Aucun média montréalais ne compte autant de ressources humaines pour une couverture experte du Festival international de jazz de Montréal. Nous sommes plusieurs à parcourir le site extérieur et les salles de concerts : Jacob Langlois-Pelletier, Frédéric Cardin, Stephan Boissonneault, Michel Labrecque, Varun Swarup, Vitta Morales et Alain Brunet vous offrent leurs recensions d’albums, compte-rendus de concerts et quelques intrerviews. Bonne lecture et bonne écoute!
Accompagné de son trio incluant Kris Fine à la contrebasse et Jonathan Barber à la batterie, Joey Alexander a gratifié les spectateurs du Théâtre Duceppe, vendredi soir dernier, d’un spectacle chaleureux et intime, composé de pièces originales. De l’avis général, la soirée a été un succès, mais compte tenu de la barre que Joey Alexander s’est fixée, il en a peut-être déçu certains. Notamment ceux qui s’attendaient à être éblouis par un jeune prodige d’une vingtaine d’années portant le jazz à un niveau supérieur, car Joey fait tout simplement ce qu’il a à faire.
En fait, on ne pourrait même pas supposer, en l’écoutant, qu’à l’âge de sept ans, il était déjà aussi accompli qu’un pianiste peut l’être. Le jeu de Joey est empreint d’une modestie, d’une retenue et d’une maturité réelles, et il semble avoir trouvé sa voie en écrivant une sorte de répertoire hymnique accessible et plein d’âme. Sans être trop réducteur, la meilleure façon de décrire le jeu d’Alexander serait de dire que c’est comme entendre Bill Evans jouer les bandes originales du Studio Ghibli. La profondeur de la technique et l’émotion sont là. Bien que subtile, on peut l’entendre dans la luxuriance de ses harmonisations et de ses ornementations, mais les dissonances ont disparu, remplacées par des intervalles plus ouverts et des harmonies à la Studio Ghibli ou à la Keith Jarrett.
La partie la plus fascinante de la soirée a été d’entendre Joey Alexander jouer de son mellotron, qui figure en bonne place sur son dernier album Continuance (lire la critique de notre collègue Vitta ici). Il s’agit certainement d’une nouvelle direction pour Joey, mais comme Bill Evans lui-même, qui a brièvement flirté avec le Fender Rhodes, il semble que le mellotron sera toujours un auxiliaire du piano, jamais un remplaçant digne de ce nom. Cela dit, toute occasion de voir ce maître subtil à l’œuvre est bonne à prendre.
Crédit photo: Joey Alexander page Facebook /Jazz Forum