garage punk / rock

Osheaga, jour 3 | Amy Taylor, descendante directe de Wendy O. Williams

par Alain Brunet

À la vue et à l’écoute d’Amy Taylor, figure de proue d’Amyl & The Sniffers, impossible de ne pas penser à Wendy O. Williams (1949-1998), icône punk des années 80 aux caractéristiques vachement comparables : sauvage, provocatrice, guerrière, hyper sexy. Quatre décennies plus tard, une chanteuse australienne nous refait le coup, fringues et coiffure vintage à l’appui.

On dit que Amyl & the Sniffers était au départ un bar band aux accents garage punk de scène la locale australienne (Melbourne), devenu depuis lors l’une des plus puissantes machines sur la planète punk. Aux débuts de PAN M 360, notre collègue estimé Patrick Baillargeon avait déjà flairé le potentiel de cette formation avec « pas mal de fureur juvénile, beaucoup de sueur et du sex-appeal en masse ». (https://panm360.com/records/amyl-the-sniffers/) Bien envoyé! 

Effectivement, on ressent très fort ce ce goût des guitares équarries à la hache, ce goût du lourd 4/4, ce goût de la distorsion à gogo, ce goût de la fête, ce goût de l’irrévérence. Rien d’autre que ça. 

Le party punk aurait pu se terminer en queue de poisson lorsqu’une menace d’orage électrique a imposé une pause d’une quinzaine de minutes. Fort heureusement, la tempête pressentie n’a pas eu lieu et le band australien a pu reprendre les hostilités et poursuivre le décapage au grand plaisir des fans de rock venus dimanche à Osheaga.Avec seulement 2 albums studios à l’appui dont le second, Comfort to Me, est sorti en 2021, Amyl &The Sniffers attire les foules de nouveau avec la sortie récentes des chansons U Should Not Be Doing That et Facts, servies à Osheaga. Grande performance rock!

Crédit photo gracieuseté de Osheaga

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Hip Hop / soul/R&B

Osheaga, jour 3 | SZA au sommet

par Alain Brunet

Sept ans se sont écoulés depuis la première venue de l’artiste R&B/hip-hop, soit en août 2017 au théâtre Corona, rebaptisé depuis Beanfield, commanditaire oblige. SZA a depuis atteint le pinacle de la pop culture l’hiver dernier, 8 statuettes Grammys à l’appui. On comprendra pourquoi la chanteuse, autrice et compositrice était le clou d’Osheaga 2024, avec le répertoire de deux albums studio dans sa besace – deux albums studio, Ctrl et SOS.

Avec un succès commercial aussi considérable vient le financement d’une méga-production comme on a pu l’observer dimanche au parc Jean-Drapeau : suite d’ambitieux tableaux assortis de décors et projections 3D, de la lugubre galerie souterraine à un monde de calinours en passant par le vol de gigantesques insectes virtuels ou le déploiement d’environnements afrofuturistes.

À l’évidence, SZA a travaillé très fort pour devenir la performer athlétique et la danseuse aguerrie qu’elle est devenue – et qu’elle n’était visiblement pas à l’époque de sa découverte. En témoigne notamment le grand écart effectué au terme de la chanson Open Arms ou encore les sparages martiaux avec machette, conclus par l’égorgement d’un androïde dans l’interprétation de Snooze

Ses musiciens, dont une excellente guitariste quelques fois mise en lumière, étaient lovés dans les décors et des chorégraphies avec six danseuses ont rehaussé l’interprétation de plusieurs des 27 chansons d’un programme bien tassé de 85 minutes, ceci incluant quelques reprises et citations : Kiss de Prince, Rich Baby Daddy de Drake, Kiss me More (Doja Kat) ou encore All The Stars qu’elle avait créée avec Kendrick Lamar en 2018 pour le film Black Panther.

Ce spectacle pour le moins ambitieux fut chapeauté par 20 Something au terme de cette prestation caniculaire.

