Les soirées Ultrasons commencent ce jeudi pour se conclure vendredi soir. En plus des deux œuvres installatives qui se tiendront dans deux locaux de la Faculté de musique de l’Université de Montréal, ce sont les œuvres de 18 étudiant·es qui seront présentées à la Salle Claude-Champagne à partir de 19h30. Nous avons eu l’occasion de poser quelques questions à quelqu’un des étudiants à propos de leurs œuvres, de même que sur leur influence et leur parcours et leur identité artistique.

PAN M 360 : Quel est votre parcours et qu’est-ce qui vous a incité à entreprendre des études en musique à l’Université de Montréal?

Matisse Charbonneau : N’étant pas issu d’un milieu musical, mon parcours est atypique : j’ai commencé à apprendre la théorie à l’université, à 23 ans. En 2022, après avoir acheté Ableton 11, j’ai compris que ce logiciel deviendrait mon outil principal. L’université m’a ouvert des portes et m’aide aujourd’hui à orienter ma pensée artistique.

Nicolas Bourgeois : Mon parcours musical commence par une formation en piano classique. Je développe un intérêt pour l’interprétation et, peu à peu, pour la création sonore. Plus tard, j’entreprends des études en psychologie en m’intéressant aux études de genre et aux théories queers. Dans un contexte de pandémie, j’ai interrompu mon cheminement universitaire pour revenir à une pratique artistique incarnée et engagée. En ligne, je découvre des œuvres numériques hétéroclites et des artistes qui œuvrent à l’intersection de l’art sonore et des technologies interactives. Cette exploration m’a mené à la musique numérique, un domaine où je peux articuler mes préoccupations sensibles à travers le son, le corps, et la performance. C’est dans cette perspective que j’ai choisi de poursuivre mes études en musique à l’Université de Montréal.

Z Neto Vinheiras : J’ai commencé par étudier la musique classique – ce n’était pas ma tasse de thé – mais j’ai continué toujours à jouer du piano, toujours en improvisant. J’ai fait des études en arts plastiques (sculpture) et un peu de cinéma et j’ai repris plus tard des études en musique acousmatique, après avoir déménagé en Belgique. Venir étudier à l’UdeM était une surprise. J’ai reçu une bourse pour un programme d’échanges sans trop savoir ce qui se faisait ici. Je l’ai vu comme une opportunité d’aller ailleurs, de voir l’autre côté de l’océan ce qui s’y faisait. Je suis très content·e avec ce que j’ai trouvé.

PAN M 360 : Quelle a été votre premier contact avec le monde des musiques numériques?

Matisse Charbonneau : Ma découverte du Dubstep à l’âge de 17 ans.

Nicolas Bourgeois : Je cible la découverte de musiciennes électroniques telles que SOPHIE et Arca comme mon point d’entrée dans les musiques numériques. Leurs compositions abrasives constituées de sons méticuleux m’ont donné envie d’ouvrir à mon tour une station audionumérique pour découvrir les mondes possibles de sculpter avec le son comme unique matière.

Z Neto Vinheiras : C’était en 2017 quand j’ai commencé mes études en sculpture. Une amie a découvert cette « époustouflante » façon de faire de la musique. On était tous deux sidérés par ce nouveau monde que j’ai continué à explorer sans avoir aucune idée ou même désir nécessairement de me rendre là où je suis maintenant.

PAN M 360 : Parlez de l’œuvre que vous allez présenter. Qu’est-ce qui vous a inspiré dans sa composition?

Matisse Charbonneau : Actuellement, des enfants, des familles, des milliers d’Ukrainiens et de Russes meurent dans une guerre politique totalement absurde. J’ai l’impression que nous nous désensibilisons, car le conflit semble toujours lointain. Pourtant, il est grave et concerne des sites sensibles comme Tchernobyl. Si des obus venaient à frapper cette zone protégée, les conséquences pourraient être catastrophiques pour nous tous. Je me sens impuissant face à cette situation, et j’ai ressenti le besoin de crier à travers ma musique. « Крик душі » (Kryk Dushi) signifie « Cri de l’âme » en ukrainien, une expression qui reflète profondément mon état intérieur.

Nicolas Bourgeois : À cette édition des Ultrasons, je présenterai une performance où des données corporelles de ma collaboratrice et moi sont captées en temps réel et interprétées par des algorithmes musicaux. Ces analyses prennent la forme d’une pièce électroacoustique évolutive et où le corps est à la fois un déclencheur, un instrument et un médium. Concrètement, je porte un dispositif de gants électroniques qui captent mes mouvements et transmettent ces données en temps réel à un système de traitement sonore. Ces signaux physiologiques sont traités par un ensemble d’algorithmes que j’ai conçu pour transformer le geste chorégraphique en geste musical.

L’œuvre s’inscrit dans une recherche sur les liens entre le corps, l’intimité et la technologie, dans une perspective queer et féministe. Nous sommes inspiré·es par les façons dont le son peut rendre audibles des états corporels souvent invisibles ou tus. Le dispositif agit comme un traducteur, un révélateur de l’espace entre nos deux corps, tout en laissant une part à l’aléatoire, à l’émotion et à l’erreur.

Z Neto Vinheiras : « here now all over again » est une performance semi-improvisée qui joue sur le feedback et un peu sur la psychoacoustique dans un système simple avec 2 guitares électriques, 2 amplificateurs, une station de no-input et quelques pédales d’effet. Je voulais continuer à explorer le phénomène de feedback, ce qui m’a toujours fasciné depuis que j’ai découvert la musique d’Eliane Radigue. C’est une manière de produire le son qu’on évite normalement, mais en prenant un point de vue, ou un point d’écoute plus créatif que destructif, on est amené à un type d’écoute très spécial: très lent, actif, très vigilant et très doux. Ça me « force » à ralentir, à être vraiment présent·e et à utiliser l’écoute comme instrument. Le fait que ce soit une approche aussi précaire aussi, qu’on peut presque le faire n’importe où et comment avec les outils les plus basiques et accessibles, me donne une flexibilité intéressante à explorer dans ma pratique et dans le style de vie que j’ai. 

La musique de Nina Garcia et l’infâme album (que j’aime beaucoup) « Metal Machine Music » de Lou Reed et son dernier « Hudson River Meditations » m’ont certainement inspiré à utiliser la guitare électrique – un instrument que je ne maîtrise pas -, dans cette improvisation de feedback.

PAN M 360 : Qu’est-ce que le médium de la composition en musique numérique vous permet d’exprimer?

Matisse Charbonneau : La musique me permet d’exprimer des émotions profondes, à travers des sons qui me transportent ailleurs, me surprennent, me donnent des frissons. Elle me fait réfléchir, en touchant quelque chose d’intime, de personnel, qui résonne en moi d’une manière unique.

Nicolas Bourgeois : Je me concentre principalement sur l’élaboration d’interfaces sensibles qui captent des données de l’environnement (gestuelles, physiologiques ou spatiales) et traduisent ces informations en compositions musicales et numériques. Ainsi, mon travail sonore n’est pas fixé: il existe un moment de coprésence entre le corps, le dispositif et l’espace performatif. Ces possibilités créatives incarnées me forcent à m’interroger sur mon rapport avec mon corps queer lorsque celui-ci est détecté avec des composantes électroniques qui produisent du son. Quelles transformations émergent lors de l’utilisation d’un dispositif sensible pour réaliser une composition sonore en temps réel ?

Z Neto Vinheiras : En ce moment je ne fais pas trop de composition ou de musique numérique. J’essaie de m’éloigner le plus possible des écrans et je suis plus attiré par une approche physique et in situ de la performance improvisée, avec des instruments et/ou des objets. Si l’on peut appeler cela de la « composition en temps réel », l’improvisation me permet d’aller dans un état de présence profonde et de me sentir connecté à l’écoute et à l’environnement. Il n’y a pas de performeurs·ses ou de public, mais un écosystème vif, actif et activé par l’écoute. J’aime beaucoup jouer avec les éléments de risque et de surprise et rester curieux·se. Comme on dit : « whatever happens, happens! » Je trouve ça très spécial.

PAN M 360 : Comment qualifieriez-vous votre style musical et esthétique?

Matisse Charbonneau : Je suis convaincu que mon son est brut et violent, porteur d’une énergie instable et mystique qui le rend unique et intense. Je ne me situe dans aucun cadre ni genre ; je puise ici et là des éléments, me permettant de naviguer librement entre plusieurs univers. Avec un peu de prétention, j’aimerais qu’un jour on puisse dire : “J’écoute PIERRU.”

Nicolas Bourgeois : Je qualifie mon style d’hybride. Il s’inscrit à la croisée de la musique électroacoustique, de l’art sonore et de la performance, en mobilisant des outils numériques sensibles pour créer des œuvres affectives, politiques et ancrées dans le corps. Autrement, je puise de l’inspiration à partir d’imageries et de concepts liés à des pratiques BDSM. De toutes mes œuvres émane une vulnérabilité révélée, amplifiée, transformée.

Z Neto Vinheiras : Un mélange de noise, de drone et bien sûr d’improvisation

Consultez le programme du jeudi 24 avril et du vendredi 25 avril.

crédit photo : Nina Gibelin Souchon

Le 26 avril prochain, des instruments indonésiens de gamelan envahiront la Salle Claude Champagne, de la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Depuis des décennies, en fait, on y enseigne le gamelan, une pratique orchestrale de Bali et de Java qui séduisait déjà les mélomanes occidentaux aux débuts de la modernité. Et ce concert est gratuit ! Notre collaborateur Michel Labrecque en a discuté avec un autre collaborateur de PAN M 360, Laurent Bellemare, que l’on connaît pour sa connaissance profonde du rock métal, des musiques électroacoustiques, actuelles et… indonésiennes ! De surcroît, Laurent est chargé de cours dédié au gamelan et l’un des organisateurs de cette soirée. 

