conclure à Toronto le 14 février.

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Nada, c’est le mur que nous frappons, c’est l’évocation du vide cauchemardesque, c’est la marde jusqu’au coup. Nada, c’est aussi chanter, peut-être tout ce qui reste lorsqu’on atteint le fond du tonneau. Nada ce peut être ainsi la table rase, l’occasion de tout recommencer. Nada est le thème porteur d’un nouvel album de We Are Wolves, qui serait semble-t-il le dernier, précédant d’autres incarnations des musiciens. Après un coup d’EP dans l’eau à cause de la pandémie, après que Vincent ait généré un membre de plus dans la famille élargie, le trio a repris du service. We Are Wolves maintient l’identité rock, aussi l’identité du power trio. We Are Wolves refuse néanmoins le statu quo de ses propositions antérieures, la crudité des années 2000. Nada , c’est également l’éclectisme et le multilinguisme assumés. La sortie de Nada chez Simone Records eut lieu le 8 novembre denier. Dans le contexte du Taverne Tour (WAW joue ce jeudi au Ministère), on vous ramène cette interview de Vincent Levesque et Alexander Ortiz, réalisée par Alain Brunet pour PAN M 360.

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On connaît Sheenah Ko depuis qu’elle fait partie du groupe The Besnard Lakes. Parallèlement à sa carrière d’instrumentiste, elle a lancé trois album solos en tant que chanteuse, parolière et compositrice, soit Nowhere In Time (2020), Future Is Now (2022) et le tout frais Transformation, lancé en septembre 2024 sur le toit du théâtre Rialto. Dans le contexte de POP Montréal, Alain Brunet avait interviewé Sheenah Ko pour en savoir davantage sur le comment et le pourquoi de Transformation, dont la matière fut jouée par Sheenah Ko et ses musicien.ne.s. Quelques mois plus tard, elle nous revient au Taverne Tour, ce jeudi au Quai des Brumes et c’est pourquoi nous vous ramenons cette interview.

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Les étals de la Boutique sont bien sûr sertis de feelings mais aussi de rap, de funk, ou due hip-hop mais aussi de trip-hop,  psychédélisme rock, prog rock et référents krautrock des plus spectaculaires, de chœurs mélodiques des plus musclés, et d’un ressenti tonitruant quant aux normes sociales et politiques qui nous régissent, aussi aux identités en mutation. S’il faut un cousinage hip-hop, on peut citer OutKast et Madlib. S’il en faut un plus indie pop-rock, on peut éviquer Kim Gordon ou Damon Albarn en mode Gorillaz. Lisez cet entretien avec son principal intéressé, soit Karim Lakhdar, mieux connu comme frontman d’Atsuko Chiba, et qui se produit ce jeudi à la Casa Del Popolo dans le cadre du Taverne Tour.

PAN M 360: Peux-tu nous causer un peu de ton évolution musicale ? Comment Boutique Feelings est-il né ?  

Karim Lakhdar: Boutique Feelings est né d’une envie d’explorer une autre partie de moi. En fait, ça fait  déjà un bon moment que j’écris de la musique en catimini, un truc que je partageais juste  avec mes proches. C’était vraiment une sorte de thérapie que je pratiquais sans pression, sans but précis. 

Un des grands tournants pour moi s’est produit quand j’ai quitté mon travail, après plus  de 10 ans. Je n’avais pas vraiment de projet, à part me concentrer sur la musique et  l’expression artistique. La seule chose qui était claire pour moi, c’était d’achever  un EP et le partager. C’était une façon de clore ce chapitre pour en commencer un nouveau. Je ne pense pas que je m’en serais sorti sans l’appui de ma conjointe qui m’a  vraiment soutenu dans cette transition.

PAN M 360: Nous te connaissons d’abord en tant que chanteur, claviériste et guitariste du  groupe Atsuko Chiba. Comment cette expérience influence-t-elle ton  travail aujourd’hui ?  

Karim Lakhdar:  Ça fait 13 ans que je joue avec Atsuko. C’est plus qu’un band, c’est ma famille. Je porte  avec moi toutes les expériences qu’on a vécues ensemble. Que ce soit la composition de  chansons, les tournées, l’amitié, nos conversations… Ça vit en moi, et je ne peux pas m’en dissocier. Je suis toujours en train d’apprendre avec eux. Donc, d’une certaine façon, c’est une partie intégrale de ce que je fais avec Boutique  Feelings. Sans le soutien de tout le monde dans le groupe, ainsi que de la famille qui  nous entoure, je ne sais pas si j’aurais fait ce pas. 

PAN M 360:  L’alliance du hip-hop, trip-hop et prog-psych se ressent dans ta musique.  Qu’est-ce qui t’attire vers ces genres ?  

