Le Vivier et Ensemble SuperMusique | Le talent incontestable et l’attention au détail de l’Ensemble SuperMusique

par Elena Mandolini

L’année 2023 marque le 25e anniversaire de l’Ensemble SuperMusique, dont la mission est de se dédier à l’interprétation de musique actuelle et de création, ainsi qu’à la musique écrite, improvisée et aux partitions graphiques. L’ensemble est bien connu sur la scène musicale montréalaise pour son grand talent, son dynamisme, et ses prestations d’une constante grande qualité. Le concert d’hier soir, en co-diffusion avec Le Vivier, a prouvé encore une fois que l’Ensemble SuperMusique se démarque toujours dans son domaine.

Les deux œuvres au programme de la soirée étaient des créations et étaient dirigées par les personnes compositrices elles-mêmes. La première pièce, Versa es in luctum cithara mea… de Vergil Sharkyaʹ rassemblait plusieurs éléments en une seule et même œuvre : instruments préparés et acoustiques, amplification et effets sonores. Comme prélude à la pièce, le compositeur fait rouler des boules de métal sur les cordes de guitare, frappe les cordes avec des brosses lumineuses ou un marteau de piano. Tant de méthodes de jeu inusitées créent un superbe effet sonore, un peu éthéré et presque d’un autre monde. Cette première section nous transporte dans un monde aux sonorités épurées, dans lequel on se concentre sur les différentes manières de produire le son.

La seconde section de l’œuvre mobilise l’ensemble SuperMusique en entier et fait place à de beaux moments d’improvisation collective, sur une base mélodique portée par les instruments graves et les percussions. L’on traverse à nouveau plusieurs tableaux qui dépeignent chacun des ambiances différentes : rythmes et basses, méditation (ou l’on voit trois flûtes traversières basses à l’œuvre!) et un registre que l’on pourrait presque qualifier de science-fiction.

La deuxième œuvre au programme, Monnomest (« mon nom est »), de Joane Hétu, est une longue œuvre en trois mouvements et plusieurs tableaux dédiée à Rémy Bélanger de Beauport, créateur et violoncelliste, qui a été agressé en octobre 2020 à Québec lors de ce que l’on appelle maintenant « l’attaque au sabre ». L’œuvre se construit autour d’un thème qui épelle musicalement le nom de Rémy Bélanger de Beauport, thème se métamorphosant au fil de l’œuvre, mais étant toujours reconnaissable, en filigrane.

En plus d’impliquer, bien sûr, une part d’improvisation instrumentale, 7 interprètes prêtent également leur voix à l’œuvre. Cet élément ajoute une texture supplémentaire à une pièce à la composition déjà très riche. Chaque instrument a l’occasion de prendre l’avant-scène et cela permet de mesurer tout le talent de l’ensemble. Monnomest est une œuvre guidée par de magnifiques moments mélodiques et des instants d’introspection.

Ce concert a été construit avec attention, avec une scénographie qui invitait à l’écoute totale et complète. Les deux pièces se mariaient parfaitement et s’inscrivaient dans une continuité l’une de l’autre. Les moments d’improvisation ont été à couper le souffle et l’on est admiratifs devant la cohésion de l’ensemble.  

Festival Bach | Au-delà de Bach, la signature de Signum

par Alexandre Villemaire

Le programme sur papier a de quoi étonner et surprendre au premier regard : un quatuor de saxophone – instrument qui est bien plus souvent associé au jazz  et à la musique contemporaine – interprétant des transcription d’œuvres de Johann Sebastian Bach autour desquelles s’intercalent des pièces composés entre les XXe et XXIe siècle pour finir par un « tube » rock emblématique d’AC/DC ! C’est cette audacieuse proposition artistique que les membres du quatuor de saxophone Signum, constitué des Slovènes Blaž Kemperle (saxophone soprano), Alan Lužar (saxophone ténor) et des Italiens Jacopo Taddei (saxophone alto) et Guerino Bellarosa (saxophone baryton) ont offert au public du Festival Bach qui s’était amassé en bon nombre à l’Église St.George pour une prestation pleine de contraste et de rebondissements

Plongeant dans le vif du matériel, le quatuor a ouvert le concert par la Suite pour orchestre  no 1 en do majeur de Bach de laquelle il a  interprété l’ouverture, le menuet et la bourrée dans un beau jeu de nuances et une agilité mettant en valeur à nos oreilles la sonorité boisé et velouté de l’instrument. Alors que le programme nous annonçait la pièce New York Counterpoint du compositeur minimaliste Steve Reich, il nous a été annoncé par Alan Lužar  qu’en raison de problème technique, vraisemblablement lié à la bande qui accompagne l’œuvre, celle-ci a dû être retirée du programme à la dernière minute. Ce désagrément a cependant donné lieu à une belle découverte en la pièce Prized Possessions du jeune compositeur viêtnamo-américain Viet Cuong, dont le quatuor a interprété le second mouvement « Beggar’s Lace » en remplacement. Après l’élégance de la suite orchestrale, la pièce de Cuong était une page véloce avec un jeu intense, plein de « dirty notes » soutenues par quelques passages mélodiques auxquels un échange percussif de « slaptongue » donnait un dynamisme mordant.

