classique occidental

La magie des contes millénaires à la Maison symphonique

par Frédéric Cardin

Pendant que la salle Wilfrid-Pelletier voisine tremblait sous les décibels métallo-symphoniques de Voivod et de l’OSM, la Maison symphonique, refuge pourtant habituel des musiciens et musiciennes de Rafael Payare, vibrait des mille et une couleurs de contes musicaux en provenance de la Chine et de la Russie. 

En début de programme, l’Orchestre FILMharmonique sous la direction de Francis Choinière recevait la soliste Liu Fang, maîtresse du pipa chinois, un instrument de la famille des luths, dans la création d’un nouveau concerto pour son instrument signé du Québécois Christian Thomas. Thomas nous avait donné en 2023 sa Messe solennelle pour une pleine lune d’été, un opéra basé sur l’œuvre de Michel Tremblay, et qui avait été bien reçue par le public et la critique. Beaucoup plus romantique dans son langage que la Messe, le Concerto pour pipa surnommé Dragon a permis à Mme Liu de montrer l’étendue de son talent technique, malgré quelques occasionnels accrocs dans le premier mouvement. J’ai parlé de ce concerto dans une critique ailleurs sur le site (à lire ICI), je n’y reviendrai donc pas, mais je me permettrai de dire que la pièce en quatre mouvements m’a semblé plus aboutie encore que lors de mes premières écoutes sur fichiers numériques. Un signe que son audition à de quoi soutenir l’attention prolongée et répétée. En tous les cas, le public à forte représentation est-asiatique qui garnissait fort bien la salle a semblé apprécier et se réjouir. On espère que d’autres orchestres du Québec le programmeront afin d’offrir la chance à la québécoise Liu de tourner dans le Québec autant qu’à l’international.

Deuxième pièce au programme, le concerto pour violon Les papillons amoureux (Butterfly Lovers) avec le soliste, et découverte de l’année des prix Opus 2023, Guillaume Villeneuve. La performance virevoltante et scintillante de Villeneuve a donné un superbe souffle de vie à ce Roméo et Juliette chinois, dont le titre d’origine est la Romance de Liang Shanbo et Zhu Yingtai. Le concerto écrit en 1959 par Chen Gang et He Zhanhao est l’une des premières œuvres du genre dans la littérature musicale chinoise. Le style et le langage sont hyper romantiques, un peu comme si Tchaïkovsky avait vécu à Beijing plutôt qu’à Saint-Pétersbourg, mais le soliste doit réaliser plusieurs effets qui sont manifestement inspirés des techniques traditionnelles du erhu, instrument chinois qui se rapproche du violon occidental. Du gros bonbon musical, avec des mélodies attachantes et mémorables, et des coloris foisonnant, en particulier chez les bois. 

Francis Choinière avait choisi de conclure la soirée avec une autre musique évocatrice, L’Oiseau de feu de Stravinsky. Un choix judicieux, qui nous permettait de revenir vers du répertoire occidental plus habituel tout en restant collé à l’esprit féérique de la soirée. Belle tenue de l’orchestre, constitué de beaucoup de jeunes musiciens, probablement fraîchement sortis des écoles québécoises, et une direction engagée du chef. Quelques imperfections techniques dans la Danse de Kastcheï n’ont pas amoindri l’énergie que Choinière a souhaité insuffler à l’ensemble, qui s’est terminé dans une apothéose de belle ampleur. 

Un soirée qui a de toute évidence comblé un public très bigarré et diversifié. Si c’était l’un des objectifs, il a été atteint. 

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