classique

Au pied du Stade olympique, promenade au musée sur des airs d’opéra avec Rafael Payare

par Rédaction PAN M 360

Esplanade du Parc olympique

logo-viree-classique-fr

Deux solistes de renommée internationale se joindront à l’OSM pour le concert d’ouverture de la Virée classique 2023. Isabel Leonard chantera quelques-uns des plus célèbres airs d’opéra et la violoniste Bomsori interprétera Carmen fantasie de Waxman d’après Bizet, une pièce sensuelle et enflammée. De l’opéra au musée, il n’y a qu’un pas pour aller admirer les Tableaux d’une exposition de Moussorgski. À travers cette œuvre puissante, aux couleurs orchestrales flamboyantes, le compositeur vous transportera de l’univers fantastique des contes jusqu’aux plus belles villes d’Europe. Place à l’imagination!

ARTISTES

Orchestre symphonique de Montréal

Rafael Payare, chef d’orchestre

Isabel Leonard, mezzo-soprano

Bomsori, violoniste

OEUVRES

Extraits d’opéras célèbres 

Franz WaxmanCarmen Fantasie, pour violon et orchestre (11 min) 

MoussorgskiTableaux d’une exposition (orch. Ravel, 35 min)

OSM au pied du Stade : pourquoi s’étonner des couleurs de l’Amérique?

par Alain Brunet

Les mélomanes biberonnés à la musique classique de tradition européenne ont été peut-être étonnés, déconcertés ou même offusqués par le programme du concert d’ouverture de la Virée classique, exécuté par l’OSM sous la direction de Rafael Payare. Mercredi soir, sur l’esplanade du Parc olympique, le maestro vénézuélien et ses acolytes ont misé sur un buffet des Amériques afin d’en illustrer la grande diversité.

Trop de plats ? Difficile à digérer? Possible mais… les perceptions immédiates peuvent aussi être trompeuses.

D’un point de vue occidental, blanc et ô combien normatif, la seule œuvre véritablement « classique »au programme étant le 4e mouvement, Allegro con fuoco, de la Symphonie nº 9 en mi mineur, op. 95, Du Nouveau Monde de Dvořák. On comprendra certes l’étonnement de la gent classique, on en comprendra moins la réprobation et la condescendance.

Qu’elle aime ou non cette vision du monde musical, la gent classique doit faire face à cette nouvelle réalité : les musiques complexes destinées aux orchestres symphoniques débordent désormais le « grand répertoire » germanique, italien, français, russe ou scandinave, bref caucasien. Leonard Bernstein, dont on a repris les danses symphoniques de la bande originale du film West Side Story, avait eu cette prémonition dans les années 50 et 60, incluant des formes latines et afro-caribéennes dans son œuvre. Bernstein était loin d’être le seul à défendre cette approche inclusive : Ravel, Gershwin, Varèse, tant d’autres compositeurs blancs ont ainsi procédé dans plusieurs de leurs œuvres marquantes. On l’a aussi observé dans Honey and Rue d’André Prévin, dont l’influence jazz est nette et demeure pourtant dans l’esthétique classique. La très douée soprano Janine De Bique avait d’ailleurs très bien saisi le concept et l’a magnifiquement rendu au public montréalais.

Paquito D’Rivera, saxophoniste cubain de haute virtuosité, a mené une carrière dans les sphères du jazz latin, ce qui n’exclut en rien son ouverture aux formes classiques de tradition européenne. Son Concerto Venezolano, pour trompette (excellent Pacho Flores!) et orchestre inclut forcément des formes populaires de musique afro-latine, mais comporte aussi des éléments orchestraux d’une complexité harmonico-mélodique comparable aux soi-disant grandes musiques occidentales, et aussi d’une complexité rythmique généralement au-dessus des standards européens du monde classique. 

La démarche de feu le compositeur vénézuélien au programme, Evencio Castellanos (1915-1984), se trouvait plus proche du monde classique : les matériaux issus des musiques populaires servaient à construire une œuvre de facture occidentale alors que Paquito D’Rivera se veut ici au confluent du jazz moderne et de la musique contemporaine classique.

Quant au chant traditionnel de la nation wolastoqiyik interprété par Jeremy Dutcher et précédé d’une déclamation poétique de Natasha Kanapé Fontaine, la démarche est différente : on parle ici de l’habillage symphonique d’un chant simple et beau, interprété avec justesse et passion. 

Y a-t-il lieu de s’étonner de tels métissages mis de l’avant par un orchestre symphonique, en l’occurrence l’OSM ? Peut-être bien mais…

Depuis l’émergence des musiques plus complexes en Occident, soit à la Renaissance, les musiques dites sérieuses s’abreuvent des formes populaires ou folkloriques, pourquoi alors conclure à la légèreté pop lorsque des non-occidentaux érigent des formes plus complexes inspirées de leurs propres formes populaires et les marient au langage orchestral d’Occident? Voilà, manifestement, l’apparence d’un biais blanc et normatif.

Voilà la perception d’un monde musical occidental croyant encore à sa supériorité. Ce monde doit désormais se raviser : d’autres musiques symphoniques complexes doivent être honorées, nous en avions mercredi les exemples probants. S’il y a eu un problème, il n’était pas d’ordre musical, il était d’ordre culturel… et stratégique.