Autre œuvre de Bach au programme, le Concerto dans le goût italien sur une transcription de Katsuki Tochio a conquis le public. Les musiciens de Signum on fait montre ici de l’intelligence de leur jeu. Chacun des mouvements étaient cohérents et expressifs dans le style. Le premier mouvement était joyeux et pétillant avec des phrases mélodiques sans cesse renouvelées. Le deuxième à mis de l’avant le jeu de Blaž Kemperle et Alan Lužar dans un touchant lyrisme. Le troisième mouvement, expressif revêtait un caractère particulièrement claironnant rendu par les sonorités des saxophones.

Au retour de l’entracte, le quatuor a entonné le fameux Adagio en sol mineur dit d’Albinoni. Le caractère du saxophone confère aux lignes pour cordes un effet langoureux, plaintif et intense plein de mélancolie qui par moment nous évoque la musique d’Ennio Morricone. Fidèle à son esprit de vouloir provoquer des rencontres stylistiques où la présence de Bach se reflète en filigrane dans les effets et les affects de leur œuvres, la dernière partie du concert a été consacrée à deux extraits du cycle Recitation Book de David Maslanka dans lequel le compositeur cite et utilise des chorals de Bach comme matériel musical qu’il déconstruit et reconstruit. La médiation sur le choral « Der du bist drei Eingigkeit » qui s’ouvre par un solo de saxophone soprano a été d’une béatitude profonde alors que la Fanfare/Variation sur « Durch Adams Fall » plus énergique, laissait poindre, au travers du matériel original, des sonorités rappelant James Horner. Parachèvant leur performance, les quatre comparses se sont laissés aller après un peu plus d’une heure de musique dans les univers très normés de la musique du XVIIe siècle, à une interprétation endiablée de Thunderstruck du groupe AC/DC; une conclusion forte et solide qui rappel qu’il s’agit du même langage musicale employé par le Kantor de Leipzig, exprimé différemment.

N’eut été de l’intelligence de la programmation, mêlant habilement (ré)interprétation de la musique de Bach avec œuvres contemporaines et de la personnalité musicale des membres de Signum, finir un concert par un tel écart stylistique serait tombé à plat et aurait à juste titre été décrié comme gauche. Mais, la proposition artistique claire, l’interprétation engageante des musiciens a séduit le public qui les a remercié par des applaudissements nourris digne de rockstar! Pour leur premier passage à Montréal et au Canada, le quatuor de saxophone Signum a certainement laissé une grande impression par leur musicalité, leur profonde maîtrise technique, leur aisance tant sur la scène que dans les formes et les différents style et leur habileté à communiquer un répertoire qui nous est familier sous un autre jour tout en nous accompagnant à la découverte de nouveaux horizons musicaux.

Le Festival Bach se poursuit jusqu’au samedi 2 décembre. Pour voir la programmation détaillée, rendez-vous sur le site officiel du festival ICI.

Consultez également la programmation de l’Off-Festival Bach, qui propose tous les jours du 22 au 29 novembre à partir de 12h une série de concerts et des activités gratuites.

Crédit photo : Antoine Saito

Voyage Sud-Américain de l’OSM | Décloisonner avec fracas

par Rédaction PAN M 360

La dénomination de la « musique classique » est fascinante. Pour plusieurs, la musique classique est celle de Beethoven, de Mozart ou encore des compositeurs européens ayant vécu à des époques aujourd’hui éloignées. Rafael Payare et l’OSM éprouvent assurément un plaisir à démontrer qu’il existe d’autres compositeurs de musique savante venus de différentes contrées qui méritent amplement leur place dans une programmation symphonique.

Le concert de mercredi soir était un concert signature pour Payare. En exposant différents compositeurs sud-américains, on est sorti des habitudes du concert symphonique. Les surprises et les éclats ont été nombreux et peu dans le public sont restés indifférents. C’est un chef énergique, charismatique, presque dansant, et un orchestre tout aussi fougueux et en contrôle qui ont offert un spectacle mémorable.

Les joyaux du programme sont les éclatantes Variaciones concertantes de Alberto Ginastera. Construites avec un thème en quartes, on se sent immédiatement touché par la sensibilité de l’écriture et par l’énergie des phrases musicales. Un sentiment d’équilibre rempli l’œuvre. Presque toutes les sections ont droit à leur solo et on ne sent pas réellement de favoritisme, autre peut-être pour la harpe qui évoque la guitare. Une œuvre excellente, fraîche et enlevante.

Le pianiste espagnol Javier Perianes prête son jeu au très évocateur Concerto pour piano Ephemerae de Jimmy López Bellido. Dédiée spécifiquement au soliste, on a la chance de voir toute l’élégance et la sensibilité de son jeu à travers les différentes images et odeurs évoquées par la partition. On reconnait plusieurs styles et presque emprunts faits ici et là aux compositeurs antérieurs, mais toujours avec une touche personnelle. L’objectif synesthésique de la partition a un succès fondamentalement mitigé, étant donné la subjectivité intrinsèque du phénomène. Perianes a séduit la salle et a offert en rappel le Notturo, op. 54 no. 4 de Grieg. Il a su démontrer une grande présence sur scène, combinée à un grand talent et une grande sensibilité.

