Perte d’identité en 2014. Un autre voyage en 2015. Adieux au dancefloor en 2016. Working Class Woman en 2018. En groupe avec L’Oeil nu en 2020 pour l’album Renegade Breakdown, sans compter les nombreux enregistrements sous la bannière Essaie Pas, en tandem avec Pierre Guérineau tout au long de la décennie précédente. Et puis… à peu près rien  pendant deux ans. La pandémie l’avait presque mise hors de combat jusqu’à sa résurrection, d’abord en tant que DJ et puis de retour à la création avec un nouveau set live en marche depuis moins d’un an, dont la matière neuve est devenue un album lancé ce vendredi à la SAT : City of Clowns. Est-il besoin de préciser que les clowns ici évoqués incarnent les directions autoritaires et ultra-riches des dirigeants de ce monde en cette période sombre qui s’amorce pour l’humanité, mais aussi les résistants atypiques évoluant dans le monde de l’art.  Marie et son complice de toujours ayant coréalisé ce nouvel opus solo avec le collègue Soulwax, ont gracieusement accepté d’accorder à PAN M 360 cette interview dernière minute.

PAN M 360 : Pourquoi une si longue pause de musique originale?

Marie Davidson : En 2022, j’ai arrêté de faire de la musique. J’ai pris 8 mois de recul. Je me suis alors inscrite à un programme de naturopathie car je m’intéressais à la santé, et donc je  m’engageais sur un chemin complètement différent. Je n’ai pas poursuivi ces études, car j’ai voulu revenir à la musique. J’y suis revenue en tant que DJ, vraiment par hasard. Ça m’a donné envie de refaire de la musique. J’avais en banque plusieurs maquettes, notamment celles composées en 2021 pour la chorégraphe Dana Gingras, et j’ai  finalement recommencé à composer durant l’été 2022. J’avais alors une collection de pièces mais pas de ligne directrice, pas d’album. J’ai fait la chanson Fun Times et j’ai fait une maquette et demandé à Pierre de coréaliser la pièce avec moi. Et puisqu’il est un excellent coréalisateur, ça s’est très bien passé, à la suite de quoi nous avons décidé de réaliser ensemble cet album.

PAN M 360 : Mais pourquoi au juste, avais-tu arrêté de faire de la musique après Renegade Breakdown?

Marie Davidson : La pandémie et la période post-pandémie. J’ai trouvé ça très dur de ne pas pouvoir tourner avec le band (L’Oeil nu), puis j’ai pris conscience que les médias sociaux ont pris un grand essor pendant la pandémie et que ça allait rester  pour la présentation de la musique. Ce qui m’a menée à écrire là-dessus. On pourrait parler longtemps de ce cycle, dans lequel je suis passée par tous les états, dont celui de me considérer comme une has-been, de croire que ma carrière était finie. Finalement je me suis relevée, je me suis redécouverte à travers le DJisme, la production et le travail avec Pierre et Soulwax.

PAN M 360 : Et toi, Pierre, comment as-tu vécu cette période?

Pierre Guérineau : J’ai sorti un album pendant la pandémie, ensuite il y a eu le groupe et puis le doute. C’était omniprésent dans le monde de l’art, on ne savait pas ce qui allait se passer. Marie et moi nous questionnons sur la possibilité de continuer à faire de la musique. J’ai aussi considéré retourner aux études, je me suis inscrit dans un programme offert par le gouvernement du Québec pour apprendre la programmation informatique. Et finalement, le monde de la musique nous a invité de nouveau. On a reçu des offres…

Marie Davidson : Au début, je refusais de jouer live, car ça faisait un an et demi que je n’avais plus de carrière. On m’a plutôt suggéré des offres comme DJ. Ah DJ?  J’ai alors loué du matériel pour essayer. Et je suis tombée en amour avec les CDJ-3000 de Pioneer qui venait de remplacer le CDJ-2000. J’ai aimé cette technologie, j’aime l’écran tactile, les cue points, etc. Ça me rappelait un peu ce que je faisais avec le hardware. J’ai cultivé cet intérêt et je me suis mise à faire DJ de plus en plus.

Pierre Guérineau : J’ai continué aussi à faire de la production à côté, et quand Marie a eu envie de faire plus qu’une pièce ou deux mais vraiment un album, on s’y est mis à temps plein. Pendant ce temps, j’ai plein d’amis extrêmement talentueux qui ont été obligés de prendre des emplois de jour pour continuer (ou non) à faire leur art sans compromis. Malgré tout, cet épisode a été libérateur, en ce sens que je réalisais qu’autre chose était possible.  Mais je me suis rendu compte que cette avenue, soit travailler dans une compagnie de tech n’était pas un job pour moi. Mais en même temps, cette possibilité m’a donné une certaine légèreté lorsque je suis revenu à la musique, au plaisir de la création et à ce sentiment d’être privilégié de pouvoir en faire. Vivre modestement de son art mais pouvoir en vivre.

PAN M 360 : Effectivement, vivre de son art aujourd’hui est un luxe.

Marie Davidson : Je ne dirais pas que c’est un privilège, c’est une chance, mais ce n’est pas un luxe. Notre vie n’est pas luxueuse, nous avons un train de vie de la classe moyenne, on a cette chance. Mais on doit faire sa chance! Chaque artiste qui a survécu à la pandémie a dû faire face à cette situation, se questionner, se revirer de bord.

Pierre Guérineau : Dans une autre période, soit il y a 20 ans, ç’aurait été plus facile et plus payant.

PAN M 360 : Alors revenons au nouvel album. Du point de vue de la réalisation, quelle a été la façon de faire entre vous trois?

Pierre Guérineau : Marie avait le concept et les textes à la base et on poursuivait. On a fait une première version de l’album qu’on a envoyé à quelques amis. Dave et Stef, de l’étiquette Deewee, ont vraiment accroché. En fait, la manière dont ça fonctionne, c’est une maison, un lieu dans lequel on se retrouve, tout ce qui sort de leur label passe par leur studio. Donc il fallait qu’on aille sur place.

Marie Davidson : Moi je ne le savais pas quand je les ai contactés!

Pierre Guérineau : Alors nous sommes allés à Gand en Belgique, un petit bled pas très loin de Bruges. Vraiment un super studio avec beaucoup d’équipement. En tant que réalisateur j’ai un peu lâché prise et les ai laissé apporter leur touche. L’album était bien avancé lorsque nous avons travaillé avec eux mais la petite touche qu’ils ont apportée était le liant final.

Marie Davidson : Ils ont amené l’énergie qu’on n’avait plus car on travaillait sur cet album depuis un an et demi.

Pierre Guérineau : Oui ils avaient des oreilles fraîches et c’était super de pouvoir finaliser là-bas. Ce fut une super expérience pour nous.

PAN M 360 : Et donc, le show actuel se poursuit avec les nouvelles pièces.

Marie Davidson : Oui, c’est le show que je présente depuis l’été dernier.

Pierre Guérineau : La seule chose qu’on ajoute actuellement est la dimension visuelle du show. Du point de vue son, on est vraiment contents du show actuellement, et on travaille actuellement sur la lumière avec un  grand artiste, Nick Verstand, qui travaille avec le cinéma, le théâtre, des installations, des ensembles de musique comme des quatuors à cordes.

PAN M 360 : Lorsqu’on a écouté les nouvelles chansons dans ton actuel live set qui sera présenté à la SAT, on a reconnu tous les ingrédients de ta carrière, mais encore mieux canalisés, c’est-à-dire que tous les référents stylistiques de ton art étaient mieux soudés que jamais auparavant.

Marie Davidson : À vrai dire, je n’ai pas beaucoup pensé à ça lorsque j’ai fait les nouvelles chansons. Je voulais juste faire une musique excitante. J’ai essayé de me concentrer sur le propos et le feeling de ce qu’on avait fait en studio. Je ne voulais pas trop mettre l’emphase sur le jeu des références. Bien sûr, nous en avons parlé, ça sonne tel ou tel style… Mais si on compare à Renegade Breakdown où on faisait des références précises, où ça faisait partie de la démarche et des discussions créatives, c’était tout le contraire cette fois. Mais les influences sont là et le seront. En tant que DJ, je suis constamment exposée à la musique des autres aussi. Mais pour City of Clowns, le message importait d’abord et aussi l’énergie. Nous avons fait un album qui ne se veut pas trop introspectif et non plus trop sombre… parce qu’on vit dans une période sombre. Je préférais l’humour, l’excitation et la critique sociale, la réflexion sur le contexte.

