Rien ne prédestinait la Montréalaise d’origine marocaine à s’installer à Dakar, au Sénégal. Mais la vie a fait en sorte qu’elle s’y installe d’abord pour un stage professionnalisant avant de bifurquer vers l’art et d’être parmi les fondateurs de ce grand rendez-vous musical du continent. Bien plus que des concerts, ce festival est un mouvement. Il rassemble de jeunes artistes provenant de toutes les régions du pays, des masterclass animés par des professionnels venant d’Afrique du Sud, des sessions Unplugged ou encore la Women Art Academy, dédiée entièrement aux femmes. Notre journaliste Sandra Gasana était sur place pour PAN M 360.

Crédit photo et vidéographie: Cheikh Oumar Diallo

L’oeuvre de feu Jean-Pierre Ferland, toutes périodes confondues, est interprété ce week-end, par le baryton Marc-Antoine d’Aragon dans une mise en scène de Judith Pelletier. Le chanteur et directeur artistique sera accompagné par 9 musiciens qui exploreront son œuvre, et pas les moindres: le claviériste Alain Leblanc, directeur musical des 30 dernières années de Ferland, l’excellente chanteuse Lynn Jodoin, qui fut choriste de Ferland pendant 20 ans, sans compter Elza d’Aragon, Francis Tétu, Antoine Rochefort, Nadia Monczak, Bojana Milinov, Annie Gadbois et Justine Fournier.​​​ Les réorchestrations d’Alain Leblanc comptent des chefs-d’œuvre oubliés, des classiques des albums Jaune et Soleil, le tout décliné en pot-pourri ou en chansons entières dont les incontournables Je reviens chez nous, Un peu plus loin et Une chance qu’on s’a.

Les représentations ont lieu ce samedi soir à Otterburn Park et dimanche après-midi à la Cinquième Salle de la PdA.

Marc-Antoine explique ici les fondements de ce spectacle hommage.

PAN M 360: Comment en es-tu venu à vouloir chanter le répertoire de JP Ferland, mort il y a exactement un an?

Marc-Antoine d’Aragon : J’écoute la musique de Ferland depuis l’enfance, alors que ma mère écoutait sa musique à tue-tête dans le salon et m’a emmené avec elle le voir en spectacle quelques fois. Quand j’ai commencé à jouer avec mon groupe Bohème il y a 8 ans, c’était une évidence que d’y inclure du Ferland. On faisait à tous nos spectacles les célèbres Une chance qu’on s’a et Un peu plus loin et on commençait à discuter de faire un spectacle complet qui lui serait dédié. Lorsqu’il est décédé l’an passé, ça a propulsé le projet, mais j’avais envie de faire ça avec plus de musiciens. J’ai tout de suite contacté mon amie Lynn Jodoin pour lui proposer de monter ça avec moi et c’était évident qu’on voulait travailler avec Alain Leblanc à la direction musicale, lui qui a été au côté de Ferland pendant plus de 25 ans..

PAN M 360 : Comment as-tu choisi le répertoire? Quelles périodes de Ferland as-tu choisies pour ce récital?

Marc-Antoine d’Aragon : J’adore les années 60 ! Il s’inspirait beaucoup de la tradition des grandes chansons de Brel, Piaf, Aznavour, où l’artiste était accompagné d’un orchestre. On a donc décidé de consacrer la première partie du spectacle à cette période là en revisitant plusieurs succès oubliés. Initialement, le spectacle durait plus de 4h ! On a dû couper plein de belles mélodies et de faire quelques Medley pour avoir une longueur de spectacle décente. En deuxième partie, on a décidé de consacrer 45 minutes aux trois albums emblématiques qui se sont succédés en de 1970 à 1974 : Jaune, Soleil, Les vierges du Québec. Qu’on fera en 3 medley successifs. Et ça allait de soi de refaire quelques pièces de l’album qui l’a relancé en 1995 : Écoute pas ça.

C’est sans conteste un chef d’oeuvre, qui a été mis en musique en bonne partie par Alain Leblanc qui a recréé tous les arrangements pour le spectacle.

PAN M 360 : JP a eu au moins trois grands cycles de création : la période chansonnier / chanson française, la période pop psychédélique (Jaune, Soleil, Les Vierges du Québec) et le folk-pop avec Écoute pas ça, L’amour c’est d’l’ouvrage), etc. Quel son cherches-tu là-dedans?

Marc-Antoine d’Aragon : On est souvent retourné à la base de ces albums pour retrouver le son qui en fait la renommée, tout en cherchant à actualiser certains titres à notre façon. D’ailleurs, Lynn et moi chantons en duo plusieurs titres, donc d’emblée ça procure une nouvelle couleur aux pièces.

PAN M 360 : Tu es allé aux sources de son accompagnement puisque tu travailles avec Alain Leblanc et Lynn Jodoin, piliers du groupe de Ferland pendant le dernier cycle de sa vie profession- nelle. Comment as-tu tissé des liens avec ces artistes, au point de les convaincre de t’accompagner?

Marc-Antoine d’Aragon :Je connais Lynn depuis quelques années alors qu’elle enseigne le chant à ma grande fille Elza. Elle est devenue une amie. Alain m’a entendu chanté sa pièce Une chance qu’on s’a avec mon groupe Bohème et a beaucoup aimé mon interprétation. Ça n’a pas pris beaucoup de temps pour qu’ils acceptent de faire ça avec moi. Je me sens tellement choyé d’être si bien entouré.

PAN M 360 : Tu seras accompagné par des musiciens qui exploreront l’œuvre de JPF, réorchestrée par Alain Leblanc : Elza d’Aragon, Francis Tétu, Antoine Rochefort, Nadia Monczak, Bojana Mili- nov, Annie Gadbois et Justine Fournier. Peux-tu nous justifier sommairement ces embauches et ce que tu cherches à projeter avec eux? As-tu monté ton groupe avec eux ou encore les as-tu simplement embauchés pour ensuite monter ton groupe?

Marc-Antoine d’Aragon : Annie et Antoine sont des proches collaborateurs d’Alain, les autres sont de bons amis avec un talent fou. Mais au delà de leurs capacités techniques, ce sont tous des êtres humains formidables. Alain, Lynn et moi avons discuté du son qu’on voulait donner mais aussi de l’ambiance de travail dans laquelle on désirait travailler. Dans un monde idéal on aurait été 15 sur scène, mais on a dû se restreindre pour limiter les coûts, et garder un show qui puisse se promener en tournée, éventuellement.

