Paru le 28 février 2025, le EP Tendresse et bienveillance de Laurence Hélie marque pour elle un nouveau départ. Après avoir livré deux albums country folk en 2011(Laurence Hélie) et 2013 (À présent le passé), elle est tombée en hibernation musicale pour plusieurs années. Elle a réémergé par la suite sous le pseudonyme de Mirabelle pour nous proposer son album Late Bloomer en 2020 et son EP Flickering Lights en 2023. Cette musique parue en tant que Mirabelle était davantage orientée vers un son indie rock avec une touche folk.
Maintenant qu’elle boucle la boucle en revenant à son nom originel, Laurence Hélie nous propose un jeu court feutré et enveloppant, marqué par un désir de guérir de vieilles blessures, faire le point sur le chemin parcouru afin d’aller de l’avant avec plus de légèreté. Liée à des instrumentations savamment réalisées, sa voix mélodieuse nous porte vers des paysages intérieurs, parfois vastes, parfois intimes, empreints de cette ambiance douce- amère propre à la guérison et à la réflexion.
Tendresse et bienveillance, une pièce soft-rock, presque downtempo, ouvre l’EP et sert de point de départ à ce qui semble être une démarche thérapeutique. Il est question de souvenirs et de signaux de détresse. On se sent un peu en danger, comme si tout ne tournait pas tout à fait rond. Cela dit, il nous reste la tendresse et la bienveillance dont on doit faire preuve envers les autres mais surtout envers soi, afin de pouvoir commencer le travail.
Ensuite, sur Mes sympathies, Laurence s’adresse à une personne qui l’a blessée. On y observe des sentiments contradictoires ; un attachement intime, presque une obsession, qui cohabite avec un ressentiment latent et profond, dont il est difficile de se défaire. Une piste qui me fait l’effet d’une bouilloire qui atteint le point d’ébullition.
Dans Last Chance Lake, on semble effectuer une retraite en nature pour réfléchir et examiner une période difficile. Elle cherche des réponses auprès de professionnels de la santé, un orage fait rage dehors, quelque chose se brise. La réalisation de la pièce est néanmoins marquée de plusieurs moments lumineux, comme le soleil qui frappe les gouttes d’eau sur les épines d’un conifère après la pluie.
Dans L’arcane sans nom, elle semble laisser derrière cette période difficile, se relever et se remettre en marche avec un peu plus de confiance. Elle semble faire référence à son album de Mirabelle / Late Bloomer en disant ‘floraison tardive et fausse modestie’. Comme si elle trouvait que sa passe Mirabelle n’était pas entièrement authentique ou qu’elle manquait de l’assurance nécessaire pour défendre son matériel à l’époque. C’est donc encore une fois le désir d’aller de l’avant qui l’emporte.
Finalement dans More Thrill, Laurence Hélie est maintenant en marche vers l’avenir. La présence d’une voix masculine et le texte semble indiquer qu’elle a trouvé un partenaire ou un ami avec lequel elle est confortable d’être la fille qu’elle a toujours été. C’est aussi la réalisation qu’en vieillissant on finit par apprécier la quiétude de la routine et à valoriser la tranquillité. Cela reste compréhensible de vouloir un peu d’excitation de temps en temps.
En tout et pour tout, Tendresse et bienveillance est un album feutré, doux-amer, très bien construit. Il comprend une belle variété de choix d’instruments (slide guitar, saxophone,
cloches, etc.) qui viennent toujours soutenir les pièces sans jamais détonner. C’est un album que je recommande pour un court road trip ou un souper aux chandelles.