LISTE des chansons au programme

PSA
Love Galore
Play Video
Go Gina
Broken Clocks
All the Stars (par Kendrick Lamar & SZA)
Prom
Garden (Say It Like Dat)
Drew Barrymore
F2F
Forgiveless
Ghost in the Machine
Blind
Shirt
Kiss Me More (par Doja Cat )
Kiss (par Prince)
I Hate U
Snooze
Kill BillLow
Supermodel / Special
Play Video
Nobody Gets Me
Normal Girl
Saturn
Rich Baby Daddy (par Drake)
The Weekend
Good Days
20 Something

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hip-hop / rap / rap français

Osheaga, jour 3 | Hamza, de Belgique à Montréal

par Jacob Langlois-Pelletier

« Saucegod, Saucegod, Saucegod! », clament les nombreux festivaliers à l’arrivée d’Hamza sur scène. Depuis plusieurs années, le rappeur belge entretient une superbe relation avec les Montréalais; un autre chapitre de cette belle histoire s’est écrit dimanche soir, à Osheaga.

L’an dernier, Hamza s’était logé une place de choix au sein de nos 100 meilleurs albums avec Sincérement, superbe offrande alliant trap et R&B. C’est d’ailleurs avec une enfilade de morceaux tirés de ce projet que le Belge a entamé son set, débutant avec l’excellente Codéine 19. Bien qu’il ait débuté avec son matériel le plus récent, il n’a pas hésité à piger dans ses classiques tels que Gasolina et FADE UP. Rien à reprocher à la sélection des titres, un bon mélange mettant en valeur la diversité de sa discographie.

Là où le bât blesse, c’est au niveau de ce qui est proposé sur scène. Ce qui est joué est majoritairement des pistes sonores préenregistrées auxquelles Hamza ajoute son grain de sel, autotune bien évidemment au rendez-vous. Comprenez-moi bien, l’éternel lover offre tout de même un bon spectacle, mais sans artifice.

Peu importe, le style de performance offerte par le rappeur n’a en rien refroidi la foule qui a sautillé du début à la fin. Le flow mielleux et les refrains accrocheurs de l’artiste de 30 ans sont dans une classe à part, en voilà une autre démonstration.

Crédit photo: Benoit Rousseau

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disco / funk / soul/R&B

Osheaga, jour 3 | L’heure est à la fête avec Jungle

par Jacob Langlois-Pelletier

Peu de temps après les dernières paroles du rappeur Hamza sur la scène voisine, de nombreux faisceaux lumineux ont procuré une teinte orangée aux festivaliers, couleur de Volcano, plus récent projet de Jungle. Sur les notes de Busy Earnin’, succès de 2014, le groupe soul-funk britannique a fait son entrée de manière remarquable.

Dès les premiers instants, les différentes pulsions de la formation ont fait danser la foule. La musique de Tom McFarland, Josh Lloyd-Watson et tout récemment, Lydia Kitto, est une des plus entraînantes et festives. Pas surprenant que les structures gonflables et les ballons se sont promenés parmi les amateurs tout au long de la prestation; l’ambiance était à la fête, c’est le moins qu’on puisse dire. Jungle a cette capacité à nous faire profiter de l’instant présent.

L’équilibre entre enregistrement et création en direct n’aurait pas pu être mieux balancé. Les trois protagonistes s’impliquent vocalement et contribuent avec différents instruments tels que guitare et synthétiseur. Les arrangements sont dansants et les voix aussi envoûtantes que sur disque. Deux percussionnistes et un bassiste complétaient le tout avec brio.

À deux reprises, des artistes ont apparu sur le grand écran l’instant d’un morceau. Ce fut d’ailleurs le cas pour Erick the Architect lors du succès disco Candle Flame, chanson sur laquelle la foule aura brûlé de nombreuses calories, soyez-en assuré.

Plusieurs fois, le groupe s’est adressé aux amateurs, autant en anglais qu’en français. Les Britanniques ont semblé ravis de l’accueil des Montréalais qui ont répondu présents en chantant leurs différents refrains ou en tapant des mains. Nul doute, la venue de Jungle aura été l’un des moments phares de cette fin de semaine de festivités.

Crédit photo: Benoit Rousseau

chant lyrique / classique occidental

Festival d’art vocal de Montréal 2024 | L’Audition : une soirée de découvertes

par Alexandre Villemaire

Le Festival d’art vocal de Montréal est entré dans le dernier droit de sa vingtième édition avec la présentation le vendredi 2 août du concert L’Audition à la Salle Claude-Champagne. Après un gala plein de promesses, des classes de maître public, une série de concerts à Verdun et à Saint-Denis-sur-Richelieu ainsi qu’une participation de quatre solistes à la représentation de la Symphonie no9 de Beethoven avec l’Orchestre de la Francophonie, le moment était venu de présenter au public montréalais, l’ensemble des jeunes artistes qui effectuent un stage à l’Institut canadien d’art vocal (ICAV).