PAN M 360 : En tant que chanteur lyrique, comment le baryton que tu es s’adapte-t-il au répertoire populaire sans se dénaturer?

Marc-Antoine d’Aragon : C’est sûr que je ne peux pas renier complètement ma pâte vocale, mais j’apprends humblement à délaisser la grandiloquence, au profit de plus de simplicité. J’essaie de me connecter au texte, pour pratiquement le parler à certains moments. C’est un work in progress ! Je suis un éternel étudiant de la musique, et j’apprends beaucoup au côté de Lynn et Alain.

PAN M 360 : Ta technique vocale fut longtemps mise à profit dans le répertoire populaire… jusqu’à ce que la pop culture la dénigre dans les années 60. Comment redonner à cette forme « opérette » sa crédibilité?

Marc-Antoine d’Aragon : C’est un excellente question qui au coeur de mes préoccupations. J’ai d’ailleurs passé une partie de mon doctorat en chant à réfléchir à cette question. Car, j’aimerais beaucoup que les belles textures vocales que l’on entendait avant les années 70 en musique populaire reviennent. J’écris beaucoup de musique, de chansons, mais je n’ai rien sorti encore, entre autres car j’explore le type de son que je veux leur donner; mes inspirations sont vastes, j’adore le rock, le progressif, le folk et la musique classique.

PAN M 360 : Qu’en est-il de la mise en scène de Judith Pelletier?

Marc-Antoine d’Aragon : Judith m’a donné un coup de main avec la présentation des pièces, avec la conception de l’éclairage, de notre habillement, mais surtout de mon expression, de mon regard et de mon interprétation des pièces. C’est une formidable coach.

PAN M 360 : On a eu vent de Ferland symphonique, te voilà avec ton propre concept, d’autres pour- raient tenter de s’imposer. Comment tirer son épingle du jeu dans cette compétition à venir? Y aura-t-il une suite à ces deux concerts donnés ce week-end?

Marc-Antoined’Aragon : Pour l’instant, on est un peu obligé de mettre sur pause les projets de tournée de mon spectacle en 2026, pendant que leur gros projet part en tournée. Mais ce n’est que partie remise, la musique de Ferland mérite de continuer à vivre longtemps et je reste aux aguets pour saisir des opportunités de présenter sa musique au plus grand nombre !

BILLETS ET INFOS

Saxophoniste volcanique, chef d’orchestre, compositeur, improvisateur, interprète, Mats Gustafsson est un habitué du FIMAV et des scènes d’avant-garde du Québec. FIRE !, une de ses nombreuses formations, s’est déjà produit en trio, mais pour la première fois avec un orchestre complet. Pour pallier l’impossibilité financière de faire tourner un grand ensemble, FIRE ! Orchestra a mis au point la formule des activités communautaires (AC), en invitant des musiciens des marchés où le groupe se produit. Ainsi, 14 musiciens du Québec et du Canada se rendront à Victoriaville pour répéter en vue du concert prévu le 17 mai. Fondé en 2009 par Mats et Johan Berthling, FIRE ! s’inscrit à la fois dans free jazz, dans le groove, le psychédélisme et aussi l’esprit rock. Gros samedi en perspective! 


PAN M 360 : FIRE ! The Thing, Gush, Swedish Azz, Fake (the facts), Ensemble E, Cosmic Ear et d’autres encore : y a-t-il une hiérarchie dans vos priorités artistiques parmi les groupes auxquels vous participez ?

Mats Gustafsson : Chaque projet a ses propres priorités. Mais avec Fire ! Trio et Fire ! Orchestra, nous considérons ces groupes comme des « working groups », ce qui signifie qu’ils tournent beaucoup et participent à des festivals et à des projets. Swedish Azz and Fake (Facts) est en pause. Le projet est terminé pour l’instant. L’Ensemble E essaiera de réaliser quelques festivals et projets en 2026 et 2027. Cosmic Ear et le prochain Backengrillen (avec les membres fondateurs de Refused) tourneront et travailleront en tant que groupe prioritaire en 2026/27. Je me sens privilégié de pouvoir travailler avec autant de groupes et d’artistes formidables. C’est une possibilité incroyable de pousser la musique plus loin.

PAN M 360 : Vous enregistrez beaucoup, votre page Bandcamp est assez impressionnante ! Est-ce devenu un mode de vie, ou est-ce simplement un état de votre grande énergie en tant que chef de groupe, compositeur et musicien ?

Mats Gustafsson : Mon Bandcamp est géré par Trost et Catalytic et je n’y suis pas vraiment actif. Je n’ai tout simplement pas le temps de m’en occuper. J’aime faire des disques et j’aime les collectionner. J’aime que ma musique soit disponible – donc, oui, Bandcamp est une bonne plateforme pour trouver des choses. J’essaie de ne pas sortir d’albums qui ne sont que des enregistrements publics. Je préfère travailler sur un album dans un vrai studio, avec tout ce que cela implique. En ce moment, il y a tellement de grands projets en cours. Le temps manque. Je fais de mon mieux pour rester sain d’esprit dans ce flux immense de nouveaux projets et d’idées. Il n’y a pas d’autre moyen que d’y mettre tout ce que l’on a. Tout mon dévouement, mon amour et mon énergie doivent aller dans ces projets. Je ne me retiens pas. Si l’énergie n’est pas là, je préfère rester chez moi. Il est important d’enregistrer les projets auxquels vous participez. Il est important d’enregistrer les projets dans lesquels on est impliqué, afin de faire des disques et, à partir de là, d’avoir la possibilité de travailler dans des festivals et des clubs. Pour diffuser la musique. Il ne sert à rien de laisser vos disques sur une étagère quelque part. Vous les apportez pour les vendre ou les donner en tournée. C’est notre responsabilité envers l’auditeur, en tant qu’artistes. J’aime le geste de faire des disques. Faire des albums. De vrais albums avec un ordre des pistes, une couverture, des notes de pochette, une illustration et un design. Je suis totalement allergique aux mécanismes de clics et d’algorithmes d’aujourd’hui. De vrais albums pour de vraies personnes. Les listes de lecture ne sont que des cassettes.

