Pour conclure sa saison 2024-2015, l’Ensemble Caprice et son chef Matthias Maute, en collaboration avec l’Ensemble ArtChoral, s’offrent La Passion selon saint Jean de Bach, juste à temps pour les fêtes pascales, alors que nous sommes dans l’année liturgique en pleine période de Carême. Œuvre phare du Kantor de Leipzig aux côtés de son autre Passion, celle selon saint Matthieu, à l’effectif choral plus imposant, le récit de la Passion de Christ est magnifié dans cet opéra sacré où la musique de Bach vient accompagner et soutenir avec expressivité et symbolisme les paroles de Jean, de Pilate, de Pierre et de Jésus. Alexandre Villemaire s’est entretenu avec Matthias Maute au sujet de cette œuvre.

PAN M 360 : Pourquoi avoir choisi de conclure la saison de l’Ensemble Caprice avec cette Passion de Johann Sebastian Bach?

Matthias Maute : La Passion selon saint Jean de Bach est une œuvre où se mêlent récits, chœurs et une musique d’une grande profondeur, un vrai opéra sacré qui met en scène une action portée par une musique riche, offrant une conclusion forte à la saison.

On pourrait dire qu’avec sa dramaturgie et son intensité, les musiciens de l’Ensemble Caprice et de l’Ensemble ArtChoral se sentent comme chez eux !

PAN M 360 : Quelle est l’histoire derrière la création de cette œuvre emblématique de Bach?

Matthias Maute : Johann Sebastian Bach a composé La Passion selon saint Jean en 1724, peu après son arrivée à Leipzig, pour être interprété lors du service du Vendredi saint à l’église Saint-Nicolas. S’appuyant sur l’Évangile selon saint Jean, l’œuvre alterne récitatifs, airs et chœurs, créant une narration musicale qui met en valeur le drame de la Passion du Christ. Remaniée à plusieurs reprises au cours de la vie de Bach, cette Passion reflète son engagement à allier profondeur théologique et expressivité musicale.

PAN M 360 : Quel a été votre premier contact personnel avec l’œuvre et qu’est-ce qui vous avait marqué à ce moment-là?

Matthias Maute : Comme musicien, mon premier contact avec cette œuvre a eu lieu dans un orchestre aux États-Unis. Suzie LeBlanc chantait l’air Zerfließemeine Herze et je jouais la partie de flûte. Cet air est un moment sublime, inoubliable.

PAN M 360 : La Passion selon saint Jean est un oratorio, ce qui se rapproche le plus d’un opéra dans le catalogue Bach. De quelle manière le récit des derniers instants du Christ est mis en scène musicalement dans la structure de l’œuvre? 

Matthias Maute : La Passion selon saint Jean alterne récitatifs, airs et chœurs pour porter le récit avec intensité. Les récitatifs racontent l’histoire, les airs expriment les émotions des personnages, et les chœurs incarnent la foule, renforçant le drame. L’orchestre soutient l’ensemble avec une écriture expressive qui souligne les moments clés.

PAN M 360 : Présentez-nous les solistes qui vous accompagneront dans ce concert. Quels rôles revêtiront-ils?

Matthias Maute : La soprano Janelle Lucyk, une étoile montante sur la scène canadienne, interprétera le rôle d’Ancillae. Le contreténor Nicholas Burns tiendra la partie d’alto dans plusieurs arias. Le rôle de l’Évangéliste sera tenu par le ténor Philippe Gagné, alors que le baryton Dion Mazerolle incarnera l’apôtre Pierre et Pilate. Finalement, le rôle de Jésus sera tenu par la basse William Kraushaar.

PAN M 360 : Tout comme dans un opéra, le chœur joue aussi un rôle actif sur le plan musical, mais aussi sur le plan de la dramaturgie. De quelle manière sa participation s’insère-t-elle dans le récit?

Matthias Maute : Dans la Passion selon saint Jean, le chœur joue un rôle central, à la fois narratif et dramatique. Il incarne la foule, intervenant dans les dialogues pour exprimer la ferveur, l’indignation ou le désarroi. Il interprète également les chorals, qui offrent des moments de réflexion et de recueillement, et les grands chœurs d’ouverture et de clôture, encadrant l’œuvre avec solennité et intensité.

PAN M 360 : Y a-t-il des défis particuliers, tant pour les instrumentistes que pour les chanteurs, dans l’interprétation de l’œuvre?

Matthias Maute : Oui, l’interprétation de la Passion selon saint Jean présente des défis pour les instrumentistes et les chanteurs. Pour les instrumentistes, la maîtrise de la grande variété de styles et de textures orchestrales, notamment avec des instruments anciens comme le hautbois da caccia, exige une grande précision. Pour les chanteurs, le défi réside dans l’expression des émotions profondes à travers des récitatifs et des airs exigeants vocalement, tout en maintenant la clarté du texte. De plus, l’équilibre entre les solistes, le chœur et l’orchestre doit être constamment surveillé pour préserver la fluidité du drame musical.

PAN M 360 : Que pouvez-vous nous dire sur la prochaine saison de l’Ensemble Caprice?

Matthias Maute : Une saison haute en couleur vous attend, avec trois concerts exceptionnels à la Maison symphonique. Au programme, le Magnificat de Bach, la Messe en do de Mozart, le Concerto pour violon de Mendelssohn-Bartholdy, la Cinquième Symphonie de Beethoven, la première cantate de l’Oratorio de Noël de Bach, ainsi que des extraits du Messie de Haendel, le tout interprété sur des instruments d’époque. En complément, une série de concerts au mythique 9e, et pour ouvrir la saison, un concert vibrant avec Vivaldi en feu, toujours au 9e.

En plus d’être présenté à Montréal le 4 avril à la Maison symphonique, le concert sera présenté à Québec au Palais Montcalm le 5 avril.

