Né en Côte d’Ivoire et originaire du « pays des hommes intègres », le Burkina Faso, Dramane Konaté maîtrise le djembé comme un cœur qui bat au rythme du monde. Avec son opus Touman (Disques Nuits d’Afrique), qui sortira le 3 novembre 2023, le voyageur né invite à l’immersion ouest-africaine pour une pause mélodique ancrée au moment parfait de l’écoute. Son programme : douze chansons riches en émotions et rythmiques pour ce maître incontesté du Faso.  

Lisez la critique de Touman réalisée par Frédéric Cardin sur Pan M 360

PAN M 360 : Tout d’abord, félicitations pour ton album, Dramane!

Dramane : Merci, merci.

PAN M 360 :  Je l’ai écouté ce matin et ça m’a mis de très bonne humeur. Qu’est-ce que ça fait d’être sur le point de publier cet album dans le monde?

Dramane : J’ai la chair de poule. Parce que pour moi, c’est un album très important. Et ça parle aussi de ma vie personnelle. Et je pense également que cet album peut résonner auprès du public et lui permettre d’apprendre et de découvrir de nouvelles choses.

PAN M 360 : Est-ce que c’est votre premier disque ?

Dramane : Oui, c’est mon premier album et j’ai beaucoup travaillé dessus. J’ai du redoubler d’efforts car cette période était un moment vraiment très compliqué dans ma vie. J’étais perdu et je ne savais pas par où commencer. Je n’avais pas vraiment d’espoir dans la musique mais elle a finalement été salvatrice : elle m’a beaucoup aidé à exprimer toutes mes douleurs, toutes les choses que je gardais en moi, afin de me libérer. Faire cet album s’est finalement révélé être bénéfique et m’a permis de mieux me connaitre.

PAN M 360 : C’est intéressant de t’entendre dire ça. Quand j’ai écouté ton album, j’ai ressenti un véritable sentiment de catharsis à la fin. Je peux imaginer que ça fait longtemps que vous préparez cet album ?

Dramane : Cela a mis du temps à se faire. Je l’ai fait seul avec tout ce que j’ai gagné. Personne ne m’a aidé. Je l’ai fait seul et c’est moi qui cherchais des artistes. C’est moi qui ai tout arrangé. J’ai payé les studios, j’ai payé les artistes. Je l’ai fait seul parce que je sais qu’en Afrique, chez nous, les artistes ne vivent pas de ça. Donc vous ne pouvez pas dire à un artiste de venir faire votre album ou vous faites des répétitions et ensuite vous ne lui donnez rien. Ils ont besoin de manger, c’est comme leur métier. Donc pour moi, avant de faire ça, j’ai essayé de me préparer un peu pour le concert que je faisais. J’ai pris un peu d’argent, j’ai mis de côté et quand j’étais prêt, j’ai appelé les musiciens, on a fait des répétitions, j’ai appelé les studios, c’est tout, puis c’est tout.

PAN M 360 : Et comment s’est déroulé le processus de composition ? En tant que joueur de djembé, le rythme était la base de toutes les chansons?

Dramane : Oui, mais il y a des morceaux qui ne sont pas mes propres compositions. Il y a des mélodies, très anciennes, que mes grands-parents auraient connues, et j’y ai ajouté des couches de rythme. J’ai essayé de vraiment les arranger en fonction de la façon dont je réagis à ces mélodies, et de vraiment comprendre comment je ressens cette musique.

PAN M 360 : Peux-tu nous raconter un peu ton histoire avec le djembé?

Dramane : J’ai commencé à jouer quand j’étais très très petit, à l’âge de sept ans, en 1983.  Ma mère chante, elle aime beaucoup la musique et elle a une très belle voix. Mais dans le village où j’ai habité en Côte d’Ivoire, il n’y avait pas musiciens. Donc les musiciens, tu les vois quand il y a un mariage et qu’il y a un baptême ou des fêtes annuelles, c’était ma première introduction à la musique et au son du djembé.

Comme je suis le seul musicien de ma famille, j’ai rencontré beaucoup de résistance. De la part de mon père surtout. Il ne voulait pas que son fils fasse de la musique. Parce qu’à l’époque, quand tu annonçais vouloir être musicien, tu n’avais pas d’avenir. Aucun parent n’acceptait que son fils devienne musicien. Il m’a engueulé, il m’a frappé, il m’a mal parlé devant du monde pour me décourager de continuer la musique et moi je savais ce que je ressentais grâce à la musique car mon père est un tailleur.

Tu sais pourquoi j’ai donné ce nom à l’album ? Car chaque choix se fait en temps voulu. Mon père voulait que je devienne tailleur. C’était ça son rêve. Il a tout fait pour que je devienne tailleur. Mais un problème s’est imposé à moi car je ne me vois pas très bien. J’ai des problèmes très grave aux yeux. À l’atelier, il est devenu évident que je ne voyais pas très bien l’aiguille et le fil et mon père ne m’a pas aidé non plus. Il avait la possibilité de chercher des lunettes pour que je puisse voir ou simplement m’envoyer quelqu’un pour m’aider, mais il n’a jamais fait ça. À partir de ce moment là, il voulait que je fasse autre chose et moi aussi j’ai décidé, de faire autre chose de ma vie. Mon choix a logiquement été la musique. Parce que pour moi la musique ça me donnait l’amour. Pour moi la musique c’était l’amour, pour moi la musique c’était ma vie. Je laisse échapper toutes ces émotions sur le djembé.

PAN M 360 : Vous venez de Côte d’Ivoire, mais vous jouez la musique qui vient du Mali, est-ce que c’est correct ?

Dramane : C’est la musique Mandingue.

PAN M 360 : Est-ce votre tradition, en fait, ou vous adorez ce genre musical ?

Dramane : Oui, c’est ma tradition.

PAN M 360 : Qui ou quoi ont été certains des inspirations?

Dramane : Salifou Keïta, tu connais? Il est du Mali. Salifou Keïta, Toumani Diabaté. Il y a beaucoup d’artistes qui m’inspirent et puis il y a un grand artiste aussi, Amadou Sodia qui m’a beaucoup inspiré.

PAN M 360 : Avez-vous expérimenté d’autres musiques comme la fusion ou la pop ou est-ce vraiment la musique traditionnelle qui vous parle le plus.

Dramane : Moi je fais un peu de tout. J’accompagne des groupes, les danses contemporaines, la musique moderne, jazz, blues. Oui, le jazz m’inspire beaucoup. Le jazz c’est la musique et moi vraiment ça m’apporte beaucoup de choses.

PAN M 360 :  Et est-ce qu’on a beaucoup d’improvisation dans la musique que vous jouez aussi comme le jazz?

Dramane : Quand je fais des solos, je m’inspire beaucoup de la musique jazz. Ok. Jazz afro, un peu, de tout. Bien sûr. 

PAN M 360 :  Vous parlez avec beaucoup de passion et j’imagine que votre spectacle sera vraiment passionnant. Pour votre concert à Montréal, allez-vous interpréter l’album en entier?

Dramane : Oui, je vais jouer tout l’album avec un groupe sympa. Je ferai de mon mieux pour le 4 novembre. J’ai vraiment hâte de voir ça. Merci vraiment d’avoir parlé avec moi.

PAN M 360 :  Est-ce qu’il reste quelque chose que vous aimeriez dire?

Dramane : Je veux dire merci. Je salue beaucoup le papa Touré, Touré du Balattou, vraiment c’est un papa qui m’a donné beaucoup de conseils, souvent j’ai des conseils, je pars chez lui et il m’a toujours pris comme son fils, il m’a considéré comme son fils, il m’a donné des conseils et je l’ai toujours senti comme sur mon père et vraiment je souhaite vraiment beaucoup l’envie à lui encore. Vraiment lui c’est le baobab, c’est le baobab de tous les Africains, tous les Québécois, tous les gens qui sont ici. Vraiment, on espère que Dieu leur donne une longue vie, que les artistes, on arrive toujours à s’exprimer, de donner tout ce qu’on sent, tout ce qu’on a envie d’en venir un jour, Inch’Allah. Vraiment. Et vous aussi, je vous salue. Ça m’a fait un grand, grand plaisir de me ‘’libérer » aussi. Voilà donc vraiment merci à vous et voilà j’ai remercié aussi René Pierre. Merci.

PAN M 360 : En vous souhaitant un spectacle incroyable Dramane. Merci encore d’avoir pris le temps.

Jeanne Laforest fait dans la pop sophistiquée, chœur et cordes y font briller ses chansons. Son album paru l’an passé, Puisque les heures nous manquent, est une œuvre frappante qui mêle l’intimité du texte au ton grave des arrangements riches. Avec un bagage musical et un parcours académique qui traversent l’océan – de McGill en Jazz à la Finlande –, l’artiste a beaucoup à offrir et fusionne ses différents horizons en une vision harmonieuse.

L’autrice-compositrice-interprète de Québec se présentera au Verre bouteille le 6 novembre prochain dans le cadre de Coup de cœur Francophone, vitrine automnale qui met de l’avant les nouvelles formes de la création francophone à travers le Canada. 

PAN M 360 en a profité pour parler avec Jeanne Laforest. Au menu, entre autres: carrière solo, folklore nordique et les cordes sur le dernier Radiohead.

PAN M 360: Cela fait longtemps que vous progressez dans le domaine musical?

Jeanne Laforest: Oui. J’ai commencé à jouer du piano quand j’étais enfant. Je baignais beaucoup dans la musique classique. C’est mon père, qui était musicien, qui m’enseignait.  J’ai aussi fait beaucoup de chorale. Rendue au secondaire, j’ai commencé à vouloir faire de la musique populaire, et j’étais très attirée par l’improvisation. C’est pour ça que j’ai voulu aller faire un petit détour en jazz. Donc j’ai été au cégep en jazz pop et ensuite à l’université en jazz, avec un échange étudiant en Europe. À l’université j’ai pu toucher à bien d’autres choses, comme la musique contemporaine ou des trucs plus improvisés, et ça a donné un grand mélange avec lequel j’ai pu m’asseoir quand la pandémie est arrivée.

J’ai pu approfondir des chansons que j’avais écrites depuis que j’étais ado. Parce que j’ai toujours eu un rêve, ou un besoin, d’écrire des chansons et d’avoir un projet à moi, et la pandémie a permis ça. Et ça a donné l’album que j’ai sorti il y a maintenant un an.

PAN M 360: Vous avez fait des études de folklore nordique à la Sibelius Academy of Music, en Finlande, parmi d’autres choses. Qu’apporte ce bagage ici au Québec?

Jeanne Laforest: Mon rapport à la chorale a toujours été omniprésent. En Finlande, la musique traditionnelle, c’est de la musique vocale, chantée exclusivement par des femmes. J’ai pris des cours là-bas parce que j’étais intéressée par cette tradition. Il y a cette sonorité que j’ai vraiment eu envie d’approfondir. Aussi, j’ai découvert qu’il y a plusieurs ressemblances entre la chanson folklorique de là-bas et celle d’ici. En général, aussi, la vie en Europe m’a beaucoup marquée. Alors ce sont tous ces intérêts qui se sont transmis sur l’album.

PAN M 360: Après avoir étudié longtemps en musique, vous faites maintenant des concerts, vous jouez à des festivals, vous gagnez des prix. Est-ce une progression logique des choses pour vous? Voyez-vous cela comme quelque chose qui « commence »?

Jeanne Laforest: Je dirais que ça commence pour mon projet à moi. Mais je travaille en musique à temps plein depuis plusieurs années, donc c’est aussi une chose qui s’ajoute à la diversité des autres choses que je fais. Mais c’est vrai qu’un projet solo, c’est différent. Il y a quelque chose de plus intime dans le fait de présenter ses textes et de devoir les assumer. Ce début a été plein d’apprentissages. Comparé à il y a un an, je suis plus détendue, et surtout contente de pouvoir rassembler mon band. Toutes les opportunités que je vais avoir de le faire, je vais les chérir, et je me sens reconnaissante d’avoir une petite place dans cet amalgame très fourni de chanson québécoise.

PAN M 360: Avez-vous toujours eu une envie de faire un projet solo?

Jeanne Laforest: Au départ, j’aurais voulu avoir un band, écrire à plusieurs. Mais c’est dur de trouver les bonnes personnes avec qui faire cela. Durant la pandémie, le besoin de faire quelque chose et de sortir quelque chose a pris le dessus. Mais ça a été une décision lente, parce que pendant un bout je voulais avoir un nom d’artiste, je n’étais pas certaine de mettre mon nom de l’avant. Mais finalement, c’est ce qui est arrivé, et je ne regrette pas, ça va bien.

PAN M 360: En écoutant votre musique, on remarque l’importance des arrangements de cordes. Avez-vous une référence particulière, une pièce préférée pour les cordes qui vous a inspiré?

Jeanne Laforest: Un album qui m’a vraiment marqué pour le traitement des cordes, c’est A Moon Shaped Pool de Radiohead. Quand j’ai découvert cet album, je l’ai écouté en boucle pendant des mois. C’est à partir de cet album que j’ai voulu apprendre à écrire pour des cordes.

PAN M 360: Moi aussi, cet album me fascine. Les morceaux Glass Eyes et Burn The Witch particulièrement, pour les cordes.

Jeanne Laforest: Oui! et c’est une approche un peu flyée. Ce ne sont pas que des sons jolis et harmonieux, et ça fait du bien parce que ça montre le côté agressif et violent que peut avoir l’instrument.

PAN M 360: Parce que ça peut en dire long sur l’artiste et qu’il est plaisant d’y penser: quel serait votre plus grand rêve de carrière musicale? 

Jeanne Laforest: Mon dieu… Je ne détesterais vraiment pas faire des shows partout dans le monde. Pour mon projet ou pour le projet de quelqu’un d’autre, si je pouvais aller jouer au Japon, en Allemagne, dans des pays lointains, je ne détesterais vraiment pas. C’est mon rêve inatteignable! (rires) Et ce serait intéressant, à travers ça, de se mesurer aux réceptions différentes qu’ont les gens à la musique live à travers le monde.

PAN M 360: Finalement, à quoi peut-on s’attendre de votre concert à CCF? Nous réservez-vous des surprises?

Jeanne Laforest: J’ai tendance à toujours vouloir faire plein de trucs et me compliquer la vie. Je me demandais si je devais garder ça sobre, un show qui fait le premier album… mais je pense tweaker quelques trucs, inviter quelqu’un, ajouter une petite touche flyée, oui. Ça restera une surprise!