PAN M 360 : Au cours des dernières années, quels ont été vos projets les plus motivants ?

Mats Gustafsson : Chaque projet doit être motivé. Sinon, il vaut mieux rester chez soi. Il n’y a pas de doute. Si je ne me sens pas à 100 % dans un projet, il est mis en attente ou simplement arrêté. Je dois être totalement fidèle à la musique et aux personnes avec lesquelles je travaille. Il n’y a pas d’autre solution. Je dois trouver un équilibre entre les groupes de travail et les projets à long terme (Fire !, GUSH, AALY Trio, etc.), d’une part, et les nouveaux projets et les situations ad hoc, d’autre part. J’ai besoin des deux. L’un alimente l’autre en contenu, en énergie et en inspiration. J’ai eu beaucoup de plaisir à lancer de nouveaux projets ces dernières années. « La semaine dernière, un nouveau projet a vu le jour : La semaine dernière, un nouveau projet a vu le jour : « Action Now« , initié par le grand bassiste norvégien Nicolas Leirtrø, accompagné de Kit Downes à l’orgue et de Veslemøy Narvesen à la batterie. Hilarant. L’année prochaine verra la naissance d’un grand groupe de garage / beat / free jazz, « The Mag-Nuts », avec le grand guitariste norvégien Hedvig Mollestad : « The Mag-Nuts » avec le grand guitariste norvégien Hedvig Mollestad. De nouvelles choses vont continuer à se produire. Les idées ne manquent pas, je peux vous le dire. Il n’y a pas de repos pour les méchants. Mais c’est une période extraordinaire pour la musique créative. Il y a tellement d’excellents jeunes musiciens en ce moment.
PAN M 360 : Votre projet Cosmic Ear lance un album à la fin du mois. Pourriez-vous décrire brièvement ce projet et ses membres ? Comment s’intègre-t-il dans vos autres projets ?

Mats Gustafsson : Ça me va comme un gant ! C’est un vieux rêve de Goran et de moi-même. Créer un petit groupe où nous pourrions jouer ensemble et inclure notre héros et maestro Christer Bothén. Il a fallu quelques années pour prendre la décision…. Et pour trouver la composition parfaite. Nous l’avons maintenant. C’est génial sans batteur et avec seulement des percussions. Cela ouvre la musique et donne beaucoup d’espace aux instruments à cordes de Christer. Nous reprenons des morceaux de l’héritage de Don Cherry et de la musique folklorique du Mali, du Maroc et de la Scandinavie. Nous mélangeons le tout avec de l’électronique en direct et tout le reste. Je suis très enthousiaste à propos de ce groupe !

PAN M 360: Does FIRE! Orchestra, as a trio, tour a lot? Does it operate in creative cycles, with other projects in between?

Mats Gustafsson : Fire ! en tant que trio tourne beaucoup en ce moment. Nous avons un nouvel agent : Swamp booking. Ils sont formidables. Nous sommes plus occupés que jamais. Après une pause de presque 2 ans. La musique est en train d’arriver et nous attendons avec impatience tout ce qui va arriver. En ce moment, nous faisons quatre tournées par an, plus des projets, des résidences et des festivals. Nous n’avons jamais été aussi occupés. Nous avons tous les trois d’autres projets entre-temps, mais nous essayons vraiment de mettre l’accent sur le travail avec le trio et le Fire ! Orchestra. La nouvelle version du Fire ! Orchestra sera composée de 19 membres du groupe et la première de la nouvelle pièce « WORDS » aura lieu en novembre de cette année. Attendez-vous à plus de riffs !

PAN M 40 : FIRE ! compte 18 enregistrements – c’est beaucoup ! Avez-vous des favoris ?

Mats Gustafsson : 18 enregistrements ? Avec le trio, l’orchestre et des projets spéciaux ? C’est impressionnant. C’est beaucoup. Ha ha. Mais nous sommes actifs depuis longtemps. Nous avons commencé en 2009. L’idée est de sortir un album studio tous les 2 ou 3 ans, tant avec le trio qu’avec l’orchestre. Nous pensons que c’est un bon plan. Le prochain est toujours mon préféré. Je ne peux en citer aucun. Je dois dire que je suis très heureux et fier de tout ce que nous avons fait. Diriger un orchestre à cette époque…. Et partir en tournée avec, c’est impossible. Mais nous voulons montrer que l’impossible est encore possible. Nous voulons payer nos membres décemment, c’est pourquoi nous refusons beaucoup d’offres.

Mais d’une manière ou d’une autre, cela fonctionne… et nous sommes toujours debout. C’est vraiment extraordinaire de travailler avec un grand ensemble et nous sommes très heureux de la nouvelle idée des CBA (activités communautaires) où nous travaillons avec des musiciens locaux. Comme à Victoriaville. Tout le monde y gagne. Nous élargissons nos cercles/réseaux – de nouvelles personnes rejoignent la famille Fire ! Orchestra. Et la scène locale se connecte à notre musique. Et en théorie, cela devrait coûter moins cher au diffuseur local. Nous réalisons donc les projets de l’ABC 4 à 5 fois par an et l’activité régulière avec Fire ! Orchestra. Nous venons de terminer la version ECHOES par un concert à Gdansk en Pologne. Et nous avons hâte de jouer des parties d’ECHOES (et quelques nouveaux morceaux) au Canada.Mais d’une manière ou d’une autre, cela fonctionne… et nous sommes toujours debout. C’est vraiment extraordinaire de travailler avec un grand ensemble et nous sommes très heureux de la nouvelle idée des CBA (activités communautaires) où nous travaillons avec des musiciens locaux. Comme à Victoriaville. Tout le monde y gagne. Nous élargissons nos cercles/réseaux – de nouvelles personnes rejoignent la famille Fire ! Orchestra. Et la scène locale se connecte à notre musique. Et en théorie, cela devrait coûter moins cher au diffuseur local. Nous réalisons donc les projets de l’ABC 4 à 5 fois par an et l’activité régulière avec Fire ! Orchestra. Nous venons de terminer la version ECHOES par un concert à Gdansk en Pologne. Et nous avons hâte de jouer des parties d’ECHOES (et quelques nouveaux morceaux) au Canada.
PAN M 360 : Quels ont été les derniers développements dans l’ensemble ?

