avant-rock / rock prog

Présence autochtone | Subhira Quinteto, avant-rock contemporain et culture mapuche

par Alain Brunet

On dit de Subhira Quinteto qu’il est un des ensembles les plus innovants du Chili. Le groupe existe depuis plus d’un quart de siècle et jouit d’une belle réputation internationale, et parcourt le circuit des musiques du monde. Visiblement, Montréal ne figurait pas encore dans les villes conquises jusqu’alors, c’était le temps d’un rattrapage sur la Place des Festivals, le mercredi 6 août.

Leurs compositions intègrent des musiques autochtones à une sorte d’avant-rock contemporain, assez savant pour ses choix rythmiques (presque toujours des mesures composées) et son esthétique prog rock ou math rock assortie de musique contemporaine occidentale. Leur leader, claviériste et compositeur, Subhira (Rodrigo Cepeda) est bardé de prix, professeur de composition à l’École de Musique Moderne et dirige le label Mundovivo. La formation paritaire est composée de l’excellente batteure Emai Cepeda, de la violoniste Danka Villanueva et de la flûtiste Ema Morales , sans compter le violoncelliste Juan Angel Muñoz, qui fut violoncelle solo l’Orchestre Philharmonique de Santiago, a joué en tant qu’invité avec d’innombrables artistes et orchestres nationaux et internationaux.Un membre externe de l’équipe chilienne, Khano Llaitul Fernández, interviendra pendant une bonne partie du concert. On dit de cet artiste et activiste autochtone de culture mapuche qu’il a accompli un travail remarquable en tant que conseiller en thématiques indigènes, en éducation, en dramaturgie, en musicologue mapuche, en diffusion de l’art, de la culture et des droits indigènes. On l’entend déclamer,, agiter des cloches et grelots, souffler dans des instruments traditionnels. Voilà une belle exécution de concepts et actualisations culturelles typiques des artistes les plus ouverts au cours des années 70, 80 et 90.

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L’OM, YNS et Alexandra Stréliski au pied du mont Royal: que du bonheur montréalais

par Alain Brunet

Il faudrait être de (très) mauvaise foi, il faudrait bouder niaiseusement son plaisir pour ne pas admettre les bienfaits d’une telle communion urbaine. Montréal est l’une des rares villes de cette taille à bénéficier d’une telle ouverture et d’une telle écoute de sa population. En ce crépuscule du mardi 6 août, au pied du mont Royal comme c’est le cas à chaque été montréalais, l’Orchestre Métropolitain et son chef Yannick Nézet-Séguin ont généré du bonheur pour plus de 60 000 personnes ouvertes à une telle expérience.

Les airs très connus de la suite Carmen, tirée du fameux opéra de Bizet, ont constitué l’introduction et la conclusion de ce ce concert généreux et bien conçu dans un tel contexte. Question de mettre des balises connues afin d’attirer le public sur des pistes qui l’étaient moins, la direction artistique de l’OM a arrêté ce choix parmi de nombreuses évidences du répertoire classique. Le son n’était pas à son meilleur d’entrée de jeu mais les ajustements de la technique n’ont pas tardé à en améliorer considérablement l’intelligibilité. 

L’OM a ensuite exécuté une œuvre courte du pionnier québécois Claude Champagne, que l’on pourrait qualifier de néo-classique avant le temps, car les insertions de musique traditionnelle en dominent la facture. Joli.

Le compositeur québécois Maxime Goulet était présent pour l’exécution de son œuvre, Citius, altius, fortius! , dédiée cette fois aux olympiens qui se démènent à Paris, mais aussi aux instrumentistes dont la tâche est aussi athlétique – nous a rappelé YNS. À la fois chargée et consonante, l’œuvre est justement conçue pour de telles circonstances, et assez substantielle  pour satisfaire tout amateur de musique classique moderne. L’esprit de Leonard Bernstein était dans l’air, d’autant plus que YNS a collaboré de près à la trame sonore du film Maestro de Bradley Cooper lui étant consacré. Fancy Fee est une œuvre de jeunesse de Bernstein, comportant plusieurs caractéristiques de son œuvre éclectique, a été jouée avec rigueur et inspiration. 