PAN M 360: Certainement! Merci Jeanne!

Jeanne Laforest se produira le 6 novembre à 21h au Verre bouteille dans le cadre de Coup de Coeur Francophone. Pour vous procurer des billets, c’est ICI!

Entre opéra classique, comédie musicale et cinéma, Ariella s’inspire d’un roman d’Ariella Kornmehl et d’un livret de Thomas Beijer. Ce roman et ce livret suivent le parcours d’une jeune femme qui pleure sa mère décédée dans un tragique accident, tombe amoureuse en dehors de son entourage juif orthodoxe et doit faire face à la santé mentale de certains de ses proches. Dans un contexte juif, il s’agit d’une histoire classique d’amour et de perte.

Sous la direction de Francis Choinière, l’Ensemble Classico-Moderne interprète ARIELLA de Jaap Nico Hamburger, samedi à la Maison symphonique.

Né à Amsterdam dans une famille juive, Jaap Nico Hamburger est le compositeur en résidence de Mécénat Musica à Montréal où il vit actuellement. Son œuvre comprend des commandes pour orchestre, des opéras, de la musique de chambre et des œuvres solo. Sa Symphonie de chambre no 2 « Children’s War Diaries » a été mise en nomination pour le prix Matthijs Vermeulen (2021) et a reçu une nomination JUNO pour la meilleure composition classique de l’année (2022). En outre, il a contribué à un album nominé pour le « Meilleur album classique de l’année » (JUNOS 2023).

Hamburger a commencé son éducation musicale à l’âge de 3 ans, il est diplômé du Royal Sweelinck Conservatorium of Music à Amsterdam, avec un diplôme de soliste en piano. Parallèlement, il est devenu cardiologue et a travaillé dans de nombreux endroits dans le monde avant d’émigrer au Canada en 2000.

PAN M 360 : Vous avez donc lu un roman de cet auteur néerlandais et vous avez pensé à ce moment-là que c’était un matériau idéal pour un opéra…

Jaap Nico Hamburger: Oui, en fait, le livre a été publié vers 2000. En lisant le livre, j’ai eu l’impression qu’il s’agissait d’un opéra, parce que c’était une histoire très dramatique. J’ai donc commencé à réfléchir à la possibilité de recréer ce roman ou une histoire similaire pour en faire un opéra.

PAN M 360 : Comment avez-vous réussi à traduire cela en opéra ?

Jaap Nico Hamburger : Ariella Kornmehl fait partie de l’équipe des scénaristes de l’opéra. Elle est en quelque sorte un conseiller artistique sur le processus et Thomas Beijer est le librettiste. En outre, nous collaborons avec Lucas van Woerkum , qui est le réalisateur de films pour Symphonic Cinema, un programme européen qui recrée des histoires sur des partitions traditionnelles et les retravaille pour en faire des films. Nous avons tous les quatre écrit l’histoire.

PAN M 360 : Pourquoi ai-je pensé que cette histoire avait des qualités d’opéra ?

Jaap Nico Hamburger : Parce qu’il y a beaucoup de drame dans cette histoire. Je pense que l’intrigue principale est double. Tout d’abord, c’est une histoire de passage à l’âge adulte. Nous assistons à la transition d’Ariella en tant que jeune fille à la maison, en tant que fille, vers une femme indépendante à part entière. Nous assistons donc à l’évolution d’une jeune fille vers une femme indépendante. L’autre aspect que j’essaie de souligner dans l’adaptation du roman et dans l’opéra est le fait qu’au début de l’histoire, la maman de la famille meurt dans un accident tragique.

Dans la version complète de l’opéra, tous les membres vivants de la famille, principalement le père, les deux enfants, l’amant d’Ariella et une petite amie, seront sur place à Montréal, à Saint-Sauveur et dans les environs, etc. Mais l’âme de la maman est en direct sur scène avec l’orchestre.

PAN M 360 : Le résultat n’est donc pas un opéra traditionnel.

Exactement. Il s’agit de 90 minutes de film avec tout le monde filmé sur place à Montréal et dans les environs. Il y a donc 90 minutes de film et 90 minutes de musique avec un orchestre en direct sous l’écran. L’âme de la maman est présente sur scène, elle commente ce qui se passe et conseille la famille. Et lorsqu’ils demandent de l’aide, qu’ils se souviennent et qu’ils pleurent la perte de leur mère, elle est là. Le public assiste donc à une double réalité, celle des personnes vivantes sur le film et celle de l’âme de la momie, qui vit avec le public dans la salle.

PAN M 360 : L’opéra était l’expérience totale sur scène il y a 200 ans, mais aujourd’hui nous avons d’autres moyens de créer ce spectacle total.

Tout à fait. Ce que nous mélangeons, ce que nous avons l’intention de mélanger ici, c’est la cinématographie moderne, comme les films de style hollywoodien, mais avec un orchestre en direct, c’est donc la combinaison d’un film et d’un concert en direct.

PAN M 360 : Est-ce que c’était pensé comme ça depuis le début ?

Non. J’ai créé une première version et je pensais que nous étions prêts. Mais c’est toujours comme ça dans nos vies… nous planifions quelque chose et Dieu fait autre chose. Je pensais donc avoir une version complète pour aller au cinéma, mais le COVID est arrivé. Et pendant le COVID, il n’y avait aucun moyen de réaliser la version originale. Cela nous a donné le temps de nous asseoir, de repenser, de réécrire l’histoire et de développer ce concept d’utilisation de la cinématographie et de mélange avec un concert en direct, une sorte de cinéma opératique.

PAN M 360 : Vous parlez d’un film de style hollywoodien. Qu’entendez-vous par « style hollywoodien » ?

Jaap Nico Hamburger : Je veux dire des acteurs avec des dialogues, filmés sur place. Et la seule chose qui est différente dans ce film, c’est que parfois les acteurs qui jouent le drame chantent aussi une chanson en même temps que la partition de l’orchestre de la musique est toujours là.

PAN M 360 : C’est donc une sorte de mélange entre la comédie musicale et l’opéra ?

Jaap Nico Hamburger : Oui, d’une certaine manière.

PAN M 360 : En tant que compositeur, comment pourrait-on décrire votre style ?

Il m’est difficile de répondre à cette question. Je dirais que la raison pour laquelle j’écris de la musique, ou la raison pour laquelle je fais la plupart des choses dans ma vie, c’est pour communiquer avec d’autres personnes. Je le fais parce que je pense que l’essence de l’humanité est la communication. J’ai donc reçu une éducation musicale formelle en tant que pianiste de concert et j’ai eu un type de carrière complètement différent en tant que cardiologue.

PAN M 360 : C’est de plus en plus fréquent, la science et la musique font bon ménage !.

Jaap Nico Hamburger : Pour moi, ces deux choses ont un dénominateur commun parce qu’aider les autres en tant que médecin, c’est aussi principalement une question de communication. Il y a une partie technique, mais pour vraiment aider une personne qui traverse une phase de maladie, c’est une question de communication. Ainsi, lorsque j’écris de la musique ou que je publie ce que j’écris, c’est délibérément pour servir de véhicule à la communication d’une histoire, d’une opinion ou d’une situation.

PAN M 360 : Avez-vous été formé à la composition ?

J’ai reçu une éducation musicale en tant que pianiste et non en tant que compositeur. Je n’ai jamais étudié la composition à l’académie C’était totalement instinctif d’une certaine manière. J’ai été autodidacte en lisant les partitions des maîtres. Je n’ai donc pas suivi de formation formelle à telle ou telle technique, à tel ou tel style. Ainsi, en fonction de l’histoire que je souhaite transmettre, j’utilise une certaine technique musicale. Celle-ci peut être tonale, romantique, postromantique, atonale ou modale. Cela dépend beaucoup des ingrédients dont l’histoire a besoin. Je ne sais donc pas comment qualifier mon style.

PAN M 360: C’est très bien ! Lorsque nous ne savons pas comment étiqueter, c’est un très bon signe car les étiquettes sont parfois une façon facile et paresseuse d’essayer de comprendre la musique.

Jaap Nico Hamburger : Cette pièce en particulier, en raison de son format, de l’utilisation de films et du style du livret, peut sembler très romantique parce qu’elle est très émotionnelle. Je souhaite qu’elle fasse appel aux émotions du public. Je pense que les ingrédients sont faciles à identifier et que le langage d’Ariella est peut-être tardivement romantique.

PAN M 360 : Vous utilisez donc n’importe quel outil de n’importe quelle période de l’histoire de la musique s’il est pertinent.

Jaap Nico Hamburger : There’s another probably important musical influence with all the classical stuff throughout my life and that’s for about ten years I had an R&B band! As an example with Ariella in the story, her younger brother starts when he’s ten and it ends when he’s about 18 and I could not imagine an 18 year old who’s struggling with anger and depression to sing a Puccini aria. So his big aria is a rap song.

PAN M 360 : Avez-vous composé tout au long de votre carrière de cardiologue ?

Oui, en quelque sorte. J’ai commencé mon éducation musicale formelle à l’âge de trois ans, ce qui m’a permis de lire des partitions avant de savoir lire l’ABC. Ma première lecture a donc été la lecture de la musique. Au même moment, à Amsterdam, j’ai suivi les cours de l’Académie royale de musique pour le piano et l’école de médecine. J’ai fait les deux études en même temps à Amsterdam.

Puis, tout au long de ma formation de cardiologue, j’ai continué à me produire sur scène lors de concerts, lorsque je suis passé à la cardiologie interventionnelle, c’est-à-dire à la chirurgie cardiaque mini-invasive. C’est à ce moment-là que j’ai cessé de me produire, car il était devenu inconfortable de donner des récitals tout en pratiquant la chirurgie cardiaque. Ce n’était pas vraiment faisable. C’est à ce moment-là que j’ai commencé à composer, ce que j’avais fait dans mon groupe de R&B.

Mais je composais également de la musique artistique sérieuse, puis, à un moment donné, je me suis dit que j’en avais assez fait avec la médecine et j’ai été très privilégié dans le sens où, avec mon travail médical, j’ai fini par travailler dans le monde entier. J’ai pratiqué des opérations cardiaques partout, sauf au pôle Nord et au pôle Sud. J’ai donc pensé que j’en avais assez fait avec ça et j’ai réalisé que je n’en avais pas encore assez fait avec ce que je voulais faire en musique. J’ai donc fermé mon cabinet pour composer et faire de la musique à plein temps.

PAN M 360 : Où étiez-vous au Canada lorsque vous avez fermé votre cabinet ?

Jaap Nico Hamburger : Oui. Je suis venu au Canada en 2000 à l’invitation de l’Université de la Colombie-Britannique à Vancouver (UBC). J’y ai exercé pendant 18 ans (2018). Puis j’ai fermé mon cabinet, me concentrant à plein temps sur la musique à partir de ce moment-là, et j’ai déménagé à Montréal.

PAN M 360 : Pourquoi avez-vous déménagé de Vancouver à Montréal ?

Jaap Nico Hamburger : Deux raisons : une personnelle et une professionnelle. La raison personnelle, c’est qu’en 2017, j’ai rencontré l’amour de ma vie, elle a un gros travail à Montréal. C’est donc la raison la plus importante. La raison professionnelle est que, du point de vue de la musique classique ou de l’art, Montréal est tout simplement incroyable. Je ne peux rien dire de négatif sur Vancouver, mais la scène artistique de Montréal, et surtout la scène de la musique classique, sont extraordinaires !

When I announced I was making this transition, I was offered a position of composer in residence with Mécénat Musica, which gave me access to this huge community of top professional musicians and ensembles. I’ve been very lucky in that sense because that allows me to create for my community here and with the musicians here. And it’s been fantastic.

PAN M 360 : Nous pouvons imaginer qu’il est très gratifiant de réaliser son rêve musical après avoir servi l’humanité pendant si longtemps. Aujourd’hui, vous soignez les gens d’une autre manière.

Jaap Nico Hamburger : Je l’espère !

PAN M 360 : Avec cet opéra cinématographique et à travers l’histoire d’Ariella, quel est le message que vous souhaitez partager avec votre public ?

Jaap Nico Hamburger : Vous savez, j’ai travaillé dans le monde entier. J’ai rencontré des gens de cultures, de traditions et de langues différentes. À un moment donné, j’ai eu l’impression qu’en tant qu’êtres humains et par essence, nous sommes tous les mêmes. Et au-delà du fait d’être tous les mêmes, je pense que nous sommes en fait comme si nous entrions dans la physique quantique, ce que je ne ferai pas maintenant, mais du point de vue de la physique quantique, l’énergie qui est à la base de notre existence physique est en fait partagée. Ce n’est donc pas que nous soyons tous les mêmes, je pense que nous sommes tous un. Et je pense qu’il y a un aspect éternel en nous que certaines personnes, dans certaines cultures, appellent une âme.

PAN M 360 : Dans ce sens, si vous avez choisi ce roman et que vous l’avez travaillé et transformé, pourquoi avez-vous choisi cette histoire spécifique et que signifie-t-elle pour vous ?

Jaap Nico Hamburger : Le message final de cette histoire et de cet opéra est que lorsque vous voyez cette double réalité des personnes vivantes dans un coin et l’âme de la momie dans l’autre coin, mais toujours présente, elle n’est pas vraiment partie. Si vous êtes suffisamment silencieux et que vous écoutez bien, vous pouvez toujours sentir la présence des personnes que vous avez aimées et perdues.

ARIELLA EST INTERPRÉTÉE PAR L’ENSEMBLE CLASSICO-MODERNE, SOUS LA DIRECTION DE FRANCIS CHOINIÈRE, MAISON SYMPHONIQUE, SAMEDI 28 OCT, 19H30. INFOS ET BILLETS ICI

Trois ans après avoir été sacrée « Révélation de l’année » au Gala de l’ADISQ, l’artiste pop Eli Rose nous revient ce vendredi avec Hypersensible, son deuxième album en carrière. Dans ce nouveau chapitre chargé en émotion et introspectif, la Montréalaise propose une version plus mature du son qui lui a permis de se démarquer par le passé. PAN M 360 a discuté avec elle de sa vie au cours des dernières années, la naissance de son fils et la création de son nouvel opus!

Après plusieurs années au sein du duo Eli et Papillon, la Québécoise avait fait bonne impression avec son album homonyme, notamment avec son titre Carrousel. Puis la pandémie est arrivée, l’empêchant de rencontrer son public sur les diverses scènes du Québec et mettant, comme pour la plupart des artistes, sa carrière sur pause. Depuis, la chanteuse de 36 ans est devenue maman et a passé énormément de temps en studio afin de donner naissance à son second album.

