Le 23 janvier au soir, au milieu de la rumeur du Verre Bouteille, j’attends de voir le récent album de Cédrik St-Onge, Osoyoos, mis en concert. C’est grâce à une date supplémentaire ajoutée à son lancement du 5 décembre – et qui a atterri bien loin – que j’ai pu y assister, ayant manqué le premier événement. J’ai bien hâte, et je me demande comment le son grandiose et luxuriant de l’album sera transposé dans cette petite salle.
Sans grande surprise, la scène est bien remplie: l’auteur-compositeur-interprète est accompagné de Marc-Antoine Beaudoin et Bruno St-Laurent, ses copains du groupe Vendôme, ainsi que d’Alexis Leroy-Pleshoyano (Mada Mada), Jérémie Essiambre (La Faune, Cosmophone), Flavie Melançon et Marilyse San James. Difficile de tous les voir en même temps quand on est au fond de la salle, alors on les identifie plutôt par le son de leurs instruments. Après 20 minutes on arrive peut-être à voir, le batteur entre les têtes, un autre 20 et on aperçoit le nez du claviériste. C’est tassé serré, disons.
Le spectacle commence, et ce qui frappe tout de suite avec le premier morceau Un jour à la fois, c’est l’immédiateté. Même les moments plus doux sont canalisés vers une énergie supérieure à celle de l’album. Ce qui donne hâte aux moments forts. Ensuite vient Ce qu’on veut pas entendre, qui confirme ce que la chanson précédente me suggérait. Les grands contrastes de volume de ce morceau en font un des plus envoûtants. À peine dix minutes après que cela ait commencé, je me dis dans ma tête que ce concert est déjà une réussite.
À un moment entre deux chansons, St-Onge demande à la foule de crier le nom de sa grand-mère pour lui enregistrer une vidéo. Évidemment, on s’emporte, et nous voilà en numéro improvisé où tout le monde chante le nom de Josette sur l’air de « olé, olé olé olé… ». Les musiciens, tels de vrais pros, s’y joignent. Une petite folie de 15 secondes. Un plaisir fugace à la soirée.
De retour à la musique. On se réjouit du fait que toutes les chansons soient revigorées, animées par une sensibilité entre les musiciens par laquelle l’énergie se transfère. L’alliage est solide: les chorales sont justes et obsédantes; le jeu des guitares, précis quand il faut; le batteur se permet de jouer avec les rythmes, ajoutant des détails et des nouveaux punchs qui provoquent des cris joyeux. Pour toutes ces raisons et d’autres que je ne saurais nommer, l’expérience de cet album en live s’est particulièrement distinguée d’une écoute du matériel standard. Les chansons Ce qu’on veut pas entendre et Headlights sont particulièrement bien rendues, et le souvenir de leur version vivante teintera désormais toutes mes futures écoutes. Pour un album aux instrumentations riches et grandioses, la petite scène du Verre Bouteille s’est montrée étonnamment plus qu’adéquate pour en rendre justice.
Peut-être est-ce la proximité des artistes sur scène. Peut-être est-ce le fait qu’il s’agissait de mon premier concert de 2024, et que je débordais d’humeur positive à l’idée de recommencer à courir entre les spectacles d’artistes que j’apprécie. Peu importe, cet album aux couleurs chaudes faisait affront au froid extérieur, probablement bien plus cette fois-ci qu’au début de décembre. Pas grand chose de plus évocateur, dans ce cas, que les fenêtres dégoulinantes de condensation qu’on remarque en sortant. Osoyoos et ses créateurs auront été une ravissante boule de chaleur à mon soir du 23 janvier.