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De Fabreville, Laval, Shawn Volcy est devenu Shreez tout en renonçant aux 400 coups. Ça fait un moment, d’ailleurs: converti au rap à temps complet, Shreez a gagné un prix Socan en 2021 pour son premier album On Frap, suivi de Je Suis Canicule, nommé en 2023 pour l’album rap de l’année à l’ADISQ. Nous voilà au printemps 2025 et les 14 titres de On Frap II sortent sous étiquette 7ième Ciel. Il s’agit d’une sorte de fiction autobiographique couchée sur le gros beat et les grosses basses trap ou drill, aussi sur les riffs mélodiques. Le tout infusé dans un français afro-antillais typique du hip-hop montréalais. En outre, l’opus est assorti de collaborations avec les rappeurs français Jogga et La Kadrilla, sans compter Salgrimo et Jujuu on That Beat qui montent dans le rap montréalais. ALAIN, son fidèle complice, assure la majeure partie du beatmaking pour le texte et ses transitions instrumentales. Peu avant la sortie officielle de On Frap II, Shreez a accordé une interview vidéo à Alain Brunet pour PAN M 360.

Avec Obsession, la violoniste Marie Nadeau-Tremblay propose un nouvel album envoûtant où la répétition, la variation et une intensité obsessionnelle servent de fils conducteurs. Dans cette entrevue avec PAN M 360, elle revient sur la genèse du projet et sur la démarche d’enregistrement. Son jeu, affirmé, moderne et d’une grande sensibilité, s’épanouit pleinement dans cet album entièrement en tonalités mineures. Enregistré par ATMA Classique en l’église Saint-Augustin de Mirabel, l’album séduit par la qualité de sa prise de son, qui met en valeur les variations de textures et la chaleur du violon.

PAN M 360 : En quoi le titre de votre album, Obsession, se transpose-t-il dans celui-ci?

Marie Nadeau-Tremblay : Le Cambridge English Dictionary définit l’obsession comme étant « something or someone that you think about all the time » [quelque chose ou quelqu’un à quoi ou à qui vous pensez tout le temps]. Merriam Webster propose autre chose : « a persistent disturbing preoccupation with an often unreasonable idea or feeling » [une préoccupation dérangeante et persistante concernant une idée ou un sentiment souvent déraisonnable]. Le Larousse, de son côté, définit l’obsession comme une « idée répétitive et menaçante, s’imposant de façon incoercible à la conscience du sujet, bien que celui-ci en reconnaisse le caractère irrationnel ». 

C’est sans doute cette définition, plus exhaustive, qui résume le mieux le thème de cet album, s’il est seulement possible de tout condenser sous un seul thème. Ces pièces ont beaucoup en commun. Chacune présente des caractéristiques obsessionnelles :  un thème et ses variations [« La Furstemberg », La Folia, Une jeune fillette], une ligne de basse continue répétée [les pièces de Buxtehude et de Biber], ou un thème de rondo envoûtant qui revient sans cesse de manière obsédante [Francœur]. 

Le choix des tonalités est également restreint, chaque composition étant écrite en , sol ou la mineur. Cela dit, je n’ai rien contre les tonalités majeures : beaucoup de mes œuvres préférées mettent en valeur ces tonalités capables selon moi d’exprimer des émotions infiniment plus complexes que les tonalités mineures, qui sont naturellement plus directes et sans ambivalence. Prenez, par exemple, le « Kyrie » de la Messe en do mineur de Mozart, l’une des plus grandes œuvres musicales jamais écrites, à mon sens. Le ton décidément menaçant, lugubre et funèbre du thème initial, la marche lente des cordes et l’entrée du chœur arrivant comme un jugement divin inexorable ne laissent planer aucune ambiguïté. Ce sont des lignes musicales sombres, parmi les plus sombres jamais écrites. Pourquoi donc est-ce seulement à l’arrivée d’un thème majeur porté par la soprano solo, à la 34e mesure, qu’une émotion incroyablement puissante envahit l’auditeur, si complexe qu’il est presque impossible de la mettre en mots ? Je ne peux penser qu’à un oxymore comme « chagrin lumineux » pour la décrire. Tel est le pouvoir des tonalités majeures. Cet album, cependant, en est complètement dépourvu, abstraction faite de neuf brèves mesures en mi bémol majeur dans le Lento de la Sonate en trio, BuxWV 261, de Buxtehude. Il y avait quelque chose dans l’homogénéité d’un album constitué uniquement de compositions en mineur qui me captivait, du fait surtout que l’album parle d’obsession, d’enfermement dans des répétitions en boucle. Je voulais qu’il se dégage de l’ensemble des œuvres un effet de transe. J’espère que le récit que j’ai ainsi tenté de tisser est convaincant.

Je possède certains traits d’une personnalité obsessionnelle, et cet album, conçu selon mes goûts et mes inclinations, en est le reflet. Enfant, j’aimais tellement les gommes à effacer qu’à l’âge de dix ans, j’ai fabriqué plus de 200 petits personnages avec des gommes et des agrafes, chaque personnage ayant son étiquette nominative. Pendant mon adolescence, j’aimais tellement les olives que mes parents m’en ont offert à Pâques plutôt que le chocolat traditionnel. Pour mes 17 ans, mes camarades de classe m’ont préparé un « gâteau aux olives », un tas d’olives surmonté de glaçage. Cette année, je ne saurais dire combien de fois j’ai écouté l’enregistrement des Variations Goldberg (1981) de Glenn Gould, des centaines de fois certainement. Toute ma vie, j’ai été fascinée par les insectes, au point de partager librement ma maison avec des mantes religieuses en liberté et d’autres créatures. J’ai toujours été comme ça. Bien que cela puisse poser problème à certains égards, cette caractéristique peut sans doute être mise à profit dans la réalisation d’un produit artistique achevé. C’est du moins ce que j’ai essayé d’accomplir avec cet album. 

(Réponse tirée du livret de l’album.)

PAN M 360 : Comment avez-vous sélectionné les pièces de cet album? Y a-t-il des œuvres dont vous avez pris un plaisir particulier à redécouvrir?

Marie Nadeau-Tremblay : Je choisis toujours du répertoire qui me plaît et que j’ai envie d’écouter et de jouer. Je choisis aussi des pièces pour lesquelles il n’y a pas déjà un enregistrement qui me plaise assez pour que je ne pense pas pouvoir en produire un que j’aime davantage. (Je ne dis pas que ma version soit “meilleure”, car, heureusement, ce concept ne veut rien dire en musique. Simplement que, personnellement, je préfère mon interprétation. Et cela ne réussit pas toujours, mais c’est du moins mon ambition.)

