J’ai eu la chance de voir Population II à plusieurs reprises, et ce groupe n’a jamais manqué d’être tout à fait exceptionnel. Le trio psych-rock montréalais est, à mes yeux, la définition même de l’art de faire beaucoup avec peu. Il démontre que la configuration classique guitare, basse et batterie est aussi restrictive que l’on veut bien le dire. En effet, Population II semble s’épanouir à l’intérieur de ces limites apparentes (avec l’aide d’une partie de synthé occasionnelle), surgissant et éclatant aux coutures comme une valise surchargée de riffs à faire fondre les visages, de lignes de basse piquantes et de percussions incroyables.
L’un des aspects les plus impressionnants de Population II est son batteur et chanteur, Pierre-Luc Gratton. Sa voix est parfaite pour le projet, avec chant au ton insistant, presque indigné, qui rappelle King Gizzard. Son jeu de batterie est également un véritable phénomène, avec une telle habileté technique et une telle sophistication qu’il commence à sembler libre et naïf, comme un train à grande vitesse sur le point de dérailler.
Mais ce qui apporte à Population II son énergie et son urgence irrésistible, c’est qu’il fait ces deux choses simultanément : son corps et son âme sont tout entiers engagés dans une saignée frénétique de ce que je ne peux que supposer être ses démons les plus profonds et les plus sombres. Et lorsque Gratton écarte le micro de son chemin et se prépare à une pause instrumentale, on sait que l’on est sur le point d’être soufflé.
Nouvelle règle pour les Montréalais : ne manquez jamais, sous aucun prétexte, un spectacle de Population II.