Vous l’avez peut-être découvert durant sa participation au projet Kalmunity Vibe Collective, il y a plusieurs années. Fabrice Koffy n’a pas cessé de slamer depuis lors, avec son fidèle guitariste Guillaume Soucy, qui l’accompagne depuis ses débuts. Mais pour la 39ème édition du Festival internationa Nuits d’Afrique, il sera en mode full band, avec saxophone, clarinette, batterie, guitare et contrebasse. Notre collaboratrice Keithy Antoine s’est entretenue avec le poète-slameur à quelques jours de sa performance au Club Balattou le lundi 14 juillet.

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Du 1er au 3 août, se déploie le Festival d’échanges interculturels latino-américain. D’abord une répétition publique au Conservatoire de musique de Montréal le vendredi 1er août. Cette répétition sera suivie le lendemain samedi d’un concert présenté dans la salle de la ferme Cadet-Roussel de Mont-Saint-Grégoire. Ce concert s’inspirera de programmes déjà présenté par Tambuco et relus dans un contexte d’échanges interculturels. On y savourera entre autres la musique de la compositrice mexicaine Gabriela Ortiz, le plateau de musiciens réunit le quatuor à cordes Parcival Project sous la direction d’Emmanuel Vukovich, le renommé quatuor mexicain de percussions Tambuco, sans compter le maître percussionniste montréalais Aldo Mazza (KoSA Music). Pour crémer le tout, la journée de dimanche sera festive à la ferme Cadet-Roussel, on y accueillera une centaine de travailleurs agricoles mexicains venus à la rencontre du public québécois lié de près ou de loin à cette ferme visionnaire. L’objet, aurez-vous deviné, est de construire des ponts entre les cultures québécoise et latino-américaines, mais aussi entre cultures musicales et agriculture. Holistique, dites-vous ?Pour en savoir plus long, Alain Brunet s’adresse à un plateau d’acteurs de cet événement singuliers: Anne Roussel, copropriétaire de la ferme Cadet-Roussel et représentant l’équipe de la ferme, Emmanuel Vukovich, violoniste à la barre du Parcival Project, Ricardo Gallardo de Tambuco, Aldo Mazza de KoSA Music.

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Mateus Vidal a fait partie pendant presque 30 ans du célèbre groupe brésilien de samba-reggae Olodum. Aujourd’hui, il s’est établi à Montréal et a démarré un nouveau projet, le Axé Experience, du nom d’un style de musique afro-brésilien né à Salvador de Bahia, d’où est originaire Mateus Vidal. Le nouveau Québéco-Brésilien a raconté son parcours historique et sa nouvelle vie montréalaise à notre collaborateur Michel Labrecque. Il nous parle aussi de son concert festif, présenté à Nuits D’Afrique le 17 juillet à 17h sur la Scène Loto-Québec.

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Faisant partie des ensembles vocaux les plus en demande au monde avec plus d’une 90 concerts par années, récipiendaire de deux prix Grammy, l’ensemble vocal Chanticleer propose, pour sa première visite au Festival de Lanaudière, un survol de la tradition chorale déployée sur cinq siècles, de la Renaissance à nos jours. Avec des œuvres de compositeur et compositrices variés allant de Guillaume de Machaut en passant par Roland de Lassus, Jean Sibelius et Pete Seeger, les chanteurs de l’ensemble a cappella de 12 voix dresseront le 13 juillet à l’Amphithéâtre Fernand-Lindsay un panorama de la polyphonie vocale.

Pour en discuter, Alexandre Villemaire de PAN M 360 s’est entretenu avec Tim Keeler, directeur musical de l’ensemble et maître d’œuvre de ce programme que les chanteurs de l’ensemble interpréteront de manière autonome.

Cette entrevue a été réalisée en anglais

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Les 13,14 et 15 juillet, le groupe montréalais latino Less Toches, gagnant du concours Sily d’Or de 2024, donnera trois concerts de factures différentes, avec des invités spéciaux différents, à 23h au Club Balattou. Michel Labrecque en a discuté avec Daniel Rodriguez, un des membres de ce quintette colombien-mexicain-argentin qui fait résonner la cumbia sous différentes formes.