Les Bachianas brasileras no. 8 de Heitor Villa-Lobos semblaient rendre hommage aux formes courantes de l’époque baroque et à Bach en particulier. On retrouve une Toccata qui ne semble par réellement évoquer celle de Bach, mais qui reproduit sa vitesse et son énergie. Elle extirpe des applaudissements sincères de la part du public. La Fugue en finale est réalisée en main de maître et on admire la clarté de l’écriture et de l’interprétation. La montée rapide et soudaine vers la conclusion est intéressante, débutant par un grondement et terminant avec un éclat saisissant, et on applaudit chaleureusement. La partition reste moins remarquable que les œuvres précédentes, mais l’intensité enivrante plait clairement au public.

Le carrousel des influences latines et hispanophones se termine par le célébrissime Bolero de Ravel, qui est exécuté avec brio. Élaborer sur cette œuvre serait ultimement redondante, on ne la présente plus, mais on peut toujours s’amuser du fait qu’il ne s’agit, dans l’absolu, que d’un exercice de composition de la part d’un compositeur qui s’est longtemps battu pour la musique libre et sans carcan de la forme, quelque peu à l’opposé de ce qu’est le Boléro. Un classique parmi les classiques, la pièce est exécutée avec une sensibilité qui se morphe petit à petit en une intensité mémorable, à l’image de l’orchestre.

Pour en apprendre plus sur la programmation de l’OSM, visitez la page des concerts ICI.

Crédit photo : Gabriel Fournier

Le Vivier et Quasar | Fluidité sélective

par Rédaction PAN M 360

Le Quatuor Quasar offrait mardi soir un hommage à Claude Vivier. Présenté en octobre à Paris, les Montréalais ont eu la chance de voir ce spectacle fort intéressant et surtout très créatif. Il est certain que le Vivier est fier d’avoir organisé cet hommage à un compositeur qui a inspiré plusieurs, et pas seulement le nom de l’organisme.

Quasar rassemble des virtuoses du saxophone en un noyau serré et impressionnant, tant sur le plan technique qu’expressif. Les explorations de leurs instruments sont fascinantes et l’aisance avec laquelle ils font claquer, vibrer, sauter et crier leurs instruments est un art en soi. Parmi toutes les sonorités atypiques et souvent incongrues qui ont été entendues hier soir, peu semblent avoir réellement donné du fil à retorde aux musiciens.

La mise en scène était particulièrement soignée. Une scène centrale, entourée d’un rideau transparent, occupait l’Espace Orange. Tantôt à l’avant de cette scène, tantôt sur celle-ci, l’éclairage et l’aspect flottant de la disposition contribuaient à créer une atmosphère intime. On regrette un peu que l’éclairage pendant une grande partie du concert ait été si bas, rendant impossible de suivre le programme (très beau) qui aurait été bien de consulter pour situer les œuvres jouées en succession. Heureusement, plusieurs des compositeurs ont pris le temps de présenter les œuvres jouées et on s’est immédiatement senti plus engagé.

Les œuvres au programme étaient quant à elle intéressantes, mais parfois inégales. La pièce de Claude Vivier qui ouvrait le concert, Pulau Dewata, offrait une perspective différente de la musique de Vivier, avec une esthétique presque minimaliste avec les motifs répétés et en évolution. C’est un des seuls points communs avec les autres œuvres présentées au programme. La deuxième pièce, L’instant liquide par Florence M. Tremblay, était fluide et fort agréable. Elle explorait de façon excellente les registres atypiques des instruments et on se sentait emportés par les vagues de la partition. Les autres œuvres de Gilles Tremblay, Paul Méfano et Émilie Girard-Charest semblent tous avoir adopté cette perspective, ce qui eut l’effet d’exacerber l’agressivité de certaines sonorités. Certaines utilisations des techniques se mariaient bien à l’ambiance et à la trame narrative des œuvres, alors qu’à la fin, pour la plupart d’entre-elles, l’effet de nouveauté s’estompait. On avait l’impression de voir un atelier sur les différentes possibilités plutôt qu’une œuvre uniforme.

La dernière pièce, Cinq pièces liquides de Yassen Vodenitcharov, sort de ce moule et l’effet est agréable. À la fois une évocation de la peinture et un hommage à différents artistes disparus, on est surpris par les bruitages ajoutés et une fluidité plaisante qu’on avait perdu depuis la pièce de Florence M. Tremblay. 

Les œuvres jouissaient, chacune d’entre-elles, d’une créativité débordante. Les compositeurs ont osé, et on apprécie grandement. On voudrait en avoir plus, mais probablement dans une disposition différente. Dans tous les cas, l’exécution virtuose du Quatuor Quasar a rendu non seulement hommage à Claude Vivier, mais aux compositeurs présents également.

Pour plus de détails sur la saison du Vivier et pour les concerts à venir, c’est ICI.

Slow Pulp Live is Sad Music for Happy People, or vice versa

par Stephan Boissonneault

I’m not ashamed to say that I didn’t really know Slow Pulp, an indie/ heavy bedroom pop four-piece from Wisconsin, until a few weeks before their sold-out show at Bar Le Ritz. But boy damn, was I given the opportunity whenever I flipped through my Instagram or any music site. Their new album Yard, was dominating my social feeds with advertising months before it was out, so I definitely knew the name. Maybe that’s because of their signing on ANTI-, or Slow Pulp blowing up over Tik Tok, but either way, the name Slow Pulp was always in the back of my mind for the few months leading up to their Bar Le Ritz show.

