Le Quatuor Bozzini s’est produit hier soir dans la salle du Conservatoire de Montréal, en collaboration avec plusieurs collectifs. Ce concert était présenté dans le cadre de Québec musiques parallèles, une initiative du Quatuor Bozzini (Alissa Cheung et Clemens Merkel au violon, l’altiste Stéphanie Bozzini et la violoncelliste Isabelle Bozzini) visant à amener la musique nouvelle hors des grands centres urbains. Le programme présenté à Montréal avait déjà été interprété à Trois-Rivières et sera à Jonquière dimanche.
L’œuvre présentée est Grounds of Memory, du compositeur Jürg Frey, pour soprano et orchestre de chambre. Pour ce faire, le Quatuor Bozzini s’est entouré de l’ensemble Dedalus, composé de Didier Ashour (guitare), Joris Rühl (clarinette), Stéphane Garin (percussion), Silvia Tarozzi (violon) Cyprien Busolini (alto) et Audréanne Filion (violoncelle), ainsi que la soprano Peyee Chen. Tous ces interprètes ont offert une soirée d’introspection et de méditation au public rassemblé pour l’occasion.
La pièce de Jürg Frey pourrait presque être qualifiée de minimaliste. En effet, l’on se concentre plus sur les sonorités que peuvent produire les différents instruments. L’atmosphère sonore est épurée, puisque chaque instrument joue une note à la fois, chacun leur tour. L’ambiance est planante, propice au recueillement et au calme. Durant l’heure que dure Grounds of Memory, le niveau sonore demeure sensiblement le même, à l’exception d’un crescendo aux percussions vers le milieu de la pièce. Les musiciennes et musiciens font preuve d’une écoute exceptionnelle, se partageant la mélodie de manière à ce que les instruments et leurs timbres se confondent. Si l’on avait écouté cette œuvre les yeux fermés, on aurait pu croire qu’il n’y avait qu’un seul violon au lieu de trois, tant le souci d’uniformité est grand.
Le texte accompagnant l’œuvre, que chante la soprano Peyee Chen, est un collage de poèmes écrits par Jürg Frey lui-même, ainsi que par Arakida Moritake et Emily Dickinson. De nouveau, le chant répond à une esthétique épurée, où chaque syllabe est énoncée clairement et lentement, et presque entièrement monodique. Le texte, même s’il a été imprimé et inséré dans le programme de la soirée, demeure clair sans avoir besoin de le lire simultanément. La voix de Chen est claire et pure, sans vibrato malgré les notes tenues. C’est par ailleurs une constante durant la pièce : les notes tenues sont immuables, ce qui rend cette œuvre et cette interprétation d’autant plus remarquable par la justesse, la qualité et la solidité du son.
La pièce se termine un peu comme elle avait débuté, par une note solitaire au violon qui se perd dans l’espace. Un long moment de contemplation sépare la fin de la pièce du début des applaudissements. Applaudissements bien mérités, puisque les musiciennes et musiciens ont offert une performance de très haut niveau.
Pour connaître les prochains concerts présentés par Le Vivier, c’est ICI.
Crédits photos : Elaine Louw Graham