Pour Hypersensible, Eli Rose a collaboré avec la parolière Gaële pour l’écriture des textes et les productions sont signées par les meilleurs d’ici comme Ruffsound, RealMind et DRMS, trio avec qui elle avait œuvré pour son premier projet. On y entend plus d’instruments que sur Eli Rose, procurant un côté plus organique à sa musique. Sa voix vaporeuse s’y mêle extrêmement bien, ses refrains sont accrocheurs et l’on se reconnait facilement dans ses propos. C’est mission réussie pour ce retour.

PAN M 360 : Vous effectuez votre retour ce vendredi avec un premier album en quatre ans. Dans quel état d’esprit êtes-vous en ce moment?

ELI ROSE : Je suis très sereine et je crois que c’est dû au fait que j’ai pris de la maturité depuis mon projet précédent. Quand j’ai lancé mon premier album solo, j’étais hyper nerveuse. Je proposais un son complètement différent que ce que je faisais au sein d’Eli et Papillon, c’était assez stressant. Je pense qu’Hypersensible me ressemble davantage. J’ai tout simplement hâte de pouvoir le présenter à mon public. J’attends aussi avec impatience de rencontrer mon public en spectacle, ce que je n’ai pas vraiment pu le faire lors de mon premier album avec l’arrivée de la pandémie. 

PAN M 360 : Depuis la parution de votre premier album en 2019, beaucoup de choses se sont passés dans votre vie dont la naissance de votre fils. Est-ce que son arrivée a changé votre manière de voir votre carrière en musique? 

ELI ROSE : Complètement. Je pense que ça explique pourquoi je me sens plus calme par rapport au lancement de cet album. L’arrivée de mon fils a en quelque sorte remis mes valeurs à la bonne place. Devenir maman, ça n’a pas été facile. Ça a été vraiment toute une épreuve. J’ai manqué beaucoup de sommeil et eu une grossesse difficile. Ça a beaucoup chamboulé ma vie. Maintenant je me sens plus stable et j’ai l’impression d’être dans un beau moment de ma vie. Mon fils est plus vieux et tout va bien. Je trouve que c’est une belle période pour lancer cet album-là. C’est un album qui est chargé d’émotions et son écriture m’a été très thérapeutique, je crois que j’en avais besoin à ce moment-là.

PAN M 360 : Qu’avez-vous réussi à mieux faire avec Hypersensible en comparaison avec votre précédent projet Eli Rose?

ELI ROSE : Je pense que j’ai grandement amélioré la gestion de mes émotions. C’est certain que je vais toujours être très sensible et que je vais toujours vivre mes émotions intensément, mais je trouve que j’apprends à mieux les gérer. C’est drôle parce qu’en tant que maman, on doit apprendre à nos enfants à gérer leurs émotions, mais moi aussi je dois le faire!

PAN M 360 : Comment s’est passée la création de ce nouvel opus?

ELI ROSE : Ça n’a pas été une composition facile. Mon équipe et moi avons commencé quand j’étais enceinte. J’ai eu une grossesse vraiment difficile. Je vomissais et j’avais des nausées 24 heures sur 24, mais je ne me suis pas empêchée de composer. J’ai quand même continué. C’est pour ça que l’album s’est fait sur une plus longue période. Si je reviens quatre ans plus tard, ce n’est pas parce que je voulais attendre quatre ans. C’est vraiment parce que j’ai eu une grossesse difficile et que je suis devenue maman. Justement l’année où je suis devenue maman, je n’avais pas vraiment la tête à écrire des chansons. Nous avons mis ça sur pause et j’y suis revenue par la suite. Ça a été un long processus. Mon équipe et moi avons vraiment pris un jour à la fois. Si c’était une bonne semaine, nous composions. Si c’était « je ne dors pas, mon fils fait des coliques », nous attendions. Nous avons finalement abouti à cet album, et ça aura pris deux ans et demi pour l’écrire.

PAN M 360 : Parlez-moi davantage de votre rencontre avec l’artiste Gaële Cockpit qui a été un point tournant dans l’élaboration d’Hypersensible.

ELI ROSE : Après avoir gagné le prix de « Révélation de l’année » à l’ADISQ en 2020, tout s’est arrêté pour moi avec la pandémie. Je ne savais vraiment pas ce que j’allais faire. À un certain moment, j’ai essayé de recréer, mais ça ne fonctionnait pas. C’est à ce moment-là que j’ai pensé à Gaële que j’avais rencontré à un camp Kenekt par le passé. Je savais qu’elle était extrêmement talentueuse alors je l’ai appelée. Elle m’a invité chez elle et nous avons pris un café ensemble. On s’est ouvert un document et nous avons « brainstormé ». En lui parlant, j’ai rapidement compris que j’avais trouvé la meilleure personne avec qui co-écrire l’album. J’avais l’impression qu’elle comprenait d’où je venais et ce que je voulais dire. 

PAN M 360 : Avec cet album, vous vouliez retourner à un style de production plus organique qu’électronique. Pourquoi? 

ELI ROSE : Lorsque je faisais partie d’Éli et Papillon, nous faisions seulement de la musique avec de vrais instruments. Quand je me suis retrouvée en solo, je voulais montrer aux gens ce que j’étais capable de faire. Je voulais faire différemment et je suis allée totalement à l’extrême avec de la musique 100% électronique. Pour Hypersensible, j’avais le goût de trouver un équilibre. Cet album-là est le juste milieu entre le folk et la musique électronique. C’est un juste milieu dans lequel je me sens plus confortable que dans un des deux extrêmes.

PAN M 360 : En quoi le titre de l’album vous représente?

ELI ROSE : Je suis définitivement quelqu’un d’hypersensible. C’est un mot qui revient tout le temps dans ma vie. Je vis les émotions de manière très intense. Je suis quelqu’un qui pleure facilement et qui a beaucoup d’empathie. Les émotions, ça fait partie de ma vie au quotidien. Je pense que c’était une évidence d’écrire un album qui allait s’appeler « Hypersensible ». J’assume davantage cette facette de ma personnalité qu’avant. Je suis plus ouverte à me dire « regarde, c’est ça que je suis. » 

PAN M 360 : Dans votre titre As de cœur, vous dites « Suivant les règles qu’on lui a dictées 

Est-elle trop sensible pour jouer ». Vous êtes-vous souvent remise en question quant à votre hypersensibilité?

ELI ROSE : C’est drôle que tu me parles de cette phrase-là. Je me suis souvent posé la question « est-ce que je suis trop sensible pour être en musique? » Parce que pour vrai, quand on est un chanteur, on se met sous les projecteurs, les gens nous critiquent et ont des opinions sur les réseaux sociaux, tout ça. À un moment donné quand j’ai lancé mon premier album, je me suis dit « hey boy, je ne sais pas si c’est pour moi. Je ne sais pas si je suis capable de le vivre et de l’assumer. » Au fil du temps, j’ai réalisé que la musique, j’en ai besoin pour vivre. J’ai besoin de décrire mes émotions. Maintenant, j’ai un certain pas de recul envers tout ça et ça m’aide beaucoup. Je ne m’attarde pas à toutes les critiques et au négatif. Je m’attarde plus à ce qui est positif.

PAN M 360 : En êtes-vous aussi à ce stade d’acceptation dans votre vie en général?

ELI ROSE : Oui, j’essaie. J’ai tendance à voir les choses négativement, mais je travaille vraiment à voir les choses plus positivement et à ne pas m’y attarder. Je pense qu’être maman, ça m’a appris ça, justement. Je suis plus attirée maintenant à passer du temps avec mon fils et cueillir des pissenlits que de m’attarder à la critique. 

PAN M 360 : Que raconte votre titre CDN?

ELI ROSE : CDN, c’est le diminutif de Côte-des-Neiges. Quand j’avais 16-17 ans, je travaillais au Saint-Hubert sur Côte-des-Neiges et je suis tombée en amour avec un garçon. Je vous épargne les détails de l’histoire, mais j’ai vraiment brisé le cœur à l’amie de ce gars. Tellement que 15 ans plus tard, j’y pensais encore et j’ai eu le goût d’écrire une chanson. En écrivant un album sur les émotions, j’ai évidemment revisité beaucoup d’histoires de mon passé. Je suis une personne émotive, donc j’en ai à la tonne des histoires à raconter. Quand j’ai écrit la chanson, je me suis dit « je vais l’appeler cette personne-là ». Il est dans une pharmacie de Granby. J’ai trouvé son numéro et je l’ai appelé à la pharmacie. Finalement, c’était une mauvaise idée parce qu’il n’avait pas vraiment envie de me parler. Mais bon, j’étais contente et quand même heureuse d’écrire cette chanson-là. Mon passé va toujours faire partie de moi et je puise beaucoup de mon inspiration là-dedans.

PAN M 360 : Je pense que beaucoup de gens se reconnaitront dans ce morceau. Êtes-vous du genre à vous remémorer le passé et vous poser des questions?

ELI ROSE : C’est quelque chose qui me travaillait beaucoup avant. Je suis quelqu’un qui pense beaucoup au passé. J’ai tendance à être très nostalgique, penser à mes années au secondaire et ce que je vivais avant. On dirait que ma chanson CDN m’a appris à tourner la page sur le passé et lâcher prise. Ça va toujours exister et faire partie de moi, mais ça ne m’empêche pas de regarder de l’avant puis avancer.

PAN M 360 :  N’oublie pas, votre première collaboration avec le rappeur Koriass arrive à la toute fin de votre album. De quoi parle ce morceau?

ELI ROSE : N’oublie pas, c’est un peu nos deux perspectives sur l’amour yo-yo, celui qui tourne mal. C’est l’amour dont on a de la misère à se départir. J’ai toujours aimé écrire sur l’amour parce que je suis une romantique. Ça fait 16 fois que j’écoute Dawson’s Creek et il faut dire que c’est une série axée sur l’amour. Je pense que je vais toujours, malgré moi, écrire des chansons d’amour. N’oublie pas, c’était un beat que Ruffsound et RealMind m’ont envoyé à la toute fin de l’écriture de l’album. Je sentais vraiment que c’était la pièce qui manquait pour boucler le tout. J’étais vraiment contente que Korias accepte de faire cette collaboration avec moi, c’est un artiste dont j’admire grandement le travail.

PAN M 360 : Pour deux titres sur Hypersensible, vous avez renoué avec les producteurs RealMind, Ruffsound et D R M S, trio avec qui vous avez travaillé pour votre premier album. Qu’est-ce que cette réunion représente pour vous?

ELI ROSE : Comme je l’ai mentionné plus tôt, j’ai un côté nostalgique. Bien que j’avance, mon passé fait partie de moi. Ce sont des gars qui m’appuient depuis le jour 1 de mon projet solo. D’avoir réussi à les avoir à nouveau tous ensemble dans la même pièce, en studio pour faire de la musique, c’était vraiment spécial. C’est un honneur de pouvoir collaborer avec des personnes aussi talentueuses. C’est vraiment un album où on a éprouvé du plaisir à le faire. Il n’y avait pas de stress, il n’y avait pas de pression. Je pense que c’est pour ça que j’en suis aussi fière. J’espère que ce ne sont pas les dernières collaborations que nous aurons faites ensemble.

PAN M 360 : Vous avez mentionné être déçue de ne pas avoir pu partir en tournée en raison de la pandémie après avoir été sacré « Révélation de l’année » lors du Gala de l’ADISQ en 2020. J’imagine que vous planifiez profiter au maximum des mois suivant la sortie de votre album!

ELI ROSE : Certainement! J’espère que la pandémie ne va pas revenir pour que je puisse en profiter. J’ai une tournée qui débutera en février dont la première Montréalaise au Ministère le 1er février. Il y a plusieurs spectacles qui s’en viennent et beaucoup de promos. C’est après les fêtes que ça va réellement commencer!

Crédit photo : Universal Music Canada

Vous aimez le rap keb et êtes à la recherche de quelque chose de différent? Ne cherchez pas plus loin! Au début du mois d’octobre, Miro Chino a fait paraître Bons Times Bad Times, son premier album et véritable récit de son quotidien. 

De bons textes, des refrains accrocheurs et un heureux mélange de hip-hop, de jazz et de soul en guise de trame sonore. Voilà ce qu’il propose dans ce projet qui transpire la vie montréalaise.

Voici notre discussion avec l’artiste de 23 ans. 

Même s’il ne se qualifie pas de rappeur, Miro Chino démontre d’excellentes qualités rythmiques. En collaboration avec le réalisateur Philippe Brault et plusieurs musiciens, le Québécois a combiné à merveille l’électronique et l’organique. La présence de différents instruments comme la guitare, les cuivres et la batterie donne un résultat orchestral et cohérent.

Dans ce premier ouvrage, Miro parle de sa vie, de ses bons et mauvais coups. À chaque écoute, on entend un nouveau détail dans la production et on esquisse un sourire de plus en comprenant l’une de ses multiples métaphores. Avec Bons Times Bad Times, les auditeurs sautent à pieds joints dans son univers, et prêt à parier qu’ils souhaiteront y rester.

PAN M 360 : Bonjour Miro, parlez-moi un peu de vous! D’où provient votre passion pour la musique?

MIRO CHINO : Miro, c’est mon vrai nom. Miro Chino, c’est mon nom d’artiste. J’ai grandi à Montréal. Mes parents ont beaucoup déménagé et moi aussi. Disons que j’ai vécu à plusieurs endroits différents à Montréal. Je fais de la musique depuis le secondaire. Comment dire? 

Je n’ai jamais eu de formation musicale, j’ai presque tout appris sur le tas ou avec des tutoriels sur YouTube. J’ai commencé avec le rock parce que je trippais pas mal sur les Rollings Stones, Led Zeppelin et compagnie. Au fil du temps, j’ai expérimenté plusieurs styles comme le folk. Et puis il y a deux ans, je suis allé à l’école de production Musitechnic. Là-bas, j’ai découvert la production électronique, et c’est à ce moment que j’ai commencé à faire du rap.

C’est comme ça que je me suis rendu compte de la puissance du rap. J’aimais que ça soit rapide et que je puisse dire plusieurs choses en une phrase. Ce que j’ai le plus, c’est l’écriture. C’est d’ailleurs pour ça que j’ai commencé dans le rap. Mais je ne pense pas qu’on puisse me qualifier de rappeur. Je me considère comme un artiste polyvalent qui intègre du rap à son art. Je n’ai pas l’attitude d’un king. 