PAN M 360 : Pour ce projet, vous êtes entourée de musicien·nes d’exception, dont Mélisande Corriveau, Eric Milnes et Kerry Bursey. Comment s’est fait le choix des interprètes ?

Marie Nadeau-Tremblay : Je connais et collabore avec ces musiciens depuis plusieurs années. Nous nous connaissons donc bien musicalement, et je savais que leur jeu et leur vision exceptionnels seraient des atouts majeurs pour ce répertoire. 

PAN M 360 : Pouvez-vous nous parler du processus d’enregistrement ? Où et comment l’album a-t-il été enregistré ?

Marie Nadeau-Tremblay : Il a été enregistré par ATMA Classique à l’église Saint-Augustin de Mirabel, un endroit chouchou d’ATMA. Comme c’est la norme avec ce genre de projet, nous avions 3 jours pour tout enregistrer. Après, il y a eu une longue période d’attente d’un an et demi avant la sortie de l’album, période pendant laquelle j’attendais impatiemment d’entendre le résultat. Finalement, je suis contente. Cet album représente bien qui j’étais au moment de l’enregistrer. 

PAN M 360 : Avez-vous une approche particulière quant à la sonorité ou à l’acoustique recherchée?

Marie Nadeau-Tremblay : Oui. Je recherche un son de velours lumineux. 

PAN M 360 : Vous avez réalisé un vidéoclip sur La Foliade Michel Farinel. Avez-vous d’autres projets similaires en cours ou des occasions à venir où l’on pourra entendre l’album Obsession?

Marie Nadeau-Tremblay : L’album est sur toutes les plateformes d’écoute. Nous avons eu un très beau lancement le 25 octobre 2024 à Tokyo, au Japon. Je reviens tout juste d’une tournée avec les Jeunesses musicales avec Kerry Bursey, dans laquelle nous avons joué quelques pièces de l’album, avec notre collègue Tristan Best à la viole. D’autres projets viendront.

crédit photo : William Kraushaar

Kizaba, qui signifie savant ou philosophe en lingala, incarne bien son nom. Toujours en quête d’expériences nouvelles, il n’a pas peur d’être avant-gardiste dans tout ce qu’il fait. Avec Future Village, il nous propose un retour à l’ancestral, toujours avec sa touche électronique et afro-futuriste. Celui qui est constamment sur la route, entre Asie et Amérique latine en passant par l’Afrique, se posera à Montréal le temps du lancement de son troisième album le 12 avril au Théâtre Fairmount. Pour l’occasion, il nous réserve plusieurs surprises, entre autres une peinture live, un pop-up avec des vêtements de sa future collection ainsi que des performances de danse. Bref, tous les ingrédients qu’il faut pour une soirée à l’image de l’artiste, mêlant musique, danse et mode. Notre journaliste Sandra Gasana a pu s’entretenir avec Kizaba pour PAN M 360.

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Qu’ont en commun les chalets, les emos et le film Bridesmaids ? À première vue, aucun lien évident. Pourtant, ces mots se sont imposés tout naturellement au fil de ma conversation avec l’autrice-compositrice-interprète, et désormais réalisatrice d’album, Caroline Savoie. C’est en assumant tous ces rôles qu’elle a affronté ses incertitudes et appris à lâcher prise pour mieux suivre son instinct. 

Puisqu’on ne part pas au combat seule ou sans armure, Caroline Savoie a constitué sa cavalerie : mentors, cheerleaders, amis et collègues. Entourée de ces complices de longue date, elle s’est nourrie de cette franche camaraderie pour donner vie à Rom-Com, son quatrième album. Dans ce dernier opus, elle plonge tête première dans ce qui l’allume. Elle s’abandonne à un feu créatif, kitsch et décomplexé. 

À quoi bon renoncer à ses plaisirs coupables ? Bonne question d’autant plus que les plaisirs coupables de Caroline Savoie sont aussi les nôtres et ils sonnent bien. Portée par ce nouveau vent de courage, elle revendique son romantisme, cette fois, sans compromis. Elle aime ce qu’elle aime et s’accorde finalement la douceur qu’elle mérite. 

Repose ici la morale de tout bon rom-com ! L’amour de soi précède toujours celui des autres. Caroline Savoie ça l’a bien compris. Elle nous chante l’amour en 90’s pop, power ballade, bossa, folk-pop, Indie-rock et toutes leurs hybridations. Rom-Com est une vraie courte-pointe sonore enrichie d’une identité narrative soignée. 

PAN M 360 : Comment as-tu trouvé le juste équilibre entre cette cohérence narrative et l’éclectisme des genres musicaux présent sur l’album ?

Caroline Savoie : Je te dirais que la cohérence narrative a justement fait en sorte que je me sente plus libre d’explorer différents genres musicaux. Vu que j’avais un fil conducteur précis, l’emballage musical venait en deuxième. Mon but premier était de raconter une histoire, peu importe dans quel genre la chanson allait se manifester. Après, c’était juste de coller le tout et faire en sorte que ça fonctionne.

PAN M 360: L’album explore une quête d’acceptation de soi avant de pouvoir trouver l’amour. Est-ce un reflet de ton propre parcours, ou une réflexion plus vaste sur les récits d’amour ?

Caroline Savoie : C’est plus sur mon parcours et celui de mon entourage. Je travaille encore à être plus confiante et à m’aimer comme je suis, mais une chose est sûre, je me respecte et me valorise certainement plus qu’au début de ma vingtaine. Et ça, ça vient avec faire de meilleurs choix pour soi. S’aimer avant d’être aimé c’est plus facile à dire qu’à faire, mais là j’ai trouvé une personne avec qui je me sens libre d’être moi-même et qui m’aime pour qui je suis, et ça c’est la base pour moi.

PAN M  360: À travers l’esthétique de Rom-Com, tu réinterprètes des archétypes amoureux de films cultes qui t’ont marquée. Quel est ton rapport nostalgique à ces films ?

Caroline Savoie : En fait, c’est un genre de film que j’adore regarder à cause de sa légèreté; souvent, la fin est prévisible, et ça fait en sorte que ça m’apporte un certain réconfort. En parallèle, ça faisait un certain moment dans ma démarche artistique que j’essayais de m’éloigner du « kétaine » J’essayais de prouver je ne sais pas trop quoi à je ne sais pas trop qui. Ceci dit, appeler l’album Rom-Com et en faire un concept était une manière pour moi de m’assumer pleinement, comme la emo girl que je suis depuis jour 1! Ça aura été libérateur d’enlever un peu plus le jugement que je portais sur moi-même et de plonger pleinement dans l’univers romantique.

