Rituaels de Collectif9 a débuté par un projet vidéo d’une grande qualité en 2019. Le concert-mise en scène-expérience musico-visuelle mystique incluant des musiques de Hildegarde de Bingen, Arvo Pärt, Nicole Lizée, Bryce Dessner, Jocelyn Morlock et Michael Tippett devait par la suite être présenté devant public. Or, une certaine pandémie est venue bousculer les priorités du monde entier et le tout s’est retrouvé sur une tablette. Nous voici dans le monde d’après, où les possibilités de l’avant semblent de nouveau réalisables. C’est exactement ce qui s’est passé, le samedi 19 novembre dernier à l’église Saint-Pierre-Apôtre de Montréal, où le band de cordes montréalais a finalement été en mesure de présenter devant du vrai monde le concept imaginé par le leader de la troupe, le contrebassiste Thibault Bertin-Maghit. Je suis heureux de pouvoir vous dire que le vrai monde était au rendez-vous, en nombre, et que ce qui nous avait semblé envoûtant en vidéo l’était encore plus sur scène.
La mise en scène, dépouillée mais empreinte d’une aura mystique, plaçait les spectateurs devant des voiles blancs habillant une partie du devant de l’église. Les neuf cordistes ont amorcé cette messe nouveau genre en entrant à pas lents par les côtés de part en part du choeur, puis se sont installés au milieu du transept, avant de revenir vers le choeur, et finalement terminer le périple symbolique-spirituel tout au fond, dans le déambulatoire, juste en dessous de la croix. Des lampes sur pied déployant une ambiance calme, intime et chaleureuse créaient une atmosphère subtile et propice au recueillement et à la méditation. La chorégraphe et danseuse Stacey Désilier, tout de blanc vêtue, agissait à titre de guide allégorique des transformations émotionnelles par lesquelles Rituaels nous invitait à passer.
Bien entendu, c’est à la musique que revient le mérite final du succès de ce concert classique 2.0. La programmation était savamment conçue pour transporter l’auditeur dans un arc dramatique allant crescendo jusqu’à un summum extatique central, suivi d’un decrescendo final apaisant, mais non dénué de doute et d’incertitude.
Un festin pour les oreilles, les yeux et l’esprit que l’on vous souhaite accessible bientôt, peu importe où vous vous trouvez au Québec, au Canada et dans le monde.