Le gamelan est une musique très particulière et très complexe, issue de plusieurs régions de l’Indonésie. Pensez d’abord à des instruments de percussions, mais avec un aspect mélodique. Des gongs, des métallophones, des xylophones, des carillons, mais avec une structure et des rythmes très spécifiques. Le gamelan a été créé principalement à Java et Bali, il remonte à au moins deux millénaires et a fortement impressionné le compositeur français Claude Debussy à la fin du 19e siècle. 

« J’ai un intérêt pour les musiques inhabituelles et j’ai découvert le gamelan à Université de Montréal, puis je suis allé étudier à Bali un an », raconte Laurent Bellemare, qui est tombé inconditionnellement amoureux de ce style musical. Il est membre depuis dix ans de L’ensemble Giri Kedaton, un orchestre en résidence à l’université de Montréal, signifie « montagne royale » en langue indonésienne. 

Laurent est également chargé de cours pour les ateliers de musique gamelan, qui rassemblent des musiciens curieux de ce style, à titre d’un cours par session. « Souvent mes étudiants viennent du classique ou du jazz, ils sont curieux de découvrir ce genre, qui défie bien des conventions musicales ». 

Mais comment donc l’Université de Montréal s’est-elle intéressée au gamelan? Tout commence avec l’Exposition universelle de Vancouver de 1986 : l’Indonésie offre alors des instruments traditionnels au Canada, dans une forme de diplomatie culturelle destinée à mettre en valeur la culture du pays. L’Université de Montréal  et l’Université Simon Fraser de Vancouver en sont les principales bénéficiaires. Les deux institutions obtiennent des instruments différents.

Laurent Bellemare peut vous parler de cela pendant des heures. Il a fait sa thèse de maîtrise sur ce sujet. « C’est le regretté compositeur et professeur José Evangelista qui s’est intéressé à ce style musical et qui a fait en sorte que l’Université de Montréal reçoive son lot d’instruments ».

À quoi aurons-nous droit lors du concert de ce samedi 26 avril? « Ce sera un mélange de pièces apprises par mes étudiants et de celles de l’Orchestre Giri Kedaton, sans oublier la danse, qui est une composante essentielle du gamelan », nous dit Laurent Bellemare. « Vous aurez droit à un festival de rythmes flamboyants, parfois beaucoup plus lents, en plus de danse avec des masques et beaucoup de couleurs ».

Il faut noter que, parmi les artistes, on retrouve un mélange d’Indonésiens expatriés chez nous et de Québécois passionnés par le style. « Il y a des gens comme la chorégraphe et danseuse Komang Swijani qui se sont reconnectés à leur culture d’origine grâce à nos activités », raconte Laurent. 

Le 26 avril, à 19h30, nous entendrons autant des pièces traditionnelles datant de 1925 ou 1950 qu’à une composition contemporaine du montréalais Olivier Schoeser. 

Malgré ses traditions millénaires, le gamelan n’arrête pas de se transformer. « Il y a un attachement aux traditions, mais vous trouverez aussi des musiciens actuels ont une approche contemporaine radicale », nous dit Laurent Bellemare, qui mentionne qu’un de ses amis compositeur marie le gamelan à l’électronique. Pourquoi pas?

Ce samedi 26 avril, à la Salle Claude Champagne, ce sera une chouette occasion de s’initier ou de se rebrancher au gamelan, cette musique unique qui figure au patrimoine culturel de l’Unesco.

Les œuvres pour violon et piano de Johannes Brahms sont des incontournables de la musique de chambre, ici interprétées par deux virtuoses montréalais de renommée internationale : Andrew Wan, premier violon de l’Orchestre symphonique de Montréal qui mène aussi une carrière de soliste lorsque le temps le lui permet, et Charles Richard-Hamelin, pianiste lauréat du fameux Concours Chopin. Cette association fructueuse a mené à l’exploration des sonates de Beethoven et de Schumann, et puis Brahms, dont , les artistes se plongent dans ces trois œuvres dont l’interprétation sur scène sera offerte en première au festival Classica, le dimanche 27 mai. Marc Boucher explique, dans le contexte d’une longue interview fragmentée en plusieurs parties et dont c’est la troisième.

BILLETS ET INFOS

Du 23 mai au 15 juin, le Festival Classica présente 21 programmes distincts sous le thème Le classique sans limite. Le premier programme est consacré à une version symphonique des Beatles à travers différent travaux. Marc Boucher, excellent baryton désireux de donner du travail au milieu classique et aussi celui du chant lyrique, a fondé Classica et dirige toujours l’événement. Voici le deuxième fragment d’une longue interview réalisée par Alain Brunet, visant à décortiquer la programmation 2025 du festival Classica. On parle ici d’Albertine en cinq temps, version acoustique de l’opéra composé par Catherine Major selon la dramaturgie de Michel Tremblay. Samedi 24 mai !

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Dans les profondeurs du studio mixte de la faculté de musique, Nicolas Drouin, étudiant en troisième année du baccalauréat en musiques numériques, se prépare à présenter Désuétude | Courant les 24 et 25 avril dans le cadre des soirées d’Ultrasons. Accompagné par Dominic Thibault, il signe une installation visuelle et sonore qui met à l’avant-plan des objets analogiques désuets : une télévision cathodique, un tourne-disque, un projecteur à bobine et un magnétophone. Muni·es de lampes de poche, les visiteur·euses seront invité·es à explorer ces artefacts oubliés. Lorsqu’éclairés, ceux-ci se mettront en fonction et déclencheront des changements sonores. Voici notre échange au sujet de son installation.

Peux-tu nous expliquer ta démarche derrière ce projet ? 

C’est une installation interactive. J’ai travaillé essentiellement avec des photoresistors, qui sont des capteurs de lumière. Ils envoient graduellement des données quand elles reçoivent de la lumière. J’envoie ces données à mon ordinateur, et je viens contrôler plusieurs paramètres du son. Les capteurs sont installés sur plusieurs objets qui, lorsqu’ils sont illuminés à l’aide de lampes de poche, vont se mettre à vivre d’eux-mêmes. Ils vont s’allumer, se mettent à jouer, à faire des boucles.

J’utilise un adaptateur qui prend les données des capteurs et envoie du voltage aux objets. Tout ça, c’est nouveau pour moi. Je ne connaissais rien de tout ça au début de la session. J’ai appris à utiliser un microcontrôleur, une sorte de mini-ordinateur sur une petite plaquette. J’ai fait beaucoup d’électronique et de soudure. J’ai joué avec du voltage et du vieux matériel que je n’avais jamais utilisé. Des tourne-disques oui, mais des vieilles télés cathodiques, je pense que la dernière fois que j’ai utilisé ça j’avais dix ans et un projecteur à bobine je n’ai jamais utilisé ça. Je trouve qu’il y a quelque chose de fun à réemployer du matériel dont les gens ne veulent plus. Il y a toute une poétique à réemployer du matériel plus ou moins fonctionnel.

Et qu’est-ce que tu aimerais que les gens ressentent en visitant l’installation ?

J’y pensais tout à l’heure. J’ai l’impression que ça peut se déployer de plusieurs manières. Pour moi, je le vois comme un jeu. Comme une exploration qui se manifeste aussi par ma pratique où j’explore tous ces nouveaux outils. Lorsqu’on va se promener dans la pièce avec des lampes de poche, il y a cette interaction de jeu avec le matériel. D’un autre côté, ce sont des objets semi-fonctionnels. C’est aussi une réflexion sur le numérique qui met au centre de l’installation des objets analogiques que plus personne n’utilise. Tout au long de la session, j’ai médité là-dessus. Redécouvrir du vieux matériel, comprendre comment ça fonctionne, pourquoi c’était utilisé à l’époque, les limites de l’objet… c’est vraiment passionnant.

Ton installation va baigner dans une certaine obscurité et faire appel à des objets vétustes. Est-ce que tu cherches à créer une ambiance particulière, par exemple de « mettre en lumière » ces artefacts avec une lampe de poche ?

Depuis le début de la session, je me suis un peu éloigné de ça, mais il y a quand même une ambiance tendue qui s’en dégage. Une des idées que j’avais au début était de se promener dans le noir dans les bois et de tomber sur des choses étranges. Il y a un petit quelque chose de cette idée qui reste. Entrer dans une pièce obscure avec des sons étranges, c’est certain que ça peut être un peu tendu, mais à mesure que la pièce s’illumine, les sons deviennent de plus en plus consonants et on va ailleurs. 

En 2023 tu avais présenté à Ultrasons Dénaturation, une œuvre acousmatique d’écologie sonore. Est-ce qu’il y a une ligne directrice entre ces deux projets ?

C’est probablement ça la ligne directrice entre les deux : le recyclage de matériel, la réutilisation de matériel brisé ou dont les gens ne veulent plus. Je trouve qu’il y a quelque chose de beau là-dedans, quelque chose à explorer.

Y a-t-il des artistes qui t’inspirent particulièrement pour ce projet ?

Je suis probablement inspiré par tout ce qui m’entoure. J’ai regardé beaucoup de vidéos d’installations, exploré ce que d’autres artistes font. Et bien sûr, être en contact avec certains enseignant·es, ça te pousse dans des directions spécifiques, selon leur bagage. Mais je ne saurais pas nommer une influence précise.

