La contrebassiste australienne (d’origine malaisienne) Linda May Han Oh est reconnue pour son jeu excellent, on a eu cette fois l’occasion de découvrir la compositrice et leader d’orchestre. Ses œuvres avec le pianiste cubano-américain Fabian Almazan (en l’occurrence son mari) et le batteur Mark Whitfield Jr (fils du guitariste autrefois membre du groupe maison du Tonight Show) sont excitantes et aventureuses, sans pour autant délaisser le sillon du jazz.
On observe plusieurs changements rythmiques au sein de chaque œuvre, les hachures font partie de son langage compositionnel et les improvisations de chacun s’inscrivent dans cette esthétique. Émises de pair avec son gros instrument, ses vocalises ajoutent de la profondeur à son esthétique, sans qu’on puisse conclure à un chant d’exception.
Le jeu de contrebasse reste toujours mélodique, l’articulation est exemplaire, le son n’est pas extrêmement riche mais largement au-dessus de la moyenne. Bref, cette femme de 40 ans est devenue un modèle d’accomplissement, on ne s’étonnera pas qu’elle joue avec les meilleurs et dirige une formation pas piquée des vers.
De son côté, Fabian Almazan est un pianiste (et claviériste) excellent, sa signature anguleuse porte de très belles charges harmoniques, ses phrases sont très souvent singulières, il peut compter sur une main droite agile et souple, et il faudrait l’écouter davantage pour avoir une idée plus précise de sa main gauche. Fait intéressant, il évite plusieurs clichés latins au piano, préférant la tradition du jazz telle qu’elle a été développée en Amérique du Nord avec ses prolongements classico-contemporains.
Pour crémer le tout, le batteur Mark Whitfield Jr manifeste une grande écoute de ses collègues et n’en beurre jamais trop épais, ce qui n’exclut en rien quelques pointes de virtuosités polyrythmique.
Retardé d’une vingtaine de minutes par la pluie en ce mercredi, ce concert de 20h a pu se terminer plus tard, on a donc eu droit à presque toute l’heure promise. Les dieux du jazz ont su convaincre ceux des nuages…