PAN M 360 : Pour Rom-Com, tu as assuré la composition, l’interprétation et la réalisation. Y a-t-il des aspects de ce processus qui se sont révélés plus exigeants que tu ne l’avais imaginé ?

Caroline Savoie : C’était la première fois que j’assumais la réalisation et j’ai trouvé que c’était quand même un gros challenge! J’ai trouvé ça difficile d’avoir du recul sur le projet par moments – comme ne pas savoir quand prendre une pause pour écouter les tounes et analyser chaque détail haha! C’était toujours au moment de trancher sur certaines décisions artistiques que j’avais le plus de difficulté, par peur de prendre une « mauvaise’’ décision. Suivre mon instinct n’a pas toujours été mon fort alors ça a définitivement été un bel exercice pour ma confiance. Dans tout ce tourbillon, là j’ai la chance d’avoir une gérante qui est la meilleure cheerleader donc ça l’a fait un peu plus facile de se plonger dans le vide comme ça.

PAN M 360 : Pour prendre du recul, vers qui t’es-tu tourné pour bénéficier d’un regard extérieur ?

Caroline Savoie : J’ai eu la chance de bénéficier du mentorat de Salomé Leclerc, qui m’a donné d’excellents conseils tout le long du processus. C’est une artiste que j’admire beaucoup,  donc   lui parler de tout ça, ça a répondu à plein de mes nombreuses questions. Y’a aussi Benoit Moirier (qui a fait la prise de son et le mix) sur qui j’ai pu compter tout au long de l’enregistrement pour son input. Il m’a même aidée à monter un studio à mon chalet et montrer comment utiliser les logiciels d’enregistrement! Ça a été tellement cool de travailler avec lui. Je dois dire aussi que mon chum a dû écouter l’album 100 fois avec moi pour me rassurer les jours où je trouvais que tout était pourri. En gros, j’ai vraiment eu la chance d’être bien entourée, avec bienveillance et amour !!!!

PAN M 360 : En portant autant de chapeaux, as-tu eu le sentiment de te livrer encore davantage à travers cet album que les précédents ?

Caroline Savoie : Je pense que oui ! Je me sentais hyper vulnérable tout au long du processus. J’apprenais plein de nouvelles choses en même temps tout en ayant l’air au top de mes affaires même si c’était pas toujours le cas. Le résultat me rend encore plus fière à cause de ça, je sens vraiment que j’ai réussi à faire briller ma personnalité dans ce projet et que j’ai été au bout de mes idées. 

PAN M : On apprend que c’est la première fois que tu crées un album exclusivement avec des amis. Comment cette dynamique a-t-elle influencé le son de Rom-Com ? Et comment vont tes anciens collaborateurs qui croyaient que vous étiez amis ?

Caroline Savoie : LOL ouf j’ai ri à cette question !!! Je pense que la différence avec les anciens collaborateurs c’est qu’ils sont devenus des amis à travers le processus. C’était souvent de nouvelles rencontres et surtout de nouvelles collaborations. Là, j’étais avec mes musiciens de scène et ami.e.s de longue date pour l’enregistrement. Ça fait en sorte que la réalisation était beaucoup plus facile,  vu que tout le monde qui a gravité autour du projet me connaît extrêmement bien et connaît déjà mon univers musical ainsi que ma personnalité. Ça fait que c’est moins stressant pour moi de communiquer mes besoins et mes idées. Ils me comprenaient déjà sans que j’aie besoin de dire grand-chose. Ceci dit, j’ai tellement appris des 3 derniers réalisateurs avec qui j’ai travaillé (Jay Newland, Philippe Brault et Joe Grass ). Ils étaient tous uniques et j’ai emmené toute leur sagesse avec moi !! 

PAN M 360 : L’album est à la fois une rétrospective et une introspection, un regard porté sur ta vingtaine. Si cette décennie était un Rom-Com, lequel choisirais-tu ?

Caroline Savoie : Je ne pense pas qu’on puisse nécessairement le qualifier d’un Rom-Com (un peu quand même) mais je choisirais Bridesmaids. Je trouve qu’il décrit tellement bien la beauté et la complexité des amitiés entre femmes tout en étant TELLEMENT drôle. Ça me fait penser à mes amies proches et toutes les différentes histoires qu’on a vécues ensemble. En plus, on a toutes eu notre fair share d’aventures et de déceptions amoureuses, et on a toujours été là l’une pour l’autre dans les hauts et les bas.

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Le quatuor Mivos a été qualifié de successeur ou héritier du quatuor Kronos. L’ensemble fondé en 2008 à la Manhattan School of Music est en effet spécialisé en nouvelle musique pour quatuor à cordes, mais il possède assurément sa propre personnalité. Le Mivos est un habitué des labels focalisés en musique d’aujourd’hui, tel l’excellent Kairos. Mais en 2023, c’est avec la très prestigieuse marque Deutsche Grammophon qu’il a enregistré les trois quatuors de Steve Reich, l’un des pionniers du minimalisme répétitif états-unien. Malgré la renommée de Reich et l’impact de ses œuvres, il s’agissait curieusement de la première fois que ses trois quatuors se retrouvaient nouvellement enregistrés par un même ensemble sur le même album. Non content de réaliser cette première sur disque, les musiciens du quatuor basé à New York en ont fait le sujet de concerts que l’on peut voir dans plusieurs grandes villes. Ce sera le cas de Montréal le mardi 1er avril 2025, à la salle Bourgie du Musée des Beaux-Arts. À l’occasion de cette visite, la première pour le groupe dans la métropole, qui offrira également pour la première fois ici l’occasion d’entendre cette intégrale Reich live, j’ai réalisé une entrevue avec l’altiste Victor Lowrie Tafoya.

PanM 360 : Certains disent que vous êtes en train de prendre la relève de Kronos. Qu’en dites-vous ?