La posture progressiste du directeur artistique de l’OM le mène aussi à faire la part belle aux femmes compositrices. Ainsi, les Américaines Florence Price et Amy Beach ont déjà été jouées par l’Orchestre Métropolitain, c’était l’occasion de offrir ce 3e mouvement  (Juba Dance) de sa Symphonie n° 3 en do mineur aux dizaines de milliers de profanes qui  n’en connaissaient pas l’existence.  Dans un esprit de fusion des musiques afro-descendantes et de la musique classique américaine au début du 20e siècle, Florence Price avait fait sa marque de son vivant, mais fut longtemps sous-estimée par l’Histoire de la musique jusqu’à une période récente. 

Dans une moindre mesure parce qu’elle était blanche de peau, Amy Beach n’était pas non plus passée à l’Histoire dans un monde plus misogyne de son vivant qu’il ne l’est aujourd’hui. Et c’est surtout parce que cette Symphonie gaélique, la première composée par une femme américaine (1894), mérite absolument d’être découverte et appréciée pour ses qualités propres. Fin pédagogue, YNS a  d’ailleurs pris soin d’en expliquer chacun des mouvements plutôt que d’insister sur le décorum – normalement, on n’applaudit pas entre les mouvements mais bon, il ne faut pas en faire une maladie. En territoire inconnu, cette immense foule a fait preuve d’une écoute exemplaire pendant que le soleil répandait ses braises dans le firmament avant de disparaître jusqu’aux aurores.

L’animateur de la soirée, Pierre-Yves Lord, a ensuite convié la pianiste et compositrice vedette Alexandra Streliski à exécuter deux œuvres pianistiques avec l’OM et YNS qui lui en ont ajouté un galbe symphonique.  Inutile d’ajouter que le public a très majoritairement savouré ce segment néo-classique prévu par le chaleureux maestro et directeur artistique. Bienveillance et ouverture!  
Quand il n’y en a plus, il y en a encore! Comme ce fut le cas en 2022, A Fifth of Beethoven, fameuse version disco du fameux thème de l’archi-connue 5e symphonie de Ludwig van Beethoven, un mégatube de Walter Murphy à l’époque, fut offerte au dessert avec la participation d’Alexandra Stréliski. On conclura le tout avec des extraits de Carmen, et on se dira que Montréal demeure cette ville si spéciale, si unique pour que de tels manifestations s’y produisent.

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Osheaga Day 2 : Every Dog Has Its (Green) Day

par Lyle Hendriks

First and foremost, let me declare my respect and fealty for Green Day. As one of the all-time greatest bands to walk the Earth, there’s no denying the influence and importance of their early catalogue—a fact that they seem keenly aware of, considering their tour for their new album, Saviors (Reprise Records, 2024) is actually just them playing Dookie (Reprise Records, 1994) and American Idiot (Reprise Records, 2004) in their entirety.

Green Day’s new music is not good. It’s a washed-out imitation, trying to recapture not only the glory days of the band itself, but also anything even remotely popular from the pop-punk and alt-rock world in the last 20 years. And again, it seems that Green Day is completely aware of this fact, playing only a handful of songs off their new release, and then diving into an hour and a half of songs that we’ve all heard a million times.

Is it cool to see “Holiday” and “Basket Case” live? Sure, kind of. They sound exactly like they do on the recordings. Billie Joe Armstrong’s stage banter is well-rehearsed and devoid of surprise (except for when he forgets where he is in the song and asks what verse he’s on). Mike Dirnt keeps it locked down, playing root notes on bass like someone who makes a million dollars per year playing root notes on bass. Drummer Tré Cool, for all of his skill, resembles a Weekend at Bernies-esque meat puppet being controlled by a grip backstage. 