PAN M 360 : Exact. En fait, tout ton art est une forme d’auto-réflexivité. À partir de ta propre condition et de l’environnement dans lequel tu vis, tu crées des œuvres. Alors, dans cette optique, que justifie le titre City of Clowns?

Marie Davidson : Le sous-texte de l’album pouvait être World of Clowns car on vit dans un monde de clowns, ces mauvais clowns de la politique, de la finance et de l’économie.

Pierre Guérineau : Et aussi dans  le monde de la musique…

Marie Davidson : C’est ce que j’allais dire. Dans la culture en général. Les influenceurs sont aussi des clowns. Mais il y aussi l’envers de la médaille, il y a d’autres types de clowns, tous les misfits de la société, les outsiders… je m’inclus là-dedans et aussi les gens avec qui je travaille. Je ne peux parler pour eux, mais il y a beaucoup d’humour à travers ça. On dit, en tout cas, que mes textes sont plutôt drôles. Je peux dire qu’il y a plus d’humour qu’avant, on a beaucoup ri en faisant cet album! À l’inverse du mauvais clown, il y a celui qui est là pour remettre en question le statu quo.

Pierre Guérineau : Oui, un peu à la manière du fou à l’époque des cours royales, le seul qui avait le droit de se moquer de l’autorité.

Marie Davidson : Mais si sa blague passait mal, cependant… oupse… on s’en débarrassait.

PAN M 360 : Force est de constater que ça n’a pas changé, du moins dans la période actuelle…

Marie Davidson : C’est ça!  L’idée est de montrer à quel point on est encore dans les hiérarchies injustes et de précarité chez les gens qui remettent  en question.

Pierre Guérineau : On aime aussi ce titre parce qu’il reste ouvert à interprétation.  En même temps, c’est aussi un clin d’œil à Montréal…

Marie Davidson : Mais ça c’est une farce, car Montréal est la ville du Cirque du Soleil et que Guy Laliberté est un clown lui-même…

Pierre Guérineau : Et voilà, le titre laisse libre à interprétation même si nous avons notre petite idée derrière.

PAN M 360 : Maintenant, si on choisit quelques chansons et on essaie d’en trouver le sens?

Marie Davidson : Sexy Clown parle de mon expérience de femme entertainer, soit musicienne, DJ, personnalité publique, entertainer du night-life et aussi  personnage de l’arrière-scène après les sets ou encore dans les studios. C’est pour ça que je dis entertainer et pas juste artiste. C’est une chanson humoristique sur mon expérience dans ce monde en tant que femme.

Demolition est une allusion au livre de Shoshana Zuboff, The Age of Surveillance Capitalism. J’ai choisi d’incarner les gens de la big tech qui possèdent cette industrie. J’incarne aussi la séduction dans leur manière et d’arriver à leurs fins. Je peux aussi parler de Unknowing, le closer de l’album qui est un peu plus proche de mes chansons antérieures à ce projet, le texte se fonde sur mon ressenti et sur l’affirmation de soi et la prise de responsabilité sur sa propre vie.

PAN M 360 : Donc  tout ça se trouve à la fois dans le divertissement, l’innovation et la posture critique. On réfléchit, on s’insurge mais on a aussi envie de rire et danser!

Marie Davidson : Je ne voulais faire un album lourd car on vit dans une époque lourde. Je voulais faire passer mon message et on a fait beaucoup d’efforts pour dépasser cette lourdeur. Une des pièces composées pendant le processus était trop lourde. Je l’utiliserai subséquemment, mais cette pièce n’avait pas sa place dans la progression de l’album.

Pierre Guérineau : Les meilleurs humoristes sont souvent de très bons philosophes, et c’est cet esprit qu’on a voulu communiquer. Être critique en illustrant l’absurdité. L’humour est une grande force pour comprendre ce côté sombre de la réalité, il permet de pouvoir alléger l’atmosphère et favoriser le dialogue.

Marie Davidson : L’humour est une excellente façon de cultiver l’esprit critique d’une manière inclusive et universelle.

CE VENDREDI 28 FÉVRIER À LA SAT INFOS ICI

À l’instar de toutes les manifestations urbaines qui illumineront Montréal ce week-end, la Nuit Blanche au Centre PHI sera de retour de samedi à dimanche, soit jusqu’à 3h du matin. Sous le thème Nuit POP, le Centre PHI y offrira moult activités et performances en temps réel, question de passer une nuit éclatée, sans pénombre. Concoctée de concert avec Pop Montréal, la sélection d’artistes s’annonce relevée: Raphë, Rosario Caméléon, La FHomme, Jashim, Teikirisi, les visuels de VIOV et plus encore. Pour en savoir davantage, PAN M 360 a causé à Renelle Desjardins Chiasson, directrice de la programmation au Centre PHI.

PAN M 360: Comment se sont déroulées les précédentes Nuits blanches au Centre PHI? Est-ce devenu une tradition annuelle, puisque vous reprenez le collier en 2025 ? Un public ciblé ou un public qui y fait escale un peu par hasard, au gré des impulsions nocturnes ?

Renelle Desjardins Chiasson: Jusqu’à présent, la Nuit blanche au Centre PHI a été une offre d’expérience culturelle gratuite et accessible à une clientèle variée, tels – étudiants, festivaliers, amateurs d’art, touristes, etc. En collaborant avec des partenaires locaux, l’événement ambitionne d’accueillir 2 000 visiteurs uniques, de se classer parmi les 5 rendez-vous phares de la Nuit Blanche à Montréal 2025.

PAN M 360: Quel est le parcours des nuitards s’ils décident de passer au Centre PHI entre autres activités nocturnes? 

Renelle Desjardins Chiasson: Le public peut se prendre une bouchée, nous aurons des churros, empanadas. Passez au PHI parmi d’autres destinations ou encore pour y rester toute la soirée parce que la programmation y est diversifiée. Il n’a pas de parcours spécifique mais il y a 3 offres de 21h à  3h: 3 installations avec performances dans la place publique, de la musique live et DJ set dans l’espace aux 1er et 2e étage, le public peut voir l’exposition  MIXTAPE de Jean-Marc Vallée jusqu’à minuit. La fête continue au rez-de-chaussée jusqu’à 3h.

PAN M 360 : Quel est ce concept de Nuit POP ? En quoi est-ce une nuit POP ?

Renelle Desjardins Chiasson: Chaque année, le groupe Spectra lance une thématique lors de l’ouverture de candidatures – pour la participation officielle à cette grande soirée culturelle.

Notre équipe se rallie alors en offrant une programmation en lien avec la thématique suggérée par Spectra. On explore donc le terme « pop »: musique pop, pop culture, pop art,  popping, pop de couleur, pop-up – son côté éphémère et hors de ses murs- , le son d’une bulle qui éclate et tout ce qu’évoque cette onomatopée.Nous avons procédé ainsi par le passé: en 2019, par exemple,  c’était « Le Futur » et on a présenté la soirée l’An/ demain;  en 2020 c’était « vert » nous avons présenté Simulation / Accélération.

 PAN M 360:  Vous avez travaillé en collaboration avec POP MTL ? Mais encore ?

Renelle Desjardins Chiasson: Pour la programmation musicale j’ai travaillé avec Daniel Seligman. Pour l’espace public, c’est un travail d’équipe avec notre équipe interne spécifiquement, cette année avec Clara Boulinguez, Hédi Rollet, Raphë, Maxime Lacoue, Émilie Heckmann, Sylvain Dumais et Vincent Lafrenière.

PAN M 360 : Peux-tu nous donner quelques mots sur chacune des performances artistiques au programme? 

