Le groupe montréalais de cumbia Less Toches s’est produit à trois reprises dans le cadre des Nuits d’Afrique. À chaque fois, des concerts différents, avec des invités spéciaux, qui nous permettaient d’approfondir la diversité de ce style…tout en faisant danser.
Tout a commencé le 13 juillet, par une soirée Vallenato, mettant en vedette Remberto Zuniga, un vétéran chanteur et percussionniste installé à Montréal. Les Vallenatos sont des sortes de griots colombiens, qui vont chanter de villages en villages.
Au bout de cinq minutes, plus personne n’était assis, bien que la foule était peu nombreuse en cette fin de soirée d’averses diluviennes. Il faudrait reprendre ce concert dans un autre contexte.
Le second concert du 14 juillet visait à rapprocher la cumbia de la musique traditionnelle québécoise. L’invitée spéciale était Alice Bro, banjoiste tatouée au sourire radieusement contagieux, à la voix rauque, qui offre une version Tom Waits du trad-keb. Le mélange n’était pas parfait mais très prometteur. A approfondir. La foule, nettement plus nombreuse que la veille, a swingué à fond, incluant une professeure d’université serbe, rencontrée par hasard. Ces concerts permettent des rencontres inédites.
Le troisième concert, celui du 15, est le seul que j’ai raté. L’invité était Ons Barnat, musicologue, professeur à l’UQAM et passionné de reggae et de musique dub. Une autre proposition audacieuse, qui a dû emmener beaucoup de monde sur la piste de danse du Balattou.
Less Toches sont des anthropologues de la cumbia. Daniel Rodriguez, le percussionniste, flûtiste, qui imite parfaitement les chants d’oiseaux, vous raconte, dans un français impeccable, des tas d’histoires sur les différents styles et leurs adaptations plus récentes. Un puits de connaissance sans fond.
Less Toches est une réunion de nouveaux Montréalais d’origine colombienne, mais aussi argentine, cubaine et mexicaine. Contrairement à d’autres propositions cumbia récentes, comme la Chiva Gantiva de Bruxelles, entendue aux Nuits d’Afrique le 8 juillet, Less Toches ne mélange pas la cumbia avec l’électronique. Ni même avec les cuivres. Le groupe est basé sur les percussions multiples et l’accordéon, avec une basse électrique en appui et parfois la flûte traditionnelle. Mais ça fait mouche.
Il sera intéressant de suivre Less Toches dans les prochains mois. Le groupe travaille en ce moment sur son premier véritable album. Entretemps, il se promène dans de nombreux festivals cet été. Soyez prêts à « cumbier »!
Crédit photo: M. Belmellat