Mats Gustafsson : Eh bien, l’ajout de nouveaux noms est ce qui l’affecte le plus. Nous écrivons très spécifiquement pour les membres du groupe, comme l’ont fait Duke Ellington et Sun Ra. Nous utilisons les voix individuelles du groupe dans un cadre collectif. Nous avons donc réussi à intégrer dans le groupe quelques personnes ayant participé à des projets CBA antérieurs. C’est ainsi que les choses fonctionnent et devraient fonctionner. L’intégration d’Anna Neubert au violon et d’Emily Wittbrodt au violoncelle nous donne un trio à cordes très cool avec notre propre Anna Lindal au violon. Et la présence de Maria Portugal à la batterie et au chant est tout simplement géniale. Spectaculaire ! La jeune et fantastique Adia Vanheerentals au saxophone ténor et soprano. La spectaculaire Mariam Rezaei aux platines et à l’électronique et, bien sûr, la Canadienne Lina Allemano à la trompette. Nous serons 19 personnes dans ce nouveau line-up. Un mélange de nouveaux noms et d’autres provenant de notre ancien pool d’artistes liés à Fire ! Orchestra. Il y aura des riffs. Il y aura du feu !

PAN M 360 : Comment pouvez-vous décrire brièvement l’évolution formelle du trio ? Quelle est la base de notre travail aujourd’hui ?

Mats Gustafsson : Tout simplement dépouiller. Lorsque nous avons enregistré notre dernier album « Testament » avec Steve Albini à Chicago, nous avons décidé de réduire un peu les instruments et tout le reste. Nous nous concentrons maintenant sur ce que nous pouvons faire avec seulement un sax baryton, une basse électrique et une batterie. Pas d’électronique, pas de claviers, pas d’instruments supplémentaires (enfin, un peu de flûte ne peut pas faire de tort….). Il s’agit d’une musique ouverte aux possibilités infinies. Nous n’avons aucune idée de ce que l’avenir nous réserve. Mais en 2025, c’est à cela que nous travaillons. Au début, il y avait une quantité massive d’instruments supplémentaires et beaucoup de bruit, d’électronique et tout le reste. J’adore ça aussi. Mais pour l’instant, c’est ce que fait Fire !
PAN M 360 : Parlez-nous des atouts spécifiques des membres de votre trio.

Mats Gustafsson : Ils sont tout simplement les MEILLEURS ! En tant que personnes. En tant que musiciens. Compétents, ouverts et plein d’énergie ! Andreas et Johan ont le pouvoir magique de se caler sur le groove de l’autre. C’est comme de la télépathie. Et c’était la même chose depuis le premier jour. Nous nous amusons ensemble. Et nous nous respectons à 100 %. Tout est question de confiance et de respect.
PAN M 360 : Pourquoi avoir proposé cet ensemble spécifique pour vos dates au Québec ?

Mats Gustafsson : Nous voulions vraiment jouer avec Fire ! Orchestra en Amérique du Nord, mais il était impossible de prendre l’avion avec 19 personnes. Et impossible de jouer aux États-Unis pour le moment. Il faudrait que je vende ma collection de disques pour faire venir 19 personnes. Et je ne suis pas encore prêt à m’en séparer. Nous avons donc décidé d’opter pour une version CBA après en avoir discuté avec Scott.

Nous avons eu une discussion très créative avec Scott à propos de l’alignement. Nous avons dû nous en tenir aux 5 membres originaux de Fire ! Orchestra pour des raisons budgétaires. Dans nos projets CBA, nous voyageons généralement avec 5 à 7 personnes et le reste est local. C’était une affaire créative et assez facile. Je connais beaucoup de noms et j’ai déjà joué avec certains d’entre eux. De tous les CBA que nous avons organisés, celui-ci est peut-être le plus excitant. Je ne vous le fais pas dire ! L’alignement a l’air incroyable. Une vraie tuerie. Scott et son équipe ont fait un excellent travail de repérage. Il est lui-même musicien, ce qui nous a facilité la tâche.
PAN M 360 : Pouvez-vous nous expliquer comment vous avez procédé pour l’élargissement de l’offre ?

Le trio Fire ! était en tournée en Europe en 2011, et après le dernier concert de la tournée, nous nous sommes réunis. Nous avons décidé à 3 heures du matin de réunir tous nos amis musiciens à Stockholm et de jouer de la musique en TRIO. C’est fait. Nous nous sommes rencontrés et avons joué « Exit » à Fylkingen à Stockholm en 2012. 28 musiciens jouant à fond, le sourire aux lèvres. Nous devions continuer. Il n’y a pas de doute. Nous avons fait beaucoup de nouveaux morceaux par la suite, tous avec des effectifs différents. Y compris une réécriture des « Actions for free jazz » de Penderecki, avec la bénédiction des compositeurs. Fire! Orchestra est très vivant et en constante évolution. C’est une nécessité.

PAN M 360 : Comment distribuez-vous les instructions aux musiciens ?

Mats Gustafsson : Il y a un fichier Google Drive – avec des partitions, des fichiers musicaux, des liens, des vidéos, etc. Nous avons un plan approximatif de ce que nous allons jouer. La plupart des morceaux sont tirés de notre dernière version Echoes, mais nous pourrions aussi jouer quelques nouveaux morceaux. Plus quelques formations ouvertes. Des formations ad hoc et des solos. Tout dépend du déroulement des répétitions. Nous pouvons changer beaucoup de choses jusqu’au concert. Certains musiciens nous ont envoyé des courriels pour nous demander des choses spécifiques et nous essayons de répondre à toutes les questions. Tout sera clair lorsque nous nous rencontrerons et répéterons ensemble. C’est la clé de ces quelques jours de travail en commun. Apprendre à se connaître et se familiariser avec le son d’ensemble de cette version. Nous sommes impatients.

PAN M 360 : Comment trouvez-vous l’équlibre entre la composition et l’improvisation dans le contexte d’un grand groupe ? Y a-t-il des parties écrites ?