  • Raphë + invités : artiste devenu incontournable de notre Nuit blanche. Très généreux dans son offre, se donne à fond. Iel pratique la performance d’art et l’art vidéo. À ne pas manquer tout au long de la soirée ! 
  • Rosario Caméléon: découverte ! L’artiste se décrit comme electroclash, sexy, ludique, grotesque, rebelle pop, + très chatte !
  • La FHomme : expérience DJ set polyrythmique, interculturel, nous démontrant la grande diversité des communautés à Montréal.
  • Jashim : artiste originaire de El Choko, Colombie, iel a une approche intéressante intégrant multimédia avec sa musique. Jashim conclut  sa performance en live. 
  • Uñas: DJ set – projet solo de Chris Vargas anciennement chanteur du duo PELADA.
  • Teikirisi:  DJ et productrice hondurienne — Le pays de ma maman où j’ai habité et où je suis allée à l’école! Elle a un goût sûr et une main de maître pour le mix. Elle mélange les sons vibrants et diversifiés de la diaspora latinx-américaine.
  • Les visuels de VIOV en collaboration avec Jaime Salgado:  oui Laura et Jaime, les deux de la communauté latinx, nous montrent leurs talents visuels dans les espaces et aussi pendant les performances musicales. Studio VIOV et Jaime m’ont été proposés par l’artiste JASHIM qui collabore avec Jaime sur la direction artistique de son projet. Belle découverte !

PAN M 360 : Le Centre PHI a une identité propre. Cela se reflète-t-il dans la Nuit Pop ?
Renelle Desjardins Chiasson:  Absolument !

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Les notions de rencontre, de fraternité et d’amitié font partie des éléments essentiels dans la création d’œuvres musicales de même que dans l’exécution de celles-ci. C’est donc sous le signe de l’amitié que les Violons du Roy et leur directeur musical Jonathan Cohen se produiront le jeudi 27 février au Palais Montcalm de Québec et le vendredi 28 février à la Maison symphonique de Montréal, dans un concert qui réunira des œuvres de Mozart et de trois compositeurs qui l’on durablement marqué : Wilhelm Friedemann Bach, Carl Philipp Emmanuel Bach et Michael Haydn. C’est aussi le lien amical du jeune prodige de Salzbourg avec le clarinettiste Anton Stadler qui sera mis de l’avant avec une des dernières œuvres du compositeur, le Concerto pour clarinette en la majeur. Alexandre Villemaire s’est entretenu avec Jonathan Cohen pour discuter de ce concert qui, à l’image des figures musicales qu’elle réunit et de sa thématique, fera intervenir des solistes qui sont tous de grands amis des Violons du Roy.

PAN M 360 : La thématique du concert tourne autour du sentiment de l’amitié. Comment cette thématique s’est-elle présentée à vous et comment a-t-elle guidé le choix des compositeurs et des œuvres aux programmes?

Jonathan Cohen : On pourrait également parler de famille ! – deux des compositeurs sont des fils issus de la célèbre famille Bach et Michael Haydn est le frère de Joseph. Michael Haydn est un compositeur qui est largement sous-estimé. À son époque, il était très apprécié et Joseph pensait que la musique d’église de son frère était bien supérieure à la sienne. C.P.E Bach était quant à lui un compositeur très doué avec un style de composition très individualiste dont le nom est quelque peu sous-estimé aujourd’hui.

PAN M 360 : Les compositeurs qui sont présentés dans ce concert, Michael Haydn, Wilhelm Friedemann Bach, Carl Philip Emmanuel Bach sont des musiciens que Mozart tenait en haute estime. Est-ce que l’on retrouve des influences stylistiques de ces derniers dans l’œuvre de Mozart?

Jonathan Cohen : Mozart a dit « Bach est le père, nous sommes les enfants » – il faisait allusion à C.P.E Bach…. C.P.E Bach a développé un style unique et personnel appelé « style sensible » [Empfindsamkeit], car sa musique était axée sur le dramatisme des émotions. Il pensait que le rôle de la musique était d’affecter les émotions de l’auditeur, et disait lui-même « un musicien ne peut émouvoir les autres que s’il est lui-même ému ». Le style de C.P.E Bach se comprend mieux si l’on sait qu’il était le fils du très compétent J.S. Bach, dont la musique était imprégnée de profondeur intellectuelle et de dévotion religieuse.

PAN M 360 : La relation entre un compositeur et un soliste est également marquée dans le concert, notamment avec le Concerto pour clarinette de Mozart composé pour son ami et confrère franc-maçon, Anton Stadler. Comment cette relation a guidé l’écriture de ce concerto?

Jonathan Cohen : Mozart entretenait manifestement une relation joviale et amicale avec Stadler. Leur travail commun a permis de repousser les limites de la clarinette et de l’établir durablement comme un instrument régulier de l’orchestre. Mozart a donné à la clarinette de nombreux solos exceptionnels dans ses opéras, comme Parto, ma tu ben mio dans La Clemenza di Tito, Voi che sapete dans Les Noces de Figaro, Batti, batti o bel Masetto dans Don Giovanni, pour ne citer que quelques exemples. Il associe d’ailleurs le son de l’instrument à l’amour. Dans ce remarquable concerto pour clarinette, on a l’impression que la musique est toujours plaisante, amoureuse, pleine d’esprit et joviale. Au-delà de Mozart, les compositeurs (qui étaient eux-mêmes toujours des interprètes de leurs instruments) ont souvent collaboré étroitement avec des artistes particuliers.

PAN M 360 : On surnomme respectivement Wilhelm Friedemann et Carl Philip Emmanuel, le Bach de Hambourg et le Bach de Halle en référence aux villes où ils ont exercé leur métier. En quoi les deux frères Bach sont-ils différents dans leur approche à la musique? S’influençaient-ils mutuellement ou demeuraient-ils dans leur monde respectif?

Jonathan Cohen : Je ne sais pas dans quelle mesure ils se sont influencés l’un l’autre, bien que dans ce programme, la sinfonia de Wilhelm semble plus dans la lignée du Sturm un Drang [Tempête et passion] de CPE que ce qui est typique de son style. Il est clair qu’ils étaient tous deux des claviéristes exceptionnels : CPE a écrit le célèbre et influent Essai sur le véritable art de jouer des instruments à clavier et Wilhelm était un organiste et un professeur renommé. Wilhelm était le fils aîné de Bach et C.P.E était le deuxième fils aîné de Bach, nés du mariage de Johann Sebastian avec sa première femme, Maria Barbara.

PAN M 360 : La thématique de l’amitié est également présente sur la scène, notamment entre vous et les musiciens des Violons du Roy. Alors que l’ensemble célèbre ses 40 ans, vous célébrez en 2025 votre septième année comme directeur musical des Violons du Roy. Quels souvenirs avez-vous de la première fois que vous avez rencontré et dirigé l’ensemble?

Jonathan Cohen : Ma première collaboration avec Les Violons du Roy a eu lieu lors d’une tournée européenne au cours de laquelle nous avons interprété des symphonies et des concertos de Haydn avec Alexandre Tharaud. J’ai immédiatement ressenti une chaleureuse amitié musicale avec ce merveilleux ensemble québécois. Ils ont une expérience ancrée dans le répertoire baroque et classique et une véritable approche de musique de chambre de ce répertoire, ce qui me semble être l’élément le plus important de l’interprétation de cette musique. Chaque concert que nous donnons ensemble est comme une aventure ou une histoire qui prend un sens nouveau à chaque fois.

PAN M 360 : Que peut-on vous souhaiter à vous et aux musiciennes et musiciens de l’ensemble pour les prochaines années?

Jonathan Cohen : Nous pouvons être extrêmement reconnaissants de cette chance permanente de faire de la musique ensemble et j’espère que nous continuerons toujours à trouver la beauté ensemble dans la musique et entre collègues dynamiques et compétents.