Est-ce que c’est un projet qui va te suivre après Ultrasons?

Oui, j’aimerais vraiment continuer à le développer. En contexte académique, c’est parfois difficile d’amener un projet à son plein potentiel. Il y a des aspects que j’aimerais pousser davantage, et pourquoi pas l’installer ailleurs. C’est tout mon matériel, alors c’est faisable !

Qu’est-ce que Ultrasons représente pour toi?

C’est une manière de présenter de manière claire et concise le travail des quatre derniers mois. De mettre en évidence ma personnalité en tant qu’artiste. Et c’est vraiment agréable de découvrir ce que les autres ont fait. On en parle entre nous, mais de voir les projets en vrai, c’est quelque chose de différent. L’ambiance est détendue, les gens ont du fun à découvrir les projets. C’est une super belle expérience.

Donc rendez-vous le 24 et 25 avril 18h45-19h30 au Studio mixte de la faculté de musique de l’Université de Montréal. d’autres artistes font. Et bien sûr, être en contact avec certains enseignant·es, ça te pousse dans des directions spécifiques, selon leur bagage. Mais je ne saurais pas nommer une influence précise.

Est-ce que c’est un projet qui va te suivre après Ultrasons?

Oui, j’aimerais vraiment continuer à le développer. En contexte académique, c’est parfois difficile d’amener un projet à son plein potentiel. Il y a des aspects que j’aimerais pousser davantage, et pourquoi pas l’installer ailleurs. C’est tout mon matériel, alors c’est faisable !

Qu’est-ce que Ultrasons représente pour toi?

C’est une manière de présenter de manière claire et concise le travail des quatre derniers mois. De mettre en évidence ma personnalité en tant qu’artiste. Et c’est vraiment agréable de découvrir ce que les autres ont fait. On en parle entre nous, mais de voir les projets en vrai, c’est quelque chose de différent. L’ambiance est détendue, les gens ont du fun à découvrir les projets. C’est une super belle expérience.

Donc rendez-vous le 24 et 25 avril 18h45-19h30 au Studio mixte de la faculté de musique de l’Université de Montréal. 

Du 23 mai au 15 juin, le Festival Classica présente 21 programmes distincts sous le thème Le classique sans limite. Le premier programme est consacré à une version symphonique des Beatles à travers différent travaux. Marc Boucher, excellent baryton désireux de donner du travail au milieu classique et aussi celui du chant lyrique, a fondé Classica et dirige toujours l’événement. Voici le premier fragment d’une longue interview réalisée par Alain Brunet, visant à décortiquer la programmation 2025 du festival Classica: premier programme, Beatles symhonique, vendredi 23 mai.

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Zachary Hard présentera son installation |telemirror| dans le cadre des soirées Ultrasons à la Faculté de musique de l’Université de Montréal. Accessible dès 18h45 au local B-325, ce sera l’occasion de réfléchir à notre relation avec le monde numérique.

PAN M 360 : Peux-tu nous présenter ton projet |[telemirror]|?

Zachary Hardy : |[telemirror]| est une installation sonore inspirée par l’être humain et son rapport au monde numérique qu’il a créé au cours des quatre dernières décennies. Un monde évoluant rapidement pour permettre et faciliter l’interconnexion entre tous, dans lequel il projette sa propre réflexion. Cette réflexion se retrouve constamment altérée par ses propres acteurs jusqu’à sa désintégration par la surcharge de contenu et la masse d’utilisateurs sollicités par cet environnement. |[telemirror]| propose d’observer cette réflexion déconstruite à travers un système audiovisuel de caméras et d’écrans interconnectés où l’auditeur·rice se retrouve face à son reflet défaillant.

L’installation fait l’usage de plusieurs stations qui collectent, à l’aide d’une caméra et d’un programme de reconnaissance faciale par intelligence artificielle, les images et les positions de visage pour les envoyer à un hub principal générant un visuel projeté. Chaque station agit comme un miroir défaillant devant lequel le spectateur peut s’observer à travers une image résiduelle ou bien écouter le tout dans son ensemble bruité.

PAN M 360 : Qu’est-ce que tu aimerais que les visiteur·ses retiennent de ton installation?

Zachary Hardy : Ce que j’aimerais que les visiteur·ses retiennent de mon installation serait à quel point nous sommes plongés à travers un monde numérique, de notre propre création, et comment nous, en tant que personne, l’affectons comme acteurs de ce dernier. L’installation présente simplement un état, une réflexion de cette réalité numérique. Je tente aussi de souligner plus implicitement une certaine fragilité face à notre dépendance de plus en plus importante au média numérique pour nous connecter socialement. Un média qui, par son arrivée relativement récente et son omniprésence, risque toujours de se retrouver pris pour acquis ou d’être mal utilisé.

PAN M 360 : Ce n’est pas ta première installation : l’hiver dernier, tu présentais |MONOLITHE|À|L’OBSOLESCENCE|, et à l’automne #Board_Revival, qui abordait le gaspillage électronique. Est-ce qu’il y a une ligne directrice derrière ces différents projets? 

Zachary Hardy : Absolument, ces projets s’inspirent principalement de la technologie et de notre relation par rapport à celle-ci. Un lien qui peut aussi se faire avec ma dernière œuvre |[telemirror]|. Dans les trois cas, ces œuvres partent d’un questionnement sur notre utilisation des technologies modernes. Pour |MONOLITHE|À|L’OBSOLESCENCE| et #Board_Revival, la question posée était principalement celle du gaspillage et de l’obsolescence programmée.

Dans mon processus de création, j’ai aussi un positionnement écologique et économique à travers mes œuvres en tant qu’artiste. J’essaie toujours de prioriser la réutilisation, les dons et les prêts d’objets pour concevoir mes installations. Premièrement pour donner ou ajouter de la valeur à des objets sans utilités ou bien sous-utilisés. Deuxièmement pour me donner le défi de création tout en minimisant mon impact écologique.

PAN M 360 : Quelles sont les sources d’inspiration qui ont nourri ce projet?

Zachary Hardy : C’est principalement ma passion pour la technologie et l’esthétique noise.

Je suis premièrement parti sur l’élaboration d’un système inspiré du modèle client-serveur où les clients envoient les requêtes au serveur qui les attend. De là est arrivée l’idée de me pencher sur notre relation au média numérique qui est très orienté vers le partage de soi-même dans un environnement qui est de plus en plus axé sur la collecte d’information des usagers, d’où l’utilisation des caméras. Comme toute création humaine, toutes ces technologies sont aussi le reflet de ses créateurs et de ses utilisateurs. C’est principalement vers ce point de vue que je me suis orienté.

PAN M 360 : Qu’est-ce que Ultrasons représente pour toi?

Zachary Hardy : Pour moi, Ultrasons représente une plateforme de partage et d’échange au sein de la faculté de musique de l’UdeM. Ultrasons nous permet de présenter, après plusieurs mois de travail, le fruit de notre expérimentation à nos collègues de la communauté étudiante et à un public plus académique. Ça nous offre aussi l’opportunité d’obtenir de nouveaux retours constructifs sur nos œuvres. C’est toujours une superbe occasion d’observer différentes pratiques et artistes émergeant. Ultrasons offre aussi une grande variété d’art sonore de la musique acousmatique à l’installation en passant par la musique visuelle et la performance.

Donc rendez-vous le 23 et 24 avril 18h45-19h30 au B-325 de la faculté de musique de l’Université de Montréal. 

crédit photo : Nina Gibelin Souchon

Présentées à deux reprises dans le courant de l’année académique, soit en décembre et en avril, les soirées Ultrasons qui ont lieu à la Faculté de musique de l’Université de Montréal sont le moment de l’année pour les étudiant·es des programmes en composition de musique numérique de présenter le fruit de leur travail élaboré tout au long de la session.

Ancrées depuis plusieurs années dans la programmation événementielle de la faculté de musique, ces deux soirées qui auront lieu les 24 et 25 avril plongeront le public dans des univers sonores diversifiés et uniques. Œuvres installatives, vidéomusique et musique acousmatique, entre autres, seront à l’honneur. En amont de ces deux soirées de concerts qui mettront de l’avant le travail de la relève, Alexandre Villemaire, collaborateur à PAN M 360, s’est entretenu avec ceux qui pilotent cette série et accompagnent ces jeunes créateurs et créatrices dans leur cheminement : Myriam Boucher, Nicolas Bernier et Dominic Thibault, professeu·res à la Faculté de musique.

PAN M 360 : Pour les gens qui y seraient moins familiers, qu’entend-on par « musique numérique »? Quels sont les genres et/ou styles musicaux que ce terme englobe ?

Nicolas Bernier : Le mot « numérique » fait davantage référence aux outils technologiques (notamment l’ordinateur) qu’à un genre musical. Le fait d’explorer les technologies à leur plein potentiel mène habituellement à diverses formes d’expérimentation et à des musiques éclatées, non conventionnelles, surprenantes.

Myriam Boucher : Ce n’est pas un style musical, mais plutôt une façon de faire de la musique avec des outils numériques. Mais, globalement on pourrait dire que le terme est associé à la musique électroacoustique, à la musique expérimentale et à la musique électronique.

PAN M 360 : Quelle est la genèse de la série Ultrasons et comment s’inscrit-elle au sein de la programmation de la Faculté de musique de l’Université de Montréal et de l’année académique ?

