Transcendant le temps et l’espace, la musique de God’s Mom sonne à la fois ancienne et futuriste. Ce duo électronique darkwave se compose de Bria Salmena et d’Andrew Matthews, qui unissent leurs forces pour créer des morceaux obsédants à haut BPM. Salmena, qui a chanté avec Orville Peck et dont le catalogue solo s’oriente davantage vers la country, explore avec ce projet un autre type de chant folk. Sa voix s’inspire de la musique folklorique italienne de Calabre, tandis que la production électronique de Matthews présente des rythmes frénétiques et industriels dignes d’un rave dans un entrepôt.

God’s Mom a sorti un premier album en septembre 2024, intitulé As It Was Given. Enregistré entre Rome et Toronto, cet album est coincé quelque part dans les ténèbres du futur antérieur. Se décrivant comme un  » poing serré réactif à la suppression de l’identité féminine dans la culture du sud de l’Italie « , son univers sonore comprend des mélodies anciennes qui s’expriment à travers des vagues de bruit électronique et de rythmes de batterie. Une semaine avant leur concert au Taverne Tour, nous avons discuté des influences folkloriques italiennes, de l’hystérie, des tarentules et des films de rêve.

PAN M 360 : Quelle est l’origine du nom de votre groupe ? J’aime qu’il soit à la fois sacré et très décontracté.

God’s Mom : Nous aimons ce nom pour la même raison. Son origine est secrète.

PAN M 360 : Votre musique contient des tambours oontz-oontz pulsés qui conviendraient parfaitement à une rave, mais vous avez aussi ces voix italiennes grandioses qui flottent au-dessus de tout cela. Votre Bandcamp fait allusion au chant folklorique calabrais comme source d’inspiration pour ces voix. Avez-vous grandi en écoutant cette musique ?

GM: La famille de Bria est originaire de la région de Calabre en Italie. Elle a découvert cette tradition musicale de la région à l’âge adulte et nous sommes toutes les deux très attachées à cette musique depuis lors.

PAN M 360 : J’ai commencé à lire à propos des tarentelles que vous mentionnez sur Bandcamp, qui sont des danses folkloriques rapides du sud de l’Italie. Dans As It Was Given, quels sont les éléments des tarentelles qui ont résonné en vous ?

GM: The style of singing is the first thing that stuck out to us. It is polyphonic and atonal in a way that feels incredibly emotional and also dissonant. Also, the lyrics of many of the tarantellas come from women who are responding to gender and class strife in rural Italy. In many ways, the tarantellas share a common quality to punk music. 

PAN M 360 : Selon Wikipédia, le mot « tarentelle » viendrait du « tarantisme », l’hystérie provoquée par une piqûre de tarentule, et la musique est censée ranimer les victimes. J’ai trouvé cette description intéressante : elle illustre le côté sombre et possédé de la danse et des raves, mais aussi le salut qu’elle peut apporter. Comment voyez-vous le rôle spirituel de votre musique ?

GM : Notre musique n’a pas d’objectif spirituel. Vous avez fait référence au tarantisme et à l’idée d’hystérie. Si notre musique et nos performances semblent hystériques, il s’agit de se l’approprier d’une manière qui nous permette de contrôler la situation, plutôt que d’utiliser ce mot pour opprimer les femmes comme c’était le cas dans le passé.

PAN M 360 : Les synthés de « Vespa e Spina » me font penser à une tarentule floue. Comment décririez-vous les textures des synthés sur cet album ?

GM : « Vespa e Spina » est l’une de nos plus anciennes chansons. A l’époque, je voulais utiliser des synthés comme Public Image Ltd. utilise des guitares. J’ai échoué. Mais je voulais aussi que les synthés bourdonnent et s’élancent comme des insectes.

PAN M 360 : « Niente Davanti » est l’un de mes morceaux préférés de l’album. Quelle est l’histoire de ce sample au début ?

GM : C’est un acapella d’une tarentelle qui a déclenché l’énergie pour le reste de la chanson. C’est l’une de nos premières chansons où les tarentelles ont influencé l’esprit que nous formions. Nous avons réfléchi à la manière dont ces voix, qui s’exprimaient avec tant d’émotion, pouvaient passer des années 1950 à une époque et à un son futurs.

