Ibibio Sound Machine est effectivement une… machine! Machine qui n’aurait pu être mise au point ailleurs qu’au Royaume-Uni. Originaire du Nigeria, la puissante contralto Eno Williams s’exprime avec tout son héritage afro-urbain et déroule également la toile de sa vie londonienne. La dégaine n’est pas celle de la soul ou du R&B mais bien d’un femme nigériane en fusion avec d’excellents musiciens londoniens de différentes souches.
Voilà un pollinisation croisée, on ne peut plus londonienne! Il y a dans tout ça l’afrobeat de Fela Kuti, la juju de King Sunny Adé, l’afro-pop highlife d’Osibisa, mais aussi le post-punk anglais, la new wave américaine, les effluves des Talking Heads, le funk de Chic et de Cameo, sans compter ce jazz groove à l’africaine ayant eu plus d’impact en Europe qu’en Amérique du Nord, on pense entre autres à Manu Dibango et Sixun.
Les instrumentistes d’Ibibio sont excellents et méritent tous d’être mentionnés : Alfred Kari Bannerman (guitare), Anselmo Netto (percussions), Jose Joyette (batterie), Derrick McIntyre (basse), Tony Hayden (trombone, synthé), Scott Baylis (trompette, synthé), et Max Grunhard (saxophone, synthé). La culture électronique de ces musiciens est complémentaire à leurs qualités d’instrumentistes très influencés par les années 80 et 90.
La pédale au fond dès le départ, la soliste et ses sidemen ont été très professionnels en faisant fi de la maigre assistance venue à leur rencontre. À l’évidence, Ibibio Sound Machine n’a pas encore conquis le marché québécois, tout reste à faire. On souhaite que la centaine de festivaliers présents partageront le souvenir de cette très bonne performance… dénuée de l’ambiance frénétique d’une salle pleine.