PAN M 360 :  Vous dites que l’essence de votre musique n’est pas nécessairement reliée au monde du rap, c’est bien cela?

MIRO CHINO : C’est vraiment ça. Dans ma musique, je suis éclectique, je touche vraiment plein de styles. J’adore le rap et j’en consomme beaucoup, mais je ne me considère pas comme étant dans le rap game. Dans la vie, je suis une personne assez diversifiée. Je me tiens avec toutes sortes de monde et j’ai une panoplie de passe-temps différents. Je pense que ça transparaît dans ma musique, je n’ai pas vraiment de style défini. 

PAN M 360 : Depuis combien de temps créez-vous?

MIRO CHINO : J’ai 23 ans et j’ai commencé en 2014 ou 2015, ça fait environ 8 ans. 

PAN M 360 : Comment avez-vous changé depuis votre participation en finale au Festival de la chanson de Granby en 2022?

MIRO CHINO : Ce festival a été un bon tremplin pour moi et il m’a permis de me faire connaître. C’était la première fois que j’avais autant de moyens pour produire un spectacle. J’avais des gens autour de moi pour me conseiller et un band. C’était une expérience très formatrice. Il faut dire qu’à ce moment-là, j’étais vraiment un bébé en tant qu’artiste. J’étais très candide et naïf. Depuis ce temps, j’ai acquis davantage de maturité artistique et je sais plus où je m’en vais. Mon style est plus clair.

PAN M 360 : Vous dites que « vous savez où vous allez maintenant ». Vers où allez-vous exactement? Comment décririez-vous votre son en ce moment?

MIRO CHINO : Pour Bons Times Bad Times, je dirais que c’est avant tout un album hip-hop. Il y a des sonorités hip-hop, mais c’est un peu orchestral. Avec le réalisateur Philippe Brault, j’ai été capable de créer quelque chose de cinématique. C’est comme ça que je le décrirais. 

PAN M 360 : Parlons de votre récent projet Bons Times Bad Times. Que raconte-t-il?

MIRO CHINO : C’est vraiment un recueil d’histoires. C’est plein de petites nouvelles qui forment un journal intime sur ma vie des dernières années. C’est assez rétrospectif et introspectif, c’est une sorte de bilan de mes bons et moins bons coups. C’est pour cela que ça s’appelle Bons Times Bad Times. J’ai essayé d’aller chercher le plus possible cette dualité dans mes chansons. Dans l’album, il y a une certaine progression, ça part de léger à plus sombre.

PAN M 360 : Quelle impression voulez-vous laisser avec ce projet?

MIRO CHINO : Avec l’album, je veux passer un message d’acceptation et d’ouverture à la vulnérabilité. Je trouve que le rap est un médium très puissant pour passer un message. Dans cet album, je m’assume, je me mets en valeur et je m’accepte comme je suis. Je me montre vulnérable, mais de manière positive. Mon message c’est que nous sommes tous imparfaits, nous avons tous nos défauts, mais c’est ça qui nous rend beaux et on doit s’accepter. Les humains sont complexes, on n’est pas toujours bons ou mauvais et il faut entretenir un équilibre dans nos vies.

PAN M 360 : On retrouve une personne divisée en deux couleurs sur la pochette de l’album. Qu’est-ce que cela représente?

MIRO CHINO : J’ai demandé à une de mes amies qui s’appelle Sarah Leblanc de s’occuper de la pochette. Je lui ai demandé de créer un personnage qui représente le principe de Bons Times Bad Times, et voilà le résultat. Pour moi, la partie en bleu représente la nuit et celle orange, le jour. En tant qu’humains, nous sommes tous polarisés et nous avons un bon et un mauvais côté à l’intérieur. Nous avons tous un ange et un démon. Cependant, c’est rare qu’on démontre les deux en même temps. J’ai voulu représenter ça sur la pochette. 

PAN M 360 : Les productions qu’on retrouve sur votre premier album sont  polyvalentes et on y entend entre autres des influences jazz, soul et blues. Ces instrumentales mêlées à votre rap donnent un résultat franchement intéressant. D’où puisez-vous vos inspirations aussi vastes? 

MIRO CHINO : J’ai vraiment des phases dans ce que j’écoute. C’est cliché à dire, mais j’écoute vraiment de tout. En ce moment, j’écoute beaucoup de musique africaine. L’hiver passé c’était le rap français et cet été la house. Récemment, j’ai retrouvé mon vieil iPod que j’avais quand j’étais adolescent. On y retrouve beaucoup de rap québécois, et je réécoute souvent les vieux albums de Dead Obies, Loud Lary Ajust et autres. Ça varie beaucoup !

PAN M 360 : Assurez-vous la production de Bons Times Bad Times?

MIRO CHINO : Ça dépend des chansons, j’ai collaboré avec plusieurs personnes pour l’album. J’ai produit les maquettes pour la plupart des titres, il y en a même certaines que j’ai gardées telles quelles. Pour certains morceaux, on a réenregistré les instruments en studio avec des musiciens. Sinon, il y en a d’autres que mon équipe et moi avons travaillés from scratch. 

PAN M 360 : À plusieurs reprises dans votre album, on entend des extraits vocaux tirés d’émission de télévision ou autres. Quel était le but d’inclure ces extraits sonores?

MIRO CHINO : Je vois mes chansons comme étant des captures de moments de ma vie,  un portrait de ce que j’ai vécu. Pour que ça représente encore plus mon quotidien, j’ai décidé d’incorporer plusieurs extraits sonores de ma vie. J’ai des enregistrements de conversation avec des amis et pleins d’autres choses. Par exemple dans rdv, j’ai ajouté des bruits de transports comme le métro et un vélo. J’aime ça ajouter une ambiance sonore à mes chansons pour vraiment situer les environnements. 

PAN M 360 : Vos textes regorgent de références à Montréal et au style de vie montréalais. Parlez-moi de votre relation avec la ville?

MIRO CHINO : J’ai vraiment une relation d’amour avec la ville. Je dirais qu’on n’a pas beaucoup de conflits et qu’on s’entend bien! Sans blague, j’ai voulu en quelque sorte rendre hommage à Montréal avec mon album. Avec tout ce qui se passe dans le monde en ce moment, je me dis souvent qu’on est chanceux d’être ici. 

PAN M 360 : L’un des titres les mieux ficelés de l’album est sans équivoque bad little bunny. Comment est né ce titre? 

MIRO CHINO : Au niveau de la création, c’est probablement l’un des titres qui a été le plus ardu à faire. Ça a été un immense casse-tête parce qu’à la base j’avais écrit les couplets de la chanson sur une autre instrumentale. Un jour, je composais une chanson dans un style bossa nova et c’est à ce moment-là que le refrain de bad little bunny m’est venu à l’esprit. Cela étant, j’ai décidé de mélanger ce refrain aux autres couplets.Ensuite, j’ai montré le texte à mon band, et je leur ai demandé de me faire des arrangements pour donner vie à ma chanson. Les membres de mon band sont des musiciens jazz. Ils ont commencé à jammer et c’est là que tout a cliqué.  

bad little bunny, ça parle de ce désir en moi à vouloir chiller et « me pogner le beigne » en bon québécois. Ça fait partie de mon histoire et j’ai l’impression que j’ai « perdu » beaucoup d’années de ma vie à fumer et passer du temps avec mes amis. En même temps, j’ai toujours eu en moi ce désir d’avoir du succès en musique. Cette chanson parle justement de faire la part des choses entre avoir du fun et travailler fort. En quelque sorte, c’est une chanson pour me motiver. Tout le temps que j’ai passé avec des amis n’est pas nécessairement perdu, ça m’a permis de vivre de très beaux moments. Maintenant, ces années-là sont derrière moi et j’ai eu mon fun. Je sais ce que je veux dans la vie et je dois travailler en ce sens. 

PAN M 360 : Vous sentez que vous êtes rendu à une autre étape dans votre vie?

MIRO CHINO : Absolument. Dans mon entourage, mes amis commencent à avoir des emplois sérieux en administration ou autres, ils vont bientôt s’acheter une maison et fonder une famille. En voyant ça, je me dis qu’il est temps pour moi de me concentrer sur ma carrière et ma musique. Je suis rendu à ce stade dans ma vie, je veux être sérieux dans ma passion. 

PAN M 360 : Que nous réserve l’avenir pour Miro Chino? Quelles sont vos ambitions?

MIRO CHINO : Je vais profiter pleinement de la sortie de mon projet. J’ai déjà envie de plonger dans la création de mon deuxième album. J’ai déjà une idée de l’univers que j’aimerais créer. Ça va être un peu dystopique et post-apocalyptique. Je veux aller davantage dans la fiction et raconter des histoires que d’aborder ma vie personnelle. C’est vers ça que je veux aller prochainement, j’ai très hâte!

Crédit photo : Éléonore Delvaux Beaudoin

Jeudi dernier, le CIRMMT (prononcé Kermitt, comme la grenouille) inaugurait sa nouvelle salle multimédia. Une infrastructure de pointe, dont l’usage est triple:  labo de recherche  acoustique, salle de concert et studio d’enregistrement capable d’accueillir un orchestre symphonique. Un équipement unique au monde dont se dote Montréal qui ouvre des avenues de recherche pour toute une génération de chercheur-ses et musicien-nes québécois.

L’expérience auditive de cette salle est d’une sensualité jouissive, tout Montréalais qui se respecte devrait  la vivre. 

Nous avons rencontré celui qui a participé ce projet depuis vingt ans et porter les deux dernières demandes: Marcelo Wanderley, professeur en technologie de la musique à l’université McGill.

PAN M 360: Pourquoi avait-on besoin de ce projet de salle multimédia au  Centre interdisciplinaire de recherche en musique, médias et technologie (CIRMMT)?

Professeur Marcelo M. Wanderley: En 2006, nous avions une salle qui était bien pour la musique, mais notre installation était rustique; les planchers étaient en contreplaqué, on utilisait des rideaux pour gérer la réverbération du son, alors pour répondre aux besoins des chercheurs du CIRMMT nous avions besoin d’une salle multi-fonctionnel, de haute technologie, un endroit où l’on peut jouer de la musique mais aussi où l’on peut étudier la musique et le son. Pour ça, il nous manquait des millions de dollars, parce qu’un plancher de 400 mètres carrés, en plus du traitement acoustique d’un volume de 7000 mètres cubes, ça fait cher, quand même.

Le professeur Wanderley sourit en évoquant les tuiles acoustiques, les rideaux amovibles, les réflecteurs de bois qui composent l’essence de la salle. Il poursuit:

On a investi 6 millions de dollars. À lui seul, le système de son Constellation coûte plus d’un million. Constellation, c’est 62 haut-parleurs, des microphones, un équipement qui ajuste la réverbération de la pièce en fonction de nos projets, un bijou technologique qui permet de moduler l’acoustique de la salle à volonté.

PAN M 360: Quel a été votre rôle dans le projet?

Professeur Marcelo M. Wanderley : (rires) Bien, c’est moi qui l’ai écrit, cinq fois. Avec d’autres chercheurs, bien sûr, nous avons présenté le projet à la Fondation Canadienne de l’Innovation, nous leur avons expliqué quels étaient les recherches que nous comptions faire dans cette salle, c’était la cinquième fois que nous présentions notre demande; en 2000, 2002, 2004, 2012, et chaque fois ça n’a pas fonctionné, finalement en 2014 nous avons eu le feu vert.

PAN M 360: Qu’est-ce qui a fait que ça a fonctionné cette 5e fois?

Professeur Marcelo M. Wanderley: Le partenariat avec l’Université de Montréal! Nous en avons fait un projet de 11 millions, où il y avait trois millions pour la Salle Claude-Champagne et soudainement ça devenait un projet qui touchait pratiquement tous les étudiants en musique du Québec. En 2014, nous nous préparions à présenter une nouvelle demande, l’équipe de l’U de M préparait son projet de son côté et m’a contacté pour que je collabore à leur propre demande, nous avons marié les projets, nous sommes allé au-delà de l’idée du clocher, où une université est propriétaire d’une salle qui lui permet de dire qu’elle est la meilleure. On s’en fout de cela. C’est l’argent du contribuable que ce soit à McGill ou à l’U de M.

PAN M 360: Parlons-en du contribuable: pourquoi a-t-on besoin d’une infrastructure de pointe comme celle-là à Montréal en 2023?

Professeur Marcelo M. Wanderley: D’abord, pour sa réalisation, on a développé des connaissances en acoustique qui sont uniques au monde;  les architectes, les ingénieurs qui ont travaillé sur le projet ont appris à faire des choses qui ne se sont jamais faites. C’est très exportable ce qui a été fait ici. Je pense que la Chambre de Commerce de Montréal devrait regarder ce projet et s’en vanter.

Ensuite, avec cet équipement nous allons attirer les meilleurs chercheuses et chercheurs du monde entier parce qu’il n’y a pas cinq laboratoires comme celui-là dans le monde.

Il y a un potentiel économique monstrueux ici.

PAN M 360: C’est donc de la recherche de pointe qui est hautement applicable?

Professeur Marcelo M. Wanderley: “Oui, par exemple, si l’OSM doit faire un concert au Orange Bowl à Los Angeles, évidemment c’est une acoustique très particulière, l’Orange Bowl. On doit en tenir compte dans la préparation du concert. Or, on peut recréer les conditions acoustiques de ce stade à même notre salle.

On peut simuler énormément d’environnements. Pour les musiciens, on ne joue pas de la même façon dans la Maison symphonique, dans un aréna ou dans une cathédrale. C’est un exemple d’application pratique de la salle.

PAN M 360: Si on entre au CIRMMT dans les prochains mois, on sera exposé à quels projets de recherche?

Professeur Marcelo M. Wanderley: Notre premier axe, c’est le développement de nouveaux instruments, de nouvelles interfaces de création de musique, on crée des sons jamais imaginés. Le deuxième axe c’est l’informatique, toute la base de données musicales, les partitions, la reconnaissance d’image , le troisième, c’est l’étude du mouvement, la cognition, du style de jeu et le dernier c’est l’application de tout ça dans la performance, dans la pratique. On a plus de 60 chercheurs, de 8 ou 9 universités qui travaillent ici.

PAN M 360: Vous êtes ingénieur de formation? Ça nous amène à discuter de l’interdisciplinarité qui est un de vos chevaux de bataille.