PAN M 360 : As It Was Given est l’aboutissement de quatre années de travail. Comment s’est déroulé votre processus de création au fil des ans ?

GM : Bria et moi travaillons de manière très maniaque et très prolifique. Quand les idées viennent, nous essayons de les capturer aussi vite que possible et de terminer les choses dans l’instant. Donc, après environ quatre ans de travail sur le matériel de manière assez continue, nous nous sommes retrouvés avec un surplus de chansons que nous estimons dignes d’intérêt.

PAN M 360 : Vous avez enregistré l’album entre Toronto et Rome – des villes à l’histoire, à la culture et au climat très différents. Comment ces deux villes ont-elles façonné le son de God’s Mom ?

GM : Nous parlons souvent de la façon dont des villes comme Rome ou d’autres villes européennes réaffectent des espaces culturels souvent anciens, condamnés ou oubliés pour en créer de nouveaux. Toronto semble avoir davantage l’habitude de démolir son histoire pour construire quelque chose de nouveau. Les choses devraient toujours aller de l’avant, mais si vous pouvez conserver l’histoire d’un espace ou d’une énergie et la redresser, plutôt que de la détruire et de la recréer, cela a beaucoup plus de sens. Ce concept a une influence considérable sur God’s Mom.

PAN M 360 : Enfin, si vous deviez créer la bande originale d’un film, à quoi ressemblerait-elle ? Quel serait le genre, l’intrigue et qui le réaliserait ?

GM : Le film raconte l’histoire d’une personne qui a une relation sexuelle avec son propre clone. Il se déroule au Club Voodoo à Toronto dans les années 80. La musique serait soit drone, soit 190 bpm+. Bria et moi le dirigerions. Ce serait une tragédie.

Ric’key Pageot est un petit gars de Montréal, élève à l’école Pierre-Laporte, puis à McGill. Une solide formation en classique et en jazz lui a ouvert les portes de son premier contrat : directeur musical pour le Delirium du Cirque du Soleil (le plus jeune jamais nommé à ce poste). Corneille, Jill Scott, Diana Ross mettent la main dessus, avant que Madonna n’en fasse son pianiste de tournées (depuis Sticky & Sweet, 2008-2009), et plus récemment, Christina Aguilera. À travers tout cela, Ric’key continue d’aimer la musique classique, et même encore plus depuis qu’il a découvert le riche mais insoupçonné répertoire conçu par les compositeurs et compositrices noirs. Cet amour l’a conduit à se plonger dans cet univers et à concevoir un récital intitulé Classic Black, qu’il présentera le 21 février 2025 à la salle Claude-Léveillée de la Place des Arts à Montréal. Une représentation à 20h est déjà complète, si bien qu’une deuxième est désormais nécessaire, à 22h cette fois, pour ceux et celles qui veulent des billets (mais il n’en reste pas beaucoup!). J’ai parlé avec Ric’key de tout cela et plus encore…

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Cette année, la Saint-Valentin rimera avec un hommage à Toumani Diabaté par nul autre que son frère Madou Sidiki Diabaté. Pour l’occasion, il sera accompagné entre autres par Zal Sissokho dans l’une des plus belle salles de concert de la ville, le Gésu. Dans l’entrevue que Madou a accordé à notre journaliste Keithy Antoine, il revient sur les origines de la kora, cet instrument à 12 cordes qui s’apparente à la harpe, mais aborde également l’histoire de son pays, le Mali, de son statut de griot et de la figure importante qu’était son frère. Une soirée qui s’annonce riche en émotions et en sons.

C’est un concert marqué par les contrastes que l’Ensemble Caprice, en collaboration avec l’Ensemble ArtChoral, proposera aux mélomanes de Montréal et de Québec les 14 et 16 février. Avec le souci de la programmation qu’on lui connaît ainsi que le désir de tisser des liens entre les époques et les styles de musiques, tant pour le répertoire instrumental que pour les chœurs, Matthias Maute a concocté un programme comprenant à la fois de la musique ancienne, de la musique folklorique et de la musique contemporaine. Cet aréopage d’œuvres évoluera vers la mythique neuvième symphonie de Beethoven, qui sera, selon les dires du chef et directeur artistique, la première présentation à Montréal de l’œuvre sur instruments d’époque. Alexandre Villemaire de PAN M 360 s’est entretenu avec Matthias Maute au sujet de ce concert, mais également des autres projets discographiques qui rythment la saison d’ArtChoral et qui sont liés à son identité.