Mats Gustafsson : Attendez /voyez / écoutez ! Oui, il y a un mélange d’arrangements écrits et de matériaux et mélodies composés. Les riffs de base sont le fondement de toute notre musique. C’est donc un riff que vous entendrez ! Arrangements de cor par Mats Äleklint qui nous rejoint pour ce voyage. Le trombone des durs à cuire. Le plus bruyant et le meilleur qui soit. Je fais aussi beaucoup de conduites, contrôlant et bousculant les formes et les structures. Les conduites peuvent apparaître et apparaîtront à n’importe quel moment de la pièce. Elles indiquent certains arrangements, solos et compositions instantanées. Tout sera différent. Les répétitions seront une chose – et le concert pourrait être quelque chose de complètement différent. Voyons ce qu’il en est. Nous avons 5 à 6 pièces à faire, toutes avec des arrangements et une idée de forme de base. Il y aura beaucoup d’espace pour des ponts ouverts entre ces morceaux. Il y aura aussi des introductions et des extros qui changeront d’un jour à l’autre. Johan et moi communiquons pendant le morceau et serons capables de changer les choses en une fraction de seconde, lorsque cela sera nécessaire.

PAN M 360 : Comment voyez-vous le fait de diriger un si grand ensemble ? Quels sont les défis à relever ?

Mats Gustafsson : Tant que les gens sont attentifs, il n’y a pas de véritables problèmes. Il n’y a que de la joie ! Je travaille avec des signes et des conduites assez simples et, en général, ils ne sont pas vraiment difficiles à suivre. Il n’y a rien de sorcier là-dedans. J’adore diriger – et c’est un tel privilège de le faire avec de grands musiciens. Et cette sélection est spectaculaire ! La joie à l’état pur !

BILLETS + INFOS

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Portée par un répertoire varié, du romantisme au minimalisme américain, la soprano Marianne Lambert explore à travers ces musiques la maternité, les défis, les deuils, la vie. Ces aspects de l’existence sont incarnés par les mers intérieures au sens symbolique, et magnifiés par les œuvres Samuel Barber, Maurice Ravel, Claude Debussy, Benjamin Britten, Gustav Mahler. L’expérience est présentée comme « un concert multimédia tout en intimité ». Marc Boucher résume le concept à Alain Brunet, pour PAN M 360.

BILLETS ET INFOS

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Programme


Claude Debussy   (1862–1918)

Aquarelles

Green


Hugo Wolf
  (1860–1903)

Auf ein altes Bild

Jules Massenet  (1842–1912)

Élégie


Philip Glass
  (1937-    )

Songs from Liquid Days

Changing Opinion


Arvo Pärt
 (1935–    )

Spiegel im Spiegel


Hugo Wolf

Das verlassene Mägdlein 

An den Schlaf


Maggie Ayotte   

Reste

Texte : Isabeau Proulx-Lemire

Samuel Barber  (1910–19881)

Mélodies passagères 

Tombeau dans un parc


Benjamin Britten
  (1913–1976)

The Last Rose of Summer


Gustav Mahler
  (1860–1911)

Rückert-Lieder

Ich bin der Welt abhanden gekommen

Liebst du um Schönheit


Amélie Fortin 

Rivière du Nord

Maurice Ravel  (1875–1937)

Cinq mélodies populaires grecques

La chanson des cueilleuses de lentisques


Leonard Bernstein  (1918–1990) 

A Simple Song


Samuel Barber
  (1910–1981)

Sure on this Shining Night

ARTISTES

Marianne Lambert

Soprano

Chloé Dominguez

Violoncelle

Janie Caron

Piano

Artiste multidisciplinaire (musicienne, artiste de cirque et autrice) Erika Hagen nous était déjà familière via le projet Bleu kérosène, fondé avec son frère et avec lequel elle nous avait présenté deux EP en 2020 et 2021. 

Elle revient en 2025 avec un premier album solo, Pouvoirs magiques, un album indie-folk rock aux teintes garage et un peu yé-yé, opus réalisé et arrangé par l’incontournable Dany Placard. Enregistrées à La Shed, l’endroit parfait pour la musicalité brute, les dix chansons nous emmènent dans une folle ride où la naïveté, l’absence de filtre et le ton un peu moqueur nous tiennent compagnie et nous font mettre en perspective la notion de la tendresse, des failles et de la perfection avec une parfaite dose de dérision.

Inspiré par moment des Riot Girrls des années 90, avec une poésie rappelant  Avec pas d’casque et parfois un peu Sara Dufour dans l’aspect joliment abrasif de l’expression, Erika déploie son univers romancé, inspiré de sa propre vie et de celle de ses proches, dans une démarche d’autofiction où le corps, la musique et la parole sont liés. 

Entrevue avec une fille qui a de la suite dans les idées.

PAN M 360 : Comment c’était de travailler ton premier album avec Dany Placard, un incontournable au Québec? 

Erika Hagen : C’était une expérience très fluide! J’ai beaucoup de gratitude pour Dany, c’est un réalisateur généreux et sincère. On avait une vision similaire de la direction de l’album, mais Dany a tellement de naturel dans son interprétation et sa manière d’arranger que j’ai beaucoup appris en le regardant travailler. C’était aussi super validant pour moi de travailler avec quelqu’un qui était comme “heille stress pas, tout est là, on se cassera pas la tête, les tounes marchent, tu sais très bien les jouer et les défendre.”

PAN M 360 : Être sans ton frère pour ce projet musical t’a-t-il permis de prendre certaines libertés, contrairement au projet en duo?

Erika Hagen : Ahh j’aime tellement travailler avec Jer! J’ai beaucoup d’admiration pour l’univers harmonique de mon frère, sa grande rigueur de travail et sa sensibilité musicale. Je pense que partir en solo pour moi était surtout lié au fait que mes envies esthétiques et mes élans de composition actuels fittaient moins dans notre collaboration. C’est certain qu’il y a une liberté plus grande dans un projet solo, mais il y a aussi moins de dialogue entre les idées et de co-résolution de problème. J’aime beaucoup ce que les deux peuvent apporter.

PAN M 360 :  Quels sont les principaux groupes que vous écoutiez, durant la réalisation de l’album?

Erika Hagen : Avec Dany, on a pas tant écouté d’albums en réalisant Pouvoirs magiques, mais j’avais des références et des ancrages stylistiques, notamment : le premier album homonyme de Big Thief,  l’album Somethings I Sit and Think, and Sometimes I Just Sit de Courtney Barnett ou l’album Eye on the Bat de Palehound. 

PAN M 360 : On sent bien l’inspiration des années 90 dans la direction de l’album. Est-ce la décennie musicale qui t’a forgée ou encore cette teinte s’est-elle développée dans le cadre de la réalisation ? 