La surabondance d’informations lancées à un public peu habitué à cet éclectisme peut prêter flanc aux points de vue et perceptions occidentalo-centristes, qui relèguent les Paquito D’Rivera et Evencio Castellanos chez les compositeurs de troisième division. Rafael Payare et ses acolytes de la direction artistique de l’OSM devront alors se montrer plus rusés pour la suite des choses… et ne surtout pas reculer en diluant leur approche éditoriale, parfaitement défendable.

PROGRAMME

Artistes

Orchestre symphonique de Montréal

Rafael Payare, chef d’orchestre

Natasha Kanapé Fontaine, autrice 

Jeremy Dutcher, chanteur 

Jeanine De Bique, soprano

Pacho Flores, trompette

Magalie Lépine-Blondeau, porte-parole 

Oeuvres 

Dvořák, Symphonie nº 9 en mi mineur, op. 95, « Du Nouveau Monde » : IV. Allegro con fuoco (11 min)

Lecture d’un texte de Natasha Kanapé Fontaine

Chant interprété par Jeremy Dutcher

Paquito D’RiveraConcerto Venezolano, pour trompette et orchestre (18 min)

BernsteinWest Side Story, danses symphoniques (20 min)

André PrévinHoney and Rue : « The town is lit » (5 min)

Evencio CastellanosSanta Cruz de Pacairigua (17 min)

classique occidental

Virée Classique 2022 : concert d’ouverture aux couleurs des Amériques

par Rédaction PAN M 360

Rafael Payare et l’OSM vous invitent sur l’Esplanade du Parc olympique afin de célébrer la richesse du répertoire musical présent sur le territoire américain depuis des siècles, du Canada au Venezuela. En compagnie de nombreux solistes et d’artistes issus des Amériques, ce voyage intemporel et plein d’énergie vous conduira de la Symphonie « Du Nouveau Monde » à un chant autochtone, et de West Side Story au Concerto pour trompette du Cubain Paquito D’Rivera.

Rafael Payare and the OSM summon you to the Olympic Park’s Esplanade to celebrate the richness of great music that has echoed across American lands, from Canada to Venezuela, for many centuries. Join soloists and artists from throughout the Americas on a timeless, breathtaking voyage from the “New World” Symphony to an Indigenous song, and from West Side Story to Cuban composer Paquito D’Rivera’s Trumpet Concerto.

GRATUIT!

Ce contenu provient de l’OSM et est adapté par PAN M 360.

classique occidental

L’OSM au Parc olympique : notre compte rendu

par Alain Brunet

L’OSM conviait jeudi le grand public à une première rencontre avec le chef Rafael Payare, nouveau directeur musical de l’orchestre. Au programme : l’ouverture-fantaisie Roméo et Juliette de Piotr Illich Tchaïkovski, la suite 1919 de l’Oiseau de feu d’Igor Stravinsky ainsi que des œuvres de Manuel de Falla et d’Alberto Ginastera, sans compter au rappel une composition du compositeur vénézuélien Aldemaro Romero, compatriote de notre nouveau maestro.

On ne trébuchera pas dans les fleurs du tapis, c’est-à-dire analyser les moindres nuances de l’exécution des oeuvres au programme dans un contexte événementiel où la facture générale l’emporte largement sur les menus détails de l’interprétation – on pourra, par exemple, se questionner sur l’alternance du rôle de premier violon (Andrew Wan et Richard Roberts) dans un même programme.

Puisque la sonorisation n’était certes pas idéale sur l’Esplanade du Parc olympique, les conditions acoustiques n’en permettaient pas l’appréciation des nuances, surtout dans les moments de calme et de subtilité, il vaut mieux garder notre jugement pour la suite des choses, soit lorsque Rafael Payare dialoguera avec l’OSM à la Maison symphonique au cours des semaines, mois et années qui viennent.

Néanmoins, on a déjà constaté jeudi une signature Payare, fort différente de celle de son prédécesseur.

Avec son nouvel orchestre, le maestro vénézuélien présente une approche fervente, serrée, sanguine, intense, aux frontières de l’exubérance. Les musiciens ont répondu bellement aux consignes de Rafael Payare, reste à savoir si cette approche pourra se fondre dans la subtilité dans tous les contextes orchestraux qui l’exigent, mais tous les espoirs sont permis à l’aube de cette nouvelle direction. L’intensité était à l’ordre du jour avec l’Ouverture-Fantaisie Roméo et Juliette de Tchaïkovski, une des oeuvres les mieux connues au programme, la plus ancienne. Ainsi, le répertoire comptait des pièces composées de 1869 (Tchaïkovski), 1917 (Lili Boulanger), 1919 (Manuel de Falla), 1952 (Alberto Ginastera) et 1919 (Stravinsky qui a écrit 4 suites de l’Oiseau de feu, imaginé d’abord en 1909).

Avec un programme qui démarre dans le romantisme russe et qui se conclut avec l’Oiseau de feu, le choix de la modernité était clair! Et l’identité latine de Payare a aussi été affirmée dès sa première rencontre avec le public, on retiendra d’abord la Suite Estancia de Ginastera, un des plus grands compositeurs de la modernité tous continents confondus.

Sous la direction de Payare, il est permis de prévoir un accent particulier sur les créateurs issus des trois Amériques, ce qui pourrait conférer une identité spéciale à l’OSM, au-delà de ce qu’on en connaît jusqu’à ce jour.

Chose certaine, ce nouveau cycle s’annonce des plus excitants.

Inscrivez-vous à l'infolettre