Karim Lakhdar:  Honnêtement, c’est une question difficile à répondre. Mes goûts musicaux sont très éclectiques, donc les raisons qui m’attirent vers ces genres de musique sont sensiblement les mêmes que celles qui m’attirent vers le post-punk, le funk, la salsa, le rboukh, la musique  électroacoustique, etc. Ce sont toutes des façons de raconter une histoire. 

Dans mon cas, en ce moment, ce qui sort de ma tête prend la forme de ces styles  musicaux. Je ne pourrais dire que ce sera la même chose à l’avenir. Je garde  toujours la porte ouverte. La musique est une manifestation de soi, et comme on  change toujours, la réflexion change aussi.

PAN M 360: Il y a une identité visuelle au projet qui semble déjà être développée et prenante grâce à la technologie analogique. Comment cette identité se développe-t-elle à travers ta vision artistique ? 

Karim Lakhdar: Pour moi, l’identité visuelle est toujours importante. La relation entre la musique et la représentation visuelle du projet doit créer une atmosphère d’intrigue. C’est aussi  quelque chose de très personnel. Les images, comme les mots, veulent dire différentes choses pour chacun d’entre nous. Ce que je comprends en voyant une image n’est pas  nécessairement la même chose que toi. J’adore cet aspect: je ne suis pas là pour te dire quoi penser, c’est toujours une  suggestion. 

Pour la conception et la création, j’ai travaillé avec Rodrigo Sergio. J’espère continuer à  travailler avec lui et expérimenter pour développer une vision qui évolue avec le projet.  Chaque sortie mérite une approche différente, et je suis excité de voir ce que l’avenir  nous réserve ! 

PAN M 360: Comment abordes-tu le sampling et le design audio de ta musique ?  

Karim Lakhdar: Pour moi, chaque chanson de cet E.P. est un univers. Ce sont des vitrines qui invitent  (j’espère au moins)  à découvrir le monde de Boutique Feelings. Dans ce cas, l’échantillonnage  joue un grand rôle dans la création de ces univers. Souvent, ces  samples sont le point de départ d’une idée. Trois secondes peuvent influencer la  direction et le thème d’une chanson. Parfois, je crée mes propres samples, et d’autres  fois, c’est quelque chose que je trouve. 

D’un côté plus technique (ou peut-être pas tant que ça), je m’amuse à découper des  bouts d’audio et à expérimenter. Je modifie les fréquences, je les renverse, j’ajoute des  effets, etc. Parfois, j’enregistre une phrase de guitare, je la découpe et je la rejoue en  utilisant un contrôleur MIDI, ce qui la transforme complètement. Le but, c’est vraiment de créer sans destination. C’est un peu la philosophie générale du  projet. 

PAN M 360:  De ton premier single,  Sundried Autumn, se dégage une ambiance psychédélique et  atmosphérique, alors que Trynna Do met l’emphase sur le développement  personnel. Dans quel état d’esprit étais-tu pour la composition de ces deux premiers morceaux ?  

Karim Lakhdar: Ces chansons ont été créées il y a à peu près deux ans. Elles ont été écrites au début  et pendant la pandémie. Comme tout le monde, j’avais beaucoup de temps pour moi  et je me posais de nombreuses questions. 

Un thème central dans Trynna Do consistait à essayer de regarder le monde autour de moi  avec un regard plus objectif, malgré des pensées négatives. Je sais que ce n’est pas  forcément possible, mais j’essayais d’être plus empathique à l’endroit de ce que je ne  comprenais pas.

Sundried Autumn aborde le thème de la confiance en soi… puisque j’ai personnellement beaucoup de mal avec la confiance en soi. Les deux chansons ont une dimension  introspective et, honnêtement, je n’ai compris cela que lorsque je les ai retravaillées  deux ans plus tard. 

PAN M 360: Comment te sens-tu par rapport à la scène audiovisuelle Montréalaise en ce  moment ? Y a-t-il des artistes locaux que tu suis de près ?  

Karim Lakhdar: Montréal a toujours quelque chose à dire. On a des artistes excellents dans tous les genres. C’est une ville avec tellement de diversité et on tient l’expression artistique à cœur. En termes de musique, je trippe vraiment sur Zouz, Yoo Doo Right, Narcy et Suuns. 

Pour l’audiovisuel, je pense que le travail qu’Anthony Piazza fait depuis des années est  excellent. J’aime aussi beaucoup le travail de Naska Demini, il crée des portraits tellement émouvants. 

PAN M 360: Qu’en est-il pour la suite de Boutique Feelings ? Y a-t-il des projets  excitants à venir que tu peux partager ?  

Karim Lakhdar: Je travaille actuellement sur un album. C’est tout ce que je peux dire pour le moment. Mais je suis excité de poursuivre cette aventure! 