Professeur Marcelo M. Wanderley: Moi, je ne suis pas musicien. Je suis ingénieur, et je suis très humble face aux musiciens qui m’entourent (rires) mais au CIRMMT, on touche à tous les domaines.  Ça va de la philosophie, au génie électrique, mécanique, physique, en passant par l’histoire, la musique, la neuroscience. 

C’est un truc que je trouve génial au Québec, on a du financement pour un centre transversal comme le nôtre. On bouscule les structures en silos avec la multidisciplinarité des projets; par exemple, une de mes étudiantes mène un projet qui permet à un musicien en apprentissage de ressentir physiquement, avec l’aide de capteurs, l’action des muscles, des tendons, de la respiration d’un musicien professionnel et donc de s’en inspirer pour sa propre pratique. C’est un projet inclassable, est-ce un projet de musique ou de génie? Le CIRMMT permet ce genre de projet que les facultés ne savent pas où classer.

Et on sent que le professeur Wanderley s’amuse beaucoup à l’idée de susciter des projets de ce type qui remettent en question les structures établies.


Professeur Marcelo M. Wanderley: En terminant, le CIRMMT est aussi un lieu de performance.  Le grand public peut y voir des concerts, pour la plupart gratuits, il suffit d’aller voir sur le site web de l’école de musique Schulich.

Pour avoir un aperçu de la salle cliquez ici

Pour l’ensemble de la programmation de l’école de musique Schulich, incluant celle de la salle mutlimédia cliquez ici

Avec son EP Au bon endroit dévoilé vendredi dernier, l’auteur-compositeur-interprète Erwan nous transporte dans son monde folk enveloppant et aérien grandement inspiré par des noms tels que Blake Mills, Louis-Jean Cormier et Patrick Watson. Quelques jours avant la parution de son projet, PAN M 360 est allé à sa rencontre au Picnic Vélocafé pour discuter de sa jeune carrière et son deuxième mini-album.

Diplômé de l’École nationale de la chanson en 2020, le Québécois propose un son folk bifurquant par moment dans le rock et l’électro. Il y a deux ans, Erwan avait fait bonne figure avec son premier EP Dis-moi où tu m’emmènes et étais depuis retourné à la planche à dessin afin de nous proposer son deuxième projet. 

Avec Au bon endroit, le chanteur ne déçoit certainement pas, au contraire il impressionne. La trame sonore est organique et sa voix douce s’y mêle à merveille. Dans le projet, Erwan a souvent recours à une guitare jouet des années 60 à laquelle il a ajouté un pont en caoutchouc et des cordes en nylon, procurant un timbre particulier à ses chansons. Par l’entremise d’une écriture soignée, il aborde des sujets comme l’anxiété, le brouhaha parfois étourdissant de la ville et l’effet apaisant de la nature. 

PAN M 360 : Question d’en apprendre davantage sur vous, parlez-moi un peu de votre histoire personnelle. Quand avez-vous commencé à faire de la musique? 

ERWAN : Je suis né à Montréal et j’ai grandi à Pointe-Calumet. Par le passé, j’ai pris des cours de piano et j’ai appris la guitare de manière autodidacte. J’ai aussi fait du chant de choral dans Les Petits Chanteurs de Laval. C’est ce qui m’a fait découvrir le chant. J’ai commencé à écrire à l’âge de 11 ans. Plus récemment, j’ai étudié en musique au Collège Lionel-Groulx à Sainte-Thérèse, puis à l’École nationale de la chanson. 

PAN M 360 : D’où vient votre passion pour la musique?

ERWAN : La musique a toujours été présente dans ma vie. Mon père écoutait beaucoup de vinyles et j’explorais les percussions à un jeune âge. Très tôt, j’ai été capable de chanter des comptines par cœur et ma mère ne comprenait pas comment je faisais pour tout retenir. Ma relation avec la musique est très naturelle. 

PAN M 360 : Passons maintenant à votre second mini-album Au bon endroit. Les influences d’artistes comme Louis-Jean Cormier et Daniel Bélanger y sont frappantes. D’où tirez-vous vos influences musicales?

ERWAN : Au fil des années, c’est certain que j’ai écouté beaucoup de Louis-Jean et de Daniel Bélanger. Je nommerais aussi Patrick Watson et Coldplay comme des grandes influences pour moi. Ces temps-ci, on dirait que je vais piger dans plein d’affaires avec Spotify. C’est tellement facile de découvrir de la nouvelle musique. C’est désormais difficile de se concentrer sur un seul artiste.

Pour ce mini-album, je dirais que je suis aussi allé chercher des sonorités rubber bridge que l’on entend beaucoup en Californie avec un pont en caoutchouc qu’on appose sur une guitare. J’ai été influencé dans tout ce qui est Phoebe Bridgers, Blake Mills et Andrew Bird. Par moment, ça sonne très indie. 

PAN M 360 : Sur combien de temps s’est échelonnée la création de ce deuxième mini-album? Comment s’est déroulé le tout?

ERWAN : Ça fait près d’un an qu’on travaille à fond sur la création d’Au bon endroit, mais certains morceaux datent de 2-3 ans. Au cours de la dernière année, j’ai surtout enregistré au studio Makina à Montréal en compagnie de Mathieu Quenneville avec qui j’ai co-réalisé le projet. C’est lui qui s’est occupé du mixage et a agi en tant qu’ingénieur du son. Avec les différents musiciens, nous avons faits deux sessions d’enregistrement pour quatre des six morceaux du projet, comme Helena et L’hirondelle (au bon endroit). On faisait vraiment l’enregistrement en une prise, comme à l’époque. Je voulais aller chercher un son pur et organique. Une fois que c’était fait, je suis retourné à plusieurs reprises avec Mathieu pour travailler les arrangements, rajouter mes voix finales, des synthétiseurs et des guitares. Pour les morceaux Photosynthèse et Tant mieux, je ne trouvais pas nécessaire qu’on soit plusieurs pour les créer, j’avais besoin davantage d’intimité.

PAN M 360 : Pourquoi aviez-vous besoin davantage d’intimité pour ces chansons?

ERWAN : Ça s’est fait assez naturellement en fonction des titres. Honnêtement, j’ai aussi créé avec moins de personnes pour certains morceaux en raison de mon budget. Je me disais « ok, comment est-ce que je peux faire cette chanson par moi-même. » Je voulais une esthétique organique et plus acoustique pour ces chansons-là, alors je me suis adapté pour le faire en collaboration avec Arthur Bourdon-Durocher.

PAN M 360 : Que raconte votre projet Au bon endroit?

ERWAN : Pendant la création de mon microalbum, il y a beaucoup de choses qui m’ont inspiré comme la pandémie. Mon déménagement de la Rive-Nord à Montréal m’a aussi inspiré. J’aime aussi beaucoup la nature. Dans Au bon endroit, il y a cette idée de vouloir aller dans les grands espaces et sortir de la ville. Pendant la période de la pandémie, ce n’était pas facile pour moi et je me sentais enfermé dans la ville. Les saisons m’influencent aussi beaucoup. J’aime le soleil et le beau temps puis quand l’automne arrive, on s’enferme un peu plus. C’est un peu ce sentiment-là que j’ai essayé d’aller chercher avec mon projet. L’hirondelle (au bon endroit) aborde le fait de vivre dans le moment présent, d’observer le monde qui nous entoure et de savoir qu’on est chanceux d’être là. Justement, L’hirondelle (au bon endroit) raconte un fois où je suis tombé en panne à Gaspé. C’est la plus belle chose qui pouvait m’arriver ce jour-là. Je ne pouvais pas aller nulle part, j’étais pris là et je ne pouvais que profiter de l’environnement. C’est cette chanson-là qui a guidé le titre de mon EP, parce qu’il y a ce concept d’être au bon endroit au bon moment. Ça rejoint un peu tous les thèmes des chansons.

PAN M 360 : Est-ce que ce projet vous procure ce sentiment de calme?

ERWAN : Je pense que oui, c’est vraiment ça que ça m’apporte. Autant que ça amène du calme, autant que ça me fait sentir au bon endroit. Il y a des chansons qui bougent plus, d’autres moins, mais au final, ça tourne autour de cet esprit-là de paix intérieure et d’équilibre.

PAN M 360 : Parlons davantage de votre titre Helena, comment est-il né?

ERWAN : J’ai écrit Helena et Tant mieux quand j’ai passé l’hiver à Rivière-du-Loup. Je voulais faire une chanson avec un prénom parce que je n’en avais pas, et j’ai pensé à l’Île Sainte-Hélène, où il y a la ronde. Je trouvais qu’Helena était plus beau qu’Hélène et j’ai décidé d’y aller avec ça. Ensuite, j’ai écrit une chanson dans laquelle Helena est prise à La Ronde, dans ses peurs et son anxiété. Elle n’est pas capable de sortir de ses manèges, elle ne sait pas comment les gérer. Justement, on vient de tourner un vidéoclip pour Helena qui va sortir bientôt. J’ai pu travailler avec une grande équipe et j’en suis très reconnaissant. On a réussi à créer un grand univers et il y a de la danse. On a exprimé le thème de la chanson avec un univers assez étrange. Je n’en dis pas plus, mais ça sort juste avant l’Halloween et ce n’est pas un hasard!

PAN M 360 : À quoi doit-on s’attendre de vous pour la suite?

ERWAN : Il y a un lancement le 24 octobre au Verre Bouteille à Montréal. Sinon, je me prépare déjà pour l’enregistrement de mon troisième EP. Pour chacun de mes projets, j’ai des thèmes précis. Pour le prochain, je vais aller dans un chalet cet hiver. L’an passé, je suis allé dans un chalet et j’avais écrit six chansons dans l’espace de trois jours. C’était vraiment sorti tout seul. Il y avait quelque chose de magique et j’ai envie de recréer ça.

PAN M 360 : En quoi est-ce important pour vous de travailler sur plusieurs EPs avant de vous lancer pour un premier album?

ERWAN : Je suis encore un artiste indépendant et j’aime sortir plus de choses rapidement. C’est certain que j’ai hâte de faire un premier album, quelque chose de vraiment complet. Je me dis que j’essaie de faire quelque chose de cohérent avec des projets plus petits. L’album sera probablement la prochaine étape pour moi! 

Erwan sera en spectacle au Verre Bouteille le mardi 24 octobre dès 20h30 pour le lancement de son EP.

Crédit photo : Marc-André Dupaul

L’ensemble Paramirabo recevra mardi soir à la Salle Bourgie l’Ensemble Variances. Fondé à la Martinique en 2010 avant de s’installer en France, ce dernier a pour objectif de créer un espace de rencontre entre toutes les traditions musicales et de créer, le plus possible. Cette collaboration entre la France et le Québec est née par hasard, aux États-Unis. Une rencontre entre Jeffrey Stonehouse, flûtiste pour Paramirabo, et Thierry Pécou, pianiste, compositeur et fondateur de l’Ensemble Variances, aura été le point de départ de cette grande collaboration.

Le programme qui sera présenté mardi prochain est presque entièrement constitué de créations, dont une de Thierry Pécou. Au cœur des préoccupations musicales, on retrouve l’idée de la pulsation qui nous suit partout, passant parfois inaperçue, et la crise écologique, qu’il est désormais impossible d’ignorer. PAN M 360 a rencontré Thierry Pécou pour en apprendre plus sur l’Ensemble Variances et sur le programme qui sera joué à la Salle Bourgie.

PAN M 360 : Bonjour! Parlez-nous un peu de l’Ensemble Variances, que vous avez fondé. Comment le projet est-il né?

THIERRY PÉCOU : C’est un ensemble qui a à peu près 10 ans maintenant. Mon activité principale est la composition, mais j’ai toujours aussi aimé être actif comme pianiste. Parce que pour moi, être compositeur, c’est aussi être dans le concert du son. Donc, j’ai toujours aimé jouer avec d’autres musiciens et j’ai eu envie de créer un ensemble avec les gens proches de moi, pour créer une sorte de laboratoire et explorer l’interprétation des œuvres. Voilà comment l’ensemble est né.

PAN M 360 : Quel type de répertoire occupe le plus souvent l’Ensemble Variances?

THIERRY PÉCOU : Au départ, nous avions l’idée, en plus de créer un laboratoire d’interprétation, d’aller à la rencontre des traditions orales. L’ensemble a été fondé au départ à la Martinique, et nous y sommes restés un an pour un projet sur la musique traditionnelle de la Martinique. Et puis, on est revenus sur le continent, en France, et nous avons continué de faire des projets par exemple avec des musiciens turcs, indiens, chinois, etc. C’est un peu l’ADN de l’ensemble. C’est un ensemble qui cherche une grande ouverture, à la fois dans les esthétiques d’écriture contemporaines et dans la rencontre entre l’oralité et l’écriture.

PAN M 360 : Et comment êtes-vous venus à travailler avec Paramirabo?

THIERRY PÉCOU : Avec Paramirabo aussi, c’était une rencontre. On pourrait dire aussi qu’avec l’Ensemble Variances, une de choses qui nous guident vraiment, c’est toujours d’aller à la rencontre des autres. Il se trouve que nous devions faire une tournée aux États-Unis en mars 2022, mais que nous avons eu besoin de remplacer notre flûtiste au dernier moment. On a eu l’idée de chercher quelqu’un qui était déjà en sol américain, et on a décidé de chercher quelqu’un de Montréal. C’est comme ça que nous avons rencontré Jeff (Jeffrey Stonehouse), que je ne connaissais pas vraiment, mais qui m’avait été recommandé par Claire Marchand, la directrice du Centre de musique canadienne, qui est elle-même flûtiste.

Donc nous avons fait notre tournée avec Jeff, et on a senti qu’il y avait des affinités très fortes, et comme ça nous avons commencé à monter un projet avec son ensemble, donc Paramirabo. Et le projet s’est monté très vite, puisqu’à peine un an après, on présente ce programme.

PAN M 360 : Comment monte-t-on un projet du genre, alors que les deux ensembles sont déparés par un océan?

THIERRY PÉCOU : C’est vrai que nos ensembles sont séparés par un océan, mais en même temps, ils ont quelque chose de très proche dans leur manière de fonctionner. Et aussi, on s’est rendu compte qu’on avait un noyau de musiciens équivalent, c’est-à-dire que ce sont deux ensembles du même effectif, qui peuvent se doubler. Nous avons trouvé que c’était intéressant à exploiter dans l’architecture du programme et dans l’effectif que nous allons présenter. Ensuite, ça a été beaucoup de discussions entre Jeff et moi pour définir le programme, les compositrices et les compositeurs que nous voulions jouer…

PAN M 360 : Et comme point de départ de votre programme, vous avez cette pièce de Steve Reich…

THIERRY PÉCOU : On était tout de suite partis, Jeff et moi, sur cette idée de jouer une pièce de Steve Reich. Au départ, nous voulions jouer le double sextet, donc exactement la formation de nos ensembles respectifs, mais doublés. Mais finalement, nous avons décidé d’en choisir une autre, puisque le double sextuor est très souvent interprété et que Paramirabo l’avait joué plusieurs fois récemment.