So what’s my problem? Green Day has atrophied around these ancient songs like a brittle old muscle, becoming aging, Botox-bloated men in denial who refuse to let any new life into their performance, only bothering to release a new album in order to have an excuse to play their old ones. For a band who made their mark as rebels, outlaws, and societal outcasts, I can’t pick out a single thing that’s now punk about Green Day. Between songs, I thought Armstrong might finally come out and say something that meant something. Perhaps he’d use his bulletproof status and inconceivably massive platform to speak out on the injustice that they claim to be against. 

But what do we get instead? Lame platitudes about ignoring the « propaganda » and « focusing on the music and being together. » Spineless, empty rhetoric like this is insulting, and he would have been better off telling the truth: “I don’t give a fuck about anything except making money off of you suckers.”

After being treated to the incredible Mannequin Pussy (who spent much of their precious set time ferociously attacking the church, rich white men, and the Palestinian genocide) the day prior, I couldn’t have been less impressed with the substance behind Green Day’s performance. With all due respect to the incredible achievements of Green Day over the past 37 years, it’s time for these old men to step aside.

Photos by Tim Snow

Osheaga, jour 2 : No Waves s’impose

par Lyle Hendriks

Si vous voulez mon avis, Osheaga devrait être rempli à ras bord de groupes locaux. Et bien que j’aie des problèmes avec la programmation de cette année, il y a un groupe qui a bien fait les choses : Le trio montréalais de surf punk No Waves.

Rapide, thrashy, mais amusant, No Waves a une énergie incroyable sur scène, remplissant plus que l’espace de la scène caverneuse d’Osheaga. Je ne suis pas certain d’avoir déjà vu un groupe aussi enthousiaste à l’idée de jouer, et l’énergie est rapidement devenue contagieuse alors qu’on voyait le guitariste/chanteur Angel Parra Vela sprinter à travers la scène, grimper sur les moniteurs et s’arrêter pour embrasser le bassiste Cyril Harvin Musgni sur la joue. Pendant ce temps, les percussions du batteur Sam Sussman, à la fois tonitruantes et étrangement éloquentes, nous maintenaient sur la bonne voie.

Depuis sept ans, il n’y a que ces trois-là, un groupe formé à l’adolescence et forgé au fil d’innombrables concerts dans des sous-sols et de concerts illégaux de bricolage. C’est cette exubérance brute qui rend No Waves si captivant à regarder. Il y a une aisance et une familiarité dans chaque mouvement, une complicité indéniable entre cet ensemble serré qui donne l’impression que c’est facile.


Alors quand Sam hurle dans le micro tout en jouant un beat tourbillonnant, quand Cyril se tient debout et délivre une bassline méchante comme s’il était câblé pour le faire, quand Angel bondit sur la scène comme une chauve-souris sortie de l’enfer – on n’a pas l’impression qu’ils font un show, ou qu’ils se concentrent sur le fait d’atteindre les bonnes notes. Ils ont maîtrisé leur son au point de pouvoir livrer une expression brute, sans filtre, utilisant leurs instruments, leurs voix et leurs corps comme des conduits pour livrer une démonstration de feu en direct dont vous ne pouvez pas détourner le regard.

C’est un privilège de voir des groupes établis et mondialement connus sur la scène d’Osheaga. Mais pour moi, c’est encore mieux de voir l’un des groupes montréalais les plus travaillants prendre les devants et tout casser, en apportant toute l’énergie de leurs concerts infâmes de sueur et de fumée à l’institution du plus grand festival du pays. Il aura fallu attendre longtemps, mais ce n’est que le début pour No Waves.

Photos By Benoit Rousseau

Osheaga Day 3: Bladee Leaves Us Drained

par Lyle Hendriks

Everyone has a favourite artist who’s a little hard to explain to the uninitiated. But I don’t know if any fanbase experiences this problem quite like Drainers, the utterly feral fanbase of Swedish multi-hyphenated creator Bladee.

