L’OSM, dirigé par Rafael Payare, présente ces 5 et 6 décembre la Turangalîla-Symphonie, œuvre puissante et énigmatique du compositeur français Olivier Messiaen. Impossible de rester indifférent devant cette œuvre monumentale et marquante. L’OSM a su y rendre justice et donner de nouvelles dimensions à tous les instruments de l’orchestre. Payare est, pour sa part, fidèle à sa réputation : il a mené l’orchestre de manière remarquable avec énergie et grande musicalité.
La Turangalîla-Symphonie est une œuvre surprenante et unique en son genre. Le titre est une jonction de deux mots sanscrits, qui signifient respectivement (et en faisant quelques raccourcis…) mouvement et amour cosmique. Cette symphonie, découpée en dix mouvements, s’articule sur l’exposition de quatre thèmes : la statue, l’amour, la fleur et les accords. Tout au long de l’œuvre, ces quatre thèmes sont développés et variés. La partition fait place à un grand nombre d’instruments de percussion et à clavier, de sorte que la scène de la Maison symphonique était pleine à craquer. Toute la section du fond de la scène était destinée à une imposante installation de percussions. À l’avant-scène, deux claviers, le glockenspiel et le piano (Jean-Yves Thibaudet) côtoyaient un instrument peu connu et rarement vu : les ondes Martenot (Cécile Lartigau). Ce dernier instrument est parfois discret lorsque jouant en compagnie de tout l’orchestre, mais certains mouvements, s’apparentant à la musique de chambre, laissent entendre distinctement cet instrument aux multiples possibilités sonores. La partition de piano, pour sa part très exigeante, est magnifiquement interprétée.
Musicalement, la Turangalîla-Symphonie est un jeu constant de textures et de lignes mélodiques superposées, versant par moments dans l’atonalité. Il s’agit d’une œuvre complexe, aux sonorités parfois anxieuse et très souvent majestueuse. Le thème de la statue, par exemple, est composé d’accords graves soutenus par les cuivres. On note plusieurs changements de tempo, très bien exécutés par l’orchestre. On admire la précision de l’orchestre durant les moments à l’unisson, et on constate toute la puissance de l’OSM lors des fréquents passages fortissimo, qui nous laissent ébahis. Ces nuances intenses sont suivies de transitions très réussies entre les différents mouvements, avec une coupure nette ou un decrescendo parfaitement contrôlé.
Pour plusieurs raisons, il est impossible de rester indifférent à l’écoute de la Turangalîla-Symphonie. D’une part parce qu’elle nous laisse entendre des instruments et des combinaisons peu vues ailleurs, d’autre part parce que la puissance et la vivacité de l’OSM atteint ici un nouveau sommet. La présence de cette œuvre au programme de la saison est à saluer vivement.
Une autre représentation aura lieu le mercredi 6 décembre. INFOS ET BILLETS ICI!
Crédit photo : Antoine Saito