Finalement, nous avons choisi une pièce emblématique de la dernière période de Steve Reich, qui s’appelle Pulse. (Il s’agit d’ailleurs du titre du concert…) Et cette idée de pulsation était très inspirante pour ensuite construire le reste du programme.

PAN M 360 : Que signifie cette pulsation pour vous? Se manifeste-t-elle de la même manière dans toutes les pièces au programme?

THIERRY PÉCOU : C’est vrai que lorsque l’on pense à la pulsation, on pense à quelque chose de rapide, à un rythme bien identifiable qui nous permet d’avoir une pulsation qu’on perçoit directement. Dans certaines pièces au programme, ce qui est intéressant, c’est qu’il y a des pulsations très lentes, très intérieures. Et donc la musique se déroule d’une manière ou à l’écoute, on n’entend quasiment plus la pulsation, mais pourtant elle est là, sous-jacente. Et si les interprètes ne la sentent pas, la musique ne peut pas se dérouler.

PAN M 360 : Si on lit le descriptif du concert sur le site du Vivier, qui diffuse ce concert, on nous parle beaucoup d’un programme qui s’inscrit comme une réponse, ou une prise de conscience, de la crise écologique actuelle. Comment cela se manifeste-t-il dans le programme, pour vous?

THIERRY PÉCOU : C’est vrai qu’il s’agit là d’un sujet qui est présent dans la conscience des artistes en général. Pour nous, la manière dont on a essayé de refléter la question, c’est à travers notre rapport à l’environnement et à la nature. De là vint l’idée de la pulsation, du Pulse, c’est la pulsation, le pouls, le battement, presque le battement primordial, le battement du cœur.

Donc c’est vraiment la vie, au sens premier du terme. C’est ce que nous essayons de faire transparaître dans notre concert, cette idée de pulsation. Et aussi, notamment dans ma pièce, qui s’inspire beaucoup du gamelan balinais, de se tourner vers une culture qui, contrairement à notre culture occidentale malheureusement, est restée très proche du milieu naturel. Par exemple, dans la musique balinaise, je trouve qu’il y a beaucoup d’éléments de l’architecture sonore qui sont comme des échos du monde naturel.

PAN M 360 : Et vous, plus personnellement, comment intégrez-vous ces enjeux à vos propres compositions?

THIERRY PÉCOU : C’est un sujet que j’intègre déjà depuis longtemps, avant même qu’il soit devenu aussi urgent qu’aujourd’hui. C’est un sujet qui m’accompagne depuis plusieurs années. J’ai deux exemples à vous donner.

Il y a d’abord un opéra que j’ai composé en collaboration avec la poétesse navajo Laura Tohe qui s’intitule Nahasdzáán in the Glittering World. Le monde scintillant, en fait, c’est une expression navajo pour désigner le monde dans lequel nous vivons aujourd’hui. C’est une pièce qui parle de la pollution et de la nécessité de respecter la nature. C’est presque un manifeste, au fond.

Il y a aussi une pièce très emblématique qui s’appelle Méditation sur la fin de l’espèce, que j’ai écrite en 2018 et qui intègre des chants de baleine, des vrais, qui sont diffusés par haut-parleurs. Cette pièce a été composée dans l’esprit et dans l’idée d’interpeller au sujet d’espèces en danger, ici animales, mais aussi végétales. La question de la biodiversité est au cœur de cette pièce.

PAN M 360 : Revenons un peu au programme de ce concert, Pulse. Vous serez interprète, mais vous participerez également à la création d’une de vos œuvres. Comment abordez-vous ce double rôle?

THIERRY PÉCOU : C’est un rôle que j’aime bien prendre. Ce qui est étonnant, en fait, c’est que le processus de composition, c’est quelque chose de très solitaire. Lorsqu’on sait pour qui on compose, on visualise, on intègre auditivement, plutôt, les caractéristiques et les qualités des interprètes avec lesquels on va travailler. Et puis après, le moment où l’on passe à la réalisation, je dirais qu’il y a une sorte de séparation. J’oublie presque que c’est moi qui ai composé la musique que je vais faire travailler. Donc, je me mets dans un rôle d’interprète à part entière avec une sorte de détachement par rapport au fait que c’est moi qui ai écrit la pièce.

PAN M 360 : Les autres pièces du programme ont-elles été également composées pour l’occasion?

THIERRY PÉCOU : L’étincelle au départ du programme a été la pièce de Steve Reich. Puis, on s’est demandé avec Jeff quel compositeur ou compositrice on pouvait intégrer à ce programme qui entrerait en résonnance avec cette pièce de Reich et cette notion de minimalisme ou dans son prolongement. On a aussi voulu qu’il y ait une forte présence féminine dans le projet. Donc on a eu l’idée d’avoir cette pièce de Missy Mazzoli, qui fait partie du répertoire de Paramirabo, qui fait partie, je pense, de cette nouvelle génération qui s’inscrit dans la continuité du XXe siècle. Et puis Cassandra Miller, qui approche le minimalisme d’une manière très intéressante et qui fait le contrepoids de cette notion de pulsation. Enfin, la pièce de Mike Patch pour piano solo est une pièce qui travaille beaucoup sur l’harmonie et qui donne pour moi l’image d’un miroir qui coupe le programme en deux, qui met face à face les deux parties du concert, si je puis dire.

PAN M 360 : Finalement, si vous aviez à décrire le concert en quelques mots, que diriez-vous?

THIERRY PÉCOU : Je dirais minimalisme, pulsation, aussi. J’ai envie de dire harmonie, c’est-à-dire hédonisme musical, le son généreux, le beau son, qui ramène justement à la beauté de la nature, tout simplement. Et tout cela nous ramène à la question environnementale.

L’Ensemble Variances et Paramirabo présentront le concert Pulse à la Salle Bourgie le mardi 24 octobre à 19h30. Infos et billets ICI.

Aho Ssan clôt Akousma ce vendredi à l’Usine C et PAN M 360 s’intéresse à son travail non seulement parce qu’il est un rare afro-descendant à s’illustrer dans un monde électroacoustique largement dominé par les visages pâles mais surtout parce que sa musique est excellente.

Aho Ssan est l’autre prénom réel et le nom d’artiste du Parisien Niamké Désiré. Parallèlement à des études de mathématiques, d’infographie et de cinéma, il s’est mis au beatmaking et puis à la musique électroacoustique.

Très jeune, il a remporté le prix de la télévision de la Fondation France pour la bande originale du film Dissimulée d’Ingha Mago (2015) et s’est ensuite joint à plusieurs projets liés à l’Ircam et au GRM, institutions françaises impliquées dans la recherche électroacoustique.

Un premier album solo est sorti en février 2020 sous étiquette Subtext Recordings. Simulacrum s’inspirait de thèmes élaborés par Jean Baudrillard, notamment sur l’inclusivité et de l’égalité.  

Tout récemment, un deuxième album de son cru a vu le jour, Rhizomes évoque la pensée rhizomatique de Gilles Deleuze, Félix Guattari et aussi Édouard Glissant qui en a aussi fait évoluer le concept. Des artistes de toutes origines ont été invités à y participer dont l’Américano-Chilien Nicolas Jaar, très apprécié des amateurs de musique électronique.

Voilà autant de raisons de lui causer !

PAN M 360 : Encore en 2023, rares sont les artistes afro- descendants qui s’imposent dans le domaine électroacoustique et dans la recherche fondamentale en acoustique, en électronique, et vous êtes visiblement un cas d’espèce, voire un pionnier dans la mesure où il n’y en a pas énormément. Qu’est- ce que vous en pensez? 

Aho Ssan : Il s’avère que lorsque j’ai commencé avec l’album Simulacrum en 2020, c’est vrai que la plupart des références en musique électroacoustique ou en musique électronique, tout simplement, que j’écoutais, il y avait très peu d’Afro qui soient africains ou sur le territoire européen. Or, dans la foulée de la mort de George Floyd , il y a eu un collectif sur Internet qui a commencé à créer une banque de données autour des producteurs afros de partout. Je me suis alors rendu compte de la richesse de la production. À ce même moment, je rencontre KMRU qui est un artiste du Kenya et qui vit maintenant en Allemagne et on a fait un album intitulé Limen, sorte d’électroacoustique ambient.  

PAN M 360 : Donc oui, on observe beaucoup plus de ressources humaines afro-descendantes. Mais cela ne se reflète pas encore dans les perceptions. C’était la même chose avec la techno ou la house, qui ont été initiées par des Noirs américains et dont l’esthétique a été ensuite reprise par les Blancs occidentaux sans que les générations d’aujourd’hui n’en soient toujours conscientes. Or , on ne peut en dire autant avec la musique concrète devenue électroacoustique, initiée par des Européens blancs il y a 75 ans. Or, en musique aujourd’hui, la culture occidentale blanche est investie par des gens qui viennent de partout dans le monde. Et les Afro- descendants n’y font pas exception, vous en êtes un exemple éloquent.

Aho Ssan :  On a un festival lié au GRM et qui est très proche d’Akousma  et on a toute une génération dont je fais partie  et qui nous permet de découvrir tout le répertoire des générations précédentes. 

PAN M 360 : Mais qu’est-ce qui vous a mené à faire de la musique électroacoustique? Quel est votre parcours ?

Aho Ssan : 
J’ai commencé à écouter des musiques plus abstraites, quand j’étais ma première année de fac. J’étais alors étudiant en mathématiques, physique et informatique. Et j’avais un ami qui utilisait des logiciels tels que Max/MSP à l’époque, qui sont des logiciels informatiques permettant de faire de la musique. Je n’avais alors aucune connaissance de ces logiciels, et j’ai commencé à chercher les artistes qui les utilisaient pour faire de la musique. Et j’ai ainsi découvert des musiques qui exigeaient une écoute plus attentive et c’est comme ça que j’ai commencé aussi à m’investir dans  dans la musique concrète. Au début, je faisais des liens avec les musiques que j’aime, des musiques un peu plus populaires même si déjà assez expérimentales, je pense entre autres à Autechre, Flying Lotus ou autres artistes du label Brainfeeder et plus encore.

PAN M 360 : Vous étiez donc disposé à chercher plus loin dans la musique électronique plus expérimentale.

Aho Ssan :  Je comprenais alors l’idée de la musique concrète, mais je n’en avais jamais vraiment écouté. Dès que je découvre ce logiciel- là, je découvre un autre monde et je commence à regarder partout grâce à Internet. On commence à écouter des choses, à découvrir Bernard Parmegiani, Pierre Henry, etc. Et de la même manière, ceux qui continuaient et qui m’ont beaucoup influencé.

PAN M 360 : Et donc, vous n’avez pas poursuivi en mathématiques?

Aho Ssan :
J’ai fait une licence en mathématiques. Et après ça, j’avais envie d’avoir quelque chose de plus artistique parce que c’est vraiment là où je me voyais être. Donc, j’ai fait des études de design et d’infographie avant de passer à des études de cinéma. Mais je n’ai pas fait d’études de musique.

PAN M 360 : Mais vous avez quand même une formation liée à l’univers numérique. Votre vocabulaire musical, vous l’avez élaboré dans cet univers.

Aho Ssan :
Quand je commence à faire ça, j’utilisais des logiciels aujourd’hui rustiques comme Fruity Loops à l’époque. Sur Internet, il n’y avait pas beaucoup de tutoriels comme c’est le cas maintenant. J’ai dû faire beaucoup de recherches, des heures et des heures passées dans logiciel à essayer de comprendre pourquoi ce bouton actionne ceci ou cela, qu’est- ce que c’est la compression, qu’est- ce que c’est une réverbération, etc. J’essayais  de reproduire ce que j’aimais à ce moment- là, pour ensuite essayer de trouver mon propre langage. 

PAN M 360 : Vous avez grandi à Paris, quelles sont vos origines africaines?

Aho Ssan :  Mes parents sont originaires de la Côte d’Ivoire, mais mon grand-père qui est décédé assez jeune, était trompettiste originaire du Ghana. Mes parents ne parlaient pas vraiment anglais et avaient quand même hérité de la culture du Ghana. À la maison, on écoutait beaucoup de highlife et de l’afrobeat.  Pour moi, sentimentalement, c’est la meilleure musique qui existe même si j’en écoute très peu aujourd’hui. Et du coup, j’essaie d’amener du groove dans ma musique, même si c’est un groove déconstruit parce que j’y incorpore aussi d’autres musiques que j’aime beaucoup. Et puis après, je dirais aussi que j’ai grandi avec un grand frère et une grande sœur qui écoutaient beaucoup de musique populaire à l’époque; du coup, j’ai connu à travers eux le hip-hop français des années 90 et donc ma culture musicale a aussi été marquée par cette période. Et je pense que là, ressent encore plus cette influence hip-hop dans Rhizomes, et on ressent aussi le côté jazz, Sun Ra notamment, que mon père écoutait aussi à la maison. Et il y a aussi cette grosse influence broken-beat dont le chef de file était Flying Lotus.

PAN M 360 : Vous parlez de « groove déconstruit » dans votre musique, de musique afro jazz ou afro- africaine qui sont cités et après ça, traités et transformés. Mais encore?

Aho Ssan : Oui j’y incorpore des musiques inspirés par des artistes du groove mais aussi expérimentaux, qui jouaient beaucoup d’instruments différents et qu’on n’entendait pas spécialement dans la musique populaire ou même dans le jazz. Je pense à la harpe d’Alice Coltrane, par exemple, ou encore les instruments traditionnels indiens. En ce sens, le groove est déconstruit dans une autre proposition de la famille électroacoustique.

PAN M 360 :  Que présentez-vous à AKOUSMA?

Aho Ssan : Je présenterai de la musique liée au processus de Rhizome. J’ai fait une pièce avec le groupe de recherche musicale, le GRM, qui m’avait commissionné une pièce et donc elle s’appelle The Falling Man, en référence à cette fameuse photo par Richard Drewde l’homme qui s’était jeté du World Trade Center. Avant que ça devienne l’album Rhizome, c’était des pièces multi-canaux que j’avais créées pour le GRM, et que j’ai jouées dans plusieurs salles.