Erika Hagen : J’avais déjà cette direction en tête avant de réaliser l’album. Les chansons étaient assez limpides, c’est ça qu’elles voulaient. Elles ont certainement pris de l’ampleur en ce sens en travaillant avec Dany par contre. Il a aidé à concrétiser le côté plus échevelé et slacker de l’album, que j’apprécie beaucoup.

PAN M 360 : Tu es souvent dans une démarche de fiction où tu aimes t’inspirer de ton vécu et de celui de tes proches pour créer une version altérée et romancée de cette réalité. Quelle part de la réalité t’incite-t-elle à en extraire quelque chose et à vouloir le modeler ?

Erika Hagen : Hey c’est une bonne question. J’aime explorer les émotions un peu étranges, les flottements, les ambivalences et les imperfections dans le quotidien. J’aime aussi explorer les détails sensoriels, les textures, la réalité du corps. Je trouve ça riche et souvent très évocateur. Je trouve aussi que c’est souvent là où l’existence est la plus dense. Mettons que j’imagine quelqu’un choisir sa tasse pour boire son café chaque matin, son état à ce moment-là, la lumière qui entre par sa fenêtre – je me retrouve aussi dans ce scénario. C’est un geste créatif relationnel, une exploration des scénographies quotidiennes des autres, qui finalement sont aussi les miennes et vice versa. C’est intime, banal et grand à la fois. C’est juste un exemple, mais ces genres de poésies d’observation sont omniprésentes dans ma démarche.

Les mécanismes de la mémoire aussi me fascinent. La manière dont on se raconte certaines histoires, certains souvenirs, pour s’expliquer les mystères dans nos vies et dans celles des gens qu’on aime. Je ne pense pas me tanner de ces thématiques là un jour, où du moins pas dans un futur proche!
PAN M 360 : On distingue tout de suite la particularité de ta plume, que je trouve très imagée et rafraîchissante, remplie de naïveté sans filtre. As-tu des inspirations particulières?

Erika Hagen : Merci, ça me touche ! Il y a d’innombrables écritures qui m’ont marquée, par influence directe ou de manière plus sporadique et conceptuelle. Littérairement parlant, dans les dernières années, j’ai un coup de cœur immense pour Patrice Desbiens et Michel Garneau. Quand on parle de plume naïve mais profonde, ces deux-là me sautent aux yeux. Je nomme souvent Stéphane Lafleur, parce que c’est un incontournable pour moi et que sa plume a beaucoup informé la mienne. J’aime aussi l’univers de la poète canadienne Sue Goyette, qui a une dextérité poétique et narrative surprenante. C’est une de celles qui m’a incitée à réfléchir à la poésie anglaise autrement, à explorer les liens d’écriture entre mes deux langues, puisque je porte cet héritage familial. Je pense spécifiquement à son recueil Océan, qui m’a en plus été offert par ma grand-maman Anita, très importante dans ma vie. Plusieurs autres auteur.trice.s participent à cultiver ma curiosité pour l’écriture et ses possibles. C’est une ressource infinie, il y a tant à lire, à écouter aussi!

PAN M 360 : La poétesse Marie-Andrée Gill, avec qui tu as collaboré en 2019, a-t-elle laissé une empreinte sur toi et ta manière de voir l’écriture?

Erika Hagen : Oh wow vraiment. Je ne l’ai pas nommée dans la question précédente, mais elle fait partie des auteur.trice.s qui m’ont aidée à préciser mon écriture, surtout quand je commençais à écrire plus intentionnellement il y a une dizaine d’années. Marie-Andrée m’a appris à identifier ce qu’elle appelait le cœur des poèmes. Ça implique de couper dans le bacon et aller au noyau poétique de la patente. Elle m’a appris la valeur de la réécriture. Avant de travailler avec elle, je ne retouchais pas beaucoup mes textes, maintenant oui. J’applique constamment les outils et  je pose le regard qu’elle m’a aidé à aiguiser dans l’écriture de mes chansons. Même si c’était bref comme mentorat, ça a été un moment déterminant dans ma pratique d’écriture.

PAN M 360 :  La Shed est tellement le parfait endroit pour se laisser imprégner par « le côté brut ». Est-ce que le lieu a influencé les chansons et la direction de l’album?

Erika Hagen : La Shed est un lieu qui a beaucoup d’âme. La première fois que je suis entrée là, j’ai eu l’impression que ce studio avait vu naître beaucoup de musique. Je pense que ce lieu, de pair avec l’équipe de réalisation de l’album, m’a rappelé de rester proche de mes chansons, de mes envies et de mes instincts, de ne pas tomber dans une attitude performative. C’est un endroit inspirant qui invite à l’intégrité dans la démarche. Travailler là, avec l’expertise de Dany, m’a permis de garder le cap sur le côté « straight to the point » de la prod. On ne voulait pas surenchérir, les chansons avaient besoin d’être droit au but. C’est des petites histoires, des vignettes du quotidien, on voulait laisser ça parler sans interférence. 

PAN M 360 : Qu’avais-tu envie de partager avec le public à travers cette folle ride de ces 10 chansons?

Erika Hagen : J’avais envie d’offrir un trajet fougueux et introspectif, où la plume naïve et les réflexions existentielles des chansons seraient mises en bouche avec beaucoup de plaisir et de ludisme. Je revendique l’idée qu’on est plusieurs mondes à la fois, que ces mondes-là se parlent entre eux, que l’introspection se marie avec l’irrévérence et que la tendresse est compatible avec le dynamisme. Donc Pouvoirs magiques, pour moi, c’est un album qui embrasse l’errance, qui explore les espaces de négociation entre la plainte et la liberté. Mon rapport avec ces chansons est assez conforme à leur propos, au sens où j’ai ressenti en moi une augmentation d’autonomie et d’agentivité dans le processus de composition et de réalisation. Quand je pense à Pouvoirs magiques, je pense aux vouloirs, dans leurs formes multiples : vouloir exister fort, vouloir comprendre, vouloir se reposer, vouloir trouver l’amitié avec soi-même et les autres, vouloir slacker d’un tour et laisser nos ambivalences respirer un brin.