Ernst Bloch (1880-1959)

Yih’yu L’ratzon

Traditionnel

Oy dortn, arrangé par Matthias Maute

Gregorio Allegri (1582–1652)

Miserere

William Kraushaar(*1989)

Höre auf meine Stimme, Première mondiale – commande de l’Ensemble Caprice

Entracte

Ludwig van Beethoven (1770–1827)

Symphonie no 9 en mineur, op. 125

  1. Allegro ma non troppo, un poco maestoso
  2. Molto vivace – Presto
  3. Adagio molto e cantabile – Andante moderato
  4. Presto – Allegro assai – Recitativo – Allegro assai vivace – Alla marcia – Andante maestoso – Allegro energico

Sopranos

Sydney Baedke

Sharon Azrieli

Mezzo-soprano

Stéphanie Pothier

Ténor

Scott Rumble

Baryton

Dominique Côté

Présentée au Centre PHI jusqu’au début mai 2025, Jean-Marc Vallée: Mixtape est une exposition suggérant un parcours multimédia et (particulièrement) musical dans l’œuvre de feu le réalisateur. La musique, surtout le corpus pop/rock/americana, était le fondement de sa cinématographie, sans laquelle il n’aurait pas eu cette signature unique. Ses collaborateur·trice·s et ses proches témoignent tour à tour avoir été imprégnés de ses choix. La musique était pour lui un moteur pour le jeu et l’émotion, pour en magnifier les images et ainsi bouleverser les cinéphiles.

« Mixtape est composée de quatre installations et d’un environnement sonore qui accompagne et enveloppe le public tout au long du parcours. Ces différents espaces mettent en valeur plusieurs moments forts de la carrière de Vallée, mais constituent surtout une invitation à plonger dans la tête et la musique de l’artiste pour y découvrir ce qui l’inspirait dans son quotidien, l’influençait dans sa création et ce qui se transposait jusqu’au grand écran. »

Pour encore mieux comprendre ce parcours que l’exposition nous offre, son directeur de création et co-concepteur nous en cause: Sylvain Dumais est ici interviewé par Alain Brunet, pour PAN M 360.

Détails et infos

« À couper le souffle », « imaginative et expressive », « Bartók sur stéroïdes ». C’est en ces mots que la critique qualifie la musique de la compositrice canadienne Kelly-Marie Murphy. Récipiendaire de plusieurs prix et distinctions, ces œuvres ont été jouées par d’importants ensembles au Canada, tels les orchestres de Toronto, Vancouver et Winnipeg, ainsi que par des interprètes comme The Gryphon Trio, James Campbell, Shauna Rolston, le Cecilia and Afiara String Quartets et Judy Loman. Ne lui manquait plus comme corde à son arc que Les Violons du Roy, avec qui elle signe sa première collaboration avec la pièce pour violon et orchestre Found in Lostness qui sera interprétée par Kerson Leong. L’occasion était donc parfaite pour en apprendre sur son parcours de compositrice et sur une de ses plus récentes créations.

PAN M 360 : Parlez-nous un peu de votre parcours musical. Qu’est-ce qui a motivé votre décision de devenir compositrice ? 

Kelly-Marie Murphy: Je pense qu’il était évident dès mon plus jeune âge que j’aimais la musique !  Enfin, à l’âge de 8 ans, nous avons acheté un piano et j’ai commencé à prendre des leçons.  J’ai chanté dans des chorales pendant toute ma scolarité et j’ai commencé à suivre des cours de chant à l’âge de 16 ans.  Au secondaire, j’ai commencé à m’intéresser au jazz, j’ai donc joué du piano dans l’orchestre de jazz et j’ai chanté un peu en parallèle.  J’ai commencé mes études de musique le jour de mes 18 ans, en pensant plutôt à l’interprétation ou même à l’enseignement.  Il est devenu évident que je n’étais pas à l’aise devant un public, et que je devais donc trouver autre chose à faire avec mes capacités musicales.  On m’a encouragé à suivre des cours de composition.  C’est donc ainsi que, par hasard, j’ai trouvé ma vocation !