The show got off on a weird foot, to say the least. Following a truly bizarre shitshow of a set from Mariah the Scientist, Bladee opened the set with tracks from their newest album, Cold Visions (Trash Island, 2024), which leans more on the abstract side with its glitchy, early Youtube-esque instrumentals and Bladee’s signature off-kilter rapping style. They stayed this course for the first few numbers as scores of people left the crowd, shaking their heads and grimacing as though they’d just stepped in something. But simultaneously, the core group of Drainers near the front were being whipped into a frenzy, smashing together as though they weren’t all fighting for their lives in apocalyptic heat.

A few songs in, Bladee hit their stride, throwing it back to some of their older songs from previous albums with disgusting beats and scream-worthy hooks, yet never losing the sensitive, almost meek side that makes Bladee such a fascinating artist.  As I took it all in, I realized that this show was not meant to be for everyone—Bladee’s entire performance was for the 60 or so Drainers in the front and no one else. It was for the people who love this weird brand of socially awkward, introverted, Scandinavian drug-dealing music—something that Bladee has a complete and total monopoly on. 


Despite being a lone figure on the expansive void of the Osheaga stage, Bladee had no trouble taking up space, skulking about the space and conjuring a fever pitch in the crowd from thin air. Having now seen them live for the first time, I believe that Bladee may be a witch from the future, sent back to deliver us from the tired, macho bullshit that plagues rap as an art form today.

Photos by Benoit Rousseau

indie rock / pop / soul

Osheaga, jour 3 | Briston Maroney, quand briller semble si facile

par Jacob Langlois-Pelletier

Si la chanteuse britannique Olivia Dean a été mon coup de cœur de la journée de samedi, il n’y a pas de doute à mes yeux que l’américain Briston Maroney a été celui du dimanche.

Natif de Knoxville dans le Tennessee, l’auteur-compositeur-interprète a su charmer les curieux et curieuses amassés près des deux plus grandes scènes, foule qui se faisait de plus en plus imposante au fil de sa prestation. Il n’y a pas de meilleur indicatif pour juger de la qualité du spectacle offert.

Quand on découvre la proposition de Maroney, on entend du Arctic Monkeys, Bob Dylan, The 1975 et un brin de Neil Young. C’est assez éclectique et pourtant, c’est cohérent et ça déchire. Ajoutez à ce son indie-rock/pop/soul une attitude de rockstar et vous avez Briston Maroney.

Vêtu d’une jupe et guitare à la main, le chanteur a débuté en force avec ses morceaux les plus énergiques et ses riffs endiablés se faisaient bien sentir. « J’ai pris l’avion à 4h du matin après mon passage à Lollapalooza. J’ai l’impression qu’un hamster roule dans sa boule d’exercice et qu’en plus, il est sur la cocaïne », a-t-il lancé. Cette folie, les festivaliers l’ont accueillie à bras ouvert, et ce, du début à la fin.

À mi-chemin, Maroney a retiré le pied de l’accélérateur pour servir de ses titres les plus calmes comme la superbe ballade Fool’s Gold. À mon humble avis, c’est dans ces moments que le compositeur y est à son meilleur et se montre le plus vulnérable. Sa voix transmet l’émotion avec sensibilité et authenticité.

Vers la fin de son passage à Osheaga, Briston Maroney a fait monter avec lui une jeune amatrice qui brandissait une pancarte sur laquelle y était écrit « Puis-je venir chanter June avec toi? ». À la grande surprise de tous, l’artiste de 26 ans et cette jeune femme ont réalisé un excellent duo. Quel moment!

Les premières sorties de BM remontent à 2017 et il a déjà deux albums derrière la cravate; force est d’admettre que je suis en retard à la fête. Mieux vaut tard que jamais. Je suivrai avec attention les prochains projets de la jeune vedette.