BILLETS ET INFOS

Programme de l’après-midi ( Québec, jeudi, 27 février)

MICHAEL HAYDN (1737-1806)

Concerto pour alto et piano-forte en do majeur, MH 41

• Allegro moderato • Adagio
• Prestissimo

Solistes : Isaac Chalk alto
Mélisande McNabney piano-forte

CARL PHILIPP EMANUEL BACH (1714-1788)

Symphonie en mi bémol majeur, Wq. 179, H. 654

• Prestissimo • Larghetto
• Presto

WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756-1791)

Concerto pour clarinette en la majeur, K. 622

• Allegro
• Adagio
• Rondo (Allegro)

Soliste : Stéphane Fontaine clarinette

Programme du soir (Québec, 27 février et Montréal, 28 février)

WILHELM FRIEDEMANN BACH (1710-1784)

Sinfonia pour cordes en fa majeur, Fk. 67

• Vivace
• Andante
• Allegro
• Menuetto I et II

MICHAEL HAYDN (1737-1806)

Concerto pour alto et piano-forte en do majeur, MH 41

• Allegro moderato • Adagio
• Prestissimo

Solistes : Isaac Chalk alto
Mélisande McNabney piano-forte

• PAUSE •

CARL PHILIPP EMANUEL BACH (1714-1788)

Symphonie en mi bémol majeur, Wq. 179, H. 654

• Prestissimo • Larghetto
• Presto

WOLFGANG AMADEUS MOZART (1756-1791)

Concerto pour clarinette en la majeur, K. 622

• Allegro
• Adagio
• Rondo (Allegro)

Soliste : Stéphane Fontaine clarinette

2001, A Space Odyssey, The Shining et Eyes Wide Shut du cinéaste Stanley Kubrick, ont marqué les esprits et c’est idem pour les musiques qui en ont magnifié les images, particulierement celles du grand compositeur hongrois György Ligeti… dont la majorité d’entre nous ne savons pas que ses musiques ont magnifié cette cinématographie. Voilà pourquoi la SMCQ a fait de cette thématique l’un de ses événements les plus fédérateurs, soit ce vendredi 28 février à la Maison symphonique. Ainsi, l’organiste Jean-Willy Kuntz, l’Orchestre symphonique de McGill et l’Ensemble à cordes de la SMCQ sous la direction de Alexis Hauser, joueront des pièces tirées des trames sonores de ces fameuses productions cinématographiques. Aussi au programme, on aura droit à une création orchestrale du jeune compositeur canadien Liam Ross Gibson, une commandée de la SMCQ. Alexey Shafirov jouera par ailleurs le Concerto pour piano no.2 de Prokofiev. Et l’on ne boudera pas sonn plaisir avec l’exécution de  Ainsi parlait Zarathoustra, célèbre poème symphonique de Richard Strauss dont le thème est le « trailor » de 2001, A Space Odissey.

Événement présenté dans le cadre de Festival Montréal/Nouvelles Musiques / 12e édition (2025) — Musique et images.

Participant·es

Concepteur·trices

Programme

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À noter que je me permettrai quelques jeux de mots d’oiseaux, fidèle à l’esprit de Clarence qui, en plus d’assurer la guitare et d’offrir sa voix angélique, gère aussi les réseaux sociaux de Birds of Prrrey. Aucun calembour ne lui échappe.

Le 7 février dernier, je me suis lancée dans une séance d’observation au sein de la volière qu’est le Taverne Tour, pour voir ce trio unique : Noelle à la batterie, Clarence à la guitare et Grace à la basse. Un féroce mélange de punk, d’alt-rock et de grunge, farci d’influences DIY des années 90. De leur présence scénique se dégage une sororité qui témoigne qu’elles sont bel et bien dans leur habitat naturel. « Loud music for big hearts », voilà ce qu’elles nous proposent.

J’ai eu le plaisir de m’entretenir avec les membres de Birds of Prrrey à la suite de leur spectacle au Ministère où elles ouvraient pour Rough Francis et PRIORS. On a parlé d’amitié, de superstitions et de gars culottés qui ne se mêlent pas de leurs affaires. 

Et non, ce n’est pas une coquille…

PAN M 360 : On dit : « Prrrey ». Rrr, une consonne pour chacune des filles. Rrr, comme un rugissement. Rrr, comme dans Riot Grrrl. Est-ce que j’en oublie ?

Clarence : Un beau résumé ! Oui ! Je ne pense pas qu’on ait vraiment fait le lien entre les trois « r » et le nombre de personnes dans le groupe haha. On s’est principalement inspirées du genre musical Riot Grrrl parce que ça a été ce qui nous a liées au tout début, ce qui nous parlait le plus. On utilise les trois « r » en hommage à cette musique qui revendique, défend et laisse une place pour les émotions (surtout celles qui ne sont pas très “féminines”) des femmes.

Noelle : Longue vie à Liz Phair, Bratmobile, Bikini Kill, Le tigre et Slutever!

Grace : Le mouvement Riot Grrrl a vraiment eu une grande influence sur notre façon de jouer de la musique live.

PAN M 360 : Ce qui frappe en vous voyant sur scène, c’est la manière dont chacune a sa manière bien à elle de rayonner. Votre complémentarité est évidente. Quelle est la clé d’une complicité musicale aussi forte que la vôtre ?

Clarence : Avant même qu’on commence à faire de la musique, quand c’était encore une idée totalement comique et inatteignable, on a demandé à une de nos amies musiciennes, Julia, qui était, à ce moment-là, dans un de nos bands féminins préféré à Montréal Whoredrobe; quelle est la chose la plus importante quand on est dans un band? La réponse habituelle est qu’il faut pratiquer beaucoup, mais elle nous a dit: « You guys need to be friends. That’s the most important part ». Et c’est ce qu’on a fait. Oui, on fait de la musique ensemble, mais ce sera toujours plus important pour nous de cultiver notre amitié au-delà de jouer sur un stage. On se fait dire souvent que notre amitié se voit quand on fait un show et je pense que c’est le plus beau compliment, ça veut dire qu’on fait bien ça.

Noelle : Nous étions amies avant d’être un groupe. Je pense que nous sommes suffisamment matures pour résoudre les problèmes de manière saine chaque fois qu’un problème survient (il n’y en a pas vraiment, but you know…), et nous sommes très à l’aise l’une avec l’autre. Il n’y a que de l’amour ici et jamais de haine entre nous trois.

Grace : Nous sommes juste amies. Je ne pense pas que nous serions capables de performer ou de créer comme nous le faisons si nous ne l’étions pas.

PAN M 360 : Vous évoquez en entrevue vos rituels d’avant spectacle, notamment les superstitions très spécifiques de Grace. Quel est l’objet, ou le protocole qui possède le plus de pouvoir sur la réussite d’un show de Birds of Prrrey ? (Vous pouvez répondre à cette question en touchant du bois)

Clarence : Mmmm… Il faut que Grace ait ses bagues, il faut que Noelle fasse ses étirements et il faut que Noelle et Grace me disent de me calmer les nerfs hihihi.

Noelle : Ne pas « shout-out » notre amie Ivy avant de jouer notre chanson Doors. Sinon on la rate.

Grace : On doit faire un soundcheck avec certaines chansons et j’ai un certain pick avec lequel je vais jouer. En gros, tout ce qui n’est pas familier signifie malchance.

PAN M 360 : En peu de temps, à force de cumuler les bons shows, votre trio s’est imposé sur la scène musicale underground. Y a-t-il eu un moment précis où vous avez réalisé que les choses commençaient à décoller?

Clarence : Je pense qu’on ne le réalise toujours pas vraiment… On est toujours surprises et flattées par les demandes de shows qu’on reçoit (Tavern Tour, ouvrir pour SweetPill, ouvrir pour Sir Chloe, le Festivoix, etc.). On reçoit chaque occasion avec beaucoup de reconnaissance. Parfois le sentiment d’imposteur vient avec, mais on se dit que ce serait un trop gros prank venant de tous les gens qu’on a côtoyés s’ils haïssaient secrètement notre musique…

Noelle : LMAOO. Peut-être quand on a sorti notre EP. Il faisait une chaleur torride à La Sotterenea, mais les gens sont quand même restés pour nous. Tout le monde transpirait comme des fous.