But on one fateful October night, a friend played me their song « Slugs, » and I immediately felt the appeal. The 90s alt-rock and shoegazey edge, ala Mazzy Star, mixed with crushing emo-esque lyrics and lead singer Emily Massey’s hazy and gargantuan-sounding vocals. But nothing could really prepare me for their live performance at Bar Le Ritz, which I’d say was one of my top surprises of the year—and I see a lot of shows.

As we (the same friend who showed me Slow Pulp) entered the room, I realized I had never seen the room this packed before. It felt like waves of people smashed together like bugs under a microscopic glass. We grabbed a spot and checked out the last song of opener Babehoven, and man, do I wish we had seen more of them. It was a bit Alvvays meets Big Thief and their album, Light Moving Time, is gold. A perfect opener, whom I imagine will be back with their own headlining show soon.

Then out came Slow Pulp, and for some reason, I had pictured Emily looking more rough and punk rock, but she seemed so innocent standing there in a purple sweater with her cherry red SG. Yet, the moment she sang a song like « Cramps, » or « MUD, » her voice filled the room and conveyed her vocal prowess. Her ability to sing an almost whisper and then belt out a powerful sustained note is nothing short of extraordinary. And the band, so unbelievably tight, with a highlight having to be their ‘guitarmonies’ for a few short lead lines. This band knows exactly when to lay it on thick and when to hang back and let Emily do her thing.

« It’s crazy to me that you’re all singing the lyrics to these new songs and that really makes us feel good, » Emily said to the crowd. Musically, there have been many bands like Slow Pulp throughout the ages—the female-fronted alt-indie bands like Alvvays—but their simplicity and overall refined sound feels like a warm collective hug to get sucked into. The songs are related and find that perfect equilibrium of being catchy and heavy at the same time. The band of course ended with their most popular song, « High, » about, well, being too high, almost to the point of greenout—a situation much of the crowd could relate to.

photos by Stephan Boissonneault

M For Montreal Day 4 | Alix Fernz, and Pelada

par Lyle Hendriks

The last night of the M for Montreal festival was studded with incredible acts, providing the perfect conclusion to a few unforgettable days of acts across Mile End, Plateau, and beyond. Here are two of my favourite shows from the final evening of 2023’s M for Montreal festival.

Alix Fernz Brazen Bravado


Oozing sex and a distinctly devil-may-care, diva persona, Alix Fernz was a pleasure to watch Saturday night at Ausgang Plaza. Gritty, angular punk rock married beautifully with Fernz’s irreverent, borderline bratty vocals, which feel almost otherworldly once they’ve been filtered through his eclectic circuit board of synths and effects laid out on the table in front of them. Despite Fernz’s intense, post-punk-driven direction, there was a groove and even a sweetness that was so apparent from the outset. He obviously doesn’t take himself too seriously, which is a good thing when it comes to his atypical brand of brazen bravado. Fernz’s band was also excellent, featuring powerful, driving drums, rock-steady bass, and a fantastic blend of synth and guitar to keep us guessing. Fernz’s set was all meat, no filler, and an absolute blast to watch.

Pelada – D&B From the Future

Montreal duo Pelada has become known for a number of things over the years, including their live performances. While I was initially disappointed to hear that the pair wouldn’t be busting out any live vocals for their Saturday night set at Fairmount Theatre, this feeling didn’t last long. Delivering a crunchy, gravelly, futuristic set of D&B, house, and strange, post-techno, Pelada invigorated. Thumping bass. Screeching synths. Dirty vocal samples. It’s the kind of music that makes you want to do something mildly illegal in a dirty club bathroom, or perhaps do triple the limit on a nighttime city street. It was a pleasure to see this side of Pelada’s sonic sensibilities, and only makes me more intrigued to see what the duo might do next.

classique / classique moderne

OM | Concerto norvégien pour violon et la symphonie « Leningrad » de Chostakovitch

par Alexis Desrosiers-Michaud

C’est une salle comble qui, samedi soir, a accueilli la recréation du Concerto pour violon du norvégien Johan Halvorsen avec la jeune violoniste de 20 ans María Dueñas, et à la 7e symphonie de Dmitri Chostakovitch, dite Leningrad, le tout dirigé par Yannick Nézet-Séguin. 

Dans le cas qui nous occupe, le terme recréation est à prendre avec des pincettes. Disons simplement que personne ici n’avait encore entendu de son vivant une exécution de l’œuvre. En effet, on a longtemps cru que la partition avait été détruite il y a plus de 100 ans. Cependant, la dédicataire du concerto, la violoniste canadienne Kathleen Parlow, a ramené au pays une copie de la partition et c’est en 2016 que l’œuvre a été retrouvée dans les archives de l’Université de Toronto. Selon les notes de programme, il n’y aurait eu que quatre exécutions du concerto depuis sa conception.

Nous assistions donc à la première nord-américaine. 