Dans une soirée vocale accompagnée par l’Orchestre de la Francophonie, les 23 jeunes stagiaires de l’ICAV ont défilé pour présenter des airs d’opéra qui étaient captés sur vidéo pour être envoyés à des directeurs de maisons d’opéras. Cette soirée a confirmé nos impressions relevées lors du concert gala qui nous avait donné un bon aperçu des aptitudes et des personnalités vocales des différents chanteurs et chanteuses : de belles voix capables, mais dont certaines pâtissent d’un manque de projection. Le premier participant à ouvrir le bal, le baryton sud-coréen Keunwon Park, malgré un timbre chaleureux et une belle assurance, s’est empêtré dans un « Largo al factotum » du Barbier de Séville, inégale où on perd de son intelligibilité dans le grave qui peine à percer par-dessus l’orchestre. Dans ce même registre, le ténor Brian Alvarado, qui avait fait montre d’une voix puissante et assurée lors du gala, a donné une performance en demi-teinte de l’air « Sois immobile » tiré de Guillaume Tell de Rossini, marqué par une visible fatigue, malgré une belle douceur dans la ligne vocale. 

Également du lot des voix qui ont offert de belles prestations, mais dont certains aspects méritent encore de l’attention, la mezzo-soprano Hannah Cole et le baryton Matt Mueller doivent travailler leur diction française, car mis à part ce détail, leur présence scénique était tout à fait juste et captivante. Parmi les voix à retenir, et surveiller, notons le baryton Geoffrey Shellenberg, le ténor Mischael Eusebio, qui a offert un air du chevalier Des Grieux sensible. Mentionnons aussi la soprano américaine Abigail Sinclair – convaincante Reine de la Nuit –, les Canadiennes Zoe McCormick et Mary Jane Egan, qui ont chacune présenté deux interprétations senties et maîtrisées de « Donde Lieta » tirées de La Bohème ainsi que la Chinoise Yang Liu et l’Espagnole Natalia Pérez Rodriguez qui ont interprété l’air de Turandot « Signore Ascolta » avec un lyrisme distingué. Dirigé de manière habile par Julien Proulx pour la plupart des morceaux au programme, l’orchestre a également été dirigé par trois chefs stagiaires, une nouveauté dans le programme de l’ICAV. Des trois, Daniel Black et Simon Charette ont démontré les meilleures aptitudes au niveau de la sensibilité et de l’esprit des pièces qui leur était imposé. Madeleine Krick a cependant eu de la difficulté avec la synchronicité entre l’orchestre et le soliste, notamment dans l’air « Quanto è Bella » avec le ténor islandais Pétur Úlfarsson. Elle s’est rattrapée sur le même air par la suite avec l’Américain Diego Valdez. Ses actions et ses gestes sont cohérents avec les intentions qu’elle souhaite donner à l’orchestre, mais elle devra peaufiner sa communication avec les solistes et mieux anticiper leurs actions.

Malgré les quelques accrocs mentionnés, et ceux bien personnels que les chanteurs et chanteuses se feront à eux-mêmes, aucun des artistes qui ont foulé la scène n’a à rougir de leur prestation. Ils ont relevé l’exercice la tête haute et repartiront de cet exercice, quelle qu’en soit l’issue, avec de nouveaux outils, des réflexions pour nourrir leur parcours et leur construction en tant qu’artiste. Et cela, c’est exactement ce à quoi l’on s’attend de la formation qui leur a été prodiguée.

Le point culminant de cette édition sera la présentation de l’opérette La Chauve-Souris de Johann Strauss, à laquelle se greffera The Four-Note Opera de Tom Johnson, mis en scène respectivement par Lorraine Pintal et Joshua Major. Le rendez-vous est donné au Salon Richmond les 10 et 11 août dans un événement qui s’annonce pétillant, enchanté et plein d’humour où ces jeunes voix et ces jeunes artistes lyriques seront mis de nouveau en valeur.

rock alternatif

Osheaga, jour 2 | The Smashing Pumpkins : Nostalgie, quand tu nous tiens

par Jacob Langlois-Pelletier

Le passage des Smashing Pumpkins à Osheaga samedi ne pouvait pas mieux tomber; il y a un peu plus de 48 heures, la prolifique formation américaine dévoilait Aghori Mhori Mei, un 13e album en carrière.

