L’Orchestre de l’Agora au Festival Bach est souvent gage d’une soirée enchanteresse, mais cette fois-ci, les attentes ont été dépassées. L’église anglicane St. Andrew & St. Paul s’est illuminée mercredi soir grâce à une mise en scène soignée et active, mais surtout grâce à un programme bien pensé qui a su mettre en valeur la musique vocale de Johann Sebastian Bach et des membres de sa famille qui l’ont précédé.
Un orchestre restreint, mais efficace a accompagné un chœur merveilleusement bien équilibré à travers le concert. Les voix principales étaient entre les mains de solistes de grande qualité : Myriam Leblanc (soprano), Nicholas Burns (contre-ténor/alto), Daniel Johannsen (ténor), et Matthias Helm (basse). Nicolas Ellis faisait office à la fois de chef d’orchestre et de choeur. On le sentait impliqué dans toutes les facettes du concert.
Le programme prenait la forme d’une démonstration des normes de la composition chorale avant l’arrivée de Johann Sebastian Bach sur la scène musicale grâce aux œuvres de ses oncles Johann Christoph et Johann Michael Bach. Au sein des œuvres de compositeurs méconnus, on peut trouver des éléments qui ont fait de JS Bach le maître qu’il a été.
Les œuvres de JC Bach sont d’une composition très standard. Il s’agit de chorals typiques, avec toutes les règles et les prescriptions de simplicités de la doctrine luthérienne. Mais à travers cette rigueur, on retrouve une aisance à naviguer à l’intérieur des cadres de la norme et une élégance indéniable, surtout dans la dernière œuvre, Es ist nun aus mit meinen Leben, qui encadre la dernière cantate au programme de JS Bach. JM Bach est quant à lui plus aventureux que JC et son choral, mais reste assez près de la norme, un peu à l’image de JS Bach qui savait quand respecter les règles d’écriture et quand les enfreindre. Il s’agit également d’un choral accompagné, un format que JS Bach a souvent utilisé.
Mis à part l’enchevêtrement délicieux des œuvres de JC et de JS durant la seconde partie, la présence des oncles de ce dernier au programme semble occuper une seule fonction : démontrer toute la maîtrise du langage musical et la virtuosité du grand maître. C’est le jour et la nuit. Entre la composition chorale ultra rigide et somme toute simple de ses prédécesseurs et les canons à deux, trois, voire quatre voix des cantates, on sent une grande distance. Et ce, même avec les œuvres de ses débuts. La dernière cantate, Gottes Zeit ist die allerbeste Zeit, démontre une écriture complexe qui ferait rougir les réformistes.
Une grande partie des textes orbitaient autour du thème de la mort (un mot souvent utilisé), et se conclut par un final magnifique, avec le « Weilt, gute Nacht » de Es ist nun aus mit meinen Leben (JC Bach) qui semble s’éteindre, en compagnie des lumières et du protagoniste du texte. Un instant de recueillement magique qui a touché le public, et invoqué une longue série d’applaudissements. Outre le manque des paroles originales (en allemand) sur l’écran derrière le chœur, ce fut une soirée parfaite. On a déjà hâte à l’année prochaine!
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Crédit photo : Antoine Saito