Comparé au concerto de Bruch et à la musique de Grieg par Yannick Nézet-Séguin en allocution d’avant-concert, ce concerto a la forme inhabituelle d’une durée approximative de 26 minutes ne laisse aucun répit à la soliste. Et pour cause, ce sont deux cadences exigeantes qui ouvrent le premier mouvement avant que l’orchestre ne prenne la relève. Les deux premiers mouvements s’enchaînent sans interruption presque sans que l’on ne s’en rende compte. Le troisième mouvement est empreint de folklore avec ses rythmes fougueux. Il y a dans ce mouvement deux beaux passages dialogués entre soliste et orchestre, et même des récitatifs. Ce n’est pas un concerto qui est difficile à accompagner, mais on note une orchestration colorée et fine. 

Dueñas traversera l’œuvre en multipliant les prouesses techniques tout en gardant un sens du lyrisme digne d’une maturité déjà acquise. Elle évite de tomber dans le piège du sensationnalisme et en donne juste assez pour que l’on ne décroche pas. En guise de rappel, l’orchestre et la violoniste ont joué une œuvre intitulée « La fille qui chante », probablement du même compositeur, qui nous a permis d’entendre une sensibilité touchante qui n’aurait pas eu sa place dans le concerto. 

Mais quand est-ce que tout ça va s’arrêter ?

L’auteur de ses lignes était dans la salle en 2016 quand l’Orchestre symphonique de la Radio-Bavaroise et le regretté Mariss Jansons avait posé ses valises à la Maison Symphonique pour donner une véritable leçon de musique au public montréalais dans la 7e symphonie de Dmitri Chostakovitch. La performance avait été magistrale et plaçait la barre très haut pour le Métropolitain. 

Composé en 1941 pendant le siège de plus de 900 jours de la ville de Leningrad, aujourd’hui Saint-Pétersbourg par les nazis, Chostakovitch, lui-même enrôlé comme pompier volontaire dans l’armée russe, écrit cette symphonie, sa plus longue, de prime abord pour motiver les troupes face à l’ennemi. Mais on comprend vite le double sens caché antitotalitaire de son auteur. 

Après une introduction majestueuse, le point de bascule de cette symphonie commence dès la cinquième minute. Sur un ostinato de caisse claire rappelant le Boléro, les cordes font entendre un thème archi-simple, qualifié même de « niaiseux » et « bébé » par le chef. Pendant plus de dix minutes, ce thème sera transformé tranquillement, insidieusement en une immense « machine de guerre », caractérisée par d’abondantes percussions et par une seconde section de cuivres complète ajoutée de l’autre côté de la pièce. Dès lors, on comprend vite à quoi on aura affaire pour les 60 minutes qui suivront. 

Si l’orchestre a dépensé peu d’énergie avant l’entracte, c’est tout le contraire pour la suite. Jamais les musiciens et le chef ne relâcheront l’intensité requise pour rendre cette partition exigeante. Même dans les moments plus calmes, on sent toujours que le danger guette, qu’il faut rester sur ses gardes. À juste titre, le second mouvement est sombre malgré le rythme de danse qui le caractérise. Le thème principal du troisième mouvement est joué avec beaucoup de poids en plein archet par les cordes, ce qui empêche de tomber dans les pleurs et la désolation. 

On se souvient de Jansons-BRF de 2016 et on se souviendra longtemps de Nézet-Séguin-OM de 2023. C’est une musique qui provient des tripes et qui nous pénètre jusqu’au plus profond de soi. Dieu seul sait d’où Yannick est allé puiser l’intensité donnée au dernier accord d’une finale qui ne veut pas finir, pour tout relâcher, comme une libération. C’est d’ailleurs ce qui a donné le sous-titre de cette section; pas parce que c’était mauvais, bien au contraire, mais parce que c’est ce que cette exécution représente : l’angoisse constante et la peur face à la barbarie.

crédit photo: Denis Germain

scandinave / trad québécois

Mundial Montréal au Centre des musiciens du monde : Tous au Nord, à l’Est et à l’Ouest!

par Frédéric Cardin

Vendredi 17 novembre dernier avait lieu au Centre des musiciens du monde à Montréal (CMM) un concert en partenariat avec le festival Mundial Montréal. C’est la deuxième année que cette relation se manifeste entre le CMM et l’événement showcase, et elle a déjà démontré toute sa pertinence. D’abord par la qualité exceptionnelle des artistes qui sont invités à s’exprimer à l’église Saint-Enfant Jésus du Mile-End (la salle attitrée à la plupart des concerts du CMM), puis la réjouissante différence du type de musique offert lors de ces concerts en comparaison de ceux du Mundial.

Au CMM, les artistes nous ont offert des rencontres interculturelles (c’est le principe de base du Centre) dont le résultat est souvent d’un nouveau intellectuel et musical plus savant et raffiné que pour Mundial. Alors que ce dernier favorise les groupes qui ont une énergie et une portée plus près de la pop (sans se conformer à ce style précisément), le CMM cherche à transcender les différences avec des propositions musicales qui s’appuient souvent sur des recherches poussées. 