Contrairement à ce que l’on pouvait s’attendre, Billy Corgan et sa bande ont fait fi de cette sortie et ont opté pour une sélection de leurs plus grands classiques, et ce aux grands plaisirs des amateurs agglutinés devant les deux plus grandes scènes du festival.

Vêtu d’une soutane noire, Corgan a enveloppé le Parc Jean-Drapeau de son rock mélancolique et de sa voix nasillarde qu’on lui connaît si bien. À ses côtés, on retrouve ses collègues de longue date James Iha à la guitare et Jimmy Chamberlin à la batterie ainsi que Kiki Wong, guitariste recrutée il y a quelques mois.

Sur scène, les Smashing Pumpkins exubèrent la même détermination et envie qu’il y a 30 ans. Dommage que cet état d’esprit ne se traduit pas dans leurs récentes sorties.

À quelques minutes de la fin, le crépuscule s’amorce et les premières notes de la célèbre 1979, tiré de l’excellent Mellon Collie and the Infinite Sadness, se font entendre. C’est à ce moment que la foule s’est faite la plus bruyante et le résultat fut sublime. L’euphorie provoquée est une énième preuve du pouvoir de la nostalgie.

Décidément, les plus grands succès du band de Chicago ne mourront jamais, idem pour leur influence sur le rock alternatif.

Crédit photo: Tim Snow

hip-hop / rap

Osheaga, jour 2 | Denzel Curry : sans failles, mais sans éclat

par Jacob Langlois-Pelletier

S’il y a bien un rappeur qui ne cesse de se renouveler à chaque sortie, c’est assurément l’américain Denzel Curry. À la mi-juillet, le Floridien a fait paraître King Of The Mischievous South Vol. 2, une mixtape débordante de collaborations donnant suite à un premier volume paru il y a une douzaine d’années. Dans cet opus, il explore le dirty south, sous-genre issu du Sud des États-Unis.

Âgé de 29 ans et plusieurs projets de grande qualité derrière la cravate, il est dorénavant juste de dire que Denzel est l’un des pions les plus importants du rap actuel.

Débordant d’énergie sur scène, le MC rappe chacune des rimes de ses titres avec précision et finesse. Les festivaliers ont reçu exactement ce qu’ils obtiennent sur ses albums. Tout au long de sa prestation, Curry a multiplié les interactions avec la foule et déployé une aisance fascinante.

L’enfilade en baisser de rideau de ses titres les plus populaires Ultimate et CLOUT COBAIN | CLOUT CO13A1N a eu droit à une réception très bruyante de la foule, elle qui s’était montrée assez discrète depuis les premiers instants. Il faut dire que de placer le rappeur après le groupe punk Rancid et avant les Smashing Pumpkins et Green Day n’était peut-être pas la meilleure des idées…

Quoi qu’il en soit, la proposition du membre de la célèbre cuvée Freshman de 2016 fut honnête et bien balancée. Cependant, son offrande manquait ce petit quelque chose pour ne pas tomber dans l’oubli.

Crédit photo: Tim Snow

soul/R&B

Osheaga, jour 2 | Olivia Dean, vent de fraîcheur en pleine canicule

par Jacob Langlois-Pelletier

En explorant la programmation de l’édition 2024, le nom d’Olivia Dean a grandement piqué ma curiosité. En épluchant sa mince et jeune discographie, j’y ai découvert une chanteuse soul inspirée par les grandes dames de ce genre musical. La Britannique cite les Carole King, Amy Winehouse, The Supremes et Lauryn Hill comme inspirations à sa musique.

Accompagnée d’un petit orchestre, la jeune artiste de 25 ans est vêtue d’une robe des plus colorées et se place aux avants du plateau. « Si c’est la première fois que vous me voyez en spectacle, j’ai une seule règle. Vous devez passer un bon moment! », lance-t-elle entre ses deux premiers morceaux.