Victor Lowrie Tafoya (Quatuor Mivos) : Nous leur devons beaucoup, comme tous les quatuors qui jouent de la nouvelle musique, bien sûr. Ce sont des pionniers. Mais ils sont encore très actifs et nous faisons notre propre truc. Je ne pense pas que nous prenions la relève de quoi que ce soit.

PanM 360 : Quelle différence faites-vous entre leur répertoire et le vôtre ?

Victor Lowrie Tafoya (Quatuor Mivos) : Je ne sais pas comment ils décriraient ce qu’ils font, mais je dirais que nous avons tendance à nous concentrer davantage sur la musique expérimentale états-unienne et européenne, avec beaucoup de ce qu’il y a entre les deux. 

PanM 360 : Comment l’ensemble s’est-il formé, et avez-vous eu cette sensibilité contemporaine depuis le début?

Victor Lowrie Tafoya (Quatuor Mivos) : Oui, depuis le début. Nous nous sommes regroupés en 2008. Nous (tous les membres d’origine, dont il ne reste que moi et Olivia, la première violoniste) étions membres du nouveau programme de performance contemporaine de la Manhattan School of Music. 

PanM 360 : Comment décririez-vous ce programme ?

Victor Lowrie Tafoya (Quatuor Mivos) : C’était nouveau à l’époque, mais depuis, d’autres universités ont lancé des programmes similaires. Il s’agit d’un programme dans lequel l’apprentissage académique est intégré à la pratique de la musique. De nombreuses personnes d’horizons divers l’ont créé. Je me souviens que nous avions des formations en musique classique indienne, en improvisation, en théorie de la musique contemporaine, en musique de chambre. Il y a donc beaucoup d’angles d’approche qui se rejoignent à un moment ou à un autre. 

PanM 360 : Vous avez enregistré à plusieurs reprises pour de petits mais excellents labels comme Kairos. Comment avez-vous obtenu un contrat avec Deutsche Grammophon ?

Victor Lowrie Tafoya (Quatuor Mivos) : Cela a pris beaucoup de temps. En fait, lorsque nous avons commencé à parler d’enregistrer les trois quatuors, nous ne savions même pas que cela se passerait ainsi. L’idée est d’abord venue de Steve lui-même. Nous jouions souvent à New York et nous avons appris à le connaître. À un moment donné, il a évoqué la possibilité d’enregistrer les trois quatuors. Alors, nous avons dit  »si vous pensez que c’est une bonne idée, alors pourquoi pas ? » Ensuite, il a fallu de nombreuses années pour obtenir du soutien et des donateurs avant que notre agent à temps partiel ne nous mette en contact avec quelqu’un, puis avec quelqu’un d’autre, et finalement, c’est devenu un projet de DGG dont nous sommes fiers. 

PanM 360 : Curieusement, même s’il s’agit de chefs-d’œuvre fondamentaux du répertoire contemporain pour quatuor, ils n’ont jamais été enregistrés en tant que corpus entier sur un album. Comment expliquer cela, à votre avis ?

Victor Lowrie Tafoya (Quatuor Mivos) : Je ne sais pas. Kronos a marqué les esprit, bien sûr, et le dernier des trois n’a été créé qu’en 2010. Ce que je peux vous dire en revanche, c’est que c’est beaucoup de travail pour leur donner vie ! Chacun d’entre eux comporte de nombreuses couches d’enregistrement sonore à additionner. Le jeu instrumental, puis les sons (trains, voix, tragédie du World Trade Center, etc.) doivent être combinés avec soin. C’est un gros investissement de temps. De plus, pour ces versions, nous avons bénéficié du soutien de Steve qui a remastérisé toutes les bandes. La qualité est donc la meilleure possible. 

PanM 360 : Ils sont encore moins souvent joués ensemble en concert….

Victor Lowrie Tafoya (Quatuor Mivos) : Eh bien, c’est une musique assez intense. Ce qu’il faut savoir, c’est que le style de Steve est très transparent et qu’il nécessite une concentration rythmique continue et une intonation très précise. Cela peut sembler facile comparé à des œuvres aux constructions harmoniques plus complexes, mais ça demande beaucoup d’attention et d’énergie pour rester expressif dans le contexte de la cohabitation avec les bandes préenregistrées. Si vous ne lui donnez pas cette énergie et cette précision extrême, la musique devient simplement une trame de fond pour les éléments préenregistrés. Ce que nous voulons, c’est donner à cette expérience une qualité vibrante. 

PanM 360 : Avez-vous pensé à lui demander un nouveau quatuor ?

Victor Lowrie Tafoya (Quatuor Mivos) : Non, pas encore. Je ne suis pas sûr qu’il ait le temps, mais s’il l’a, nous serions certainement intéressés. 

PanM 360 : Comment évaluez-vous l’importance du corpus de quatuors de Reich dans le vaste répertoire contemporain ?

Victor Lowrie Tafoya (Quatuor Mivos) : Je pense qu’il est au centre de tout. Il a fait œuvre de pionnier en transformant toutes ces formes de ‘’parler’’ en mélodies. Les quatuors sont comme des mini-opéras, ils racontent de vastes histoires historiques avec du texte et de l’harmonie. Nous tenons cela pour acquis aujourd’hui, mais c’était révolutionnaire à l’époque. Son héritage esthétique est aujourd’hui omniprésent. Il résistera à l’épreuve du temps. 

DÉTAILS ET BILLETS POUR LE CONCERT DU QUATUOR MIVOS, LE MARDI 1ER AVRIL 2025

Dans Brûlez-moi vive, Éléonore Lagacé explore les thèmes de l’auto-affirmation, de l’amour, de la liberté et du temps qui passe, le tout émaillé de quelques réflexions existentielles. Tantôt dansant et

énergique, tantôt posé et introspectif, cet album nous emmène sur des rives insoupçonnées avec ses progressions surprenantes et sa réalisation éclatée.

Réalisé par Frantz-Lee Leonard sous étiquette Ad Litteram, cet opus de 10 chansons mêle des influences pop, R&B, années 80, et autres ballades mélancoliques sur fond de basses endiablées et d’envolées lyriques.

Présente sur nos écrans depuis l’adolescence, Éléonore Lagacé n’est plus à présenter. Après avoir participé à  Big Brother et Zénith , elle lançait ce 21 mars 2025 ce premier album.  Brûlez-moi vive succède à l’EP Elle s’en fout,  sorti en avril 2023. 