Par exemple, en première partie du concert de vendredi, le duo composé des chanteuses traditionnelles Maling Thunell (de Suède) et Jessica Paradis (du Québec) a présenté le résultat d’une résidence de création lors de laquelle les deux artistes ont comparé puis réuni des chants aux résonances similaires issus des deux terroirs folkloriques. Sur scène, les deux jeunes dames s’accompagnent soit d’une harpe, d’un harmonium, d’un accordéon tout en chantant et s’échangeant des parties de mélodies et de textes qui ont des racines similaires. De la Suède au Québec, le public très attentif a reçu de façon très agréable une sorte de cours d’ethnologie du folklore 101. Les voix des deux artistes sont superbes, de l’ordre du chant étudié de musique ancienne. Surtout, elles se superposent de façon complémentaire, celle de Thunell un beau soprano lumineux et celle de Paradis plus près d’un mezzo. Souvent, les versions des chansons (la suédoise et la québécoise) s’embrassaient dans un riche contrepoint parfaitement bien équilibré. La rencontre intitulée Paysages nordiques mérite entièrement d’être présentée partout au Québec, mais aussi en Suède bien entendu. Beau, touchant et enrichissant. On s’en souviendra.

Maling Thunell solo : 

Jessica Paradis : 

La deuxième partie du concert présentait le duo CelloGayageum. Cello pour violoncelle bien entendu (joué par un Autrichien d’origine coréenne Sol Daniel Kim) et gayageum pour l’instrument coréen du même nom, un cousin du koto japonais (joué par la Coréenne Dayoung Yoon). La rencontre ici proposée se fait entre l’art musical traditionnel coréen et l’art classique occidental, dans un ensemble de pièces originales (le répertoire existant pour ce genre d’instruments étant inexistant) qui offre des aventures sonores assez accessibles, et surtout ludiques. Le caractère ici exprimé est résolument moins savant et sophistiqué que celui de Paysages nordiques, mais la rencontre réussit néanmoins à créer de belles étincelles et à plaire abondamment au public présent. 

Cellogayageum :

 

Mundial Montréal nous offre constamment de belles découvertes en musique world globalisée, dans une optique orientée vers le marché des festivals a rassemblements grands publics. Ce qu’apporte le Centre des musiciens du monde à cette dynamique, c’est une orientation de marché plus niché, mais ô combien important et essentiel dans notre enrichissement interculturel collectif. 

Orchestre de l’Agora et Atelier lyrique | Poppée magistrale et triomphante

par Elena Mandolini

L’Atelier lyrique de l’Opéra de Montréal et l’Orchestre de l’Agora se sont unis samedi soir pour présenter Le Couronnement de Poppée, mystérieux opéra de Claudio Monteverdi. La taille restreinte de la salle Pierre-Mercure du centre Pierre-Péladeau de l’UQAM n’a pas empêché les interprètes de livrer une prestation grandiose. Une mise en scène efficace et une distribution de très haut calibre ont contribué à rendre cette soirée troublante et mémorable.

On dit que cet opéra de Monteverdi est plein de mystères puisque la version originale de Monteverdi a disparu, et que les mises en scène sont des reconstitutions rendues possibles par les recherches musicologiques. Malgré tout, cet opéra est considéré comme un joyau du répertoire italien, et continue à fasciner les publics, même près de 400 ans après sa création. Le livret raconte les péripéties de Poppée, amante de l’empereur Néron, qui souhaite accéder à la couronne. Après avoir répudié son épouse Octavie, Néron marie Poppée, faisant de cette dernière l’impératrice de Rome. Derrière cet argument basé dans la Rome antique se cachent des dilemmes intemporels : le combat entre l’amour et le devoir, et les contradictions internes qui nous habitent toutes et tous.

La complexité émotionnelle du livret est efficacement représentée par une mise en scène d’Aria Umezawa. Les décors, au commencement épurés et ouverts, se chargent de plus en plus d’objets divers, laissés sur scène par les chanteuses et chanteurs. Le dernier tableau de l’opéra s’en trouve alors des plus surchargés visuellement, illustrant la décadence et la désolation suggérées par l’œuvre. Les costumes aussi sont réfléchis et évocateurs, permettant même des changements vestimentaires en quelques instants, sur la scène même.

Pour leur part, les interprètes, autant sur scène que dans la fosse d’orchestre, sont toutes et tous d’une qualité exceptionnelle. Si l’on s’inquiétait de prime abord au sujet de l’acoustique (l’Orchestre de l’Agora, dirigé par Nicolas Ellis, jouant pour l’occasion sur des instruments d’époque), on est rapidement rassuré. Chaque instrument est clairement audible, et ne rivalisent nullement avec les voix. Tout est parfaitement calibré de ce point de vue.

À la qualité vocale des chanteuses et chanteurs s’ajoute un jeu d’acteur convaincant qui fait vivre toute une gamme d’émotions. On tremble devant la colère de Néron (Ilanna Starr), on s’inquiète devant l’ambition de Poppée (Emma Fekete), on est ému devant Sénèque (Matthew Li) destiné à mourir et on est déchiré par les dilemmes que vit Ottone (Ian Sabourin). Toutes et tous interprètent les passages les plus difficiles et virtuoses avec aisance et agilité. Toutes les prestations sont à saluer et à applaudir chaudement.

Le Couronnement de Poppée a vu plusieurs forces s’unir pour offrir une représentation des plus spectaculaires. On ne peut que les féliciter et attendre avec impatience une autre collaboration du genre.