Grace : C’était pour sûr quand les gens ont commencé à chanter nos chansons avec nous.

PAN M 360 : Énorme coup de cœur pour votre dernier EP sorti l’été dernier, Yet, we’re still growing in places. Il semble marquer une étape importante pour le groupe. Comment avez-vous abordé sa création, et en quoi reflète-t-il votre évolution depuis vos débuts ?

Clarence : Le début de la création de cet album est venu d’un parfait mélange entre nous qui voulions enregistrer plus de musique et notre bon ami Ben Rowland qui devait remettre un projet de 25 minutes pour sa classe d’électroacoustique à Concordia. On avait déjà collaboré sur False Hope (notre premier single) avec Matt Sagar et Ben et ça avait été une expérience tellement fun, c’était évident pour nous qu’on devait retravailler avec eux. La réfection de notre évolution est définitivement représentée par Training Wheels, la dernière chanson de notre EP, puisqu’on avait essayé de l’enregistrer 1 an avant, en même temps que False Hope, et on avait été incapable de jouer la chanson correctement. C’était tellement mauvais. Matt ne nous a jamais renvoyé le MP3 de cet enregistrement (thank god). Deux ans plus tard, c’est la chanson qu’on aime le plus jouer. Je pense aussi que notre processus très DIY nous représente bien en tant que groupe. Nous voulons toujours encourager les artistes montréalais et faire partie de cette communauté qui valorise les talents que possèdent les jeunes. Il y a tellement d’artistes prometteurs dans cette ville, c’est beau à voir.

Noelle : Je pense que la musique que nous faisons est en constante évolution. Même après la sortie de l’EP, nous changeons un peu la musique et continuons à ajouter des morceaux à nos chansons, une pratique à la fois. Nous avons commencé il y a environ deux ans. Ce n’est pas encore assez long pour connaître nos instruments. Pour moi, personnellement, j’ai l’impression que nos instruments sont comme une extension de nous-mêmes. Plus nous passons de temps avec eux, plus nous apprenons à les connaître et à les utiliser. J’ai hâte de découvrir de nouvelles façons de jouer de mon instrument et de créer de nouveaux sons cool.

Grace : Comme le titre du EP l’indique, c’est vraiment un testament sur nous qui grandissons ensemble, en tant que personnes, amies, et musiciennes. C’était une grande courbe d’apprentissage pour y parvenir, mais nous avons reçu une aide précieuse.

PAN M 360 : Les groupes entièrement féminins se font rares encore aujourd’hui. Dans A Man Invented Shoelaces, le premier titre de votre EP, on ressent votre esprit de résistance, votre envie de nommer les choses. Rencontrez-vous des défis liés à votre genre, que ce soit en studio ou sur scène?

Clarence : Oui. C’est étrange d’en parler parce que ce n’est pas purement et simplement de la misogynie, mais c’est juste assez bien déguisé pour nous mettre mal à l’aise. L’usage de mots qui, dans la bouche de certaines personnes, sonnent totalement corrects et, d’en la bouche d’autres, nous font sentir comme si le seul intérêt de notre groupe était notre diversité de genres. C’est démoralisant parfois, mais ça ne nous a jamais empêchées de crier, chanter et jouer encore plus fort. On le prend comme une source d’énergie, pas comme une ancre.

Noelle : OUI. Les hommes vont me dire comment jouer MON instrument ??? Like ferme-la et laisse-moi apprendre comment jouer par moi-même.

Grace : Heureusement, nous avons eu très peu de problèmes de discrimination directe, mais je pense que beaucoup de gens ont des préjugés dont ils ne sont même pas conscients jusqu’à ce qu’ils disent quelque chose de bizarre à voix haute, comme « nous voulons un groupe entièrement féminin pour ouvrir pour un concert entièrement masculin », etc.

PAN M 360 : Lors de votre performance au Taverne Tour, Clarence a lu un mot exprimant vos inquiétudes face au climat politique actuel. Avec l’élargissement de votre public, ressentez-vous le besoin d’affirmer davantage vos positions ?

Clarence : Je pense que ça a toujours fait partie de nos valeurs. Qu’il y ait 20 personnes dans une foule ou 300, notre position reste la même. Nous avons la parole, nous avons un micro et nous sommes bien conscientes de tout ce qui se passe au-delà du cadre de la salle dans laquelle nous jouons. C’est un sentiment du genre : « je sais ce qui se passe dans le monde et j’ai le privilège d’avoir un moyen de m’exprimer à ce sujet et peut-être d’aider d’une manière ou d’une autre, alors pourquoi devrais-je me censurer ? » La musique est importante, mais ce n’est pas tout.

Noelle : Bien sûr. Nous voulons parler au nom des personnes qui ne peuvent pas s’exprimer librement, qui ne sont pas autorisées à s’exprimer, qui ne sont pas prises au sérieux et/ou réduites au silence.

Grace : C’est à 100% notre travail de parler des problèmes actuels, comme tout le monde devrait le faire. Nous avons la chance de vivre dans une communauté tolérante où nous pouvons utiliser la scène pour parler de ce qui se passe dans le monde et montrer notre soutien.

PAN M 360 : Histoire que nous puissions faire un peu de visualisation pour vous. Y a-t-il une scène ou un festival où vous rêveriez de vous produire ?

Clarence : C’est drôle parce qu’à chaque fois qu’on nomme une scène ou un festival où on voudrait jouer, par hasard pur on se fait demander de jouer sur celle-ci (alors je vais viser haut). La grosse blague ce serait de faire Coachella, mais on est très loin d’y arriver haha. Pour le moment je pense qu’on serait prête à faire un plus gros stage comme le Club Soda ou le Mtelus, je pense que ça serait absolument malade.

Noelle : Osheaga lol.

Grace : South by South West!

crédit photo: vickibm

Pour clôturer le Mois de l’histoire des Noirs, Samba Touré, le guitariste malien de blues s’arrêtera à Montréal le temps d’une soirée pour nous présenter son plus récent opus « Baarakalew » paru en janvier 2025. Dans cet album, il donne la voix aux sans-voix afin de les sortir de l’ombre. Que ce soit les tailleurs, les soudeurs, les vendeurs d’eau dans les circulations, il leur rend hommage à travers sa musique, à défaut de pouvoir créer une fondation en leur nom. Celui qui retrace l’origine du blues à l’Afrique compare cela au « Weltaré », une manière de chanter sa douleur lorsque les mots nous manquent pour l’exprimer. Il sera au Club Balattou le 28 février, en formule trio avec lui à la guitare, un joueur de calebasse et un autre musicien qui jouera soit le ngoni, une guitare traiditionnelle ouest africaine, soit le tamani, cet instrument de percussion originaire d’Afrique de l’Ouest, selon le morceau. « Un trio dangereux », comme le dit si bien Samba Touré. Notre journaliste Sandra Gasana s’est entretenue avec lui à quelques jours du tant attendu concert montréalais.

En direct d’Allemagne, Elida Almeida s’est entretenue avec notre journaliste Sandra Gasana à quelques jours de son voyage pour les États-Unis, puis le Canada avec le Césaria Évora Orchestra. En effet, c’est en 2018 que la chanteuse capverdienne s’est faite proposer de joindre ce groupe mythique par son manager, une offre qu’elle ne pouvait refuser. Depuis lors, cette aventure lui a ouvert les portes des plus grandes scènes du monde, alors qu’elle contrinuait à travailler sur ses propres projets personnels en parallèle. Elle sera accompagnée pour l’occasion par Ceuzany, Lucibela et Teófilo Chantre et d’anciens membres du groupe de Césaria Évora le temps d’une soirée au Théâtre Maisonneuve, le 27 février. Mélancolie garantie.

Dans le cadre de Montréal / Nouvelles Musiques, consacré pour sa douzième édition au lien entre musique et image, l’univers des partitions graphiques offre un monde de possibilités foisonnantes pour l’auditeur. Et c’est précisément pourquoi l’Ensemble SuperMusique présentera le concert DigiScores le dimanche 23 février à l’Agora-Hydro-Québec au Cœur des sciences de l’UQAM avec cinq œuvres contrastantes de Linda Bouchard (Pandémonium), Nick Didkovsky (Zero Waste), Joane Hétu et Mano De Pauw (La vie de l’esprit), Terri Hron (Mouth of a River) et Nour Symon (Tiroirs bonbons pastel).