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Les partys de cuisine constituent une tradition en soi chez les Québécois de toutes souches. Eli Levison, alias DJ Oonga que l’on connaît aussi pour la coordination de la direction artistique de l’événement Mundial Montréal, a professionnalisé les partys de cuisine de son propre appartement jouxtant le parc Jeanne-Mance, mémorables fêtes privées qui se sont transformés progressivement en Sauce Piquante Sound System.

Sous l’impulstion de DJ Oonga, ce plateau d’artistes à géométrie variable se déploie ce samedi au Ministère, soit de 22h jusqu’à 3h du matin dominical. Toute une fête en perspective !

Toutes les épices de Sauce Piquante Sound System se trouvent dans cette cuisine globale ! On y cuisine ska, rumba, calypso, funk, hip-hop et même punk. DJ Oonga sera entouré des chanteurs et rappeurs KC et Gioco, sans compter les instrumentistes, guitaristes, percussionnistes et autres voix motivées. Et ça se passe en français, en espagnol, en anglais et en portugais… Babel Montréal ne s’est jamais si bien portée!

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L’ensemble montréalais novateur Collectif9 sera au Festival de Lanaudière le 12 juillet pour un concert basé sur le principe du folklore. Bien sûr, connaissant cet orchestre à cordes qui ne fait rien comme les autres, on peut déjà s’attendre à des visions loufoques, surprenantes et peut-être même iconoclastes des clichés et stéréotypes qu’il impose. Le groove, le beat, le rythme, risquent aussi d’être de la partie, de manière audacieuse bien sûr, car Collectif9 est un groupe de musique savante, certes, mais de son temps. Au programme : Nicole Lizée, brillante créatrice d’univers éclectiques allant du grand art à la culture pop. Et aussi : John Zorn, l’inclassable, Vijay Iyer, un génie du jazz contemporain, et bien d’autres. Pour en savoir plus, lisez notre entretien avec Andrea Stewart et Thibaut Bertin-Maghit de Collectif9.

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Secret bien gardé? Daby Touré est devenu Montréalais il y a quelques années et y amorce aujourd’hui un nouveau cycle de sa vie publique. Auteur, compositeur et interprète atypique de l’Afrique car il y intègre tout plein d’éléments de folk, rock ou pop de création à l’occidentale, l’artiste avait connu un départ canon lorsque repéré par Peter Gabriel et pris en charge sous son étiquette Real World pour ainsi tourner avec le célébrissime artiste britannique.

Deux décennies plus tard, le parcours de Daby Touré fut un peu plus confidentiel qu’annoncé. De sa Mauritanie natale et du Sénégal dont sa célèbre famille paternelle est issue (père et oncles du fameux groupe Touré Kunda), Daby Touré n’a cessé de transhumer sur cette Terre et ainsi devenir un authentique citoyen du monde. Après l’Afrique de l’Ouest où il retourne régulièrement, il a vécu à Paris pour ensuite s’établir à Montréal. On lui doit les albums Diam (2004), Stereo Spirit (2007), Lang(u)age (2012), Amonafi (2015).

Daby Touré n’a pas enregistré d’album depuis 10 ans mais affirme avoir tout plein de chansons neuves dans sa besace. Il reprend du service en ce 11 juillet aux Nuits d’Afrique qui lui ont réservé le Théâtre Fairmount pour son retour professionnel. Semble-t-il qu’il a complètement réarrangé ses classiques et nous offrira quelques inédites de son nouveau répertoire. Avant quoi il raconte à Alain Brunet les tenants et aboutissants de son nouveau cycle montréalais qui le mènera possiblement sur les scènes du monde.

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Las Karamba est un groupe féminin de Barcelone, formé majoritairement d’immigrantes d’Amérique Latine.

Deux Vénézuéliennes, deux Cubaines, une Argentine et une Catalane. Après deux albums, Las Karamba sera aux Nuits d’Afrique pour la première fois le 20 juillet, à la Scène TD du Quartier des Spectacles, à 20h15. C’est gratuit. Michel Labrecque s’est entretenu, en espagnol, avec deux membres de ce groupe festif et militant à la fois. Natacha Arizu, Argentine et claviériste et Ayvin Bruno Vénézuélienne et chanteuse, répondent à ses questions.