Festival Bach | Sur l’air des fils de Bach

par Alexandre Villemaire

L’édition 2023 du Festival Bach s’ouvrait vendredi soir à la Maison Symphonique avec un programme mettant à l’honneur la musique de deux fils de J.S. Bach : Johann Christian (1735-1782) et Johann Christoph Friedrich Bach (1732-1795). Pages méconnues et peu jouées de ceux que l’on appelle respectivement le « Bach de Londres » et le « Bach de Bückenburg », les deux symphonies et concertos de chacun étaient dirigés par le chef allemand Reinhard Goebel, éminent et légendaire spécialiste du répertoire de la musique ancienne qui a fait de sa marque de commerce depuis plusieurs années la redécouverte de ce répertoire oublié avec son ensemble, Musica Antiqua Köln. Sa présence revêtait également une symbolique particulière et familière pour le festival, lui qui en avait inauguré la toute première édition il y a dix-huit ans comme l’a mentionné en introduction sa fondatrice et directrice artistique, Alexandra Scheibler.

Aussitôt entré sur scène d’un pas énergique et primesautier, le chef allemand à entrainé les musiciens de l’Orchestre du Festival Bach dans l’univers de Johann Christian. Tout de contraste, la Symphonie en sol mineur no 6 plonge l’auditeur dans une énergie véloce alimentée par une base de cordes haletantes, mais dont les idées musicales, bien que dynamiques, finissent par s’estomper. Soliste invitée pour la soirée, l’excellente pianiste Schaghadjeh Nosrati a interprété le Concerto en mi bémol majeur du même compositeur. Typique de la forme classique tripartite, le matériel du piano et de l’orchestre se fondait ensemble dans une synergie remarquable pour par lui suite, se séparer dans de beaux dialogues musicaux où les interventions de chacune des parties étaient mises en relief avec élégance et énergie. Les multiples dynamiques et nuances exprimées dans la première partie portaient la marque du style galant, caractéristique chez Johann Christian et du Sturm und Drang, courant esthétique de la deuxième moitié du XVIIIe siècle mettant de l’avant une plus grande expression des sentiments.

En deuxième partie nous avons eu droit aux œuvres de l’aîné Johann Christoph Friedrich. Plus dense dans sa forme, le Concerto Grosso en mi bémol majeur fait intervenir à la fois l’ensemble de l’orchestre, une petite section d’instrumentistes et la soliste dans des dialogues passionnés. Ici encore, la maîtrise des textures et des dynamiques dans cette œuvre à la fois énergique et élégiaque par Goebel et Nosrati est engagée et solide. La marque du Sturm und Drang est également encore bien présente, notamment dans le deuxième mouvement Adagio, en mode mineur, à la fois mélancolique et dansant, marqué par des passages qui appellent au début du romantisme. La Symphonie en si bémol majeur se distingue par ses idées musicales nuancées, son énergie joviale et sautillante rappelant les symphonies de Haydn, son orchestration raffinée et colorée ainsi que par un emploi de mélodies tirées de chants populaires, particulièrement présents dans les troisièmes et quatrièmes mouvements.

La connaissance et l’aisance du chef dans ce répertoire étaient palpables tout le long de la soirée. Reinhard Goebel respire, transpire et inspire chacune des phrases, chaque nuance, chaque traits musicaux. Il les connaît comme le fond de sa poche et l’a démontré dans une direction qui tenait parfois plus de l’expression musicale que de la technique au sens strict. Il vivait cette musique. Saluons à cet égard l’excellent contingent de musiciens de l’orchestre qui répondait avec énergie et fougue à ses commandements, notamment les flûtes et les hautbois qui ont offert une belle présence sonore. Malgré la déconvenue que l’annulation de la présence de Sir John Eliot Gardiner – qui a interrompu ses activités professionnelles suite à un incident avec un chanteur en août dernier – a pu avoir, la prestation stylistiquement cohérente et bien menée par Reinhard Goebel, Schaghadjeh Nosrati et l’Orchestre du Festival Bach Montréal, ouvre néanmoins de manière sereine et solide cette nouvelle édition de ce grand rendez-vous de la musique des XVIIe et XVIIIe siècles à Montréal.

Ce concert d’ouverture sera présenté au Palais Montcalm de Québec le samedi 18 novembre et au Centre Carleton Dominion-Chalmers à Ottawa le dimanche 19 novembre. INFOS ET BILLETS ICI.

Arion à la Salle Bourgie | L’écoute renouvelée d’un grand classique

par Elena Mandolini

Pour bien des mélomanes, le Messie de Haendel rime avec le temps des Fêtes. Ce grand classique de la musique baroque a été présenté hier soir à la Salle Bourgie au grand plaisir du public réuni pour l’occasion. Ce concert était également une collaboration entre Arion orchestre baroque et le Studio de musique ancienne de Montréal (SMAM). Les musicien.ne.s et choristes des deux formations, sous la direction d’Andrew McAnerney du SMAM, ont offert une performance lumineuse et d’une remarquable précision.

Comme pouvaient nous l’apprendre les informations projetées sur le mur du fond de la scène avant le début du concert, tous les instruments utilisés étaient d’époque, ou des reproductions de ceux-ci. Par conséquent, la qualité sonore était toute caractéristique de ces orchestres baroques qui ont à cœur l’interprétation historiquement informée. Il y avait beaucoup d’interprètes pour la somme toute petite scène de la Salle Bourgie, mais la texture sonore demeurait douce, presque intime, sans perdre pour autant la profondeur du son. On pouvait voir la complicité entre les membres d’une même section, ceux-ci s’échangeant des regards complices et des sourires.