En fusionnant performance musicale et exploration de nouvelles formes de partitions animées, ce programme compte y offrir un aperçu de l’éclectisme et de l’étendue des possibles qu’offre ce médium. Ce concert s’inscrit dans un projet de recherche financé par une subvention européenne, intitulé THE DIGITAL SCORE (DigiScore), mené par Craig Vear de l’Université de Nottingham (Royaume-Uni) auquel le chercheur et compositeur québécois Sandheep Bhagwati a invité les Productions SuperMusique à participer. Pour PAN M 350, Alexandre Villemaire a discuté avec Joane Hétu de SuperMusique et la compositrice Nour Symon de ce concert qui s’annonce haut en couleur.

Image : Nour Symon

Programme

  • Pandémonium, alto, flûte et percussions (2022-25) – Linda Bouchard
  • Zero Waste, piano, ordinateur, synthétiseur, percussions, flûte et alto (2019) – Nick Didkovsky
  • La vie de l’esprit, synthétiseur, percussions, saxophone alto, flûte, voix, piano et alto (2019) – Joane Hétu / Manon De Pauw
  • Mouth of a River, synthétiseur, percussions, saxophone, flûte, piano et alto (2021) – Terri Hron
  • Tiroirs bonbons pastel (2021) – Nour Symon

Participant·es

  • Ensemble SuperMusique (ESM): Jean Derome, saxophones, flûtes, objets, voix; Corinne René, percussions; Jean René, alto; Olivier St-Pierre, pianos; Vergil Sharkya, synthétiseur

Concepteur·trices

  • Frédéric Lebel, sonorisation
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Après avoir épaté la galerie avec un premier album en 2023, les Montréalais de Cope Land cherchent à poursuivre sur leur lancée avec Expire qui vient d’être lancé. C’est pourquoi Vitta Morales s’entretient ici avec Ben Gilbert, leader de ce septuor de jazz fusion mâtin de hip hop et de rock dur.

PAN M 360 Votre premier album a été très bien accueilli à PAN M pour votre capacité à mélanger le jazz, le métal et le rap. Les auditeurs peuvent-ils s’attendre à en entendre davantage sur votre nouvel album ?

BEN – Bien sûr. Mais je pense que la principale différence entre notre premier et notre deuxième album est que le premier était principalement instrumental. Environ deux tiers de l’album était instrumental. Alors que cette fois-ci, presque tous les morceaux ont des paroles. Il y a aussi beaucoup plus de rap. Je pense que je voulais vraiment explorer l’écriture de paroles et de chansons plutôt que de morceaux, tu vois ? Je voulais aussi explorer les paroles bilingues sur cet album. Les paroles sont vraiment à moitié en anglais et à moitié en français.

PAN M 360Vous étiez auparavant connu sous le nom de Crossroad Copeland. Quelle est l’histoire derrière ce changement de nom ?

BEN- Eh bien, c’est plus pour des raisons pratiques qu’autre chose. Crossroad Copeland, au fil des années, je me suis rendu compte que c’était assez difficile à dire. Surtout pour les francophones. Mais l’idée maîtresse du nom du groupe, c’est que nous sommes au pays de l’adaptation. Nous vivons tous dans un monde assez difficile en ce moment. C’est d’autant plus pertinent avec l’arrivée de Trump au pouvoir et tout ce qui se passe en ligne aussi avec Meta. En fait, j’ai l’impression que beaucoup de gens sont en train de faire face dans leur vie en ce moment et j’ai donc voulu que le nom du groupe en tienne compte. Il se trouve que [Copeland] est aussi mon deuxième prénom. Donc en fait, oui, j’ai l’impression que c’était plus simple à dire, mais que ça rendait le message du nom du groupe plus fort.

PAN M 360 – Vous avez sorti les chansons « Shame », « Breathe » et « Enfin » en tant que singles et je n’ai pas pu m’empêcher de remarquer les thèmes récurrents de la psychologie et des émotions fortes. Est-ce que vous allez explorer davantage ces thèmes dans le reste de l’album ?

BEN – Oui, bien sûr. Je voulais commencer et finir [l’album] avec des chansons qui parlent de notre expérience et de la société actuelle. La première chanson de l’album s’appelle « Attention Span », la dernière s’appelle « Real Life Video Game », et sur ces chansons, j’explore particulièrement les thèmes des médias sociaux, de l’Internet, de l’IA, et de l’aliénation qui se crée dans notre société. Vous avez mentionné « Shame » ; c’est une chanson sur l’addiction. C’est une chanson sur l’addiction, sur quelqu’un qui m’est proche et qui luttait contre cela. Et « Breathe » parle du fait que les pouvoirs en place vous chuchotent à l’oreille « inspirez, expirez, et tout ira bien ».

PAN M 360 – Comme une chose apaisante ?

BEN – Oui, mais une sorte d’apaisement à l’envers. Vous savez, « levez-vous, allez au travail, rentrez à la maison, suivez le système et respirez ». C’est sûr qu’il y a beaucoup de contenu émotionnel dans cet album.

PAN M 360 – Vous jouez de sacrés solos sur cet album. Quelle est la part d’improvisation dans le travail de la guitare et quelle est la part déterminée avant d’entrer en studio ?

BEN – BEN – Les parties sont pour la plupart prédéterminées, à l’exception de petites sections où je suis, en train de « compiler », pour utiliser le langage du jazz. Les solos de guitare sont les morceaux finaux de l’album et sont en quelque sorte à moitié improvisés, à moitié concoctés.

PAN M 360 – Même question pour les sections de rap : Est-ce que vous avez fait du freestyle ou est-ce qu’elles étaient prédéterminées ?

BEN – Les sections de rap ont été écrites à l’avance. C’est drôle, [le freestyle], c’est que j’en ai fait assez souvent quand j’étais adolescent. La plupart du temps, ce n’était pas très bon. Mais j’ai l’impression que ces dernières années, lorsque je me suis mis plus sérieusement au rap, [mon écriture] est vraiment très bien conçue. Une quantité surprenante de modifications est apportée après coup. Vous écrivez une première version et vous vous rendez compte que vous pourriez changer cette phrase trois mois plus tard. Quelques semaines après la sortie de l’album, nous publierons une session live avec une version antérieure de la chanson « A Cage ». Vous pourrez entendre des paroles légèrement différentes sur la version live par rapport à la version studio de l’album.

PAN M 360 – Avez-vous expérimenté d’autres genres que le jazz, le métal et le rap ces derniers temps ? Y a-t-il une chance que nous les entendions dans une chanson dans un futur proche ?

BEN – Eh bien, je veux dire, je pense que sur l’album lui-même, il y a déjà quelques morceaux qui pourraient être considérés comme d’autres styles. Il y a un morceau plus ballade sur l’album, quelques morceaux plus acoustiques sur l’album. Mais la réponse courte est que je me suis concentré sur le fait de rendre cet album aussi bon que possible et sur tout ce qui va avec la sortie de l’album. En ce qui concerne la suite des événements pour le groupe ? C’est une bonne question. Faire en sorte que les choses évoluent et changent. C’est quelque chose que j’ai toujours apprécié chez beaucoup d’artistes que j’écoute. Si on devait en citer deux, je dirais les Beatles, ou Radiohead, et des gens comme Miles Davis. Des gens qui ont eu cette capacité à se réinventer constamment au cours de leur carrière et qui, de ce fait, sont restés pertinents.

PAN M 360- Comment vous y prenez-vous pour écrire pour un groupe de sept musiciens ? Est-ce que c’est une collaboration ou est-ce que vous écrivez tout de A à Z ?

