Lorsque je me suis installée à Montréal il y a 9 ans ou presque, le Piknic est l’un des premiers événements culturels auxquels j’ai participé.
Déjà, sans jamais avoir mis les pieds au Québec, depuis le vieux continent, j’avais entendu parlé de l’Igloofest et du Piknic. Habituée des festivals de musique à l’européenne comme Dour (Belgique) et qui accueillent plus de 25 000 festivaliers par jour (sur 4 jours, avec camping); j’étais curieuse de découvrir de nouvelles façons d’apprécier la musique et de faire la fête. Un festival de musiques électroniques urbain, accessible en métro, le dimanche soir dans un cadre idyllique ? Oui.
Autant dire qu’il y a 9 ans, lors de mon premier Piknic, je n’ai pas été déçue. Le soleil radieux sur le Calder (pour les intimes, alias la sculpture des Trois disques de l’Artise Alexander Calder) l’imprenable vue sur le fleuve et la « skyline », l’ambiance festive avec les « buckets » d’alcool (on n’a pas ça en France)… le Piknic est un de mes meilleurs souvenirs de nouvelle arrivante.
Puis, les années ont passé, l’institution a du déménager quelques mètres plus loin et le public a grossi, grossi. C’est devenu une grosse machine, la qualité sonore et événementielle n’était selon moi plus au rendez-vous. J’ai fini par ne plus m’y rendre.
Pourtant, après plusieurs années d’absence, ce 21 mai dernier, je savais qu’il fallait que j’y sois. Pourquoi ? Pour deux raisons : premièrement, l’événement avait lieu sur le site historique du Piknic, celui que j’ai découvert il y a 9 ans, sous le Calder. Deuxièmement, la programmation était bien trop incroyable pour la manquer puisque DVS1 est un de mes DJ préférés et Isabel Soto, qui a ouvert pour lui, est une des DJ locales les plus en vue du moment. Tous les deux ont joué d’excellents sets et se sont adaptés au contexte diurne, moins évident pour la techno sombre et hypnotique qu’ils ont l’habitude de jouer. La progression offerte par le DJ Minnesotain était parfaitement maîtrisée et ajustée au glissement du jour vers la nuit, et je peux vous dire qu’à 21h, ça groovait sévère. Bien joué au Piknic d’avoir laissé DVS1 jouer un set de plus de 3h, une temporalité qui lui a permis de montrer l’étendue de son talent, autant dans la sélection des morceaux que dans ses transitions – sa technique est extrêmement fluide (il joue sur vinyle, chapeau) et c’est particulièrement appréciable pour les danseurs et danseuses qui peuvent se lâcher sans devoir s’arrêter toutes les 30 secondes comme avec les structures plus classiques montée/drop.
La scénographie était simple mais très efficace. Il faut dire que le cadre du Parc Jean-Drapeau fait son effet et la météo était parfaite. Une fois le soleil couché, les stroboscopes ont pris le relai, éclairant l’impressionnante statue, trônant au milieu de la piste de danse, tantôt de rouge, tantôt de bleu.
Si la scène principale était placée sous le signe de la techno, celle du boisé proposait une ambiance house/tech-house avec Louie Vega, The Neighbors et Andrea de Tour. L’aménagement du site est bien pensé, avec un espace food trucks (bien garni) et plusieurs espaces « chill » avec des hamacs ou de quoi s’assoir. Le seul petit hic ? Au pic de la soirée, vers 20h, les files d’attente étaient encore bien longues, malgré les trèèès nombreuses toilettes et bars disponibles. Je ne sais pas combien de milliers de festivaliers Piknic a accueilli, mais il y a là encore plusieurs ajustements à faire.
On est (presque) tristes que le retour sous le Calder ne soit pas pour la saison complète !
Ceci dit, 9 ans plus tard, le retour exceptionnel du Piknic au site originel pour souligner les 20 ans du festival m’a permis de renouer avec celui-ci.
Image: DVS1 par Piknic Electronik Montréal