Comment vous dire? En cette fraîche soirée de juillet, les scènes du Festival Nuits d’Afrique étaient littéralement enflammées. D’abord, pour le concert de Manamba Kante, la fille du griot Mory Kanté, un des précurseurs de la modernisation des musiques africaines. La foule, très multiculturelle, mais très africaine-montréalaise, était en transe.
Cet état d’esprit allait-il se maintenir pour le concert suivant, avec Las Karamba, un sextette de latino-américaines immigrées à Barcelone, qui se sont appropriées la salsa et les rythmes afro-cubains? Oh que oui!
Las Karamba, ce sont deux sœurs vénézuéliennes, deux Cubaines, une Argentine et une Catalane, qui se sont rencontrées dans la métropole de Catalogne. Deux albums plus tard, les femmes produisent une salsa originale, féministe, engagée et festive. Difficile de résister au charisme magnétique de la chanteuse Ahyvin Bruno et de ses collègues.
Elles font une salsa sans cuivres, à part une flûte traversière, où les voix prennent beaucoup de place. Nous sommes parfois dans une salsa rap ou slam, avec des textes parlés. Les deux percussionnistes tiennent la rythmique bien serrée, mais dans la complexité. On n’entend pas de grandes improvisations, mais la présence des six femmes et leur enthousiasme compense.
Le baromètre ultime de ce genre de concert: ça dansait beaucoup et ça souriait abondamment. Celles et ceux qui comprennent l’espagnol ont aussi pu méditer sur ce qui reste du patriarcat aujourd’hui, tout en se dandinant. Le monde est paradoxal, mes ami-e-s.
Au milieu de leur prestation, les filles ont chanté a capella, une chanson de résistance. Ce fut un moment magique.La salsa incarne parfois un monde masculin et machiste. Las Karamba nous a fourni un antidote féministe. Dans la foulée de la Cubaine-Américaine Celia Cruz, qui les a inspirées.
Il y avait une très bonne foule pour ce dernier soir des Nuits d’Afrique.