PAN M 360 : Et donc ce n’est pas exactement une pièce tirée de l’album Rhizomes.

Aho Ssan : L’idée était de le faire une pièce en trois parties. Il y a la première partie qui vient avec le bouquin de Rhizome. Il n’est pas dans l’album qu’on peut écouter sur Spotify ou Apple Music, ce sont extras. C’est la première partie où je voulais développer cette simulation sonore  de quelqu’un qui se jette dans le vide : The Falling Man.

La deuxième partie, c’est plus fantastique, fantasmagorique. C’est le voyage d’un personnage qui perd la vie et qui s’intitule Till the Sun Down.

La troisième partie, c’est un son que j’ai fait avec Lafada une artiste française. Et qui, à l’époque, n’y avait pas de voix,  d’inclure la voix de La Fada sur la dernière partie, parce que je trouve que ça rajoute de l’espoir dans le voyage.

PAN M 360 : Pour sa diffusion à l’Usine C, vous avez sûrement adapté cette musique au 30 enceintes d’Akousma.

Aho Ssan : Parce que c’est un peu particulier, c’est un peu de faire de la musique multicanal, en tout cas de mon point de vue, c’est que généralement, moi, je commence avec du stéréo parce que c’est ce que mes logiciels permettent de me faire ou du mono. Et après, tu diffuses en multicanal, donc tu commences à créer de l’espace en partant de ces choses- là en stéréo. Et donc ça crée une autre pièce, finalement, un autre espace, quelque chose de physique et quelque chose de différent. Et puis après, quand ça devient un album, ça redevient en stéréo. 

PAN M 360 : En dernier lieu, le titre de votre nouvel album s’inspire-t-il de Rhizomes, fameux bouquin de Gilles Deleuze et Félix Guattari, qui désigne une structure évoluant san cesse dans toutes directions à tous niveaux ?


Aho Ssan : Oui, exactement,  mais ça vient aussi d’un de mes auteurs préférés, le poète et philosophe Édouard Glissant, qui en a repris le concept. C’est un peu le voyage de mes morceaux qui évoluent formellement, qui sont conçus pour des écoutes différentes, des  destinations différentes.

AHO SSAN SE PRODUIT CE VENDREDI 20 OCTOBRE, 20H, À L’USINE C DANS LE CONTEXTE D’AKOUSMA / INFOS ET BILLETS ICI

Dans l’esthétique de la soul, du funk et du disco des années 70, Pseudoscience Fiction de Kristian North traite littéralement et métaphoriquement de la pandémie, d’une manière étrange et sophistiquée.

Brouillant la distinction entre réalité et imagination dans une sorte de présent visionnaire ou de version augmentée de notre monde, cet album conceptuel évoque les douces palettes de couleurs des années 80, l’opéra rock, la comédie musicale, la musique country aux accents hawaïens, les palmiers, les plages et les voitures de sport.

Entre ces textures sonores se cache la modernité dystopique d’une expérience collective au bord de l’effondrement, nous entraînant dans des bulles de réalité individuelles qui ne sont peut-être rien d’autre que des films en soi. PAN M 360 vous propose cet entretien avec Kristian North, à l’occasion de son concert à l’Escogriffe le 21 octobre, en l’honneur du 10e anniversaire d’Analogue Addiction.

PAN M 360 : Pseudoscience Fiction est votre troisième album en tant qu’artiste solo. Que s’est-il passé entre l’album précédent et le début de ce nouvel album ?

Kristian North : Passion Playest sorti en 2021 mais l’album a mis du temps à sortir. En fait, la pandémie est arrivée alors que nous allions sortir Passion Play. L’album était terminé lorsque la pandémie a été annoncée. Je me souviens très bien de la première semaine : tout le monde restait chez soi, mais je continuais à aller au studio. Les gens disaient que la pandémie ne durerait que quelques mois et qu’elle se résorberait d’elle-même à l’automne. Mais cela a été poussé encore plus loin. Cela a influencé les émissions et la façon dont elles ont été promues.  ;

PAN M 360 : Quand avez-vous commencé à enregistrer ce nouvel album ?

Kristian North : Je crois que c’était en 2021. J’ai été contraint de faire un film sur l’impact de la pandémie. Il était difficile de l’ignorer et c’est devenu une source d’inspiration. Personne ne veut parler de toutes ces choses, moi y compris. J’ai pensé à tout cela lorsque j’ai écrit l’album. L’ambiance n’est pas forcément très joyeuse.

PAN M 360 : Vous avez enregistré l’album avec Renny Wilson au studio Value Sound. Quelle importance revêt-il pour vous dans le processus d’enregistrement ?

Kristian North : J’ai toujours enregistré avec Renny. Nous avons une relation de collaboration, nous travaillons sur les arrangements ensemble. Il joue également de la basse sur le disque. Aujourd’hui, nous coproduisons en quelque sorte les disques et c’est lui qui s’occupe de l’ingénierie. C’est utile pour moi, j’aime avoir quelqu’un avec qui partager mes idées. J’aime beaucoup les collaborations, même si je me présente comme un artiste solo. Je préfère les environnements collaboratifs dans la musique.

PAN M 360 : Vous avez conservé le genre de la pop sophistiquée, mais vous avez poussé l’idée encore plus loin. Vous avez des influences soul, funk, disco, opéra rock, hawaïennes et country. Quels sont les albums qui vous ont inspiré ?

Kristian North : J’écoute beaucoup de punk et de soul. C’est un peu la base de tout. J’aime la Sophisto-pop, mais je ne m’y identifie pas vraiment. Ma musique préférée est plutôt le funk et la soul. Cet album a également une influence plus jazzy .

PAN M 360 : Vous avez également conservé votre esthétique lo-fi et DIY. 

Kristian North : En quelque sorte. Je pense que c’est de la haute fidélité, en fait. Mais il y a quelque chose d’amusant à le faire soi-même, c’est sûr. La musique devient plus amusante quand elle est plus difficile. C’est ennuyeux quand c’est trop facile. J’aime faire les choses à la dure, j’aime être impliqué dans le processus, dans l’aspect technologique. Je n’aime pas le son lo-fi, j’aime le son créatif. Renny et moi avons des idées fortes que nous avons développées ensemble. Elles ne coïncident pas nécessairement avec les normes.

PAN M 360 : Qu’entendez-vous par là ?

Kristian North : A ce stade, il y a des approches formulées pour l’enregistrement. Nous avons des sentiments très forts sur la façon dont nous voulons que les disques sonnent. Je pense que cela se ressent. Ce sont des détails subtils, tout le monde ne les entend pas. J’ai mon opinion sur ces choses-là.

PAN M 360 : Vous avez de nombreux invités sur ce disque : basse, flûte, sax, violon, etc. Voulez-vous nous présenter les personnes qui ont travaillé avec vous sur ce disque ?

Kristian North : Il y a des tonnes de gens extraordinaires sur l’album, la plupart d’entre eux sont mes musiciens préférés à Montréal, j’en suis très heureux. Il y a un duo avec Elle Barbara, Ari Swan a fait les arrangements de cordes, et Joe Grass a joué de la pedal steel à quelques moments sur l’album. Mon groupe figure également sur l’album, nous jouons depuis longtemps. Lorsque vous jouez de la musique depuis longtemps, vous n’avez pas besoin d’en parler autant, la musique est en fait une chose difficile à écrire et à évoquer. La musique s’améliore au fur et à mesure que l’on développe ces relations. C’est un autre type de langage. Une fois que vous avez développé un langage ensemble, il devient de plus en plus fort.

PAN M 360 : A quoi peut-on s’attendre pour les concerts de ce disque ?

Kristian North : J’ai aussi mes propres opinions sur les concerts. La musique live est une chose sacrée pour moi. Ce qui est le plus cool avec la musique live, c’est qu’on vit une expérience unique, ce n’est pas un support fixe. Nous interprétons les chansons en direct et j’aime laisser de la place à l’improvisation.  ;

PAN M 360 : Que voulez-vous dire derrière le titre de l’album, Pseudoscience Fiction ?

Kristian North : Il était important pour moi de laisser les choses abstraites et de permettre aux gens d’avoir leurs propres idées. J’ai essayé de me débarrasser de mes propres significations. C’était une période confuse. Je voulais écrire sur le monologue intérieur que beaucoup d’entre nous ont dû vivre. L’expression « pseudo-science » est en fait un mème. Elle revenait sans cesse dans les discussions sur les vaccins, la pandémie, ou sur ce qui est scientifique et ce qui ne l’est pas. C’est principalement de là qu’est venue cette idée. Il y a aussi eu une sorte d’expérience de la pandémie qui ressemblait plus à de la science-fiction pour nous.  ;

PAN M 360 : D’ailleurs, la pochette de l’album illustre bien le thème de l’album. 

Kristian North : Elle a été réalisée par un artiste britannique que je n’ai jamais rencontré, Samuel Tomson. J’aime son style. Je voulais quelqu’un qui puisse réaliser un design de roman de science-fiction des années 1960. Je cherchais un style rétro-futuriste. La pandémie a donné l’impression d’être à la fois futuriste et primitive, comme si nous revenions en arrière. C’est aussi ce que l’on ressent aujourd’hui en politique. Mais l’album n’est pas vraiment politique, il s’agit plutôt de soulever des questions.

PAN M 360 : Vous avez mentionné que l’album est partiellement inspiré par l’auteur J. G. Ballard. Comment cela a-t-il influencé le thème ?

Kristian North : J’adorais J. G. Ballard quand j’étais adolescent. Le livre Crash est son plus célèbre. Il traite de science-fiction dans un futur proche, parfois à propos de l’époque actuelle. Tout comme j’ai écrit cet album, la science-fiction ne concerne pas seulement les ovnis et les autres planètes, elle permet de porter un regard différent sur la société moderne. Cet album conceptuel joue sur l’intérieur de notre isolement, de notre bulle. Si nous avons appris quelque chose de cette expérience, c’est que la vie n’est pas stable, qu’il n’est plus possible de planifier l’avenir. C’est peut-être une bonne chose, car cela peut changer votre perspective sur la vie, sur la manière dont vous devriez vivre votre vie, parce qu’elle est toujours incertaine. La pandémie a rendu la vie incertaine pour tout le monde ;

Après le succès qu’il a connu avec ses titres Run Away to Mars et plus récemment A Little Bit Happy, Nicholas Durocher, alias TALK, n’a plus besoin de présentation. Ce vendredi, le natif d’Ottawa dévoile Lord of the Flies & Birds & Bees, un premier album puissant avec lequel il puise dans ses racines rock. Pour l’occasion, PAN M 360 a jasé avec lui de son nouveau projet, sa dernière année chargée ainsi que son amour pour le Québec!

Le 8 juillet 2022, TALK s’amène sur la scène du Festival d’été de Québec, juste avant la vedette du country Luke Combs. À ce moment-là, l’artiste canadien ne se doutait pas que sa carrière prendrait son envol. Après son spectacle, une vidéo de son excellente chanson Run Away to Mars au festival devient virale sur les réseaux sociaux, le propulse au sommet des palmarès québécois et lui permet de gagner en popularité aux quatre coins du globe. Depuis, TALK a de nouveau participé au FEQ l’été dernier et la grande histoire d’amour persiste entre lui et la province. Il s’est même récemment fait tatouer le drapeau québécois.

Avec Lord of the Flies & Birds & Bees, TALK propose un premier album pop rock diversifié en émotions et authentique à souhait. Autant sur un morceau débordant d’énergie comme Wasteland que sur un plus acoustique tel qu’Afraid of the Dark, ses paroles et sa voix brillent et connectent directement avec l’auditeur. L’univers qu’il propose est accessible et personnel; les mélodies y sont accrocheuses. Pour ses amateurs québécois, le chanteur a ajouté un titre surprise aux copies physiques qui seront distribuées dans la province, soit sa reprise de La ziguezon de La Bottine Souriante, un classique d’ici qu’il affectionne particulièrement. 

PAN M 360 : Salut Nicholas! Félicitations pour votre premier album. Après l’immense succès qu’a eu votre titre Run Away to Mars, avez-vous ressenti une pression en écrivant ce projet? 

TALK : Je crois que oui. J’ai écrit Run Away to Mars en 2020 et j’ai seulement débuté la création de Lord of the Flies & Birds & Bees en 2022. J’ai voulu prendre mon temps afin de créer le meilleur album possible. J’étais conscient que ce serait difficile de sortir un projet après avoir eu autant de succès avec Run Away to Mars. J’ai fait de mon mieux et je crois que mon équipe et moi avons fait de l’excellent travail. Je trouve que la qualité de cet opus est égale ou mieux que ce que j’ai sorti auparavant. Je pense que c’est un très bon projet.

PAN M 360 : Qu’avez-vous appris sur l’industrie musicale depuis la sortie de Run Away to Mars?

TALK : J’ai appris que l’on doit être très patient. J’ai aussi compris que les morceaux qu’on décide de publier doivent être importants pour nous, car tu ne sais jamais si les gens vont l’apprécier et ce peu importe si c’est bon ou non. Ainsi, c’est primordial d’aimer ses propres morceaux et d’être heureux avec ce que l’on crée avant de partager le tout. Ça permet de ne pas se soucier de ce que les gens vont en penser parce que tu aimes ta musique. J’apprécie énormément que les auditeurs aiment mes chansons, mais c’est important pour moi d’être en paix avec mon art. 

PAN M 360 : En quoi votre nouveau projet Lord of the Flies & Birds & Bees vous représente? 

TALK : C’est une excellente représentation de mon cheminement au cours des dernières années. Ça parle d’où je viens, ce qui m’est arrivé et où j’en suis aujourd’hui. Dans mon album, je parle des moments où je n’ai pas abandonné, que j’ai fait de mon mieux, que j’ai rencontré de nouvelles personnes et que je suis tombé en amour. Ça parle vraiment de ma vie au cours des deux ou trois dernières années. C’est un projet assez cohérent et je trouve que les différents thèmes fonctionnent ensemble à merveille. 

PAN M 360 : Comment s’est déroulée la création de votre album? 

TALK : Ça s’est très bien déroulé. Ma dernière année a été très chargée en raison du succès grandissant de Run Away to Mars et j’ai eu une tonne d’opportunités différentes qui se sont présentées à moi. Ainsi, je n’ai pas eu énormément de temps pour aller en studio, et j’ai dû travailler sur l’album ici et là. L’écriture s’est faite pendant plusieurs petites séances dispersées sur une longue période. Malgré tout, le projet a pris vie et je suis extrêmement heureux du produit final. Je n’ai pas vraiment eu de problème pendant la création. Disons que j’ai toujours beaucoup de choses à dire et cet album est le premier chapitre de ce que j’ai envie de raconter. 

