Dans cette recension d’album, vous allez lire une foule de noms. Ceux-ci résument bien la proposition éclectique de cet album de Everything is Recorded.
Le producteur et réalisateur Richard Russell est derrière ce projet multiforme. Il dirige l’étiquette de disque XL, qui a produit des albums d’Adele, MIA, Radiohead, Florence and the Machine, etc. Il a notamment réalisé les derniers albums du grand poète afro-américain Gil Scott-Heron, trois disques du duo franco-cubain Ibeyi et a collaboré à plusieurs projets du claviériste Damon Albarn. Éclectisme, je vous disais donc.
Richard Russell is Temporary est la troisième mouture de Everything Is Recorded. Dans chaque projet, Russell s’entoure de collaborateurs provenant d’horizons totalement différents, qu’il adore mélanger. Ici, on en trouve plus que jamais: Sampha, le brillant claviériste chanteur, Kamasi Washington et son papa Rickey C aux saxophones et flûtes, Maddy Prior, une vétérane du folk britannique; Bill Callahan, chanteur américain, Yazz Ahmed, trompettiste, Jah Wobble, le bassiste issu de Public Image Limited, le groupe rock expérimental féminin Mary in the Junkyard.
Je m’arrête ici, mais la liste pourrait se poursuivre. Parfois en groupe de quatre, cinq ou en duo, toujours avec Richard Russell, qui « enregistre tout » et ajoute ses claviers et effets électroniques. Contrairement aux deux premiers opus, qui étaient davantage basés sur l’improvisation, nous assistons ici à un plus grand effort de composition en studio.
Le risque ici est évidemment que cette proposition soit tellement éclectique qu’elle soit éparpillée et décousue. Or, ce n’est absolument pas cela. Toutes les pièces s’enchainent efficacement, entrecoupées de monologues, pour former un tout cohérent qui s’approfondit avec les réécoutes.
Et ça sonne comment? Fichue question! Comme de l’indie-rock doux, mâtiné de folk, de jazz, d’électro, avec des voix féminines différentes, mais complémentaires. Ça commence et se termine avec des chants d’oiseaux.
En entrevue avec des médias britanniques, Richard Russell a expliqué que cet album porte sur le deuil, le manque et la perte d’êtres chers, mais qu’il souhaitait que la musique qu’il fait génère un effet de guérison.
En la matière, ça me parait plutôt réussi. Si l’on peut trouver quelques imperfections sur cet opus, la proposition d’ensemble est originale et fédératrice. À écouter sans modération.