Nicolas Bernier : Ultrasons permet de présenter l’impressionnante quantité de création qui se fabrique dans le cadre d’une session en musiques numériques. Après avoir travaillé sur son projet pendant une session, l’étudiant·e peut partager son travail avec ses collègues et le public. Ultrasons est donc un espace d’échange qui est crucial à la formation… et au plaisir d’étudier en création !

Myriam Boucher : La série est une véritable vitrine pour les étudiant·es du baccalauréat en musiques numériques. C’est aussi un moment important d’échanges, de rencontres et de partage.

PAN M 360 : À quoi peut-on s’attendre à voir et à entendre durant ces deux soirées de concerts ?

Nicolas Bernier : À l’inattendu ! C’est le principe de la création de ne pas pouvoir savoir d’avance ce qui se passera. Il y aura des œuvres vidéos, quelques installations… et une vaste quantité d’œuvres purement sonores qui seront diffusées dans des conditions impeccables utilisant notre système « plus que surround » d’une vingtaine de haut-parleurs.

Myriam Boucher : On ne sait jamais trop, car il y a autant de démarches qu’il y a d’étudiant·es ! On pourrait nommer les orientations classiques : musique acousmatique pour dôme de haut-parleurs, vidéomusique, performance audiovisuelle, projets de lutherie numérique et d’installation. Mais ces termes se limitent aux formats, alors qu’en réalité, il y a tellement de variété dans les propositions artistiques. 

PAN M 360 : En quoi une série de concerts comme Ultrasons est importante dans le parcours des étudiants et étudiantes ?

Myriam Boucher : C’est bien sûr très formateur, car ça reflète en quelque sorte la réalité professionnelle des artistes. Mais c’est aussi très formateur du point de vue de l’appartenance à la communauté et aux échanges et réflexion que cela peut offrir.

PAN M 360 : En tant qu’enseignants, quelles sont les notions que vous souhaitez transmettre à vos étudiants et étudiantes?

Nicolas Bernier : Chaque enseignant·e a sa sensibilité propre et c’est pour cette raison que les étudiant·es auront plusieur·es enseignant·es pendant leur parcours. De manière générale, les enseignant·es seraient sûrement toustes d’accord pour dire que nous cherchons à sortir de la boîte, à encourager les étudiant·es à trouver leur personnalité propre à travers leurs projets de création.

Myriam Boucher : Je dirais la passion, mais aussi la persévérance, la bienveillance envers soi-même. Aller au bout de ses idées, ce n’est pas toujours facile, car on se compare aux autres et on se confronte à nos propres insécurités. Il est important de se rappeler pourquoi on fait de la musique et pourquoi on veut la partager. Trouver sa place dans ce domaine n’est pas toujours facile et, comme enseignant·e, je pense que nous pouvons offrir certains outils afin d’accompagner ce processus.

PAN M 360 : Y a-t-il une évolution au niveau des profils que vous voyez arriver dans chaque nouvelle cohorte ?

Myriam Boucher : Je ne nommerais pas ça une évolution. Mais, c’est évident qu’il n’y a pas une cohorte qui est pareille. C’est toujours en mouvement, et ça nous oblige à rester très souple et ouvert comme enseignant·e.

Dominic Thibault : On a aussi la chance d’avoir des cohortes super diversifiées avec, à chaque année, des personnes passionnées par la création sonore sous toutes ses formes. Si leurs intérêts évoluent au rythme des préoccupations contemporaines (c’est normal iels font de l’art!), la constance, c’est leur passion pour le renouveau, la découverte et l’expérimentation avec les médiums numériques et les discours importants pour la société.

PAN M 360 : Les œuvres présentées dans le cadre des deux concerts constituent les projets musicaux des étudiants. Est-ce que vous leur laissez carte blanche ou est-ce que vous leur donnez certaines balises ?

Myriam Boucher : Iels ont carte blanche, mais ça doit bien sûr entrer dans les objectifs de notre programme : expérimentation sonore, recherche, processus, développement d’une démarche personnelle. On ne fait pas du country !

Dominic Thibault : Nous essayons de laisser autant de liberté créative que possible aux participant·e·s et essayons ensuite de les soutenir dans la présentation de leur œuvre. Pour ce faire, les enseignants travaillent très fort avec les étudiant·e·s durant le processus de création afin qu’iels réfléchissent et prennent position sur une manière accomplie de présenter leur œuvre au public.

PAN M 360 : Qu’est-ce qui caractérise le programme de composition en musique numérique de l’Université de Montréal ? 

Myriam Boucher : Nous avons le privilège d’avoir de petites cohortes et une équipe d’enseignant·es très engagée, alors nous sommes comme une petite famille. Ensuite, c’est un programme complètement unique au monde. Nous ne connaissons pas d’équivalent. 

Dominic Thibault : Notre programme se concentre à donner le temps et l’espace aux étudiantes et étudiants pour qu’ils développent leur personnalité artistique. C’est pour cette raison que les cours-projets sont au cœur de notre formation ; ils sont l’endroit où chacun peut mettre en application et approfondir de façon personnelle les connaissances acquises dans un cursus très varié et foisonnant !

Consultez le programme du jeudi 24 avril et du vendredi 25 avril.

crédit photo : Nina Gibelin Souchon

Irina Krasnyanskaya, directrice artistique de la société de concerts Pro Musica, a eu l’excellente idée de jumeler la violoncelliste Marion Portelance et le pianiste Emmanuel Laforest pour la série Mélodînes, se consacrant aux artistes émergents. Ils ont choisi Beethoven et Brahms pour unir leurs forces et faire valoir leurs potentialités musicales. L’occasion est belle de faire connaissance avec ces artistes québécois à l’aube de leur carrière professionnelle. Alain Brunet a mené l’interview pour PAN M 360.

Questions à Marion Portelance:

“Nommée en 2023, par la CBC, parmi les 30 jeunes musiciens les plus prometteurs au Canada, Marion Portelance, violoncelliste, se produit comme soliste avec des orchestres à Montréal, Londres et en France. Chambriste active, elle performe au Royaume-Uni, Etats-Unis, Canada ainsi qu’en Suisse. Ayant reçu divers prix de concours canadiens et britanniques, elle a l’honneur de jouer en 2023 sur le violoncelle du Roi Charles III pour le concert du Couronnement au Château de Windsor, diffusé par la BBC.”

PAN M 360 : Marion, plusieurs mélomanes vous ont découverte au couronnement du Roi Charles III, plutôt qu’à vos véritables exploits vous menant vers une carrière internationale, notamment avoir été nommée parmi les 30 meilleurs jeunes musiciens canadiens par la CBC. Alors?  Quelles ont été les retombées de ces faits d’armes?

Marion Portelance: Je suis vraiment reconnaissante de la visibilité que m’a apportée cet événement hors du commun. Le couronnement m’a certainement fait connaitre d’un plus grand public et m’a donc apporté une certaine notoriété. Toutefois mon cheminement comme musicienne ne s’y limite pas et je dirais en fait que les magnifiques opportunités qui se sont présentées à moi par la suite n’avaient pas nécessairement ou concrètement de lien avec cet événement. Elles découlent plutôt de mes auditions et des précieuses rencontres que j’ai pu faire à Londres au cours de mes dernières années d’études.

PAN M 360: Quels ont été vos professeurs les plus marquants?

Marion Portelance: Mes 3 professeures qui m’ont accompagnée pendant plusieurs années! J’ai eu la chance d’étudier auprès de 3 femmes exceptionnelles qui ont su m’inspirer, me transmettre leur passion et leur savoir-faire, et me permettre de me découvrir et m’épanouir comme jeune musicienne. J’ai commencé mon apprentissage du violoncelle avec Janick Simard jusqu’à mon entrée au Conservatoire, où j’ai poursuivi mes études auprès de Carole Sirois. Ce n’est qu’après mon baccalauréat que je suis allée à Londres afin d’étudier sous la tutelle de Melissa Phelps au Royal College of Music.

PAN M 360 : Vos violoncellistes préférés?

Marion Portelance: Il y en a tellement, c’est difficile de choisir, mais je dirais certainement Jacqueline du Pré. Elle était d’ailleurs une amie très proche de ma professeure Melissa Phelps. Je suis encore davantage touchée lorsque j’écoute ses performances, connaissant maintenant son parcours personnel grâce à ma professeure.

PAN M 360 : Quels sont vos objectifs professionnels?  Orchestre? Musique de chambre? Soliste? Un mélange de tout ça?

Marion Portelance: Pour le moment, un mélange de tout ça! Je suis tombée en amour avec la musique orchestrale et l’expérience de jouer dans un orchestre symphonique lorsque j’étais au secondaire. J’ai toujours rêvé de faire partie d’un orchestre. Je suis actuellement en essai avec le London Philharmonic Orchestra, c’est donc un rêve qui devient réalité. J’ai aussi eu l’opportunité de me joindre au Chamber Orchestra of Europe et j’ai fait quelques projets d’orchestre de chambre sans chef d’orchestre, ce qui fut absolument révélateur!

J’ai découvert une passion pour la musique de chambre il y a quelques années avec mon Quatuor Vatra (quatuor avec piano, Montréal) et j’ai eu le privilège de faire énormément de musique de chambre depuis mon arrivée à Londres. Je viens de rejoindre le Fiora Quartet, quatuor à cordes londonien, et je suis très excitée des projets futurs avec eux. Je suis bien sûr toujours aussi passionnée du répertoire pour violoncelle et piano. C’est pour moi le plus grand des privilèges de revenir jouer à Montréal et faire ces concerts cette semaine aux côtés d’Emmanuel!

PAN M 360: Quels répertoires aimez-vous explorer en tant que violoncelliste?

