Aucun média montréalais ne compte autant de ressources humaines pour une couverture experte du Festival international de jazz de Montréal. Nous sommes plusieurs à parcourir le site extérieur et les salles de concerts : Jacob Langlois-Pelletier, Frédéric Cardin, Stephan Boissonneault, Michel Labrecque, Varun Swarup, Vitta Morales et Alain Brunet vous offrent leurs recensions d’albums, compte-rendus de concerts et quelques interviews. Bonne lecture et bonne écoute!
Force était de l’observer vendredi soir, Scène Rio Tinto, Salin Cheewapansri avait bien appris ses leçons du maître Tony Allen, inventeur du style de batterie afro-beat alors qu’il faisait partie d’Afrika 70, fameux band du fameux leader Fela Anikulapo Kuti. Mort pendant la pandémie, l’immense batteur nigérian avait eu l’occasion de démontrer toute sa science, une approche reprise par deux générations de batteurs et batteures depuis sa mise au point, bien au-delà du Nigéria où naquit l’afrobeat.
Fraîche, souriante, sexy, Salin trône au centre de la scène et distribue les salves de batterie. D’origine thaïlandaise, cette excellente musicienne montréalaise arbore cette coiffure ‘ruche d’abeilles’ qu’arborait naguère les Ronettes de Phil Spector, à l’instar de tant de jeunes femmes américaines au milieu des années 60. Salin est au centre d’une vaste formation : saxo, trompette, guitare électrique, percussions, basse, claviers, tous des pros de Montréal heureux de participer à cette hybridation pour le moins groovy.
Qualifiant son style personnel d’afro-isan soul, un mélange composite de musiques traditionnelles siamoises ou khmers qu’elle assaisonne sur ce groove afrobeat, de soul/R&B et de jazz-funk-fusion. Salin est loin d’être la première à souder ces genres et sous-genres, mais elle est certes la première femme batteure de l’univers connu à jouer à un si haut niveau – patterns rythmiques parfaitement maîtrisés, sonorités franches, etc.
En fin de programme des musiciennes haïtiennes ont ajouté de nouveaux aromates à cette salade de papaye déjà bien relevée.