Marilyn Bouchard s’est penchée sur ce travail d’Éléonore Lagacé avant de lui soumettre ses questions. Pour PAN M 360, notre intervieweuse souhaitait ainsi  “s’enquérir de ses ressentis et de son expérience suite à cette première réalisation et aussi de savoir ce qu’elle nous réserve pour la suite des choses.”

Alors 10 questions pour 10 chansons!

PAN M 360:  Un premier album complet, on se sent comment à sa sortie?

Éléonore Lagacé: Soulagée! Je peux enfin passer à autre chose et recommencer la création. Je suis très fière de cet accomplissement!

PAN M 360:  Combien de temps t’a pris la composition et l’écriture de l’album?

Éléonore Lagacé: Environs 2 ans

PAN M 360: Tu as dit en interview que tu ressentais un grand besoin d’appropriation dans ce projet. De quelle manière t’es-tu approprié cet album?

Éléonore Lagacé: Quand je parle d’appropriation, c’est de celle de moi-même! D’apprendre un peu plus chaque jour qui je suis, où sont mes limites, ce que je veux et ce que je ne veux plus. Les sujets des chansons de l’album traitent de mes grandes questions existentielles des deux

dernières années. Elles me sont apparues car je me connais de mieux en mieux. 

PAN M 360: Quelles émotions avais-tu envie de partager avec le public dans cet album?

Éléonore Lagacé: La liberté, le tourment, l’amour, l’envie de danser, honorer ses émotions, même celles les plus intenses.

PAN M 360- Comment était-ce de peaufiner la réalisation et l’identité sonore de l’album avec Frantz-Lee Leonard? Comme vous avez déjà travaillé ensemble, j’imagine que votre relation créative s’enrichit ?

Éléonore Lagacé: Frantz-Lee est un musicien que j’admire énormément. J’ai adoré travailler avec lui car il n’a pas peur d’aller au bout de ses idées les plus folles et pense sincèrement qu’il n’y a pas de rêve trop grand.

PAN M 360: De quelle manière tes inspirations Lady Gaga et Charli XCX t’ont aidées dans la direction de l’album?

Éléonore Lagacé: Charli XCX a été pour moi le modèle de jemenfoutisme et de liberté, que j’ai voulu dépeindre dans ma musique. Lady Gaga, mon idole depuis mes 11 ans, m’a donné la force d’écrire cet album.

PAN M 360: Une chose que tu gardes de cet album et une chose que tu laisses?

Éléonore Lagacé: Je garde mes mélodies, j’en suis vraiment fière. Et je laisse l’idée que j’aurais aimé que ce soit un album de 20 chansons.

PAN M 360:  Ce que tu as trouvé le plus difficile dans la création de ce premier album? Ce dont tu es le plus fière?

Éléonore Lagacé: Le plus difficile était de ne pas lâcher. Ce dont je suis le plus fière: les collaborateurs qui y ont participé – 

PAN M 360- Tes projets pour la suite de 2025?

Éléonore Lagacé: Tournée avec mon propre spectacle Brûlez-moi vive et mon band FANTASTIQUE, spectacle Zénith, comédie musicale Peter Pan.

10- En terminant, la perle cachée de l’album?

Éléonore Lagacé: Journée mélancolique.

 

L’an dernier, Jaeden Izik-Dzurko fut le premier lauréat canadien d’un volet instrumental du Concours Musical International de Montréal (CMIM), tout un exploit. Autre accomplissement épique dans la même foulée en 2024: The Leeds International Piano Competition, rien de moins. En 2021, la CBC avait déjà nommé le pianiste l’un des « 30 musiciens classiques canadiens de moins de 30 ans ». Ce statut prestigieux fait suite à de nombreuses récompenses, accolades, apparitions avec de nombreux orchestres et chefs d’orchestre renommés, bref, tous ces événements qui définissent une grande ascension dans le monde classique. Quatre ans après la révélation de CBC, Jaeden Izik-Dzurko mène une carrière internationale en tant que soliste, les férus montréalais de piano assisteront à son récital du dimanche après-midi à la salle Pierre-Mercure. C’est exactement pour cette raison qu’Alain Brunet s’est entretenu avec ce plus qu’excellent musicien.

PAN M 360 : Quel impact réel cette reconnaissance significative a-t-elle eu sur votre carrière depuis lors ?

Jaeden Izik-Dzurko :Je considère que j’ai beaucoup de chance d’avoir un agenda de concerts très chargé et de pouvoir partager ma musique avec des publics plus larges dans le monde entier.

PAN M 360 : Au-delà de votre remarquable virtuosité, comment définissez-vous votre personnalité pianistique ?

Jaeden Izik-Dzurko : Il est assez difficile de caractériser son propre jeu, mais je me considère comme un interprète sérieux et introverti. J’aime présenter des œuvres de grande envergure avec des récits musicaux ambitieux, voire monumentaux.

PAN M 360 : Quelles sont, selon vous, les caractéristiques les plus évidentes de votre jeu ?

Jaeden Izik-Dzurko : Je crois que l’une de mes forces pianistiques est la superposition : maintenir la clarté et des formes indépendantes dans plusieurs lignes mélodiques simultanées. C’est une qualité que possèdent mes pianistes préférés et que je m’efforce de cultiver dans mon propre jeu.

« Né à Salmon Arm, en Colombie-Britannique, Jaeden a obtenu sa licence de musique à la Juilliard School avec Yoheved Kaplinsky et sa maîtrise à l’Université de Colombie-Britannique avec Corey Hamm. Il a également été l’élève de Ian Parker. Il étudie actuellement avec Jacob Leuschner à la Hochschule für Musik Detmold et Benedetto Lupo à l’Accademia Nazionale di Santa Cecilia ».

Q : Quels ont été les enseignants les plus influents dans cette sélection de maîtres ?

Jaeden Izik-Dzurko : J’ai la chance d’avoir bénéficié des conseils et de l’expertise inestimables de nombreux professeurs exceptionnels. Je leur suis extrêmement reconnaissant de l’empreinte qu’ils ont laissée sur ma formation musicale. L’influence la plus importante est peut-être celle de mon mentor, Corey Hamm, qui m’a encadrée pendant mes années de formation, alors que j’étais adolescente, et qui m’a guidée lors de mes premières expériences de concours internationaux pendant ma maîtrise.

