Sous le pseudo Puma Blue, Jacob Allen était encore un kid quand il s’était pointé dans une petite salle du Festival de jazz de Montréal. Petite heure très sympa, on se souvient de ce post-pubère londonien plus soft et plus hypnotique que ses collègues de King Krule, peut-être un peu surjoué (au sens théâtral) … Quelques EP de Puma Blue ont suivi, un album devant public, petit train va loin… et voilà ce premier album studio, cinq ans après l’émergence. Jacob Allen choisit cette riche connexion entre crooning feutré, jazz éthéré, beatmaking hip-hop, trip-hop, downtempo, chillwave, soul. Il n’est ni le premier ni le dernier à nous mijoter une ramen aussi onctueuse mais… le mec a un goût sûr, et il nous arrive à pleine maturité. Encore plus que ça, il peut nous mettre sur le cul. En tous points, ce jeune Brit a pris du gallon : dans l’expression, dans la sensualité, la décontraction, la souplesse, dans l’expertise du multi-instrumentiste qu’il est devenu, dans sa vaste palette d’arrangements, dans les cordes frottées, les guits acoustiques ou électriques, les keys, le saxo, les machines, les couches de sons, les jeux de voix, la réverbération, la basse, la batterie, les grooves parfaits. L’analogique, le numérique. Dans cette attitude jazzy soul. Dans ce raffinement pop à l’anglaise. Puma Blue offre un son distinct dans chacune de ses 14 plages au programme, les styles s’y suivent, s’y juxtaposent en fondus enchaînés, sa voix et celle de ses collègues nous emporte doucement. Irrésistible. Élégant. Juste assez sale. La classe. À la louange des ombres.
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