PAN M 360:  Si le public devait retenir un message ou une émotion de ta musique, que  voudrais-tu que ce soit ? Karim Lakhdar:  Je souhaite qu’ils retiennent cette idée d’espoir. Je pense qu’on vit tous des moments  difficiles et c’est important qu’on se réunisse plutôt qu’on se démolisse. Je crois vraiment en l’esprit de communauté. Supportez vos proches, votre famille, votre communauté locale et globale.

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Avant son spectacle en tête d’affiche du Taverne Tour, nous avons rapidement parlé à Gus Englehorn de son dernier album complet, The Hornbook. S’appuyant sur les récits fantasques de rock garage que l’on trouve dans les albums Dungeon Master et Death & Transfiguration, les histoires de The Hornbook sont peuplées de chevaliers, de fantômes, d’amoureux délaissés et d’autres gobelins farfelus, tous issus de l’imagination enfantine de Gus. Avec Estée Preda, compositrice, batteure, artiste visuelle, compagne de route et partenaire de vie, Gus a également publié un trésor de vidéos musicales bricolées pour suivre The Hornbook. Retrouvez ces histoires en live à l’Escogriffe le 6 février à 19h avec Gus Englehorn soutenu par Motherhood et Gondola.

D’ici là, lisez notre entretien avec Gus ci-dessous.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui a inspiré ces histoires dans The Hornbook ?

Gus Englehorn : Beaucoup de choses ! Mon père s’appelle Roderick, mon frère a fait l’objet d’un article dans le NYT pour avoir détecté des métaux, ma mère n’a qu’un œil et porte un cache-œil (je plaisante). Ce n’est que les chansons sont achevées à 80 % que je commence à percevoir les indices sur leur signification. Cette signification est toujours attribuée par la suite.

PAN M 360 : Vos chansons portent toujours les récits de personnages farfelus et fantasques comme One Eyed Jack, Roderick of the Vale, et Sweet Marie. Croyez-vous alors qu’il est plus facile d’écrire en ayant un personnage visuel à l’esprit ?

Gus Englehorn : Je n’aborde jamais les choses directement. En général, je joue le riff principal de la chanson, et avant même de m’en rendre compte, des mots sortent de ma bouche. Au début, ce ne sont que des sons. Puis, après quelques centaines d’heures, les sons deviennent des mots et les mots se transforment en histoires.

PAN M 360 : Et Sweet Marie est inspiré d’un tableau ?

Gus Englehorn : Deux chansons de l’album sont inspirées par des peintures. Sweet Marie et The Whirlwind’s Speaking. Sweet Marie a été inspiré par une peinture que j’ai trouvée dans une grange. Je l’ai accrochée dans mon appartement et je l’ai regardée en m’asseyant sur le canapé et en jouant de la guitare. Finalement, un meurtre mystérieux a émergé du brouillard.

PAN M 360 : Pourquoi avez-vous appelé l’album The Hornbook ?

Gus Englehorn : Je l’ai considéré comme mes Fables de La Fontaine. Je me suis dit : si je devais un jour écrire un livre pour enfants, comment l’appellerais-je ? Et j’ai pensé que The Hornbook sonnait bien. Le hornbook était un outil éducatif destiné aux enfants de l’époque médiévale, tablette qu’ils utilisaient pour se casser la tête les uns les autres dans les cours de récréation. Ils avaient la forme d’une pagaie en bois et portaient généralement l’alphabet, des chiffres et un court verset de la Bible.

PAN M 360 : Avez-vous plongé dans de vieilles chansons folkloriques médiévales en écrivant cette chanson ?

Gus Englehorn : Je me suis plongé dans Scarborough Fair, un poème médiéval et de la musique française médiévale tout en conduisant à travers la campagne française et en regardant les châteaux et les verts pâturages.

PAN M 360 : Vous avez un côté très visuel dans votre musique, avec des clips à petit budget. Pouvez-vous nous parler du processus de réalisation de ces vidéos ? Peut-être plus particulièrement la plus récente, The Itch.

Gus Englehorn : Tout a commencé lorsque j’ai lu The Barebones Camera Guide, un livre extraordinaire publié pour la première fois dans les années 80, qui contient de nombreuses informations sur le scénario, le tournage de séquences et le travail sur pellicule. J’ai ensuite lu un autre livre intitulé Lighting For Film. Et nous avons commencé à travailler. Je commence par un grand remue-méninges avec Estée. Ensuite, nous concevons un scénario aussi détaillé que possible et, au moment du tournage, nous nous en tenons la plupart du temps à ce scénario. C’est vraiment une expérience passionnante que de prendre une guitare et de commencer à jouer avec, puis de faire émerger une chanson des profondeurs de soi et de lui donner une forme visuelle. Heureusement, dans mon cas, mes chansons fonctionnent plutôt bien comme de petits scripts.