PAN M 360 : Des spectacles sont-ils à prévoir en 2025 pour cet album? Pour Bleu Kérosène?
Erika Hagen : Oui! On lance Pouvoirs magiques à Québec le 15 mai au Pantoum, et le 11 juin au Quai des Brumes à Montréal. Ensuite on joue à la Grange du Presbytère à Stoneham le 13 juin, et le lendemain (en trio) au Festival de la chanson de Tadoussac. Bleu kérosène , c’est derrière nous, mais j’aimerais vraiment repartir un nouveau projet avec mon frère éventuellàement (Jérémie, si tu lis ces lignes, saches que ben voilà ce serait ben l’fun, ça te tente-tu? )

crédit photo: Steven Grondin

Le 41e Festival international de musique actuelle de Victoriaville (FIMAV) se tiendra du 12 au 18 mai prochains: parcours extérieur d’installations sonores, cinéma et quelques concerts sont prévus cette année, bien que la formule 2025 en soit une de transition: le samedi 17 mai, le plat principal sera servi par le saxophoniste, flûtiste, compositeur, improvisateur et directeur musical Mats Gustafsson. Le musicien suédois s’amène avec son excellent trio FIRE Orchestra, auquel se joindront 14 interprètes et improvisateurs québécois et canadiens pour un concert en formule big band. Plus tard dans la soirée de samedi, les festivaliers de Victo auront droit au groupe californien Sleepy Time Gorilla Museum. Pour en apprendre davantage sur cette programmation minceur, PAN M 360 a interviewé Scott Thomson.

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En primeur canadienne, le Nouvel Opéra Métropolitain a recruté la célébrissime Marie-Nicole Lemieux pour incarner Carmen presonnage principal de cet opéra signé Georges Bizet, dont on commémore le 150e anniversaire de la mort le 3 juin 2025. La direction d’orchestre sera assurée par Jean-Marie Zeitouni, chef principal de l’Orchestre symphonique d’Edmonton et réunira un aréopage exclusivement composé de solistes québécois, dont Étienne Dupuis dans le rôle du toréador. Le Nouvel Opéra Métropolittain partagera la scène avec l’Ensemble ArtChoral. Marc Boucher, directeur artistique et fondateur du festival Classica, n’est pas peu fier de cette prise !

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Cinquante ans de carrière derrière la cravate, du groupe Octobre à aujourd’hui, Pierre Flynn poursuit sa tournée Sur ma route. Ce spectacle solo a été nommé 4 fois à l’ADISQ 2024 dont la catégorie Spectacle de l’année. En mars dernier, l’auteur-compositeur haussait sa proposition à l’invitation du Palais Montcalm à se produire accompagné d’un quatuor à cordes. Les mélomanes de Classica pourront aussi apprécier ce concert rétrospectif assorti de quelques nouvelles chansons. Marc Boucher explique tout ça à Alain Brunet pour PAN M 360.

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Montréal-Munich est l’occasion de poursuivre les rencontres internationales du quatuor de saxophones Quasar, dont c’est le dernier concert montréalais de la saison – ce dimanche après-midi à la Salle Bleue de l’édifice Wilder, programme présenté de concert avec le Vivier. De nombreuses résidences de création au Québec et en Bavière ont d’ores et déjà été tenues, elles réunissent  cette fois les saxophonistes de Quasar aux compositeurs.trices Francis Battah, Philipp C. Mayer, Maxime McKinley, Florence M. Tremblay, Alexander Strauch et Abigél Varga. Six créations inédites  sont prévues à Montréal et seront de nouveau exécutées à Munich cet été, soit au festival A•DEvantgarde. Directrice artistique de Quasar, la saxophoniste Marie-Chantal Leclair répond ici aux questions d’Alain Brunet pour PAN M 360.

PAN M 360: Quasar multiplie les collaborations à l’étranger depuis longtemps. Quelle est la nature spécifique de cette collaboration Montréal-Munich? Pouvez-vous en faire l’historique et nous en rappeler la substance?

Marie-Chantal Leclair : Ce projet est notre collaboration la plus importante à ce jour avec le milieu musical de Munich. Il s’agit d’un partenariat entre Quasar et le Festival A•DEvantgarde avec l’appui du Vivier  à Montréal. Le public montréalais pourra assister à la création de 6 œuvres nouvelles composées par 3 compositeurs et compositrices du Québec et 3 de l’Allemagne. C’est un projet basé sur la réciprocité, le dialogue et sur nos passions communes pour la création. Nos collaborations internationales font rayonner les compositeurs et compositrices québécois à l’étranger et cela est une grande motivation pour nous. Mais aussi, et cela est très stimulant, elles nous donnent l’occasion de travailler avec des compositeurs et compositrices d’un peu partout dans le monde, de découvrir d’autres voix, d’autres langages, d’autres pratiques. Avec un projet comme Montréal-Munich, les deux aspects se réalisent et cela nous comble. On parle ici de rencontres artistiques et aussi de rencontres profondément humaines.  

Ce qui caractérise ce projet et qui est aussi notre marque de commerce, c’est le travail collaboratif de recherche-création réalisé avec chacun des compositeurs. En juin dernier, nous avons réalisé une résidence de création à Munich avec les compositeurs allemands et,  en décembre dernier, nous avons fait la même chose avec les compositeurs québécois. 

Cette semaine, tout ce beau monde est réuni pour travailler sur leurs œuvres avec nous mais aussi pour écouter le travail des autres, échanger, partager.

Notre premier concert à Munich remonte à mars 2011 où nous avions joué à l’Académie des Beaux-Arts grâce à une invitation du compositeur Moritz Eggert, rencontré à Montréal. Nous avons aussi par la suite travaillé à quelques reprises avec les classes de composition de l’Université de Munich. Nous avons profité de ces séjours à Munich pour rencontrer les directeurs artistiques du Festival A•DEvantgarde et avonsélaboré ensemble cette collaboration. 

PAN M 360: Quelles sont les retombées de cette collaboration?