PANM360 : Racontez moi la genèse de ce groupe féminin, comment Las Karamba s’est-il formé ?

Ayvin Bruno : Je peux dire que je suis l’initiatrice, nous étions en 2018. À Barcelone, il y a toute une scène musicale ouverte, qui permet des jam sessions, où beaucoup de gens issus de nombreux pays peuvent se rencontrer. C’est dans ce contexte que nous avons formé ce groupe féminin, pour raconter nos histoires de migration, de l’Amérique latine à l’Europe. Nous nous sommes rapidement rendu compte que nous vivions beaucoup de choses en commun même si nous venions de pays différents. En 2021, Camino Asi, notre premier disque est paru et en 2024, notre second, Te lo Digo Cantando, sera en grande partie ce que nous allons vous présenter à Montréal.

PANM360 : Il me semble que le dénominateur musical entre vous six, c’est l’amour pour la musique cubaine : salsa, rumba, son, etc. Je me trompe ?

Natacha Arizu : Non, bien que je sois Argentine, j’ai grandi en écoutant beaucoup de musique cubaine et c’est pareil pour les autres. Le groupe compte aussi deux musiciennes cubaines. C’est donc notre base musicale, mais, après, chacune apporte un peu la couleur de son pays et son expérience personnelle.

Ayvin Bruno : Mais nous avons toutes cette affinité avec le son cubain. C’est une musique dansante, qui est reconnue au niveau international. Et ça nous unit.
PANM360 : C’est une musique dansante, mais vous voulez aussi faire réfléchir. Qu’est-ce que vous voulez raconter dans vos chansons ?

Ayvin Bruno : Vous savez, dans l’ensemble, la musique latine est écrite dans une perspective masculine, voire patriarcale. Parce que la grande majorité des compositeurs étaient des hommes. Nos chansons racontent notre version de l’histoire. Ça raconte nos luttes, notre quotidien, notre vie de mère, nos anxiétés, aussi la perspective de nos mères ou de nos ancêtres. Je crois que c’est une nécessité sociale de faire cela.

Également, nous avons écrit une chanson en catalan, puisque nous habitons Barcelone et que c’est la langue de la majorité. Mais, à part une Catalane qui est avec nous, nous racontons notre perspective de migrantes, venues ici pour apprivoiser une nouvelle société et lui offrir le meilleur de nous. Et maintenant, nous avons la possibilité de raconter nos histoires à l’échelle internationale en tournant à l’étranger.

PANM360 : Vous êtes Latino-Américaines, pourquoi avez-vous choisi d’immigrer en Espagne plutôt qu’aux États-Unis, comme le font tellement de gens ?

Natacha Arizu : Pour ma part, j’étais attirée par les similarités culturelles, la langue commune. Pour moi, les États-Unis ne représentaient pas forcément un idéal. L’Argentine est largement peuplée d’immigrants européens. Et ce qui se passe aux États-Unis en ce moment renforce mon choix.

Ayvin Bruno : De mon côté, j’ai un passeport italien depuis l’âge de 9 ans, grâce à ma grand-mère. C’était beaucoup plus facile de venir en Europe. C’est pourquoi ma sœur, qui fait aussi partie de Las Karamba et moi sommes ici depuis bientôt 20 ans. J’ai beaucoup d’amis vénézuéliens qui vivent aux États-Unis et leur situation se complique beaucoup actuellement avec la nouvelle administration. Je suis très contente de mon choix.

PANM360 : Et en ce moment, l’économie espagnole va plutôt bien et le pays semble très content d’accueillir des immigrants de langue et de culture commune. Revenons à la musique: qu’allez vous nous présenter à Montréal ?

Natacha Arizu : Ce seront à 100% des compositions originales. Vous allez pouvoir danser tout en réfléchissant. C’est un mélange de choses. 

Ayvin Bruno : Vous allez aussi ressentir notre complicité, notre solidarité, que nous vivons à fond puisque nous sommes constamment ensembles dans le cadre de cette tournée. Notre première en Amérique du Nord. 