Marion Portelance: J’aime faire de tout! Mon parcours à date a majoritairement gravité autour du large répertoire classique, mais j’adore explorer la musique contemporaine et je suis également toujours heureuse de participer à des projets qui sortent du cadre classique. 

Questions à Emmanuel Laforest:

“Emmanuel Laforest se distingue par les nombreux prix qu’il a reçus, notamment en 2022 et 2024 : prix de la Fondation du Conservatoire, 1er prix du concours de concerto du Conservatoire de Montréal, Grands prix au Concours de musique du Canada, Concours de musique de la Capitale et au Concours Classival de Valleyfield. En 2021, il gagnait le 1er et le grand prix, volet concerto, du concours de Sorel. En tant que soliste, il a joué avec plusieurs orchestres canadiens.”

PAN M 360: Vous voyez-vous comme un pianiste volontairement polyvalent ou l’êtes-vous par la force des choses? Ou un peu des deux?

Emmanuel Laforest : Je suis un musicien avant tout. J’aime être pianiste de concert, j’aime la direction d’orchestre, l’accompagnement, la musique de chambre, le jazz, etc. J’adore pouvoir explorer toutes ces différentes branches, qui me permettent de me développer en tant qu’artiste complet et me font découvrir différentes façons de partager mon amour de la musique.

PAN M 360 : Vous vous êtes démarqué dans d’importantes compétitions canadiennes, comptez-vous vous mesurer dans des compétitions internationales?

Emmanuel Laforest :  J’aimerais bien, éventuellement, participer à divers concours à l’étranger. Participer à de tels concours n’est pas obligatoire pour faire carrière comme pianiste, mais il s’agit d’une belle carte de visite. Cela permet aussi de vivre des expériences enrichissantes : les concours internationaux sont des lieux où l’on rencontre les étoiles montantes du monde musical de demain.

PAN M 360: Comment décririez-vous les principaux traits de votre personnalité pianistique?

Emmanuel Laforest : Je pense être un musicien sensible, et ma musicalité semble toucher le public, selon les commentaires que je reçois. Ma passion sincère pour la musique et le respect du texte sont des valeurs essentielles à ma démarche !

PAN M 360 : Avez-vous des influences marquées dans votre jeu?

Emmanuel Laforest : J’ai eu la chance de travailler avec plusieurs grands maîtres : Richard Raymond, Serhiy Salov, Mathieu Gaudet, Charles Richard-Hamelin, qui m’ont beaucoup  façonné comme pianiste. À l’international, j’ai eu la chance de jouer pour Louis Lortie et Benedetto Lupo, et leurs conseils ont profondément influencé mon jeu. J’ai d’ailleurs été de nouveau invité cet été par ces deux maîtres dans le cadre de plusieurs stages à Charlevoix et en Italie, où je pourrai me perfectionner à leurs côtés.

PAN M 360: Avez-vous des compositeurs de prédilection?

Emmanuel Laforest : Sergueï Rachmaninov est mon compositeur fétiche (on vous réserve une surprise à la fin du récital !). J’adore également la musique des grands compositeurs comme Chopin, Jacques Hétu, Beethoven, Brahms…

PAN M 360. Questions au sujet du programme et de votre relation professionnelle :

Emmanuel Laforest : : Comment avez-vous décidé de jouer ensemble?

Marion et moi sommes collègues de longue date. On s’est rencontrés pour la première fois quand je suis entré au Conservatoire de Montréal, il y a cinq ans. On s’est croisés à de multiples reprises lors de concours régionaux auxquels on participait en même temps, on suivait les mêmes cours au Conservatoire, etc. Puis elle a terminé son diplôme et est partie étudier à Londres.

C’est la directrice artistique de Pro Musica, Irina Krasnyanskaya, qui nous a jumelés et proposé ce concert. On était super heureux de travailler ensemble. Avant même qu’on nous propose ce concert, j’avais déjà contacté Marion dans l’optique de collaborer. Je suis donc très heureux que ce projet se réalise enfin.

PAN M 360 : Quels sont les répertoires explorés à deux jusqu’à maintenant?

Emmanuel Laforest : Nous avons seulement exploré le répertoire du concert de demain, mais nous vous avons préparé quelques surprises. Nous espérons collaborer de nouveau prochainement dans un programme différent, basé autour de la Sonate de Rachmaninov.

Questions sur le programme

PAN M 360 : Pourriez-vous commenter sommairement les œuvres au programme, soit deux duos entrecoupés de 4 mazurkas de Chopin ?

Emmanuel Laforest : Le programme que nous vous proposons est à la fois riche en émotions et en contrastes, basé sur trois grands compositeurs, qui ont en commun le romantisme et l’aspect virtuose de leur musique.

La Sonate pour violoncelle et piano no 3 en la majeur, op. 69 de Beethoven ouvre le concert avec toute la vivacité et la noblesse propres au style classique. Cette œuvre met en valeur le dialogue égal entre les deux instruments, dans un esprit presque concertant, élégant, et rafiné. 

Suivra la Fantaisie op. 49 de Chopin, une œuvre pour piano solo empreinte de lyrisme et de passion. Cette pièce, que j’interpréterai seul, représente un moment introspectif et profondément romantique au cœur du programme.

En deuxième partie, nous vous offrons la Sonate pour violoncelle et piano no 1 en mi mineur, op. 38 de Brahms, une œuvre majestueuse, dense et émotive, où la richesse harmonique se conjugue à une grande expressivité mélodique. C’est un véritable voyage intérieur que nous clôturons sur une note d’intensité dramatique et de profondeur.

Ludwig Van BEETHOVEN, Sonate pour violoncelle et piano No. 3 en la majeur, op. 69
I. Allegro, ma non tanto
II. Scherzo. Allegro molto – Trio
III. Adagio cantabile  – Allegro vivace

Frédéric CHOPIN, 4 Mazurkas, op. 17

Johannes BRAHMS, Sonate pour violoncelle et piano no.1 en mi mineur, op. 38
I.Allegro non troppo
II. Allegretto quasi minuetto
II. Allegro

PAN M 360 : Quels sont vos projets en duo et/ou autres?

Marion Portelance : Nous espérons pouvoir rejouer ensemble bientôt, mais pour le moment je repars à Londres pour LPO et mon quatuor majoritairement. J’ai particulièrement hâte de rejouer pour les BBC Proms au Royal Albert Hall en septembre! 

Emmanuel Laforest :  Je termine ma maîtrise en piano au Conservatoire de Montréal le 4 mai prochain. Je participerai à trois stages en Italie et au Québec. Parallèlement à des études en direction d’orchestre, je jouerai, à titre de soliste, la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov avec la Sinfonia de Lanaudière en février 2026. Je donnerai également un récital solo à Lanaudière lors de la saison 2025-2026. Je me prépare aussi à divers concours internationaux. Beaucoup de projets stimulants à venir !

Il y a trois ans, un groupe de Colombiens-Montréalais a commencé à faire de la musique basée sur des rythmes afro-colombiens de la côte atlantique. En est issu Raíz Viva, un groupe de cinq musiciens associés à un groupe de danse afro-colombienne. 

Raíz Viva est un groupe de percussion festif, mais également engagé. Ils sont quatre Colombiens et un Brésilien, plus les danseuses. Ensemble, ils essaient de faire des ponts avec d’autres cultures, dont le trad québécois. Raíz Viva fera partie de la finale des Syli d’Or, ce vendredi 25 avril au Théâtre Fairmount. Michel Labrecque s’est entretenu avec Nicolas Segura, membre fondateur du groupe. 

Groupe phare du mouvement post-punk à la charnière des années 1970 et 1980, Gang of Four a marqué les esprits dès la sortie de son premier album, Entertainment!, salué par la critique et toujours reconnu comme une œuvre majeure du genre. L’album est souvent cité comme une pierre angulaire du post-punk, mais aussi comme une référence du dance-punk, de l’art punk et du funk-punk. Les textes incisifs, satiriques, du chanteur Jon King s’inspirent des théories situationnistes, mais aussi des réflexions de penseurs tels que Michel Foucault, Jacques Lacan, du féminisme et de la théorie de l’aliénation selon Marx.
Parmi les thèmes abordés, on trouve la marchandisation des relations humaines (« Natural’s Not in It », « Return the Gift »), la condition ouvrière (« At Home He’s a Tourist »), la critique de la théorie du Grand Homme (« Not Great Men »), la répression politique pendant les Troubles en Irlande du Nord (« Ether »), les théories sur les médias (notamment celles de Guy Debord et la « Société du spectacle »), ou encore la manière dont les médias relatent le terrorisme et la guérilla maoïste en Amérique latine (« 5.45 »). La formation de Leeds détourne aussi les codes des chansons d’amour traditionnelles pour en dévoiler les ressorts idéologiques, notamment à travers des morceaux comme « Anthrax » et « Contract », qui questionnent l’amour romantique, ou « Damaged Goods » et « I Found That Essence Rare », qui déconstruisent les représentations classiques du désir et du sexe.

La pochette d’Entertainment!, conçue par Jon King, reflète directement l’influence de l’Internationale Situationniste. On y voit un « indien » et un « cow-boy » se serrant la main, déclinés en trois images stylisées, issues d’un film de la série Winnetou, qui, en Allemagne de l’Est à l’époque, étaient interprétés comme des critiques du capitalisme. Le traitement visuel réduit les visages à des aplats rouges et blancs, évoquant des clichés raciaux. Autour de l’image s’inscrit une phrase acerbe :

« L’Indien sourit, il pense que le cow-boy est son ami. Le cow-boy sourit, il est content que l’Indien soit dupe. Il peut maintenant l’exploiter. »

Cette image illustre non seulement le thème de l’exploitation, mais critique aussi la manière simpliste dont les médias et la culture populaire schématisent les conflits ethniques, sociaux ou politiques.

