opéra contemporain

« Hiroshima, mon amour »: une soirée pour se rappeler

par Marilyn Bouchard

Co-produit par Carte Blanche et Chants Libres dans le cadre du FTA, l’adaptation du chef-d’œuvre cinématographique Hiroshima mon amour  en opéra contemporain était un pari ambitieux. Pour rendre hommage à ce film d’une grande beauté jadis primé à Cannes, le metteur en scène Christian Lapointe et sa collaboratrice et compositrice Australienne Rosa Lind se sont penchés sur la musicalité de cette œuvre en invitant le Quatuor Bozzini, une harpe, une clarinette, une flûte et des percussions à se joindre à la distribution afin de mettre en notes la poésie d’amour et de mort par Marguerite Duras.
Le premier acte s’ouvre au « studio voix », dans lesquels les interprètes Yamato Brault-Hori et Ellen Wieser enregistrent leur dialogue devant les micros et où on comprend que l’adaptation nous réservait une surprise : le personnage de Marguerite Duras est également présent, incarné par Marie-Annick Béliveau, comme une mise en abîme de la créatrice dans la création. Le deuxième acte se situe dans la loge où les acteurs se déshabillent et se rhabillent, se retrouvant partiellement dénudés à la manière d’après l’amour. Dans le troisième, on joue au plateau avec les protagonistes qui redeviennent ceux de 1959 en répliquant avec une exactitude renversante les placements et expressions originales. Dans le quatrième acte, on est dans la fiction, notamment avec le personnage de l’amant allemand qui s’ajoute et qui fait brûler la pellicule, symbolisant l’oubli de cette mémoire, de ce film et de ses évènements, exactement tel que le propos l’affirme. Dans le cinquième, les décors tombent et nous permettent de voir apparaitre clairement les musiciens. On assiste, sur une scène dénudée, à la discussion avec les artistes où le quatrième mur n’existe plus et où on nous laisse sur le duo de Yamato et Ellen à l’avant-scène qui lentement, fondent au noir comme nos souvenirs.
Cinq actes qui se suivent dans l’ordre d’une production, faisant écho à la création de ce film mythique et à son rêve de paix. Tout au long du spectacle, les plus de 400 projections issues du film s’enchaînent, à la fois sur tulles géants mais aussi sur écrans, multipliant les formats et les effets, et la caméra live rend floue la ligne entre le film et la scène, en faisant un clin d’oeil au présent. On nous quitte sur une projection finale : Arrêtez le génocide à Gaza, la seule et unique qui est tirée de la modernité.

Une soirée où la mémoire et l’oubli, où le passé et le présent, s’entremêlent brillamment, sur une partition délicatement dissonante et merveilleusement exécutée. «Dans quelques années, quand je t’aurai oublié et que d’autres histoires comme celle-là, par la force encore de l’habitude, arriveront encore, je me souviendrai de toi (…)comme l’horreur de l’oubli » On espère tout de même qu’on oubliera pas celle-ci de sitôt. Pour découvrir ou redécouvrir cette œuvre magistrale mise en musique et en scène de manière brillante, je vous recommande de courir à l’Usine C.



 

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