Crédit photo: Tim Snow

amapiano / soul/R&B

Osheaga, jour 3 | Tyla, tigresse en liberté

par Jacob Langlois-Pelletier

À en juger par l’ampleur de la foule impatiente de voir son arrivée en début de soirée, la présence de la sensation sud-africaine Tyla était l’un des rendez-vous les plus attendus du week-end. La nouvelle princesse (attendons avant de la proclamer reine) de l’amapiano et de la R&B n’a certainement pas déçu avec une prestation enflammée où danse et sensualité étaient de mise. Et dire qu’elle n’a que 22 ans…

C’est sur un tigre géant que la jeune chanteuse a fait son entrée, sous les cris de ses admirateurs et admiratrices. À ce jour, Tyla ne compte qu’un seul projet dans sa discographie, soit son album homonyme. Nul besoin de le préciser, c’est en grande majorité du matériel tiré de son projet paru en mars dernier qu’elle a offert aux festivaliers.

Sur scène, Tyla et sa troupe ont multiplié les moments de danse, comme s’il ne faisait déjà pas assez chaud en cette journée de canicule. Les gens présents dans la foule scrutaient ses moindres faits et gestes puis applaudissaient à chacun de ses déhanchements.

« Il s’agit de ma première fois ici. Je vais m’en rappeler toute ma vie », a-t-elle glissé entre deux morceaux, agréablement surprise de l’accueil chaleureux.

Son interprétation de No.1, excellente collaboration avec la Nigériance Tems, était vocalement brillante, tout comme pour l’ensemble de son set. Tyla surfe depuis plusieurs mois sur le succès de Water, morceau qui l’a propulsé à l’international, et c’est ce titre qu’elle aura réservé pour la toute fin. Une finale de feu pour une performance R&B de grande qualité.

Crédit photo: Benoit Rousseau

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EDM / Moyen-Orient / Levant / Maghreb / pop / reggaeton / soul/R&B

Osheaga, jour 3 | Elyanna, pop arabo-latine très prisée dans les circonstances

par Alain Brunet

Transplantée à San Diego depuis l’adolescence, Elyanna est née à Nazareth comme celui que vous connaissez. Ses origines sont néanmoins distinctes: palestinienne (de confession chrétienne) et aussi chilienne, d’où ces hybridations latino-orientales adaptées à la pop culture de 2024. Inutile de souligner que le noyau dur de ses fans partage ces racines culturelles, drapeaux nationaux à l’appui.

Sa dégaine et son faciès ne sont pas sans rappeler Shakira, superstar colombienne aux racines libanaises du côté paternel. Mais l’approche est ici beaucoup plus prononcée côté oriental:  Elyanna exhibe sa culture arabe sans complexe, elle en évoque directement  les tenues traditionnelles, danses traditionnelles, rythmes traditionnels, mélodies traditionnelles, instrumentation traditionnelle (oud, derbouka, etc.). Elle adapte le tout à une pop semi électro et semi instrumentale des plus efficaces. 

Elle enrichit le tout de reggaeton, EDM et soul/R&B ce qui lui permet de rayonner en Orient comme en Occident, chanter en arabe dialectal à Coachella ou partager la scène avec des stars du Levant et du Maghreb. 

Rompues à la culture arabe, des danseuses contribuent à l’effet wow généré par Elyanna, évoquant comme il se doit les joies et (surtout) les souffrances palestiniennes vécues à l’heure où se déroule son spectacle montréalais. Et magnifiant le personnage fort qu’incarne leur employeure de plus en plus populaire sur la planète pop.

crédit photo: Benoît Rousseau pour Osheaga

hip-hop alternatif / rock

Osheaga, jour 3 | Kevin Abstract a trouvé sa voie

par Jacob Langlois-Pelletier

« C’est le meilleur concert que j’ai fait de ma vie! », a crié Kevin Abstract, quelques secondes après s’être lancé dans la foule. Cet état de joie et d’extase, le rappeur américain l’a conservé du début à la fin, offrant une prestation haute en couleur aux nombreux amoureux de sa musique entassés près de la Scène Verte, dimanche.