La qualité du jeu d’ensemble d’Arion et du SMAM est remarquable. Le chœur, composé de 3 interprètes par section, est homogène, et chaque section chante comme d’une seule voix. La précision, autant du chœur que de l’orchestre est également à saluer. Et cette constance et rigueur se maintiennent durant toute la durée (2 heures et demie!) de la représentation. L’on peut dire de même des solistes, dont la diction impeccable laisse entendre chacune des syllabes du texte, tiré des différents livres de la Bible. La puissance vocale du baryton Geoffroy Salvas, en particulier, est impressionnante.

Une curiosité à noter de ce concert est l’utilisation du logiciel NEX-perience, qui permet au public d’obtenir un programme interactif sur son téléphone intelligent durant le concert. Tout au long du concert, de courts faits défilaient sur notre téléphone sans avoir à y toucher. Ces informations concernaient parfois la vie de Haendel, la création du Messie, ou simplement des informations sur la rhétorique musicale mise en œuvre dans cet oratorio. Une offre intéressante, facile d’accès, et qui renouvelle l’expérience de concert.

Malgré le caractère très sombre de certains textes, il ressort tout de même de cette interprétation une grande lumière et un magnifique message de paix. On sort de cette longue soirée énergisé.

Deux autres représentations auront lieu à la Salle Bourgie : samedi 18 novembre à 16h et dimanche 19 novembre à 14h30. INFOS ET BILLETS ICI!

hip-hop / rap keb / soul/R&B

M pour Montréal | Super Plage, Hawa B, LaF au Club Soda

par Guillaume Laberge

Super Plage

C’est avec une prestation éclatante que le trio Montréalais, Super Plage a ouvert le bal lors de cette première de deux soirées au Club Soda pour Marathon (M pour Montréal.) 

L’ensemble électro-pop a su capter l’attention du public avant même la première piste, grâce à des habits flamboyants et en dégageant également une forte joie de vivre.

Dès la première chanson, le « party était pogné » en bon québécois. Super Plage enchaînait les airs, les mixant avec beaucoup de cohésion, et attirant les fans une chanson à la fois dans leur univers coloré. Leur performance était très théâtrale avec un thème offert respectant le nom du trio. Le chanteur principal était même en maillot de bain, nu pied et sans chandail à un certain point.

Pour le peu de temps qu’ils ont joué (20 min) , l’ensemble a tout laissé sur la scène et a réussi avec une grande facilité à satisfaire le public du début à la fin grâce à une solide prestation.

Hawa B

Par la suite, c’est la talentueuse Hawa B qui a investi la scène. Elle qui a accompagné FouKi comme choriste au Centre Bell la semaine dernière, c’était toutefois, son projet solo a qui les fans ont eu droit.

Vêtue de noir et entourée de chaines, elle a fait une entrée remarqué devant les spectateurs qui suivait du regard chacun de ses mouvements. La première chose qui frappe chez Hawa B est sa voix. Celle-ci est riche et puissante, plutôt grave, mais très perçante. C’était définitivement ce qui faisait le plus réagir la foule quant à sa prestation.

Hawa B  soumet une proposition musicale intéressante, elle qui baigne dans le R&B plutôt expérimental, pouvant s’apparenter à ce qu’offre la Britannique FKA twigs. Les sonorités  tournent surtout autour de la distorsion et des synthétiseurs, avec un ou deux instrumentales tirant sur le trap, où elle a transporté les fans vers une zone plus chaotique que Super Plage, quoique tout de même chaleureuse. Seule légère critique à formuler: le son  pouvait paraître unidimensionnel à l’oreille non entraînée, avec quelques chansons qui se fondent l’une dans l’autre.

Malgré la courte durée de son passage, Hawa B a livré un 20 minutes haut en couleur et d’autant plus pertinent compte-tenu du peu de matériel de la jeune artiste.

LaF

Après avoir rempli le Centre Bell la semaine d’avant grâce à l’événement qu’a organisé la maison de disque 7ième Ciel, le collectif de rap LaF a démontré qu’il avait encore beaucoup d’essence dans le réservoir avec une prestation de feu pour clore la soirée devant un public qui était définitivement présent pour eux. 

LaF enchaînait sans relâche les chansons plus explosives avec quelques “slow jams”, pour finir avec leurs parutions plus populaires comme leur tube Tangerine. Les rappeurs avaient une belle complicité, usant de solide flows et articulant très clairement les syllabes. Présence sur scène à tout casser ! À l’évidence, le collectif rappait avec un plaisir contagieux et la foule dévorait tout ce qui lui était proposé. On a même eu droit à quelques modestes “moshpits” dont l’un d’eux qui a mené le rappeur Mantisse à y surfer. 

Bien qu’un mixeur faisait jouer les instrus aux platines à défaut d’une formation complète, on pouvait se réjouir qu’un flutiste/saxophoniste et guitariste/pianiste se soit joint au groupe sur scène, ajoutant une dimension nettement plus organique à leur concert.

Cette belle énergie et cette maîtrise de la scène ont fait de LaF la cerise sur le sundae de ce programme au Club Soda.

crédit photo: Camille Gladu

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