Marie-Chantal Leclair : Nous serons à Munich le 4 juillet prochain où nous présenterons le concert. Les trois compositeurs.trices du Québec seront du voyage. Donc, c’est une vitrine importante pour le milieu de la musique contemporaine du Québec dans un pays où ce type de musique est très important. Cela positionne aussi Montréal comme un pôle créatif majeur en musique. Car on va se le dire, même si nous n’avons pas toujours de très grands moyens, l’activité en musique nouvelle à Montréal est vraiment impressionnante. Le public montréalais est très choyé de ce côté

PAN M 360: Concentrons-nous sur le programme de dimanche, c’est-à-dire commenter chacune des œuvres avec leurs caractéristiques propres : leur compositeur.trice, la forme générale de l’œuvre, les enjeux de l’exécution pour le quatuor:

Marie-Chantal Leclair: Six créations en un seul soir, c’est un défi de taille. Chaque pièce a ses propres défis techniques et d’interprétation. Rappelons que le thème du festival aDevantgarde est la beauté, un concept inspirant et déroutant à la fois. 

Maxime McKinleyDOLMEN (In memoriam Roland Giguère) , 2025 (14′) 

Maxime offre ici une pièce très riche en couleurs inspirée de l’univers poétique de Roland Giguère. La pièce est divisée en sections : appels, ancêtres, volcan, cris, chants, chuchotements, tremblements et rivage, qui chacune explore différents mondes sonores énigmatiques et poignants. Il y a un aspect mélodique fort dans la pièce mais résolument contemporain. Une beauté assez étrange qui fascine. 

Francis BattahSuite , 2025 

Avec ce projet, Francis conjugue son amour pour le jazz et la musique contemporaine.  C’est une pièce ludique, truffée d’humour et de légèreté, et qui révèle une grande maîtrise de l’écriture. Elle requiert une grande virtuosité autant celle qui caractérise les solos de jazz à la bebop que les partitions contemporaines les plus extrêmes. 

Florence M. TremblayVapeurs taillées dans l’air lascif , 2025 

Avec cette pièce Florence poursuit son exploration de l’univers fascinant de sons multiphoniques au saxophone. C’est une matière très riche mais qui demande beaucoup de contrôle tant pour l’écriture que pour l’interprétation. Florence a plongé dans ces sons, les a décortiqué, analysé, déconstruit pour pouvoir ensuite tisser sa pièce. Il s’agit de notre deuxième collaboration avec Florence. C’est intéressant pour nous de travailler avec des compositeurs sur plus d’un projet.

Alexander StrauchUn soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. – Et je l’ai trouvée amère. – Et je l’ai injuriée. , 2025 

Le titre de la pièce est tiré d’un poème de Rimbaud. Elle joue librement avec le concept de la beauté, tantôt mélodique, tantôt frénétique, la pièce révèle une écriture achevée, un geste clair, sûr, et le plaisir pur de l’invention.  

Philipp Christoph MayerSongs from the Basement (4.40 Symbiosis) , 2025 

La pièce de Philip est très dense en énergie, le rythme y tient une place importante. La composante électronique vient transformer, amplifier, appuyer les parties instrumentales de manière sophistiquée et percutante. Elle s’inspire d’une bande-dessinée imaginaire qu’on aimerait bien lire! 

Abigél VargaFour Days, Four Nights , 2025 

La pièce d’Abigél mélange les textures des saxophones avec des parties électroniques. D’apparence plus classique, elle est résolument contemporaine par ses recherches de timbres, son propos et son imagination. 

Crédit photo: Marie Lassiat

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Les virtuoses québécois Serhiy Salov et Jean-Philippe Sylvestre ont été choisis par Marc Boucher pour faire équipe dans un programme impliquant des œuvres pour piano à 4 mains pour un piano (Fauré, Beethoven, Bizet) ou encore 2 pianos (Saint-Saëns). Le directeur artistique de Classica explique son choix à Alain Brunet pour PAN M 360, dans le contexte d’une interview scindée pour chaque programme. Ce programme sera présenté le 5 juin prochain.

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PROGRAMME

Gabriel Fauré 

Suite Dolly, op. 56, pour piano quatre mains

L.V Beethoven 

Sonate en ré majeur, op. 6, pour piano quatre mains
Georges Bizet 

Jeux d’enfants, op. 22, suite pour piano à quatre mains   

Camille Saint-Saëns 

Carnaval des animaux, op. 9, version pour deux pianos 

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La direction artistique du festival Classica a constitué un quatuor entièrement féminin de violoncellistes québécoises: Kateryna Bragina, Chloé Dominguez, Agnès Langlois et Noémie Raymond. Des compositrices de différentes époques y seront mises en lumière dans ce contexte propice: Nadia Boulanger. Isabella Leonarda, Hildegarde von Bingen et même Charlotte Cardin ! Il y aura aussi Debussy, Monteverdi, Bruch, Corrette et Carlos Gardel, premier crooner mondial de l’histoire moderne. Marc Boucher a eu cette idée de Violoncelles au féminin, programme prévu le 4 juin prochain. Il défend ici son choix dans ce fragment d’une longue interview réalisée par Alain Brunet.

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Programme

Claude Debussy (1862–1918)

Rêverie          

Nadia Boulanger (1887–1979)

Trois pièces pour violoncelle et piano

Claude Debussy

La Fille aux cheveux de lin 

Isabella Leonarda  (1620–1704)

Sonate  
Claudio Monteverdi
   (1567–1643)

Pur ti miro

Hildegarde von Bingen (1098–1179)

[œuvre à déterminer]      

Max Bruch (1838–1920)

Kol Nidrei        

Michel Corrette (1707–1795)

Le Phénix  

Charlotte Cardin   (1994–    )

Confetti          

Carlos Gardel (1890–1935)

Por una cabeza

Le Köln concert, ou concert de Cologne, avait été donné par Keith Jarrett le 24 janvier 1975, soit il y a 50 ans. L’enregistrement public devint la plus écoutée des improvisations pour piano solo de l’histoire discographique (environ une heure), et certes la locomotive du répertoire de l’étiquette allemande ECM, fondée et toujours dirigée par Manfred Eicher. Voilà certes un des albums emblématiques du jazz des années 70 et dont l’aura confère un statut mythique. Pour commémorer le demi-siècle de cet enregistrement, Marc Boucher, directeur artistique et fondateur du festival Classica, a rêvé d’une transcription de l’impro pour quatuor à cordes signée François Vallières et interprétée par l’altiste Elvira Misbakhova, le violoncelliste Stéphane Tétreault, les violonistes Antoine Bareil et Marie Bégin. Marc Boucher est ici invité à nous en apprendre davantage dans ce fragment d’une longue interview menée par Alain Brunet pour PAN M 360.

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