C’est en grande partie du matériel issu de Messy, son seul album en carrière, que la native de Londres a fait découvrir à la foule. Elle a en aussi profité pour interpréter sa plus récente sortie intitulée Time, un morceau dans lequel elle explore des avenues plus rock qu’à l’habitude, ce qui lui va comme un gant.

Olivia Dean dégage une aura qui n’est pas de notre époque. Jazz, R&B, soul, pop; tout y est mobilisé. Visiblement captivés, les festivaliers ont scruté ses faits et gestes puis ont répondu présents vocalement.

45 minutes de prestation auront passé en un clin d’œil et on aurait voulu que ça ne se termine jamais.

Crédit photo: Benoit Rousseau

indie / pop

Osheaga, jour 2 | New West, nouvelle sensation torontoise

par Jacob Langlois-Pelletier

Avec l’immense succès de leur titre Those Eyes, le collectif canadien New West n’a plus besoin de présentation. Cette année, les Torontois avaient la tâche d’ouvrir le bal à 14h.

Profitant d’une foule impressionnante pour un début d’après-midi en raison de l’arrivée imminente de la vedette Chappell Roan, le band formé de Kala Wita, Noel West, Lee Vella et Ben Key aura offert une performance inspirée et colorée.

Récipiendaire d’un Juno pour « Nouveau groupe de l’année » en 2024, New West propose un son diversifié dans lequel on retrouve entres autres jazz, R&B et indie.

Sur la grande scène du festival, Kala Wita a tout donné, se déplaçant de gauche à droite, chantant couché au sol et offrant des moments au piano. Cette performance aura permis d’en découvrir davantage sur la personnalité des différents membres du groupe.

Vocalement, Wita est juste et nous enveloppe avec des titres comme Stevie Nicks ou Guessing Game. L’échantillon est mince, mais l’avenir semble prometteur pour New West.

Crédit photo: Tim Snow

Osheaga, jour 1 : La maison japonaise contre la chaleur

par Lyle Hendriks

Alors que la chaleur (vraiment oppressante) de la journée s’installait, nous avons eu droit à un set phénoménal de The Japanese House, un groupe de dream pop britannique mené par la magnétique Amber Mary Bain. Soutenue par un groupe exceptionnel pour ce concert, Bain nous a pris doucement par la main et nous a entraînés dans son monde.

N’ayant jamais peur d’être un peu lent et sentimental, The Japanese House a offert un spectacle à faire swinguer. Le groupe a principalement joué des morceaux de son dernier album, In the End It Always Does (Dirty Hit, 2023), qui fait la part belle aux guitares acoustiques, aux rythmes décontractés, aux superbes harmonies à quatre voix et, bien sûr, à la voix captivante et parfaitement imparfaite de Bain elle-même.


Vulnérable et dépouillé, The Japanese House fait preuve d’une douceur insouciante qui s’exprime clairement en live. Chaque membre du groupe reste strictement dans son domaine, et pourtant la musique afflue comme un raz-de-marée amical – douce, sucrée et englobante.

Bain rayonne de gentillesse entre les morceaux, semblant vraiment heureuse d’être là et de partager ses chansons. Elle a même interrompu le spectacle au milieu d’une chanson lorsque quelqu’un s’est effondré d’épuisement dû à la chaleur dans la foule, ne reprenant le spectacle que lorsqu’elle a vu un infirmier arriver sur les lieux. Ces moments de compassion et de gratitude n’ont fait qu’ajouter à la beauté mesurée du spectacle dans son ensemble.

Photos: Benoit Rousseau pour Osheaga

Osheaga, Jour 1 : Fcukers le fait avec les lumières allumées

par Lyle Hendriks

Pour la plupart des groupes musicaux qui débutent, recevoir un appel d’Osheaga un jour avant l’ouverture serait un rêve devenu réalité. Mais pour les Fcukers, trois groupes de NYC, qui ont apparemment réussi à attirer l’attention de Beck, Clairo, Yves Tumor et Julian Casablancas, en plus d’avoir fait une tournée sur quatre continents au cours de leurs dix premiers spectacles, j’imagine qu’obtenir un créneau dans le plus grand festival du Canada pour remplacer l’annulation de Sleater-Kinney à la onzième heure ressemblait à une affaire normale.

