Le quartette d’Audrey Ochoa a donné une prestation très convaincante hier soir sur la scène du Pub Molson. Parmi les points forts du spectacle, on retrouve plusieurs extraits de son dernier album The Head of a Mouse qui a fort bien reçu ici à PAN M 360. La formation en quartette a notamment permis d’obtenir des versions plus épurées, mais tout de même efficaces, de ces chansons. De plus, Ochoa a montré son talent de chanteuse en interprétant « I want you back » des Jackson 5. Cependant, quelques éléments ont empêché à ce bon spectacle d’être un excellent spectacle.
Lorsqu’elle plaisante avec la foule, Ochoa semble plutôt maladroite. Sa voix trahit également une certaine nervosité qui affecte l’ambiance de son spectacle. (A-t-on oublié de lui dire que le Festival international de Jazz de Montréal était l’un des endroits les plus joyeux au monde ?)
Cette nervosité, heureusement, semble complètement oubliée dès qu’Ochoa commence à parler à travers son instrument. Lorsqu’elle joue en solo, on voit qu’elle a une confiance en elle qui est viscérale ; il serait bon qu’elle maintienne cette confiance.
Un autre point faible à mes yeux était l’utilisation de partitions sur scène par certains musiciens. Je n’ai pas eu l’impression qu’ils étaient absolument dépendants de leurs partitions, mais le fait qu’elles soient visibles, tout comme les lutrins, a créé une barrière entre le public et l’interprète. J’ai eu l’impression d’assister à une répétition de haut niveau de compositions intéressantes et qu’il manquait une touche finale de showmanship.
Enfin, à mes oreilles, le bassiste et le pianiste n’ont pas réussi à interpréter les moments les plus influencés par la salsa de la musique d’Ochoa. Il faut un certain temps pour apprendre les grooves de salsa avec les bonnes inflexions, et leurs interprétations se sont transformées en approximations au pire des moments. Seul le batteur, en plus d’Ochoa elle-même, semblait avoir une maîtrise décente des rythmes latins, les approximations au niveau de la percussion étant tout à fait convenables et groovy.
Quoi qu’il en soit, je crois qu’Ochoa a beaucoup de talent et qu’il ne lui faudrait pas grand-chose pour transformer ses concerts en véritables événements. Je suis heureux que la prolifique tromboniste d’Edmonton ait pu se rendre au festival de cette année, car ce fut un plaisir de découvrir sa musique éclectique et de voir ses capacités sur scène. Espérons qu’elle trouvera un peu plus d’arrogance à la hauteur de ses prouesses musicales.
photo: page Instagram de l’artiste @audreyochotron