PAN M 360 : Gus Englehorn, c’est vous, mais s’agit-il aussi d’un personnage sur scène ?

Gus Englehorn : Je pense qu’au fond, c’est juste un peu de moi, mais cela ne veut pas dire que je ne modifie pas les choses pour faire passer l’histoire. Je suis simplement excité à l’idée d’essayer de nouvelles choses et j’aime le sentiment que l’art vous procure, un peu comme si vous attendiez dans un océan de possibilités, de différentes façons de chanter, de jouer, de s’habiller, de bouger, de filmer et cela continue jusqu’à l’infini.

PAN M 360 : Pouvez-vous nous parler de votre processus parolier ? Je trouve toujours que vos chansons sont très faciles à chanter en raison de la nature de leurs rimes. Un peu comme un livre pour enfants ?

Gus Englehorn : Comme Jay-Z, je n’écris plus de paroles. Je les invente en jouant de la guitare. Mais les paroles sont certainement la partie du processus que je préfère. Je n’ai pas toujours l’impression de les contrôler, elles émergent en quelque sorte des ténèbres de mon subconscient et, en général, je ne suis pas satisfait tant qu’elles ne racontent pas une histoire facile à suivre tout en conservant un élément de mystère qui laisse une part à l’interprétation.

PAN M 360 : Comment mesurez-vous votre succès en tant qu’artiste indépendant ?


Gus Englehorn :
J’essaie encore d’y voir clair. Mais j’ai observé que, plus je me concentre sur l’art et ses innombrables dimensions, plus j’en suis profondément amoureux et moins le succès commercial semble avoir d’importance.

PAN M 360 : A quoi peut-on s’attendre pour le spectacle du Taverne Tour ?

Gus Englehorn : L’inattendu. Je plaisante, c’est juste un demi-groupe rouillé qui prend du bon temps à jouer.

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Mine de rien, cela fait déjà près de dix ans que les rappeurs et chanteurs de LaF roulent leur bosse sur la scène montréalaise.

Unique en son genre, le collectif rap s’est toujours démarqué avec un son à la fois complexe et accessible, navigant à travers le boom bap, la pop et le jazz. À chaque sortie, les trois MCs Bkay, Jamaz et Mantisse ont su se renouveler et leur nouvel EP Soin Entreprise (Vol.2), paru vendredi dernier, en est la énième preuve.

Via Disques 7ième Ciel, ils y proposent six nouveaux morceaux, tous concoctés avec soin par Bnjmn.lloyd, compositeur et réalisateur du groupe. En comparaison en leur dernier album CHROME, LaF se montre sous un jour plus décontracté et lumineux.

Sur June, le côté mélodieux du collectif est mis de l’avant grâce à l’excellent refrain de Mantisse, alors que les textes et rimes des MCs brillent sur W, un titre plus old school en lever de rideau. L’amitié et le sentiment de communauté sont deux thèmes centraux de l’EP; la famille est au cœur de Soin Entreprise (Vol. 2)

Pour l’occasion, Pan M 360 s’est entretenu avec Justin Boisclair (Bkay) et Thomas Thivierge-Gauthier (Mantisse) afin de jaser du processus créatif derrière le projet, les ambitions futures de LaF, les 10 ans à venir du collectif et bien plus!

Du 21 février au 9 mai, LaF produira son nouvel EP sur scène partout au Québec dans la cadre de leur tournée. Billets disponibles ici.

Autrice, compositrice, interprète, la Française Laura Cahen a lancé fin janvier un troisième album : De l’autre côté, coréalisé avec Mike Lindsay (Tunng, LUMP avec Laura Marling) et Josephine Stephenson (Damon Alban, Arctic Monkeys). Davantage inspirée par les cultures britannique et américaine que la française sans aucunement la renier, Laura Cahen propose 10 chansons. Dans un monde qui régresse et s’embrase, l’amour, le désir et l’identité sexuelle inspirent la fuite, la quête d’un lieu sûr et propice à l’harmonie entre les êtres différents des normes conservatrices redevenues prééminentes.  « J’imagine un monde pas très loin du nôtre, qui brûlerait de toutes parts, où les bombes ne cesseraient de tomber, la crise écologique battrait son plein, et les gouvernements seraient de plus en plus conservateurs et radicaux. Deux femmes y tomberaient éperdument amoureuses et devraient quitter la ville pour trouver un endroit meilleur dans lequel leur amour aurait une chance d’exister. » Alors? Une conversation s’impose, car De l’autre côté est un album substantiel où la poésie l’emporte sur le pamphlet, où l’art et le ressenti ont le dernier mot. Pour PAN M 360, Alain Brunet a joint virtuellement Laura Cahen en France.

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