Cette confiance rayonnait de chaque membre alors qu’ils rebondissaient sur la scène, avec des breakbeats haletants et des lignes de basse sexy qui ont lancé les choses sur un ton plutôt sulfureux pour une performance d’après-midi. Il s’agit d’une musique de gens chauds, que l’on apprécie davantage en la faisant résonner sur les murs des toilettes d’un club sale pendant que l’on fait quelque chose d’illicite dans une cabine.

La chanteuse Shanny Wise semblait s’amuser comme une folle alors que la foule commençait à s’amasser devant elle, prenant son meilleur accent de fille de la vallée lorsqu’elle annonçait leur nom (qui se prononce « Fuckers », soit dit en passant) entre les chansons. La batterie fournie par Ben Scharf était vraiment immaculée, un hybride gracieux et mesuré entre des 808 en plein essor et des percussions en direct qui ont transformé ces morceaux de club en un mélange live irrésistible. Parallèlement, le DJ/producteur Jackson Walker Lewis nous a offert une combinaison exceptionnelle de basse analogique et de synthétiseur, qui ressemblait à un Terminator de la génération Z avec ses lunettes de soleil enveloppantes et sa performance aussi froide que de la glace.

Dans l’ensemble, les Fcukers sont venus pour faire la fête. Et même s’ils méritaient sans doute une émission de fin de soirée pour s’éclater, ils sont aussi très bien avec les lumières allumées.

Photos by Benoit Rousseau

Festival de Lanaudière | L’OSM et Payare au service de Mahler, un samedi parfait

par Alain Brunet

Ce fut un samedi 3 août tout simplement parfait au Festival international de Lanaudière, avec l’OSM et son chef Rafael Payare. L’amĥithéâtre Fernand-Lindsay y accueillait  l’exécution exemplaire de la Symphonie no 7 en mi mineur de Gustav Mahler, seule œuvre au programme.

Fidèle à lui-même, le chef principal de l’orchestre montréalais a insufflé beaucoup d’éclat et de ferveur à cette œuvre magistrale, mettant en lumière  tous les éléments de son orchestre essentiels à la réussite de son exécution. Entre autres ravissements, on aura remarqué l’excellence des cuivres et des bois, respectivement dans le premier et le deuxième mouvement.

D’une durée de 77 minutes, cette immense symphonie déclinée en 5 mouvements, aussi nommée Chant de la nuit, fut composée de 1904 è 1905. Intitulés Nachtmusik I et II, les mouvements 2 et 4 avaient été imaginés avant les autres et en constituent le corps thématique, empreint de mystère et de clairs-obscurs. 

Mais… le premier (Langsam-Adagio) et le dernier mouvement (Rondo- Finale) expriment au moins autant de génie. Le sombre thème d’introduction et de conclusion du premier mouvement donne le ton à cette œuvre fantastique qui passe aisément de l’onirisme joyeux aux ambiances spectrales, ce qui semble dépeindre avec justesse le for intérieur du compositeur.

Chaque mesure de cette œuvre  colossale comporte des procédés compositionnels extrêmement raffinés et complexes, on se dit en temps réel que son concepteur disposait d’une palette hallucinante. Les amateurs de musique moderne y détectent l’actualité criante du propos mahlérien, soit une réelle transition entre les périodes romantiques et modernes. 

Autre caractéristique importante, l’insertion de musiques populaires (marches, valses, etc.)  dans une œuvre aux formes visionnaires et cérébrales, ce qui produit une étrange impression d’entrée de jeu. Mais on finit par admettre ce trait de la personnalité créatrice de Mahler, on se rappelle qu’il a maintes fois procédé de cette manière au long de son parcours.

Voilà certes une des symphonies annonciatrices de cette première phase de la modernité, clairement démarquée par ses innovations harmoniques et orchestrales. Sous la direction de Payare, l’OSM en proposait  une version éloquente où les  séquences introspectives ont été transmises avec justesse et les moments les plus intenses sont soulignés à grands traits.

L’ovation de la foule fut assez puissante pour Payare revienne sur scène afin d’y récolter l’amour des mélomanes et de le partager avec ses interprètes. Lorsqu’il quitta définitivement, le tonnerre gronda et l’orage éclata un peu plus tard, lorsque nous étions à bord de la voiture. Samedi par-fait, disions-nous.

crédit photo: Annie Bigras pour le Festival de Lanaudière

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