PAN M 360 : Quels sont les compositeurs ou les personnes qui vous ont influencé ou qui ont joué un rôle important dans votre parcours de musicien et de compositrice ?

Kelly-Marie Murphy: D’un point de vue personnel, mon professeur de composition, Allan Gordon Bell.  Il a été un merveilleux mentor et a toujours cru en moi, même quand je n’y croyais pas.  En ce qui concerne les compositeurs qui m’ont littéralement éveillée, je dirais Stravinsky et Bartok pour commencer.  J’ai assisté à un cours d’histoire de la musique et je me suis accroché au classicisme et au romantisme, mais j’ai vraiment eu un coup de foudre pour les ballets de Stravinsky et les quatuors à cordes de Bartok.  Je dirais également que mon goût pour le jazz et le bebop a influencé ma façon de penser la musique.  La musique contemporaine continue de m’inspirer.  Les compositeurs vivants font partie du tissu artistique, et nous observons et commentons ce qui nous entoure.   

PAN M 360 : Comment le thème de la perte est-il ressorti comme cadre narratif dans Found in Lostness, l’œuvre que vous avez composée pour Kerson Leong ?

Kelly-Marie Murphy: Kerson et moi avons eu une belle rencontre il y a environ un an.  Je lui ai demandé quel genre de choses l’intéressaient, quelle imagerie, ce qu’il aimerait avoir dans un concerto, etc.  Il m’a demandé si je pouvais écrire quelque chose sur le fait d’être « perdu dans les bois » et sur le sentiment d’en émerger. J’ai vraiment aimé ce concept, car il présentait plusieurs avenues différentes.  

Le fait d’être perdu présente de multiples facettes : on peut être perdu physiquement, émotionnellement, spirituellement, etc.  Cela m’a donné matière à travailler.  Le philosophe Soren Kierkegaard considère la « perte » comme une opportunité de découverte et de croissance.  Tout au long de la pièce, j’explore les idées de la quête et de l’inconfort de la perte – l’idée de se connecter aux choses dans l’espoir qu’elles vous amènent là où vous avez besoin d’être.  La fin est un peu irrésolue : avons-nous trouvé ce dont nous avions besoin ?

PAN M 360 : Ce n’est que le deuxième concerto pour violon que vous écrivez ! Comment avez-vous abordé l’écriture pour cet instrument ? Vous êtes-vous lancé des défis en expérimentant avec l’écriture et les techniques instrumentales ?

Kelly-Marie Murphy: Le premier concerto pour violon était assez volumineux : 4 mouvements, orchestre complet, durée d’environ 20 minutes, et très dramatique.  Cette nouvelle pièce n’est écrite que pour un orchestre à cordes, mais elle doit néanmoins répondre aux besoins dramatiques du concept.  Mon défi consistait à garder la couleur et la texture fraîches avec seulement des cordes.  J’aime les sons percussifs, et j’ai donc voulu créer une petite section d’accompagnement où le soliste est soutenu par des tapes et des cris.  J’ai également écrit un solo assez long pour la contrebasse !   

PAN M 360 : Comment l’œuvre est-elle structurée ? Avez-vous conservé la forme classique du concerto ou était-elle plus libre ?

Kelly-Marie Murphy: Il s’agit d’une œuvre en un seul mouvement, avec des sections lentes et rapides.  Les cadences sont intégrées tout au long de l’œuvre.  Il y a certainement une certaine liberté rythmique dans la pièce.  Il y a des éléments thématiques qui reviennent et sont développés, mais c’est aussi proche que possible d’un concerto classique.

PAN M 360 : Quelle est votre démarche en matière de composition ? Qu’est-ce qui vous inspire lorsque vous composez ?

Kelly-Marie Murphy: Je suis compositrice tous les jours.  Pour moi, l’écriture est une pratique quotidienne. J’ai besoin de planifier et d’expérimenter.  Je dois faire des choix entre les idées pour m’assurer que j’utilise les plus fortes.  J’essaie d’écrire et de « dessiner » le contenu d’un morceau – comment je veux qu’il bouge ; ce que je veux dire…. Ensuite, il s’agit de trouver le bon matériau.  J’aime qu’il y ait un poème ou une œuvre d’art pour ancrer les pensées.

