Ce mercredi 8 avril au Théâtre Outremont avait lieu le spectacle Héritières, imaginé par la compositrice et chanteuse Karine Pion, qu’on connaît depuis un bon moment comme la choriste principale de Belle et Bum ainsi que comme membre du groupe Galaxie. À l’ouverture de celui-ci, elle nous explique que ce projet est né durant la pandémie et qu’elle caressait depuis longtemps l’idée d’un spectacle multi-interprètes exclusivement féminin. En effet, parmi les 20 interprètes sur scène (et les artistes de la régie), aucun homme.
Retour sur une soirée de célébration féminine.
Le spectacle s’ouvre sur les solistes : Erika Angell, Simone Bournival, Marie-Christine Depestre, Coral Egan, Soleil Launière, Kim Richardson, Mamselle Ruiz, Meryem Saci, Malika Tirolien et Karen Young. En chœur autour d’un éclairage rappelant un feu, elles suivent la mesure donnée par Karine de manière presque dansée.
Le plaisir et le lien entre les chanteuses est palpable, dès les premiers instants.
S’amorce ensuite un voyage intergénérationnel féminin où enregistrements, souvenirs et confidences des proches viendront ponctuer le récit, souvent avec humour et tendresse. Accompagnées par la contrebasse, le violoncelle, le violon alto, les violons, le saxophone, la batterie et parfois la guitare, on entend tour-à-tour la mère, la sœur ou la grand-mère des interprètes nous communiquer leur vision et leur mémoire de ce qu’incarne leur identité de femme.
On passe par un duo jazzy, un solo de batterie créatif et sensible, des propos engagés, un surprenant canon de voyelles, de la slam-poésie et une magnifique chanson espagnole qui nous transporte un instant vers la chaleur du Sud. Sans oublier la puissance de Kim Richardson qui, même sans amplification par moments, nous traverse avec la même résonance que ses collègues équipés d’un micro. Tout ça mis en lumière habilement, notamment avec un éclairage latéral mémorable qui crée une ombre surdimensionnée de l’interprète sur le mur du public. Très théâtral. En somme, une très belle soirée « au rythme des légendes et des traumas » où le talent québécois féminin est à l’honneur et où le ton engagé n’est pas sans rappeler que les victoires et les droits des femmes ne sont jamais facilement acquis et que l’acharnement et la lutte pour les atteindre ne sont, elles, jamais finies.