BEN – J’écris tout la plupart du temps. Ce que j’ai fait ces deux derniers albums, c’est que j’ai créé une sorte de maquette. En gros, dans Ableton Live, j’enregistre une sorte de démo décente de la façon dont la chanson se déroulerait. J’enregistre sur une guitare, je programme un rythme de batterie, je joue de la basse, j’enregistre des cuivres MIDI, et je me fais une très bonne idée de la façon dont cela va sonner. Ensuite, je la retranscris. Pour les répétitions, nous l’assemblons et il est certain que des changements sont apportés. C’est incroyable de voir que parfois, on pense que quelque chose va sonner d’une certaine manière, et que ce n’est pas du tout le cas. Et vice versa ; vous avez des surprises agréables. Il faut aussi mentionner que Jeanne [Laforest], notre chanteuse, a joué un rôle de conseillère tout au long du processus et que je lui soumettais souvent des idées.

PAN M 360 – En regardant vers l’avenir, quels sont vos objectifs à court et à long terme après la sortie de cet album ?

BEN – Devenir des stars du rock mondialement connues ! Non, mais sérieusement, en tant que musicien, je pense qu’il est difficile de ne pas aspirer à long terme à gagner sa vie et à faire de la musique qui a du sens, vous savez ? Et cela signifie probablement faire de la musique originale. Et ce n’est pas forcément ma musique ; cela peut être la musique d’autres personnes. Mais je pense que c’est certainement l’objectif de beaucoup de gens. Et évidemment, comme on le sait, ce n’est pas facile à atteindre de nos jours. Je serais donc ravi que les gens aiment la musique. Nous allons d’ailleurs donner notre concert de lancement de l’album le 14 mars au Petit Campus. Karneef fera la première partie de ce projet fou de jazz rock progressif. Venez nous voir.

PAN M 360 – Parfait ! Merci beaucoup d’avoir accepté de vous entretenir avec nous, Ben. Bonne chance pour le lancement et tout le reste.

BEN – Merci, Vitta.

Mulchulation II, sorte de supergroupe indie québécois unifiant Population II et Mulch, connaît un franc succès avec l’EP Mulchulation II, paru l’automne dernier et dont les protagonistes se sont récemment produits à guichets fermés au Taverne Tour. 

La rage rencontre le voyage dans un mélange entre le psychédélique et le hardcore ! 

Frôlant l’expérimental, empruntant des chemins à la fois libres et improvisés, le premier EP de Mulchulation II a été conçu pour être joué à haut volume et  révèle le talent instrumental fusionné des deux groupes. De sa voix crue, l’inépuisable Rose Cormier y franchit un épais mur de son, elle crie à corps perdu ce qu’on peut imaginer comme étant un manifeste. 

C’est cathartique et impressionnant, ça savonne les oreilles, ça navigue sur des guitares virtuoses et des mélodies macabres aux textures noise

Pour mieux comprendre la créature mutante qu’est Mulchulation II, il faut rappeler ce que représentent ces deux groupes sur la scène montréalaise:

Mulch, un groupe récemment constitué,  secoue la scène punk, amène au style hardcore des paroles honnêtes et une présence incomparable sur scène. Population II, devenu au fil des dernières années un groupe incontournable de la scène locale, résulte des entrechoquements musclés entre ses trois électrons libres dans des salles pleines. Voilà un mélange dangereusement excitant, on comprendra pourquoi le premier concert  du groupe hybride fut donné à guichets fermés dans cadre de la tournée Taverne Tour, il y a quelques jours à l’Esco..

Je me suis assis avec Mulchulation II afin de mieux comprendre comment  ce mutant s’est si vite emparé de la scène montréalaise.

PAN M 360: Avec un show qui affiche complet, c’est assez évident que le retour soit positif. On se demande tous quand sera le prochain, mais surtout, comptez-vous continuer à travailler ensemble ?

Sébaste (Basse, Population II) : On ne sait pas quand on va retravailler ensemble. Quand le mutant va vouloir ressortir, il va être présent. C’est vraiment unique comme projet et son idiosyncrasie demande d’être traité avec respect. Mulchulation II existe pour l’amitié et l’amour de jouer cette musique.

Rose (Vocals, Mulch) : Comme mentionné par Sébaste, nous n’avons pas pour l’instant, dans les plans de refaire un autre show comme celui de vendredi passé. Par contre nous avons tous encore certainement le désir de retravailler ensemble dans le futur, quand ce sera le temps. Sûrement sur un album encore plus collaboratif que celui-ci!

PAN M 360: Y a-t-il eu un moment  où vous avez su que vous deviez faire ce projet ensemble ?

Rose : L’histoire veux que moi et les gars de Population II nous sommes ramassés au restaurant Fameux après leur show au Francos à l’été 2024 et que l’idée nous est venue autour d’un pizzaghetti. 

J’étais certaine que c’était juste une idée lancée dans l’air comme ça, comme elles le sont souvent, mais 8 mois plus tard, on voit bien que non!

Au début on s’est dit qu’on essaierait de monter une toune avec moi au chant, toune fondée sur une ligne de basse que Sébaste avait dissimulée dans ses messages vocaux de cellulaire. Cette toune-là  est devenue Laisse-Faire

Ensuite c’était pas mal évident autant pour Mulch que pour Population II qu’un split, c’était quelque chose qui nous tentait vraiment, pour vrai de vrai! C’est quand même impressionnant que nous ayons réussi à écrire, enregistrer et sortir le split en à peu près 4 mois!!

PAN M 360: Les approches de Population II et Mulch se rencontrent à plusieurs niveaux, mais il y a aussi quelque chose de nouveau qui apparaît dans cette mutation. Y a-t-il des choses auxquelles vous ne vous attendiez pas et qui se sont produites ?

Timothy (guitare, Mulch) : C’était cool d’écrire du matériel qui fittait bien avec Population II sans changer notre son trop dramatiquement. Nous nous sommes donné le loisir d’explorer des territoires sonores que nous nous sentons peut-être moins à l’aise d’explorer d’habitude, et c’était pas mal le fun comme exercice! C’était aussi vraiment cool d’entendre Population II écrire des tounes plus heavy que d’habitude!

Rose : Des deux bords je crois que nous avons pris l’opportunité du split pour explorer un peu les genres musicaux de l’autre, et sortir de nos habitudes, comme dit Timothy. Le plus surprenant pour moi, c’est certainement notre toune Sans Sortie, une pièce de plus de huit minutes qui est non seulement la plus longue toune que Mulch ait jamais écrite, mais aussi celle qui sort le plus de notre genre habituel. C’est une pièce que j’affectionne beaucoup et je pense que nous allons vraiment essayer d’écrire d’autres choses dans ce genre! 

PAN M 360: Ce n’est pas souvent qu’on entend parler de deux groupes qui travaillent ensemble. Comment avez-vous partagé les rôles dans le processus créatif, ou plus généralement, comment ça s’est passé ?

Timothy : Les albums collaboratifs sont pas mal communs dans l’univers du hardcore ou encore du noise et de la musique experiementale! Nous sommes tous pas mal familiers avec ces types de projets et nous voulions réaliser quelque chose dans ce genre de tradition. Ce qui faisait le plus de sens pour nous, avec le temps limité dont nous disposions, c’était d’écrire les chansons chacun de notre bord et d’essayer de collaborer là où ça semblait naturel. Nous n’avons malheureusement pas eu le temps de travailler sur des chansons les 2 bands ensemble donc beaucoup des bouts collaboratif était limités à ce qui était déjà en place, soit les chansons de Population II avec Rose dessus, et ce qui nous est venu comme idées lors de l’enregistrement, comme les twins guitars et les back vocals de Sébaste sur Déclin Soudain

PAN M 360: En écoutant, on ressent un profond sentiment de désobéissance, mais aussi un laissez-faire. Dans vos mots, quels sont les thèmes souhaités dans ce projet ?

Rose : Les thèmes sont un peu éparpillés! 

Cent Piasses, dont les paroles sont écrites par Pierre-Luc (Population II), c’est essentiellement une toune sur les snowbirds, ou les Québécois qui passent leurs hivers en Floride, alors que les 3 autres pièces avec les paroles écrites par moi sont assez lourdes et existentielles. C’est habituel dans  les paroles de Mulch, je devais amener ça dans ce projet aussi. Crier fort c’est certainement un merveilleux exutoire pour mes pensées, ça libère le cerveau aussi! 

