Annoncé depuis déjà plusieurs mois, le concert commémoratif des 20 ans de Disques 7ième Ciel était un rendez-vous très attendu des amateurs de hip-hop et rap keb. Fondé par Steve Jolin alias Anodajay en 2003, le label a joué un rôle important dans l’essor du genre musical au Québec. Elle compte parmi ses rangs FouKi, Koriass, Souldia, Manu Militari, Imposs et une panoplie d’autres artistes d’ici. En guise de célébration, Jolin et sa bande ont offert une (très) longue prestation de plus de quatre heures aux allures de showcase, vendredi soir au Centre Bell.
Quoi de mieux que le proprio Anodajay pour ouvrir le bal. Acclamé par la foule à son arrivée, il a lancé le bal d’une main de maître avec deux de ses titres, dont Le Beat à Ti-Bi, sa fameuse chanson avec Raôul Duguay. Sur scène, le Rouynorandien est seul, accompagné d’un DJ et de visuel d’archives et vidéoclips qui défilent derrière lui. C’est d’ailleurs avec cette approche minimaliste et l’apparition sporadique de quelques musiciens et choristes que s’est déroulé le restant de la soirée.
Après l’ouverture par le porte-étendard de Disques 7ième Ciel, les vétérans rappeurs Dramatik, Manu Militari et Koriass ont enchaînés plusieurs de leurs anciens morceaux, au grand plaisir des plus nostalgiques présents dans la salle.
Deux heures de spectacle, la majorité des artistes de l’étiquette avaient foulé la scène, à coup de deux ou trois titres solos. C’est lors des présences sur scène de Souldia que le Centre Bell se fait le plus bruyant; le prince de Limoilou cultive depuis plusieurs années une incroyable connexion avec le public québécois. Outre les vedettes, Zach Zoya, le collectif LaF et la Brown Family ont su se démarquer du lot. Vers 22h, on annonce un entracte…
Vingt minutes de pause et Anodajay est de retour sur scène et le spectacle reprend de plus belle. Dans ce deuxième droit, la plupart des artistes font leur retour, et on donne énormément de place à Koriass et Souldia. La soirée s’étire et la foule s’essouffle tranquillement. Par chance, les différents artistes avaient réservé leurs morceaux les plus populaires pour la deuxième partie.
Autour de moi, plusieurs amateurs de rap quittent tranquillement leur siège et se dirigent vers la sortie. Pour vous décrire l’ambiance, on se sentait par moment dans un bar où les gens discutent et font la fête, tout en ayant de la musique en fond. La longueur et l’enchaînement plutôt aléatoire des différentes performances y sont pour beaucoup. Vous en vouliez du rap, en v’là!
Concentrons-nous sur le positif. Au cours de ces quatre heures de rap, les amateurs ont eu le doit à plusieurs moments forts tels qu’un excellent rap a cappella de Koriass, la présence de la grande Diane Tell pour l’interprétation de Jamais su avec Anodajay, une version remixée de sa fameuse chanson Souvent longtemps énormément, et un excellent cypher avec la plupart des artisans de 7ième Ciel pour clore cette soirée historique. La soirée aurait d’ailleurs bénéficié davantage de cette créativité offerte lors de ce dernier segment.
Le hip-hop québécois va bien, très bien même, et cette grande célébration en est une énième preuve. Sans Steve Jolin et Disques 7ième Ciel, nous en serions à des années lumières d’où nous en sommes présentement en ce qui concerne le rap keb. Difficile de dire qu’on se serait attendu à plus de ce spectacle alors qu’on nous a servi plus de 240 minutes de musique, bien que tout aurait pu être davantage concis et percutant.
Mais bon, force est d’admettre qu’en une seule soirée, c’est tout un défi de rendre hommage à autant d’années d’histoire du rap keb façon 7ième Ciel et le rendu y a néanmoins fait honneur.
crédit photo Souldia: @Play.fille Sarah-Maude Lessard