PAN M 360 : Même si votre titre Run Away to Mars est paru en 2021, il se retrouve sur votre nouvel album. Pourquoi était-ce important pour vous de l’inclure? 

TALK : C’est simple, c’est parce que c’est avec cette chanson que tout a commencé pour moi. Run Away to Mars joue un rôle important dans l’histoire que je raconte. C’était important pour moi de lui donner une autre opportunité pour briller parce que cette chanson a eu un impact sur toutes les autres que l’on retrouve sur le projet. C’est le premier titre que j’ai fait paraître et ça a lancé ma carrière. Cet album parle de mon parcours au cours des dernières années et c’était inévitable de l’inclure. 

PAN M 360 : Sur Lord of the Flies & Birds & Bees, on entend une panoplie d’influences différentes dont le rock qui se fait très présent. Qu’écoutez-vous au quotidien? 

TALK : J’ai vraiment différentes phases au niveau de mon écoute musicale. J’écoute beaucoup de Foo Fighters, Coldplay et Elton John. Il y a aussi Queen que j’aime beaucoup, je crois qu’on entend l’influence du groupe britannique sur mon album. J’aime aussi la musique de Tom Odell. Je crois que je pourrais en nommer une tonne d’autres, mais c’est ce que j’écoute principalement. J’écoute aussi beaucoup de chansons de Disney, je trouve que les paroles sont vraiment bonnes. 

PAN M 360 : La première chose que l’on voit de votre album est cette magnifique pochette qui vous mets en scène dans un univers rappelant Le Seigneur des anneaux. Parlez-moi de l’idée derrière tout ça. 

TALK : J’avais plusieurs idées pour la pochette et je les ai partagées à mon équipe. Au début, j’étais un astronaute, et puis je suis devenu un gardien d’une forêt spéciale. Nous avons demandé à un artiste de dessiner le tout et voici le résultat! Je trouve que ça marche avec la musique de l’album. C’est coloré, plein de lumière et imposant, tout comme la musique qu’on retrouve sur Lord of the Flies & Birds & Bees. C’est la pochette parfaite pour mon projet. 

PAN M 360 : Vous décrivez votre musique comme étant « colorée, pleine de lumière et imposante », et ça colle parfaitement au morceau d’ouverture Fall for you. Comment est né cette chanson?

TALK : Un jour, mon équipe et moi jouions avec une guitare et d’autres instruments lorsqu’il nous est venu l’idée de faire un morceau à la Broadway, avec beaucoup de couches vocales et chant. C’est à ce moment que Fall for you a pris vie. C’est une chanson d’amour, ça parle du moment où tu rencontres une personne et que tu comprends immédiatement que tu vas tomber en amour. L’idée est que tu pourrais faire n’importe quoi pour cette personne tellement l’amour est puissant.

PAN M 360 : Afraid of the Dark est sans équivoque mon coup de cœur et détonne des autres pièces de votre projet. Que raconte ce titre? 

TALK : Cette chanson est dédiée à ma grand-mère. Quand j’ai débuté l’écriture de mon album, elle est tombée malade et je devais faire le choix entre aller à Los Angeles pour écrire ou passer du temps avec elle. Ma grand-mère m’a dit d’aller créer, et tout ce que j’avais en tête en studio, c’était elle. Ainsi, c’est le premier morceau que j’ai rédigé pour le projet. Le message principal de Afraid of the Dark est assez simple; c’est d’accepter que l’on craigne encore certaines choses, même en étant adulte. Ça rappelle aussi l’importance de la famille et de profiter de tous les moments que nous avons avec les personnes que nous aimons. Ça dit aussi que c’est important d’écouter les histoires des autres. C’est de ça que parle cette chanson.

PAN M 360 : Vous étiez de retour à Montréal lundi dernier pour un lancement d’album privé. Vous semblez entretenir une relation spéciale avec les gens du Québec. 

TALK : Oui certainement! Ma mère est francophone et elle a rencontré mon père à Val-d’Or. À l’époque, ma mère était professeure et mon père était minier. Ainsi, j’ai plusieurs membres de ma famille qui habite au Québec et j’y ai passé beaucoup de temps quand j’étais jeune. Je suis natif d’Ottawa et je suis souvent allé à Québec et Montréal. J’ai toujours été près de la culture québécoise et le public québécois a été l’un des premiers à m’accueillir. Il y a deux ans, j’ai monté sur la scène du Festival d’été de Québec (FEQ) avant Luke Combs, et c’était un spectacle incroyable. Les vidéos de Run Away to Mars au FEQ sont devenues virales sur les réseaux sociaux. Le Québec a joué un rôle important dans ma carrière et j’en suis extrêmement reconnaissant. C’est en partie pour ça que je me suis récemment fait tatouer le drapeau du Québec sur mon bras gauche. D’ailleurs, seulement sur les versions physiques de mon album au Québec, il y aura ma reprise du titre La ziguezon de la Bottine Souriante!

PAN M 360 : Pourquoi était-ce autant important pour vous d’avoir cette attention particulière pour vos auditeurs québécois et québécoises?

TALK : Premièrement, j’adore cette chanson depuis que je l’ai entendu quand j’étais jeune. Aussi, je voulais montrer mon immense respect envers mes fans du Québec. Il s’agit probablement de l’endroit où il y la plus grande concentration d’amateurs de ma musique. Ça aurait été une erreur pour moi de ne pas penser à eux après tout ce qu’ils ont fait pour moi. Je planifie de la jouer à tous mes spectacles futurs au Québec. 

PAN M 360 : Il est certain que vous voudrez rendre ce projet en spectacle au cours des prochains mois et le laisser vivre, mais je ne peux m’empêcher de demander à quoi ressemblera l’avenir de TALK?

TALK : C’est une bonne question, c’est certain qu’au cours des prochains mois je vais faire plusieurs spectacles et chanter cet album devant mes amateurs. Cependant, j’ai déjà très hâte de retourner en studio et de recommencer à créer. J’ai terminé Lord of the Flies & Birds & Bees il y a quelques mois, et je n’ai pas vraiment écrit depuis en raison de mon horaire assez chargé. J’ai hâte de voir ce que le futur me réserve.

 

PAN M 360 : Avez-vous déjà une idée de l’avenue que vous souhaitez emprunter pour la suite?

TALK : Je crois que j’ai une petite idée, mais ça change presque chaque jour. Parfois, j’ai envie d’aller encore plus loin dans le rock, et à d’autres moments j’aimerais puiser dans le folk. Je ne sais pas nécessairement ce qui m’attend, mais je sais que ça sonnera toujours comme du TALK. J’aimerais que mon parcours ressemble à celui de Coldplay qui a réussi à évoluer de manière constante au fil des années. 

Crédit photo : @iamtalk

Vendredi, la sensation montréalaise Rêve a fait paraître son premier album Saturn Return. Avec cette proposition, elle fait briller la dance-pop sous toutes ses formes et confirme à nouveau son immense potentiel. PAN M 360 a profité du retour en ville de la chanteuse afin de lui parler de son nouveau projet, son processus créatif et d’astrologie.

Depuis la sortie de son titre CTRL+ ALT + DEL en 2021, Rêve ne cesse de gagner en popularité. Elle suit les traces de la vedette britannique Dua Lipa et propose une musique dansante et très rythmée. Avec Saturn Return, l’autrice-compositrice-interprète n’a qu’un seul but en tête : redonner ses lettres de noblesse à la musique dance. 

PAN M 360 : Vous dévoilez ce vendredi votre premier album Saturn Return. La musique dance et ses dérivés sont au cœur de ce projet. D’où provient votre amour pour ce style? 

RÊVE : Ma passion pour cette musique a débuté lorsque je suis sortie dans une boîte de nuit à Montréal. À ce moment-là, j’étais sans aucun doute trop jeune pour aller dans ce genre d’endroit, mais disons simplement que j’allais bientôt avoir 18 ans. Avant cette sortie, j’avais déjà assisté à des concerts, mais je n’avais jamais vu un set d’un DJ. Je me rappelle d’être entrée dans le club et de m’être dirigée sur la piste de danse. Tout de suite, j’ai senti une connexion avec les autres et la musique du DJ. La musique était transcendante et l’ambiance euphorique. Je suis immédiatement tombée en amour avec la musique dance. Depuis cette soirée, mon but a toujours été de recréer cette ambiance par l’entremise de ma musique. 

PAN M 360 : Comment décririez-vous votre musique en général sur ce projet? 

RÊVE : Je dirais que c’est un album dance-pop influencé par une multitude de genres différents. Mon but avec ce projet était de prouver aux gens que la musique dance peut être très diversifié et versatile, car je trouve que les gens qui n’en consomment pas régulièrement croient que ce genre se limite à ce qu’on voie sur une scène comme celle du festival Tomorrowland. Il y a tellement plus à découvrir dans la dance et cette musique s’écoute dans une multitude d’occasions différentes. C’est vraiment ça que je voulais démontrer. 

PAN M 360 : Que signifie le concept de Saturn Return? 

RÊVE : « Saturn Return » signifie le moment dans la vie d’une personne, aux alentours de 27 à 30 ans, où les planètes retournent au même endroit dans le ciel qu’elles l’étaient lors de sa naissance. 

En astrologie, cette période est considérée comme un moment où l’on apprend le plus de leçons. Vous apprenez beaucoup de dures vérités et tout ce qui n’est pas fait pour vous disparaîtra et vous vous alignerez davantage sur ce que vous avez toujours censé être. Ce n’est certes pas facile de passer à travers cette période, mais le résultat de tout ça est magnifique. Cet album met en lumière mon parcours au cours des dernières années autant les joies, les amours, les pertes que les moments de tristesses. Ça parle aussi de vulnérabilité. J’aborde toutes les choses auxquelles ont fait face pendant le « Saturn Return ». 

PAN M 360 : Vous semblez accorder une grande importance à l’astrologie!

RÊVE : À la maison, ça a toujours été quelque chose de très important. Ma mère a toujours été obsédée par l’astrologie et l’est encore à ce jour. Si je signe un contrat ou que je me prépare pour un concert, ma mère me dit des choses comme « fais attention, Mercure est en rétrograde aujourd’hui ». Elle est très croyante envers l’astrologie. Je ne le suis pas autant qu’elle, mais ça fait tout de même partie de ma vie.

PAN M 360 : Quelle impression vouliez-vous laisser à vos auditeurs avec ce premier album?

RÊVE : C’était vraiment important pour moi que ce projet serve comme un endroit de sécurité pour que les gens puissent vivre et célébrer leurs émotions. Je veux que mes auditeurs puissent vivre le bon et le mauvais avec cet album. Saturn Return est une célébration de toutes les émotions que les humains vivent. La vie est dure et je veux que les gens trouvent du confort en écoutant mes chansons. Comme j’ai mentionné plus tôt, je veux aussi que les gens voient à quel point la musique dance est versatile.

PAN M 360 : Sur Saturn Return, on retrouve plusieurs morceaux en collaboration avec les producteurs québécois Banx & Ranx dont CTRL+ ALT + DEL et Big Boom. Parlez-moi de votre relation avec eux.

RÊVE : Ils sont comme des frères pour moi. C’est très rare de collaborer avec des gens que tu adores autant en tant qu’humains qu’artiste, mais c’est le cas avec eux. Ce sont les personnes avec qui je préfère collaborer. Nous parlons le même langage et nous nous comprenons tellement bien. Nous avons une superbe énergie ensemble. Nous avons une relation incroyable. 

PAN M 360 : Quel est votre morceau favori avec eux?

RÊVE : Je dirais que c’est CRTL + ALT + DEL, car c’est notre première grosse chanson ensemble et celle qui m’a grandement aidé à propulser ma carrière. 

PAN M 360 : À mi-chemin dans l’album, on retrouve votre excellent titre My My (What A Life)? Comment est né ce morceau?

RÊVE : Oh mon dieu! My My (What A Life) est le dernier morceau que j’ai ajouté à l’album. Lorsque j’écoutais le projet, je me disais « oh, il me manque un titre drum’n’bass! » Je suis une grande admiratrice de ce type de musique. J’ai créé une partie de Saturn Return en Angleterre et ce style y est extrêmement populaire. J’en étais presque à la fin de la création du projet, mais j’ai décidé d’aller de l’avant et de créer la chanson. Il le fallait.

PAN M 360 : Sans aucun doute, une chanson détonne sur Saturn Return. Past Life est une balade plus douce s’éloignant de la dance. Plus tôt cette semaine, vous avez mentionné que ce titre vous ramenait à vos racines musicales. Pourquoi était-il important pour vous d’avoir un morceau de ce style sur votre album?

RÊVE : C’était quelque chose de très important pour moi. C’est un album dance, mais je voulais rendre hommage à mes racines musicales. J’ai commencé à faire de la musique en pleurant, assise devant mon piano. C’était une forme de thérapie pour moi. Past Life, c’est exactement ça. J’ai écrit le refrain « Looking at you when i wake up in the middle of the night I’m thinking “God damn, I must’ve been good in a past life” » il y a deux ans, mais je n’avais jamais réussi à terminer la chanson. Ça parle d’une relation que je rêvais d’avoir. À ce moment-là, je n’étais pas dans la meilleure relation et je me disais « j’aimerais tellement ressentir ces émotions un jour. » Et puis cette année, j’ai rencontré quelqu’un qui m’a fait sentir de cette manière, et j’ai réussi à écrire le reste en moins de 15 minutes. Ça doit être ça le pouvoir de l’amour!

PAN M 360 : Vous avez aussi déjà dit que vous nécessitiez davantage d’intimité pour créer des morceaux comme Past Life. Pourquoi?

RÊVE : Quand j’écris ce genre de ballades, je dois vraiment être dans ma bulle. Comme j’ai dit plus tôt, j’ai toujours utilisé le piano comme outil thérapeutique, et c’est dans ces moments que j’écris mes morceaux les plus vraies et honnêtes. D’être seul au piano avec un verre de vin, ça me permet de réellement vivre mes émotions.

PAN M 360 : Allez-vous partir en tournée pour l’album au cours des prochains mois?

RÊVE : Oui! Je vais être en tournée à travers le Canada au début de l’an prochain. J’ai tellement hâte de connecter avec mes fans et de leur faire vivre le monde de Saturn Return.

Crédit photo : revemtlmusic.com

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