Le concert de Fred Hersch au Festival de jazz de Montréal, qui s’est déroulé comme il se doit vendredi soir dans la salle intime du Gesù, a été un véritable tour de force en matière d’interprétation au piano solo. À la fin, on avait la nette impression d’avoir assisté au travail d’un maître.
Le jeu de Hersch se caractérise par une extraordinaire précision d’articulation. Chaque note était produite avec clarté et détermination, mais le toucher restait délicat et nuancé. Cette précision lui a permis de traverser des passages complexes avec aisance, le toute en veillant à ce que les mélodies sous-jacentes restent claires, même dans les moments où les harmonies sont denses et les harmonies dissonantes. L’un des aspects les plus remarquables de la prestation de Hersch est peut-être son usage magistral du silence et de l’espace. Il laisse la musique respirer, créant des moments de calme profond qui ont renforcé l’impact émotionnel de son jeu.
Le répertoire était un voyage à travers un paysage musical diversifié, comprenant des œuvres de légendes du jazz comme Benny Golson et Thelonious Monk, ainsi que des compositions d’Antonio Carlos Jobim et des Canadiens Joni Mitchell et Kenny Wheeler. La capacité de Hersch à traverser sans heurt ces différents genres et styles témoigne de sa polyvalence et de sa profonde compréhension de la musique. Chaque morceau a été traité avec le plus grand respect et la plus grande attention, tout en étant imprégné de la touche d’improvisation caractéristique de Hersch, qu’il s’agisse d’une de ses propres compositions ou d’un standard réimaginé.
Les interprétations de Hersch étaient profondément personnelles, reflétant sa voix musicale unique et son lien profond avec les morceaux qu’il choisissait d’interpréter. Le rappel, And So It Goes de Billy Joel, a clôturé la soirée avec une tendresse parfaite, condensant les thèmes de l’introspection et de la résonance émotionnelle de la soirée. Il est facile de comprendre pourquoi il est l’un des pianistes de jazz les plus appréciés de notre époque.