PAN M 360 : Où êtes-vous basé aujourd’hui ?

Jaeden Izik-Dzurko : Je réside actuellement en Allemagne et je me rends fréquemment à Rome pour suivre des cours.

PAN M 360 : Partagez votre regard sur le programme montréalais du dimanche 30 avril.

JEAN-SÉBASTIEN BACH (1685 – 1750) Partita n° 4 en ré majeur, BWV 828

PAN M 360 : Quelle est votre expérience personnelle de cette œuvre ? Où la situez-vous dans votre répertoire ?

Jaeden Izik-Dzurko : Lorsque je participais à des concours, on m’a souvent conseillé, comme à de nombreux pianistes, de ne pas jouer Bach, car cette œuvre est considérée comme risquée et potentiellement source de discorde. Bien que je n’aie pas toujours suivi ce conseil, j’ai trouvé difficile d’inscrire la musique de Bach dans les programmes de concours en raison des contraintes de temps et des directives en matière de répertoire. Maintenant que j’ai terminé la période de compétition de mon parcours musical, j’ai hâte de programmer à nouveau la musique de Bach !

PAN M 360 : Et dans le répertoire pour clavier de Bach ?

Jaeden Izik-Dzurko : La quatrième Partita est une œuvre remarquable et sophistiquée. Les sept danses entraînent l’auditeur dans un voyage émotionnel profond et varié. Certains mouvements, comme l’Ouverture, la Courante et la Gigue, sont empreints d’une joie légère, tandis que d’autres sont plus introspectifs, voire tristes. L’Allemande, la plus longue danse de la Partita, est particulièrement ambitieuse : elle soutient un magnifique lyrisme hautement chromatique tout au long de ce vaste mouvement.

SERGUEÏ RACHMANINOV (1873 – 1943) 10 Préludes, Op. 23

PAN M 360 : Superbe musique pour piano de Rachmaninov ! Où voyez-vous cette œuvre dans votre répertoire et dans celui du compositeur ?

Jaeden Izik-Dzurko : Les Préludes sont une œuvre de jeunesse dans l’œuvre de Rachmaninov, mais ils regorgent de profondeur émotionnelle, de lyrisme et d’originalité. J’ai joué de nombreux préludes en rappel, mais j’aime le grand récit musical qui se dégage de l’interprétation des dix préludes à la suite les uns des autres.

PAN M 360 : Comment l’abordez-vous personnellement au clavier ?

Jaeden Izik-Dzurko : L’une des qualités que j’apprécie le plus dans la musique pour clavier de Rachmaninov est sa merveilleuse sensibilité pianistique. Lorsqu’on joue ses œuvres, on est frappé par sa maîtrise technique et son approche novatrice au piano. Virtuose singulier, Rachmaninov disposait de tous les moyens techniques possibles et savait comment utiliser l’instrument pour obtenir la plus grande énergie, la plus grande force et la meilleure sonorité possible. Pour lui rendre justice, j’ai la chance d’avoir de grandes mains. Par conséquent, je trouve l’écriture de Rachmaninov très pianistique et idiomatique, bien qu’elle comporte d’innombrables défis techniques.

ALEXANDRE SCRIABINE (1872 – 1915) Fantaisie en si mineur, op. 28

PAN M 360 : Vous aimez manifestement la seconde moitié du XIXe siècle et la première moitié du XXe siècle, y compris, bien sûr, ses variantes russes. N’est-ce pas ?
Jaeden Izik-Dzurco : Cette période a été marquée par un certain nombre de compositeurs qui, outre leur voix distinctive et puissante, étaient également des solistes et des interprètes exceptionnels – en particulier Scriabine, Rachmaninov et Medtner. Par conséquent, leur musique est parfaitement adaptée à l’instrument et écrite avec un sens intuitif de la scène de concert.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui vous plaît le plus chez Scriabine ? Pourquoi avez-vous choisi cette œuvre ?

Jaeden Izik-Dzurko : La musique de Scriabine est extrêmement évocatrice et originale. L’évolution créative transformatrice qu’il a connue au cours de sa vie révèle l’esprit artistique idiosyncrasique qu’il possédait. Si je devais identifier un seul élément de sa musique que j’aime le plus, ce serait son remarquable don pour la mélodie – le second thème lyrique de sa Fantaisie est l’un de ses plus exquis.

FRÉDÉRIC CHOPIN (1810 – 1849) Sonate n° 3 en si mineur, opus 58

PAN M 360 : Chopin est un incontournable pour tous les pianistes de bon, excellent ou exceptionnel niveau. Quelle place occupe-t-il dans vos goûts ?

Jaeden Izik-Dzurko : Je dois avouer que l’interprétation de la musique de Chopin ne m’est pas particulièrement naturelle. Je trouve que son utilisation du piano est un véritable défi et qu’il est parfois difficile de l’exécuter. Néanmoins, son écriture possède une élégance unique, une grâce et un lyrisme poignant que j’adore.

PAN M 360 : Comme l’une de vos grandes qualités pianistiques est la fluidité de votre phrasé, qui définit son exceptionnel raffinement, on imagine que Chopin a été un modèle pianistique en ce sens. Qu’en pensez-vous ?

Jaeden Izik-Dzurko : Il est certain que les témoignages écrits sur le style d’interprétation de Chopin et son approche du piano sont de merveilleuses sources d’inspiration pour moi.

PAN M 360 : Dans votre enregistrement pour le concours international de Leeds, vous jouez également deux études de Ligeti, ce qui vous rapproche du présent. Quelle est votre relation avec Ligeti ?

Jaeden Izik-Dzurko : Je n’ai pas une grande expérience de la musique de Ligeti, mais j’ai eu la chance d’être guidé par mon professeur, Corey Hamm, qui a joué l’ensemble de l’œuvre de Ligeti et qui a une connaissance remarquable de son style musical.

Voilà ! Excellent séjour à Montréal et excellent concert !