Depuis son premier prix au Concours international de violon Yehudi Menuhin en 2010, l’aura du violoniste canadien Kerson Leong n’a jamais cessé de briller. Encensé par la critique comme étant un des plus grand violoniste au pays (Toronto Star), dans de nombreux enregistrements notamment son plus récent album paru en 2023 mettant à l’honneur les concertos de Britten et de Bruch, son jeu présente « un mélange de spontanéité et de maîtrise, d’élégance, de fantaisie, d’intensité qui rend sa sonorité reconnaissable des les premières notes » (Le Monde). Soliste recherché et chambrette passionné, Kerson Leong se produira avec les Violons du Roy dirigé pour l’occasion par Nicolas Ellis dans un programme mettant à l’honneur le répertoire de Mendelssohn et Bach ainsi qu’une création de la compositrice canadienne Kelly-Marie Murphy. Un dialogue entre les époques et les styles avec l’intemporalité de la musique comme toile de fond. Nous en avons discuté avec lui.

PANM 360: Le programme de concert que vous allez interpréter avec les Violons du Roy a en filigrane le thème de l’intemporalité avec notamment des œuvres de Felix Mendelssohn et de Johann Sebastian Bach. Qu’est-ce qui, pour vous, rend cette musique intemporelle ?

Kerson Leong: Pour moi, le « secret » de la musique intemporelle est qu’elle ne manque jamais de transporter l’auditeur et le musicien dans un monde différent. Peut-être un monde plus idyllique, loin de notre réalité, et qu’elle ne manque jamais de nous réconforter, de nous consoler ou de nous élever. C’est exactement ce que la musique de Mendelssohn et de Bach apporte.

PANM 360: Pouvons-nous dire quelques mots sur les œuvres de Mendelssohn qui entourent les pièces de Bach ?

Kerson Leong: On a le contraste entre sa symphonie pour cordes, composée alors qu’il n’était qu’un adolescent, et son dernier quatuor à cordes (arrangement pour orchestre à cordes), qui est un requiem très puissant et sincère pour sa sœur décédée à l’époque. Donc, nous pouvons nous faire une idée du cours de sa vie, littéralement. 

PANM 360: La pièce de la compositrice canadienne Kelly-Marie Murphy, Found in Lostness, que vous allez créer, est un concerto en un seul mouvement qui explore le thème de la perte. Comment, en tant qu’interprète, vous abordez une nouvelle œuvre qui n’a jamais été entendue, pour vous l’approprier et transmettre les intentions et émotions qui sont inhérentes à l’œuvre?

Kerson Leong: Je commençais toujours par avoir le sujet en tête et les types de couleurs, de nuances et de textures que j’associais à ce sujet. C’est la source de toutes les décisions musicales que je prendrais. La partition d’une pièce est comme une carte qui peut vous orienter dans la bonne direction ou au moins vous donner des indices, et dans ce cas, c’est un vrai luxe de pouvoir échanger des idées avec la compositrice elle-même.

PANM 360: Comment décririez-vous la musique de Kelly-Marie Murphy ?

Évocatrice, viscérale et vivante.

PANM 360: Quelle place la musique de création occupe-t-elle dans votre pratique artistique ?

Kerson Leong: Je pense qu’il est important de développer un esprit ouvert et d’être réceptif à de nombreux types d’influences, non seulement pour développer son propre son, mais aussi sa personnalité musicale en général. Ce processus consistant à « trouver sa propre voie » à travers une nouvelle pièce en est le reflet direct.

PANM 360: Le répertoire de Bach pour violon est imposant et important dans l’histoire de la musique. Vous avez déjà qualifié les partitas et sonates de Bach de « bible des violonistes ». En quoi ce répertoire et la figure de Bach sont-ils significatifs pour les violonistes ?

Kerson Leong: Pour moi, Bach est le meilleur test pour ce qui est de laisser le violon s’exprimer avec un maximum de liberté et de pureté acoustiques, et d’être capable de capter un profond sentiment de révérence et de poids dans la musique avec des moyens plus « simples ». On apprend non seulement l’importance de la passion, mais aussi l’importance de la retenue, et à se considérer comme faisant partie de quelque chose de plus grand que soi.

PANM 360: Les deux œuvres de Bach que vous allez interpréter n’ont pas été originellement composées pour le violon, mais bien pour l’orgue et la voix humaine respectivement. Est-ce que cela change la manière de concevoir le phrasé et la direction des lignes musicales et l’intention ? Y a-t-il des éléments techniques tant pour votre instrument qu’à l’orchestre qui sont mis en place pour imiter le timbre des versions originales ?

