« Puis-je vous emmener à Brooklyn ce soir ? » Voilà les premiers mots du rappeur, chanteur et producteur américain, Erick The Architect, lors de son entrée au Club Soda. Vendredi soir au FIJM, le tiers de l’iconique groupe new-yorkais Flatbush Zombies a transporté la foule au cœur de son histoire familiale et la réalité de son quartier d’enfance, tout en naviguant avec finesse entre hip-hop, rap, R&B, soul et dancehall.
En visite à Montréal pour y présenter I’ve Never Been Here Before, son premier album solo paru plus tôt cette année, « the Architect » a fait régner un climat de nostalgie dès les premiers instants. Du début à la fin, différentes projections d’archives de toutes sortes défilent derrière lui, allant d’une vielle partie de football à des extraits de l’émission Les Simpson, en passant par des enregistrements de jeux vidéo auxquels il jouait lorsqu’il n’était pas plus haut que trois pommes.
Un certain fil narratif conduit le spectacle: le MC discute pendant plusieurs minutes d’un membre de sa famille, enfile quelques morceaux qui y sont liés, puis répète le tout. Ainsi, les gens présents auront fait la connaissance de ses frères, sa mère, son père et même son chat.
Pourquoi l’artiste de 35 ans nous raconte-t-il tout ça? C’est simple: son entourage a façonné la musique qu’il fait aujourd’hui, que ce soit par l’amour de James Brown de la maternelle ou l’intérêt marqué de ses frangins pour le collectif Wu-Tang Clan. Les mordus de son œuvre auront certainement été séduits par les nombreuses anecdotes du rappeur, alors que les curieux diront que le rythme de la soirée en fut affecté.
Quoi qu’il en soit, les amateurs et amatrices présentes en auront eu pour leur argent vu la qualité des interprétations d’Erick the Architect, et ce pendant près de 120 minutes. Accompagné d’une DJ ainsi qu’une musicienne alternant entre clavier et basse, le rappeur a livré avec passion chacune des rimes de son dernier opus, tout en ayant une technique impeccable. Difficile de donner une performance plus juste, tout y était.
Ce qu’on retient le plus de son passage est sans aucun doute sa grande versatilité. Ça semble si facile pour l’architecte de voyager à travers ses différentes influences musicales, allant d’un morceau trap comme Parkour à l’excellente Breaking Point, une ballade pop envoûtante.
Près de deux heures après être monté sur scène, l’icône du rap psychédélique a conclu avec son succès disco Candle Flame, pièce collaborative avec le groupe soul-funk britannique Jungle. « Ce morceau vous fera danser et brûler les calories de vos poutines! », a-t-il lancé, sourire aux lèvres.
I’ve Never Been Before, à défaut de me répéter, est l’une des offrandes hip-hop les plus complètes et intéressantes à avoir été dévoilées depuis le début 2024. Nul doute, Erick the Architect est en train d’ériger de superbes fondations à sa carrière solo.
Crédit photo: Productions Novak