Afin de souligner les 45 ans de cet album emblématique, les Gang of Four viendront nous visiter lors dune ultime tournée, adéquatement intitulée The Long Goodbye Tour. Lors de cette soirée unique, la formation britannique interprétera, dans un premier temps, Entertainment! dans son intégralité, pour ensuite revenir sur scène avec un florilège de titres majoritairement tirés des deux albums qui suivirent, soit Solid Gold et Songs of the Free

À la suite du décès du guitariste Andy Gill en 2020 et tout récemment du bassiste Dave Allen, le chanteur Jon King et le batteur Hugo Burnham seront accompagnés du guitariste Ted Leo et de la bassiste Gail Greenwood. 

Quelques jours avant le début de ce long dernier adieu, PAN M 360, sous la plume de Patrick Baillargeon, s’est entretenu avec Hugo Burnham, qui a troqué momentanément son rôle de professeur au Endicott College, dans le Massachusetts, pour celui de gardien du tempo. Le difficile retour derrière la batterie, les amis disparus, et bien entendu, la création du désormais mythique Entertainment!, Hugo Burnham, affable, généreux, parfois ému, a fouillé dans ses souvenirs, nous livrant au passage quelques anecdotes inédites.

PAN M 360: Tout d’abord, je voulais te présenter mes sincères condoléances pour le récent décès de ton ami et complice, Dave Allen, le bassiste original de Gang of Four. C’est très triste. Je pense qu’il serait intéressant de parler un peu de lui, si tu le souhaites. Comment vous êtes-vous rencontrés ?

Hugo Burnham:  Lorsque Jon (King, voix), Andrew (Gill, guitare) et moi-même avons créé le groupe, nous avions un bassiste appelé Dave Wolfson, qui était vraiment un jazzman. Mais il était dans le milieu, il avait des amis communs et tout ça. Nous avons joué deux concerts avec lui en avril et mai 77, ou 76. Je ne me souviens plus de l’année, mais quoi qu’il en soit, l’été est arrivée et Jon et Andrew sont partis à New York. À leur retour, nous avons réalisé que Dave Wolfson ne nous convenait pas vraiment. J’ai donc affiché un flyer dans le bar de l’université disant : « cherche un bassiste R-I-V-V-U-M and blues ». C’était une sorte de code. Rien à voir avec ce que l’on appelle aujourd’hui le rhythm and blues, qui est essentiellement de la musique urbaine. Mais cela signifiait Dr. Feelgood, du pub rock, les Coasters, tout ce qui est de cette nature.

Dave venait de quitter le Nord-Ouest pour s’installer à Leeds, littéralement à la recherche d’un groupe. Il avait passé des années dans des groupes de reprises et de jazz. Il est donc venu nous voir. Cela nous a semblé facile, naturel, dès le début. D’un point de vue social, il s’intégrait bien à nous, mais c’était surtout un vrai musicien, contrairement à nous tous. Lorsque nous avons commencé à répéter et à écrire ensemble, il y avait des « Hé, Dave, tu joues trop de notes », ou « Super quatre notes, maintenant fais en deux ». C’était ce genre de choses, mais nous nous sommes tellement bien entendus. Et chacun d’entre nous a trouvé son rôle. Comme Jon, Andrew et moi étions de jeunes étudiants qui allaient en cours de temps en temps, et que Dave ne l’était pas, il a endossé le rôle de booker. Parce que nous n’avions pas de manager, pas d’agent, nous étions des idiots qui faisaient n’importe quoi. Et en plus chez lui, il y avait un téléphone, ce qui n’était pas la norme. Je veux dire, essaie d’expliquer cela aux gens de nos jours… C’est ce qu’il faisait, entre autres choses. La transition s’est faite très facilement vers un partenariat non seulement créatif, mais aussi amical avec Dave.

PAN M 360 : Quelle a été sa contribution à Gang of Four ? Il avait un style de jeu de basse tout à fait unique, et ce son impressionnant qu’il était capable de créer…
Hugo Burnham : Au début, nous répétions et écrivions tous ensemble ; nous nous disputions sans cesse, nous nous testions mutuellement, nous nous poussions les uns les autres. Sa contribution était donc celle d’un partenaire à part entière. C’est un peu comme les quatre éléments que sont la terre, le vent, le feu et l’eau, ils sont complètement différents, mais ils se fondent ensemble pour créer cette planète sur laquelle nous vivons. C’est un peu exagéré, mais tu vois ce que je veux dire. Quatre éléments totalement différents qui ont travaillé ensemble pour créer quelque chose de féroce et de merveilleux. C’est ce que nous voulions faire et c’est ce que nous avons fait.

PAN M 360 : Était-il question qu’il participe à cette tournée, ou était-il trop malade ?
Hugo Burnham : Nous savions que Dave n’était pas très bien depuis quelques années. En 2020, avant que la Covid ne mette le monde à l’envers, et quand Andrew est mort (de la Covid), nous avions espéré faire une vraie réunion, et cette réunion impliquait Dave. Mais une fois que nous sommes sortis de là et que nous sommes arrivés à la fin de l’année 2021, il est devenu clair que Dave n’était pas vraiment en mesure de venir jouer avec nous. C’est alors que nous avons retrouvé Sara Lee, notre Sara Lee, qui avait également pris sa retraite après une carrière époustouflante avec tant de gens brillants, que ce soit les B-52 ou Ryuichi Sakamoto. Sara Lee est vraiment une superstar. Mais Sara a de nouveau pris sa retraite l’année dernière.

Nous avons maintenant Gail Greenwood, de Belly et de L7, qui apporte une toute autre ambiance et rafraîchit vraiment les choses, et qui donne un coup de fouet. Je dois dire que j’ai eu une chance extraordinaire, en tant que batteur, de jouer avec ces bassistes. Je ne pense pas être un batteur brillant, mais je le suis devenu en jouant avec Dave. Nous formions quelque chose, nous nous comprenions, nous travaillions si bien ensemble, et c’était terrifiant quand il a quitté le groupe (en 1981, pour former Shriekback avec l’ancien XTC Barry Andrews). Je ne savais pas ce que j’allais faire, mais Sara est arrivée, c’était génial. Bien qu’avant Sara, pendant quelques semaines après le départ de Dave, nous avions Busta « Cherry » Jones, qui avait joué avec Talking Heads, Eno, Chris Spedding, Sharks, Parliament et bien d’autres (dont Pagliaro !). Il nous a rejoints pour terminer une tournée et c’était extraordinaire. Il était brillant, fou… encore un qui s’intégrait parfaitement à l’équipe. Pas seulement sur le plan musical, mais aussi sur le plan social et tout le reste. Mais en fin de compte, cela n’a pas fonctionné. Il vivait à New York, il avait d’autres choses à faire, alors Sara est arrivée.

Après mon départ (1983), Jon et Andrew ont continué avec d’autres personnes, puis nous nous sommes tous retrouvés brièvement de 2005 à 2006, et en 2012, Andrew a continué avec trois jeunes musiciens. Donc c’est une grande joie que de se retrouver pour une dernière tournée, mais cela aurait été merveilleux si Dave avait pu se joindre à nous… Lorsque nous avons joué au Cruel World Festival en Californie en 2023, nous avons également fait quelques concerts à San Francisco. Tout le monde est ensuite rentré chez soi, mais Jon et moi avons pris l’avion jusqu’à Portland pour aller passer une journée avec Dave et sa famille. Tout le monde savait qu’il n’allait pas très bien, mais il était en pleine forme ce jour-là et nous avons passé un agréable moment ensemble. C’était vraiment bien. Il nous manque terriblement. C’est vraiment… (étouffe un sanglot)… Même si nous savions qu’il n’allait probablement pas durer très longtemps, c’est toujours un coup de poing dans le cœur. 

PAN M 360 : Tu mentionnais Andy Gill, dont la disparition en 2020 est également très triste. Lui aussi avait un son tout à fait unique. Avez-vous eu du mal à lui trouver un remplaçant ?
Hugo Burnham : C’était vraiment un dilemme pour nous. Comment remplacer un son, une ambiance et une attitude comme celles d’Andy ? Beaucoup de gens ont dit, oh, vous savez, n’importe qui ayant déjà joué de la guitare pour les Red Hot Chili Peppers ferait l’affaire, ce genre de choses. Un de mes amis m’a suggéré David Pajo (Slint). Ne connaissant rien de l’histoire de David, j’ai commencé à enquêter sur Slint et sur tout ce que David avait fait. Je me suis rendu compte qu’il avait l’air d’être quelqu’un de brillant. Je l’ai donc contacté et lui ai demandé s’il était intéressé. Nous ne voulions pas de quelqu’un qui se contente de copier tout ce qu’Andy avait fait… Nous avons passé de bons moments avec David. Et puis, à la fin de l’année dernière, il a voulu se concentrer sur d’autres choses. Je pense qu’il avait vraiment besoin d’un peu de stabilité. Nous avons donc maintenant Ted Leo, qui est… je veux dire, les gens devraient connaître Ted, il existe depuis 100 ans. Il est arrivé sur la scène hardcore de New York et D.C. il y a des années. Il est plus jeune que nous. Mais tout le monde l’est, sauf Bill Wyman (rires).

PAN M 360 : Pour cette tournée spéciale, allez-vous vous concentrer uniquement sur Entertainment! ?