Formé en 2014, le défunt collectif BROCKHAMPTON dont Abstract était le fondateur a marqué tout une génération avec leur hip-hop alternatif qui ne cessait de se réinventer à chaque sortie.

Pour plusieurs Montréalais, dont l’auteur de ces lignes, le boys band a cessé ses activités avant d’avoir la chance de les voir sur scène. Ainsi, la venue du natif du Texas représentait l’occasion rêvée de goûter à ce qu’il reste du groupe, mais pas que. La carrière solo de Clifford Ian Simpson n’est pas du tout à négliger; son album ARIZONA BABY est une offrande pop-rap inspirée et que dire de Blanket paru il y a un peu plus d’un an, projet dans lequel il explore le rock comme jamais.

Revenons-en à nos moutons. Kevin Abstract a tout donné l’instant d’un set; il sautait et dansait puis est descendu à de nombreuses reprises pour s’approcher de son public. L’artiste américain a offert autant des titres solos que des couplets issus des différents projets de son ancienne formation, passant de Madonna tiré de Blanket à RZA de The Family. Peu importe le morceau, une seule chose était certaine : la basse allait être à fond la caisse.

Avec une offrande aussi assumée à Osheaga, Kevin Abstract semble enfin s’être affranchi de l’étiquette d’ancien membre de BROCKHAMPTON. Reste à voir quelle sera la prochaine étape de son aventure solo.

Crédit photo: Benoit Rousseau

garage punk / rock

Osheaga, jour 3 | Amy Taylor, descendante directe de Wendy O. Williams

par Alain Brunet

À la vue et à l’écoute d’Amy Taylor, figure de proue d’Amyl & The Sniffers, impossible de ne pas penser à Wendy O. Williams (1949-1998), icône punk des années 80 aux caractéristiques vachement comparables : sauvage, provocatrice, guerrière, hyper sexy. Quatre décennies plus tard, une chanteuse australienne nous refait le coup, fringues et coiffure vintage à l’appui.

On dit que Amyl & the Sniffers était au départ un bar band aux accents garage punk de scène la locale australienne (Melbourne), devenu depuis lors l’une des plus puissantes machines sur la planète punk. Aux débuts de PAN M 360, notre collègue estimé Patrick Baillargeon avait déjà flairé le potentiel de cette formation avec « pas mal de fureur juvénile, beaucoup de sueur et du sex-appeal en masse ». (https://panm360.com/records/amyl-the-sniffers/) Bien envoyé! 

Effectivement, on ressent très fort ce ce goût des guitares équarries à la hache, ce goût du lourd 4/4, ce goût de la distorsion à gogo, ce goût de la fête, ce goût de l’irrévérence. Rien d’autre que ça. 

Le party punk aurait pu se terminer en queue de poisson lorsqu’une menace d’orage électrique a imposé une pause d’une quinzaine de minutes. Fort heureusement, la tempête pressentie n’a pas eu lieu et le band australien a pu reprendre les hostilités et poursuivre le décapage au grand plaisir des fans de rock venus dimanche à Osheaga.Avec seulement 2 albums studios à l’appui dont le second, Comfort to Me, est sorti en 2021, Amyl &The Sniffers attire les foules de nouveau avec la sortie récentes des chansons U Should Not Be Doing That et Facts, servies à Osheaga. Grande performance rock!

Crédit photo gracieuseté de Osheaga

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Hip Hop / soul/R&B

Osheaga, jour 3 | SZA au sommet

par Alain Brunet

Sept ans se sont écoulés depuis la première venue de l’artiste R&B/hip-hop, soit en août 2017 au théâtre Corona, rebaptisé depuis Beanfield, commanditaire oblige. SZA a depuis atteint le pinacle de la pop culture l’hiver dernier, 8 statuettes Grammys à l’appui. On comprendra pourquoi la chanteuse, autrice et compositrice était le clou d’Osheaga 2024, avec le répertoire de deux albums studio dans sa besace – deux albums studio, Ctrl et SOS.

