Pays : États-Unis Label : Reprise Genres et styles : metal / metal progressif / sludge-metal / stoner-rock Année : 2021

Mastodon – Hushed and Grim

· par Luc Marchessault

De leur propre aveu, les quatre gars de Mastodon font dans le cathartique. Leur corpus contient sa part d’éruptions ferrugineuses qui remplissent un tant soit peu, par leur fracas volcanique, le vide qui subsiste lorsqu’un être cher rejoint les verts pâturages. Celui à qui les musiciens d’Atlanta rendent surtout hommage ici s’appelle Nick John; c’était leur imprésario, décédé en 2018. La gigantesque Gigantium est particulièrement émouvante à cet égard. La poésie mastodonienne est plus grave et digne que jamais, sur Hushed and Grim. On pourrait parfois la qualifier d’hiératique, tant les récits des narrateurs semblent ponctués de rituels. Ou alors cyclopéenne, dans son évocation de créations et de manifestations qui dépassent largement l’échelle humaine. Une heure et demie de musique, une tonne de riffs, une avalanche de changements de tempo (combien y en a-t-il sur Peace and Tranquility seulement? On notera que cette chanson dure 5 min 55 s… 555, le nombre de l’Ange!) et moult symboles, dont l’arbre qu’on voit sur la pochette, où nichent les âmes ayant perdu leur support corporel. Bref, on n’est pas à Patofville. « La Mort vient, elle porte une faucille et apporte la paix », annonce une voix d’enfant (celle de la fille d’un ingénieur de son, semble-t-il) en prélude à Sickle and Peace, avant que ne démarre un riff funk et du chant soyeux qui pourraient nous faire croire qu’il s’agit d’une nouvelle chanson des Bee Gees… jusqu’à une minute quarante-trois secondes, où ça change d’allure raide pendant trente secondes, et c’est Bee Gees bis, et ainsi de suite. Quinze pièces qui, outre la relativement « linéaire » Teardrinker – qui fait office de tube ces jours-ci –, comportent une infinité de circonvolutions et de nuances. Je n’ose imaginer ce que ça doit coûter à Mastodon en papier à musique, j’espère qu’ils ont une commandite. On remarquera des trucs : la jeune sensation rock sudiste Marcus King prête ses doigts adroits à The Beast; le court solo de synthé aux deux tiers de Skeleton of Splendor, qui rappelle inévitablement celui de feu Rick Wright dans Welcome to the Machine; l’assistance du riffeur Kim Thayil, naguère pilier de Soundgarden, qui enrichit Had It All; la pièce Dagger qui passe en mode Shéhérazade vers les deux minutes. Et tant d’autres trouvailles propices à l’émerveillement, au réconfort et à la stimulation. Car Mastodon existe pour nous prouver, encore, que de l’impétuosité musicale peut naître la catharsis.

Tout le contenu 360

Mount Kimbie – The Sunset Violent

Mount Kimbie – The Sunset Violent

CMIM: Shira Gilbert et Zarin Mehta nous causent de l’édition Piano 2024

CMIM: Shira Gilbert et Zarin Mehta nous causent de l’édition Piano 2024

Avant le coup d’envoi du CMIM, Chantal Poulin nous cause de l’édition Piano 2024

Avant le coup d’envoi du CMIM, Chantal Poulin nous cause de l’édition Piano 2024

Lorraine Vaillancourt, un dernier soir à la direction du NEM après 35 ans

Lorraine Vaillancourt, un dernier soir à la direction du NEM après 35 ans

Jonathan-Guillaume Boudreau – Un sortilège

Jonathan-Guillaume Boudreau – Un sortilège

Alix Fernz – Bizou

Alix Fernz – Bizou

St.Vincent – All Born Screaming

St.Vincent – All Born Screaming

Boogat – Del Horizonte

Boogat – Del Horizonte

RIP l’ami JP

RIP l’ami JP

Les Cowboys Fringants – Pub Royal

Les Cowboys Fringants – Pub Royal

Wake Island au Centre Phi: multidimensionnel !

Wake Island au Centre Phi: multidimensionnel !

Effendi : 25 ans de jazz Made in Québec

Effendi : 25 ans de jazz Made in Québec

Maureen – Bad Queen

Maureen – Bad Queen

Less Toches remporte le Syli d’Or 2024, viva la cumbia !

Less Toches remporte le Syli d’Or 2024, viva la cumbia !

Alex Henry Foster parle de la mort et de son nouvel album, Kimiyo

Alex Henry Foster parle de la mort et de son nouvel album, Kimiyo

Schoenberg pré-révolutionnaire et Beethoven à l’OSM

Schoenberg pré-révolutionnaire et Beethoven à l’OSM

OSM | La programmation 2024-2025 selon Rafael Payare et Marianne Perron

OSM | La programmation 2024-2025 selon Rafael Payare et Marianne Perron

Syli d’Or 2024: Shahrzad, virtuose persane et fan finie d’afro-latin

Syli d’Or 2024: Shahrzad, virtuose persane et fan finie d’afro-latin

Syli d’Or 2024: Less Toches, cumbia montréalaise

Syli d’Or 2024: Less Toches, cumbia montréalaise

Syli d’Or 2024: Boubé, guitariste du désert

Syli d’Or 2024: Boubé, guitariste du désert

Nick Semenykhin – Paradigm

Nick Semenykhin – Paradigm

BIG|BRAVE – A Chaos Of Flowers

BIG|BRAVE – A Chaos Of Flowers

Inscrivez-vous à l'infolettre