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Voyager, le plus récent album de Boubé, fera l’objet d’un lancement ce samedi 29 mars, au Club Balattou. En effet, ce virtuose de la guitare électrique mêle rock et blues désertique, comme lui seul parvient à le faire. Pour l’occasion, il sera accompagné par ses musiciens de longue date, et prévoit quelques surprises pour les spectateurs. Finaliste aux Syli d’or en 2024, ce tremplin lui a permis d’enregistrer cet album, qui a été composé au Niger. En français, en anglais et en tamasheq, parfois les trois dans la même chanson, il nous fait voyager musicalement dans diverses régions d’Afrique, notamment l’Afrique du Nord. Il compte d’ailleurs défendre cet album en Afrique et ailleurs. Notre journaliste Sandra Gasana s’est entretenue avec lui, à quelques jours de son spectacle tant attendu.

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Le Couleur a marqué la francophonie d’Amérique et la pop francophone tout court. Fondé sur le groove, la synth-pop, l’euro-disco, la house et autres saveurs idéales pour le plancher de danse, l’ensemble montréalais a oeuvré plus d’une quinzaine d’années sur les scènes du monde avant d’annoncer une pause indéterminée et passer à d’autres expressions et projets individuels. Mais avant de fermer les lumières, plusieurs concerts sont prévus d’ici la fin de la saison chaude, et le premier show à l’agenda est le dernier concert montréalais, prévu ce vendredi 28 mars à la SAT. Laurence Giroux-Do en cause avec Alain Brunet pour PAN M 360.

INFOS + BILLETS ICI

Bella White est une auteure-compositrice-interprète un peu plus récente sur la scène country et bluegrass, mais son influence se fait rapidement sentir. Originaire de Calgary, en Alberta, elle a sorti son premier album complet, Just Like Leaving, en 2020 et l’album suivant, Among Other Things, en 2023. Bella a grandi au son du bluegrass, joué par son père à la maison, qui faisait toujours partie d’un groupe de bluegrass. Elle utilise sa voix saisissante pour faire place à une musique bluegrass country traditionnelle, plus simple et apaisante, qui chronique les moments de la vie.

Bella aime aussi donner sa propre tournure aux standards de la country avec son EP de reprises de singles Five For Silver, comme « Concrete and Barbed Wire », de Lucinda Williams, ou d’auteurs-compositeurs plus contemporains, comme Jeff Tweedy (de Wilco). Nous nous sommes entretenus avec Bella avant son concert au Petit Campus le 29 mars.

PAN M 360 : Pour les lecteurs qui n’ont aucune idée de qui vous êtes, qui est Bella White ? Comment êtes-vous arrivée à la musique ?

Bella White : Je suis née à Calgary (Alberta), au Canada, dans une famille très musicienne. Mes deux parents m’ont transmis leur amour de la musique. Je me sens très chanceuse d’avoir été encouragée à jouer et d’avoir suivi cette voie toute ma vie.

PAN M 360 : J’adore votre reprise de « Unknown Legend ». Pouvez-vous nous parler de la façon dont Neil Young a inspiré votre écriture ? Ou de quelqu’un d’autre ?

Bella White : J’aime beaucoup Neil Young. J’ai toujours été une très grande fan. Je ne vois pas en quoi il a inspiré mon écriture, mais je pense que le fait de l’avoir absorbé au fil des ans m’a permis d’apprécier cet art.

PAN M 360 : En tant qu’Albertain (je suis originaire d’Edmonton), pensez-vous que ce genre d’influence folk-country bluegrass vient de votre éducation ? Peut-être à cause des Rocheuses et du ciel ouvert ?

Bella White : Les Rocheuses à ciel ouvert ont certainement influencé mon amour pour la musique. Je pense que c’est mon père qui m’a fait apprécier la musique country folk Bluegrass. Il a grandi à Lynchburg, en Virginie, et a toujours joué ce genre de musique.

PAN M 360 : Prévoyez-vous une nouvelle sortie ou travaillez-vous sur quelque chose pour 2025 ?

Bella White : Oui, je le suis ! Je suis entrée en studio cet hiver et j’ai enregistré un troisième album que je suis très excitée de partager !

PAN M 360 : Quand vous avez commencé, avez-vous mis du temps à trouver cette touche de country dans votre voix ?

Bella White : Je pense que cela m’est venu assez naturellement puisque c’est la country et le bluegrass qui m’ont appris à chanter.

PAN M 360 : Avez-vous l’impression que vos disques sont tous liés, qu’ils viennent du même endroit, qu’ils poursuivent la même histoire et les mêmes thèmes ou qu’ils sont complètement différents et pourquoi ?

Bella White : Je pense qu’ils sont tous différents. Je les ai tous écrits à des moments différents de ma vie, et ils ont capturé des moments différents pour moi. Je suppose qu’ils sont probablement liés d’une manière ou d’une autre, et peut-être qu’ils poursuivent l’histoire de ma vie en général, mais j’aime penser qu’ils sont différents.

PAN M 360 : Est-ce que vous vous asseyez et prenez le temps d’écrire des chansons, ou est-ce que c’est un processus plus long ?

Bella White : Il y a vraiment deux façons de faire ! Parfois, c’est plus structuré, et parfois, c’est plus libre.

PAN M 360 : Allez-vous venir avec un groupe pour votre spectacle à Montréal ? À quoi les gens peuvent-ils s’attendre ?

Bella White : Je serai accompagnée d’un trio ! Sam Gelband joue de la batterie et Gina Leslie de la basse. J’adore jouer avec eux et nous avons hâte d’être à Montréal !

BELLA WHITE W/ MADDY FRIGO – BILLETS POUR LE PETIT CAMPUS

Les extraits Love Outta Luck, The Willow et Better This Way ont précédé la sortie de l’album homonyme du groupe The Damn Truth sous étiquette Spectra Musique. Réalisé par le mythique producteur Bob Rock (Mötley Crue, The Offspring, Bon Jovi, Metallica), ce quatrième opus relance la formation montréalaise sur les routes du rock. À la veille du coup d’envoi au MTelus, soit ce mercredi 26 mars, le batteur Dave Traina s’entretiet avec Alain Brunet pour nous en expliquer davantage sur les motivations récentes du groupe, son allégeance au classic rock et au hard rock, et bien sûr sur l’encadrement du mentor Bob Rock qui a aussi travaillé sur l’album précédent de The Damn Truth, Now or Nowhere. Contenu exclusif sur PAN M 360!

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