Avec un succès commercial aussi considérable vient le financement d’une méga-production comme on a pu l’observer dimanche au parc Jean-Drapeau : suite d’ambitieux tableaux assortis de décors et projections 3D, de la lugubre galerie souterraine à un monde de calinours en passant par le vol de gigantesques insectes virtuels ou le déploiement d’environnements afrofuturistes.

À l’évidence, SZA a travaillé très fort pour devenir la performer athlétique et la danseuse aguerrie qu’elle est devenue – et qu’elle n’était visiblement pas à l’époque de sa découverte. En témoigne notamment le grand écart effectué au terme de la chanson Open Arms ou encore les sparages martiaux avec machette, conclus par l’égorgement d’un androïde dans l’interprétation de Snooze

Ses musiciens, dont une excellente guitariste quelques fois mise en lumière, étaient lovés dans les décors et des chorégraphies avec six danseuses ont rehaussé l’interprétation de plusieurs des 27 chansons d’un programme bien tassé de 85 minutes, ceci incluant quelques reprises et citations : Kiss de Prince, Rich Baby Daddy de Drake, Kiss me More (Doja Kat) ou encore All The Stars qu’elle avait créée avec Kendrick Lamar en 2018 pour le film Black Panther.

Ce spectacle pour le moins ambitieux fut chapeauté par 20 Something au terme de cette prestation caniculaire.

LISTE des chansons au programme

PSA
Love Galore
Play Video
Go Gina
Broken Clocks
All the Stars (par Kendrick Lamar & SZA)
Prom
Garden (Say It Like Dat)
Drew Barrymore
F2F
Forgiveless
Ghost in the Machine
Blind
Shirt
Kiss Me More (par Doja Cat )
Kiss (par Prince)
I Hate U
Snooze
Kill BillLow
Supermodel / Special
Play Video
Nobody Gets Me
Normal Girl
Saturn
Rich Baby Daddy (par Drake)
The Weekend
Good Days
20 Something

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hip-hop / rap / rap français

Osheaga, jour 3 | Hamza, de Belgique à Montréal

par Jacob Langlois-Pelletier

« Saucegod, Saucegod, Saucegod! », clament les nombreux festivaliers à l’arrivée d’Hamza sur scène. Depuis plusieurs années, le rappeur belge entretient une superbe relation avec les Montréalais; un autre chapitre de cette belle histoire s’est écrit dimanche soir, à Osheaga.

L’an dernier, Hamza s’était logé une place de choix au sein de nos 100 meilleurs albums avec Sincérement, superbe offrande alliant trap et R&B. C’est d’ailleurs avec une enfilade de morceaux tirés de ce projet que le Belge a entamé son set, débutant avec l’excellente Codéine 19. Bien qu’il ait débuté avec son matériel le plus récent, il n’a pas hésité à piger dans ses classiques tels que Gasolina et FADE UP. Rien à reprocher à la sélection des titres, un bon mélange mettant en valeur la diversité de sa discographie.

Là où le bât blesse, c’est au niveau de ce qui est proposé sur scène. Ce qui est joué est majoritairement des pistes sonores préenregistrées auxquelles Hamza ajoute son grain de sel, autotune bien évidemment au rendez-vous. Comprenez-moi bien, l’éternel lover offre tout de même un bon spectacle, mais sans artifice.

Peu importe, le style de performance offerte par le rappeur n’a en rien refroidi la foule qui a sautillé du début à la fin. Le flow mielleux et les refrains accrocheurs de l’artiste de 30 ans sont dans une classe à part, en voilà une autre démonstration.

Crédit photo: Benoit Rousseau

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