Kerson Leong: Cette question nous amène à parler de l’importance de la voix comme source d’inspiration pour les instrumentistes à cordes. Même si l’archet nous donne un souffle illimité, la phrase naturelle et la « gravité » musicale, pour moi, sont toujours régies par l’élévation et l’abaissement de la voix humaine et du souffle. Le solo de violon dans « Erbarme dich » est l’un des plus célèbres et des plus appréciés de tous les solos de violon, et la partie d’alto chantée avec laquelle il est en duo sert d’inspiration directe.

PANM 360: Ce n’est pas la première fois que vous collaborez avec Nicolas Ellis. Quel est le type de travail que vous effectuez avec lui en répétition pour mettre ensemble les différents éléments de votre jeu avec celui de l’orchestre, et notamment dans ce cas-ci, dans un contexte de création d’une œuvre contemporaine ?

Kerson Leong: Tout d’abord, Nicolas est un bon ami et nous nous entendons bien, ce qui facilite certainement le processus musical. Nous pouvons être ouverts l’un envers l’autre en répétition, mais en même temps, je sens toujours une complicité naturelle dans la façon de voir la musique.

PANM 360: Quels sont les prochains projets qui vous attendent ?

Kerson Leong:Le mois prochain, j’enregistrerai le Concerto n° 3 de Saint-Saëns à Vienne avec le Vienna Radio Symphony Orchestra dans le cadre d’un projet collectif sur Saint-Saëns. J’ai aussi très hâte à la sortie de mon prochain album, consacré aux œuvres pour violon et piano de Gabriel Fauré, réalisé avec un ami, le pianiste français Jonathan Fournel.

Les Violons du Roy entament la deuxième partie de leur saison avec comme soliste invité le violoniste Kerson Leong dans un programme intitulé Un violon hors du temps. Avec le chef Nicolas Ellis à la direction de ce concert, l’ensemble propose, le 13 février à Québec et le 14 février à Montréal, un voyage centré sur la thématique du temps dans un dialogue entre les époques baroque, romantique et contemporaine. Entre les œuvres de Felix Mendelssohn, dont son magnifique Quatuor à cordes no 6 en fa mineur, sous-titré « Requiem pour Fanny », et la Symphonie pour cordes no10 en si mineur, Kerson Leong se joindra aux musiciennes dans deux pièces de Johann Sebastian Bach (l’aria « Erbarme dich », tirée de la Passion selon saint Matthieu, et le choral O Mensch, bewein dein Sünde groß, BWV 622) et créera une pièce originale de la compositrice canadienne primée Kelly-Marie Murphy : Found in Lostness. À l’aube de cet évènement, Alexandre Villemaire de PAN M 360 a discuté de ce programme et fait le point sur le reste de la saison qui s’annonce avec Laurent Patenaude, codirecteur général et directeur artistique des Violons du Roy.

**En raison de conditions météorologiques, les performances du jeudi 13 février à Québec sont reportés à une date ultérieure qui sera communiquée dans les prochains jours aux détenteurs de billets.

Programme de l’après-midi (13 février )

JOHANN SEBASTIAN BACH (1685-1750)

Choral O Mensch, bewein dein Sünde groß, BWV 622 (arr. pour cordes M. Reger) « Erbarme dich, mein Gott » extrait de la Passion selon saint Matthieu,

BWV 244 (arr. pour violon et orchestre à cordes) Solistes : Kerson Leong violon

Jean-Louis Blouin alto

KELLY-MARIE MURPHY (Née en 1964)

Found in Lostness (création)
Soliste : Kerson Leong violon

FELIX MENDELSSOHN (1809-1847)

Quatuor à cordes n° 6 en fa mineur, op. 80 (version pour orchestre à cordes)

• Allegro vivace assai • Allegro assai
• Adagio
• Finale. Allegro molto

Programme du soir (13 et 14 février)

FELIX MENDELSSOHN (1809-1847)

Symphonie pour cordes n° 10 en si mineur, MWV N 10

• Adagio – Allegro – Più presto

JOHANN SEBASTIAN BACH (1685-1750)