Laisse-Faire, c’est en effet pas mal sur le thème du laissez-faire mais non pas dans la nonchalance à laquelle on pourrait penser. C’est plus sur le concept de laissez-faire des situations, ou des relations qui n’en valent pas la peine parce que toi ou l’autre, ou les deux, vous êtes perdus. De là les paroles “t’est mélée, t’est perdu, comment tu vas faire?” qui s’applique autant à moi qu’à d’autre monde.

Déclin Soudain suit un peu le même genre de trame narrative, mais de façon plus pessimiste en disant qu’il est trop tard pour remédier à quoi que ce soit, pis qu’on va être pris pour toujours dans nos cercles vicieux! Fun stuff!

Sans Sortie, c’est un vraiment long monologue existentiel que je n’avais pas écrit à l’avance! Je savais seulement que je voulais un mur de voix à la fin, sorte de point culminant de la chanson. Nous avons enregistré cette toune-là live off the floor (comme le split complet) en une seule prise de son, incluant les voix. Ce qui en est sorti des paroles est incroyablement brut.

PAN M 360: D’un point de vue stylistique, les termes “noise rock” et “hardcore” sont entre autres utilisés pour décrire votre son. Quelle est votre propre définition ?

Rose : Je crois que les 2 termes sont pas mal justes! Ni Mulch ni Population II sont des bands qui aiment se caser dans des genres, clairement, et nous sommes heureux comme ça! 

Pour Mulch, le terme noise rock revient souvent, je crois que c’est un terme assez générique mais qui englobe bien tout ce que nous faisons! Le terme hardcore revenait plus souvent lorsque nous avons commencé, et lorsque nous avons sorti notre premier EP Nothing Grows Out Of Dried Flowers, mais il est vite tombé puisque nous avons vite inclus plusieurs autres influences dans notre musique! On continue de crier,  par contre.

PAN M 360: En dehors de ce projet, comment décririez-vous la scène rock en ce moment au Québec ? Quels sont les groupes qui vous inspirent ?

Sébaste : À Montréal, la Sainte Trinité du punk : Faze, Puffer, Béton Armé/Spleen! Tout ce que Joe chez Celluloid Lunch sort, de Laughing à Retail Simps. Le songwriting d’Hélène Barbier et de Perma! Les amis de One Track Mind, Solids jusqu’au sapré bon noise rock de Pnoom. 

Et les Mothland goodness : La Sécurité, Yoo Doo Right et Atsuko Chiba.

Montréal, c’est juste du bon en ce moment!

Timothy : La scène semble assez forte et durable.. Il y a eu une vague de groupes vraiment ennuyeux juste après la covid et ça semble s’être un peu éclairci donc on est dans une bien meilleure situation. Je pense que beaucoup de gens ont commencé des projets pendant le Covid et pour être honnête, beaucoup d’entre eux auraient dû rester dans leurs chambres.

Les meilleurs bands en ce moment: Pnoom, Psychic Armor, Show of Bedlam, A.T.E.R., Forensics, everything Ky Brooks does.

Rose : J’ajoute pas grand chose qui n’a pas déjà été dit mais oui, le rock se porte bien en ce moment! Il y a plus que jamais une ouverture à différents horizons musicaux! Les genres se côtoient de plus en plus, à mon plus grand plaisir. Je pense que c’est signe d’une scène en santé!

Sébaste et Timothy mentionnent déjà pas mal tous les bons groupes mais si je tiens à rajouter à leur longues listes 2 de mes groupes préférés de Montréal en ce moment : Zouz et Victime. 

Et aussi sur ordre d’idée absolument pas rock, le nouvel album Nouveau Langage de N Nao, et l’album Abracadabra de Klô Pelgag sont probablement deux des plus importants albums à sortir de Montréal dans les dernières années. 

Sinon des splits inspirants que vous devriez écouter : les splits de Full of Hell et The Body, le split de Full of Hell et Andrew Nolan ou le déjà très classique split de The Body et Big Brave. 

PAN M 360: Que souhaitez-vous voir changer dans les prochaines années ?

Timothy : J’aimerais vraiment continuer de voir plus de shows avec des mixed bills, soit des shows avec des lineups plus éparpillés, avec des bands dont les genres ne se ressemblent pas! 

Aussi, pas pour sonner comme un vieux grincheux mais j’aimerais que les jeunes comprennent plus l’étiquette des shows. Quand j’ai commencé dans la scène, il y avait un respect mutuel qui est peut-être disparu un peu depuis la covid. C’est bien sûr pas tous les jeunes qui sont comme ça, et ceux qui ne le sont pas sont ceux qui resteront dans la scène le plus longtemps.

Rose : Pour moi, non seulement j’aimerais continuer à voir plus de mixed bills comme l’a mentionné Timothy, mais j’aimerais vraiment voir plus de shows qui mélangent les scènes anglos et francos. Je côtoie de très près les deux scènes et c’est impressionnant à quel point l’une n’est pas au courant de ce qui se passe dans l’autre, alors que des trucs vraiment cool et important ce passe autant dans la scène anglo que dans la scène franco. 

Y’a pleins de mes amis anglos qui n’avaient aucune idée de c’était qui Population II avant qu’on sorte le split, comme il y avait pleins de francos pas au courant de Mulch! 

Tout le monde gagne à ce que nous faisions tous plus de choses ensemble.

PAN M 360: Quel est le message premier que vous aimeriez transmettre ?

Rose : Mulchulation II c’est un projet créé pour le fun, sans se soucier de profits, de maisons de disques ou de la réception du public. Je pense que c’est ça qu’il faut retenir. Faites de la musique avec vos amis parce que ça vous tente et que ça vous gratifie. 

J’espère aussi que nous avons donné le goût à pleins de monde de faire des splits parce que pour vrai c’est vraiment, vraiment le fun! 

PAN M 360: Dernière question, c’est quoi le pizzaghetti ?

Bon okay, c’est une question polarisante haha !  Le vrai de vrai pizzaghetti c’est une pizza avec du spaghetti dedans! Le faux pizzaghetti c’est une pizza coupée en 2 avec du spaghetti dans le milieu. Mais les vrais savent que ça c’est pas un pizzaghetti, c’est juste une pizza et un spaghetti. 

Le nom Dessalines est peut-être familier pour certains mais l’impact de ce premier empereur d’Haïti est malheureusement encore peu connu du grand public. C’est justement cela que Jean Jean Roosevelt va tenter de rectifier lors de son spectacle du samedi 22 février à la Maison de la Culture du Plateau Mont-Royal, dans le cadre du Mois de l’histoire des Noirs. Celui qu’il a surnommé « Dieussalines » sera à l’honneur pour l’occasion et notre journaliste Keithy Antoine s’est entretenue avec Jean Jean pour en savoir plus. Il nous invitera à un voyage historique pour rendre hommage à l’homme qui a osé inventer la liberté pour le bien-être des siens et pour les opprimés de la Terre. Cet événement est organisé par KEPKAA, le Comité international pour la promotion du Créole et de l’Alphabétisation.

PLUS D’INFORMATION ICI

Sous étiquette Kscope Music, le Suédois Jonathan Hultén vient de lancer l’album Eyes Of The Living Night. On a, d’ailleurs, pu le voir à l’œuvre seul sur scène avec son attirail, le 8 février dernier au MTelus en première partie de Uncle Acid & the Deadbeats. En attendant son retour avec son groupe, la cote du jeune artiste grimpe en Europe, et il pourrait en être de même au nord de l’Amérique du Nord, territoire propice à son solide alliage de prog, grunge, folk, ethereal rock, ambient synth pop ou même dream pop. L’opus fut enregistré aux Chanting Studios de Stockholm et coréalisé avec Ola Ersfjord (Lady Blackbird/Tribulation/Monolord), Eyes Of The Living Night explore ce qui mijote dans nos esprits, entre autres notre propension à fantasmer le surnaturel et interroger les rêves et même les spectres du passé.

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