PANM360 : A très vite à Montréal, sur la Scène TD, le 20 juillet !

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Il s’agira d’une première montréalaise et canadienne pour Blaiz Fayah, cet artiste viendra nous faire vibrer sur le shatta, le dancehall martiniquais, mais également le reggae et ses autres dérivés. Pour l’occasion, il viendra accompagné de ses deux danseuses et de ses musiciens pour une soirée festive puisqu’il compte bien mettre le feu. Avec la sortie de son album Shatta Ting cette année, sa notoriété n’est plus à prouver, surtout en Amérique latine, mais c’est au tour du Canada de découvrir cet homme qui enchaine les succès. Notre journaliste Sandra Gasana l’a rejoint à Paris en visioconférence pour PANM360.

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De retour au Festival de Lanaudière pour une première fois depuis 2019, l’illustre violoniste Christian Tetzlaff s’attaque à l’un des sommets de la littérature pour violon seul : l’intégrale des Sonates et Partitas pour violon seul de JS Bach, BWV 1001-1006. Il faut reconnaître que cette prestation offerte par ce fantastique violoniste allemand est en soi un défi physique et intellectuel que peu de solistes de concert acceptent de relever.

Nous avons donc hâte d’assister à ce rendez-vous avec Bach et Christian Tetzlaff dans l’intimité d’une des plus belles églises de Lanaudière, dans le charmant village de Saint-Alphonse-de-Rodriguez, soit ce jeudi 10 juillet, 19h30.

À quelques minutes d’un vol de l’Allemagne vers le Québec, Alain Brunet a pu joindre le célèbre violoniste et discuter de l’interprétation de Bach.

PAN M 360 : Christian Tetzlaff, vous allez vous produire dans une église située dans le très joli village de Saint-Alphonse-de-Rodriguez dans la région de Lanaudière. Vous jouerez ce que vous avez enregistré en 2017 pour Ondine, l’intégrale des sonates et partitas pour violon de JS Bach. Bien sûr, vous avez joué ces pièces de nombreuses fois avant et après cet enregistrement sous étiquette Ondine. Long voyage !

Christian Tetzlaff : Oui. J’ai joué ces pièces pendant plus de 40 ans et je les ai jouées comme un cycle complet pendant 20 ans. C’est la chose la plus belle et la plus gratifiante parce que Bach a une histoire continue dans les six pièces, un voyage dans les ténèbres profondes dans la Partita en chaconne en ré mineur, puis une sorte de sentiment de résurrection dans les pièces en do majeur et en mi majeur, et pour suivre toute cette pensée, c’est comme une gigantesque symphonie de Bruckner qui passe par toutes sortes d’émotions et de sentiments physiques qu’un être humain peut avoir. C’est donc très gratifiant. Oui, mais lorsque vous jouez l’intégralité des Sonates et des Partitas de Bach, comme vous le dites, c’est un long voyage.

PAN M 360 : Il s’agit probablement d’un processus continu en tant qu’interprète de JS Bach, au cours de votre propre vie.

Christian Tetzlaff : Oui, c’est un compagnon fidèle, je dois le dire.

PAN M 360 : Et comment voyez-vous l’évolution de votre jeu à travers ces morceaux ?

Christian Tetzlaff: Eh bien, comme pour la plupart des choses, je pense que plus on vieillit, plus on devient simple et direct si on se laisse aller à l’émotion. Je pense donc que ce que je joue maintenant est plus direct, plus facile à suivre pour le public et plus ouvertement émotionnel, en sachant de quoi parle le compositeur et en essayant de trouver des sons qui le transmettent joliment. Et tout, oui, est naïf et facile, les morceaux dansants sont plus dansants et les morceaux sombres sont plus sombres. C’est mon sentiment sur l’évolution de la musique au fil des décennies.

PAN M 360 : Comment peut-on cerner les éléments de la personnalité du violoniste lorsqu’il joue ces morceaux immortels ? Dans votre cas, identifiez-vous parfois certains éléments de votre personnalité ?