Choral O Mensch, bewein dein Sünde groß, BWV 622 (arr. pour cordes M. Reger) « Erbarme dich, mein Gott » extrait de la Passion selon saint Matthieu,

BWV 244 (arr. pour violon et orchestre à cordes) Solistes : Kerson Leong violon

Jean-Louis Blouin alto

KELLY-MARIE MURPHY (Née en 1964)

Found in Lostness (création)
Soliste : Kerson Leong violon

• PAUSE •

Quatuor à cordes n° 6 en fa mineur, op. 80 (version pour orchestre à cordes)

• Allegro vivace assai
• Allegro assai
• Adagio
• Finale. Allegro molto

BILLETS ET INFOS ICI

La jeune compositrice québécoise Corie Rose Soumah complète présentement un doctorat à l’Université Columbia à New York. Le 24 février 2025, à l’occasion du Festival Montréal / Nouvelles Musiques, ses amis de l’ensemble vocal Ekmeles (de New York), interpréteront à l’Agora Hydro-Québec du Cœur des sciences de l’UQAM sa pièce Like a Frog on the Road to it. J’ai parlé avec la Montréalaise.

DÉTAILS ET BILLETS

Programme : 

Motorman Sextet (2013), 35:00 

Taylor Brook 

We Live the Opposite Daring (2023), 14:00 

Zosha Di Castri 

Sweet Flag! (2022), 13:00 

Charlotte Mundy 

Like a frog on the road to it (2023), 21:00 

Corie Rose Soumah

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Le collectif Kohlenstoff convie à une soirée musique-vidéo au Centre Phi, le samedi 15 février. Y seront jumelé·e·s des compositeur·trice·s à des vidéastes invité·e·s avec pour mandat principal exploration et innovation, vertus cardinales de cette communauté d’artistes montréalais: Estelle Schorpp & Charline Dally, Roger Tellier-Craig & Sabrina Ratté, Michael Gary Dean & Laine Butler, Dominic Thibault & Alan Dunyo Avorgbedor. Coordonnateur de la soirée, Guillaume Cliche nous en cause. Alain Brunet l’a interviewé pour PAN M 360.

DÉTAILS ET BILLETS ICI

Alors qu’elle est sur le point de défendre son plus récent album We Did the Damn Thing, Naya Ali a pris le temps de rencontrer notre journaliste Sandra Gasana pour lui parler du processus de création de ce dernier, de son plus récent voyage en Éthiopie et de l’importance de prendre le temps de célébrer nos victoires. Elle sera au Ministère le samedi 15 février, entourée d’un live band pour l’occasion, avec une première partie assurée par une artiste également de NDG, tout comme Naya.

Le Quatuor Molinari frappe un grand coup (avec l’aide de la Fondation Famille Lupien) : la compositrice Franghiz Ali Zadeh est à Montréal et participera à trois journées de présentations et explorations de son univers musical. Trois journées, dont deux (les 13 et 14 février) sont entièrement gratuites et la troisième, le 15, une culmination qui verra l’interprétation de tous les quatuors à cordes de la grande dame originaire de l’Azerbaïdjan, plus… la création d’une toute nouvelle œuvre, dédiée aux Montréalais! Ali Zadeh, artiste primée par les grands musiciens du monde depuis près de 50 ans (Kronos Quartet, Yo-Yo Ma, etc.) sera au Canada probablement pour la première fois et rencontrera le public lors des deux journées d’activités gratuites au Conservatoire et à la Maison de la culture du Plateau. Une occasion unique de venir discuter avec l’une des grandes artistes contemporaines de notre époque, et surtout de vivre l’expérience de sa musique extraordinairement communicative, accessible même si rigoureuse, et fusionnant le langage savant des chants religieux appelés mughams et celui de l’Occident moderne. J’ai parlé de tout cela avec Olga Ranzenhofer, du Quatuor Molinari.

DÉTAILS ET BILLETS (concert du 15 février)

Le Quatuor selon Ali-Zadeh. Table ronde : Le folklore dans la musique contemporaine (13 février – événement GRATUIT)

Le Quatuor selon Ali-Zadeh. Dialogue sur le Plateau : Les quatuors à cordes d’Ali-Zadeh (14 février – événement GRATUIT)

Studio du Quatuor Molinari (série de balados)

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