Même si la fête de la musique n’est pas officiellement célébrée le 21 juin à Montréal, comme c’est le cas en France, Saïan Supa Celebration tombait à point pour l’occasion. Alors qu’ils n’étaient pas au complet, deux des membres du collectif s’étant retirés, ils ont tout de même réussi à recréer l’atmosphère festive à laquelle ils nous avaient habitué il y a 20 ans.
Un batteur et un clavier, c’est tout ce dont ils avaient besoin en termes de musiciens, puisque le reste se faisait à travers le chant, le rap et le beat box. Des enregistrements de voix se faisaient entendre par moments, comme au tout début du concert, mais il n’en a pas fallu plus pour que la foule se mette à hurler. Ils débutent avec « Raz de marée », un de leurs plus gros succès qui figure dans leur premier album KLR paru en 1999, classique du rap français.
Leur énergie sur scène n’a pas changé, certains ont pris un petit coup de vieux, alors que d’autres se sont maintenus bien en forme. D’ailleurs, ils ont voulu voir si leurs fans étaient tout aussi en forme en les faisant danser, mais surtout en leur demandant de se baisser et se relever sur un de leurs morceaux. La moyenne d’âge dans la salle tournait autour de 45-50 ans mais j’étais surprise de voir autant de jeunes dans la vingtaine et trentaine.
De petites chorégraphies, du breakdance, des pas de danse saccadés, et une maitrise totale de la scène. Avec quatre membres, ce n’est pas toujours évident de trouver sa place et de l’occuper sans que ça fasse trop chaotique. Parfois, l’un d’eux était seul sur scène, puis en duo, puis en trio pour revenir au complet. Bref, on a eu droit à tous les scénarios possibles, mais à chaque fois, la complicité entre les artistes était palpable, notamment dans « Soldat », lorsque l’un chante, l’autre poursuit avec du rap.
Ils ont lancé un défi à la foule afin de « voir si on a de la voix à Montréal », pari relevé avec brio. Ils s’amusent sur scène, se taquinent, interagissent avec humour mais c’est clairement Sly Johnson qui a volé la vedette ce soir-là. Avec sa voix soul qui donne des frissons, il a fait une courte reprise de Sexual Healing de Marvin Gaye, ce qui n’a laissé personne indifférent. Il maitrise également l’art du beatboxing, utilise l’humour sur scène.
Bien évidemment, ils n’ont pas joué que leurs hits, mais on a eu la chance de découvrir des morceaux moins connus, en plus d’un morceau inédit « Étranger » qu’ils ont voulu tester sur le public montréalais. Nous avons même eu droit à un dialogue entre beat box et batterie, une pépite de la soirée alors que sur « À demi-nue », de l’album x raisons, ils ont reçu un très bel accueil du public.
Il a fallu attendre le rappel pour entendre LA chanson que j’attendais toute la soirée : « Angela », et qui a rendu ce groupe légendaire. Pourquoi a-t-on remplacé Crew par Celebration ? C’est d’ailleurs une question qu’on aurait aimé poser au groupe mais la demande d’entrevue n’a pas donné suite. Une prochaine fois peut-être ? D’ici là, on se contentera de se replonger dans nos années de jeunesse en se faisant un retour dans le temps en musique.
Crédit photo: Frédérique Ménard-Aubin