Christian Tetzlaff : J’espère le moins possible. Je crois plutôt que l’idée de l’interprète est de s’immerger dans Bach et sa musique et de la laisser passer à travers lui jusqu’au public. Et plus vous entendez, oh, il fait ceci, il fait cela, et il utilise le vibrato ici et pas là, moins c’est bon. en ce sens, je dois être autant à l’écoute de Bach que le public. C’est mon idéal.

PAN M 360 : Le concept d’interprétation de ces partitas et sonates a également changé au fil des ans.

Christian Tetzlaff : Et certainement pas cette idée que l’on fait quelque chose qui parle ou qui est différent des autres. Aujourd’hui, nous sommes à une époque où nous avons accumulé pendant des décennies des connaissances sur la manière dont les œuvres étaient interprétées, sur ce qu’elles signifiaient à l’époque et sur la façon dont l’ère baroque est perçue. Nous avons intégré tout cela à l’intérieur du système. Vous savez, lorsque j’ai commencé à jouer ces pièces, on ne pouvait pas les écouter correctement parce qu’il n’était question que de violon, d’accords majestueux et de jeu impeccable.

Aujourd’hui, il s’agit de faire de la musique, de danser et de chanter. Il s’agit donc d’un processus magnifique que j’ai vécu au cours de ma propre vie, depuis les années 70. Et il est bon de voir que nous sommes dans la meilleure période, car nous pouvons être libres avec le répertoire, mais sur la base de sa musicalité.

Si vous écoutez les cantates de Bach, vous verrez que pour chaque texte, pour chaque cantate, il utilise des instruments complètement différents, des styles de composition complètement différents, et cette liberté d’expression d’être toujours excessif et d’aller jusqu’à dire quelque chose, c’est quelque chose que nous pouvons transférer aujourd’hui au violon.

PAN M 360 : Depuis l’époque baroque où Bach a composé pour violon seul, comment peut-on voir l’évolution de l’interprétation de ces pièces à travers les périodes, les époques ?

Christian Tetzlaff : C’est assez atroce de voir ce qui a été fait pendant un moment, parce que le violon a été tellement axé sur la superstar et sur la capacité technique et le plus grand son et les données les plus larges, que lorsque vous écoutez les premiers enregistrements que nous avons, ou peut-être pas les premiers jours, il y a quelque chose de bon, mais à partir des années 50, 60 et 70, la musique derrière est méconnaissable pour moi, parce qu’il s’agit de maîtriser des techniques d’archet bizarres, de jouer ces accords, ces quatre accords divisés en deux et et ainsi de suite.

Il avait une telle distance par rapport à ce dont parle cette musique, qui peut aussi être sauvage et peut aussi parfois ne pas être belle, mais profonde et sombre ou joyeuse, que l’idée de maîtriser le violon est complètement à l’opposé de tout cela. Ainsi, lorsque ces pièces ont été interprétées dans les années 50, 60 ou 70, tout ce que j’ai pu entendre est très difficile, parce que tout est si compliqué, et donc essayer de trouver des solutions violonistiques pour quelque chose qui est en fait le contexte, la danse de l’époque.

PAN M 360 : Si je comprends bien, au fil des années et des décennies, les personnes qui maîtrisent ces pièces se sont débarassés des excès techniques pour se rapprocher de l’esprit originel de leur compositeur. C’est ce que vous voulez dire ?

Christian Tetzlaff : Oui, mais originel est un mot difficile à prononcer dans ce contexte, parce qu’on ne sait pas exactement comment Bach faisait jouer ces pièces aux interprètes. Aujourd’hui, on sait beaucoup de choses qui n’existaient pas, et beaucoup pensent que c’est tellement, rétrospectivement, tellement drôle et pas très intelligent de s’en occuper, ce qui rend les choses très difficiles, ces fugues, alors que c’est tellement facile, parce qu’il devait les écrire d’une certaine manière, mais la notation est juste la plus facile, et on joue toujours la ligne mélodique un peu plus longtemps, mais ce que les violonistes ont toujours essayé, c’est de jouer tous les accords complets ou de les briser en deux et deux, ce qui, dans une pièce qui parle toujours de quatre voix indépendantes, la rend inintelligible.