Hugo Burnham: Cette fois-ci, nous focalisons vraiment sur Entertainment!. Nous sommes donc quatre sur scène et nous faisons deux sets. Nous voulions vraiment que ce soit comme, et je sais que ça peut paraître loufoque, « une soirée avec les Gang of Four ». En d’autres termes, dès que tu mettras les pieds dans la salle, les chansons que tu entendras avant le spectacle seront celles que nous aurons choisies. Les visuels seront ceux que nous aurons choisis. Nous jouerons Entertainment! morceau par morceau, jusqu’au bout, pour honorer le 45e anniversaire de sa parution au Royaume-Uni. C’était en 1979 en Amérique du Nord et partout ailleurs, mais au Royaume-Uni, c’était au début de l’année 1980, cela fait donc 45 ans. Et il est intéressant de noter que pour ce show à Montréal, cela fera presque exactement 45 ans que nous y avons joué pour la première fois, c’était le 9 mai 1980, au Broadway Live!

PAN M 360 : Et pour le deuxième set ?

Hugo Burnham : Après le set Entertainment!, nous ferons une petite pause et nous reviendrons pour faire ce que nous appelons un best of the rest. Nous jouerons des chansons d’autres albums, principalement de Solid Gold et Songs of the Free. C’est beaucoup de travail pour une bande de vieux, deux sets entiers. Il n’y a pas de première partie, tout le monde doit arriver assez vite après l’ouverture des portes, parce que ce n’est plus comme à l’époque où nous montions sur scène à 23 heures (rires). J’ajouterais que des exemplaires des récentes mémoires de Jon, To Hell with Poverty! seront disponibles sur place et que Jon procèdera à une séance de signature après le concert.

PAN M 360 : Il n’y a donc pas de nouvelles chansons dans ce spectacle ?
Hugo Burnham : Aucune nouvelle chanson. Toutes les chansons que nous allons jouer proviennent des deux, voire des trois premiers albums et nous jouons une chanson, intitulée I Parade Myself, dont je ne suis pas sûr qu’elle ait été enregistrée sur un album, peut-être sur Content, je ne m’en souviens pas. C’était l’une des chansons des années Jon et Andy, un morceau fantastique. Pour certaines des chansons d’Entertainment!, il y en a que nous n’avons pas jouées depuis 1980. Comme pour Guns Before Butter, quand j’ai commencé à réécouter ce morceau pour me rappeler comment le jouer, j’ai pleuré. Je me suis dit que j’étais trop vieux pour ça. Ou Contract c’est une chanson très difficile et rapide. Quand on a 23 ans, qu’on est plein de fougue, on peut faire ce genre de choses. Ce n’est plus le cas aujourd’hui. Nous les avons donc quelque peu adaptées.

PAN M 360 : Jouer l’intégralité d’Entertainment! en ces temps étranges semble tout à fait approprié. Mais à l’époque de la création de l’album, quelles étaient vos sources d’inspiration, tant au niveau des paroles que de la musique ?
Hugo Burnham : Feelgood, Free, Jimi Hendrix, Parliament Funkadelic, Can, Hawkwind… Nous partagions de grandes passions musicales. Et comme tout groupe d’artistes, lorsque vous vous réunissez, vous travaillez à partir de ces éléments communs. Il est possible de dire quelles chansons ont été écrites parce que j’essayais de jouer comme Simon Kirk dans Free, ou parce que j’étais influencé par le reggae. Damaged Goods est très influencée par le reggae et le ska, avec lesquels nous avons tous grandi en Angleterre, bien sûr. Cela faisait partie d’un tout. Il n’y avait pas de stations de radio noires d’un côté et de stations pop de l’autre. Il n’y avait qu’une seule et même chose. Cela faisait donc partie de notre ADN. Et puis, en tâtonnant, on commence à trouver son propre son. Et je pense que du point de vue des paroles, on évitait de tomber dans l’évidence, de chanter sur les voitures et les filles, de se saouler et de mal se comporter… Il y avait quelque chose de plus subtil dans nos paroles, nous étions très attentifs à la façon dont les gens interagissaient entre eux, et avec les choses qui les entouraient, sur le plan émotionnel, social et politique. Tout est politique, non ?

PAN M 360 : Et comment cet album a-t-il été créé ?
Hugo Burnham : Eh bien, nous avons joué pendant au moins 18 mois, deux ans peut-être, en développant et en construisant les chansons. Et nous avions eu beaucoup de succès avec notre premier EP/single indépendant, Damaged Goods, qui contenait Armalite Rifle et Love Like Anthrax. Et cela nous a soudainement permis d’attirer l’attention de la presse musicale. Je veux dire que nous avons apprécié le fait que soudainement, après avoir été ignorés pendant un certain temps par l’ensemble de l’industrie, tout le monde voulait que nous fassions un disque. C’est ce qui se passait à l’époque. Il y avait pas mal de labels qui espéraient nous signer. Ils avaient l’impression d’être passés à côté des Clash. Ils ont donc opté pour quelque chose de similaire, même si nous n’étions pas aussi bien habillés qu’eux (rires). Et pour être honnête, nous avons refusé beaucoup d’argent de la part d’autres grands labels pour signer avec EMI. Parce qu’au lieu d’avances énormes, nous avons obtenu des taux de redevance nettement plus avantageux. Pour l’époque, nous avions un contrôle créatif total. Tant que le label était techniquement capable d’enregistrer un disque à partir de ce que nous avions fourni lors de nos sessions d’enregistrement. Ils ne pouvaient pas le refuser sous prétexte qu’il ne sonnait pas juste ou qu’il n’était pas assez commercial.

Au fil des ans, nous avons commis des erreurs qui nous ont éloignés du label. Je veux dire, la fameuse histoire de notre refus de jouer à Top of the Pops… qui a vraiment paralysé notre progression (le groupe a quitté l’émission lorsque la BBC leur a demandé de chanter « rubbish » à la place de « rubbers », car le texte original était considéré comme trop risqué). Cette émission permettait d’accéder à un public plus vaste. Tout le pays regardait Top of the Pops. Ce fut donc décevant. Quoi qu’il en soit, nous avons réalisé Entertainment! dans un studio du Sud de Londres appelé The Workhouse, où Ian Dury et les Blockheads avaient enregistré New Boots and Panties, un album que nous adorions. Et nous aimions le fait que ce n’était pas un grand studio du West End ou du centre de Londres. C’était un peu en retrait, mais assez groovy. Et c’était le studio de Manfred Mann. Ce n’était pas la session la plus facile à réaliser par contre. J’ai trouvé cela très difficile. J’ai beaucoup souffert de ce que j’appelle la fièvre de la lumière rouge. Parce que la façon dont nous faisions les chansons était la suivante : nous commencions avec Dave et moi, Andrew se contentant de jouer pour nous aider à poser la basse et la batterie. Et la façon dont le studio était conçu, la salle de contrôle était à l’étage et les gens dans la cabine regardaient en bas à travers la vitre. C’était vraiment oppressant, et je n’étais pas très confiant. C’était tout le temps : « Non ! Refais-le, refais-le ! ». Et l’ingénieur n’était pas assez intelligent pour nous laisser continuer. Si on faisait une erreur, il s’arrêtait. C’était vraiment un peu déstabilisant. C’était aussi assez difficile avec l’ingénieur parce qu’il ne comprenait pas ce que nous essayions de faire. Il s’agissait de faire un disque qui sonnait comme nous l’entendions. Il ne s’agissait pas d’une série de traitements, tu sais, avec de la réverbération et tout le reste. Nous voulions un son sec, sans artifice. Et c’était un anathème pour lui. Ce n’était donc pas facile, mais nous aimions ce que nous avions fait… Dans les semaines qui ont précédé l’enregistrement, nous sommes allés nous isoler dans une ferme au milieu du Pays de Galles, où nous avons répété toute la journée et écrit ces chansons. Je pense que Not Great Men est née de cette session, et c’est l’une des chansons les plus brillantes et durables que nous ayons jamais écrites.

PAN M 360 : Et comment est née la chanson Love Like Anthrax ? Parce qu’elle était tout à fait unique avec sa guitare maniaque et ses paroles superposées. 

Hugo Burnham : Nous voulions faire quelque chose qui saute aux oreilles des gens, quelque chose de maladroit, d’étrange et d’extrême. Et il y avait ce truc à la Godard, tu vois? Un écran ici, un écran là. Il y a donc Jon qui chante et Andrew qui marmonne quelque chose de l’autre côté, à contre-courant. Il y a donc deux choses qui se passent en même temps. Et puis, bien sûr, le clin d’œil à Jimi Hendrix dans le feedback extrême. Les gens ont été stupéfaits, soit ils ont détesté, soit ils ont dit « wow » ! Et c’était génial parce que ce n’était jamais tout à fait la même chose chaque fois que nous la jouions en concert, et elle fait toujours autant délirer les gens aujourd’hui. Comme je l’ai dit, nous voulions faire des choses qui n’étaient pas prévisibles et, en même temps, qui étaient intéressantes pour nous. Je veux dire que c’était amusant quand nous avons commencé, en faisant des chansons punk idiotes, ou quand nous jouions une chanson des Ramones et d’autres reprises, c’était amusant. Mais ensuite, nous voulions faire quelque chose qui nous mette au défi les uns les autres, ainsi que notre public.

PAN M 360 : Au fil des ans, Entertainment! a gagné un peu en popularité, mais surtout en respect.