On ne peut pas comprendre la simplicité et la beauté de l’écriture quand le violoniste fait des choses aussi compliquées, et puis avec un vibrato constant, on n’a plus la possibilité de dire :  » Je veux mettre en valeur cette note et je mets un beau vibrato dessus « . Il fut un temps où l’on considérait la musique comme mathématique et carrée, alors qu’il n’y a pas de musique plus vivante, plus humaine, plus parlante que celle de Bach. Il permet une telle liberté d’intégrer les pièces et de les rendre faciles à suivre Tout cela n’existait plus lorsque les musiciens ont commencé à s’en emparer au XXe siècle. Nous vivons donc une époque glorieuse à cet égard.

PAN M 36 : Bie sûr, nous ne nous attendons pas à ce qu’il y ait une reconstitution de l’époque de la conception de ces oeuvres.

Christian Tetzlaff : Par exemple je joue sur un violon moderne, donc le son ne correspond pas, mais ce qu’il veut exprimer, ce qu’il veut exprimer, je pense, est informé de la façon dont il était joué et dont ses cantates étaient jouées. Bach n’est pas tout d’un coup un compositeur différent pour le violon solo lorsqu’on le joue avec un instrument moderne. C’est la même musique, la même grande musique expressive, et nous trouvons maintenant des moyens de la faire vivre d’une manière différente.

PAN M 360: Vous arrive-t-il de la jouer sur un instrument baroque ?

Christian Tetzlaff: Je l’ai fait un peu, mais je trouve que ce qui est fascinant avec Bach, c’est qu’on peut entendre une fugue pour piano jouée par un quatuor de saxophones, et cela sonne tout à fait merveilleusement bien s’ils phrasent et comprennent la musique, et c’est très émouvant.

La musique de Bach se situe au-delà de l’instrumentarium, mais cela signifie toujours que vous devez avoir l’information sur la façon dont elle a été jouée afin d’en tirer le meilleur parti.

PAN M 360 : Je suppose que jouer tous ces morceaux dans le même programme doit également être un grand défi sur le plan physique.

Christian Tetzlaff : Oui, c’est vrai. Mais il y a aussi deux aspects à cela. D’habitude, j’entre dans une sorte de transe si je joue un certain temps et que je communique avec le public, et tout à coup, ces douleurs ou ces défis disparaissent d’une manière merveilleuse.

PAN M 360 : Une sorte d’adrénaline de communion, qui éradique la douleur.

Christian Tetzlaff : Oui !

BILLETS ET INFOS ICI

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Happening gastronomique à l’origine, ce festival annuel de 4 jours présente depuis 2015 une programmation musicale complète, répartie sur deux scènes extérieures sur le Quai de l’Horloge dans le Vieux-Port. Du jeudi 10 au dimanche 13 juillet, le festival Un Goût des Caraïbes y réunit les artisans et artistes de la diaspora caribéenne, c’est-à-dire issus de toutes les îles et de tous ses groupes linguistiques (anglo, franco, latino) transplantés dans la grande région de Montréal. On y met l’accent sur la culture caribéenne dans son ensemble mais avec un fort volet musical essentiellement constitué d’artistes locaux, très souvent en formule DJ assorti de quelques musiciens ou chanteurs lorsque l’occasion s’y prête. On y vise l’inclusion et les liens intergénérationnels, on y attire les résidants des communautés caribéennes de la ville mais aussi (sinon davantage) tous les résidants de MTL, sans compter les touristes venus se balader dans le Vieux-Port. Voilà qui attire l’attention de PAN M 360, qui vous propose cette conversation vidéo entre Alain Brunet et Cezar Brumeanu, directeur artistique et producteur exécutif du festival Un goût des Caraïbes.

Pour accéder à la programmation du festival Un Goût des Caraïbes, c’est ici!

Cette interview consacrée à la programmation du festival Un Goût des Caraïbes et s’inscrit également dans le cadre d’un partenariat de contenus PAN M 360 avec La Vitrine, soit le plus important site web consacré quotidiennement aux sorties culturelles à travers le Québec.

Pour accéder au référencement du festival Un Goût des Caraïbes sur le site de La Vitrine, c’est ici !

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