Hugo Burnham : Oui. Comme nous l’avons dit par le passé, nous étions en quelque sorte la version du Velvet Underground de notre génération ; tous ceux qui nous ont vus ou entendus ont monté un groupe et ont eu du succès (Nirvana, Red Hot Chili Peppers, Franz Ferdinand…), mais nous n’avons jamais vendu de disques. Tu sais, pour tous ceux qui ont dit « Oh mon Dieu, sans Gang of Four, nous n’aurions jamais existé », ou « Oh mon Dieu, ils ont été si influents », si on avait un dollar pour tous ceux qui ont dit ça… Les chansons que nous écrivions et les paroles que Jon créait à la fin des années 70 sont toujours aussi pertinentes. C’est comme si on était toujours d’actualité, encore plus aujourd’hui, je dirais… Et je pense que c’est en grande partie pour cela que nous touchons une corde sensible chez beaucoup de jeunes. Depuis que nous nous sommes réunis en 2022, 30% à 40 % de notre public a moins de 30 ans, ce qui est encourageant. Et il ne s’agit pas seulement de vieux bedonnants comme moi qui amènent leurs enfants adolescents au concert. Les gens… Ils l’entendent, ils y réagissent, ils viennent nous voir. C’est génial, je suis content que notre public ne soit pas uniquement composé de sexagénaires comme nous. Venez donc voir si nous pouvons jouer deux sets entiers sans nous évanouir !

Gang of Four – The Long Goodbye

22 avril 2025
Théâtre Beanfield – 2490 Notre-Dame St W, Montreal Quebec H3J 1N5

Portes: 19h
Spectacle: 20h

Tous ages

Billets: https://www.ticketmaster.ca/event/31006184C9C830E4…

Premiere photo par Jason Grow Photography

Le Centre des Musiciens du Monde (CMM) de Montréal et Traquen’art présenteront un concert de chant diphonique mongol le jeudi 24 avril 2025. Au-delà de ce concert, c’est une semaine de tournée et d’activités qui occupera le duo formé de Nasanjargal Ganbold, Mongol basé en Allemagne et promoteur de cette culture ancestrale en Europe, et Johanni Curtet, Français et rare occidental à maîtriser la technique authentique du khöömii (prononcé avec un H expiré, ‘’Hhhoomii’’). Cette technique est la raison derrière les sons épatants, fascinants, qui sortent de la bouche des artistes vocaux mongols (et désormais quelques occidentaux) et que l’on associe spontanément à l’univers culturel de la Mongolie, avec Gengis Khan, les courses de chevaux, le ciel bleu presque infini, les vastes steppes et les yourtes blanches. 

À LIRE : THÈSE DE JOHANNI CURTET SUR LE KHÖÖMII (EN LIGNE)

Ganbold et Curtet passeront la semaine dans l’est du Canada, en donnant, en plus de la prestation de jeudi au CMM, un concert à Québec (avec l’ensemble Oktoecho), un autre à Toronto, au Small World Music Center, puis un atelier d’introduction à cette technique à la Maison de la culture Ahuntsic, le dimanche 27 avril. L’atelier sera une occasion en or pour tous ceux et celles qui souhaitent oser se frotter à cet art unique et complexe. Parions que certains growlers de métal pourraient s’y présenter et avoir même une certaine facilité à l’acquérir! L’invitation est lancée à ceux qui se reconnaissent!

Démonstration de khöömii par Johanni Curtet :

Johanni Curtet

Dans l’entrevue que j’ai réalisée avec Johanni Curtet, nous avons exploré plusieurs aspects du khöömii, ainsi que ce qui a amené ce jeune Français d’abord allumé par le Grunge de la fin des années 1990 à se passionner pour des techniques de contrôle musculaire guttural dont l’origine est perdue dans le tempes et sujette à plusieurs hypothèses anthropologiques.

Curtet voulait d’abord faire de la musique, ce à quoi son père musicien a répondu par des cours de guitare classique. Mais quand il a voulu chanter, on lui a fait comprendre que ça n’allait pas, car il le faisait mal (et très faux). Un jour, il voit à la télé un ethnomusicologue, Trân Quang Hai, parler de la technique du khöömii (qui veut dire simplement ‘’pharynx’’). Il est jeune, il est impressionné par ces sons, mais ne retient pas le nom du savant. Pendant des années, il s’essaie par lui-même à répéter ces sonorités. C’était probablement très loin de la vraie chose, mais ça l’habite continuellement, en parallèle de ses études instrumentales au Conservatoire. Au cours de cette formation, il apprend les rudiments des voix du monde, et voilà que se présentent les chants de gorge Inuit et le fameux khöömii! Il peut désormais mettre des mots sur ces sons qui le fascinent tant depuis longtemps. Il bifurque alors vers l’ethnomusicologie pour finalement réaliser sa Maîtrise avec… Trân Quang Hai. 

De bourses d’études en voyages d’initiations, il perfectionne ses connaissances et surtout sa maîtrise de ce genre musical avec des professeurs parmi les meilleurs en Mongolie. Et puis il crée des projets de groupes musicaux, il initie des collaborations, il fonde une ONG franco-mongole (Routes nomades) et commence à partager son amour et ses connaissances du khöömii à travers le monde, dont maintenant au Canada avec cette courte tournée. 

La rencontre avec Gambold s’est faite en 2019 en Allemagne, mais le duo que l’on entendra cette semaine n’existe que depuis la fin 2024, créé pour le festival Ethnosoi de Helsinki! 

On lui demande souvent si ça fait mal à la gorge, ce genre de pratique. ‘’Le corps s’habitue à l’instrument. Comme pour n’importe quelle nouvelle technique, il y a un passage plus difficile au début, où il faut résister à la tentation de quitter. Moi, quand j’ai commencé la guitare, j’avais mal aux doigts, et j’ai eu envie d’abandonner. Mais quand j’ai compris que la corne qui se formait au bout de mes doigts me permettrait de mieux jouer et de pouvoir mieux projeter le son, l’esprit s’en est accommodé et le corps s’est habitué. C’est vrai qu’il peut y avoir un picotement dans la gorge dans les premiers moments d’apprentissage, mais quand on apprend les bons gestes et la bonne méthode, ça n’a aucune incidence négative.’’

De toute façon, si ça faisait mal, les Mongols ne pratiqueraient pas cet art depuis tout ce temps et en si grand nombre. Mais pourquoi le font-ils d’ailleurs?

‘’Il existe plusieurs hypothèses, dont celle de l’utilisation chamanique.’’ C’est vrai qu’en s’imaginant dans un temps reculé, dans les steppes sauvages, dans un clan nomade imprégné d’un univers imaginaires puissant, un rituel chamanique dans lequel un homme en transe se met à résonner vocalement de cette manière, ça devait être très impressionnant. Cela dit, avec le temps, c’est devenu, selon Curtet, un passe-temps pour les bergers. Mais attention! Pas comme si on sifflotait en allant au marché. Dans le cadre du nomadisme mongol, il s’agit plutôt d’une communion avec la nature et avec la nature même de l’Univers dans lequel ce peuple évolue. Une nature très verticale, avec un lien très fort entre le sous-terrain, la terre visible, et le ciel infini (puis l’au-delà). Faire résonner ces sons multiples, basés sur un bourdon de base créé par le resserrement des muscles de la gorge, puis filtrés à travers diverses positions buccales avec les lèvres et la langue, c’est littéralement se connecter, telluriquement, vibratoirement, magnétiquement et spirituellement avec l’Univers. 

Cela dit, le chamanisme inhérent aux premières études musicologiques sur le khöömii ont mené à une récupération occidentale à travers le mouvement New Age, qui en a fait une source de transcendance yogique et méditative, mais en édulcorant la technique elle-même. Si bien que, ironiquement, on trouve probablement plus d’Occidentaux pratiquant cette technique ‘’facilitée’’, que de Mongols pratiquant la technique authentique, plus complexe et difficile. En fin de compte, Johanni Curtet demeure l’un des seuls à le faire pour vrai. C’est pourquoi il a commencé à enseigner un cursus de khöömii authentique au l’Institut international des musiques du monde d’Aubagne depuis environ 5 ans.

L’équivalent montréalais (le CMM) est peut-être le seul de son genre en Amérique, et c’est pourquoi la Métropole est si privilégiée et peut avoir accès à tant de concerts et d’ateliers sur les plus savantes et fascinantes traditions artistiques musicales du monde entier. Et même désormais en faire profiter d’autres villes autour, comme Québec et Toronto. Une artiste mongole s’est d’ailleurs installée ici il y a quelque temps, et dont je vous ai déjà parlé, Uurintuya Khalivan, qui joue le morin khuur, la vièle à tête de cheval. 

Curtet est passionné et tout à fait passionnant dans son étalage de connaissance sur le sujet. Un étalage simple et convivial, dont j’ai personnellement profité pendant cette entrevue d’une heure qui aurait pu durer bien au-delà et dont j’omets ici de large partie tellement l’homme est intarissable et l’espace me manque. Je ne saurais trop vous recommander de mettre sa visite (et celle de son compagnon de route) à votre agenda le plus urgemment possible. Il ne faut pas rater une occasion pareille de découverte et d’enrichissement lorsqu’elle se présente. 

Concert à Québec (Musée national des Beaux-Arts) le mercredi 23 avril

Concert à Montréal (au Centre des Musiciens du Monde) le jeudi 24 avril

Concert à Toronto (au Small World Centre) le vendredi 25 avril

Atelier d’initiation au khöömii à la Maison de la culture Ahuntsic (en collaboration avec Oktoecho) le dimanche 27 avril, de 14h à 16h. Réservations par courriel : [email protected] 

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